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Full text of "Les dessous du Congrès de Vienne; d'après les documents originaux des Archives du Ministère Impérial et Royal de l'Intérieur à Vienne"

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LES  DESSOUS 


DU 


CONGRÈS  DE  VIENNE 


Tous  droits  de  traduction  et  de  reproduction  réseroés  pour  tous 
pays,  y  compris  la  Hollande,  la  Suède,  la  Norvège,  le  Danemark, 
la  Finlande  et  la  Russie, 

Copyright,  1917,  by  PAYOT  et  0\ 


VMAtZ^dl 

COMMANDANT    M. -H.     WEIL 


LES  DESSOUS 


DU 


CONGRÈS  DE  VIENNE 

d'après  les  documents  originaux 

DES   ARCHIVES  DU  MINISTÈRE   IMPÉRIAL   ET   ROYAL   DE   l'iNTÉRIEUR 

A   VIENNE 


TOME    PREMIER 
(Juin  1814  -  4  janvier  1815) 


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PARIS  i^X^q    ^ 

LIBRAIRIE     PAYOT    &    G'*     ^ 

106,     boulevard    SAINT-GERMAIN 


1^1,^ 


1917 

Tous  droits  réservés 


PREFACE 


Je  m'imagine,  plus  que  probablement  à  tort,  que  le  nom 
(lu  baron  Hager,  ce  nom  qui  reviendra  forcément  presque  à 
toutes  les  pages  de  ce  livre,  pourrait  bien  n'évoquer  dans 
l'esprit  de  mes  lecteurs  que  des  réminiscences  assez  vagues. 
Or,  comme  on  aime  généralement  à  connaître,  au  moins  ap- 
proximativement, les  gens  auxquels  on  va  avoir  affaire,  il  m'a 
semblé  indispensable  de  commencer  par  présenter  le  per- 
sonnage autour  duquel  tout  va  graviter  dans  ces  deux  vo- 
lumes. Exclusivement  préoccupé  de  la  vérité,  sachant  quels 
soins,  quelle  minutieuse  exactitude  Wurzbach  avait  apportés 
à  la  confection  de  son  Grand  Dictionnaire  biographique  de 
la  Mo7iarchie  austro-hongroise,  je  n'ai  pas  hésité  à  emprun- 
ter à  ce  remarquable  ouvrage  quelques  données  relatives  à 
la  carrière  de  l'homme  d'Etat  qui,  sans  mener  grand  bruit  et 
sans  qu'en  dehors  de  certaines  sphères  on  ait  jamais  beau- 
coup parlé  de  lui,  joua,  surtout  pendant  toute  la  durée  du 
Congrès,  un  rôle  de  la  plus  haute  importance  et  dans  des 
circonstances  particulièrement  difficiles  s'acquitta  avec  une 
remarquable  habileté  de  la  lourde  tâche  que  lui  imposaient 
ses  fonctions  de  Président  de  VOherste  Polizei  und  Censur 
Ho  f s  telle. 

Fils  du  feld-maréchal  lieutenant  François- Aloïs  baron  Ha- 
ger (1)  von  Altensteig  et  de  la  comtesse  Marianne  Schlik,  né 
à  Vienne  en  1760,1e  baron  François  Hager  fut  élevé  au  The- 


1.  Wurzbach  donne  comme  orthographe  du  nom  de  famille  du  Président, 
Haager  ou  Hager  D'autres  ouvrages  de  biographie  s'en  tiennent  à  Haager, 
Quanta  moi,  j'ai  accordé  la  préférence  à  l'orthographe  Hager  parce  que  toutes 
les  nombreuses  pièces  ou  minutes  que  j'ai  eues  entre  les  mains  pointent  sans 
exception  cette  signature. 


VIII  PRÉFACE 

resianum.  Destiné  comme  son  frère  à  la  carrière  des  armes, 
il  entra  en  1783  au  régiment  de  cuirassiers  Garamelli  (aujour- 
d'hui, régiment  de  Dragons  n°  2,  comte  Paar).  Un  accident 
grave, une  mauvaise  chute  de  cheval,  l'obligea  peu  de  temps 
après  à  quitter  l'armée  et  à  passer  dans  l'Administration. 

C'est  ainsi  qu'on  trouve  l'ancien  lieutenant  de  cavalerie 
pourvu  dès  1786  d'un  emploi  de  commissaire  de  cercle  (Kreis 
commissâr).  Neuf  ans  plus  tard,  en  1795,  il  est  déjà  capitaine 
de  cercle  {Kreis  Hauptmann)  à  Traiskirchen  et  chargé  comme 
tel  de  l'administration  du  territoire  désigné  sous  le  nom  de 
Unter  dem  Wiener  Walde.  Nommé  conseiller  de  Gouverne- 
ment et  appelé  en  1802  à  faire  partie  de  la  commission  qu'on 
venait  de  former  à  Vienne  pour  assurer  les  subsistances, 
promu  quelques  mois  après,  le  28  avril  1803,  conseiller  au- 
lique,  il  entrait  presque  en  même  temps  à  VOberste  Polizei 
und  Censiir  Hofstelle  (Ministère  de  la  Police  et  de  la  Cen- 
sure), dont  il  devint  le  Vice-Président  vers  le  milieu  de  l'an- 
née 1807  et  le  Président  en  mars  1812. 

Partout,  dans  les  différents  postes  que  le  baron  Hager  avait 
occupés  depuis  son  entrée  dans  l'Administration,  il  avait 
brillamment  marqué  la  trace  de  son  passage.  Presque  dès 
le  début  de  sa  carrière  de  fonctionnaire,  il  avait  eu  la  bonne 
fortune,  uniquement  due  à  son  mérite  et  à  son  intelligence, 
d'appeler  sur  lui  l'attention  de  Joseph  II,  très  frappé  par  la 
justesse  et  la  profondeur  des  idées  émises  par  le  jeune  com- 
missaire de  cercle  dans  un  travail,  qu'il  fournit  au  moment 
où  on  s'occupait  de  rétablissement  d'un  plan  nouveau  de 
répartition  des  impôts.  Plus  tard,  dans  un  tout  autre  rayon 
d'action,  à  deux  reprises  pendant  qu'il  exerçait  les  fonctions 
de  capitaine  de  cercle  en  1797  et  en  1800,  il  eut  à  assu- 
rer le  cantonnement  et  les  subsistances  d'une  grosse  partie 
de  l'armée  autrichienne,  à  présider  à  la  levée  et  à  l'organi- 
sation des  volontaires  et  de  l'insurrection  hongroise,  à  diriger 
et  à  surveiller  les  travaux  de  défense  qu'on  avait  décidé  de 
faire  exécuter  sur  le  Semmering  et  dans  le  Wiener  Wald.  En 
1806,  après  la  paix  de  Presbourg,  l'Empereur  François  le 
chargea  en  qualité  de  commissaire  extraordinaire  d'une  mis- 
sion temporaire  dans  les  territoires,  qu'il  avait  administrés 


PRÉFACE  IX 

précédemm^**,  et  qui  venaient  d'être  durement  éprouves  par 
le  passage,  les  mouvements  et  le  séjour  des  troupes,  les  ré- 
quisitions de  toute  espèce,  les  charges  et  les  horreurs  de  la 
guerre.  En  1809,  ce  fut  à  lui  qu'en  sa  qualité  de  Vice-Pré- 
sident de  la  Polizei-Hofstelle  on  confia  le  soin  d'agir  sur 
l'opinion  publique  et  ce  fut  grâce  à  l'influence  qu'il  sut  exer- 
cer sur  les  esprits  que  les  populations,  auxquelles  il  réussit 
à  faire  comprendre  la  nécessité  d'une  pareille  mesure,  ac- 
cueillirent, presque  avec  enthousiasme,  les  décrets  qui  ordon- 
nèrent la  levée  et  la  formation  de  la  Landwehr. 

Instruit,  intelligent,  doué  d'un  esprit  aux  vues  larges,  d'une 
extraordinaire  activité  et  d'une  rare  capacité  de  travail,  mo- 
dérant et  adoucissant  dans  la  limite  du  possible  les  rigueurs 
souvent  excessives  et  irritantes,  presque  toujours  brutales, 
de  la  Censure,  Hager,  grâce  à  l'urbanité  qu'il  sut  déployer 
dans  l'exercice  de  ses  délicates  fonctions,  grâce  au  tact  qui 
ne  lui  fît  que  bien  rarement  défaut  (même  lorsqu'il  lui  fallut 
faire  exécuter  des  mesures  contre  lesquelles  il  avait  vaine- 
ment protesté),  parvint  à  se  concilier  les  sympathies  générales, 
à  s'assurer  même  l'estime  de  la  plupart  des  personnages 
amenés  à  Vienne  par  le  Congrès.  Bien  peu  parmi  ces  der- 
niers eurent  1  occasion  de  formuler  des  plaintes  contre  la  sur- 
veillance à  laquelle  ils  se  savaient  tous  soumis,  et  qui,  malgré 
la  prudence  et  la  discrétion  qu'on  avait  recommandées  et  im- 
posées au  personnel  chargé  de  s'en  acquitter,  ne  fut  pourtant 
ni  moins  attentive,  ni  moins  serrée, ni  surtout  moins  fructueuse. 

Chambellan  de  l'Empereur  du  1"  octobre  1797  et  conseil- 
ler intime  en  février  1809,  malade,  fatigué,  usé  par  le  travail 
et  par  la  tension  continuelle  de  toutes  ses  facultés,  obligé  par 
son  état  de  santé  de  se  démettre  de  ses  fonctions  dans  les 
premiers  jours  de  l'année  1816  et  d'aller  chercher  dans  un 
climat  plus  doux  la  réparation  des  forces  qu'il  avait  dépen- 
sées au  service  de  son  pays,  Hager  reçut  de  son  Empereur  le 
20  juin  1816  un  éclatant  témoignage  de  sa  satisfaction,  une 
récompense  aussi  rare  que  précieuse, la  Grand-Croix  de  l'Or- 
dre de  Léopold.  Il  n'en  devait  pas  jouir  bien  longtemps  et 
moins  de  six  semaines  plus  tard,  le  31  juillet,  il  mourait  à 
Stra,  à  une  dizaine  de  kilomètres  de  Padoue. 


X  PREFACE 

On  connaît  maintenant,  au  moins  dans  ses  grandes  lignes, 
les  principales  étapes  de  la  carrière  si  bien  remplie  du  baron 
Hager;  on  trouvera  un  peu  plus  loin  dans  V Avant-Propos  un 
résumé  des  origines  et  du  développement  de  la  police  secrète 
autrichienne,  un  aperçu  de  l'organisation  et  du  fonctionne- 
ment de  ses  principaux  services  au  moment  du  Congrès,  et 
mes  lecteurs  seront,  il  me  semble,  aussi  bien  renseignés  que 
moi  et  suffisamment  au  courant  du  jeu  des  différents  organes 
de  cette  vaste  et  curieuse  machine  lorsque  j'aurai  essayé 
d'esquisser  ici  en  quelques  lignes  la  façon  dont  étaient  réglés 
les  rapports  du  président  de  la  Polizei-Hofstelle  avec  les 
autres  Départements  et  surtout  avec  l'Empereur. 

A  l'instar  de  ce  qui  se  passait  à  Paris  pendant  toute  la  durée 
du  règne  de  Napoléon,  le  baron  Hager  correspondait  directe- 
ment et  journellement  avec  son  souverain.  11  y  avait  cepen- 
dant (je  ne  fais  naturellement  allusion  ici  qu'aux  rapports 
fournis  par  la  police  secrète)  d'assez  sensibles  différences  entre 
la  nature  des  questions  traitées  et  des  objets  exposés  dans  les 
bulletins  quotidiens  de  Fouché  ou  de  Savary  et  la  contexture 
et  le  caractère  des  pièces  et  des  sujets  sur  lesquels  Hager 
appelait  tous  les  jours  dans  son  bordereau  l'attention  du  père 
de  Marie-Louise.  Je  m'empresse  d'ajouter  que,  si  les  deux 
empereurs  s'intéressaient  tous  deux  au  plus  haut  degré  aux 
documents  que  leurs  ministres  de  la  police  leur  présentaient, 
ou  leur  faisaient  parvenir  lorsqu'ils  étaient  absents,  la  curio- 
sité de  François  P\  pour  être  d'une  tout  autre  nature  que 
celle  de  son  gendre,  n'était  pas  pour  cela,  tant  s'en  faut,  plus 
facile  à  contenter.  Cela  posé  en  passant,  et  laissant  d'ailleurs 
de  côté  ici  tout  ce  qui  a  trait  à  une  autre  branche  des  services 
dirigés  par  le  baron  Hager,  aux  rapports  de  la  Police  générale, 
je  me  bornerai  à  faire  remarquer  qu'au  bordereau,  qui  accom- 
pagnait tous  les  jours  l'envoi  des  papiers,  dont  l'ensemble 
forme  aujourd'hui  l'énorme  dossier  des  Akten  des  Wiener 
Congresses,  éteiii  jointe  une  sorte  de  table  des  matières,  d'in- 
dex de  ces  pièces  de  provenances  fort  différentes,  qu'on  avait 
bien  soin  de  classer  séparément  et  de  répartir  en  trois  caté- 
gories et  de  placer  sous  trois  rubriques  absolument  distinctes; 
les  unes  des  autres. 


PRÉFACE  XI 


L'une  de  ces  catégories,  celle  que  dans  l'énoncé  de  ses  en- 
vois quotidiens  Hager  désigne  sous  le  nom  de  Die  materiellen 
Rapporte,  ne  contient  en  effet  que  les  rapports,  d'ailleurs  sou- 
vent assez  intéressants  à  cette  époque,  des  agents  ordinaires 
chargés  de  la  surveillance  directe,  occulte,  mais  incessante, 
des  principaux  personnages  venus  à  Vienne  pour  le  Congrès. 

La  seconde  a  déjà  une  valeur  plus  considérable,  une  portée 
un  peu  plus  élevée.  Elle  renferme  toute  la  série  des  rapports 
émanant,  non  plus  de  subalternes,  de  mercenaires,  de 
simples  policiers,  mais  de  confidents  recrutés  avec  un  soin 
tout  particulier,  d'un  rang  et  d'un  niveau  sensiblement  supé- 
rieurs, plus  ou  moins  largement  rétribués  sur  le  budget  spé- 
cial de  la  Polizei  Hofstelle,  et  même  de  collaborateurs  encore 
plus  haut  placés,  de  personnages  offrant  leurs  services  par 
patriotisme,  et  naturellement  à  titre  purement  gracieux. 

Enfin,  la  dernière  catégorie,  de  beaucoup  la  plus  curieuse, 
la  plus  intéressante  et  la  plus  précieuse,  se  compose  parfois 
de  chinons  —  quand  on  a  pu  s'en  procurer,  quand  on  a  réussi 
à  ramasser  d'abord,  puis  à  reconstituer  les  lettres  ou  les  mi- 
nutes des  dépêches  déchirées,  incomplètement  détruites,  ou 
insuffisamment  brûlées  par  leurs  auteurs  ou  leurs  destina- 
taires,— mais  en  revanche  presque  journellement  d'un  nombre 
variable,  le  plus  souvent  assez  considérable,  de  dépêches  ou 
de  lettres  interceptées,  déchiffrées,  analysées  ou  même  copiées 
in  extenso  (toutes  les  fois  que  le  temps  et  les  circonstances 
le  permettaient)  par  la  Manipulation,  Ri^ipeUation  plus  euphé- 
mique dont  on  se  servait  pour  désigner  le  Cabinet  Noir. 

Tous  les  jours,  aussitôt  après  avoir  pris  connaissance  de 
ces  différentes  espèces  de  documents  et  de  pièces,  le  baron 
Hager  rédigeait  lui-même  la  minute  du  rapport,  du  bordereau 
quotidien  destiné  à  l'Empereur  François.  Le  grand  chef  de 
la  Police  autrichienne  ne  se  contentait  d'ailleurs  pas  de  si- 
gnaler à  son  souverain  les  nouvelles  les  plus  intéressantes, 
les  faits  les  plus  saillants  des  dernières  vingt-quatre  heures. 
Presque  tous  les  jours  il  lui  présentait  ses  observations,  lui 
soumettait  ses  critiques  et  lui  posait  même  assez  souvent  des 
questions  précises  et  formelles  sur  certains  points  qui  lui  pa- 
raissaient particulièrement  délicats,  importants  ou  graves. 


XII  PRÉFACE 

Chose  assez  rare  chez  un  fonctionnaire  arrivé  à  une  aussi 
haute  situation,  et  qui  marque  bien  sa  parfaite  et  complète 
indépendance,  Hager  ne  craignait  pas  dans  la  plupart  des 
cas  de  proposer,  de  recommander  presque,  à  l'Empereur  les 
solutions  qui  lui  paraissaient  les  plus  rationnelles  et  les  plus 
conformes  aux  besoins  du  service  et  aux  intérêts  de  l'Etat. 

Gomme  cela  se  passait  à  Paris  du  temps  de  Fouché  et  de 
Savary,  ces  minutes  ne  sortaient  pas  de  la  Polizei  Hofstelley 
et  ce  sont  ces  pièces  qu'on  retrouve  encore  aujourd'hui 
jointes  aux  copies  qui,  revues  et  signées  par  Hager, expédiées 
ou  remises  par  lui-même  à  François  1",  figurent  encore  actuel- 
lement dans  les  cartons  des  Akten  des  Wiener  Congresses. 
Ces  bulletins,  ces  bordereaux,  qui  en  général  ont  mis  assez 
longtemps  (de  10  à  15  jours, quelquefois  même  davantage)  à 
revenir  du  cabinet  particulier  de  l'Empereur,  sont  d'autant 
plus  intéressants  à  consulter  que  tous  portent  le  visa  du  sou- 
verain et  que  sur  un  assez  grand  nombre  d'entre  eux,  Fran- 
çois \°*  a  ajouté  ses  décisions,  parfois  ses  critiques,  mais  le 
plus  souvent  son  approbation  motivée  et  le  témoignage  auto- 
graphe de  sa  satisfaction. 

Ne  pouvant  songer  à  copier  purement  et  simplement  les 
innombrables  pièces  contenues  dans  les  dossiers  (1),  j'ai  dû, 
après  avoir  éliminé  quantité  de  bulletins  de  police  et  de  do- 
cuments qui  me  semblaient  dénués  de  valeur  au  point  de  vue 
historique,  me  contenter  de  donner  l'analyse,  le  résumé  des 
rapports  qui  ne  présentaient  qu'un  intérêt  relatif,  afin  de  pou- 
voir reproduire  in  extenso  les  papiers  les  plus  importants  et 
surtout  les  lettres  et  les  dépêches  qui,  interceptées,  déchif- 
frées et  copiées,  permettaient  à  l'Empereur  d'Autriche  et  à 
Metternich  de  savoir  exactement,  et  presque  à  tout  instant 
ce  que  pensaient,  ce  qu'écrivaient,  ce  que  disaient,  ce  que 
projetaient  les  souverains  et  diplomates  présents  à  Vienne, 

1.  Gomme  je  l'ai  déjà  fait,  lorsque  mes  articles  sur  la  Princesse  Bagralion 
et  la  duchesse  de  Sagan  parurent  le  I  "  et  le  15  juin  1913  dans  la  Revue  de  Pans, 
je  tiens  à  répéter  ici  qu'on  trouvera  un  certain  nombre  de  ces  pièces  dans  le 
livre  Die  Geheimpolizei  auf  dem  Wiener  Kongress  que  venait  de  publier  le 
Hofrat  D'  Auguste  Fournier,  ancien  directeur  des  Archives  du  ministère 
1.  et  R.  de  l'Intérieur. 


''^Çl^  PRÉFACE  XllI 

de  connaître  les  vues,  les  préférences  et  les  intentions  des 
chefs  d'Etat,  restés  dans  leurs  capitales,  et  parfois  même  jus- 
qu'aux instructions  qu'ils  donnaient  à  leurs  représentants. 

Il  m'a  semblé  d'autre  part  qu'en  raison  même  du  caractère  de 
cette  publication,  afin  qu'on  ne  pût  pas  douter  de  l'authenticité 
des  documents,  de  l'exactitude  et  de  l'impartialité  que  j'ai  ap- 
portées à  l'exécution  du  travail,  il  me  fallait  m'en  tenir  stricte- 
ment et  fidèlement  à  la  méthode  suivie,  il  y  a  tout  près  d'un 
siècle,  par  le  baron  Hager  lui-même.  Gomme  je  viens  de  le 
dire  un  peu  plus  haut,  en  1814  et  en  1815  le  ministre  de  la 
Police  faisait  tous  les  jours  son  rapport  à  son  souverain  et 
lui  communiquait  ainsi  les  renseignements  qui  lui  étaient 
parvenus  pendant  les  dernières  vingt-quatre  heures.  A  mon 
tour,  je  prie  mes  lecteurs  de  bien  vouloir  se  mettre  par  la  pen- 
sée à  la  place  du  père  de  Marie- Louise  et  de  me  permettre 
de  faire  passer  sous  leurs  yeux  les  principales  pièces  que 
j'ai  extraites  de  ce  volumineux  dossier  en  respectant  le  plus 
possible  l'ordre  chronologique  et  en  les  laissant  dans  les  bor- 
dereaux dans  lesquels  Hager  lui-même  les  avait  placées. 

J'espère  que  la  publication  de  ces  documents  pourra  être 
de  quelque  utilité  à  ceux  qui  s'occupent  de  l'histoire  des  deux 
dernières  années  de  l'Empire  et  plus  particulièrement  des 
péripéties  du  Congrès  de  Vienne  et  qui  me  sauront  peut- 
être  quelque  gré  d'avoir  essayé  de  leur  épargner  de  longues 
et  fastidieuses  recherches.  C'est  encore  dans  ce  but  que  je  n'ai 
pas  reculé  devant  un  autre  travail  aussi  ingrat  que  pénible. 
A  côté  des  souverains  alliés  et  des  généraux  qui  s'étaient 
illustrés  au  cours  des  dernières  campagnes,  des  ministres 
et  des  hommes  d'Etat  qui  jouèrent  un  rôle  considérable  au 
Congrès,  on  verra  défiler  dans  ces  différents  documents  des 
personnages  (j'allais  presque  dire  des  comparses  et  des  figu- 
rants) qui  ont  cependant  eu,  eux  aussi,  leur  mot  à  dire,  dont 
l'action  a  été  dans  maintes  circonstances  d'une  importance 
plus  grande  qu'on  ne  serait  porté  à  le  croire,  mais  dont  en 
revanche  l'histoire  et  parfois  même  les  noms  risquent  d'être 
fort  peu  connus.  Ce  sont  ces  différents  personnages  que  je 
me  suis  efforcé  d'identifier  de  mon  mieux,  tout  comme  j'ai 
essayé  de  fixer  aussi  exactement  que  possible  les  événements 


XIV  PRÉFACE 

OU  les  incidents,  les  instruments  diplomatiques  ou  les  con- 
férences dont  il  était  question  souvent  en  termes  assez 
vagues,  tant  dans  les  rapports  des  agents  du  baron  Hager 
que  dans  les  pièces  provenant  du  Cabinet  Noir. 

Je  n'ose  me  flatter  d'avoir  réussi  complètement  dans  cette 
tâche  hérissée  de  difficultés  et  que  je  n'aurais  même  pas  tenté 
d'entreprendre  si  je  n'avais  su  pouvoir  une  fois  de  plus 
compter  sur  la  bienveillance  et  le  concours  des  nombreux 
amis  qui  ont  si  gracieusement  répondu  à  mes  incessantes 
demandes  de  renseignements  et  qui  ont  si  aimablement  con- 
senti à  collaborer  d'une  façon  aussi  utile  que  généreuse  au 
travail  que  je  présente  aujourd'hui  au  public. 

Quelque  délicat,  quelque  douloureux  qu'il  soit  aujourd'hui 
de  parler  de  ce  qui  touche  à  un  pays  qui  n'a  pas  hésité  à  se 
solidariser  avec  cette  Allemagne  qui  porta  il  y  a  cinquante 
ans  un  coup  mortel  à  sa  puissance,  il  me  semble  pourtant 
impossible  de  me  dispenser  de  rappeler  ici  l'accueil  qui,  au 
cours  de  mes  longues  et  nombreuses  visites  et  presque  jus- 
qu'à la  veille  de  la  guerre,  m'a  toujours  été  fait  dans  les 
différentes  archives  de  Vienne  (Archives  du  Ministère  de  Fln- 
térieur,  de  la  Guerre,  de  la  Maison  Impériale,  de  la  Cour  et 
de  l'Etat).  Tous  ceux  qui,  comme  moi,  ont  travaillé  dans  les 
Archives  Royales  d'Italie  ont  pu  comme  moi,  bien  avant  la 
conclusion  de  l'alliance  qui  unit  désormais  les  deux  sœurs 
latines,  apprécier  l'empressement  qu'on  mettait  partout  à 
faciliter  nos  recherches,  à  satisfaire  notre  curiosité.  Après 
tous  les  services  qu'ils  m'ont  rendus  avec  tant  d'obligeance, 
c'est  bien  le  moins  que  je  profite  de  la  publication  de  ce  livre 
pour  remercier  le  comte  G.  Sforza  de  Turin,  les  Soprinten- 
denti  Casanova,  passé  aujourd'hui  de  Naples  à  Rome,  son  col- 
lègue de  Bologne  G.  Livi  ainsi  que  le  Directeur  Umberto 
Dallari,  de  Modène.  Comment  aurais-je  pu  passer  sous  si- 
lence les  nombreuses  indications  que  je  dois  à  la  bienveil- 
lance de  Mgr  Don  Achille  Ratti,  le  grand  et  aimable  savant 
placé  à  la  tête  de  deux  des  plus  belles  bibliothèques  du  monde 
la  Valicana  et  VA?nbrosiana.  A  Milan,  mon  ami  le  profes- 
seur Gallavresi,  à  Turin  les  professeurs  Confessa  et  Lemmi  ; 
à  Genève,  MM.  Edouard  Chapuisat,  député  au  Grand  Conseil, 


I 

I  PRÉFACE  XV 

et  Karmin  ;  à  L(Tw  -^s,  M.  Hubert  Hall,  du  Public  Record 
Office^  et  M.  G.  L.  de  S'  M.  Watson  se  sont  mis  à  ma  dispo- 
sition avec  une  bonne  grâce  dont  je  ne  me  suis  pas  fait  faute 
d'abuser.  Je  n'apprendrai  rien  de  nouveau  à  personne  en 
remerciant  cordialement  ici  MM.  Charles  Schmidt,  Pierre 
uaron  et  Bourgin,  des  Archives  Nationales,  Tausserat-Radel 
des  Archives  du  ministère  des  Affaires  Etrangères,  Bertrand 

Artonne  de  la  bibliothèque  du  même  ministère,  et  M.  Louis 
iffol  de  la  Bibliothèque  Nationale.  Tout  le  monde  sait 
on  les  trouve  toujours  prêts  à  aider  les  chercheurs  et  à 
le.  faire  profiter  de  leur  érudition.  Au  risque  de  le  signaler 
')  d'autres  travailleurs  aussi  indiscrets  que  moi.  Son  Excel- 
lence M.  Serge  Goriaïnoff,  l'illustre  directeur  des  Archives 
impériales  de  Saint-Pétersbourg,  me  permettra,  lui  aussi, 
je'  l'espère,  de  lui  adresser  l'expression  sincère  de  ma  pro- 
fonde gratitude. 

Je  ne  saurais  enfin  déposer  la  plume  sans  remercier  le 
comte  de  Villermont  des  notes  biographiques  qu'il  a  bien 
voulu  me  faire  parvenir  sur  certains  de  ses  compatriotes, 
sans  demander  une  fois  de  plus  pardon  à  mes  chers  et  excel- 
lents amis,  le  général  G.  Ferrari,  l'ancien  Chef  de  la  Section 
historique  de  l'Etat-Major  Italien  et  Henri  Prior,  des  appels^ 
par  trop  répétés  que  je  n'ai  pas  craint  de  leur  adresser  et 
auxquels  ils  n'ont  cessé  de  répondre  avec  une  incomparable 
jbonne  grâce. 

Au  moment  de  clore  la  longue  liste  de  tous  ceux  qui  ont 
bien  voulu  m' assister  de  leurs  conseils  et  de  leur  amitié, 
ma  pensée  devait  forcément  se  reporter  vers  la  femme,  aussi 
supérieure  par  le  cœur  que  par  l'esprit,  dont  les  précieuses 
indications  m'ont  été  si  utiles  et  dont  je  n'oublierai  jamais 
la  bienveillance  et  la  bonté.  Aussi  est-ce  avec  une  profonde 
et  réelle  émotion  que  je  trace  ces  lignes,  seul  moyen  qui 
me  reste,  hélas  !  pour  rendre  un  humble,  mais  bien  sincère 
hommage  à  la  mémoire  de  Son  Altesse  la  princesse  Antoine 
Radziw^ill,  née  Castellane,  morte  si  tristement,  au  fond  d'un 
pays  ennemi,  loin  de  tout  ce  qu'elle  aimait  de  toutes  les 
forces  de  son  âme  ardente  et  généreuse,  les  siens  et  la  France. 

Novembi^e  1916. 


I  ^ 


AVANT-PROPOS 

QUELQUES    MOTS  SUR   l'oRGANISATION 

ET    LE    FONCTIONNEMENT    DE   LA   POLICE   SECRÈTE    AUTRICHIENNE 

A    l'époque    du    CONGRÈS    DE  VIENNE 


J'avais  un  moment  espéré  pouvoir  épargner  à  mes  lecteurs 
l'ennui  que  présente  forcément  la  lecture  d'un  pareil  exposé 
(quelque  restreintes  que  soient  les  dimensions  qu'on  s'efforce 
de  lui  donner)  en  conseillant  à  ceux  d'entre  eux  qui  auraient 
désiré  connaître  plus  à  fond  les  origines,  le  développement 
et  les  transformations  successives  de  VOberste  Polizei  Hofs- 
telle  de  consulter  le  grand  ouvrage  que  le  D'  Kretschmayr, 
l'aimable  et  savant  directeur  des  Archives  du  Ministère 
Impérial  et  Royal  de  l'Intérieur,  est  en  train  de  publier  sous 
le  titre  de  :  Die  Oesterreichische  Central  Verwaltung. 

Malheureusement  le  travail  est  si  considérable  et  si  délicat 
que,  malgré  toute  Tactivité  déployée  par  le  Directeur  et  par 
ses  zélés  collaborateurs,  il  se  passera  peut-être  bien  un  temps. 
relativement  assez  long  avant  l'apparition  du  volume  dans 
lequel  ces  Messieurs  étudieront  l'organisation  et  le  fonction- 
nement de  la  Police  à  l'époque  qui  nous  intéresse.  D'autre 
part,  la  consultation  d'un  ouvrage  de  cette  envergure  n'est 
jamais  chose  facile  et  n'aurait,  en  tout  état  de  cause,  pu  être 
réellement  utile  qu'à  ceux  qui,  familiarisés  avec  la  langue 
allemande,  n'auraient  pas  reculé  devant  la  lecture  d'une 
œuvre  aussi  considérable. 

Force  m'a  donc  été  de  me  résigner,  d'abord  à  dire  quelques 
mots  de  la  genèse  de  cette  fameuse  Oherste  Polizei  Hofs- 
telle,  puis  à  exposer  le  plus  succinctement  possible  quels 
étaient  en  1814   la  constitution  et  les   moyens  d'action  de 

T.  1.  Il 


XVIII  AVANT-PROPOS 

l'important  service  à  la  tête  duquel  le  baron  Hager  se  trou- 
vait depuis  sept  ans. 

Quelque  remarquable,  quelque  complète  que  fût  à  cette 
époque  l'organisation  de  ces  services,  il  importe  avant  tout 
de  remarquer  qu'ils  étaient  encore  de  date  assez  récente. 

Les  luttes  presque  continuelles  que  la  grande  Impératrice 
eut  à  soutenir  et  les  graves  événements  qui  se  déroulèrent 
au  cours  de  son  règne  n'avaient  en  effet  pas  permis  à  Marie- 
Thérèse  de  consacrer  à  la  Police  l'attention  et  les  soins  qu'en 
des  temps  moins  agités  elle  n'aurait  assurément  pas  manqué 
de  lui  donner. 

Il  n'en  fut  pas  de  même  pour  son  successeur  et  la  trans- 
formation, ou  pour  mieux  dire,  la  création  des  services  de  la 
police,  et  surtout  de  la  police  politique,  occupa,  au  contraire, 
une  assez  large  place  dans  le  programme  des  réformes  que 
Joseph  II  introduisit  dans  son  Empire.  Frappé  par  les  lacunes 
et  par  les  nombreux  et  sérieux  inconvénients  que  présentait 
le  fonctionnement  rudimentaire  d'organes  presque  entiè- 
rement indépendants  les  uns  des  autres,  opérant  chacun  pour 
son  compte,  sans  règles  fixes,  souvent  au  gré  des  caprices 
et  des  fantaisies  des  grands  personnages  placés  momenta- 
nément à  la  tête  de  l'administration  des  différentes  provinces 
de  la  Monarchie,  l'Empereur  résolut,  en  le  centralisant  entre 
les  mains  d'un  seul  chef,  de  donner  plus  de  cohésion  à  un 
service  aussi  essentiel,  de  lui  imprimer  l'unité  d'action  et 
de  direction  qui  lui  faisait  défaut  et  sans  laquelle  il  ne  pou- 
vait produire  rien  d'utile. 

Dès  les  premiers  mois  de  1782,  Joseph  II  avait  en  consé- 
quence jeté  les  bases  de  cette  organisation  en  appelant  le 
comte  Pergen,  à  ce  moment  gouverneur  de  la  Basse- Autriche, 
un  fonctionnaire  vieilli  sous  le  harnais,  rompu  aux  affaires, 
un  homme  d'Etat  dans  lequel  il  avait,  à  juste  titre,  placé 
toute  sa  confiance,  aux  fonctions  nouvellement  créées  à  son 
intention  de  Ministre  d  Etal  pour  les  affaires  intérieures. 

Quatre  ans  plus  tard,  en  1786,  l'Empereur  faisait  un  pas 
de  plus  dans  cette  voie  et  procédait  à  l'organisation,  dans 
les  différentes  capitales  de  la  Monarchie,  d'un  Service  secret 
dont  il  réglait  lui-même  le  fonctionnement  dans  des  Instruc- 


AVANT -PROPOS  XIX 

lions  confidentielles  adressées  aux  gouverneurs  des  provinces 
et  que  Pergen  avait  rédigées  sur  son  ordre  (1). 

Joseph  II  ne  s'en  tint  du  reste  pas  là  et  peu  de  jours  seu- 
lement avant  sa  mort  (20  février  1790)  il  avait  eu  à  cœur  de 
déterminer  d'une  façon  plus  nette  et  plus  précise  les  attri- 
butions du  ministre,  ainsi  que  la  nature  et  l'étendue  de  ses 
relations  avec  les  dépositaires  de  l'autorité  impériale  dans  les 
différents  pays  de  la  Couronne. 

Aussi,  presque  au  lendemain  de  l'avènement  de  Léo- 
pold  II,  Pergen,  encore  sous  l'impression  des  volontés  et  des 
désirs  de  Joseph  II,  peut-être  aussi  parce  qu'il  avait  le  pres- 
sentiment des  difficultés  qu'il  allait  rencontrer,  adressait-il 
au  nouveau  souverain  un  rapport,  en  date  du  2  mars  1790, 
dans  lequel  il  lui  exposait  le  caractère  que  dans  ces  der- 
nières années  l'empereur  défunt  avait  jugé  à  propos  de 
donner  au  département  à  la  tête  duquel  il  l'avait  placé. 

La  brièveté  de  son  règne  empêcha  seule  Léopold  11  de 
détruire  l'œuvre  que  son  frère  venait  d'entreprendre  et  avait 
même  à  peine  ébauchée.  Heureusement  pour  Pergen  et  sur- 
tout pour  l'Autriche,  l'Empereur  François  n'eut  rien  de  plus 
pressé  que  de  réagir  contre  les  mesures  que  son  père  avait 
prises  en  mars  1791,  mesures  qui  ne  tendaient  à  rien  moins 
qu'à  paralyser,  qu'à  annihiler  même  presque  complètement 
l'action  du  ministre,  et  qui  avaient  à  tel  point  diminué  ses  pou- 
voirs et  ses  attributions  que  celui-ci  avait  répondu  à  la  publi- 
cation du  Rescrit  de  Léopold  en  lui  envoyant  sa  démission. 

La  retraite  de  Pergen  ne  fut  du  reste  que  de  courte  durée. 
Moins  d'un  an  après  son  avènement,  François  II  créait  défi- 
nitivement la  Polizei  Hofstelle  et  replaçait  à  sa  tête,  en  qua- 
lité de  Président,  le  comte  Pergen  (2)  auquel  il  conférait  de 
plus  le  titre  (TOberster  Polizei  Minister. 

Ce  fut,  dès  lors,  un  vrai  Ministère  de  la  Police,  quoique 

1.  Cf.  Oeslerreichische  liundschau,  juillet  1911,  t.  XXVIII,  1"  livraison. 
[A.  FouBNiER.  Kaiser  Joseph  II  und  der  Geheime  Dienst  (p.  31-37).]  Repro- 
duction in  extenso  de  cette  Instruction  confidentielle  que  l'auteur  de  cet 
intéressant  article  a  tirée  des  dossiers  des  Allgemeine  Polizei  ylc<e/i  (Archives 
du  ministère  de  l'Intérieur  I.  et  R,) 

2.  Il  sera  peut-être  intéressant  de  relever  à  ce  propos  qu'il  n'y  eut,  de  1792 


XX  AVANT-PROrOS 

d'abord  avec  un  personnel  'singulièrement  restreint  (1)  et 
pendant  un  certain  temps,  avec  des  ressources  bien  maigres  (2), 
mais  dont,  grâce  au  zèle  inlassable  des  hommes  d'Etat 
chargés  de  le  diriger  et  aussi  grâce  à  la  pression,  à  la  gra- 
vité et  à  la  multiplicité  des  événements,  Timportance  ne 
cessa  d'aller  en  croissant  depuis  1793  jusqu'au  moment  où 
se  réunit  à  l'automne  de  1814  le  Congrès  de  Vienne. 

J'aurais  voulu  pouvoir  suivre  d'un  peu  plus  près  le  déve- 
loppement des  différents  organes  de  ce  Département  ;  mais 
j'ai  dû  y  renoncer  parce  qu'un  pareil  exposé  m'aurait 
entraîné  par  trop  loin.  J'ai  cru  plus  sage  de  placer  aux 
Annexes  et  à  titre  de  simples  indications,  quelques  pièces 
qui  permettront  à  mes  lecteurs  de  se  faire  une  idée  un  peu 
plus  exacte  de  la  façon  dont  s'est  peu  à  peu  constitué,  élargi, 
agrandi,  modifié  et  transformé  le  service  conçu  et  inauguré 
par  Joseph  II  (3).  Je  me  bornerai  donc  à  leur  faire  remarquer 
ici  en  passant  que,  dès  l'année  1800,  on  rattacha  la  Ceiisure 
à  la  Polizei  Hofstelle  et  qu'on  établit  à  partir  de  ce  moment 
une  entente  et  une  collaboration  des  plus  intimes  et  des  plus 
complètes  avec  le  Cabinet  Noir,  dont  on  ne  cessa  d'étendre 
le  rayon  d'action  et  de  perfectionner  le  fonctionnement. 

Grâce  à  l'activité  toujours  en  éveil  de  Sumerawetde  Hager, 

à  1848,  que  quatre  personnages  qui  remplirent  ces  importantes  fonctions  à 
savoir  : 

Le  comte  Pergen  de  1792  à  1803; 

Le  baron  Sumeraw  de  1803  à  1807  ; 

Le  baron  Hager,  vice-président  de  1807  à  1812  et  président  de  1812  au  mois 
d'août  1816; 

Et  enfin  le  comte  Sedlnitsky,  vice-président  de  1815  au  15  mai  1817  et  pré- 
sident depuis  cette  époque  jusqu'à  la  suppression  du  ministère  en  1848. 

1.  Au  début  vers  1790,  Pergen  n'eut  en  fait  de  collaborateurs  directs  que 
le  conseiller  aulique  von  Béer,  directeur  supérieur  de  la  police  de  Vienne  et 
les  deux  secrétaires  auliques.  Schilling  et  Mœhrenthal. 

2.  En  1793,  comme  du  reste  pendant  plusieurs  années  encore,  le  budget 
spécial  de  la  police  ne  s'élevait  qu'à  la  somme  totale  de  10.000  florins,  somme 
que  la  cassette  de  l'Empereur  versait  directement  au  ministre  en  quatre  paye- 
ments trimestriels. 

3.  Cf.  Annexe  l.  Rapport  du  comte  Pergen,  du  18  février  1793.  Annexe  IL 
Rapport  de  Sumeraw,  du  12  mars  1804.  Annexe  III.  Rapport  du  même,  du 
2  février  1806.  Annexe  IV.  Décision  impériale  du  27  février  1806.  Annexe  V. 
Rapport  de  Hager  à  l'Empereur  du  5  août  1808  et  décision  impériale  en  ré- 
ponse à  ce  rapport. 


AVANT-PROPOS  XXI 

srâce  à  celte  activité,  constamment  stimulée  du  reste  par  la 
curiosité  qui  était  le  propre  de  l'Empereur  François,  l'orga- 
nisation de  la  police  secrète,  de  la  politique  autrichienne, 
ne  laissait  presque  plus  rien  à  désirer  au  moment  où  les 
Empereurs  et  les  Rois,  les  ministres  des  Grandes  Puissances, 
les  représentants  des  différents  Etats  et  la  plupart  des 
princes  allemands  se  donnèrent  rendez-vous  à  Vienne,  les 
uns  pour  procéder  au  remaniement  de  la  carte  de  l'Europe, 
les  autres  pour  tâcher  de  faire  valoir  et  accepter  leurs  droits 
à  des  compensations  ou  à  des  indemnités. 

On  conçoit  que,  dans  de  si  graves  conjonctures,  le  Gouver- 
nement autrichien  ait  éprouvé  plus  que  jamais  le  besoin  de 
savoir  exactement,  presque  heure  par  heure,  ce  que  faisaient, 
ce  que  disaient,  ce  qu'écrivaient  tous  ces  personnages,  tous  ces 
hommes  d'Etat  réunis  dans  la  capitale.  11  avait  le  plus  grand 
intérêt  à  connaître  non  seulement  la  teneur  des  instructions  et 
des  dépêches  qu'ils  recevaient  de  leurs  Cours, mais  encore  leur 
état  d'esprit,  leurs  conversations  privées,  les  confidences  et 
les  opinions  contenues  dans  leur  correspondance  particulière. 

Heureusement  pour  Metternich,  le  Cabinet  Noir  de  Vienne 
rivalisait  avec  celui  qui  avait  rendu  tant  de  services  à  Napo- 
léon. Ce  Cabinet  Noir  était  du  reste  puissamment  aidé  par 
les  Loges  (1)  annexes  et  succursales  du  Cabinet  Noir  établies 
à  Linz,  Salzburg,  Trieste,  Prague,  Graz  et  Brûnn,  et  l'habi- 
leté professionnelle  des  fonctionnaires  chargés  de  ce  qu'on 
était  convenu  d'appeler  la  Manipulation  était  à  la  hauteur 
de  leur  zèle  et  de  leur  patriotisme. 

Le  service  du  Cabinet  du  Chiffre  ne  chôma  en  effet  pas, 
pendant  les  longs  mois  que  dura  le  Congrès.  Un  coup  d'œil 
jeté  sur  n'importe  lequel  des  bordereaux  présentés  ou  en- 
voyés tous  les  jours  à  l'Empereur  par  Hager  donnera  une 
idée  du  nombre  considérable  de  pièces  ouvertes,  déchiffrées, 
traduites,  toujours  analysées,  et  la  plupart  du  temps  copiées, 
même,  par  le  personnel  de  choix  entre  les  mains  duquel  pas- 
saient non  seulement  les  lettres  et  les  dépêches  confiées  à  la 

1.  Cabinets  noirs  établis  sur  certains  points  en  province.  Cf.  Annexes  II  et 
III.  Rapport  de  Sumeraw,  du  12  mars  1804  et  du  2  février  1806. 


XXlî  AVANT-PROPOS 

poste,  mais  toutes  les  correspondances  arrivant  ou  partant 
par  d'autres  voies,  réputées  plus  sûres  et  qu'on  parvenait 
cependant  à  intercepter.  Le  service  était  si  bien  monté  que 
le  Cabinet  Noir  put  maintes  fois  prendre  connaissance  et 
copie  de  lettres  qu'expédiaient  ou  que  recevaient  les  membres 
mêmes  de  la  famille  impériale,  les  rois  et  les  princes  pré- 
sents à  Vienne,  les  représentants  des  puissances  au  Con- 
grès, et  les  nombreux  personnages  dont  on  surveillait  les 
faits  et  gestes  (1).  La  correspondance  même  de  Gentz  avec 
Karadja,  l'hospodar  de  Valachie,  correspondance  que  Met- 
ternich  n'avait  pas  seulement  autorisée,  mais  qui  se  faisait 
par  son  ordre,  n'échappait  pas  à  cette  surveillance  générale. 
On  travaillait  jour  et  nuit  sans  trêve  ni  répit  au  Cabinet 
du  Chiffre  et  cependant,  loin  de  se  ralentir,  le  zèle  désinté- 
ressé (2)  des  employés  et  des  fonctionnaires  était  si  grand 
qu'afîn  de  prévenir  le  retour  de  réclamations  désagréables 
et  gênantes  provoquées  par  certaines  négligences  ou  mala- 
dresses, conséquences  inévitables  d'un  tel  surcroît  de  be- 
sogne, on  avait  été  en  haut  lieu  amené  à  envisager  la  pos- 
sibilité de  la  saisie  définitive  des  papiers  interceptés  (3). 


1.  Correspondance  de  Marie-Louise,  de  l'Impératrice  d'Autriche  elle-même 
de  l'archiduc  Charles,  des  rois  do  Prusse,  de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  des 
grandes-duchesses  Marie  et  Catherine,  du  prince  Eugène,  de  la  reine  Hor- 
tense,  d'Elisa  Bacciochi,  de  la  reine  de  Naples,  Caroline  Murât,  du  prince 
Jérôme  et  de  sa  femme,  l'ex-reine  Catherine,  de  Castlereagh,  de  Nesselrode, 
de  Talleyrand,  de  Dalberg,  d'Hardenberg,  de  Humboldt,  de  Lieven,  du  prince 
Antoine  Radziwill  et  de  sa  femme,  la  princesse  Louise  de  Prusse,  de  M"'  de 
Talleyrand,  de  Czartoryski,  de  Noailles,  de  la  Tour  du  Pin,  de  Stackelberg, 
de  Miinster,  de  Gagern,  de  Clancarty,  de  Stewart,  de  Wellington,  d'Anstett, 
de  Stein,  du  roi  Louis  XVIII,  de  Joseph  de  Maistre,  de  Montgelas,  de  M"""  de 
Montesquieu,  du  prince  d'Orange,  du  duc  d'Orléans,  des  princes  de  Bavière, 
de  Prusse,  de  Wurtemberg,  des  grands-ducs  de  Bade,  de  Hesse-Darmstadt, 
de  Saxe-Weimar,  du  roi  de  Saxe  et  de  son  frère  le  prince  Antoine,  de  la 
princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  etc.. 

2.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  voir  à  l'article  80  (cf.  annexe  VIII)  des 
dépenses  secrètes  de  police  pour  l'année  1815  qu'à  la  lin  du  Congrès  on  alloua 
au  «  personnel  du  Cabinet  du  Chiffre  »  (rémunération  autorisée)  une  somme 
de  2.000  florins  (A.  M.  J.  Wiener  Kongress,  Polizei  Hofstelle  1815,  XX, 
ad.  126). 

3.  Ce  fut,  comme  on  le  verra  au  cours  de  ce  travail,  à  l'occasion  de  la  sai- 
sie de  deux  pièces  adressées  au  prince  Eugène,  apportées  de  Paris  par  un 
courrier  anglais,  interceptées  chez  lord  Castlereagh,  mais  envoyées  ensuite 


AVANT-PROPOS  XXIII 

Si  précieuses  que  fussent  les  informations  que  le  dépouil- 
lement des  correspondances  fournissait  journellement  au 
Gouvernement  autrichien,  il  lui  était  cependant  impossible 
de  s'en  contenter.  Il  avait  un  intérêt  majeur  à  être  au  cou- 
rant, de  la  façon  la  plus  exacte  et  à  la  fois  la  plus  rapide, 
des  moindres  incidents  et  des  menus  faits  journaliers  de  la 
vie  que  menaient  à  Vienne  tous  ces  hôtes  illustres  que  le 
Congrès  y  avait  rassemblés,  et  surtout  des  opinions  qu'ils 
émettaient,  des  critiques  qu'ils  se  permettaient,  des  juge- 
ments qu'ils  portaient  dans  l'intimité  sur  les  hommes  et  sur 
les  choses,  des  confidences  qu'ils  faisaient  à  leurs  collabora- 
teurs, des  instructions,  des  ordres  qu'ils  donnaient  lorsqu'ils 
se  croyaient  à  l'abri  de  toute  indiscrétion. 

Hager  n'avait  du  reste  pas  été  pris  au  dépourvu.  Il  avait 
tout  prévu  et,  à  côté  des  agents  ordinaires  et  subalternes  (1) 
dont  se  servent  les  polices  de  tous  les  pays  et  qu'il  n'eut  pas 
grand'peine  à  faire  entrer  à  des  titres  divers  au  service  des 
personnages  fraîchement  arrivés  dans  la  capitale  de  l'Em- 
pire, il  avait  la  bonne  fortune  de  disposer  de  personnes  re- 
crutées dans  les  plus  hautes  classes  de  la  société.  Les  unes, 
les  auxiliaires,  percevaient  de  ce  chef  des  rémunérations  en 
général  peu  élevées  ou  même  de  simples  indemnités,  tan- 


à  leur  destinataire  que  le  baron  Hager  demanda  le  6  février  1815  (F.  2.  497.  917 
ad.  2)  si,  dans  certains  cas,  graves  et  intéressants,  on  ne  pourrait  pas  l'auto- 
riser à  arrêter  et  à  garder  ces  documents. 

Le  23  février,  l'Empereur,  tout  en  se  rendant  aux  raisons  invoquées  par 
Hager,  lui  faisait  connaître  qu'  «  il  ne  permettait  la  saisie  des  originaux 
que  dans  des  cas  exceptionnellement  graves  et  qu'après  avoir  pris,  au  préa- 
lable, l'avis  du  ministre  des  Affaires  étrangères  ». 

1.  Dès  le  27  septembre,  Hager  s'était  adressé  au  prince  Trauttmansdorff 
grand-maître  des  Cérémonies  (cf.  F.  1  3728  ad.  3565)  pour  le  prier  de  faire 
donner  au  personnel  de  service  dans  les  appartements  des  souverains  et  de 
leur  suite  à  la  i3ur(jr  l'ordre  de  «  fournir  des  renseignements  sur  ce  que  font 
ces  personnages,  chose  d'autant  plus  nécessaire  que,  par  exemple,  l'Empe- 
reur de  Russie  a  déjà  refusé  tout  service  d'honneur  ». 

Le  24  septembre  (F.  l.  3636  ad.  3565),  Hager  avait  adressé  à  l'agent  qu'il 
chargeait  de  le  renseigner  sur  tout  ce  qui  se  passera,  se  fera  et  se  dira  dans 
les  hautes  sphères  et  dans  le  monde  diplomatique  des  instructions  que  nous 
avons  eu  soin  de  reproduire  et  qu'on  trouvera  plus  loin,  jointes  à  l'envoi  fait 
par  Hager  dans  son  bordereau  du  25  septembre. 


XXIV  AVANT-PROPOS 

dis  que  d'autres,  les  volontaires  (1),  croyaient  faire  œuvre  de 
patriotisme  en  fournissant,  à  titre  purement  gracieux,  de  cu- 
rieux et  souvent  même  d'importants  renseignements  sur  les 
personnages  qu'ils  avaient  reçus  chez  eux  ou  chez  lesquels 
ils  fréquentaient. 

La  machine  était  si  bien  montée,  ses  différents  organes  si 
bien  mis  au  point  que,  sans  le  moindre  accroc,  sans  l'ombre 
d'un  à-ooup,  la  Polizei  Hofstelle  put  répondre  à  toutes  les 
exigences,  faire  face  à  tous  les  besoins  et  fournir  pendant  plus 
d'un  an  une  somme  énorme  de  travail  dont  les  documents 
que  nous  avons  extraits  des  dossiers  du  ministère  I.  et  R. 
de  l'Intérieur  ne  représentent  qu'une  bien  faible  partie  et 
ne  donnent  qu'une  idée  forcément  incomplète. 


1.  Un  assez  grand  nombre  de  personnes  offrirent  et  prêtèrent  gratuitement 
leur  concours  à  la  Polizei  Hofstelle,  puisque  les  dépenses  totales  de  ces  ser- 
vices spéciaux  au  cours  des  années  1814  et  1815,  dont  les  budgets  ont  été  les 
plus  chargés  de  tous,  ne  se  sont  élevées,  en  1814,  qu'au  chiffre  de  54.136  flo- 
rins contre  52.849  pour  l'exercice  de  1813  et  qu'en  1815  ces  mêmes  dépenses 
n'arrivèrent  qu'à  un  total  de  57.639  florins  19  kreuzer  (Cf.  pour  plus  de  détail, 
Annexes  VI,  VII  et  VIII). 


LES  DESSOUS  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

BORDEREAUX,    RAPPORTS   ET   DOCUMENTS   DE 

LA   POLICE    SECRÈTE   AUTRICHIENNE 


CHAPITRE    PREMIER 
Les  préliminaires  et  les  ajournements  du  Congrès 

(l"  Juin  —  le^INovEMBRE  1814) 

Vienne,  l"  juin  1814. 
1.  Berlin,  29  mai  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTE  DE  GOLTZ  (1)  à  PIQUOT  (2)  à  Vienne 
{intercepta  en  français). 

Considérations  et  hypothèses  sur  le  sort  de  la  Prusse  et  de  l'Europe  basées 
sur  les  différentes  nouvelles  qu'il  a  reçues.  Le  Royaume  de  Pologne  et  la 
Russie.  Les  acquisitions  de  la  Prusse  en  Allemagne.  La  Saxe.  L'état  d'es- 
prit de  l'armée  française  et  Napoléon.  La  Norvège  et  le  Danemark. 

Les  suppositions  qu'on  a,  k  Vienne,  sur  les  divers  pays,  dont 
le  sort  va  être  réglé  à  la  paix  prochaine,  s'accordent  en  partie 
avec  d'autres  avis  qui  paraissent  venir  d'assez  bonnes  sources. 
II  y  a  apparence,  ainsi  qu'on  le  croit  effectivement,  à  la  con- 
servation d'un  Royaume  de  Pologne,  plus  ou  moins  limité, 

1.  Goltz  (Gharles-Henri-Frédéric,  comte  de)  (1772-1822).  Entré  tout  jeune 
dans  le  régiment  de  son  oncle  (hussards  de  Bliicher)  se  distingua  en  1792  pen- 
dant la  campagne  du  Rhin,  qui  lui  valut  la  croix  de  l'Ordre  pour  le  Mérite. 
Entré  dans  la  diplomatie  en  1802  et  envoyé  à  Munich,  il  rentra  dans  l'armée 
en  1813,  servit  à  l'Etat-Major  de  Bliicher  et  fut  promu  général-major.  Lors 
de  la  paix  de  Paris  il  quitta  l'armée,  avec  le  grade  de  général-lieutenant, 
pour  devenir  le  représentant  de  la  Prusse  auprès  de  Louis  XVIII  qu'il  accom- 
pagna à  Gand. 

2.  Piquot,  conseiller  de  légation  de  Prusse  à  Vienne  et  chargé  d'affaires  en 
l'absence  de  Humboldt. 

T.  L  t 


2  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

dont  l'Empereur  de  Russie,  ou  l'un  de  ses  frères  sera  déclaré 
souverain.  Mais  il  n'est  pas  à  croire  qu'il  puisse  être  question 
de  cessions  de  quelque  importance  à  faire  à  ce  royaume  par 
l'Autriche  et  la  Prusse,  dont  la  dernière  en  particulier  sem- 
blerait, au  contraire,  devoir  s'attendre  au  recouvrement  au 
moins  de  la  partie  du  territoire  polonais  qui  lie  le  Royaume 
de  Prusse  à  la  Silésie.  Notre  acquisition  de  Mayence,  Cologne 
et  Trêves,  ainsi  que  de  Juliers  et  de  Bergue  (sic)  et  celle 
d'une  partie  de  la  Lusace  paraît  vraisemblable.  Quant  au  reste 
de  la  Saxe,  il  paraît  bien  qu'il  retombera  pour  le  présent  à  la 
maison  royale,  sauf  peut-être  quelques  modifications  de  limites. 
Pourtant  il  faut  en  général  surseoir  encore  pour  pouvoir  ju- 
ger avec  certitude  des  changements  territoriaux  qui  se  tra- 
ment. 

En  France,  il  y  a  lieu  de  se  préoccuper  sérieusement  de 
l'état  d'esprit  des  troupes  qui  y  reviennent,  des  soldats  prison- 
niers qui  y  rentrent,  tous  dévoués  et  attachés  à  Napoléon. 

Il  n'y  a  pas  de  nouvelles  récentes  de  Norvège,  mais  on  con- 
tinue à  se  flatter  que  depuis  les  déclarations  positives  de  l'An- 
gleterre et  l'envoi  des  commissaires  des  souverains  alliés  (1) 
en  général,  la  nation  cédera. 

Un  avis,  dont  on  ne  saurait  cependant  garantir  l'authenti- 
cité, porte  qu'après  l'évacuation  entière  de  Hambourg  le  corps 
d'armée  du  général  Bennigsen  (2)  resterait  provisoirement 
dans  les  Duchés  (3). 


1.  Les  Quatre  envoyèrent  des  commissaires  à  Copenhague  pour  y  assurer 
l'exécution  de  la  cession  de  la  Norvège  et  la  Suède,  cession  acceptée  par  le 
roi  Frédéric  VI,  mais  à  laquelle  s'opposait  le  prince  Christian. 

2.  Bennigsen  (Léon-Auguste-Théophile  comte  de)  (1745-1826)  né  à  Bruns- 
wick, passé  en  1773  du  service  du  Hanovre  à  celui  de  la  Russie,  se  distingua 
dans  les  campagnes  contre  la  Pologne  et  la  Perse,  prit  une  part  active  à  la 
conspiration  contre  Paul  1",  se  couvrit  de  gloire  à  Pultusk  (28  décembre 
1806)  et  commanda  en  chef  l'armée  russe  à  Eylau  (7-8  février  1807).  Retiré 
dans  ses  terres  en  Lithuanie,  il  reprit  du  service  en  1812,  commanda  le  cen- 
tre russe  à  la  Moskowa,  battit  le  18  octobre  Murât  à  Taroutino,  mais  quitta 
peu  après  l'armée  à  la  suite  d'un  désaccord  avec  Koutouzoff.  Devenu  à  la 
mort  de  ce  dernier  commandant  en  chef  de  l'armée  de  réserve,  il  opéra 
d'abord  contre  Dresde,  prit  part  à  la  bataille  de  Leipzig  et  fut  chargé  ensuite 
du  siège  de  Hambourg.  Appelé  en  1815  au  commandement  de  l'armée  du 
Midi  en  Bessarabie  qu'il  conserva  jusqu'en  1818,  atteint  d'une  cécité  presque 
complète  par  suite  d'une  chute  de  cheval,  il  se  retira  dans  ses  terres  du  Ha- 
novre qu'il  ne  quitta  plus  jusqu'à  sa  mort. 

3.  Je  ne  peux  malheureusement  pas  me  conformer  dès  les  premières  pages 
de  ce  travail  à  la  règle  que  j'ai  cru  devoir  m'imposer.  Au  lieu  de  présenter, 
comme  je  ne  manquerai  pas  de  le  faire  par  la  suite  chaque  pièce  à  la  date 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS  3 

Vienne,  3  juin  1814. 
2.  Vienne,  2  juin  1814  (F.  1.  3565). 

GENTZ  au  PRINCE   DE  VALAGHIE  (1)  (Analyse). 

On  n'aura  pas  le  traité  avant  quelques  jours  et  il  ajoute  : 
«  On  ne  regrette  pas  Napoléon  en  France  où  on  fait  bien 
peu  de  cas  de  ce  qui  le  remplace.  » 


Vienne,  6  juin  1814. 
3.  Vienne,  5  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

L'IMPÉRATRICE  au  PALATIN  (2)  {intercepta). 
itinéraire  et  retour  de  l'Empereur  d'Autriche. 

même  du  jour  où  le  baron  Ilager  la  transmit  ou  la  soumit  à  son  Souverain,  je 
me  vois  à  mon  grand  regret  contraint  à  présenter  un  certain  nombre  de  do- 
cuments, une  centaine  environ,  dans  l'ordre  strictement  chronologique,  à  la 
date  même  que  portent  ces  différentes  pièces,  telles  qu'elles  se  trouvent  pla- 
cées sans  indications  plus  précises  dans  les  dossiers  du  Congrès.  Je  regrette 
d'autant  plus  d'avoir  dû  me  résigner  à  procéder  de  la  sorte  qu'il  s'agit  presque 
exclusivement  de  pièces  interceptées,  venant  pour  la  plupart  de  l'étranger  et 
qu'il  aurait  été  par  conséquent  d'autant  plus  intéressant  de  connaître  et  de 
pouvoir  indiquer  la  date  exacte  à  laquelle  elles  parvinrent  entre  les  mains 
de  l'Empereur  d'Autriche  qui,  comme  on  le  sait,  ne  rentra  à  Vienne  que  le 
16  juin  1814. 

Gomme  je  l'ai  déjà  fait  lors  de  la  publication  en  juin  et  en  juillet  1913  dans 
la  Revue  de  Paris  d'une  étude  consacrée  au  rôle  joué  pendant  le  Congrès  de 
Vienne  parla  princesse  Bagration  et  la  duchesse  de  Sagan,  je  tiens  à  prévenir 
mes  lecteurs  qu'ils  trouveront  un  certain  nombre  des  pièces  que  je  ferai  pas- 
ser sous  leurs  yeux  dans  le  livre  Die  Geheinipolizei  auf  dem  Wiener  Kon- 
gress  qu'a  fait  paraître,  l'an  dernier, le  Hofrat  A.  Fournier,  ancien  directeur 
des  Archives  du  Ministèi-e  I  et  R  de  l'Intérieur. 

1.  Cette  dépêche  dont  je  ne  reproduis  ici  que  les  phases  relatives  aux  Bour- 
bons et  à  Napoléon  ne  figure  ni  dans  les  Dépèches  inédiles  du  Chevalier  de 
Gentz  aux  hospodars  de  VaZac/ite...  publiées  par  le  Comte  Prokesch-Osten  ni 
dans  Oeslerreich's  Theilnahme  an  den  Befreiungs  Kriegen...  nach  Aufzei- 
chnnngen  von  Friedrich  von  Gentz  publiées  par  le  prince  Richard  de  Met- 
TBRNicH  et  remises  en  ordre  par  le  baron  A.  von  Kli.nkowstroem. 

Karadja  (prince  de  Valachie  de  1812  à  1819).  Partisan  de  la  Sainte-Alliance. 
La  peste,  des  impôts  successifs  et  les  dévastations  des  Turcs  ruinèrent  le 
pays.  Il  s'enfuit  pour  sauver  sa  personne  et  ses  biens  à  la  veille  d'une  prise 
d'armes  de  VHétairie  dans  laquelle  il  s'était  compromis  (1820-1821)  et  alla 
mourir  en  Italie. 

2.  L'archiduc  Joseph,  palatin  de  Hongrie,  frère  de  l'Empereur  François 
1(1776-1847),  veuf  depuis  le  16  mars  1801  de  la  grande-duchesse  Alexaudra- 
Pavlovna,  sœur  de  l'Empereur  Alexandre. 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


Je  VOUS  annonce  par  estafette  que  l'Empereur  sera  le  11  à 
Weinzierl  (1),  y  restera  le  12,  viendra  le  13  à  Schônbrunn  et 
fera  sa  rentrée  à  Vienne  le  14.  Je  vais  le  10  à  Weinzierl,  Ve- 
nez donc  le  9,  si  vous  voulez  me  voir  avant. 


Vienne,  8  juin  1314. 
4.  Vienne,  7  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ  au  PRINCE   DE   VALAGHIE  (2)  {intercepta  en  français) 

{Analyse). 

Départ  des  souverains  de  Paris.  Gentz  recevra  le  lendemain 
le  traité  de  paix  dont  il  lui  parlera  incessamment.  Bases  de 
ce  traité  ;  Réduction  de  la  France  à  ses  limites  du  1"  janvier 
1792.  Restitution  de  tous  les  objets  d'art  qui  ont  été  pris. 
«  Cette  paix,  avec  ces  conditions,  ne  contribuera  pas  à  rendre 
le  roi  populaire  en  France  et  il  aura  bien  de  la  peine  à  s'y  J 
maintenir  une  fois  abandonné  à  ses  propres  forces  et  à  ses  pro- 
pres Conseils. 

«  Metternich  sera  ici  à  la  fin  de  juin.  » 

Intimité  et  accord  entre  les  cours  de  Londres  et  de  Vienne,    j 


Vienne,  10  juin  1814. 
5.  Berlin,  4  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

MINISTÈRE   PRUSSIEN  à  PIQUOT  à  Vienne  {intercepta). 
La  question  de  Naples.  Marie-Louise.  Le  prince  Christian  et  la  Norvège. 

On  voudrait  savoir  ce  qu'on  pense  à  Vienne  au  sujet  des 
arrangements  conclus  par  Murât,  d'une  part  avec  l'Autriche, 
de  l'autre  avec  l'Angleterre. 

1.  Weinzierl  am  Walde,  à  20  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Krems. 
Krems  à  70  kilomètres  de  Vienne. 

2.  Bien  que  cette  dépêche  de  Gentz  à  Karadja  ait  été  publiée  in  extenso^ 
par  Klinkowstrcem  dans   Oesterreich's    Theilnahme,  p.  353-360,  j'ai  cru  de 
voir  reproduire    ici  cette  analyse  parce  qu'elle   n'est  pas  absolument  semi 
blable  à  la  rédaction  donnée  par  Klinko^Ystrœm, 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS  5 

Est-il  vrai  que  Marie-Louise  a  annoncé  qu'elle  quitterait 
Vienne  à  l'arrivée  des  souverains  ?  On  ignore  ici  Teffet  produit 
sur  le  prince  Christian  et  les  Etats  de  Norvège  par  la  déclara- 
tion des  souverains  (1). 


Vienne,  16  juin  1814. 
6.  Vienne,  15  juin  1814  (F.  1.  ad  3565;. 

PIQUOT  au  MLNISTÈRE   PRUSSIEiN  {intercepta  en  français) 

(Analyse). 

Réponse  aux  questions  posées  par  le  Ministère  dans  la  pièce  n"  5  relativement 
à  Murât,  à  la  Saxe  et  à  la  Pologne. 

Rien  de  précis  sur  Murât,  sauf  l'agitation  de  Pescara,  son 
agent  à  Vienne.  On  croit  en  général  que  Naples  restera  à  Mu- 
rat,  mais  ne  passera  pas  à  ses  héritiers  qui  céderaient  le  royaume 
à  la  dynastie  légitime  et  obtiendraient  d'autres  compensa- 
Lions. 

Difficultés  que  présente  la  solution  des  questions  de  Pologne 
ut  de  Saxe.  On  croit  qu'Alexandre  voudrait  profiter  du  mo- 
ment pour  satisfaire  son  beau-frère  le  duc  de  Weimar,  tandis 
que  l'Autriche  désire  bien  sincèrement  la  conservation  de  la 
Saxe  dans  son  intégrité  et  le  maintien  du  Roi  sur  son  trône. 


7.  Berlin,  7  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

MINItîTÈRE  PRUSSIEN  à  V\Q\]QT  {intercepta  en  français) 

(Analyse). 

Malgré  le  zèle  des  commissaires  et  la  lettre  du  Roi  du  Dane- 
mark au  prince  Christian,  on  craint  pourtant  que  la  Norvège 
n'essaye  de  résister. 

1.  Il  s'agit  probablement  ici  de  l'article  additionnel  secret  qui  fait  suite  au 
traité  de  paix  entre  la  France  et  la  Suède  conclu  à  Paris  le  30  mai  et  aux 
obligations  et  engagements  résultant  du  traité  de  paix  définitif  signé  le  même 
jour  par  toutes  les  puissances  représentées  à  Paris. 


AUTOUR   DU   COiNGRÈS   DE  VIENNE 


8.  Vienne,  24  juin  1814  (F.  1.  3565  {!)). 

GENTZ  au  PRINCE  DE  VALAGHIE  (m/erce/><a  en  français) 

(Analyse). 

L'armée  russe  en  Pologne.  L'Autriche,  la  Bavière  et  la  Prusse.  Les  remanie- 
ments territoriaux.  Mayence.  La  Constitution  de  l'Allemagne.  Murât  et 
Naples.  Les  Pays-Bas.  Rôle  probable  de  la  Russie  et  de  l'Angleterre  au 
Congrès. 

Données  sur  l'armée  que  la  Rus.sie  va  organiser  dans  le  Du- 
ché de  Varsovie  et  qui  sera  portée  à  50.000  hommes. 

Il  s'occupe  ensuite  de  l'arrangement  provisoire  (conclu  entre 
les  Ministres,  avant  leur  départ  de  Paris)  entre  l'Autriche,  la 
Prusse  et  la  Bavière,  relativement  à  l'occupation  de  Mayence, 
à  la  cession  à  la  Bavière  du  grand-duché  de  Wûrzburg  et 
d'une  partie  de  celui  de  Francfort  et  à  la  restitution  des  terri- 
toires qui  doivent  faire  retour  à  l'Autriche.  On  est  de  plus 
convenu  de  céder  à  la  Bavière  le  Palatinat  du  Rhin  et  le  duché 
de  Deux-Ponts. 

«  Pendant  qu*on  traitait  à  Paris  et  que,  d'accord  avec  l'Au- 
triche, les  troupes  bavaroises  se  disposaient  à  occuper  Mayence, 
on  apprit  que  la  Prusse  s'y  opposait  et  en  attendant  la  solu- 
tion on  a  décidé  que  la  place  sera  occupée  par  les  Autrichiens 
et  les  Prussiens.  La  Prusse  ne  pardonne  pas  à  la  Bavière  la 
cession  qu'elle  a  été  forcée  de  lui  faire  en  1806  des  principau- 
tés d'Anspach  et  de  Bareuth.  » 

Difficultés  que  présente  pour  l'Allemagne  le  rétablissement 
d'une  Constitution  fédérative  et  d'un  Empire  Germanique.  Il 
croit  que  «  le  lien  fédératif,  tel  qu'il  est  prévu  par  le  traité  de 
Paris,  subsistera  tout  au  plus  dans  un  sens  diplomatique,  c'esi- 
à-dire  que  les  différents  Etats  ne  seront  liés  entre  eux  que  par 
des  traités  relatifs  à  la  défense  commune  ou  à  des  objets  d'in- 
térêt commun  ». 

«  Les  affaires  d'Italie  ont  pris  une  si  bonne  tournure  qu'elles 
n'occuperont  pas  beaucoup  le   Congrès  »,  à  l'exception  de  la 

1.  Bien  que  cette  dépêche  de  Gentz  ait  été  reproduite  en  partie  en  français 
par  Prokesch-Osten  {Dépêches  inédites  du  Chevalier  de  Gentz,  p.  78  et  84)  et 
par  Klinkowstrcem  «  in  extenso  »  en  allema.nd ,  da.ns  Oesterreich' s-Theilnahme, 
pages  384-399  et  428-434,  j'ai  pourtant  cru  intéressant  d'en  donner  l'analyse 
faite  par  le  Cabinet  noir  lorsqu'il  ouvrit  et  manipula  cette  pièce. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS  7 

((uestion  de  Naples,  où  il  croit  «  qu'à  moins  de  troubles  inté- 
rieurs, Murât  restera  sur  le  trône,  malgré  les  projets  hostiles 
(les  Bourbons  de  France  et  d'Espagne  ». 

Données  sur  la  solution  probable  de  la  question  des  Pays- 
Bas  et  sur  leurs  frontières. 

«  Si  le  Gouvernement  anglais  fait  choix  d'un  négociateur 
habile,  il  peut  jouer  un  beau  rôle  au  Congrès,  et  même  la  France, 
(|uoique  censée  n'y  être  admise  que  par  simple  étiquette,  peut, 
en  agissant  avec  discrétion  et  prudence,  y  exercer  une  espèce 
de  médiation  et  relever  par  là  son  influence  politique,  absolu- 
ment anéantie  par  ses  derniers  malheurs.  » 


9.  Copenhague,  18  juin  1814  (F.  1.  ad  S565). 

KOSENGRANZ  (1)  à  BERNSTORFF  (2)  {intercepta  en  français). 

Hoaues  dispositions  de  l'Autriche  et  de  l'Angleterre,  peut-être  même  de  la 
Russie  en  faveur  du  Danemark. 

Je  crois  de  mon  devoir  de  rassurer  Votre  Excellence  à  Tégard 
(le  notre  situation  qui,  toute  critique  qu'elle  est,  nous  offre 
encore  la  possibilité  de  sortir  d'affaire. 

J'ai  lieu  d'être  convaincu  que  les  cabinets  de  Vienne  et  de 
Londres  ne  demandent  pas  mieux  que  de  nous  voir  sortir  d'em- 
barras de  la  meilleure  manière  possible  pourvu  qu'ils  puissent 
eux-mêmes  sortir  des  leurs. 

Je  puis  dire  à  Votre  Excellence  que  le  langage  de  M.  le  Gé- 
néral de  Steigentesch  (3)  me  donne  la  même  conviction.  Si  je 

1.  Rosencranz  (baron),  ministre  d'Etat  et  des  AfYaires  étrangères  du  Roi  de 
Danemark.  Cf.  Annexe  IX. 

2.  Bernstorlî  (Christian,  comte  de)  (1769-1835)  ambassadeur  du  Danemark  à 
Berlin  et  à  Stockholm,  ministre  des  Affaires  étrangères  en  1797,  démission- 
naire en  1810,  ambassadeur  à  Paris  en  1811,  représentant  du  Danemark  au 
Congrès  de  Vienne,  passé  en  1818  au  service  du  Roi  de  Prusse  qui  le  nomma 
ministre  des  Affaires  étrangères  et  qu'il  représenta  aux  divers  Congrès  de  la 
Sainte  Alliance  à  Aix-la-Chapelle,  Karlsbad,  Troppau,  Laibach  et  Vérone.  Il 
prit  sa  retraite  en  1831  et  mourut  à  Berlin  en  1835. 

3.  Steigentesch  (Auguste,  baron  de)  (1774-1826),  général  autrichien  envoyé 
en  1814  en  qualité  de  commissaire  en  Norvège,  ministre  d'Autriche  à  Copen- 
hague en  1815.  Chargé  plus  tard  d'une  mission  à  Saint-Pétersbourg,  il  n'oc- 
cupa que  pendant  pou  de  temps  le  poste  de  ministre  d'Autriche  à  Turin.  Stei- 
gentesch avait  acquis  en  outre  une  assez  grande  notoriété  comme  auteur 
dramatique. 


8  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

juge  les  quelques  propos  de  celui-ci,  sa  cour  et  celle  de  Lon- 
dres inclinent  à  former  un  système  auquel  le  Danemark  appar- 
tiendrait. Ces  deux  puissances  voudraient  par  conséquent  rele- 
ver la  monarchie  danoise  le  plus  tôt  possible.  Je  me  serai  fort 
trompé,  ou  la  Russie  regarde  aussi  la  conservation  de  la  mo- 
narchie comme  essentielle  à  son  système. 

Je  ne  m'attends  pas  cependant  à  ce  que  de  ces  combinai- 
sons d'intérêt  il  résultât  pour  le  roi  une  extension  de  terri- 
toire, à  quoi  trop  d'intérêts,  et  surtout  celui  de  la  Prusse, 
s'opposent.  Mais,  comme  il  nous  importe  par-dessus  tout,  à  ce 
qu'il  me  semble,  de  reprendre  notre  considération  parmi  les 
puissances  de  l'Europe,  «ya/?/  que  de  nouvelles  secousses  vien- 
nent à  faire  éprouver  à  l'Europe  de  nouveaux  désastres,  tous 
nos  efforts  devront  tendre  vers  ce  but... 


Vienne,  26  juin  1814 
10.  Vienne,  25  juin  1814.  (F.  1.  3365). 

HEGARDT(l)  au  MINISTÈRE  (à  Stockholm) 
{intercepta  en  français). 

Le  projet  de  reconstitution  du  royaume  de  Pologne.  Causes  du  mécontente- 
ment de  la  noblesse  russe,  augmenté  par  la  crainte  de  l'abolition  du  ser- 
vage. Causes  du  mécontentement  qui  se  manifeste  en  Autriche  et  en  Alle- 
magne à  l'égard  d'Alexandre.  La  Saxe. 

Il  doit  être  décidé  que  la  Pologne  formera  un  royaume  uni 
à  l'Empire  Russe,  projet  dont  les  Russes  semblaient  être  fort 
peu  contents.  Ils  ne  conçoivent  pas  pourquoi  leur  Empereur, 
par  ce  simulacre  d'un  Royaume  de  Pologne,  voudrait  rappe- 
ler aux  Polonais  qu'ils  avaient  une  patrie  indépendante,  et  ils 
pensent  que,  le  nom  existant,  la  chose  pourra  venir  avec  le 
temps  et  à  l'occasion.  J'ai  vu  que  les  seigneurs  russes  appré- 
hendent que  l'Empereur  ne  nourrisse  le  dessein  d'abolir  la  ser- 
vitude de  leurs  paysans  et  d'établir  une  constitution  plus  libre  en 
Russie.  L'Empereur,  malgré  la  reconnaissance  que  les  Alle- 
mands lui  doivent  et  lui  portent  encore,  a  cependant  perdu  dans 
leur  opinion  depuis  la  grande  catastrophe  en  France. 

1.  Hegardt,  conseiller  de  Légation  de  Suède,  était  à  ce  moment  chargé  d'af- 
faires et  remplit  ces  fonctions  jusqu'à  l'arrivée  de  Lœwenhielm. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNE.VIENTS    DU   CONGRÈS  9 

En  Autriche  au  moins,  on  est  assez  mécontent  de  ce  qu'il 
n'a  pas  voulu  agir  en  dictateur  à  Paris,  qu'il  permet  aux  Fran- 
çais une  constitution  libérale,  et  en  général  qu'il  n'ait  pas  exigé 
à  la  paix  des  conditions  plus  dures,  surtout  des  contributions  à 
[)ayer  à  ses  alliés.  Au  reste,  on  aperçoit  déjà  en  Allemagne 
moins  d'enthousiasme  pour  les  Cosaques  et  des  symptômes 
de  la  peur  de  l'influence  des  Russes.  Leur  conduite  en  Saxe  (1), 
leur  projet  supposé  d'en  détrôner  le  souverain  légitime  et  de 
démembrer  le  pays  ont  excité  des  murmures  et  des  plaintes, 
parmi  les  Allemands  et  particulièrement  les  Saxons. 


Vienne,  27  juin  1814. 

11.  Vienne,  26  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BARON  BRAUN  (Ministre  de  Hesse-Darmstadt)  à  son  MINISTÈRE 
(intercepta  en  français)  (Analyse). 

Dépêche  ayant  trait  d'abord  aux  affaires  des  Pays-Bas,  puis 
à  l'attitude  qu'il  serait  désirable  de  voir  l'Angleterre  et  l'Au- 
triche prendre  au  Congrès,  et  ensuite  à  Marie-Louise. 

«  La  duchesse  de  Parme  va  partir  pour  visiter  un  bain  en 
Savoie.  L'Empereur  insiste  pour  que  le  prince  reste  ici.  —  On 
trouve  ici  à  la  duchesse  trop  de  fierté,  de  l'humeur  même. 
Elle  ne  pourra  pas  oublier  le  trône  de  France.  Elle  a  conservé 
de  l'affection  pour  Napoléon  et  elle  a  passé  en  dernier  lieu  une 
heure  sur  un  banc  que  l'Empereur  Napoléon  avait  occupé  en 
1809.  » 


Vienne,  29  juin  1814. 
12.  Vienne,  28  juin  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ  au  PRINCE   DE  VALACHIE  (2)  (en  français)  (Analyse). 

Sur  le  séjour  des  souverains  à  Londres,  et  l'accueil  qu'ils 
ont  reçu.  On  s'y  est,  malgré  les  fêtes,  sérieusement  occupé 

1,  La  Saxe  était  occupée  par  les  Russes  et  gouvernée  par  le  prince  Repnine. 

2.  Cette  dépêche  n'a  été  publiée  ni  par  Prokesch  Osten  ni  par  Klinkows- 
trom. 


10  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

des  affaires  et  il  y  a  eu  des  conférences  journalières  entre  les 
ministres  d'Angleterre,  d'Autriche,  de  Russie  et  de  Prusse. 
I/envoi  de  Castlereagh  à  Vienne  a  été  décidé  à  ce  moment. 
«  Gela  prouve  entre  autres  combien  le  cabinet  de  Londres  est 
bien  intentionné  pour  celui  de  Vienne,  car  il  est  sûr  que  c'est 
le  prince  deMetternich  qui  a  déterminé  le  Prince  Régent  à  cette 
démarche.  » 


Vienne,  2  juillet  1814. 
13.  Vienne,  1"  juillet  1814  (F.  1.  3613,  ad  3565). 

HAGER  à  SIBER  (1) 


Instructions  spéciales  et  ordre  de  recruter  de  nouveaux  agents  chargés 
de  remplir  des  missions  spéciales  pendant  le  séjour  des  souverains  à  Vienne. 


L'arrivée  imminente  (2)  des  souverains  étrangers  nous  impose 
l'obligation  de  prendre  des  dispositions  spéciales,  des  mesures 
de  surveillance  renforcées  et  telles  qu'on  soit  en  état  de  con- 
naître journellement  et  dans  tous  leurs  détails  ce  qui  a  trait 
à  leurs  augustes  personnes,  à  leur  entourage  immédiat,  à  tous 
les  individus  qui  chercheront  à  les  approcher,  ainsi  que  les  plans, 
projets,  entreprises  qui  se  rattacheront  à  la  présence  de  ces 
hôtes  illustres.  Je  vous  invite  donc  dès  aujourd'hui,  non  seule- 
ment à  donner  à  cet  effet  des  instructions  aux  meilleurs  des 
agents  et  des  confidents  dont  vous  disposez  déjà  actuellement, 
mais  encore  à  chercher  à  vous  attacher  de  nouveaux  collabo- 
rateurs pris  parmi  les  commerçants,  les  notables,  même  parmi 
les  nobles  et  les  officiers  qui  vous  sembleraient  aptes  ou  dis- 
posés à  vous  fournir  à  vous-même  ou  à  me  fournir  à  moi,  sur 
l'heure  même,  des  rapports  écrits  ou  verbaux  sur  tout  ce 
qu^ils  seraient  en  position  d'apprendre  ou  de  savoir. 


1.  Conseiller  aulique  et  Ober  Polizei  Direktor  (directeur   supérieur  de  la 
police  de  Vienne). 

2.  Hager  ne  pouvait,  à  ce  moment,  prévoir  la  remise  du  Congrès. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        H 

Vienne,  1»'  juillet  1814. 
14.  HAGEH  à  LA   ROZE  (1).  (F.  1.  3618,  ad  3565). 

Même  sujet  et  Instructions  spéciales  relatives  aux  Juifs. 

Même  teneur  qu'à  Siber  pour  ce  qui  est  des  considérations 
générales. 

Hager  ajoute  :  «  En  raison  de  l'influence  que  vous  avez  sur 
les  principales  maisons  juives,  il  doit  vous  être  facile  de  trou- 
ver parmi  les  chefs  de  ces  maisons  ou  parmi  les  plus  intelli- 
gents de  leurs  fils  des  individus  capables  de  se  procurer  des 
renseignements  intéressant  la  police  politique. 

Me  fournir  une  liste  de  noms  (2). 


15.  Vienne,  1"  juillet  1815  (F.  1.  ad  3565). 

HAGER  à  VON   LEURS 


Même  sujet,  avec  quelques  variantes  en  raison  de  sa  situation  personnelle 
assez  considérable. 


J'ai  l'honneur  de  vous  prier  non  seulement  d'apporter  tous  vos 
soins  à  tirer  le  plus  grand  parti  possible  de  vos  relations  et 
de  vos  moyens  d'information,  de  façon  à  me  fournir  tous  les 
jours  une  ample  moisson  de  nouvelles  dont  je  ne  manque- 
rai pas  de  vous  indemniser  en  tenant  compte  du  surcroît  de 
dépenses  qui  en  résultera  pour  vous,  mais  encore  de  vouloir 
bien  m'indiquer  les  noms  des  personnes  qui  vous  paraissent 
susceptibles  d'être  employées  dans  les  circonstances  présentes 
et  pendant  la  durée  du  Congrès  et  qu'on  pourrait  amener  à 
s'entendre  à  ce  propos  avec  moi. 

1.  Conseiller  de  gouvernement  à  la  Direction  de  la  Police  et  chef  du  bureau 
des  Juifs. 

2.  La  réponse  de  la  Rozc  ne  figure  pas  dans  les  dossiers. 


12  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Vienne,  3  juillet  1814. 


Retour  prochain  de  Metternich.  Causes  du  mécontentement  d'Alexandre. 
Tension  entre  la  Russie  et  la  Turquie.  Pologne  et  Saxe.  La  réponse  de 
l'empereur  d'Autriche  au  roi  de  Saxe. 

Metternich  est  attendu  le  6  ou  le  8,  les  souverains  étran- 
gers, huit  jours  plus  tard. 

L'Empereur  Alexandre  est  peu  content  de  l'Angleterre  où 
son  amour-propre  a  été  blessé  de  ce  que  le  public  a  fait  plus 
attention  à  Bliicher  et  à  Platoff  qu'à  lui.  Il  a,  ainsi  qu'on  l'avait 
prévu,  accueilli  et  cajolé  de  préférence  les  membres  les  plus 
marquants  de  TOpposition. 

Hudelist  (1)  m'assure  qu'on  a  ici  les  preuves  les  moins  équi- 
voques que  le  chargé  d'affaires  de  Suède  à  Gonstantinople 
travaille  à  exciter  les  Turcs  contre  la  Russie  et  qu'il  est  allé 
jusqu'à  faire  entrevoir  à  la  Porte  la  possibilité  de  trouver  en 
cas  de  rupture  un  appui  et  un  allié  dans  la  Suède. 

Hudelist  voit  un  sujet  d'alarme  encore  plus  grand  dans  ce 
qui  se  passe  en  Pologne  où  l'espoir  de  la  fondation  d'un  nou- 
veau royaume  met  toutes  les  têtes  en  ébullition. 

Un  aide  de  camp  du  roi  de  Saxe  envoyé  ici  pour  complimen- 
ter l'Empereur  et  lui  recommander  les  intérêts  de  son  maître 
n'a  obtenu  de  Sa  Majesté  que  l'assurance  peu  consolante  que: 
Jusquici,  il  n'a  été  pris  aucune  résolution  définitive  rela- 
tive à  la  Saxe. 


1.  Hudelist  (Joseph  von)  né  en  1759,  seci'étaire  d'ambassade/à  Naples  de 
1791  à  1795,  puis  de  1798  à  1801  à  Berlin.  Conseiller  d'ambassade  et  envoyé  à 
Pétersbourg  où  il  fit  preuve  de  tant  de  tact  et  d'habileté  que  Cobenzl  le 
nomma  dès  1803  conseiller  aulique  à  la  Chancellerie  d'Etat,  il  remplit  les 
fonctions  de  notaire  impérial  lors  du  mariage  de  l'Empereur  François  avec 
Marie-Louise  d'Esté  en  1808,  et  lors  du  mariage  de  Marie-Louise  avec  Napo- 
léon, en  1810.  Nommé  conseiller  d'Etat  par  Metternich  en  1813,  il  fit  l'inté- 
rim pendant  son  voyage  à  Paris  et  à  Londres  et  prit  une  part  des  plus  actives 
au  Congrès  de  Vienne,  signa  en  1815  le  protocole  avec  le  roi  de  Hollande, 
prit  la  direction  de  la  Chancellerie  le  3  juillet  1818  pendant  l'absence  de 
Metternich  et  mourut  le  21  octobre  1818  des  suites  d'une  attaque  d'apoplexie 
qui  le  frappa  au  cours  d'une  conférence  avec  le  ministre  de  Sardaigne  et  le 
directeur  des  Postes. 


<l 


16.  Vienne,  2  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  au  MINISTÈRE  DANOIS  {intercepta  en  français).      !| 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        13 


17,  Vienne,  2  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  au  MINISTÈRE  DE    HESSE-DARMSTADT 

{intercepta  en  français)  (Analyse) 

Etat  des  esprits  en  Italie   et    en    France.  Le  roi  de  Prusse   et  l'incident  de 
Chantilly.  L'Autriche  et  les  prétentions  de  la  Prusse  sur  la  Saxe. 

En  Italie,  on  ne  se  familiarise  pas  avec  le  nouvel  état  de 
choses.  L'état  des  esprits  en  France  et  surtout  l'esprit  de  l'ar- 
mée sont  des  plus  inquiétants.  «  Les  militaires  ne  respirent 
que  haine  et  vengeance.  Le  roi  de  Prusse  en  a  eu  la  preuve. 
Lors  de  son  passage  par  Chantilly,  un  détachement  français  lui 
a  crié  :  Souvenez-vous  d'Iéna,  et  quand  il  eût  monté  les 
glaces,  quelques  pierres  ont  été  lancées  contre  sa  voiture.  » 

Une  discussion  assez  vive  et  assez  aigre  est  déjà  engagée 
entre  Vienne  et  Berlin  qui  ne  veut  pas  se  contenter  des  pays 
sur  la  rive  droite  de  TElbe,  mais  entend  avoir  une  partie  de 
la  rive  gauche  et  surtout  Dresde. 


Vienne,  6  juillet  1814. 

18.  Vienne, 6  juilletl814  (F.  i.  3565). 

PIQUOT  au  MINISTÈRE   PRUSSIEN  (intercepta  en  français). 

Envoi  à  Vienne  de  Talleyrand,  Gastlereagh  et  Gonsalvi.  Pourquoi  on  a  recours 
au  Congrès.  La  Constitution  de  l'Allemagne.  Murât  et  l'Angleterre. 

11  commence  par  annoncer  l'envoi  à  Vienne  de  Talleyrand, 
Gastlereagh  et  Gonsalvi. «  ...Tout  confirme  l'opinion  de  Votre 
Excellence  qu'on  a  réservé  pour  le  Gongrès  de  Vienne  la  déci- 
sion des  grandes  affaires.  A  côté  de  la  Constitution  de  T Alle- 
magne, il  sera  surtout  question  de  la  Pologne... 

«  On  m'affirme  qu'au  commencement,  les  cabinets  alliés  vou- 
laient d'abord  faire  la  paix  avec  la  France,  et  convenir  des 
bases  fondamentales  des  acquisitions  et  des  indemnités  respec- 
tives, ainsi  que  de  la  Constitution  germanique.  Mais  à  mesure 
que  les  discussions  se  multipliaient,  on  a  vu  qu'il  fallait  re- 
mettre leur  solution  à  un  Gongrès  et  conclure  d'abord  la  paix 
entre  les  puissances  belligérantes.  Parmi  les  plans  pour  l'Ai- 


14  AUTOUR    DU  CONGRÈS    DE    VIENNE 

lemagne,  on  avait  d'abord  voulu  fixer  un  protectorat  alterna- 
tif entre  la  Prusse,  l'Autriche,  la  Bavière  et  même  l'Angle- 
terre, comme  électeur  de  Hanovre. 

«  On  n'a  encore  rien  décidé  au  sujet  de    Murât.    Son  sort 
dépend  de  la  nature  de  ses  rapports  avec  l'Angleterre.  » 


19.  Vienne,  6  juillet  1814  (F.  1.  3565). 

loo(àHAGER). 

Réponse  aux  instructions  de  Hager.  Remarques  et  considérations. 
Demande  qu'il  adresse  à  Hager. 

Me  conformant  aux  instructions  que  Votre  Excellence  a  bien 
voulu  me  faire  tenir  par  sa  lettre  du  1"  de  ce  mois,  je  ferai  au- 
tant que  me  le  permettront  mes  faibles  moyens,  tous  mes  efforts 
pourvous  donner  pleine  satisfaction. Le  départ  d'un  des  membres 
de  l'Ambassade  russe  me  prive  malheureusement  d'un  organe 
sur  lequel  je  comptais  beaucoup,  et,  d'autre  part,  les  répon- 
ses maladroites  de  Thomme  pressé  de  questions,  que  j'espérais 
faire  entrer  comme  valet  de  chambre  chez  l'ambassadeur  de 
Russie,  ont,  je  le  crains,  fait  échouer  un  planque  j'avais  eu  beau- 
coup de  peine  à  mettre  sur  pied.  Accablé  d'affaires  de  toutes 
espèces,  et  en  présence  du  caractère  essentiellement  délicat  de 
ce  genre  de  besogne,  j'avais  déjà,  à  plusieurs  reprises,  prié 
Votre  Excellence  de  me  décharger  de  la .  surveillance  et  de 
l'observation  du  Corps  diplomatique  et  si  malgré  cela  je  me 
rends  cependant  aux  désirs  de  Votre  Excellence,  je  la  prierai 
de  considérer  que  je  ne  peux  me  consacrer  à  des  occupations, 
qui  ne  sont  pas  sans  présenter  de  réelles  difficultés  et  de  sé- 
rieux dangers  pour  un  fonctionnaire,  que  si  Votre  Excellence, 
s'engage  à  me  mettre  à  l'abri  des  soupçons  que  pourraient 
faire  naître  mes  relations  avec  les  membres  des  Ambassades. 
Votre  Excellence  peut  être  sûre  que  je  ne  négligerai  rien  pour 
me  rendre  digne  du  témoignage  de  satisfaction  qu'a  daigné 
me  donner  Sa  Majesté. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        15 
20.  Vienne,  7  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENGRANZ  (à  Copenhague) 
[intercepta,  en  français). 

Gravité  des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  Craintes  de  guerre. 
Les  avances  de  l'Autriche  à  l'Angleterre. 

On  ne  se  cache  pas  ici  que  c'est  à  Tespoir  d'obtenir  un  ar- 
rondissement aux  dépens  de  la  Saxe  qu'il  faut  attribuer  la  faci- 
lité extrême  que  la  Prusse  a  montrée  à  abandonner  la  Pologne 
entièrement  à  la  merci  de  la  Russie.  L'importance  et  la  diffi- 
culté des  discussions  relatives  à  la  Pologne  sont  senties  si  vi- 
vement ici  que  déjà  on  entend  partout  agiter  la  question  de 
savoir  si  les  chances  même  d'une  guerre,  quelque  peu  avan- 
tageuses qu'elles  se  présenteront  dans  ce  moment  à  la  Cour 
d'ici,  ne  sont  pas  préférables  à  la  nécessité  d'acquiescer  à  des 
arrangements  qui  assureront  à  la  Russie  une  prépondérance 
si  menaçante  et  des  moyens  d'attaque  et  de  chicane  si  redou- 
tables que  l'Autriche  ne  saurait  tarder  à  en  devenir  la  victime. 
Il  paraît  que  la  Cour  de  Vienne  travaille  à  s'assurer  dans  des 
liaisons  intimes  avec  le  Cabinet  anglais  le  seul  appui  sur  lequel 
elle  puisse  compter. 


21.  Vienne,  7  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565), 

COMTE  HARRACH  (1)  au  COMTE  MARCOLINI  (2),  à  Prague 
[intercepta  en  français). 

Remise  du  Congrès.  Déplacements  des  souverains  avant  leur  venue  à  Vienne. 
Préparer  la  famille  royale  à  tout  ce  qu'il  y  a  lieu  de  redouter  pour  la 
Saxe. 

Le  Congrès  a  été  remis  jusqu'au  10  septembre.  Les  deux 

1.  Harrach  (Charles-Borromée  comte)  né  à  Vienne  le  11  mai  1761,  Mort  le 
!•'  octobre  1829,  un  des  hommes  les  plus  instruits  et  les  plus  éclairés  de  son 
temps,  aussi  savant  que  bienfaisant,  remarqué  et  distingué  d'abord  par  Jo- 
seph II,  puis  par  Napoléon. 

En  marge  de  la  page,  au  crayon,  de  la  main  de  Hager  :  «  Qui  est  cet  Har 
rach  qui  écrit  à  Marcolini  et  qui  s  rait  un  Saxon.  » 

2.  Marcolini  (comte)  ^1739  1814)  grand  chambellan  et  grand  écuyer  du  Roi 
de  Saxe.  Minisire  d'Etat  en  1809.  Partisan  dévoué  de  l'alliance  française. 
Cette  lettre  arriva  à  Prague  après  sa  mort  survenue  le  10  juillet  1814. 


16  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

monarques  (1)  ne  viennent  pas  à  Vienne  et  retournent  directe- 
ment dans  leurs  Etats.  On  se  flatte  cependant  de  revoir  Alexan- 
dre vers  la  fin  de  septembre.  Je  supprime  toutes  mes  idées  sur 
ce  changement  imprévu. 

Après  plusieurs  informations  prises,  je  prie  Votre  Excellence 
de  se  préparer  peu  à  peu  à  tout.  On  parle  même  d'un  apanage, 
tant  pour  le  roi  que  pour  la  famille  royale  (2) .  Dieu  fasse  que  cela 
ne  se  réalise  pas.  Mais  il  y  a  tout  à  craindre  et,  en  cas  où  ce 
malheur  devrait  survenir,  il  n'y  a  alors  qu'à  négocier  pour  que 
du  moins  le  décorum^  le  nécessaire  et  les  besoins  de  la  vie 
soient  garantis.  Pardonnez  si  je  vous  cause  du  chagrin,  en  vous 
faisant  voir  un  tableau  aussi  lugubre.  Mais  il  s'agit  du  bien 
et  du  salut  d'un  souverain  si  digne  et  si  respectable,  et  c'est 
alors  le  devoir  d'un  honnête  homme  de  parler  franc  et  ouverte 


22.  Vienne,  6  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  au  MINISTÈRE  DE  HESSE-DARMSTADT 

{intercepta  en  français), 

La   Pologne  et  le  grand-duc  Constantin.  La   Saxe.  Mariage  probable  de  la 
grande-duchesse  Catherine  avec  le  Roi  de  Prusse. 

...  On  ne  doute  pas  que  les  bases  du  sort  de  la  Pologne  ne 
soient  adoptées.  Le  grand-duc  Constantin  (3)  en  sera  le  roi  et 
aura  tout  le  duché  de  Varsovie  à  l'exception  d'un  tout  petit 
bout  de  territoire  qui  restera  à  la  Prusse.  On  se  dispute  encore 
sur  la  cession  de  la  Galicie. 

La  pauvre  Saxe  est  la  victime  de  ces  manèges...  Conséquence 
fatale  et  inévitable  de  cette  affaire  de  Pologne  et  de  Saxe,  c'est 
que  même  en  Prusse,  malgré  le  mariage  probable  du  roi  avec 
la  grande-duchesse  d'Oldenbourg  (4),  il  restera  du  déficit. 


1.  L'Empereur  de  Russie  et  le  Roi  de  Prusse. 

2.  Le  roi  et  la  famille  royale  de  Saxe. 

3.  Frère  cadet  de  l'Empereur  Alexandre  (1779-1831).  11  s'occupa  toute  sa  vie 
des  affaires  militaires,  mais  n'obtint  jamais  de  commandement  important. 
Nommé  en  1815  généralissime  des  troupes  du  nouveau  Royaume  de  Pologne, 
il  conserva  ces  fonctions  jusqu'à  sa  mort. 

4.  Grande-duchesse  Catherine,  sœur  d'Alexandre  et  veuve  du  duc  d'Olden- 
burg. 


î  23. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        17 

Vienne,  10  juillet  1814. 
Vienne,  9  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  BULOW  (1)  (à  Barlia)  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 


Sur  les  mesures  financières  projetées  par  l'Autriche.  Opé- 
ration qu'on  va  faire  avec  les  obligations  de  TEtat  dont  on 
réduit  le  capital  et  dont  on  augmente  les  intérêts.  Opération 
qui  fera  beaucoup  monter  les  cours  et  rapportera  assez  gros  à 
l'Etat. 


24.  Vienne,  9  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HEGAUDT  au  ROI  DE  SUÈDE  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 

JLa  remise  du  Congrès.  Craintes  d'un  désaccord  entre  l'Autriche  et  la  Rus- 
sie. Le  voyage  de  Metternich  de  Londres  à  Paris.  Mariage  probable  du 
Roi  de  Prusse  avec  la  grande-duchesse  Catherine. 

Surprise  causée  par  un  article  de  la  Gazette  de  Vienne  du 
7  juillet  annonçant  la  remise  du  Congrès  au  1"  octobre. 

«  On  y  voit  un  mauvais  augure  et  on  craint  que  l'accord 
entre  les  Puissances  ne  soit  troublé.  Le  comte  Stackelberg  a 
l'air  guindé  et  paraît  indiquer  que  les  Conférences  de  Lon- 
dres n'ont  pas  produit  le  résultat  désiré.  On  prétend  que  l'Au- 
triche et  la  Russie  ne  sont  pas  d'accord  sur  les  bases  des  ar- 
rangements à  prendre  pour  le  Congrès  futur  ;  qu'il  y  a  une 
froideur  entre  ces  deux  puissances  et  que   pour  cette  raison 

1.  Biilow  (Louis-Frédéric-Victor-Jean,  comte  de)  (1774-1825)  placé  en  1794 
comme  référendaire,  puis  en  1796  comme  assesseur  à  Bayreuth  par  son  cou- 
sin Hardenberg  qu'il  suivit  en  1801  à  Bci'lin  comme  conseiller  de  guerre  et 
des  domaines.  Président  à  Magdeburg  en  1804,  conseiller  d'Etat  du  Royaume 
de  Westphalie  après  Tilsit,  ministre  des  Finances  de  1808  à  1811,  il  se  retira 
dans  sa  terre  d'Essenrode  jusqu'en  1813  où  Hardenberg  le  lit  de  nouveau 
nommer  ministre  des  Finances  de  Prusse.  11  garda  ce  portefeuille  jusqu'en 
1817  où  il  devint  ministre  du  Commerce,  fonctions  qu'il  occupa  jusqu'au 
moment  où  ce  ministère  fut  réuni  à  celui  de  l'Intérieur.  Nommé  président 
de  la  Silésie,  il  mourut  peu  après. 

T.  I.  2 


18  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

l'Empereur  de  Russie  a  changé  sa  résolution  et  ira  directement 
à  Pétersbourg  sans  passer  par  Vienne. 

Quelqu'un  m'a  dit  savoir  de  bonne  source  que  le  cabinet  de 
Vienne  soupçonne  d^avoir  été  joué  par  celui  de  Saint-Péters- 
bourg dans  la  négociation  avec  le  Roi  de  Saxe  l'année  dernière 
et  que  l'Empereur  d'Autriche  embrassant  la  cause  de  ce  monar- 
que ne  voudrait  pas  qu'il  soit  dépouillé  de  ses  Etats  et  a  rejeté 
la  proposition  qu'on  lui  aurait  fait  de  partager  la  Saxe. 

Il  y  a  aussi  des  contestations  par  rapport  à  la  Pologne, quoi- 
que l'Autriche  soit  disposée  à  renoncer  à  la  réacquisition  de  la 
Galicie  orientale,  se  réservant  toutefois  les  salines  de  Wieliczka 
et  un  dédommagement  d'un  autre  côté. 

Le  voyage  du  prince  de  Metternich  de  Londres  à  Paris  fixe 
l'attention  et  on  pense  qu'il  est  chargé  de  former  des  liens 
plus  intimes  entre  la  France  et  l'Autriche,  afin  de  contreba- 
lancer ceux  qui  existent  entre  la  Russie  et  la  Prusse  et  qui  vont 
être  encore  consolidés  par  le  mariage  du  Roi  de  Prusse  avec 
la  grande-duchesse  Catherine. 

Le  retour  accéléré  de  TEmpereur  de  Russie  dans  sa  capitale 
est  en  partie  attribué  à  des  avis  qu'il  a  dû  recevoir  de  trou- 
bles qui  menaçaient  d'éclater  en  Russie.  Quelle  qu'en  soit  la 
raison,  beaucoup  de  personnes  ont  été  désagréablement  attra- 
pées par  la  remise  de  sa  visite  à  Vienne,  qui  vraisemblable- 
ment n'aura  pas  non  plus  lieu  en  septembre.  L'Empereur 
d'Autriche  aurait  pu  s'épargner  de  grands  frais  pour  la  récep- 
tion des  souverains  attendus,  s'il  avait  su  qn'ils  lui  feraient 
faux  bon. 


25.  Vienne,  9  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  à  L...,  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

Mauvais  effet  produit  par  la  remise  du  Congrès  et  les  changements  d'itiné- 
raire d'Alexandre  et  de  Metternich.  On  craint  que  le  Congrès  n'ait  pas  lieu 
On  parle  d'une  déclaration  préalable  des  cours  du  Nord.  Importance  du 
séjour  de  Metternich  à  Paris. 

Il  commence  par  lui  faire  part  de  la  surprise  causée  par  la 
remise  de  l'ouverture  du  Congrès  au  1*'  octobre,  par  le  retard 
apporté  par  Alexandre  à  sa  venue  à  Vienne,  par  le  crochet  que 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       19 

le  prince  de  Metternich  a  fait  en  allant  de  Londres  à  Paris,  et 
enfin  et  surtout  du  mauvais  effet  produit  par  ces  nouvelles. 

«  On  était  d'accord  que  la  cordialité  et  l'abandon  n'anime- 
raient pas  les  fêtes,  mais  personne  ne  se  serait  douté  qu'elles 
seraient  remises  jusqu'au  mois  d'octobre.  On  peut  donc  sup- 
poser qu'elles  n'auront  jamais  lieu  et  que  le  Congrès  lui-même 
pourrait  bien  ne  plus  se  tenir  à  Vienne.  On  aurait  dû  sauver 
les  apparences  en  prenant  le  chemin  le  plus  direct  pour  se 
rendre  à  Saint-Pétersbourg. Mais  si,  comme  le  bruit  en  court, 
on  passe  par  Karlsruhe,  Stuttgart  et  Berlin,  on  a  l'air  d'insul- 
ter et  en  même  temps  de  préparer  des  menées  qui  ne  peuvent 
être  indifférentes  à  la  Cour  de  Vienne. 

Aussi  parle-t-on  déjà  d'une  déclaration  des  Cours  du  Nord 
qui  contiendrait  les  principes  qui  doivent  servir  de  base  à 
l'acte  qui  mettra  la  dernière  main  à  la  paix  générale.  Cet  acte, 
en  décidant  à  l'avance  les  questions  des  plus  importantes,  ré- 
duirait à  peu  de  chose  les  travaux  du  Congrès  qui  dans  cette 
supposition  pourra  ne  plus  se  tenir  à  Vienne. 

Je  crois  savoir  que  tout  tend  à  un  rapprochement, d'ailleurs 
difficile  à  amener,  entre  la  France  et  l'Autriche.  Les  résultats 
on  seront  bien  douteux  si  les  puissances  du  Nord  réussissaient 
à  attirer  dans  leur  parti  les  cours  allemandes.  Ces  circons- 
tances donnent  un  grand  intérêt  au  séjour  du  prince  de  Met- 
ternich à  Paris.  Il  fait  supposer  son  retour  pour  arriver  plus 
tard  que  les  feuilles  de  Vienne  ne  l'annoncent.  » 


Vienne,  11  juillet  1814. 
26.  Vienne,  10  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTRŒM  (1)  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 

Maintien  de  l'armée  autrichienne  sur  le  pied  de  guerre  et  mesures  de  précau- 
tion en  Galicie.  Les  résultats  du  refroidissement  entre  les  Empereurs.  Les 
affaires  de  Saxe  et  de  Pologne.  Les  rapports  entre  la  Prusse  et  l'Autriche. 

L'Empereur  a  tenu   cette    semaine   un   conseil   auquel  le 

1.  Engestrœm  (Laurent,  comte  d')  (1751-1826)  expéditionnaire  aux  Archives 
royales  (l'771-1773)  secrétaire  du  Cabinet  du  ministre  des  Affaires  étrangères 
(1774)  chargé  d'affaires  à  Vienne  (^1776-1788)  ministre  plénipotentiaire  à  Var- 


20  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VlENiNE 

prince  de  Sehwarzenberg  assista.  Il  fut  résolu  qu'en  attendant 
toute  Tarmée  resterait  sur  le  pied  de  guerre^  que  les  recrues 
et  les  vélites  ne  seront  pas  licenciés  et  que  30.000  hommes 
marcheront  en  Galicie  pour  renforcer  les  troupes  qui  y  sont 
rassemblées  et  dont  le  nombre,  selon  quelques  avis,  va  être 
augmenté  jusqu'à  100.000  hommes.  L'Empereur  s'est  aussi 
exprimé  aux  députés  hongrois  que  le  temps  de  désarmer  n'était 
pas  encore  venu.  De  leur  côté,  les  Russes  concentrent  de  nom- 
breuses forces  dans  le  duché  de  Varsovie  et  ils  ont  déjà  une 
armée  considérable  à  Gracovie. 

«  Bien  qu'on  aime  à  se  persuader  que  les  différends  entre 
l'Autriche  et  la  Russie  seront  terminés  à  l'amiable,  ces  dé- 
monstrations inquiètent  le  public  et  la  chose  prend  effecti- 
vement un  aspect  sérieux...  La  brouillerie  entre  les  deux 
Empereurs  a  éclaté,  paraît-il,  à  la  suite  d'une  note  péremp- 
toire  et  conçue  en  termes  énergiques  présentée  à  Londres 
par  le  prince  de  Metternich  (1)  sur  les  affaires  générales  de 
l'Europe  et  en  particulier  au  sujet  de  la  Saxe.  Je  crois  que 
l'Empereur  d'Autriche  s'intéresse  vivement  au  roi  de  Saxe, 
surtout  depuis  que  le  prince  Antoine  de  Saxe  est  venu  à  Baden 
avec  son  épouse,  sœur  de  l'Empereur,  implorer  sa  protection 
et  se  plaignant  qu'il  manquait  de  pain.  J'ai  ouï  dire  que  la 
Cour  de  Vienne  fait  entrevoir  que,  s'il  fallait,  pour  contenter 
tous  les  partis,  partager  la  Saxe  et  que  s'il  s'agissait  de  réta- 
blir un  rojaun]#de  Pologne,  il  serait  juste  de  le  donner  en 
dédommagement  au  roi  de  Saxe,  ce  qui  satisferait  les  Po- 
lonais. 

«  Il  répugne  à  la  Cour  de  Vienne  que  le  duché  de  Varsovie 
soit  érigé  en  royaume  en  faveur  de  l'Empereur  Alexandre  ou 
du  grand-duc  Constantin,  ou  même  du  roi  de  Saxe.  Elle  craint 
que  la  perte  de  la  Galicie  Méridionale  n'en  résulte  peut-être 
tôt  ou  tard. 

«  Les  officiers  russes  ne  dissimulent  pas  que  dans  peu  ils 
s'attendent  à  avoir  affaire  aux  Autrichiens.  Ils  leur  en  veulent 
et  témoignent  beaucoup  d'assurance  de  les  battre.  Ils  vantent 

sovie,  puis  peu  après  rappelé  à  Stockholm  et  nomme  chancelier  de  la  Cour, 
ministre  à  Londres  (1793-1795),  à  Berlin  (1798-1804',  président  de  la  Chancel- 
lerie (1809)  et  peu  après  ministre  des  Affaires  étrangères.  Fait  baron  le 
29  juin  1809  et  comte  en  1816,  il  se  retira  définitivement  des  affaires  en  1819 
et  alla  finir  ses  jours  dans  ses  terres  en  Pologne. 

1.  Cf.  Gentz  à  Karadja,  Vienne,  21  juin   1814  (Dépêche  inédite  aux  hospo- 
dars  de  Valachie,  tome  I,  page  80  et  suivantes). 


Il 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       21 

[au  contraire  les   Prussiens  et  comptent  sur  eux  comme  des 
'alliés  inséparables. 

«  La  Prusse  paraît  convoiter  la  meilleure  partie  de  la  Saxe 
ht  elle  est  en  dispute  avec  l'Autriche  sur  la  possession  défini- 
tire  de  Mayence. 

«  On  n'est  pas  plus  d'accord  sur  l'Italie  que  sur  l'Allema- 
gne et  la  Pologne.  » 

Mécontentement  et  troubles  à  Milan. 

«  Les  Russes  disent  que  leur  souverain  a  pris  de  l'humeur 
de  ce  que  l'Empereur  d'Autriche  n'a  pas  fait  de  visite  à  l'Im- 
pératrice de  Russie  en  allant  de  Paris  à  Vienne  et  ne  l'a  pas 
invitée  à  venir  ici.  » 


Vienne,  13  juillet  1814. 
27.  Vienne,  12  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  GOLTZ  (intercepta  en  français)  (Analyse). 

Bruit  sans  fondement  du  départ  de  Murât  de  Naples.  La  reprise  du  pouvoir 
par  Ferdinand  IV.  L'Autriche  à  la  recherche  d'une  compensation  pour  le 
roi  de  Saxe. 

Il  ne  lui  parlera  de  la  Suisse  qu'après  avoir  vu  le  chargé 
d'affaires  helvétique  avec  qui  il  doit  conférer  le  lendemain.  Il 
enregistre  le  bruit  du  départ  de  Murât  de  Naples  et  de  l'inter- 
rention  de  l'Angleterre  en  faveur  de  Ferdinand  IV  qui  a  repris 
les  rênes  du  Gouvernement  en  Sicile  (1)... 

«  Le  courrier  autrichien  a  dû  avoir  été  expédié  à  Berlin  par 
rapport  aux  affaires  de  Saxe  et  j  porter  les  propositions  à  faire 
au  roi.  On  m'affirme  que  la  Cour  de  Vienne  désirerait  main- 
tenant voir  le  roi  de  Saxe  trouver  une  indemnisation  de  son 
Royaume  dans  la  possession  des  Légations  de  Bologne  et  de 
Ferrare  (2). . .  Je  ne  manquerai  pas  de  suivre  cet  objet  important.  » 


1.  Ferdinand  IV  avait  en  effet  repris  le  pouvoir  le  4  juillet  (Cf.  G'  Weil. 
Joachim  Marat,  La  dernière  année  de  règne  (mai  1814-raai  1815),  tome  I, 
pages  196-197). 

2.  Hans,  Ilof  und  Staats  Archiv.  Hardenbcrg  à  Metternich.  Pans,  7  juillet. 
«  Je  souhaite  vivement  que  le  roi  de  Saxe  soit  bien  placé  et  cela  n'est  fai- 
«  sable  qu'en  Italie  en  lui  donnant  les  trois  Légations.  Vous  aurez  en  lui  un 
«  allié  dont  vous  pourrez  toujours  tirer  parti.  En  bonne  politique  vous  de- 
«  vrez  préférer  cet  établissement  pour  lui  à  tout  autre  dans  le  Nord  de  l'Al- 
«  lemagne  où  il  serait  moins  sous  votre  influence.  Le  Pape  n'est  pas  un 
«  obstacle 


22  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENKE 

Vienne,  14  juillet  1814. 
28.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  au'MINISTÈRE  DANOIS  (m/erce/j^a  en  français) 

Les  causes  de  la  remise  du  Congrès  au  10  septembre.  Les  embarras  de  Met 
ternich  et  de  lord  Castlereagh.  La  Pologne  et  la  frontière  de  Galicie.  Diffi- 
cultés de  la    situation  de  l'Autriche.  L'opinion  publique  à    Vienne    et  les 
nouvelles  répandues  en  ville  par  le  Gouvernement. 

Les  informations  les  plus  exactes  que  j'ai  été  à  même  de 
recueillir  servent  à  confirmer  la  partie  la  plus  essentielle  des 
notions  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  Votre  Excellence 
dans  mon  précédent  rapport. 

Il  est  très  vrai  que  le  prince  de  Metternich  s*est  trouvé 
dans  les  plus  grands  embarras  pour  ne  pas  avoir  obtenu  de 
la  part  de  lord  Castlereagh  tout  l'appui  sur  lequel  il  avait 
compté.  Il  se  plaignit  de  ce  que  le  ministre  anglais,  aux  dis- 
positions duquel  il  rend  du  reste  toujours  la  même  justice,  n'a 
que  faiblement  appuyé  ses  démarches  et  réclamations,  et  il 
attribue  la  nécessité,  où  il  s'est  trouvé  de  proposer  Tajourne- 
ment  du  Congrès,  à  la  difficulté  inattendue  que  lord  Castle- 
reagh a  fait  de  quitter  l'Angleterre  assez  promptement  pour 
pouvoir  être  rendu  à  Vienne  au  terme  fixé  pour  l'ouverture 
des  négociations.  Il  paraît  du  reste,  d'après  les  dernières  nou- 
velles de  Londres,  qu'avant  le  départ  des  souverains  les  esprits 
se  sont  de  toute  part  un  peu  radoucis.  On  a  fini  par  convenir, 
à  ce  qu'on  m'assure,  que  les  plénipotentiaires  des  souverains 
alliés  se  trouveraient  réunis  à  Vienne  au  plus  tard  le  10  sep- 
tembre et  l'Empereur  de  Russie  a  promis  d'y  être  rendu  en- 
tre le  20  et  le  30  du  même  mois.  On  doute  cependant  toujours 
que  cette  promesse  se  réalisera  à  moins  qu'on  ne  trouve  jus- 
que là  moyen  d'en  écarter  les  principaux  points  de  vexation. 

On  continue  à  regarder  la  question  de  la  frontière  de  Polo- 
gne du  côté  de  la  Galicie  comme  la  plus  difficile  à  résoudre. 
Quelle  que  soit  cependant  l'importance  que  la  Cour  d'ici  attache 
à  l'acquisition  de  Cracovie,  les  personnes  les  plus  à  portée 
d'apprécier  ses  dispositions  et  d'approfondir  ses  vues  semblent 
s'accorder  dans  l'opinion  qu'elle  cédera  sur  ce  point  plutôt 
que  de  braver  les  dernières  extrémités  et  elle  finira  par  aban- 
donner toutes  les  prétentions  qu'elle  ne  réussira  pas  à  faire 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       23 

valoir  au  moyen  de  rintervention  de  l'Angleterre.  L'humeur 
pacifique  de  l'Empereur,  le  caractère  de  son  ministre,  auquel 
on  connaît  plus  de  souplesse  que  de  vigilance,  la  désorgani- 
sation de  l'armée  et  la  pénurie  des  finances,  tout  semble  con- 
courir à  donner  du  poids  à  cette  opinion. 

En  attendant,  le  cabinet  de  Vienne  met  tous  ses  soins  à  dé- 
rober ses  embarras  et  ses  alarmes  à  la  connaissance  du  public 
et  à  pallier  Taffront  qu'il  vient  d'essuyer.  C'est  à  cette  lin 
qu'on  continue  à  faire  entendre  qu'il  se  manifeste  en  Russie 
même  une  opinion  très  prononcée  contre  l'idée  d'un  rétablis- 
sement d'un  Royaume  de  Pologne,  que  des  représentations 
très  fortes  là-dessus  ont  été  adressées  à  l'Empereur  Alexandre 
et  qu'en  effet  ce  Souverain  a  été  vivement  pressé  par  les  pre- 
mières autorités  de  son  Empire  d'accélérer  son  retour  en  Rus- 
sie, où  la  prolongation  de  son  absence  a  fait  accroître  et  mul- 
tiplier de  plus  en  plus  les  inconvénients  les  plus  graves. 


29.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTESSE  DE  RECHBERG  (I)  au  COMTE  DE  GŒRTZ 
(intercepta  en  français). 

Le  Congrès.  Tension  entre  les  puissances.  La  question  de  Mayence. 
La  Saxe.  Armements  en  Autriche  et  en  Bavière. 

On  ne  doute  pas  dans  le  public  que  le  Congrès  ne  se  réu- 
nisse. On  tire  en  suspens  la  réunion  des  Souverains.  Cepen- 
dant tous  les  préparatifs  pour  les  fêtes  se  continuent... 

Je  sens,  mon  père,  combien  vous  devez  souffrir  de  ce  nou- 
vel incident  qui  menace  le  sort  de  notre  pauvre  Allemagne.il 
était  sans  doute  à  prévoir.  On  ne  pouvait  supporter  ici  la  trop 
grande  étendue  de  frontière  et  d'influence  de  la  Russie.  On 
ne  pouvait  voir  non  plus  avec  indifférence  le  trop  grand  agran- 
dissement de  la  Prusse  et  Mayence  entre  ses  mains  est  un 
objet  de  grande  attention.  On  voyait  d'ailleurs  avec  une  peine 
infinie  le  sort  de  la  Saxe. 

1.  Femme  du  Comte  Alois  François  Xavier  de  Rechberg,  Ministre  de  Ba- 
vière au  Congrès,  fille  du  Comte  de  Gœrtz,  conseiller  intime  du  roi  de  Saxe, 
qui  l'envoya  à  Vienne  au  mois  de  septembre.  (Cf.  Pallaid.  Correspondance 
inédite  de  Talle.yra.nd  et  de  Louis  XVII.  Note,  page  3.) 


24  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

On  dit  que  de  grands  armements  se  font  en  Bavière.  De 
grandes  forces  réunies  pourraient  peut-être  éviter  de  grands 
maux.  Tel  est  l'espoir  général.  Puissent-ils  ne  pas  nous 
tromper. 


30.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BILDT  (1)  à  ENGESTRŒM  {intercepta  en  allemand). 
Fausse  nouvelle  relative  à  l'ouverture  du  Congrès  demandé  par  Alexandre. 

Le  Comte  de  Clam,  aide  de  Camp  de  Schwarzenberg,  a 
apporté  de  Londres  une  lettre  de  l'Empereur  Alexandre  de- 
mandant à  l'Empereur  d'Autriche  de  fixer  l'ouverture  du 
Congrès  au  mois  de  septembre  et  annonçant  son  arrivée  pour 
la  fin  du  mois. 

Le  Roi  et  la  Reine  de  Bavière  ont  aussi  annoncé  leur  venue. 


31.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  à  L...,  (à  Darmsldidi)  (intercepta)  (Analyse). 

Le  Congères  à  Berlin.  Les  démarches  de  la  Prusse.  Désaccord  entre 
l'Autriche  et  la  Bavière.  Concentration  de  troupes  en   Pologne. 

On  dit,  et  il  croit,  lui  aussi,  que  le  Congrès  se  tiendra,  non 
pas  à  Vienne,  mais  à  Berlin. 

On  prête  la  plus  grande  attention  aux  démarches  de  la 
Prusse,  à  l'attitude  et  aux  agissements  des  Cours  allemandes. 

«  La  Bavière  et  l'Autriche  ne  sont  pas  encore  d'accord.  La 
Bavière  se  donne  l'air  de  ne  pas  pouvoir  se  passer  des  pays 
qu'elle  doit  restituer  à  l'Autriche,  probablement  parce  qu'elle 
veut  les  faire  taxer  au  plus  haut  prix  et  ne  renonce  pas  à  l'es- 
poir d'étendre  ainsi  ses  possessions  jusqu'au  Rhin,  espoir  inad- 
missible parce  que  ce  plan  brouillerait  les  cours  les  plus  res  - 
pectables  et  compromettrait  l'existence  de  toute  l'Allemagne.  Il 
est  possible  que  l'on  indemnisera  la  Bavière  entre  le  Rhin  et 
la  Moselle. 

1.  Bildt  (baron),  Ministre  de  Suède  à  Vienne. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       25 

«  De  part  et  d'autre,  il  y  a  beaucoup  de  troupes  en  Polo- 
gne, mais  je  ne  crois  pas  qu'on  en  viendra  mal  à  propos  à  la 
Guerre.  » 


Vienne,  17  juillet  1814. 
32.  Vienne,  16  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENGRANZ  {intercepta  en  français). 

Nouvelles  relatives  à  la  venue  d'Alexandre,  aux  Conférences  préparatoires, 
à  la  forme  même  du  Congrès.  La  Constitution  de  l'Allemagne  et  les  vues 
de  l'Autriche.  La  tâche  de  Metternich  en  Angleterre  facilitée  par  l'attitude 
d'Alexandre  et  les  démarches  de  la  grande-duchesse  Catherine.  L'Autri- 
che, l'Angleterre  et  les  Etats  Scandinaves.  La  question  de  la  Saxe  et  les 
regrets  de  l'Autriche  de  n'avoir  pas  pris,  dès  le  début,  une  attitude  toute 
différente. 

Je  tiens  les  notions  suivantes  de  M.  de  Hudelist.  L'Empe- 
reur de  Russie  a  effectivement  donné  sa  parole  de  se  rendre 
à  Vienne  avant  la  fin  de  septembre.  Les  conférences  prépa- 
ratoires entre  les  plénipotentiaires  des  grandes  puissances 
commenceront  le  10  septembre  ;  elles  réuniront  ici  lord  Gas- 
tlereagh,  le  Gomte  de  Nesselrode  et  le  Prince  de  Hardenberg. 

Il  n'y  a  rien  d'arrêté  sur  la  forme  des  négociations  princi- 
pales du  Gongrès  ;  mais  il  paraît  qu'on  voudrait  éviter  les 
séances  générales  et  même  les  réunions  plus  nombreuses  que 
ne  l'exigera  l'intérêt  plus  ou  moins  direct  que  telle  ou  telle 
puissance  sera  censée  avoir  aux  différents  objets  de  discussion. 

Les  bases  de  la  Gonstitution  future  de  l'Allemagne  seront 
préalablement  discutées  entre  l'Autriche,  la  Prusse,  la  Bavière 
et  le  Hanovre. 

Au  nombre  des  projets  qui  étaient  formés  relativement  aux 
moyens  de  suppléer  au  défaut  de  l'autorité  impériale,  celui 
d'établir  une  sorte  de  Directoire,  que  ces  Etats  exerceront 
alternativement,  passe  pour  avoir  un  assez  grand  nombre  de 
partisans. 

Hudelist  ne  me  cache  pas  que  ^Autriche  songe  à  baser  son 
système  politique  sur  des  liaisons  étroites  avec  les  princes  de 
l'Empire. 

Le  prince  de  Metternich  a,  pendant  son  séjour  à  Londres, 
mis  tous  ses  soins  à  resserrer  les  liens  qui  unissent  les  deux 


26  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Empires,  et  il  se  flatte  de  n'y  avoir  pas  perdu  ses  peines.  Se- 
lon ce  que  Ton  m'a  dit  ici,  sa  tâche  lui  a  été  entièrement  faci- 
litée par  la  conduite  de  l'Empereur  Alexandre.  Ce  souverain 
s'est  montré  bien  plus  disposé  à  gagner  et  à  flatter  l'Oppo- 
sition qu'à  se  rendre  agréable  au  Cabinet.  Il  a  blessé  celui- 
ci  par  l'accueil  qu'il  a  fait  aux  plénipotentiaires  américains 
ainsi  que  par  la  prédilection  qu'il  a  témoignée  en  faveur  de 
leur  cause. 

Il  ne  s'est  de  plus  mêlé  des  querelles  entre  le  Prince  Régent 
et  son  épouse  (1)  que  pour  prendre  ouvertement  parti  contre  le 
prince.  On  l'accuse  même,  je  ne  sais  sur  quel  fondement, 
d'avoir  appuyé  les  intrigues  faites  par  sa  sœur  (2)  pour  rompre 
les  engagements  de  la  princesse  royale  (3)  d'Angleterre  dans  la 
vue  de  former  une  union  entre  le  prince  héréditaire  d'Orange 
et  la  grande-duchesse  Anne  (4). 

Hudelist,  dans  cette  même  conversation,  m'a  fait  entendre 
que  le  Cabinet  suédois  se  montre  disposé  à  accéder  aux  nou- 
veaux liens  que  l'Autriche  et  la  Grande-Bretagne  pourraient 
vouloir  former  et  qu'il  est  allé  jusqu'à  déclarer  qu'on  le  trou- 
verait prêt  à  agir  dans  le  sens  et  pour  le  but  d'une  pareille 
alliance. 

C'est  à  ces  dispositions,  en  apparence  si  peu  analogues  à  la 
situation  actuelle  de  la  Suède,  que  je  crois  devoir  rapporter  un 
propos  qui,  dans  une  conversation  antérieure,  est  échappé  à 
M.  de  Hudelist.  En  me  parlant  de  la  possibilité  d'une  rupture 
avec  la  Russie,  il  me  dit  :  «  Nous  ne  serions  pas  de  notre  côté 
«  sans  alliés.  11  n'y  a  pas  jusqu'au  prince  royal  de  Suède  sur 
«  lequel  nous  pourrions  compter.  > 

M.  de  Steigentesch  n'est  assurément  pas  sorti  du  sens  de 
sa  Cour  en  faisant  entendre  à  Votre  Excellence  que  l'Angle- 
terre et  l'Autriche  continueront  à  attacher  le  Danemark  au 


1.  Il  s'agit  des  démêlés  entre  le  futur  Georges  IV  et  sa  femme  Caroline  de 
Brunswick. 

2.  La  grande-duchesse  Catherine. 

3.  Projet  d'union  entre  Guillaume  d'Orange  (Guillaume  II  de  Hollande,  né 
en  1792)  et  la  princesse  Charlotte  Augusta  d'Angleterre,  qui  épousa  Léopold 
de  Saxe-Cobourg  (le  futur  roi  Léopold  I"  de  Belgique)  et  qui  mourut  le  5  no- 
vembre 1817  après  dix-huit  mois  de  mariage. 

4.  La  grande-duchesse  Anne,  la  plus  jeune  des  sœurs  d'Alexandre,  née 
le  19  janvier  1795,  épousa  le  21  février  1816  le  prince  héréditaire  d'Orange,  le 
futur  roi  Guillaume  II  de  Hollande.  La  grande-duchesse  avait  été  sur  le 
point  d'épouser  Napoléon  en  1810.  11  avait  été  et  il  était  même  encore  à  ce 
moment  question  pour  elle  d'un  mariage  avec  le  duc  de  Benry. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS        27 

système  qu'elles  s'occupent  à  former.  Mais  je  crois  m'aperce- 
voir  que  l'on  compte  peu  sur  nous  parce  que  nos. anciennes 
liaisons  avec  la  Russie  ne  tarderaient  pas  à  reprendre  le  des- 
sus et  aussi  que  la  Russie  sentira  trop  bien  le  besoin  qu'elle 
a  de  nous  pour  ne  pas  mettre  tous  ses  soins  à  nous  regagner. 
Hudelist,  en  m'entretenant  des  premiers  objets  dont  les  plé- 
nipotentiaires des  grandes  puissances  auront  à  s'occuper,  me 
parla  de  la  possibilité  de  la  conservation  de  la  Saxe,  mais  de 
martèère  à  me  faire  voir  clairement  qu'il  ne  croyait  pas  lui- 
même  à  cette  possibilité.  Je  ne  crois  pas  me  tromper  en  sup- 
posant que  la  Cour  d'ici  regrette  amèrement  de  ne  pas  avoir 
combattu  plus  vigoureusement  le  projet  d'agrandissement  dès 
sa  naissance,  et  que  le  trop  de  facilité,  qu'elle  s'est  laissée  trou- 
ver à  cet  égard,  tenait  en  grande  partie  à  l'espoir  de  gagner  la 
Prusse  à  son  système  dont  le  premier  objet  avait  été  de  met- 
tre l'Allemagne  à  l'abri  de  toute  influence  étrangère.  Il  ne  lui 
restera  plus  maintenant  d'autre  ressource  que  de  partager  une 
injustice  qui  lui  répugne  et  dont  sa  rivale  tirera  les  principaux 
avantages.  On  m'assure  qu'elle  réclame  éventuellement  l'Erzge- 
birge  et  qu'il  subsiste  dès  maintenant  des  vexations  sur  la 
possession  de  Dresde,  dont  l'importance,  sous  le  rapport  mili- 
taire, a  été  évidemment  démontrée  par  la  dernière  guerre. 


33.  Vienne,  16  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  à  L  ....  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  français). 

Alexandre  viendra  à  Vienne  et  y  restera  pendant  tout  le  Congrès.  Opposi- 
tion probable  de  l'Autriche,  de  la  Prusse  et  de  l'Angleterre  aux  projets  de 
la  Russie. 

L'Empereur  Alexandre  viendra  certainement  à  Vienne,  mais 
il  a  déclaré  qu'il  n'en  partirait  que  lorsque  les  affaires  du  Con- 
grès seront  terminées. 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  l'Autriche  n'est  pas  la  seule 
puissance  qui  sent  la  nécessité  de  limiter  les  plans  de  la  Rus- 
sie et  que  les  insinuations  de  ce  genre  ne  manqueront  pas  de 
faire  quelque  effet  à  Paris  et  même  à  Londres. 

On  dit  ici  que  l'Empereur  Alexandre  est,  à  tous  égards, 
mécontent  de  son  séjour  en  Angleterre. 


28  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


34.  Berlin,  12  juillet  1814  (F.  1.  ad.  3563). 

GOLTZ  à  PIQUOT  {intercepta  en  français) 
(Analyse  du  Cabinet  Noir). 

Modifications  apportées  au  voyage  des  souverains.  Les  affaires  des  Etat» 
Scandinaves.  Surveiller  Tétat  des  esprits  en  France.  Napoléon  y  a  un  fort 
parti  dans  l'armée. 

«  Le  Congrès  de  Vienne  ne  devant  s^ouvrir  que  le  1"  oc- 
tobre et  Sa  Majesté  ainsi  que  l'Empereur  de  Russie,  ayant 
différé  jusqu'à  l'approche  de  ce  terme  de  contenter  le  désir 
qu'ils  ont  de  répondre  à  linvitation  de  leur  Auguste  Allié 
et  de  lui  rendre  visite  dans  sa  capitale,  ces  deux  souverains 
se  préparent  à  satisfaire  l'attente  de  leurs  fidèles  sujets  ;  le 
Roi  doit  arriver  à  Potsdam  vers  le  22  juillet. 

«  Rien  de  précis  en  Norvège  où  on  se  calme  cependant.  Le 
prince  Christian  est  ébranlé  par  les  représentations  des  Anglais. 
On  va  convoquer  une  deuxième  diète  qui  semble  devoir  accep- 
ter le  traité  de  Kiel.  » 

Après  avoir  recommandé  à  Piquot  de  ne  pas  négliger  les 
affaires  avec  la  Porte,  Goltz  ajouta  ; 

«  Ne  perdez  pas  de  vue  les  nouvelles  relatives  à  l'état  inté- 
rieur de  la  France.  On  parle  toujours  d'une  grande  agitation 
qui  j  règne  dans  les  esprits  et  d'un  sérieux  attachement  dont 
beaucoup  de  militaires  ne  se  cachent  pas  pour  Bonaparte.  » 


Vienne,  19  juillet  1814. 

35.  Vienne,  18  juillet  1814  (F.  1.  ad  3365). 

0  0  à  Mager. 

Réponse  à  la  note  de  Hager  du  1"  juillet.  Indication  des  personnes  dont  il 
compte  se  servir.  Les  services  qu'il  pourra  rendre  grâce  à  sa  situation  et 
à  ses  relations  personnelles. 

Je  pense  souvent  au  Congrès  et  m'occupe  constamment  de 
tout  ce  que  Votre  Excellence  m'a  demandé  par  sa  note  du  1""  de 
ce  mois.   Arnstein  et   Eskeles   recevront,  ils   le  disent  eux- 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       20 

mêmes,  tous  les  jours  pendant  la  durée  du  Congrès  à  dîner  et 
à  souper  les  Berlinois  et  les  Prussiens  en  qualité  de  compa- 
triotes. 

Personne  n'est  mieux  placé  pour  savoir  ce  qui  a  trait  à  la 
politique  et  tout  ce  qui  se  passe  chez  les  Anglais  et  les  Russes 
que  M.  de  Hammer  (1)  qui  vit  et  continue  à  vivre  avec  eux. 
Pour  l'Allemagne,  personne  ne  sera  mieux  à  portée  de  tout 
savoir  que  le  ci-devant  agent  de  l'Empire  Von  Borsch  (2),  ancien 
agent  et  représentant  de  la  noblesse  territoriale  de  Wurtem- 
berg contre  le  duc  de  Wurtemberg.  Je  le  répète  donc  après  j 
avoir  mûrement  réfléchi,  Hammer  et  Borsch,  chacun  dans  sa 
sphère,  s'ils  s'engagent  à  s'acquitter  de  cette  mission,  sauront 
tous  les  soirs  tout  ce  qui  se  sera  passé  pendant  la  journée  dans 
ces  différentes  missions.  Du  reste,  une  fois  que  les  person- 
nages venus  pour  le  Congrès  seront  réunis  ici,  on  trouvera  sans 
peine  les  moyens  de  surveillance  et  d'observation  qu'on  ne 
saurait  déterminer  pour  le  moment. 

Grâce  aux  services  que  pendant  vingt-deux  ans  j'ai  rendus 
aux  Bourbons,  à  l'aide  de  la  nouvelle  mission  que  Louis  XVIII 
envoyé  ici,  à  l'aide  des  légations  du  Wurtemberg  et  de  Bavière 
au  Congrès  et  à  Vienne,  comme  aussi  de  mes  vieux  amis  ve- 
nant au  Congrès  tant  de  l'Empire  que  de  l'Italie,  je  crois  être 
certainement  en  mesure  de  fournir  tous  les  jours  à  Votre  Excel- 
lence des  rapports  qui  ne  manqueront  pas  d'intérêt.  Il  est  vrai 
que  le  genre  de  vie  qu'adoptera  le  prince  de  Metternich  exer- 
cera une  influence  considérable  sur  la  valeur  de  mes  rapports, 
dont  l'intérêt  dépendra  beaucoup  du  fait  qu'il  recevra  et  verra 
journellement  beaucoup  de  monde,  qu'il  donnera  des  audien- 
ces, qu'il  réunira  du  monde  chez  lui.  S'il  n'en  est  pas  ainsi, 
s'il  faut  au  contraire  aller  ramasser  des  nouvelles  dans  les  dif- 
férentes coteries,  la  chose  sera  à  la  fois  sensiblement  plus  dif- 
ficile et  plus  lente. 


1.  Von  Hammer-Purgstall,  Orientaliste  et   drogman  du  ministère  des  Af- 
faires étrangères. 

2.  Von  Borsch  représentait  à   Vienne  pendant  le  temps   du  Congrès    le 
prince  de  la  Leyen. 


30  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

Vienne,  21  juillet  1814. 
36.  Vienne,  20  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTESSE  DE  REGHBERG  au  COMTE  DE  GÔERTZ 
{intercepta  en  français). 

Arrivée  de  Metternich.  Réunion  du  Congrès  en  septembre.  On  est  un  peu 
plus  rassuré  à  Vienne  mais  on  n'y  prend  des  précautions. 

Le  prince  de  Metternich  est  arrivé.  11  a  passé  la  journée 
d'hier  à  Baden  et  aujourd'hui  il  verra  le  corps  diplomatique  (1). 

On  ne  doute  plus  que  le  Congrès  ne  se  rassemble  dans  le 
courant  de  septembre.  Plusieurs  députés  sont  déjà  ici. 

L'Empereur  de  Russie  a  écrit  à  celui  d'Autriche  une  lettre 
d'excuse  pour  n'avoir  pu  venir  dans  le  moment  précis,  qui 
est  d'un  style  fort  aimable. 

On  se  persuade  que  les  choses  n'en  sont  pas  là  où  on  les 
croyait  dans  le  premier  moment.  Cependant  on  se  met  en 
mesure  pour  tout  événement  et  sans  doute  la  prudence  l'exige. 


37.  Vienne,  20  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  GOLTZ  (intercepta  en  français). 

La  réception  chez  Metternich.  Sa  confiance  dans  l'entente  avec  les  Prussiens. 
Le  Grand-Duc  Constantin  et  la  réorganisation  de  l'armée  polonaise. 

Je  reviens  de  chez  le  prince  de  Metternich  qui  a  reçu  l'un 
après  l'autre  les  ministres  et  les  chargés  d'affaires.  Il  m'a  donné 
l'assurance  de  l'intimité  et  la  confiance  illimitées  qui  régnent 
entre  les  Cours  de  Berlin  et  de  Vienne  et  m'a  répété  que  jamais 
il  n'y  avait  eu  d'alliance  plus  durable  et  mieux  fondée  que 
celle  qui  existe  entre  la  Prusse  et  l'Autriche. 

Des  lettres  particulières  de  bonne  source  disent  que  le  Grand- 
Duc  Constantin  était  attendu  à  Varsovie  vers  le  1"  septem- 
bre et  qu'il  était  chargé  de  la  réorganisation  de  l'armée  polo- 
naise. 


1.  Metternich  reçut  le  Corps  diplomatique  le  19  juillet,  le  lendemain  de  son 
retour  à  Vienne. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRKS       31 

38.  Vienne,  20  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENGRANZ  (intercepta  en  français). 

La  question  de  Pologne  ajournée  jusqu'au  Congrès.  Concentration  des  trou- 
pes autrichiennes  en  Galicie.  Commencement  imminent  des  conférences 
préparatoires.  Anstett,  liumboldt,  Hardenberg.  Bruit  de  mariage  projeté 
entre  l'archiduc  Charles  et  la  grande-duchesse  Catherine.  On  n'a  plus  de 
préventions  contre  le  Danemark. 

Il  paraît  être  certain  que  le  prince  de  Metternich  a  réussi  à 
arracher  à  l'Empereur  Alexandre  la  promesse  positive  de  sus- 
pendre toute  résolution  et  toutes  mesures  par  rapport  à  la 
Pologne  jusqu'à  ce  que  la  question  en  ait  été  soumise  aux 
discussions  du  Congrès.  Quoique  cela  ne  dise  rien  sur  le  fond 
de  la  chose,  on  met  ici  un  grand  prix  à  cet  arrangement  pro- 
^  isoire  qui  écarte  la  crainte  d'éclats  que  des  mesures  fermes  et 
précipitées  auraient  immanquablement  amenés.  La  nouvelle 
assurance  avec  laquelle  on  fait  entendre  de  rechef  que  l'on  ferait 
la  guerre  plutôt  que  de  souffrir  le  rétablissement  d'un  Royaume 
de  Pologne  me  porte  à  croire  que  pour  le  moment  on  regarde 
l'orage  comme  conjuré. 

En  attendant  on  fait  filer  beaucoup  de  troupes  en  Galicie  où 
on  veut,  dit-on,  réunir  120.000  hommes. 

Il  paraît  que  les  conférences  préparatoires  ne  tarderont  pas 
à  commencer.  Le  baron  Anstett  (1)  est  déjà  arrivé.  Humboldt  (2) 
est  attendu  dans  les  premiers  jours  du  mois  prochain.  Bien  que 
Hardenberg  (3)  ne  doive  arriver  qu'en  septembre,  on  croit  que 
le  Cabinet  prussien  ne  ferait  aucune  difficulté  à  munir  Hum- 
boldt de  ses  pouvoirs  et  on  pourrait  entrer  en  négociations. 

1.  Anstett  (Jean-Protais,  baron  d')  né  à  Strasbourg  en  1760,  entré  au  service 
diplomatique  de  la  Russie  dès  le  début  de  la  Révolution  française,  accrédité 
plusieurs  fois  à  Vienne  comme  chargé  d'affaires,  directeur  de  la  chancellerie 
diplomatique  du  prince  Koutouzoff  en  1811,  négocia  la  Convention  de  Kalisch, 
représenta  la  Russie  au  Congrès  de  Prague  en  1813,  assista  au  Congrès  de 
Vienne  et  fut  ensuite  plénipotentiaire  russe  près  la  Diète  de  Francfort  où  il 
mourut  en  1835. 

2.  Humboldt  (Guillaume  de)  né  à  Potsdam  en  1767,  mort  en  1835,  conseiller 
d'Etat  et  l'un  des  représentants  de  la  Prusse  au  Congrès. 

3.  Hardenberg  (Charles- Auguste, prince  de)  né  en  1750  à  Essenroda  (Hano- 
vre) mort  eu  1822,  négocia  pour  la  Prusse  le  traité  de  Bâle  (1795),  remplaça 
Haugwitz  au  ministère  des  Affaires  étrangères  (1804),  se  retira  après  ïilsit, 
devint  chancelier  d'Etat  en  1810  et  fut  créé  prince  en  1814. 


32  AUTOUR    DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

On  commence  à  parler  d'une  union  projetée  entre  la  grande- 
duchesse  d'Oldenburg  et  l'archiduc  Charles  en  faveur  duquel 
on  rétablirait  le  Gouvernement  de  Lombardie.  La  grande-du- 
chesse est  arrivée  aux  eaux  d'Egra.  Elle  sera  ici  en  même 
temps  que  FEmpereur,  son  frère. 

P.-S.  —  Metternich  m'a  dit  que  déjà  avant  son  départ  de 
Londres  il  s'était  convaincu  que  les  rapports  venus  de  Copenha- 
gue avaient  dissipé  les  préventions  dont  nous  avions  à  nous 
plaindre. 


39.  Ratisbonne,  18  juillet  1814  (F.  1.   ad  3565). 

LEYKAM  (1)  à  KLENAU  (2)  (à  Vienne)  {intercepta  en  français). 

Accueil  fait  par  Alexandre  à  la  princesse  de  La  Tour  et  Taxis.  Il  lui  donne 
rendez-vous  le  25  septembre  à  Vienne  où  l'Impératrice  viendra  aussi. 

La  princesse  de  La  Tour  et  Taxis  nous  dit  par  des  lettres 
datées  de  Darmstadt  qu'elle  a  vu  Alexandre.  Sa  Majesté  y 
était  attendue  pour  le  dîner,  mais  le  roi  de  Wurtemberg,  qui 
l'avait  attendue  à  Heilbronn,  l'y  a  arrêtée  près  de  sept  heures 
pour  un  splendide  déjeuner. 

Son  accueil  pour  la  princesse  fut  gracieux  et  aimable  comme 
toujours  et  il  lui  donna  rendez-vous  à  Vienne  où  il  sera  cer- 
tainement le  25  septembre. 

L'Impératrice  doit  y  venir  aussi.  Tout  cela  est  de  la  bouche 
de  l'Empereur  lui-même,  de  même  que  l'assurance  que  le  re- 
tard du  Congrès  n'a  d'autre  raison  que  la  présence  de  lord 
Castlereagh  à  Londres. 

La  princesse  (3)  n'attend  que  l'arrivée  du  roi  de  Prusse  an- 
noncée pour  le  20  et  le  retour  de  Vrints  Berberich  (4)  que  l'on 
ignore,  pour  prendre  la  décision. 


1.  Leykam  (baron),  grand  chambellan  du  Grand-Duc  de  Bade,  avait  accom-    * 
pagné  à  Erfurt  en  1808  le  prince  et  la  princesse  de  La  Tour  et  Taxis.  11  avait 
été  conseiller  de  la  chancellerie  d'Etat. 

2.  Klenau  (Jean,  comte)  (1758-1819), sous-lieutenanten  1775, capitaine  en  1778, 
major  en   1788,  colonel  en  1795,  et  général-major  en  1797,  se  distingua  pen- 
dant la  campagne  de  1799  en  Italie    et  fut  promu  feld-maréchal  lieutenant    , 
en  1800.  Fait  prisonnier  à  Ulm  en  1805,  commandant  du  6°  corps  d'armée  à  % 
Wagram  en  1809,  il  lit  capituler  Dresde  le  11  novembre  1813  et  était  en  1814  | 
commandant  général  à  Brûnn.  | 

3.  La  princesse  de  La  Tour  et  Taxis,  née  princesse  de  Mecklembourg-Stre-  ,£ 
litz,  était  la  belle-sœur  du  roi  de  Prusse.  | 

4.  Vrints  Berberich  représentait  au  Congrès  le  prince  de  La  Tour  et  Taxis.  | 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET   LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS       33 

Vienne,  23  juillet  1814 
40.  Vienne,  23  juillet  1814. 

BILDT  à  ENGESTRœM  {intercepta). 

P.-S.  —  Le  bruit  se  répand  que  le  roi  Charles  IV  d'Es- 
pagne réclame  la  couronne  du  roi  Ferdinand  (1). 

La  reine  de  Sicile  a  reçu  par  courrier  de  Palerme  la  nou- 
velle que  le  prince  royal  a  remis  les  rênes  du  Gouvernement  à 
son  père  (2).  Il  paraît  qu'il  y  a  eu  des  troubles  à  cette  occasion. 


26  juillet  1814. 
H.  Copenhague,  19  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ROSENGRANZ  à  BERNSTORFF  [intercepta  en  français). 

Accord  intervenu  entre  la  Prusse  et  le  Danemark, 
article  relatif  à  la  Poméranie.  La  Norvège    donne  encore  des  inquiétudes 

Hardenberg(3)  est  tombé  d'accord  à  Londres  avec  son  cousin 
s  prince  de  Hardenberg  pour  fixer  les  conditions  du  traité 
e  paix  avec  la  Prusse.  Le  roi  donnera  des  pleins  pouvoirs  à 
iardenberg  et  dans  huit  semaines  on  échangera  les  ratifica- 
ons. 

Le  roi  de  Prusse  s'engage  par  un  article  séparé  et  secret  à 
rocurer  au  roi  de  Danemark  en  indemnités  pour  la  Pomé- 
mie  la  valeur  réelle,  partie  en  territoire,  partie  en  argent 
aand  cette  Poméranie  lui  sera  remise.  Il  paraît  impossible 
écarter  le  comte  de  Hardenberg  de  cette  négociation  à  la- 
lelle  il  prétend  réussir  mieux  que  tout  autre.  Sa  commis- 
on  se  bornera  à  cet  objet. 

L'Empereur  Alexandre  n'a  nullement  plu  à  Londres. 

Etat  stationnaire  et  même  plutôt  inquiétant  des  affaires  de 
orvège. 

C'était  là  un  bruit  absolument  dénué  de  fondement. 
l.  La  reprise  du  pouvoir  par  Ferdinand  IV  s'était  opérée  sans  autre  inci- 
nt  que  quelques  cris  poussés  par  ses  partisans  et  par  ceux  qui  tenaient  au 
[itraire  pour  le  vicaire  général  du  Royaume,  le  prince  royal. 

Vraisemblablement  le  comte  Ernest-Auguste  de  Hardenberg  qui  repré- 
ita  avec  Miinster  le  Hanovre  au  Congrès. 

T.  1.  3 


34  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Vienne,  27  juillet  1814. 
42.  Berlin,  23  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

MINISTÈRE  PRUSSIEN  à  BORGIOVICH  (à  Gonstantinople) 
(intercepta)  (Analyse). 

Assurances  amicales  données  par  l'Autriche   et  les  autres 
Puissances  à  la  Turquie  pour  la  rassurer. 

On  lui  donne  l'ordre  de  savoir  si  la  Russie  en  a  fait  autai 
de  son  côté. 

On  s'est  déjà  occupé  de  la  Turquie  pendant  le  séjour  des 
souverains  à  Londres  et  on  en  reparlera  au  Congrès. 


I 


43.  Londres,  20  juillet, 1814  (F.  1.  ad  3565). 

ORLOFF  (1)  à  RAZOUMOFFSKY  (2)  (intercepta)  (Analyse). 

Mauvaises  nouvelles  de  France  où  la  démoralisation  est  à 
son  comble. 

«  Seul  un  Gouvernement  tyrannique  et  un  sceptre  de  fer 
peuvent  lui  convenir.  »  s 


44.  Copenhague,  23  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ROSENGRANZ  à  BERNSTORFF  (intercepta)  (Analyse). 
Affaires  du  Danemark  et  de  la  Suède. 


¥ 


Intervention  énergique  du  général  Steigent^ch  auprès  dû 
prince  Christian  sur  la  déclaration  duquel  on  ne  pouvait  comj^ 
ter... 

Les  Suédois  et  le  prince  royal  répugnent  à  faire  usage 
forces  considérables  dont  ils  disposent. 


1.  Orloff  (comte,  puis  prince  AJexis-Fedorovitch)  aide  de  camp  général 
l'Empereur. 

2.  Razoumoffsky  (André  Kyrillovitch)  (1752-1836).  Plénipotentiaire  de  Ri 
sic  au  Congrès  de  Vienne  et  à  Paris  lors  des  négociations  du  traité  du  20] 
vembre  1815. 


tu 

kl 

I 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        35 

Vienne,  28  juillet  1814. 
45.  Vienne,  27  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  GOLTZ  (intercepta  en  français). 

Envoi  d'un  courrier  à  Berlin.  La  question  de  Saxe  et  l'indemnité 
qu'on  veut  offrir  au  Roi. 

On  vient  d'envoyer  un  courrier  autrichien  à  Berlin.  Il  doit 
avoir  été  expédié  par  rapport  aux  alfaires  de  Saxe  et  contenir 
des  propositions  à  faire  à  ce  sujet  au  roi.  On  m'assure  que  la 
Cour  de  Vienne  désirerait  maintenant  voir  le  roi  de  Saxe  trou- 
ver une  indemnisation  de  son  royaume  dans  la  possession  des 
Légations  de  Ferrare  et  de  Bologne. 


Vienne,  31  juillet  1814. 
46.  Vienne,  30  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565  . 

HEGARDT  à  ENGESTRŒM  (intercepta  en  français)  (Analyse). 

L'Europe  reste  en  armes.  Préparatifs  militaires  de  Murât.  État  des  esprits 
en  Italie.  L'archiduc  Charles.  La  princesse  Elisabeth  de  Saxe  et  sa  tenta- 
tive de  voir  Alexandre  à  Leipzig. 

L'Autriche,  se  réglant  en  cela  sur  ce  que  font  les  autres 
Puissances,  ne  désarmera  pas  avant  l'arrangement  définitif 
des  affaires  de  TEurope. 

Murât  augmente  considérablement  son  armée. 

Mécontentement  croissant  en  Lombardie  contre  l'Autriche. 

Bruit  de  la  nomination  de  l'archiduc  Charles  aux  fonctions 
de  gouverneur  général  de  la  Lombardie  avec  Saurau  (1)  pour 
adjoint. 

1.  Saurau  (François,  comte  de)  (1760-1832).  Ambassadeur  à  Pétersbourg  en 
1801,  maréchal  des  Etals  d'Autriche  de  1803  à  1805,  commissaire  impérial  en 
Styrie,  Carniole  et  Carinthie  en  1806,  Gouverneur  général  de  la  Basse  et  de 
la  Haute-Autriche  en  1810,  chargé  en  1814  d'organiser  les  provinces  Illyrien- 
nes,  Gouverneur  de  la  Lombardie  et  ministre  de  l'armée  d'opération  contre 
Naples  en  1815.  Ambassadeur  à  Madrid  en  1817.  Ministre  de  l'Intérieur  en 
1818,  pendant  les  dernières  années  de  sa  vie  il  partagea  la  confiance  de  l'Em- 
pereur François  avec  Metternich 


36  AUTOUR    DU   CONGRÈS  DE  VIENNE 

On  dit  que  le  Département  des  finances  sera  donné  de  nou- 
veau au  comte  Wallis  (1). 

«  L'évasion  de  la  princesse  Elisabeth  de  Saxe  (2)  de  Berlin 
défraye  toutes  les  conversations.  Elle  est  venue  à  Leipzig  dans 
l'espoir  de  trouver  l'Empereur  de  Russie  et  de  tâcher  de  le 
prévenir  en  faveur  du  roi  de  Saxe.  Mais  elle  a  manqué  son 
but  n'ayant  pu  voir  Sa  Majesté.  » 


47.  Vienne,  30  juillet  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENGRANZ  (intercepta  en  français). 

Le  roi  de  Saxe  et  l'offre  des  Légations.  Les  espérances  de  Metternich  fon-      j 
dées  sur  son  entrevue  avec  Alexandre  à  Bruchsal.  Projets  qu'on  prête  à 
Alexandre. 

J'ai  trouvé  moyen  d'avérer  qu'en  effet  la  Cour  de  Vienne 
vient  de  faire  offrir  au  roi  de  Saxe  les  trois  Légations  pour 
prix  de  l'abdication  qu'on  lui  demande  et  que  jusqa'ici  il 
continue  à  refuser.  Je  ne  crois  pas  du  reste  qu'il  existe  là- 
dessus  aucun  arrangement  avec  le  Pape  et  je  doute  que,  s'il 
était  question  de  négocier  son  aveu,  on  le  trouvât  plus  cou- 
lant que  dans  des  cas  semblables  ce  respectable  prélat  ne  s'est 
montré  vis-à-vis  de  l'Empereur  Napoléon. 

Il  est  arrivé  ici,  il  y  a  quelques  jours,  un  courrier  de  Lon- 
dres. On  se  montre  très  content  des  dépêches  qu'il  a  apportées 
et  il  paraît  que  la  Cour  de  Vienne  compte  plus  que  jamais  sur 
l'appui  du  Gouvernement  britannique. 

Je  me  suis  aperçu  en  général  que  la  confiance,  avec  laquelle 
le  cabinet  autrichien  compte  porter  à   un  dénouement  satis- 

1.  Wallis  (Joseph,  comte)  (1768-1818)  Conseiller  intime,  Gouverneur  de  la 
Silésie   et  de  la  Moravie   sous  le  ministère  de  ïhugut,  président  de  la  ré- 
gence de  Bohème  en  1805.  Commissaire  général  en  1809,  Ministre  d'Etat  et 
des   Conférences,  grand   chancelier  aulique  de  Bohême,  Ilofkammer  Prâsi- ^ 
dent  (président  de  la  Chambre  des  finances,  ou  pour  mieux  dire  ministre  desÊ 
Finances)  à  la  mort  du  comte  O'Donell,  il  n'hésita  pas  à  réduire  au  cinquième^ 
le  papier-monnaie,  mais   n'en  dut  pas  moins  émettre  de  nouveaux   billets. 
Nommé    chef  suprême  des    tribunaux  de  justice,  il  abandonna   en    1816   les 
finances    au  comte  Stadion   et  mourut  le  19   novembre  1818    d'une  attaque 
d'apoplexie  foudroyante. 

2.  Cf.  Pièce  50.  Bernstorff  à  Rosencranz.  Vienne,  3  août  1814.  La  princesse 
Elisabeth  de  Saxe  était  la  tante  du  roi. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET   LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        37 

faisant  la  nouvelle  crise  qui  se  prépare,  va  sensiblement  en 
augmentant.  Les  espérances  du  prince  de  Metternich  à  cet 
égard  paraissent  se  fonder  en  grande  partie  sur  la  disposition 
d'esprit  où  il  a  trouvé  TEmpereur  de  Russie  à  Bruchsal.  On 
assure  que  ce  souverain  s'y  est  montré  très  fâché  et  déconte- 
nancé et  que  tous  les  indices  se  sont  accordés  à  faire  voir 
qu'après  avoir  quitté  l'Angleterre,  où  il  a  laissé  le  Prince  Ré- 
gent et  le  Ministère  fort  indisposés  contre  lui,  il  n'a  pu  s'em- 
pêcher de  reconnaître  jusqu'à  un  certain  point  la  légèreté  et 
l'inconséquence  de  sa  conduite.  On  se  flatte  que  l'impression 
qui  lui  en  restera  étendra  ses  effets  plus  loin  et  on  se  promet 
peut-être  trop  légèrement  d'en  tirer  bon  parti  pour  les  négo- 
ciations importantes  qui  restent  à  terminer. 

On  va  jusqu'à  me  faire  entendre  que  le  changement  sur- 
venu, ou  supposé,  dans  les  idées  de  l'Empereur  Alexandre  ne 
saura  manquer  de  produire  bientôt  un  effet  avantageux  à  nos 
intérêts  et  que  l'on  peut  dès  à  présent  se  promettre  pour  l'Eu- 
rope entière  une  tendance  générale  vers  le  maintien  ou  le  ré- 
tablissement des  autorités  anciennes  et  légitimes. 


48.  Vienne,  30  juillet  1819  (F.  1  ad  3565). 

STEIiNLEIN  (1)  au  ROI  DE  BAVIÈRE  {intercepta  en  français). 

On  ignore  ce  que  seront  les  conférences  préliminaires.  On  n'a  que  des  don- 
nées vagues  sur  les  projets  de  constitution  de  l'Allemagne.  On  est  fort  in- 
quiet au  sujet  de  la  Saxe.  On  parle  d'indemnité  offerte  au  roi. 

On  se  perd  en  conjectures  sur  les  conférences  préliminaires 
du  Congrès  qui  doivent  commencer  le  10  septembre.  On  croit 
qu'il  n'y  aura  que  les  ministres  des  grandes  puissances  qui  y 
seront  admis  et  qu'on  ne  communiquera  aux  autres  que  ce  qui 
les  regarde  spécialement. 

Sur  la  Constitution  future  de  l'Allemagne  il  y  a  bien  des 
bruits  vagues.  On  prétend  qu'on  proposera  sûrement  la  cou- 
ronne impériale  à  la  Maison  d'Autriche  sous  des  conditions 
compatibles  avec  la  souveraineté  des  Etats.  On  parle  à  ce  su- 
jet de  deux  Directoires,  dont  l'un  serait  composé  par  l'Autri- 
che, la  Prusse,  le  Hanovre  et  la  Bavière. 

1.  Conseiller  de  la  Légation  de  Bavière  à  Vienne. 


38  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Quant  à  la  Saxe,  on  est  dans  les  plus  vives  inquiétudes.  Quoi- 
que TEmpereur  (d'Autriche)  ait  promis  de  nouveau  au  prince 
Antoine  (1)  qu'il  fera  tout  son  possible  pour  conserver  la  Saxe, 
on  prétend  cependant  savoir  que  les  négociations  ne  prennent 
pas  une  tournure  avantageuse.  On  parle  déjà  des  indemnités 
pour  la  famille  royale  et  on  indique  à  cet  effet  entre  autres  les 
trois  Légations  en  Italie,  En  attendant,  le  pape  ne  se  prêtera 
pas  facilement  aux  cessions.  Le  choix  des  ministres,  le  Cardi- 
nal Consalvi  (2)  et  Mgr  Délia  Genga  (3),  prouve  qu'il  se  pré- 
pare à  en  parler  avec  cette  fermeté  qui  lui  a  fait  cette  grande 
réputation  dans  les  derniers  temps. 

La  Nonce  (4)  m'a  dit  il  y  a  peu  de  jours  :  «  Il  faut  revenir  à 
l'ancien  état  de  choses.  Nous  sommes  très  pauvres,  mais  nous 
ferons  cependant  notre  possible  pour  la  religion  et  l'éduca- 
tion. » 


2  août  1814. 
49.      s.  1.  26  juillet  1814  (F.  1.   ad  3565). 

ENGESTROEM  à  HEGARDT  (à  Vienne)  {intercepta  en  allemand). 

(Analyse). 

Gravité  de  la  situation.  Les  exigences  du  prince  Christian. 
Dernières  tentatives  de  conciliation  et  les  articles  du  Beobachter . 

Arrivée  du  roi  le  20  au  soir,  de  la  reine  le  24.  Impossibi- 
lité d'accepter  les  propositions  du  prince  Christian  tendant  à 
une  renonciation  à  la  Norvège.  Ordre  donné  à  l'armée  sué- 
doise de  commencer  les  hostilités.  Les  quatre  commissaires 
tentent  aujourd  hui  une  dernière  démarche  auprès  du  prince 
Christian  (5). 

1.  Frère  du  roi  de  Saxe  auquel  il  succéda  en  1321  et  beau-frère  de  l'Empe- 
reur François  dont  il  avait  épousé  la  sœur  aînée,  Marie-Thérèse. 

2.  Consalvi  (cardinal)  (1757-1824).  Secrétaire  d'Etat  de  Sa  Sainteté  le  Pape 
et  plénipotentiaire  de  Pie  Vil  au  Congrès  de  Vienne. 

3.  Délia  Genga  (Annibal,  Mgr)  (1760-1829)  Pape  de  1323  à  1829  sous  le  nom 
de  Léon  XIl.  Envoyé  à  Paris  un  peu  avant  Consalvi,  il  y  tomba  malade  et 
était  encore  fort  souffrant  au  mois  d'octobre  1814. 

4.  Severoli  (Mgr)  Nonce  apostolique  à  Vienne  depuis  1802.  Il  n'en  partit 
qu'en  1817  lorsqu'il  eut  obtenu  la  pourpre  cardinalice. 

5.  Fils   du  prince   Frédéric   de  Danemark  et   cousin    du  roi  Frédéric    VI 
(fils  et  successeur  de  Christian  VII,  né  en  1768,  régent  en  1785,  roi  en  18 
auquel  il  succéda  en  1839  sous  le  nom  de  Christian  VlII.  Gouverneur  de 


ir 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS   39 

Ordre  de  rectifier  ce  qui  a  paru  dans  le  Beobachter  du  7 
v[  du  9  (1)  à  propos  du  prince  royal  (Bernadotte)  et  de  sa 
femme,  de  la  conscription  et  du  mécontentement  de  la  no- 
blesse en  Suède. 


,50.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  {intercepta  en  français) 
{Analyse). 

^'Autriche  profitant  de  l'éloignement  d'Alexandre  essaye  de  se  rapprocher  de 
la  Prusse.  Instructions  données  à  cet  effet  au  comte  Zichy.  Les  indemnités 
à  offrir  au  roi  de  Saxe.  La  princesse  Elisabeth  de  Saxe  et  Alexandre.  Le 
duc  de  Saxe-VVeimar  refuse  de  paz'ticiper  au  partage  de  la  Saxe. 

Il  va  à  Baden  tant  pour  se  rétablir  que  pour  se  renseigner 
d'autant  mieux  que  le  prince  de  Metternich  est,  lui  aussi,  sur 
e  point  de  s'y  rendre  et  lui  a  «  promis  l'accès  le  plus  libre 
uprès  de  lui  ». 

«  Une  conversation  confidentielle  que  je  viens  d'avoir  avec 
e  prince  de  Metternich  m"a  fourni  de  nouvelles  preuves  que  la 
Heur  de  Vienne  est  en  ce  moment  un  peu  plus  contente  de  la 
i*russe,  qu'elle  met  tous  ses  soins  à  se  rapprocher  de  cette 
missance  et  qu'elle  a  jugé  devoir  mettre  à  profit  la  suspen- 
(ion  des  négociations  et  Téloignement  de  l'Empereur  Alexan- 
Ire  pour  combattre  en  attendant  à  Berlin  l'ascendant  trop 
prépondérant  que  ce  souverain  s'est  arrogé  sur  les  résolutions 
jI  la  inarche  de  la  Cour  de  Prusse.  » 


Norvège,  dont  il  fut  même  proclamé  régent,  il  essaya  en  vain  de  s'opposer 
lUX  volontés  des  alliés.  Par  la  convention  de  Moss  (14  août)  la  Norvège  fit  sa 
oumission  et  le  4  novembre,  moyennant  le  maintien  de  sa  constitution  et 
le  son  autonomie,  elle  accepta  pour  souverain  Charles  Xlll  roi  de  Suède. 
Christian  Vlll  régna  sur  le  Danemark  de  1839  à  1848. 
l.  D'après  un  article  publié  par  le  Beobachter  du  7  juillet  et  tiré  d'une 
orrespondance  de  Copenhague  de  VAllgemeine  Zeitung  du  7  juin,  on  parlait 
iu  prochain  mariage  de  Bernadotte  avec  une  Française  de  sang  royal  et  d« 
ion  divorce  avec  sa  femme  qui  resterait  en  France  et  y  vivrait  sous  le  nom 
le  comtesse  de  Gothland.  Le  numéro  du  9  juillet  empruntait  à  ce  même  jour- 
lal  une  autre  correspondance  de  Copenhague  en  date  du  14  juin  attribuante 
bernadotte  le  projet  de  lever  les  jeunes  gens  de  16  à  20  ans,  mesure  qui  au- 
ait  provoqué  un  mécontentement  général  et  augmenté  encore  celui  de  la  no- 
îlesse  déjà  fort  hostile  à  l'annexion  de  la  Norvège. 


40  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Il  paraît  que  le  comte  Zichy  (1)  est  instruit  à  cet  effet  d'en- 
trer dans  des  explications  avec  le  prince  de  Hardenberg. 

J'ai  de  nouveau  lieu  de  croire  que  l'idée  de  dédommager  le 
roi  de  Saxe  par  les  trois  Légations  ne  sera  de  nouveau  mise  en 
avant  qu'après  que  tous  les  moyens  de  détourner  le  roi  de 
Prusse  de  l'agrandissement  projeté  auront  été  épuisés. 

Les  amis  de  la  Saxe  se  promettent  peut-être  trop  légère- 
ment des  effets  avantageux  d'un  entretien  que  la  princesse  de 
Saxe  a  su  se  ménager  avec  l'Empereur  de  Russie  à  Leipzig. 

Le  duc  de  Weimar  a  fermement  refusé  de  partager  les  dé- 
pouilles de  la  Saxe  ou  de  renoncer,  à  quelque  prix  que  ce  fût, 
à  ses  droits  éventuels. 


51.  Vienne,  3  août  1814  (F.   1.  ad  3565). 

COMTE  DE  HARDENBERG  à  MUNSTER  (2)  (à  Londres) 
(intercepta  en  français). 

Ce  qu'il  a  fait  à  Francfort.  Sa  réconciliation  avec  Stein.  Solms-Laubach,  Les 
affaires  d'Allemagne.  Alexandre  et  les  princes  allemands.  Metternich  invi- 
sible. L'importance  de  Gentz. 

Il  commence  par  lui  rappeler  qu'il  lui  a  écrit  quatre  lettres 
de  Douvres,  Calais  et  Paris  ;  qu'il  est  parti  le  19  juillet  de 
Paris  et  qu'il  est  arrivé  le  28  à  Vienne,  venant  de  Francfort. 

«  Les  deux  jours  que  j'ai  passés  à  Francfort  n'ont  pas  été 
absolument  perdus,  puisque  j'y  ai  fait  complètement  ma  paix 
avec  Stein,  et  après  tout,  j'aime  mieux  être  bien  que  mal  avec 
lui.  Mais  aussi  il  n'a  guère  été  question  du  passé  entre  nous, 

1.  Comte  Etienne  Zichy  ministre  d'Autriche  à  Berlin  (Cf.  Haus,  Hof,und 
Slaais  Archiv.  Metternich  à  Zichy,  Vienne,  1"  août  1814).  Zichy  de  Vaso- 
nykeo  (Etienne,  comte)  (1780-1853),  entré  fort  jeune  dans  la  diplomatie,  mi- 
nistre à  Di'esde  en  1805,  à  Berlin  de  1810  à  1827,  assista  aux  Congrès  d'Aix- 
la-Chapelle,  Troppau,  Laibach  et  Vérone.  Très  lié  avec  Hardenberg  et 
Bliicher  et  fort  apprécié  par  Frédéric-Guillaume  III,  ambassadeur  à  Péters- 
bourg  de  1827  à  1839,  époque  à  laquelle  il  prit  sa  retraite  et  quitta  la  car- 
rière. 

2.  Miinster  (Ernest-Frédéric-Hubert,  comte  de)  né  à  Osnabriick  en  1766, 
mort  en  1839,  contribua  puissamment,  comme  envoyé  de  l'électeur  de  Hano- 
vre, roi  d'Angleterre,  à  former  plusieurs  coalitions  contre  la  France.  Repré- 
sentant du  Hanovre  au  Congrès  de  Vienne,ilenfut  ensuite  le  véritable  régent. 
Il  épousa  le  7  novembre  1814  Wilhelmine-Charlotte,  comtesse  de  la  Lippe 
(sœur  du  duc  de  Lippe-Schaumburg)  née  en  17S3. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        41 

mais  uniquement  de  l'Allemagne.  Stein  avait  vu  l'empereur 
Alexandre  à  Bruchsal  et  lui  avait  remis  sur  cet  objet  une 
lettre  qu'il  m'a  communiquée  et  qu'il  m'a  dit  avoir  été  fort 
bien  reçue.  En  général,  il  donne  beaucoup  d'espoir  de  ce 
côté-là. 

J'aurais  beaucoup  désiré  trouver  Solms  (1)  à  Francfort;  mais 
il  était  à  Laubach  et  je  ne  le  verrai  qu'ici  où  il  se  rendra  en 
même  temps  que  Stein.  Celui-ci  y  viendra  dans  la  première 
moitié  de  septembre  et  il  s'est  beaucoup  enquis  du  temps  où 
vous  y  viendrez.  Il  prêche  beaucoup  de  fermeté  dans  les  affaires 
de  l'Allemagne  et  compte  se  faire  escorter  par  une  phalange 
entière  d'élèves  pour  qu'on  y  crie  contre  les  abus  actuels.  An- 
noncez, je  vous  prie,  le  grand  événement  de  la  pacification 
entre  Stein  et  moi  à  sa  protectrice,  M""  Orlofî  (2),  en  me  met- 
tant à  ses  pieds. 

Comme  preuve  que  les  petits  souverains  allemands  ne  sont 
pas  trop  appuyés  par  l'Empereur  de  Russie,  Stein  m'a  confié 
que  l'Impératrice  douairière  de  Russie  (3)  s'était  plainte  à  lui, 
que  l'Empereur  s'en  tenait  toujours  aux  promesses  sans  jamais 
rien  articuler  de  positif. 

Le  prince  de  Metternich  est  tellement  absorbé  par  tout  ce 
qu'il  a  sur  les  bras  depuis  son  retour  qu'il  est  impossible  de 
le  fixer  longtemps.  Aussi,  je  me  propose  principalement  de 
travailler  Gentz,  qui  aura  de  l'influence  dans  les  affaires  d'Al- 
lemagne et  sera  vraisemblablement  chargé  de  les  traiter  au 
Congrès  (4). 

Je  ne  puis  assez  réitérer  combien  cet  homme  pourra  être 
utile  à  l'avenir.  Surtout  comme  Binder  (5)  ne  restera  probable- 


1.  Solms-Laubach  (comte  de)  un  des  médiatisés,  ci-devaut  membre  du 
Reichshofrat,  collaborateur  et  satellite  de  Stein. 

2.  Orlofî  (Anna  Ivanowna  comtesse)  (1777-1824),  née  comtesse  SoltykolT, 
femme  du  comte  Grégoire  Wadimirovitch  Orlofî,  sénateur,  auteur  d'une 
histoire  du  royaume  de  Naples,  mort  en  1826.  (Cf.  pour  la  comtesse  Orlofî 
et  Stein.  Arndt.  Meine  Wanderungen  und  Wandliingen  mil  Freiherrn  von 
Stein,  pages  72  et  suivantes.) 

3.  Marie  Feodorowna,  Impératrice  douairière  de  Russie,  veuve  de  Paul  I", 
née  princesse  Dorothée  de  Wurtemberg,  fille  du  duc  Frédéric-Eugène  de 
Wurtemberg,  prince  de  Montbéliard  et  de  Fredericke-Dorothée-Sophie  de 
Brandenburg-Schwedt,  née  en  1759,  morte  en  1828. 

4.  Ce  fut  Wessenberg  et  non  pas  Gentz  qui  fut  chargé  des  affaires  de  l'Al- 
lemagne. 

5.  Binder  von  Kriegelstein  (François,  baron)  (1775-1855),  ministre  d'Autri- 
che à  Stuttgart,  un  des  favoris  de  Metternich  qui  l'appela  à  Vienne  dans  l'inten- 
tion d'en  faire  un  de  ses  collaborateurs  intimes  pendant  la  durée  du  Congrès. 


42  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

ment  pas  à  la  Chancellerie  d'Etat,  je  vous  prie  de  prendre  cela 
en  mûre  considération.  » 


52.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

COMTE  DE  HARDENBERG  à  MUNSTER 

{intercepta  en  français). 

Metternich  el  la  réception  du  Corps  diplomatique.  L'Italie.  Schwarzeiiberg. 
Bellegarde.  Langenau.  Radetzky.  L'archiduc  Charles,  le  Gouvernement 
général  de  l'Italie,  son  mariage  projeté  avec  la  graude-duchesse  Catherine 
et  la  mission  du  général  Koller. 

Metternich  a,  dès  son  retour,  reçu  le  Corps  diplomatique  et 
a  fait  à  ses  Membres  un  exposé  de  la  situation,  mais  sans  rien 
préciser  et  sans  insister  sur  aucun  point.  Wessenberg  a  remis 
un  rapport  sur  l'état  des  affaires  en  Italie,  qu'on  a  trouvé  ras- 
surant et  l'Empereur  a  fait  connaître  aux  députations  venues 
de  l'autre  côté  des  Alpes  qu'il  avait  l'intention  de  faire  un 
voyage  dans  leur  pays. 

Au  grand  contentement  de  tous,  Schwarzenberg  a  remplacé 
à  la  présidence  du  Conseil  aulique  de  guerre  Bellegarde,  qui 
est  destiné  à  rester  en  Italie,  et  le  général  Langenau  a  pris  la 
direction  de  Fétat-major  général  à  la  place  de  Radetzky  (1). 

On  ne  peut  cependant  pas  cacher  le  grand  mécontentement 
qui  règne  en  Italie  et  qui  est  entretenu  soigneusement  par  des 
menées  de  toutes  espèces.  On  y  dépense  cependant  beaucoup 
d'argent,  mais  de  riches  Italiens  s'imposent  les  plus  grands 
sacrifices  pour  entretenir  une  agitation  dont  ils  comptent  tirer 
parti. 

La  nomination  future  de  l'archiduc  Charles  au  Gouverne- 
ment général  de  l'Italie  autrichienne,  dont  le  point  central  et 
le  siège  seraient  Milan, est  vraiment  désirée  ici  comme  le  seul 
moyen  de  mettre  un  ensemble  dans  Tadministration  de  ce  pays 
et  de  le  soustraire  au  Gouvernement  direct  et  un  peu  brusque 
des  autres  provinces  de  la  Monarchie.  Il  est  probable   encore 

1.  Radetzky  (Jean- Joseph- Winceslas-Antoine- François-Charles,  comte) 
(1766-1358)  feld-maréchal  en  1336,  chef  d'état-major  de  Schwarzenberg  pen- 
dant les  campagnes  de  1812-1814,  le  vainqueur  de  Novare  le  23  mars  1849.11 
ne  prit  sa  retraite  que  le  28  février  1857,  moins  d'un  an  avant  sa  mort  surve- 
nue le  25  janvier  1858. 


I 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        43 

que  cette  nomination  se  fera,  surtout  si  le  mariage  de  ce  prince 
avec  la  grande-duchesse  Catherine  a  lieu.  La  grande-duchesse 
le  désire  toujours  vivement  et  cette  alliance  ne  trouvera  au- 
cune entrave  ici  ;  mais  l'Empereur  Alexandre  diffère  encore  son 
assentiment,  sous  prétexte  de  désirer  préalablement  consulter 
l'Impératrice  mère.  La  véritable  raison,  pourquoi  l'Empereur 
ne  s'explique  pas,  pourrait  bien  être  qu'il  voudrait  attendre 
les  résultats  du  Congrès  de  Vienne. 

Pour  cultiver  au  moins  autant  que  possible  ses  rapports 
avec  ce  souverain,  la  Cour  de  Vienne,  qui  en  ce  moment  n*a 
pas  de  ministre  accrédité  à  Saint-Pétersbourg,  va  y  envoyer 
le  général  Koller  (1)  particulièrement  bien  vu  de  la  grande-du- 
chesse Catherine  et  fort  goûté  aussi  par  l'Empereur  lui-même. 
Oncompte  envoyer  le  général  sous  prétexte  de  devoir  prendre  à 
Saint-Pétersbourg  des  arrangements  nécessaires  pour  le  voyage 
de  Sa  Majesté  l'Empereur  à  Vienne. 


53.  Vienne  3  août  1814  (F.  1.  ad  3561). 

BRAUN  à  L...  (à  Darmstadt),  {intercepta  en  français). 

L'Angleterre  décidée  à  s'opposer  aux  visées  de  la  Russie  sur  la  Pologne. 

Un  courrier,  expédié  par  le  Ministre  d'Autriche  à  Londres, 
apporte  des  nouvelles  dont  on  est  très  satisfait.  11  paraît  que 
r  Angle  terre  reconnaît  la  nécessité  de  dissuader  la  Russie  de 
ses  vues  sur  le  Duché  de  Varsovie  qui  sont  contraires  à  la 
tranquillité  de  l'Europe.  J'en  conclus  que  plus  que  jamais  il 
ne  pourra  y  avoir  beaucoup  de  cordialité  dans  l'accueil  que 
les  deux  Empereurs  se  feront  à  Vienne. 


1.  Général  autrichien,  l'un  des  commissaires  désignés  par  les  alliés  pour 
accompagner  Napoléon  jusqu'à  l'île  d'Elbe,  mort  à  Naples  en  1828.  Le  fcld- 
maréchal  lieutenant  Koller  arriva  en  effet  à  Saint-Pétersbourg  le  3  septembre. 
Cf.  FouBNiER.  Historische  Studien  und  Skizzen  2'*  Reihe.  Ziir  Vorgeschichte 
des  Wiener  Kongresses,  p.  323-328.  Koller  à  Metternich.  Saint-Pétersbourg, 
8  septembre  1814. 


44  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

54.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1  ad  3565). 

GENTZ  à  KARADJA  (1)  [intercepta  en  français)  (Analyse). 

Naples,  Murât,  la  France  et  l'Espagne,  l'Angleterre  et  l'Autriche.  On  ignore 
les  projets  actuels  d'Alexandre  sur  la  Pologne.  Mémoire  de  Pozzo  de  Borgo 
contre  le  rétablissement  de  la  Pologne. 

Influence  qu'exercent  sur  les  affaires  d'Italie  et  en  particu- 
lier sur  celles  de  Naples,  les  nouvelles  liaisons  entre  l'Espagne 
et  la  France  et  leur  refus  de  reconnaître  Murât.  Attitude 
peu  bienveillante  de  l'Angleterre  à  l'égard  de  Murât  et  rappel 
de  l'envoyé  russe  à  Naples.  Murât  n'a  plus  d'autre  soutien 
que  l'Autriche.  Sa  situation  vis-à-vis  d'elle  pourrait  changer 
si  réellement  il  a  entretenu  une  correspondance  secrète  avec 
le  vice-roi  après  avoir  signé  le  traité  avec  l'Autriche.  Diffi- 
culté résultant  de  la  Constitution  donnée  par  les  Anglais  à  la 
Sicile  d'après  laquelle  la  Sicile  et  Naples  ne  peuvent  plus  être 
gouvernées  par  le  même  prince... 

«  Depuis  qu'Alexandre  a  quitté  l'Allemagne  nous  n'avons 
plus  de  nouvelles  de  lui.  Les  opinions  sont  partagées  sur  l'ef- 
fet que  produira  son  voyage  en  Russie  relativement  au  projet 
de  Pologne.  Les  uns  croient  que  le  mécontentement  qu'il  a 
causé  en  Russie  en  détournera  l'Empereur  Alexandre. 

«  D'autres  croient  que  pour  le  faire  renoncer  à  son  idée  il  ne 
faudrait  rien  moins  qu'une  opposition  vigoureuse  des  puissan- 
ces intéressées.  Le  délai,  auquel  il  a  consenti,  prouve  que  ses 
projets  n'étaient  rien  moins  que  mûrs  et  j'en  ai  acquis  de  nou- 
velles preuves.  Je  sais  entre  autres  qu'un  des  hommes  dont  il 
fait  le  plus  grand  cas,  le  général  Pozzo  di  Borgo,  vient  de  lui 
adresser  un  mémoire  extrêmement  fort  dans  lequel  il  a  exposé 
tous  les  inconvénients  qu'un  rétablissement  quelconque  de  la 
Pologne,  et  surtout  celui  dont  l'Empereur  s'occupe,  entraîne- 
rait infailliblement  pour  la  Russie.  D'un  autre  côté,  les  Polo- 
nais sont  consternés  de  la  résolution  de  l'Empereur  de  ne  pas 
toucher  Varsovie  pendant  son  voyage. 

«  Le  général  Lubiansky  (2),  qui  a  vu  l'Empereur  Alexandre  à 

1.  Cette  dépêche,  dont  nous  ne  donnons  ici  que  l'analyse  faite  par  le  Cabi- 
net noir,  n'a  été  publiée  ni  par  Prokesch  Osten  ni  par  Klinkowstrœm. 

2.  Ne  s'agirait-il  pas  ici  de  Lubianski  (Thomas)  (1784-1870)  chef  d'escadron 
aux  chevau-légers  de  la  garde.  Général  de  brigade  en  1813,  général  de  divi- 
sion en  1831,  commandant  en  chef  de  l'armée  polonaise  le  17  avril  1831. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        45 

Paris,  a  assuré  en  passant  par  Vienne  qu'il  n'a  donné  que  des 
promesses  vagues.  Cependant  la  majorité  des  Polonais  s'ex- 
tasie au  seul  nom  de  royaume  de  Pologne  et  il  est  certain  que 
les  complices  de  ce  plan,  le  prince  Adam  Czartoryski  et  le 
prince  Antoine  Radziwill,  assistés  par  la  Harpe  et  quelques 
autres  philanthropes  du  même  bord  remueront  ciel  et  terre 
pour  le  faire  triompher.  » 


55.  Vienne,  3  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ   au    COMTE  CLAM  (à  Prague)  {intercepta  en  allemand) 

{Analyse) 

Son  admiration  pour  le  compte  rendu  du  ministre  des  Fi- 
nances en  France  publié  par  le  Moniteur  du  23  juillet  (1). 

Gentz  trouve  simplement  merveilleux  ce  que  le  ministre  a 
pu  faire. 


Vienne,  7  août  1814. 
56.  Vienne,  6  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

PIQUOT  à  GOLTZ  {intercepta  français). 

Changement  dans  le  personnel  de  la  chancellerie  d'Etat. 
Les  archiducs  désignés  pour   aller  au-devant  des  souverains. 

Changement  prochain  à  la  chancellerie  d'Etat.  Le  baron  Bin- 
der,  autrefois  ministre  d'Autriche  à  Stuttgart,  a  été  nommé  pour 
assister  Metternich  dans  les  travaux  du  Congrès  et  le  comte 
de  Mercy,  du  département  des  Finances,  sera  nommé  conseil- 
ler aulique  à  la  Chancellerie  et  fera  fonction  de  secrétaire  du 
Congrès. 

L'Empereur  aurait,  affirme -t-on,  désigné  l'archiduc  Palatin 
pour    aller    au-devant  de  l'Empereur   Alexandre,  l'archiduc 

1.  Baron  Louis  (1770-1739).  Le  budget  fut  présenté  à  la  Chambre  le  22  juil- 
let. Cf.  pour  l'impression  produite  par  le  rapport  du  baron  Louis,  Pozzo  di 
Borgo  à  Nesselrode  Paris,  13-25  juillet  1814.  Dépêche  n"  35  (Correspondance 
de  Pozzo  di  Borgo  et  de  Nesselrode,  I.  32). 


46  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE   VIENNE 

Charles,  du  roi  de  Prusse,  l'archiduc  Jean,  du  roi  de  Bavière, 
Tarchiduc  Antoine,  du  roi  de  Wurtemberg.  L*Empereur  en 
personne  irait  à  la  rencontre  des  souverains  de  Russie  et  de 
Prusse  jusqu'à  Brûnn  et  l'Impératrice  recevrait  à  Linz  l'Im- 
pératrice de  Russie. 


57.  Vienne,  6  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 


58.  Vienne,  6  août  1814  (F.  1.  ad  3565), 

STEINLEIN  au  ROI  DE  BAVIÈRE  {intercepta  en  français) 
(Analyse  du  Cabinet  noir). 

Venue  à  Vienne  du  grand-duc  de  Bade.  La  mission  du  duc  de  Rocca  Roman 
envoyé  à  Vienne  par  Murât.  L'Autriche  et  le  refus  du  roi  de  Saxe  d'accep 
ter  des  compensations.  Quelle  sera  la  formule  du  Congrès  ? 

Metternich  a  dit  que  la  présence  à  Vienne  des  souverains 
faciliterait  tellement  les  négociations  que  le  Congrès  sera  vrai- 
semblablement terminé  à  la  fin  de  novembre. 

On  a  consenti  à  se  rendre  au  désir  du  grand-duc  de  Bade 
mais  on  ne  sait  encore  où  il  logera. 

Sur  l'affaire  du  Brisgau,  Metternich  n'a  pas  voulu  s'expli- 
quer, mais  il  a  été  enchanté  de  la  nouvelle  que  l'arrivée  des 
députés  de  Fribourg,  dont  on  avait  souvent  parlé  ici,  n'a  pas 
eu  lieu. 


BRAUN  à  L...,  (à  Darmstadt)  (intercepta  en  allemand)  (Analyse)     - 

Opposition  des  cabinets  de  Paris  et  de  Londres  aux  projets  de  la  Russie  | 
François  I"  refuse  à  Marie-Louise  l'autorisation  de  se  rendre  de  suite  à  j 
Parme.  ft 

Opposition  que  rencontrent  à  Paris  et  à  Londres  les  visées 
ambitieuses  de  la  Russie. 

Marie-Louise  aurait  marqué  à  l'Empereur,  son  père,  son  désir 
de  se  rendre  à  Parme  avec  son  fils,  L'Empereur  s'y  est  refusé 
et  Metternich  lui  a  écrit  pour  lui  faire  savoir  qu'elle  ne  pour- 
rait s'y  transporter  qu'après  la  décision  finale  du  Congrès. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        47 

Le  roi  de  Naplesa  envoyé  ici  le  duc  deRocca  Romana  (l)pour 
complimenter  l'Empereur  sur  son  retour  dans  son  pays.  On 
suppose  qu'il  fait  tout  cela  pour  gagner  cette  Cour  qui  paraît 
être  son  seul  appui.  En  outre  le  cabinet  de  Vienne  n'a  rien 
changé  jusqu'ici  dans  sa  décision,  mais  on  observe  bien  qu'il 
se  forme  une  ligue  forte  et  puissante  contre  cette  nouvelle 
dynastie. 

Quant  à  la  Saxe,  le  roi  a  refusé  les  indemnisations  et  la  Cour 
de  Vienne  se  trouve  dans  la  situation  pénible,  ou  de  sacrifier 
ses  intérêts  les  plus  chers  pour  gagner  la  Prusse,  ou  de  cou- 
rir le  risque  d'une  nouvelle  lutte.  Tout  semble  indiquer,  et 
l'Empereur,  prétend-on,  a  même  déclaré,  que  ce  cabinet  ne  fera 
pas  la  guerre  pour  la  conservation  de  la  Saxe... 

Binder  a  refusé  la  charge  de  conseiller  d'Etat,  mais  il  sera 
ud lattis  du.  minisire  des  Affaires  Etrangères  durant  le  Congrès. 

La  forme  du  Congrès  est  encore  douteuse.  On  croit  que  tout 
se  fera  en  délibérations  particulières. 


59.  Vienne,  6  août  1814  (F.  I.  ad  3565). 

GENTZ  à  KARADJA  (intercepta  en  français) 
(Analyse  du  Cabinet  noir). 

Bruits  relatifs  au  voyage  de  Marie-Louise  à  Aix.  Les  prétentions  de  la  Keine 
d'Etrurie  sur  Parme.  L'itinéraire  de  Castlereagh  (2)  et  l'arrivée  de  lord 
Aberdeen . 

On  a  beaucoup  parlé  du  mauvais  effet  que  le  voyage  de 
Marie-Louise  aux  bains  d'Aix  en  Savoie  doit  avoir  causé  à 
Paris,  de  l'ombrage  que  la  Cour  de  Russie  en  aurait  pris,  du 
but  secret  de  ce  voyage  qui  n'aurait  été  rien  moins  qu'une 
entrevue  avec  Napoléon  à  l'Ile  d'Elbe.  Les  journaux  anglais 
ont  enflé  et  brodé  ces  bruits  et  en  ont  même  pris  acte  pour 

l.Luzio  Garracciolo,  duc  de  Rocca  Romana,  grand-écuyer  de  Murât.  Chargé 
de  remettre  à  François  I"  une  lettre  de  Joachim  en  date  de  Naples  18  juillet, 
Rocca  Romana  arriva  à  Vienne  le  30  juillet. 

2.  Bien  que  la  plus  grande  partie  de  cette  dépêche  ait  été  publiée  en  alle- 
mand par  Klinkowstrœm  (pages  399-400),  j'ai  cru  intéressant  d'en  donner 
ici  le  texte  original  français,  tel  qu'il  a  été  transmis  par  le  Cabinet  noir, 
•d'autant  plus  que  les  deux  derniers  paragraphes  relatifs  à  lord  Castlereagh 
et  à  lord  Aberdeen  ne  figurent  pas  dans  le  livre  de  Klinkowstrœm. 


48  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

supposer  je  ne  sais  quelle  intelligence  secrète  entre  la  Cour  de 
Vienne  et  Napoléon.  Ils  ont  relevé  surtout  l'histoire  d'une 
compagnie  de  lanciers  envoyés  par  Napoléon  pour  escorter  son 
épouse  et  la  conduire  au  lieu  de  son  exil. 

La  vérité  de  tout  ceci  est  que  l'Impératrice  Marie-Louise 
s'est  rendue  aux  eaux  d'Aix  en  Savoie  d'après  l'avis  de  ses 
médecins  et  avec  le  plein  consentement  de  l'Empereur, son  père  ; 
que  celui-ci  s'en  est  expliqué  avec  le  roi  de  France  dans  des 
termes  qui  n'ont  pas  pu  susciter  Tombre  d'un  soupçon  ;  que 
Napoléon  a  été  si  mal  instruit  de  ce  qui  se  passait  à  Vienne 
et  des  projets  de  son  épouse  qu'il  a  cru  qu'elle  se  rendait  à 
Parme  et  qu'il  a  envoyé,  en  effet,  une  trentaine  de  lanciers  dans 
cette  ville  pour  lui  servir  de  gardes,  lesquels  ont  été  immédia- 
tement renvoyés  par  la  Commission  autrichienne,  chargée  du 
gouvernement  provisoire  de  Parme  ;  enfin  que  l'Impératrice 
Marie-Louise  a  laissé  son  fils  à  Vienne,  a  pris  le  chemin  le 
plus  court  par  le  Tyrol  et  la  Suisse  et  a  été  reçue  à  Aix  par 
le  général  autrichien  comte  de  Neipperg,  chargé  de  lui  tenir 
compagnie  pendant  son  séjour,  et  qu'après  la  saison  des  bains 
elle  retournera  se  distraire  à  Vienne  pour  y  résider  jusqu'à  la 
décision  finale  de  la  seule  affaire  politique  qui  puisse  encore 
la  regarder  et  qui  est  celle  de  son  établissement  dans  les  du- 
chés de  Parme  et  de  Plaisance. 

Il  s'agit  encore  de  discuter  les  objections  que  la  reine  d'Etru- 
rie,  sœur  du  roi  d'Espagne,  a  fait  entendre  contre  cet  arran- 
gement au  nom  de  son  fils.  D'après  l'ancien  ordre  des  choses, 
ce  fils  eût  été  l'héritier  indiscutable  de  ces  duchés  ;  mais  la 
cession,  que  son  grand-père  a  faite  de  ces  duchés  au  Gouver- 
nement français,  était  formelle,  garantie  par  la  Cour  d'Espagne 
et  par  conséquent  irrévocable.  A  moins  que  l'Autriche  ne 
préfère  d'autres  duchés  pour  Marie-Louise  et  son  fils,  les  pré- 
tentions de  la  reine  d'Etrurie  ne  changeront  rien  aux  dispo- 
sitions de  la  Convention  du  11  avril  (1). 

Lord  Castlereagh  a  fixé  son  départ  pour  le  Congrès  au  19 
de  ce  mois.  Il  va  par  Bruxelles,  Francfort,  la  Suisse  et  le  Ty- 
rol et  n'arrivera  à  Vienne  que  vers  la  mi-septembre  (2). 

Lord  Aberdeen  (3)  arrivera  aujourd'hui  avec  la  commission 
qui  porte  à  l'Empereur  l'ordre  de  la  Jarretière. 


1.  Article  V  du  traité  de  Fontainebleau. 

2.  Lord  Castlereagh  arriva  à  Vienne  le  13  septembre. 

3.  l.ord  Aberdeen  renonça  à  son  voyage  et  ce  fut  lord  Castlereagh  qui  remit 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        49 

Vienne,  11  août  1814. 
60.  Vienne,  10  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTRCEM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

La  Russie  ne   cède  pas.  Concentration  autrichienne  en  Galicie,  préparatifs 
militaires  de  l'Autriche. 

Les  négociations  préparatoires  du  Congrès  n'ont  pas  encore 
donné  de  résultat.  La  Russie  s'obstine  et  persiste  dans  ses 
vues  ;  mais  il  y  a  accord  entre  Londres  et  Vienne. 

Concentration  autrichienne  en  Galicie.  On  arme  et  on  ap- 
provisionne les  places  de  Rohême  et  de  Moravie  et  on  fait  ve- 
nir d'Italie  des  régiments  italiens. 


61.  Vienne,  10  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 

Humboldt  à  Vienne.  La  Constitution  de  l'Allemagne.  Les  questions  de  Po- 
logne et  de  Saxe.  Metternich  et  l'Italie.  L'Empereur  François  et  Marie- 
Louise. 

Humboldt,  arrivé  hier  avec  le  comte  Hardenberg,  ministre 
Hanovre,  veut  entamer  de  suite  les  négociations  de  la  Cons- 
Jtution  future  de   l'Allemagne.  L'intérêt  pour  cet  objet   pâ- 
lît sensiblement  refroidi  ici.  La  Cour  de  Berlin  s'en  est  occu- 
pe avec  plus  d'attention  et  de  suite.  On  parle  de  la  division 
l'Allemagne  en  neuf  cercles,  de  n'admettre  à  la  Diète  que  ce 
)mbre  de  voix,  d'en  donner  cinq  à  l'Autriche  et  à  la  Prusse 

^rdre  de  la  Jarretière  à  l'Empereur  (Cf.  Gentz  à  Karadja,  Baden,  5  septem- 
bre). 

Aberdeen  (George  Gordon,  comte  d')  (1784-1860).  Ambassadeur  à  Vienne 
k  l'automne  de  1J(13,  signataire  du  traité  de  Teplitz,  il  suivit  le  quartier 
général  en  1814,  prit  part  aux  conférences  de  Châtillon  et  représenta  l'An- 
gleterre lors  des  négociations  qui  amenèrent  la  signature  du  traité  de 
Paris.  Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1828,  dans  le  cabinet  Wellington, 
il  se  retira  avec  ce  ministre  le  16  novembre  1830,  revint  aux  affaires  avec  lui 

É1834  comme  ministre  des  Colonies,  puis  de  nouveau  en  1841  sous  le  mi- 
tère  Peel,  présida  en  1852  le  cabinet  qui  devait  conclure  une  alliance  offen- 
e  et  défensive  avec  la  France  et  se  retira  en  1855. 
T     T  4 


50  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

et  les  quatre  autres  à  la  Bavière,  au  Hanovre,  au  Wurtem- 
berg, et  à  Hesse-Cassel... 

On  croit  ici  que  le  rétablissement  de  la  Pologne  échouera  ; 
mais  on  a  au  contraire  bien  des  craintes  pour  la  Saxe.  Je  sais 
qu'en  cas  d'agrandissement  delà  Prusse, surtout  si  elle  s'éta- 
blit à  Dresde,  Schwarzenberg  et  Radetzky  sont  d'avis  que  les 
dangers  qui  en  résulteraient  pour  l'Autriche  sont  plus  à  crain- 
dre que  ceux  qu'on  redoute  des  projets  de  la  Russie  sur  la 
Pologne. 

Metternich  s'occupe  surtout  en  ce  moment  de  l'organisation 
des  possessions  de  l'Autriche  en  Italie... 

L'Empereur  d'Autriche  s'est  opposé  au  désir  de  Marie- 
Louise  d'aller  à  Parme. 


Vienne,  13  août  1814. 
62.      Vienne,  12  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HARDENBERG  au  COMTE  DE  MUNSTER  à  Londres 
(intercepta  en  français)  (Analyse). 

Dépêche  quia  trait  au  retour  de  Gariati  (1),  à  la  mission  de 
Rocca  Romana  envoyé  de  Naples  avec  des  lettres  pour  l'Em- 
pereur, à  celle  du  prince  Esterhazy  père  à  Rome  (!2),  aux  affai-  . 
res  de  Saxe,  mais  rien  que  pour  mémoire  puisque  Munster  :| 
doit  être  au  courant  de  sa  note.  On  s'occupe  beaucoup  de  l'or- 
ganisation civile  et  militaire  des  provinces  autrichiennes  d  ■ 
l'Italie. 


Vienne,  14  août  1814. 
63.  Vienne,  13  août  1814  (F.  1.  ad  3565\ 

HUMBOLDT  à  HARDENBERG  {intercepta  en  français). 


La  constitution  allemande.  Difficulté  de  voir  Metternich.  { 

Stadion.  Wessenberg. 

Je  n'attends  que  les  instructions  de  Votre  Altesse  sur  l'affaire 

1.  Prince  Cariati,  l'un  des  deux  représentants  de  Murât  à  Vienne. 

2.  Envoyé  par  l'Autriche  en  mission  extraordinaire  à  Rome,  puis  à  Naples. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       51 

de  la  Constitution  allemande  pour  entrer  en  discussion  sur  cet 
objet  avec  le  prince  de  Metternich. 

Je  n'envoie  pas  de  rapport  sur  l'état  des  choses  à  cause  de 
la  difficulté  de  parler  avec  Metternich  qui  est  à  Baden  où  il 
s'occupe  fort  peu  d'affaires.  J'espère  pourtant  savoir  sous  peu 
comment  la  Cour  de  Vienne  envisage  les  principales  questions 
du  Congrès.  Ce  que  je  peux  vous  dire  aujourd'hui,  mon  prince, 
c'est  que  Stadion  ne  prendra  aucune  part  à  ces  négociations. 
Il  a  dû  être  plénipotentiaire,  mais  il  l'a  décliné  dans  une  lettre 
à  l'Empereur.  Votre  Altesse  a  déjà  pu  observer  à  Paris  qu'il 
était  mécontent  du  rôle  subalterne  qu'il  y  jouait  et  n'était  guère 
de  la  même  opinion  que  Metternich  sur  la  plupart  des  points 
qui  doivent  être  réglés  à  présent.  Son  mécontentement  a  dû 
avoir  augmenté  depuis.  Je  ne  saurais  dissimuler  que  je  crois 
qu'en  général  les  affaires  perdront  beaucoup  si,  comme  il  faut 
presque  le  supposer,  Stadion  (1)  y  reste  étranger.  Ses  senti- 
ments bien  connus,  sa  franchise,  sa  véracité,  sa  conduite  sans 
tache  et  le  sérieux  qu'il  met  à  tout  ce  dont  il  s'occupe,  sbnt  des 
qualités  qui  le  feront  toujours  regretter. 

Mais  il  faut  avouer  aussi  qu'il  est  imbibé  des  anciens  prin- 
cipes autrichiens  et  que  pour  cette  raison  il  favorise  très  peu 
les  plans  de  la  Prusse,  tandis  que  je  me  suis  dès  à  présent 
convaincu  que  le  prince  de  Metternich  est  dans  un  système 
beaucoup  plus  raisonnable,  qu'il  a  pleine  confiance  dans  Votre 
Altesse  et  que  c'est  par  lui  seul  que  nous  pourrons  attendre 
d'être  appuyés  dans  toutes  nos  demandes. 

Wessenberg  (2)  est  membre  de  la  Commission  pour  la  réorga- 
nisation des  provinces  italiennes.  Je  ne  sais  s'il  aura  le  temps 
d'être  employé  aux  affaires  allemandes.  Dans  ce  cas  je  suppose 
que  Metternich  les  prendra  pour  lui  seul,  car  le  baron  Binder 
ne  possède  pas  les  connaissances  requises  à  ce  sujet. 


1.  stadion  (Philippe, comte  de)  né  à  Mayenceen  1763,mort  ministre  des  Finan- 
ces en  1824,  avait  négocié  la  troisième  coalition  contre  la  France.  Ministre 
des  Affaires  étrangères  en  1806,  il  se  retira  après  Wagram  et  fut  ministre 
plénipotentiaire  aux  conférences  de  Toeplitz,  de  Francfort  et  de   Chatillon. 

2.  Wessenberg-Ampfingen  (Jean-Philippe,  baron  de)  (1773-1858)  eut  pour 
firotecteur  Charles  de  Dalberg,  primat  de  Germanie,  archevêque  de  Mayence, 
fmis  de  Ratisbonne  et  grand-duc  de  Francfort.  Il  représenta  l'Autriche  dans 
l'affaire  des  sécularisations  (1802), fut  ambassadeur  à  Berlin  (1813),  à  Munich 
et  à  Londres  et  figura  au  Congrès  de  Vienne.  Il  goûtait  peu  le  système  de 
Metternich.  Envoyé  à  la  Haye  en  1830,  il  eut  à  s'occuper  du  conflit  belge-hol- 
landais. Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1848  dans  le  cabinet,  dit  oons- 
Ututionnel,  il  fut  remplacé  par  le  prince  de  Schwaraenberg. 


82  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Martens  (1),  que  le  comte  de  Munster  voulait  envoyer  ici, 
n'est  pas  encore  arrivé. 


64.  Vienne,  le  13  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER  (en  français). 
Gros  orage  et  intrigues  contre  Metternich. 

Il  y  a  parmi  les  coalisés  un  grand  orage  sur  la  tête  du 
prince  de  Metternich  qu'on  accuse  d'avoir  fait  Timpossible  pour 
conserver  la  couronne  au  Monstre  et  de  soutenir  l'intérêt  de 
Naples.  Je  le  sais  d'une  manière  positive  et  indubitable.  Parmi 
les  ministres  rivaux,  on  l'appelle  le  «  Scapin  de  la  Diploma- 
tie ».  J'ai  sur  Metternich  quelque  chose  que  je  ne  veux  pas 
écrire  et  je  que  montrerai  au  conseiller  Braulik  (2),  dès  qu'il 
pourra  venir  un  instant  chez  moi.  Ma  jambe  me  tourmente 
toujours  cruellement  et  me  force  au  lit,  excepté  Theure  du 
dîner,  où  je  me  fais  porter  dehors,  par  ordre  du  médecin.  Elle 
n'empêche  de  courir  le  monde  et  de  faire  des  recherches. 

Au  dos,  NOTE  DE  Braulik,  de  Vienne,  le  14  août  1814  (en  allemand) . 

Dans  mon  entretien  avec  lui,  il  ne  m'a  rien  dit  en  dehors  de 
ce  qu'il  a  écrit  au  sujet  des  intrigues  de  diplomates  russes, 
prussiens  et  anglais  contre  Metternich,  si  ce  n'est  qu'il  en  a  eu 
la  preuve  et  qu'il  en  a  acquis  la  conviction  par  une  lettre  du 
conseiller  aulique  prussien  Bartholdi. 


1.  Martens  (Georges-Frédéric  von),  né  à  Hambourg  le  22  février  1756,  pro- 
fesseur de  droit  à  Gôttingen  en  1794,  conseiller  d'Etat  en  1808  et  à  partir  de 
1810  président  de  la  section  des  finances  au  conseil  d'Etat  du  royaume  de 
Westphalie,  conseiller  intime  du  cabinet  hanovrien  en  1814,  ministre  en  1816  à 
Francfort  où  il  mourut  le  22  février  1821.  Auteur  du  recueil  des  principaux 
traités  d'alliance  et  de  paix  depuis  1761. 

2.  L'un  des  hauts  fonctionnaires  du  ministère  de  la  Police.  Il  était  à  ce 
moment  conseiller  de  gouvernement  et  fut  promu  conseiller  aulique  en  1816. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       53 

Vienne,  16  août  1814. 
65.  Vienne,  15  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

MARIE  CAROLINE  au  ROI  FERDINAND  IV 
{intercepta  en  italien)  (Analyse). 

Avis  et  conseils  qu'elle  lui  donne.  Murât  et  Naples.  Invisibilité  de  Metternich. 
Hostilité  générale  contre  Murât. 

Elle  lui  fait  connaître  son  avis  sur  la  reprise  du  pouvoir  à 
laquelle  il  vient  de  procéder.  Conseils  qu'elle  lui  donne  par 
rapport  à  l'Angleterre,  et  ce  qu'elle  pense  de  Tétat  de  l'armée 
sicilienne. 

Gariati  et  Pescara  affirment  que  Murât  conservera  Naples  et 
qu'on  donnera  une  compensation  à  Ferdinand, 

Ni  elle,  ni  aucune  des  personnes  de  son  entourage  n'ont  même 
vu  Metternich. 

Elle  est  sans  nouvelles  de  Ruffo  (1). 

«  Ici,  à  l'exception  du  seul  Metternich,  tout  le  monde  est 
contre  Murât.  » 


18  août  1814. 
|66.       Vienne,  17  août  1814  (F.  1.  ad  3565)  (2). 

BERNSTORFF  à  ROSENGRANZ  {intercepta  en  français). 

Sravité  de  la  crise.  Opinion  de  Humboldt  sur  la  Russie  et  la  Pologne.  Pour- 
quoi la  Prusse  doit  la  suivre.  Attaques  contre  Metternich.  L'archiduc  Char- 
les et  la  grande-duchesse  Catherine.  On  parle  d'une  mission  de  Nugent  en 
Angleterre. 

1.  Ruffo  (Alvaro,  commandeur,  des  princes  délia  Scaletta)  (1754-1825)  reçu 
lès  son  enfance  dans  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  entré  tout  jeune  au 
lervice  au  régiment  Royal  Siracusa,  où  il  arriva  promptement  au  grade  de 
sapitaine,  appelé  ensuite  à  Malte,  il  y  commanda  pendant  quelque  temps  les 
Galères  de  l'Ordre.  Ministre  plénipotentiaire  à  Lisbonne  (1793),  à  Paris  (1797), 
appelé  dans  sa  patrie  par  les  événements  politiques  en  1798,  il  accompagna 
fclarie  Caroline  à  Vienne  en  1800  et  y  fut  accrédité  comme  Ministre  plénipo- 
eatiaire  en  1803.  Représentant  de  Ferdinand  IV  au  Congrès  de  Vienne,  il 
ligna  en  1815  le  traité  d'alliance  entre  les  deux  Cours,  refusa  de  prêter  ser- 
nent  à  la  Constitution  en  1820,  prit  part  au  Congrès  de  Laibach  (1821),  devint 
•our  peu  de  temps  ministre  d'Etat  et  président  du  Conseil  et  fut  enfin  en- 
royé  de  nouveau  comme  ambassadeur  à  Vienne  où  il  mourut  le  29  juillet 

BAmi  intime  de  Metternich,  il  le  choisit  pour  exécuteur  testamentaire. 
En  note  de  la  main  de  Hager  :  «  J'aimerais  pourtant  bien  savoir  si  Met- 
ch  lit  réellement  les  intercepta  de  Bernstorff.  » 


54  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Plus  l'époque  des  grandes  négociations  approche,  et  plus  on 
sent  Timportance  de  la  crise  qu'elles  vont  traverser.  La  Rus- 
sie n'a  qu'à  vouloir  pour  l'emporter. 

Mes  conversations  avec  le  baron  Humboldt  m'ont  valu  la 
conviction  que  la  Cour  de  Berlin  sent  tout  aussi  vivement  que 
celle  d'ici  ce  que  les  vues  de  la  Russie  relativement  à  la  Po- 
logne ont  de  menaçant  pour  la  tranquillité  de  ses  voisins  et  de 
l'Europe  entière,  mais  qu'elle  est  tout  aussi  peu  disposée  à  y 
faire  une  opposition  propre  à  l'entraîner  dans  une  brouillerie 
ouverte  avec  cette  puissance» 

Je  n'ai  pu  deviner  si  ce  Ministre  m'a  exposé  l'opinion  de 
son  gouvernement  ou  la  sienne  à  lui,  lorsqu'il  m'a  dit  qu'il 
était  convaincu  que  les  puissances  intéressées  à  combattre  les 
projets  de  l'Empereur  de  Russie  ne  l'en  feront  revenir  ni  par 
des  bouderies  qui  ne  serviraient  qu'à  l'irriter,  ni  par  des  ma- 
naces  auxquelles  il  ne  croirait  pas,  mais  qu'elles  lui  en  impo- 
seraient d'autant  plus  sûrement  par  un  langage  ferme,  uni- 
forme et  tendant  à  lui  faire  sentir  que  l'attitude  menaçante, 
qu'il  prétendait  se  donner,  les  forcerait  toutes  à  chercher  la 
garantie  de  leur  sûreté  future  dans  les  plus  étroites  unions  de' 
leurs  vues  et  de  leurs  principes. 

On  assure  dans  les  cercles  militaires  autrichiens  que  la  Rus- 
sie n'a  pas  100.000  hommes,  mais  rien  que  30.000  hommes  en 
Pologne  et  qu'elle  ne  dispose  en  tout  que  de  200.000  hommes. 
Plus  les  embarras  de  la  situation  se  font  sentir,  plus  les 
ennemis  du  prince  de  Metternich  lui  reprochent  d'avoir  trop 
longtemps  laissé  en  suspens  les  questions  qu'il  va  avoir  à  trai- 
ter maintenant  avec  désavantage.  C'est  surtout  de  la  part  du 
comte  de  Stadion  qu'il  a  essuyé  les  censures  les  plus  amères. 
Ce  ministre  est  revenu  de  France  singulièrement  animé  contre 
lui  et  tellement  dégoûté  qu'il  a  refusé  d'avoir  aucune  part  aux 
travaux  du  Congrès. 

L'archiduc  Charles  vient  de  partir  pour  Egra,  où  il  va  troui- 
ver  la  grande-duchesse  Catherine.  On  s'attend  toujours  à  ce 
que  son  mariage  avec  elle  finisse  par  s'arranger.  Il  ira  ens 
au-devant  du  roi  de  Prusse. 

On  prétend  que  Nugent  (1),  chargé  d'une  mission  du  G 
vernement,  est  sur  le  point  de  partir  pour  l'Angleterre. 


à  ce 

I 

ui^ll 

1 


1.  Nugent  von   Westenrath  (Laval,  comte  et   prince  romain)   issu  d'une 
vieille  famille  irlandaise,  né  à  Bellynacor,  près  de  Dublin,  en  1777,  était  à  cç 


M 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMEiNTS   DU    CONGRÈS       55 

67.  Vienne,  17  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

IIEGARDT  à  ENGESTRCEM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

Le  congrès  se  réunira  en  octobre.  Accord  probable  des  puissances. 
Réunion  de  la  Belgique  à  la  Hollande. 

«  On  ne  doute  plus  que  le  Congrès  sera  réuni  dans  les  pre- 
miers jours  d'octobre,  et  à  travers  le  voile  qui  recouvre  les  né- 
gociations, on  semble  apercevoir  un  acheminement  vers  un 
meilleur  accord  entre  les  Puissances.  » 

Réunion  assurée  et  décidée  de  la  Belgique  aux  Pays-Bas.  Il 
semble  qu'on  veuille  se  mettre  d'accord  sur  la  Pologne. 


Vienne,  21  août  1814. 
68.  Vienne,  20  août  1814  (F,  1.  ad  3565). 

HEGARDT  à  YERMOLOFF(l)  (à  Egra)  {intercepta  en  français). 

La  sagesse  de  Louis  XVllI  et  les  procédés  de  Gouvernement 
de  Ferdinand  VII. 

«...  Vous  êtes  sans  doute  de  mon  avis  que  le  bon  roi  de 
France  gouverne  avec  une  sagesse  admirable.  Croyez-vous  que 
son  cousin  d'Espagne  fasse  de  même  ?  C'est  en  rétrogradant 

moment  général-major.  Feld-maréchal  lieutenant  en  1815,  feldzeugmeister  en 
1838,  il  fut  élevé  à  la  dignité  de  feld-maréchal  le  16  octobre  1849  et  suivit, 
malgré  ses  82  ans,  en  qualité  de  volontaire  le  quartier-général  de  l'Empereur 
François-Joseph  en  Italie  en  1859  et  assista  à  ses  côtés  à  la  bataille  de  Solfé- 
rino.ll  mourut  trois  ans  après  dans  sa  terre  de  Bosiljevo,  près  de  Garlstadt, 
le  21  août  1862. 

1.  Yermoloff  (Alexis-Petrovitch)  (1772-1861),  entré  à  16  ans  au  régiment 
Preobrajensky,  capitaine  en  1791,  fit  les  campagnes  de  Pologne  (1794),  de 
Perse  (1796-1797).  En  disgrâce  (1798),  rayé  des  cadres  de  l'armée,  enfermé  dans 
une  forteresse  par  ordre  de  Paul  I",  remis  en  liberté  et  en  possession  de  son 
grade  à  l'avènement  d'Alexandre,  il  fit  les  campagnes  de  1805,  1806  et  1807. 
Général-major  (1808),  Chef  d'Etat-Major  de  la  1"  ai-mée  (1812),  commandant 
l'artillerie  des  armées  d'opération  (1813), du  6"  corps,  puis  du  corps  des  grena- 
diers (1815),  et  ensuite  à  son  retour  en  Russie  du  corps  détaché  de  Géorgie 
et  ambassadeur  en  Perse  (1817).  Général  d  artillerie  à  sa  rentrée,  il  servit 
au  Caucase  de  1818  à  1827,  époque  à  laquelle  il  quitta  le  service  (Bennigskn. 
Souvenirs). 


56  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

vers  le  xvi'  siècle  qu'il  travaille  au  bonheur  de  ses  sujets.  Après 
tout,  peut-être  le  bon  sire  ne  recule-t-il  ainsi  que  pour  mieux 
sauter...  » 


Vienne,  25  août  1814. 
69.  Vienne,  24  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GARIATI  à  GALLO  {intercepta  en  italien) 
(Analyse  du  Cabinet  Noir). 

Efforts  vains  faits  jusqu'ici  par  la  Reine  Caroline  Murât  pour 
décider  Metternich  à  leur  donner  son  appui  et  son  soutien. 

Nugent  a  parlé  en  bons  termes  de  l'armée  napolitaine,  mais 
il  déteste  Murât,  fait  tout  pour  lui  nuire,  et  c'est  à  cet  effet 
qu'il  est  parti  pour  Londres  (1). 


70.  Vienne,  24  août  1834  (F.  1.  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROExM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

On  serait  à  peu  près  d'accord  sur  les  bases  des  arrangements 
à  faire  au  Congrès  (Partage  du  duché  de  Varsovie  entre  l'Au- 
triche, la  Russie  et  la  Prusse). 

On  ne  rétablira  pas  la  République  de  Gênes. 


71.  Vienne,  24  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

STEINLEIN  au  ROI  DE  BAVIÈRE  {intercepta  en  français). 
Difficultés  de  la  situation. 

«...  On  commence  à  se  persuader  que  l'arrangement  avec 
la  Russie  ne  sera  pas  aussi  facile  qu'on  le  croyait.  On  remar- 
que bien  de  l'inquiétude  chez  les  personnes  en  place  et  on  avoue 

1.  «  Ecrivez  à  Tocco,  mandait  de  Portici,  le  4  octobre,  Murât  à  Gallo,  de  tâ- 
cher de  connaître  l'objet  de  la  mission  du  comte  de  Nugent.  C'est  un  point^ 
essentiel  pour  connaître  les  véritables  intentions  du  cabinet  de  Vienne.  »  (Cf. 
G'  Weil.  Joachim  Mural,  la  dernière  année  de  Règne,  t.  l,  433.) 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        57 

qu'il  faut  tâcher  de  s'entendre  sur  les  différents  points  avant 
de  pouvoir  ouvrir  les  conférences. 

«  Le  général  Koller  n'est  pas  encore  parti.  » 


72.  Vienne,  24  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENGRANZ  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 

Sur  les  instances  de  Bernstorff,  Metternich  lui  promet  d'intervenir  en  faveur 
du  Danemark  et  d'agir  dans  ce  sens  auprès  des  cabinets  de  Londres  et 
de  Berlin. 

Envoi  des  rapports  de  Steigentesch  qui  lui  ont  été  commu- 
niqués par  le  prince  de  Metternich  et  qui  ont  trait  aux  me- 
naces que  la  résistance  des  Norvégiens  a  nrrachées  au  prince 
royal  de  Suède  contre  le  Danemark. 

«  Ces  menaces  ont  fait  sur  Metternich  une  impression  d'au- 
tant plus  vive  que  Bernadotte  exerce  toujours  le  même  em- 
pire sur  Alexandre.  » 

Metternich  lui  a  promis  ses  bons  offices. 

«  J'ai  fini  par  lui  arracher  la  promesse  (1)  d'inviter  sans  délai 
les  cabinets  de  Londres  et  de  Berlin  à  réunir  leurs  représen- 
tations à  celles  de  l'Autriche  pour  faire  sentir  à  la  Russie  la 
nécessité  de  mettre  un  frein  à  l'ambition  et  aux  menaces  du 
prince  royal  de  Suède.  » 


Vienne,  27  août  1814. 
73.  Copenhague,  16  août  1844  (F.  1.  ad  3565). 

ROSENGRANZ  à  BERNSTORFF  {intercepta  en  français). 

Possibilité  d'un  rapprochement  entre  Londres  et  Berlin.  Les  négociations 
avec  le  prince  royal  de  Suède.  La  Prusse  mécontente  des  projets  russes 
sur  la  Pologne  les  approuvera  si  on  lui  laisse  Dresde  et  Mayence. 

Vous  aurez  vu  par  ma  dernière  que  les  liens  entre  les  Cours 
d'Angleterre  et  de  Vienne  se  resserrent  de  plus  en  plus.  La 

1.  Cf.  Pièce  79. 


58  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

première  se  croit  appelée  à  décider  des  intérêts  des  puissances 
continentales,  dont  les  forces  trop  épuisées  leur  défendent  de 
se  soustraire  à  son  arbitrage  quand  elle  agira  de  concert  avec 
celles  de  Berlin  et  de  Vienne.  Elle  paraît  même  être  enclin  à 
fournir  à  cette  dernière  les  moyens  de  mettre  une  armée  en 
campagne.  Cette  union,  ne  pouvant  avoir  que  le  but  de  conso- 
lider la  tranquillité  publique,  n'est  nullement  faite  pour  don- 
ner ombrage  aux  Etats,  qui  ont  un  besoin  urgent  de  fermer 
les  plaies  que  les  dernières  révolutions  leur  ont  ouvertes.  Je 
voudrais  pouvoir  me  flatter  qu'un  changement  essentiel  se 
soit  opéré  dans  la  façon  de  juger  de  l'Empereur  Alexandre 
de  sa  propre  situation  et  de  celle  des  autres,  mais  rien  ne  me 
le  prouve  encore. 

On  continue  à  négocier  avec  le  prince  royal  de  Suède. 

La  Prusse  s'est  montrée  irritée  de  ce  que  la  Russie  veut 
s'attribuer  Thorn  et  Gracovie  qui  seront  comme  deux  bastions 
que  formera  alors  la  frontière  de  Pologne.  Mais  pourvu  qu'elle 
obtienne  Dresde  et  Mayence,  elle  passera  par  tout  ce  que  la 
Russie  voudra. 


74.  Udevalla,  16  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

ENGESTRŒM  à  HEGARDT  {intercepta)  {Analyse). 

Signature  de  la  Convention  et  cessation  des  hostilités  entre  la  Suède  et  le 

Danemark. 

Il  lui  donne  avis  de  la  signature  de  la  convention  avec  le 
prince  Christian  qui  a  fait  remise  de  ses  pouvoirs.  Les  hostili- 
tés ont  cessé.  Au  moment  où  tout  était  prêt  pour  donner 
l'assaut  à  Frédéricksten,  l'ordre  est  arrivé  de  capituler. 

La  capitulation  est  honorable  pour  l'armée  et  pour  les  deux 
royaumes. 


Vienne,  28  août  1814. 
75.  Vienne,  27  août  1814  (F.  1.  ad  3565).  i 

I 

CARIATI  à  GALLO  (intercepta  en  italien)  (Analyse).  '4 

f 
Tout  en  conseillant  au  roi  de  continuer  ses  préparatifs  et 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        59 

ses  armements,  il  insiste  surtout  sur  la  nécessité  de  ne  pas 
alarmer  et  mécontenter  l'Autriche. 


76.  Vienne,  27  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRAUN  à  L...  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  français). 

Le  nonce  favorable  au  rétablissement  des  Jésuites.  On  empêche  Murât  de 
venir  à  Vienne.  Le  congrès  et  les  mariages  princiers  qui  semblent  devoir 
en  résulter. 

Le  nonce  du  Pape  s'exprime  à  l'égard  du  rétablissement 
des  Jésuites  dans  des  termes  qui  font  voir  qu'à  son  avis'  sans 
cet  ordre  il  ne  peut  y  avoir  ni  religion,  ni  instruction  publique. 
Quels  principes  au  xix"  siècle  1 

Murât  a  désiré  faire  le  voyage  de  Vienne,  mais  on  a  trouvé 
le  moyen  de  Ten  détourner... 

On  croit  que  le  Congrès  durera  autant  que  le  séjour  des 
souverains  et  on  suppose  que  ses  discussions  seront  cimentées 
par  des  mariages  qui  garantiront  l'union  et  l'intimité  des  puis- 
sances continentales. 


77.  Vienne,  29  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HAGER  à  SIBER 

Instructions  sur  le  fonctionnement  de  son  service. 

Un  certain  nombre  de  représentants  des  différentes  puissances 
au  Congrès  étant  déjà  arrivés  à  Vienne  et  les  autres  allant 
les  suivre  incessamment,  vous  devrez  non  seulement  m'infor- 
mer  de  l'arrivée  et  du  domicile  de  chacun  d'eux,  mais  appor- 
ter, grâce  à  des  mesures  intelligentes  de  surveillance  secrète, 
tous  vos  soins  à  ne  pas  plus  perdre  de  vue  leur  entourage  que 
leurs  relations. 

Je  désire  voir  employer  efficacement  à  cet  elFet  tous  les 
agents  de  votre  service  ainsi  que  tous  les  émissaires,  affiliés  et 
confidents  capables  de  remplir  une  semblable  mission.  J'en- 
tends qu'on  exige  d'eux  le  maximum  de  zèle  et  de  vigilance 
et  je  vous  autorise  même  à  engager  pour  la  durée  du  Congrès 


60  AUTOUR    DU    COiNGRÈS    DE    VIENNE 

les  nouveaux  agents  dont  vous  pourriez  avoir  besoin  afin  que 
votre  service  soit  en  mesure  de  répondre  à  ce  que  le  Ministère 
des  Affaires  étrangères  et  Sa  Majesté  l'Empereur  sont  en  droit 
d'exiger  de  la  Police  pendant  des  moments  d'une  pareille  impor- 
tance. 

Je  compte  en  conséquence  recevoir  de  vous  des  rapports  très 
fréquents  tant  sur  les  résultats  de  ces  surveillances  que  sur 
les  renseignements  qu'on  aura  réussi  à  recueillir. 


1"  septembre  1814. 
78.  Vienne,  31  août  1814  (F.  1.  ad  3565), 

HEGARDT  à  EiNGESTRŒM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

Préparatifs  pour  l'arrivée  des  souverains.  Commencement  prochain  des  con- 
férences. Ignorance  complète  de  tout  ce  qui  s'est  fait  depuis  le  30  mai. 

On  reprend  et  on  presse  les  préparatifs  pour  les  souverains. 
Dans  quinze  jours  les  plénipotentiaires  d'Angleterre,  de  Rus- 
sie et  de  Prusse  seront  ici  pour  les  conférences  préliminaires. 

Le  fait  est  qu'il  règne  un  parfait  silence  sur  les  résultats  des 
négociations  entre  les  cabinets  depuis  la  paix  de  Paris. 


79.  Vienne,  31  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BERNSTORFF  à  ROSENCRANZ  {intercepta  en  français) 
(Analyse). 

Bonnes  intentions  de  Metternich  en  faveur  du  Danemark.  Bon  accueil  que  le 
roi  de  Danemark  trouverait  à  Vienne.  Projet  d'alliance  conçu  par  le  Prince 
Régent  entre  l'Angleterre,  l'Autriche  et  la  Prusse.  Les  objections  de  Met- 
ternich. 

Il  se  loue  de  la  bonne  volonté  de  Metternich  pour  le  Dane- 
mark. Le  prince  a  reconnu  l'obligation  pour  les  puissances 
«  de  dégager  le  Danemark  de  toute  charge  et  de  le  mettre  à 
l'abri  des  nouvelles  secousses  comme  de  l'effet  ou  des  consé- 
quences des  menaces  du  Prince  royal  de  Suède  ». 

Metternich  a  senti  la  nécessité  de  s'adresser  à  cet  effet  à  la 
Russie  et  va  inviter  la  Prusse  à  se  concerter  avec  lui. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        61 

Bernstorff  ajoute  que  le  roi  de  Danemark,  s'il  venait  à  Vienne, 
y  trouverait  le  meilleur  accueil.  L'Autriche  comprend  et  ap- 
prouve le  refus  du  roi  de  déclarer  le  prince  Christian  déchu 
de  ses  droits. 

«  On  m'a  assuré  que  le  Prince  Régent,  outré  par  les  pré- 
tentions arrogantes  de  la  Russie,  a  insisté  sur  le  désir  d'y  met- 
tre un  frein  par  une  alliance  à  conclure  entre  l'Angleterre, 
l'Autriche  et  la  Prusse.  Le  prince  de  Metternich  a  éludé  la 
proposition,  parce  qu'il  y  voyait  une  humiliation,  non  justifiée 
encore,  de  la  Russie,  et  parce  que  le  roi  de  Prusse,  tout  en 
se  prêtant  à  l'idée  du  Prince  Régent,  exigerait,  en  raison  de 
ses  liaisons  personnelles  avec  l'Empereur  Alexandre,  des 
changements  qui  altéreraient  la  nature  et  la  force  des  liens  à 
contracter.  » 


80.  Vienne,  31  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

L'ARCHIDUC   CHARLES  à  LA   GRANDE-DUCHESSE 
CATHERINE  (1)  {intercepta  en  français). 

Je  ne  suis  arrivé  qu'hier,  parce  qu'en  passant  tout  près  de 
la  terre  du  comte  Grûnne(2)je  me  suis  arrêté  chez  lui. 

Je  me  suis  acquitté  ce  matin  de  toutes  vos  commissions. 

L'Empereur,  qui  venait  aussi  d'arriver  hier,  vous  fait  mille 
compliments.  Il  ignore  absolument  le  jour  de  l'arrivée  de  vo- 
tre frère  ainsi  que  la  route  qu'il  prendra.  Dès  qu'il  en  sera 
instruit,  je  l'apprendrai  et  vous  le  ferai  savoir.  Ce  que  je  lui 
ai  dit  de  vous  lui  a  fait  plaisir.  Il  désire  que  la  chose  réussisse. 
Il  m'a  chargé  de  vous  demander  la  liste  des  personnes  qui  vous 
accompagneront  ici  et  vous  sera  obligé    si  en  même  temps 

1.  Cf.  Oesterreich's  Theilnahme,  etc.,  etc.,  page  473.  Gentz  à  Karadja, 
Vienne,  13  décembre  1814.  Considérations  sur  le  projet  de  mariage  de  l'ar- 
chiduc Charles  avec  la  grande-duchesse  Catherine  et  sur  les  causes  de  la 
rupture. 

2.  Griinne  (Philippe,  Comte  de  (1762-1854)  entré  au  service  en  1782,  aide  de 
camp  de  l'Empereur  François  en  1794,  il  devint,  en  1797,  colonel  et  aide  de  camp 
de  l'archiduc  Charles  qu'il  ne  quitta  plus  guère.  Général-major  en  1800,  chef 
d'un  des  bureaux  du  ministère  de  la  Guerre  en  1804,  il  travailla  à  la  réorganisa- 
tion de  l'armée  autrichienne.  Feld-maréchal  lieutenant  en  1808, chef  du  bureau 
du  généralissime  en  1809,  il  quitta  le  service  actif  après  Wagram  pour  se 
consacrer  entièrement  à  l'archiduc  Charles  qui  l'honorait  d'une  amitié  toute 
particulière  et  auprès  duquel  il  resta  jusqu'à  la  mort  de  ce  prince  (1844). 


62        ^  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE  VIENNE 

vous  pouvez  m'envoyer  celle  de  ceux  qui  viendront  avec  votre 
sœur,  la  duchesse  de  Weimar.  Mon  vieux  «  Papa  »  (1)  ne  peut 
pas  me  donner  assez  de  commissions  pour  vous.  Il  est  si  heu- 
reux de  votre  ressemblance  avec  feu  ma  tante  (2). 

.J'ai  entamé  ma  négociation  pour  être  dispensé  d'aller  au- 
devant  du  roi  de  Prusse.  L'Empereur  m'a  dit  qu'à  moins  qu'on 
n'en  ait  déjà  fait  une  communication  officielle  à  ce  dernier, 
chpse  dont  il  s'informerait,  il  m'en  dispenserait. 

Razoumolîsky  vient  demain  me  voir.  Il  m'avait  envoyé  à 
Franzensbrunn  (3)  une  lettre  pour  vous  et  pour  la  princesse 
Wolkonsky  qui  n'y  seront  arrivées  qu'après  mon  départ. 

Pendant  tout  mon  voyage,  je  n'ai  pas  perdu  de  vue  vos 
conseils.  Je  les  ai  bien  médités.  Ils  me  sont  si  chers  puisqu'ils 
viennent  de  vous, et  je  les  trouve  si  justes  et  si  vrais.  J'emploie- 
rai les  trois  semaines  de  repos  qui  nous  sont  encore  accordées 
à  me  les  rendre  propres  de  manière  à  ne  plus  les  oublier  et  à 
les  suivre  même  quand  au  milieu  du  plus  grand  bruit  j'aurai 
moins  le  temps  de  réfléchir  sur  mes  actions  et  sur  mes  paroles 
et  que  mon  cher  Mentor  ne  sera  pas  à  même  de  me  corriger 
et  de  me  les  rappeler. 

J'attends  le  22  (4)  avec  de  l'impatience  mêlée  de  joie  et  de 
sentiments  qui  m'étaient  inconnus  avant  que  je  vous  vis.  L'idée 
que  je  pourrai  vous  rendre  heureuse  est  au-dessus  de  tout  et 
rien  ne  me  coûtera  pour  obtenir  ce  but. 

Je  vous  envoie  cette  lettre  par  estafette  pour  qu'elle  vous 
parvienne  encore  à  Dresde. 


81.  Pawlowskoïé,  15/27  août  1814  (5)  (F.  1.  ad  3565). 

L'IMPÉRATRICE  DOUAIRIÈRE  DE  RUSSIE  au  ROI 
DE    WURTEMBERG  {intercepta  en  français). 

Le  divorce  du  prince  royal  de  Wurtemberg.  Les  idées  de  l'Impératrice  sur 
le  mariage  de  la  grande-duchesse  Catherine  avec  le  prince.  Conditions 
qu'elle  y  met. 

1.  Nom  que  l'archiduc  Charles  avait  coutume  de  donner  au  duc  Albert  de 
Saxe-Teschen,  son  père  adoptif. 

2.  L'archiduchesse  Christine,  femme  du  duc  Albert. 

3.  Actuellement  Franzensbad. 

4.  Date  primitivement  fixée  pour  l'arrivée  de  la  grande-duchesse  à  Vienne. 

5.  Quoique  cette  lettre  ne  soit  arrivée  à  Vienne  que  quelques  jours  plus 
tard,  nous  avons  cru  pouvoir  exceptionnellement  déroger  à  notre  enregistre- 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        63 

Quoique  je  n'aie  vu  encore  M.  de  Wintzinf^crodc(l)qui  aura 
demain  son  audience  de  l'Empereur,  j'ai  désiré  recevoir  au 
plus  tôt  vos  chères  lettres,  et  il  a  eu  la  complaisance  de  me  les 
faire  remettre. 

Vous  savez  depuis  combien  de  temps  votre  amitié  me  fut 
chère.  Aussi  vous  vous  direz  toute  la  satisfaction  que  j'éprouve 
à  chaque  témoignage  que  vous  m'en  donnez.  Je  me  suis  réjouis 
de  pouvoir  questionner  M.  de  Wintzingerode  sur  tous  les  dé- 
tails qui  m'intéressent  sur  vous. 

J'ai  lii  dans  votre  lettre  avec  surprise  et  une  vive  émotion, 
que  la  princesse  royale  (2)  s'était  réunie  au  désir  du  prince,  vo- 
tre fils  (3),  de  voir  annule^  leur  union  ;  qu'elle  vous  en  avait 
parlé  avec  confiance  comme  du  seul  moyen  d'assurer  son  bon- 
heur futur  i  que  vous  avez  dû  céder  à  leurs  demandes  et  que 
l'annulation  du  mariage  allait  être  prononcée. 

Je  partage  de  cœur  et  d'âme  tous  les  regrets  que  vous 
donne  la  perte  de  la  princesse  royale  qui  emporte,  à  juste  ti- 
tre, et  votre  estime  et  votre  tendresse,  et  je  ne  puis  vous 
cacher  que  cet  événement  me  peine  et  m'afflige. 

Vous  me  dites  que  la  princesse  royale  voit  dans  cet  événe- 
ment le  seul  moyen  de  bonheur  futur  pour  elle.  Ainsi  donc, 
elle  a  voulu  librement  et  volontairement  le  divorce,  et  elle  n'y 
est  pas  portée  par  contrainte.  Voilà  une  assurance  qui  soulève 
un  peu  le  poids  qui  opprime  mon  cœur,  mais  cela  ne  suffît 
pas  encore  à  la  gloire  du  nom  de  ma  fîlle(4).  Il  faut  pour  qu'elle 
re^te  pure  que  la  pensée  ne  puisse  se  joindre  à  celle  du  di- 
vorce. Ainsi,  je  m'explique  vis-à-vis  de  vous,  de  frère  à  sœur(5). 


ment  chronologique,  à  la  production  des  pièces  dans  l'ordre  même  où  elles  fu- 
rent envoyées  ou  présentées  à  l'Empereur  François,  afin  de  la  placer  à  la  suite 
de  celle  que  l'archiduc  Charles  avait  adressée  à  la  grande-duchesse,  pres- 
qu'au  moment  même  où,  entièrement  d'accord  avec  elle,  l'Impératrice,  sa 
mère,  préparait  son  mariage  avec  le  prince  royal  de  Wurtemberg. 

1.  Wintzingerode  (Henri-Charles-Frédéric  Lévin,  comte  de)  (1778-1836)  fils 
du  président  du  Conseil  des  Ministres,  successivement  Ministre  de  Wurtem- 
berg à  Karlsruhe,  Munich,  Paris,  Saint-Pétersbourg  et  Vienne,  suivit  le  quar- 
tier général  pendant  la  campagne  de  1814,  retourna  à  Pétersbourg  après  le  traité 
de  Paris,  et  assista  au  Congrès  de  Vienne  où  il  essaya  en  vain  de  défendre  et 
de  faire  triompher  ses  idées  libérales. 

2.  Caroline-Auguste  de  Bavière,  fille  du  roi  Maximilien-Joseph  que  son  di- 
vorce n'empêcha  pas  de  devenir,  le  29  octobre  1816,  Impératrice  d'Autriche 
et  la  quatrième  femme  de  l'Empereur  François  1". 

3.  Le  prince  royal  de  Wurtemberg. 

4.  La  grande-duchesse  Catherine. 

5.  L'Impératrice  douairière  était  la  sœur  du  roi  de  Wurtemberg. 


64  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

et  vous  prie  de  renfermer  dans  votre  cœur  la  pensée,  qui  ne 
peut  que  vous  flatter,  de  vos  vues  sur  ma  fille  jusqu'au  prin- 
temps prochain. 

Alors,  si  le  roi  de  Wurtemberg  s'adresse  à  l'Empereur  et  à 
sa  mère  pour  obtenir  la  main  de  la  sœur  et  de  la  fille  pour  le 
prince  royal,  et  que  la  grande-duchesse  y  consente,  nous  y 
acquiescerons.  Mais  jusque-là,  veuillez  écarter  cette  pensée  et 
même  donner  vos  soins  à  ce  qu'elle  reste  inconnue  du  public. 
En  attendant,  la  grande-duchesse,  soit  qu'elle  se  trouve  à 
Vienne  ou  non,  viendra,  ou  avant  ou  après  le  voyage,  passer 
un  temps  au  sein  de  sa  famille,  pour  s'éloigner  de  l'Allema- 
gne et  ôter  toute  raison  de  soupçonner  l'alliance  future. 

J'ose  encore  vous  demander,  au  nom  de  ma  sollicitude  ma- 
ternelle, qu'en  cas  que  ma  fille  aille  àr  Vienne,  le  prince  royal 
ne  s'y  trouve  pas,  et  je  vous  conjuré,  de  même  que  le  prince 
royal,  de  ne  plus  se  rencontrer  avec  ma  fille,  jusqu'au  mo- 
ment où  le  consentement  formel  aura  été  demandé  et  donné, 
ainsi  jusqu'en  mai  ou  juin. 

Ce  n'est  qu'en  observant  de  rigueur  cet  éloignement  que  le 
rapprochement  du  divorce  avec  le  mariage  frappera  moins 
l'opinion  publique  et  que  le  nom  de  ma  fille  ne  souffrira  pas. 

Puissent  ces  lignes  et  le  sentiment  qui  les  dicte  vous  prou- 
ver, cher  frère,  de  plus  en  plus  mon  amitié. 

P.  S.  —  L'Empereur,  qui  a  lu  ces  lignes,  me  charge  de  ses 
tendres  amitiés  pour  vous.  Sa  façon  de  voir  est  la  même. 


82.  Lemberg,  22  août  1814  (F.  1.  ad  3565). 

FESTEiNBERG  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

J'ai  su  la  veille  au  soir  chez  le  comte  Potocki  que  l'Empe- 
reur Alexandre  avait  décidé  de  partir  pour  Vienne  vers  la  mi- 
septembre  (1). 

1.  Le  même  agent  confirmait  ce  renseignement  une  dizaine  de  jours  plus 
tard,  et  le  4  septembre  il  écrivait  à  Hager  qu'il»  avait  su  par  la  comtesse  Tols- 
toï, qui  vient  d'arriver  (à  Lemberg)  que  le  Tzar  partira  pour  Vienne  le  13  sep- 
tembre ». 

La  comtesse  Tolstoï  femme  du  grand  maréchal  du  Palais,  née  princesse 
Bariatinska.  Sa  mère  était  de  la  famille  des  Holstein  et  cousine  germaine  de 
Catherine  II. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS        63 

S3.  Vienne,  septembre  1814  (F.  1,  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

La  police  particulière  du  nonce.  Les  promesses  d'appui  de  Saint-Marsan, 
Stackelberg  et  Humboldt.  Les  offres  de  service  du  père  du  prince  de 
Metternich.  Le  double  jeu  du  prince  de  Metternich.  Les  singulières  décla- 
rations de  la  Tour  du  Pin.  L'animosité  du  Nonce,  du  cardinal  Pacca  et  du 
pape  contre  Metternich. 

Le  capitaine  Ferrari  et  les  nommés  Gellini  et  Sartori,  sont 
les  trois  individus  qui  renseignent  secrètement  le  Nonce 
{Mgr  Severoli).  C'est  en  revanche  un  protestant  (1),  dont  la 
femme  s'est  récemment  convertie  au  catholicisme,  qui  l'in- 
forme des  événements  plus  importants. 

Le  nonce  a  déjà  fait  savoir  au  Cardinal  Pacca  que  Saint- 
Marsan,  Stackelberg  et  Humboldt  lui  avaient  déclaré  qu'ils 
avaient  ordre  de  soutenir  les  justes  revendications  du  pape. 
11  a  un  peu  plus  tard  parlé  au  cardinal  de  ses  conférences  avec 
Metternich,  dont  le  père,  quoique  franc-maçon,  lui  a  offert  son 
intervention  et  lui  a  promis  de  mettre  tout  en  œuvre  pour  que 
l'Etat  de  l'Eglise  rentre  dans  les  limites  qu'il  avait  avant  le 
traité  de  Tolentino.  Metternich  lui-même  avait  protesté  de 
l'intérêt  qu'il  portait  à  la  cause  du  Saint  Siège  et  de  son  désir 
de  voir  le  Pape  rentrer  dans  la  pleine  possession  de  ses  Etats. 
Quel  ne  fut  pas  l'étonnement  du  nonce  apostolique  ensuite, 
quand  il  apprit  de  Saint-Marsan,  qu'ayant  eu  là-dessus  une 
explication  avec  le  prince  de  Metternich,  celui-ci  lui  avait  an- 
noncé d'un  ton  ferme  que  les  trois  Légations  devaient  entrer 
dans  la  balance  des  indemnisations  à  donner  à  des  princes  qui 
ont  mérité  les  suffrages  des  puissances  alliées. 

Quand  le  nonce  apostolique  informa  sa  Cour  de  cette  com- 
munication secrète  de  M.  de  Saint-Marsan,  il  ne  put  contenir  sa 
bile  contre  Metternich,  l'appelant  au  sens  d'un  journal  appelé 
L'Ambigu,  le  Comte  de  la  Balance. 

Le  nonce  apostolique  fonde  beaucoup  d'espoir  sur  la  France, 
annonçant  à  sa  Cour  qu'il  avait  eu  de  longues  entrevues  avec 
le  ministre,  M.  de  la  Tour  du  Pin,  qui  au  nom  de  son  roi  Tas- 

1.  On  sut  un  peu  plus  tard  que  cet  individu  était  l'un  des  secrétaires 
{Hofsekrelar)  de  la  Chancellerie  d'Etat,  dont  il  sera  encore  question  plus 
loin,  un  certain  Schlegel. 

T.  I.  5 


66  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

surait  qu'on  ne  voulait  pas  laisser  agrandir  TAutriche  aux  dé- 
pens des  autres,  et  que  malgré  les  changements  arrivés,  les 
intérêts  des  peuples  et  l'indépendance  de  TEurope  comman- 
daient à  la  France  de  brider  cette  orgueilleuse  maison  d'Au- 
triche. 

Après  une  longue  énumération  des  causes  et  des  faits,  après 
le  vœu  manifesté  par  la  Cour  de  Rome,  le  nonce  convint  que 
la  chute  du  prince  de  Metternich  serait  l'unique  remède  aux 
malheurs  dont  TEglise  est  menacée  par  la  toute  puissance  de 
ce  nouveau  Stilicon  (ce  sont  ses  propres  mots)  et  par  la  dan- 
gereuse influence  qu'il  a  dans  les  conseils  de  l'Empereur.  Il 
se  nourrit  du  doux  espoir  d'y  réussir,  comme  il  l'a  écrit  der- 
nièrement au  cardinal  Pacca. 

Le  cardinal  Pacca  avait  déclaré  au  nonce  apostolique,  au 
nom  du  Saint  Père,  que  Sa  Sainteté  dorénavant  voulait  par- 
lar  chiaro  à  l'Empereur  et  que  le  temps  de  l'indulgence  est 
passé.  La  récente  résolution  de  Sa  Majesté,  qui  soumet  aux 
évêques  la  censure  des  livres  ecclésiastiques  et  ascétiques,  est 
un  acheminement  à  détruire  la  machine  impie  construite  par 
Joseph  IL 


7  septembre  1814. 
88.  Vienne,  6  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ  à  KARADJA  (1)  {intercepta  en  français). 


Mouvement  d'un  corps  prussien  dans  i'électorat  de  Hesse.  Tour  joué  à  l'élec- 
teur par  son  fils.  La  Saxe  et  les  manœuvres  hostiles  de  la  Prusse.  Les  re- 
fus du  roi  et  sa  conférence  avec  Hardenberg.  La  résistance,  apparente  seu- 
lement, de  l'Autriche. 


Il  insiste  d'abord  sur  l'alarme  causée  dans  toute  la  région  du 
Rhin  et  sur  l'inquiétude  provoquée  à  Vienne  par  la  nouvelle 
de  l'apparition  d'un  corps  prussien  dans  I'électorat  de  Hesse 
Gassel. 


1.  Le  dernier  paragraphe  de  cette  dépêche,  depuis  les  mots  «  le  roi  dej 
Saxe. ..jusqu'à  la  fin,  figure  seul  et  en  allemand  dans  Oesterreich's  T/iei7/ia/imB,  J 
p.  404. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        67 

Voici  la  clef  de  cet  événement:  L'électeur  de  Hesse  (1), 
comme  certains  de  ses  voisins,  a  cru  pouvoir  retirer  son  con- 
tingent et  le  Gouvernement  prussien,  qui  avait  ce  contingent 
sous  ses  ordres,  a  refusé  d'y  consentir.  L'électeur  a  passé  outre 
et  il  paraît  que  son  fils  (2),  avec  lequel  il  est  brouillé,  a  excité 
la  Cour  de  Berlin  à  agir  avec  sévérité  contre  lui.  C'est  là  ce 
qui  a  donné  lieu  à  ces  mesures. 

Il  en  est  tout  autrement  de  la  Saxe,  dont  je  crois  le  sort 
décidé  sans  retour.  La  perspective  de  voir  cesser  l'administra- 
tion provisoire  russe  fait  que  ces  projets  sont  vus  avec  moins 
d'horreur. 

Quoique  les  Saxons  n'aiment  pas  les  Prussiens,  ils  leur  ten- 
draient les  bras  pour  être  débarrassés  des  Russes.  De  plus,  le 
Gouvernement  prussien  a  été  assez  habile  pour  leur  montrer 
l'avenir  sous  un  jour  qui  doit  adoucir  leurs  regrets.  Le  roi  de 
Prusse  a  fait  insinuer  qu'il  ne  se  proposait  pas  de  les  amalga- 
mer avec  ses  autres  provinces,  mais  que  la  Saxe  serait  toujours 
gouvernée  comme  un  royaume  séparé,  conservant  sa  consti- 
tution, ses  lois,  ses  tribunaux,  ses  privilèges,  son  administra- 
tion et  même  son  armée.  Ces  promesses  n'ont  pas  manqué  leur 
elfet  surtout  auprès  de  la  noblesse  et  des  employés.  Le  com- 
mandant en  chef  de  l'armée  saxonne,  le  général  von  Thiel- 
mann  (3)  est  tout  à  fait  dans  les  intérêts  prussiens... 

Le  roi  de  Saxe  qui,  quoique  traité  avec  tous  les  égards  ne 
s'en  regarde  pas  moins  comme  une  espèce  de  prisonnier  d'Etat, 
n'a  jamais  voulu  entrer  dans  aucune  proposition. 

Le  9  août,  le  prince  de  Hardenberg  a  eu  une  conférence  avec 
lui  ;  mais  le  roi  a  persisté  dans  son  refus.  Cette  persévérance 


1.  Guillaume  IX,  landgrave  de  Hesse  Gassel  (1743-1821),  monté  sur  le  trône 
le  81  octobre  1785,  électeur  sous  le  nom  de  Guillaume  I"  le  25  février  1803, 
chassé  de  ses  Etats  par  l'Empereur  en  1806,  n'en  reprit  possession  qu'en  no- 
vembre 1813.  Il  ne  fit  qu'un  court  séjour  à  Vienne  et  en  repartit  le  premier 
de  tous  les  souverains  dès  le  25  octobre  1814. 

2.  Guillaume  II  succéda  à  son  père  en  1821,  mais  les  conflits  et  le  mécon- 
tentement général  provoqué,  surtout  par  l'influence  de  sa  maîtresse,  la  com- 
tesse de  Reichenbach,  l'obligèrent  à  octroyer  une  charte  très  libérale  en  jan- 
vier 1831,  et  à  nommer  peu  après  co-régent  son  fils,  Frédéric-Guillaume  qui 
dirigea  seul  les  affaires  jusqu'à  sa  mort  survenue  en  1847. 

3.Thielmann  (Jean-Adolphe,  baron  de)  (1765-1824)  lieutenant-général  saxon, 
commandant  de  Torgau  en  181?,  refusa  d'obéir  à  son  roi  lorsque  celui-ci  prit 
après  Lutzen  la  résolution  de  rester  fidèle  à  Napoléon,  et  passa  dès  ce  mo- 
ment dans  les  rangs  des  alliés.  Chargé  après  la  paix  de  Paris  en  1815  du 
commandement  du  8"  corps  d'armée  prussien  et  des  provinces  prussiennes 
entre  le  Rhin  «t  le  Weser,  il  mourut  à  Goblentz  le  18  août  1824. 


68  AUTOUR    DU   COTGRÈS   DE    VIENNE 

ne  le  sauvera  pas,  mais  augmentera  les  embarras  et  le  mau- 
vais effet  dans  l'opinion.  L'Autriche  n'en  désire  pas  moins  le 
succès  de  ses  projets,  mais  de  graves  considérations  l'oblige- 
ront de  leur  (aux  Prussiens)  prêter  la  main.  Il  est  de  toute  né- 
cessité que  l'amitié  entre  la  Prusse  et  TAutriche  soit  conservée 
et  cimentée  à  tout  prix... 


Vienne,  8  septembre. 
89.  Vienne,  7  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565.) 

GOiMTE  DE  HARDENBERG  à  MUNSTER  (à  Londres) 
{intercepta  en  français). 

Le  nouveau  projet  de  constitution  de  l'Allemagne.  Projet  de  réduction  du 
nombre  des  provinces  fédérales  de  l'Autriche  et  augmentation  au  contraire 
de  celles  de  la  Prusse.  Projet  préparé  par  Stein,  Raisons  pour  lesquelles 
Hardenbcrg  a  cru  devoir  l'examiner  avec  Martens,  Humboldt  et  Solms. 

D'après  le  premier  projet  de  la  Constitution  de  TAUemagne, 
connu  de  Votre  Excellence,  le  Directoire  de  la  Conférence  ger- 
manique devait  alterner  entre  les  directeurs  des  Cercles  sié- 
geant dans  l'assemblée  fédérative,  tandis  que  dans  le  nouveau 
plan  il  est  dit  que  l'Assemblée  fédérative  (^?mc/e.S'/«^)  est  com- 
posée :  1°  du  Directoire;  2°  du  Conseil  des  directeurs  des  cer- 
cles et  3°  du  Conseil  des  Princes.  La  direction  doit  être  exercée 
par  l'Autriche  et  par  la  Prusse  conjointement  et  l'Autriche 
aura  la  présidence.  Ces  deux  cours  exerceront  également  le 
Directoire  dans  le  Conseil  des  princes  et  y  auront  voix.  Exclu- 
sivement des  directeurs  des  cercles,  les  deux  conseils  délibére- 
ront séparément  et  à  la  pluralité  des  voix.  Si  les  deux  conseils 
diffèrent  d'opinion,  le  Directoire  s'emploiera  à  les  mettre  d'ac- 
cord; faute  de  quoi,  le  Directoire  décidera  de  la  question. 

Il  est  également  projeté  dans  le  nouveau  plan  de  détacher 
absolument  du  lien  de  la  fédération,  ainsi  réellement  de  l'Alle- 
magne, toutes  les  provinces  autrichiennes  à  l'exception  du 
Tyrol,  du  Salzburg,  du  Vorarlberg  et  de  ce  qu'elle  acquérera 
sur  le  Haut-Rhin,  ce  qui  réduit  le  territoire  par  lequel  elle 
tiendrait  à  l'Allemagne  au-dessous  de  la  proportion  de  celui 
de  la  Bavière.  La  Prusse,  au  contraire,  détachant  à  la  vérité 
de  l'Allemagne  d'après  le  nouveau  plan  ses  provinces  situées 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        69 

sur  la  droite  de  l'Elbe,  mais  tenant  à  l'avenir  à  la  Fédération 
par  tout  ce  qu'elle  possède  et  compte  acquérir  entre  l'Elbe  et 
le  Rhin  et  au  delà  de  cette  rivière,  aurait  une  prépondérance 
d'opinion  et  de  fait  en  Allemagne,  dont  les  suites  sont  diffi- 
ciles à  calculer. 

J'apprends,  à  mon  grand  étonnement,  que  le  plan  a  été  dis- 
cuté et  arrangé  à  Francfort  avec  le  baron  de  Stein. 

Le  conseiller  de  Martens(l)s'étant  occupé  depuis  son  arrivée 
ici  à  élaborer  une  espèce  d'esquisse  ou  de  canevas  systématique 
sur  tout  ce  qui  devait  faire  l'objet  des  délibérations  futures 
sur  l'organisation  de  l'Allemagne  fédérée,  je  me  suis  prêté, 
nonobstant  la  différence  du  nouveau  plan  du  chancelier  prus- 
sien d'avec  les  idées  du  premier  projet,  à  la  proposition  de 
Humboldt  de  le  discuter  ainsi  que  l'esquisse  de  M.  de  Martens, 
entre  eux  deux,  le  comte  de  Solms(2)et  moi  pour  au  moins  pré- 
parer les  observations  que  nous  pourrions  soumettre  ensuite  à 
la  discussion  des  cabinets. 


9  septembre  1814. 
90.  Vienne,  8  septembre  1814  (F.l.  ad  3565). 

COMTE   DE    HARDENBERG  à  MUNSTER 

{intercepta  en  français). 

Campagne  menée  contre  le  comte  Wallis  que  Metternich  et  Zichy  réussissent 
à  faire  éloigner  des  affaires.  Modifications  apportées  au  fonctionnement  des 
différents  départements.  Refroidissement  entre  l'archiduc  Charles  et  la 
grande-duchesse  Catherine.  Le  divorce  du  prince  royal  de  Wurtemberg. 
On  parle  de  son  mariage  avec  la  grande-duchesse. 

Metternich  est  toujours  à  Baden  d'où  il  rentre  fort  peu  en 
ville.  Aussi  le  cabinet  a-t-il  peu  travaillé  en  politique  ces  der- 
niers temps  et  ne  s'est  occupé  que  de  l'intérieur. 

Le  comte  Wallis,  après  avoir  été  éloigné  du  ministère  des 
Finances,  n'en  était  pas  pour  cela  éloigné  des  affaires.  L'Em- 
pereur, qui  a  toujours  de  l'attachement  pour  lui,  l'avait  nommé 
ministre  d'Etat  et  des  Conférences.  Il  avait  ainsi  connaissance  de 

l.Le  célèbre  diplomate  et  jurisconsulte  venait  d'être  nommé  par  le  Prince" 
Hégent  conseiller  intime  du  cabinet  hanovrien. 

2.  «  J'y  ai  vu  à  dîner  (chez  Metternich  le  2  septembre)  lit-on  dans  les  Tage- 
bûcher  de  Gentz,  le  comte  de  Solms-Laubach,  ci-devant  conseiller  aulique 
d'Empire,  employé  de  l'administration  centrale  à  Francfort.  » 


70 


AUTOUR   DU   CONGRES    DE   VIENNE 


tout  ce  qui  s'agitait  dans  les  Conférences  et  résumait  en  der- 
nier lieu  les  opinions  des  Ministres  dans  le  rapport  qui  pas- 
sait à  l'Empereur.  Il  conservait  ainsi  une  influence  trop  dan- 
gereuse pour  que  le  prince  de  Metternich  et  le  comte  Zichy  (1) 
n'eussent  désiré  l'éloigner,  et  c'est  à  quoi  on  a  travaillé  pen- 
dant l'absence  de  l'Empereur  et  plus  encore  pendant  que  Met- 
ternich s'était  rendu  chez  lui  à  la  campagne.  On  a  réussi  en 
partie,  plutôt  dans  les  formes  que  dans  le  fond,  mais  non  à 
l'éloigner  tout  à  fait,  comme  Votre  Excellence  le  verra  par 
l'arrangement  qui  est  prêt  à  être  mis  à  exécution.  On  sépa- 
rera la  partie  législative  du  Conseil  des  Conférences  de  la  partie 
executive.  Dans  le  premier  Conseil  des  Conférences,  les  minis- 
tres ne  s'occuperont  que  de  la  décision  à  prendre  sans  entrer 
dans  les  détails  dont  l'exécution  sera  remise  au  Conseil  d'Etat. 

Celui-ci  sera  partagé  en  quatre  sections  :  Intérieur,  Finan- 
ces, Militaire,  Justice  et  sera  présidé  par  le  comte  Wallis.  Les 
membres  des  sections  ne  sont  pas  encore  nommés  ;  mais  je 
sais  que  le  général  Duka  (2)  aura  la  section  militaire. 

Par  cette  organisation,  la  Conférence  n'éprouvera  plus  dans 
ses  décisions  autant  de  contrariété  comme  jadis  de  la  part  du 
comte  Wallis,  mais  celui-ci  pourra  toujours  entraver  la  mar- 
che des  affaires,  qui  lui  déplairont,  par  les  obstacles  qu'il  met- 
tra dans  l'exécution. 

On  croit  toujours  que  Stadion  sera  nommé  ministre  de  l'In- 
térieur et  que  Wessenberg  pourrait  bien  être  employé  sous  lui 
comme  vice-chancelier  des  Finances. 

D'après  des  lettres  particulières  reçues  ici  en  dernier  lieu^ 
il  paraît  qu'il  était  survenu  quelque  mésintelligence  entre  l'ar- 
chiduc Charles  et  la  grande-duchesse  et  que  le  mariage  projeté 
entre  eux  n'est  plus  désiré  par  eux-mêmes  autant  qu'il  sem- 
blait l'être  jusqu'ici. 

On  parle  du  divorce  formel  du  prince  royal  de  Wurtem- 
berg et  de  la  princesse  royale  et  que  ce  prince  va  épouser  la 
grande-duchesse,  mais  il  le  contredit  ouvertement  lui-même. 


1.  Zichy  (de  Vasonykeo,  Charles,  comte),  (1753-1826)  Obergespan  du  comitat 
de  Raab  en  1786.  Judex  Curiae,  en  1788.  Président  de  la  Hofk«mmer  en  1802. 
Ministre  d'Etat  et  de  Conférences  en  1808.  Ministre  de  la  Guerre  en  1809.  Mi- 
nistre de  l'Intérieur  de  1813  à  1814. 

2.  Duka  (Pierre,  comte)  (1756-1822). Entré  dans  l'armée  comme  cadet  au  sor- 
tir de  l'école  des  ingénieurs  en  1776,  colonel  en  1797,  général  et  commandant 
du  Banat  en  1805.  Feldzeugmeister  et  conseiller  privé.  Adversaire  acharné 
de  toutes  les  réformes. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS        71 

Vienne,  H  septembre  1814. 
91.  Vienne,  10  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BARON  DE  SPAEN  (1)  à  NAGELL  (2)  (à  la  Haye)  {intercepta) 

(Analyse). 

A  propos  de  la  mort  de  Marie-Caroline  (3)  et  de  ses  con- 
séquences pour  Murât  et  Ferdinand  IV. 

«  Le  roi  de  Saxe  se  refuse  à  tout  arrangement.  Il  dit  qu'il 
lui  faudra  bien  céder  à  la  force,  mais  qu'il  ne  saurait  accepter 
à  l'amiable  aucune  compensation.  » 

La  Saxe  est  dans  un  état  lamentable. 


92.  Vienne,  18  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HUMBOLDT  au  ROI  DE  PRUSSE  {intercepta  en  français). 

La  mort  de  Marie-Caroline  et  ses  conséquences.  Le  projet  de  mariage  de 
l'archiduc  Charles  et  de  la  grande-duchesse  Catherine  n'est  pas  abandonné. 
Bruits  répandus  à  propos  de  Marie-Louise.  Les  modifications  projetées  et 
relatives  à  l'organisation  des  ministères  ne  sont  pas  encore  arrêtées. 

La  mort  de  la  reine  de  Sicile  est  généralement  considérée 
comme  un  événement  qui  pourra  tourner  à  l'avantage  du  roi, 
son  époux,  et  être  fatal  au  roi  actuel  de  Naples.  Le  caractère 
turbulent  de  cette  princesse  et  l'esprit  de  vengeance  qu'elle 
avait  montré  à  son  premier  retour  à  Naples  après  la  Révolu- 
tion lui  avaient  aliéné  les  cœurs  de  ses  anciens  sujets,  et  ceux, 
qui  avaient  des  raisons  de  craindre  son  animosité,  la  redou- 
taient trop  pour  ne  pas  travailler  autant  qu'ils  pouvaient  con- 
tre le  retour  de  l'ancienne  dynastie.  Ce  retour  est  donc  faci- 
lité par  là... 

J'ai  eu  l'honneur  de  dire  à  Votre  Majesté  dans  un   der- 

1.  Spaen  de  Voorstonden  (Gérard-Charles,  baron  de)  Ministre  plénipoten- 
tiaire des  Pays-Bas  et  envoyé  extraordinaire  près  la  Cour  de  Vienne. 

2.  Nagell  tôt  Ampsen  (Anne- Willem  Karel,  baron  de)  Chambellan  et  secré- 
taire d'Etat  du  prince  souverain  des  Pays-Bas,  puis  ministre  des  Affaires 
étrangères  du  roi. 

3.  Marie-Caroline  mourut  d'une  attaque  d'apoplexie  au  château  d'Hetzen- 
dorf  dans  la  nuit  du  7  au  8  septembre. 


72  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

nier  rapport  qu'on  croyait  que  le  mariage  entre  Tarchiduc 
Charles  et  la  grande-duchesse  Catherine  était  seulement  sus- 
pendu et  non  pas  rompu. 

Je  tenais,  ainsi  que  je  l'ai  marqué,  cette  prétendue  rupture  du 
ministre  russe  qui  avait  reçu  des  lettres  d'Egra.  Le  comte  de 
Stackelberg  a  été  le  premier  qui  m'a  dit  que  les  bruits  de 
rupture  avaient  été  faux  et  qu'il  considérait  Talliance  comme 
certaine.  Il  s'explique  cette  version  en  disant  que  les  per- 
sonnes, qui  ont  le  plus  secondé  ce  projet,  s^apercevant  que  le 
bruit  en  devenait  trop  public  avant  qu'il  ne  fût  certain,  ont 
répandu  à  dessein  le  bruit  de  la  rupture  pour  donner  le  change 
au  public. 

On  prétend  que  Marie-Louise  ne  viendra  pas  en  Autriche, 
où  elle  devait  habiter  le  château  de  Schlosshof  près  de  Pres- 
bourg,  mais  qu'elle  passera  l'hiver  à  Graz.  Il  y  a  quelques 
jours  le  bruit  se  répandit  que  le  Général  Neipperg  avait  en- 
voyé son  aide  de  camp  en  courrier  ici,  qu'il  avait  découvert 
des  projets  secrets  entre  Joseph  Bonaparte  et  des  personnes 
qui  accompagnaient  l'Impératrice  et  que  cette  princesse  même 
n'y  était  pas  étrangère.  On  ajoutait  que  le  général  ne  s'étant 
pas  cru  en  sûreté  à  Aix,  il  y  avait  appelé  un  régiment  autri- 
chien du  Piémont.  ♦ 

Jusqu'à  présent,  rien  n'autorise  à  croire  à  ces  nouvelles,  et 
l'officier,  qui  était  venu,  était  non  pas  un  aide  de  camp  de  Neip-  | 
perg,  mais  un  officier  qui  avait  été  envoyé  ici  pour  demander 
des  instructions  ou  des  fonds  pour  la  continuation  du  voyage 
de  l'Impératrice. 

Le  projet  d'organisation  du  Conseil  d'Etat  n'était  pas  défi-,: 
nitivement  arrêté.  Il  ne  doit  pas  y  avoir  de  sessions  générales,, 
mais  seulement  par  sections  et  le  comte  Wallis  présidera  celle  I 
de  l'Intérieur,  le  comte  Zichy,  celle  des  Finances,  et  le  Con- 
seiller d'Etat  Pfleger,  celle  delà  Justice...  Les  conférences  ordi> 
naires,  auxquelles  on  admet  à  présent  les  Conseillers  d'Etat,, 
ne  seront  apparemment  plus  que  des  seuls  Ministres... 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        73 

Vienne,  14  septembre  1814. 
93.  Baden,  14  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GENTZ  à  KARADJA  (1)  (intercepta  en  français). 

La  mort  de  Marie-Caroline  et  ses  conséquences.  Le  projet  de  mariage  entre 
l'archiduc  Charles  et  la  grande-duchesse  Catherine  n'est  pas  abandonné. 

...  La  mort  de  la  reine  de  Sicile  n'est  pas  un  événement  in- 
différent, ni  pour  le  royaume  resté  à  sa  famille,  ni  pour  celui 
qu'elle  gouvernait  autrefois.  Elle  remplissait  les  fonctions  d'un 
ministre  près  les  Cours  étrangères  avec  un  zèle  et  une  ardeur 
que  peu  d'agents  en  titre  auraient  pu  égaler. 

Elle  ne  perdait  pas  un  instant  de  vue  les  intérêts  de  sa  fa- 
mille et  travaillait  sans  relâche  à  disposer  les  Cabinets  en  sa 
faveur.  Sous  tous  les  rapports,  le  roi  actuel  de  Naples  est  déli- 
vré par  la  mort  d'un  antagoniste  redoutable. 

A  d'autres  égards, cet  événement  peut  lui  faire  du  tort  d'une 
manière  indirecte.  La  crainte  qu'elle  inspirait  aux  Napolitains 
et  les  vengeances,  qu'elle  avait  exercées  sur  eux  en  1708, 
étaient  pour  le  roi  Joachim  une  des  plus  fortes  garanties  de  la 
tranquillité  de  toutes  les  classes  du  peuple  et  de  leur  soumis- 
sion à  son  autorité. 

L'archiduc  Charles  est  revenu  d'une  course  qu'il  a  faite  aux 
eaux  d'Egra,  où  les  Grandes-Duchesses  Marie  et  Catherine 
séjournent  depuis  la  fin  de  juillet.  On  a  répandu  dans  les  pre- 
mières sociétés  de  Vienne  que  son  entrevue  avec  la  Grande- 
Duchesse  Catherine  n'avait  pas  été  favorable  au  mariage  pro- 
jeté depuis  quelque  temps  et  que  cette  princesse  paraissait 
vivement  désirer.  Il  se  peut  que  quelques  nuages  se  soient 
élevés  dans  cette  entrevue,  mais  j'ai  de  bonnes  raisons  pour 
ne  pas  croire  que  le  projet  de  mariage  soit  abandonné. 


94.  Vienne,  10-16  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565)  (2). 

Notes  sur  les  faits  et  gestes  du  BARON  ANSTETT 

1.  Cette  dépêche,  qui  n'a  été  publiée  ni  par  Prokesch-Osten  ni  par  Klin- 
kowstrœm,  est  d'autant  plus  intéressante  que  Gentz  semblait  affecter  de  pas- 
ser sous  silence  un  événement  aussi  important  que  la  mort  de  Marie-Caro- 
line dont  il  ne  fait  pas  même  mention  dans  ses  TagehUcher. 

2.  Bien  qu'en  réalité  et  pour  suivre  l'ordre  strictement  chronologique,  les 


74  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIEJSNE 

10  septembre.  —  Il  a  dîné  chez  lui  à  7  heures,  puis  est  allé 
au  théâtre. 

11  septembre.  —  Dîné  chez  lui  à  5  heures,  puis  il  est  allé 
chez  le  comte  Stackelberg  (ministre  de  Russie  à  Vienne),  de 
là  chez  Razoumoffsky  à  8  heures.  Allé  ensuite  avec  le  baron 
Plessen  (1),  ministre  de  Mecklembourg,  chez  les  ministres 
d'Angleterre  et  de  Hollande,  puis  rentré. 

12  septembre.  —  Dîné  chez  lui  à  7  heures,  puis  au  théâtre. 

13  septembre.  —  Dîné  chez  lui  à  5  heures,  sorti  à  6  heu- 
res, puis  au  théâtre. 

14  septembre. —  Dîné  à  5  heures,  sorti  seul  à  6  heures, allé 
au  théâtre  à  7  heures. 

15  septembre. —  Envoyé  à  7  heures  une  lettre  à  Metternich. 

16  septembre.  —  Allé  chez  Metternich,  puis  sorti  pendant 
une  demi-heure  à  6  heures.  Visite  de  M.  von  Ott  (conseiller 
dŒtat  russe),  qui  ne  le  trouve  pas  à  la  maison. 


95.  Vienne,  22  septembre  1814.  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER  au  BARON   HAGER 

Surveillance  spéciale  de  Nesselrode. 

Le  8  septembre,  à  11  heures  du  matin,  visite  du  comte  Sta- 
nislas Potocki(2)  jusqu'à  11  h.  1/2.  A  midi,  le  conseiller  intime 

trois  pièces  n"'  94,  95  et  96  ne  devraient  être  placées  que  plus  loin,  à  la  date 
des  17,  20  et  23  septembre,  comme  elles  figurent  à  part  dans  les  dossiers,  et 
non  pas  dans  les  bulletins  et  rapports  de  Ilager,  j'ai  cru  bien  faire  en  les  pro- 
duisant ici,  c'est-à-dire  à  la  date  du  15  septembre,  à  peu  près  au  milieu  de 
la  période  de  surveillance  à  laquelle  se  rapporte  la  plus  importante  des  trois, 
la  pièce  n"  95  relative  à  Nesselrode. 

Je  n'ai  du  reste  reproduit  les  trois  pièces  suivantes  que  pour  permettre  à 
mes  lecteurs  de  se  faire  une  idée  de  la  façon  dont  le  baron  Hager  faisait  sur- 
veiller les  grands  personnages  réunis  à  Vienne  pour  le  Congrès  et  je  me  suis 
bien  gardé,  comme  j'aurais  pu  le  faire,  de  prendre  copie  de  chacun  des  rap- 
ports quotidiens  def  agents  chargés  de  ce  genre  de  missions. 

1.  Plessen  (Léopold-Engelke-Hartwig)  (1769-1837)  entré  au  service  du  duc 
Frédéric-François  de  Mecklembourg-Schwerin  comme  Kanimer-Auditor  (1196) 
Chambellan  (1796),  représentant  du  duché  à  Ratisbonne  (1802-1806),  il  accom-; 
pagna  le  duc  au  Danemark  après  léna,  devint  peu  après  conseiller  intime 
chargé  de  négocier  et  de  conclure  le  traité  d'alliance  avec  la  Russie  eti 
Prusse,  puis  avec  l'Autriche  en  1813-1814,  envoyé  à  Vienne  pendant  le  Col 
grès,  et  enfin  premier  Ministre  en  1836. 

2,  Potocki  (Stanislas,  comte),  né  à  Varsovie  en  1757,  mort  en  1822,  joua 
grand  rôle  aux  Diètes  de  1788  et  1792.  Sénateur  palatin  lors  de  la  création 
grand-duché  de  Varsovie,  président  du  Conseil  d'Etat  en  1812,  il  fut  en  18 
nommé  par  Alexandre  ministre  des  Cultes  et  de  l'Instruction  publique  etdl 


LES    TRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       75 

'on  Gaertner  (1).  A  1  heure,  le  Nonce  et  le  cardinal  (Consalvi) 
[ui  restent  jusqu'à  2  heures. 

Nesselrode  reçoit  après  dîner  jusqu'à  7  heures  le  prince  et 
e  comte  Trauttmansdoriï(2),le  comte  Schœnfeld  (3), le  comte 
'ichy,le  comte  Stadion,le  comte  Elz(4),le  comte  Degenfeld(5), 
e  comte  Woyna  (6),  le  comte  Ferdinand  Palffy  (7),  le  comte 
^astelalfer  (8)  qui  habite  à  la  Kaiserin  von  Oesterreich  et  le 
)aron  Humboldt.  Le  soir,  il  va  au  théâtre  an  der  Wien. 

Le  9  septembre.  —  Il  écrit  dans  la  matinée  jusqu'à  une 
leure,  reçoit  plusieurs  paquets  de  la  Chancellerie,  dont  un 
idressé  au  comte  Mocenigo(9).  Sorti  à  pied  de  1  heure  à  2  heu- 
es,  il  va  ensuite  au  Prater  à  4  heures  et  rentre  à  5  heures. 

Le  10. —  Visite  du  Nonce  de  11  heures  à  11  h.  1/2.  Sorti  à 
3ied  à  midi.  Dîné  à  la  maison.  Allé  au  Prater  à  4  heures.  Le 
ioir  au  théâtre  an  der  Wien.  Rentré  à  11  h.  1/2.  On  avait 
-eçu  à  9  heures  un  paquet  de  la  Chancellerie  d'Etat, 

Le  il.  —  Grand  dîner  qui  dure  jusqu'à  7  heures.  Allé  chez 


/int  en  1818  président  du  Sénat.  Il  avait  épousé  une  princesse  Lubomirska 
jui  passait  à  juste  titre  pour  une  des  femmes  les  plus  intelligentes  et  les  plus 
n  s  truites  de  son  temps. 

1.  Gaertner  (François  de)  conseiller  intime,  plénipotentiaii'e  de  près  de  cin- 
juaute  princes  et  comtes  allemands  qui  avaient  perdu  leur  immédiateté. 

2.  Trauttmansdorfî( Ferdinand,  prince  de)  (1749-1827).  Entré  dans  la  diplo- 
iiafic  en  1774,  ministre  des  Affaires  étrang^ères  pendant  quelques   mois  en 

;   après   la    chute   de  Thugut,   grand  maître  des  Cérémonies  en  1807   et 
!  ça  ces  fonctions  jusqu'à  la  mort. 
o.  Une  peut  s'agir  ici  que  du  comte  Louis  Schœnfeld,  ancien  ministre  de 
Saxe  à  Vienne. 

4.  Probablement  celui-là  même  auquel  Metternich  avait  succédé  le  2  no- 
irembre  1805  à  Dresde  en  qualité  de  Ministre  près  la  Cour  de  la  Saxe-Elec- 
Lorale,  qui  fut  à  ce  moment  envoyé  à  Madrid  comme  ambassadeur  extraor- 
dinaire et  qui  plus  tard  accompagna  au  Brésil  en  qualité  de  Grand-Maître 
le  sa  Maison  l'archiduchesse  Léopoldine  lorsqu'elle  épousa  Dom  Pedro. 

5.  Ancien  Reichs  no('ralh,\e  comte  Max  Degenfeld, représentait  à  Vienne  la 
noblesse  du  Rhin.  Il  avait  épousé  une  comtesse  Teleki  et  avait  pour  beau- 
frère  le  comte  Solms-Laubacli  qui  avait  épousé  sa  sœur. 

6.  11  doit  s'agir  ici  du  comte  Félix  Woyna  (1788-1857)  chambellan  de  l'Empe- 
peur,  major  de  cavalerie,  lieutenant-colonel  en  1816,  colonel  en  1823  et  géné- 
ral en  1831. 

7.  Palfïy  (Ferdinand,  comte)  grand  ami  des  arts,  directeur  et  propriétaire 
en  1813  du  théâtre  an  der  Wien,  consacra  toute  sa  fortune  aux  choses  du 
théâtre  et  de  l'art. 

8.  Castelalfer  (comte  de)  ministre  de  Sardaigne  à  Berlin.  «  Il  était,  lit-on 
dans  les  Souvenirs  du  Chevalier  de  Cussy,  tome  I,  137,  un  ancien  chambellan 
de  la  princesse  Pauline  Bonaparte.  Il  en  avait  été  tellement  épris  qu'il  por- 
tait, dit-on,  sur  son  cœur  un  ancien  soulier  de  cette  belle  princesse.  » 

9.  Mocenigo  (Georges  Dmitriévitch,  comte)  ministre  de  Russie  près  la  Cour 
de  Sicile. 


76  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Bellegarde  (1)  à  8  heures,  rentré  à  9  h.  1/2.  Le  comte  avait  en- 
voyé à  2  heures  une  lettre  à  Paul  Esterhazy  (2)  dont  la  réponsa. 
arriva  à  4  heures.  f 

Le  12.  —  Ecrit  toute  la  matinée.  Dîné  hors  de  la  maison  et 
rentré  à  5  h.  1/2. 

Le  13.  —  Sorti  à  10  heures,  rentré  à  1  heure.  Dîné  à  la, 
maison.  Le  soir,  visites  du  prince  de  Ligne,  du  comte  et  de  la^ 
comtesse  Maurice  O'Donnell  (3)  qui  restent  jusqu'à  minuit.   ' 

Le  14. —  Sorti  de  10  heures  à  2  heures,  fait  des  visites  dans 
l'après-midi. 

Le  15.  —  Sorti  à  11  h.  1/2,  rentré  à  1  h.  1/2  pour  dîner,  il 
reçoit  la  visite  de  Stein,  du  prince  Dolgorouki  (4),  du  comte 
OuroussolT  et  d'Ott  qui  le  quittent  vers  5  heures.  Il  sort  à 
5  heures  et  ne  rentre  qu^à  11  heures. 

Le  16.  —  Ecrit  jusqu'à  1  heure,  allé  au  Prater,  rentré  pour 
dîner  à  2  h.  1/2,  reçoit  le  comte  Munster,  le  comte  Golovkine(5) 
qui  habite  au  coin  de  la  Himmelpfortgasse.  A  souper,  les  prin- 
cesses Narischkine  (6)  et  Bagration(7),le  prince  Wolkonsky  (8), 

1.  Le  feld -maréchal  était  à  ce  moment  à  Milan  fort  préoccupé  de  la  situa- 
tion peu  rassurante  de  l'Italie  et  de  l'agitation  croissante  qui  se  manifestait 
en  Lombardie.Nesselrode  a  donc  été  rendre  visite,  non  pas  au  maréchal, mai» 
à  sa  femme,  la  comtesse,  née  comtesse  Augusta  de  Berlichingen  (1765-1831). 

2.  Voir  plus  loin  note,  Pièce  108. 

3.  O'Donnell  (Maurice,  comte)  mort  en  1843,  commandant  d'un  bataillon  de 
volontaires  viennois  à  la  tête  desquels  il  se  distingua  à  Ebersberg  en  1809, 
devenu  plus  tard  feld-maréclial-lieutenant. 

Il  avait  épousé  la  princesse  Christine  de  Ligne. 

Cf.,  un  rapport  de  police  du  16  décembre  aux  termes  duquel  le  prince  dfr 
Ligne  aurait  écrit  sur  papier  rose  son  testament  adressé  au  comte  Maurice 
O'Donnell. 

4.  Dolgorouki  (Nicolas- Wassiliévitch,  prince),  chambellan,  attaché  un  peu 
plus  tard  à  la  légation  russe  à  Paris,  celui-là  même  que  comme  il  le  raconte 
dans  ses  Titgebûcher,  t.  I,  307,  Gentz  rencontra  le  17  septembre  chez  la  prin^- 
cesse  Bagration.  I 

5.  Golovkine  (Georges  Alexandrovitch,  comte),  ministre  de  Russie  à  Stuttvïi 
gart,  puis  à  Vienne,  cousin-germain  du  comte  Fédor,  l'auteur  des  Mémoireftfe 
bien  connus  sur  la  Cour  et  le  règne  de  Paul  I".  .; 

6.  «  Née  en  1779,  morte  en  1857  >,laria-Antonovna  Czctwertynska  épousa  lef 
prince  Dimitri  Lvovitch  Narischkine  appelé  le  roi  des  Coulisses  et  «  le  Prince- 
des  Calembours  »  mort  en  1836  dans  le  poste  de  grand-veneur.  Maria  Anto- 
novna  fut  célèbre  par  sa  beauté  et  par  sa  liaison  avec  Alexandre  I",  dont  ellft 
eut  une  fille  Sophie  Romanofî.  Elevée  en  France  à  cause  de  sa  faible  sant 
passionnément  aimée  par  son  père  et  fiancée  à  un  comte  Chéiémétieff,  e. 
mourut  en  1824  avant  le  mariage.  —  Après  la  mort  de  son  mari.  Maria- An 
novna  se  remaria  avec  un  certain  Brozim.  »  (Comtesse  Golovine.  Souveni 
Note  213)  (Cf.  pour  d'autres  détails  sur  la  princesse  Narischkine,  Gussy.  Sott' 
venir  s  j  tome  U.)  ^ 

7.  Voir  Annexe,  X. 

8.  Wolkonsky  (Pierre  Mikhaïlovitch,  prince)  (1776-1852).  Enseigne  au  régi-/ 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       77 

comte  François  Potocki,le  comte  Woronzofî(l)le  prince  Dol- 
)rouki  et  le  prince  Lubomirski  qui  restent  jusqu'à  minuit. 
sole  de  l'agent.  A  3  heures,  je  porte  une  lettre  au  prince 
rauttmansdorff  et  une  autre  adressée  au  prince  Repnine  (2)  à 
resde.) 

Le  17.  Arrivée  d'un  gros  pli  envoyé  par  l'ambassadeur  de 
aples.  Sorti  à  midi,  rentré  à  1  heure.  A  table,  au  dîner, outre 
esselrode  et  sa  femme,  le  comte  Woronzolî  et  le  prince  Dol- 
3rouki. 

Le  18.  —  Sorti  à  10  heures,  rentré  à  midi,  ressorti  à  midi 
'   demi  et  rentré  à  1  h.  1/i,  il  va  dîner  chez  Razoumoffsky  et 

reste  jusqu'à  6  heures.  Allé  ensuite  chez  le  prince  de  la 
our  et  Taxis  (3),  rentré  à  10  heures. 

Le  rapport  se  termine  par  la  liste  des  visites  reçues  le  lundi 
)  et  des  personnes  qui  ont  dîné  chez  Nesselrode  le  même 
lur. 


ciiL  SémenofFsky  (1793),  lieutenant  à  ravènement  de  Paul  I",  capitaine  en 
cund  et  aide  de  camp  du  grand  duc  Alexandre  Çavlovitch  (1797),  aide  de 
nip  général  lors  du  couronnement  d'Alexandre,  adjoint  peu  après  au  chef 
■  la  chancellerie  militaire,  il  fit  les  campagnes  de  1805,  1806,  1807.  En  mis- 
(lii  en  France  après  Tilsit,  quartier-maître  général  à  son  retour  (180?*)  il 
coinpagna  l'Empereur  pendant  la  campagne  de  1812,  chef  d'état-major  gé- 
•lal  1813-1814),  chargé  en  1815  de  conduire  l'armée  russe  de  la  Vistule  au 
liin,  il  échangea  à  son  retour  à  Pétersbourg  son  ancien  titre  de  quartier  maî- 
e  contre  celui  de  chef  d'Etat-Major  général.  Ministre  de  la  Cour  Impé- 
ali  à  l'avènement  de  Nicolas,  il  fut  élevé  en  1850  à  la  dignité  de  général 
Id-maréchal. 
1.  Le  comte  Woronzoff,  que  Gentz  raconte  avoir  rencontré  le  17  septembre 

'  la  princesse  Bagration,  est  très  probablement  le  général  comte  Michel  Sé- 
vitch  Woronzoff  qui  commanda  en  1815  le  corps  d'occupation  russe  en 

e,  ou  bien  le  diplomate  russe,  le  comte  Woronzoff,  né  en  1744  qui  avait 

é  pendant  vingt  ans  ambassadeur  à  Londres  et  mourut  en  1832,  à  moins 
1  il  lie  s'agisse,  ce  que  j'ai  plus  de  peine  à  admettre,  d'un  tout  jeune  diplo- 
.atc  attaché  à  l'ambassade  russe.  "^ 

:2.  Uepnine  (Nicolas-Grégoriévitch, prince)  1778-1845.  Colonel  à  Austerlitz  où 

lut  fait   prisonnier.  Ambassadeur  à  Cassel  près  du  roi  Jérôme  en  1810. 
oîiéral-lieutenant  en  1813  et  Gouverneur  général  de  la  Saxe  après   Leipzig, 
juverneur  de  la  petite  Russie  en  1816,  il  prit  sa  retraite  en  1835. 
a.  Tour  et  Taxis  (Charles- Alexandre,  prince  de  la)  né  en  1770,  conseiller 
rivé  de  l'Empereur  d'Autriche,  grand-maître  des  postes  Impériales,  charge 
ui  était  dans   sa  maison  depuis  1695.  Il  avait  épousé  en  1793  la  princesse 
lu  lèse,   fille  du  grand-duc   de  Mecklembourg-Strelitz  et  belle-sœur  du  roi 
c    l'russe.  C'est  d'elle   qu'il  était  question  dans  la  note  suivante  que  Nota 
sa  le  18  octobre  à  Ilager  à  propos  de  l'incident  survenu  à  cause  d'elle 
lie  au  soir  à  la  Redoute  de  la  Cour. 
«   La  princesse  Taxis  à  la  Redoute  de  la  Cour  s'est  assise  sur  un  des  siè- 
es  réservés  aux  souverains  et  a  fait  porter  sa  queue  par  des  pages  qu'on  a 
lis  quelques  heures  aux  arrêts  pour  donner  une  leçon  à  la  princesse.  » 


78  AUTOUR  DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


96.  Vieiuie.  Rapport  du  22  septembre  1814  (F.  1  ad.  3565). 

SurveiUance  du  CHEVALIER  DE  CASTRO  (1) 
du  8  au  22  septembre. 

Le  8  septembre.  —  Le  cbevalier  de  Castro  dîne  chez  M,  de 
Gechic(?) 

Le  9  septembre.  —  Visite  par  la  douane  chez  Castro,  de^ 
onze  caisses  appartenant  à  Labrador  (2).  | 

Le  10  septembre.  —  Castro  et  sa  femme  assistent  aux  ob- 
sèques de  Marie-Caroline,  M"""  de  Castro  va  le  soir  voir  le  nou- 
veau ballet  au  Theater  an  der  Wien.  Castro,  souffrant,  reste 
chez  lui. 

Le  11.  —  Dîner  chez  Baradino. 

Le  12  et  13  septembre.  —  Journées  consacrées  à  l'installa- 
tion du  logement  de  Labrador. 

Le  15.  —  Castro  renonce  à  sa  voiture  et  cède  son  logement 
au  ministre  de  Portugal.  11  prendra,  jusqu'à  son  départ,  un 
appartement  au  mois. 

Le  17.  —  Il  envoie  sa  voiture  au-devant  de  Labrador  qui 
dîne  chez  lui  avec  ses  deux  secrétaires. 

Le  18.  —  Trouvé  un  logement,  22,  Altlerchenfelderstrasse. 

Le  19.  —  Il  va  chez  Labrador  qui  ne  reçoit  pas.  (Labrador 
a  versé,  ce  jour-là,  sans  se  faire  du  mal  dans  la  Teinfaltstrasse.) 

Le  22.  —  L'agent  a  entendu  dire  que  Castro  déteste  Labra* 
dor,  parce  que  celui-ci  aurait  contribué  à  pousser  le  roi  à  refu- 
ser la  Constitution  et  à  dissoudre  les  Cortès.  On  a  cambriolé 
les  chambres  occupées  par  les  deux  courriers  de  Labrador. 

L'agent,  qui  a  nom  Hastnegg,  annonce  en  finissant  qu'il  a 
réussi  à  se  faire  engager  à  partir  de  ce  jour  comme  portier- 
huissier  au  service  de  Labrador. 


1.  Charg^é  d'affaires  d'Espagne. 

2.  Labrador  (Pedro-Gomez,  marquis)  né  à  Valencia  d'Alcantara,  ministre 
d'Espagne  à  Florence  sous  Charles  IV,  accompagna  Ferdinand  Vil  à  Bayonne 
et  demeura  en  France  de  1808  à  1814.  Plénipotentiaire  d'Espagne  au  Congrès 
do  Vienne,  ambassadeur  à  Naples,  puis  à  Rome,  il  soutint  Don  Carlos  après 
la  mort  de  Ferdinand  VII  (1833)  et  mourut  à  Paris  en  1850. 


I 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       79 

'|97.  Vienne,  15-16  septembre  1814. 

Rapport  sans  date,  mais  qui  a  dû  être  rédigd  le  14  ou  le  15  septembre. 
(F.  1.  ad  3565). 

Affaires  de  Saxe  et  de  Pologne.  Naples  et  la  mort  de  Caroline. 
Le  roi  de  Danemark.  Zichy  aux  finances.  La  Norvège. 

Tout  indique  que  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne  joue- 
ront un  grand  rôle  au  Congrès  ;  mais  jusqu'à  présent  je  n'ai 
rien  pu  apprendre  de  précis  sur  ces  sujets  qui  provoqueront 
de  graves  discussions  et  sur  lesquels  on  est  loin  d'être  d'accord. 

On  considère  la  mort  de  la  reine  Caroline  de  Naples  comme 
un  événement  de  nature  à  faciliter  la  restauration  de  la  dynas- 
tie à  Naples  où  le  roi  Ferdinand  IV  est  très  aimé  parle  peuple, 
ce  qui  n'était  pas  le  cas  pour  la  reine.  On  prétend  même  que 
le  roi  Joachim  est  déjà  en  train  de  traiter  et  de  négocier  l'ob- 
tention d'une  compensation. 

Le  roi  de  Danemark  arrivera  sous  peu  à  Vienne.  On  dit 
aussi  que  l'Impératrice  Marie-Louise  passera  cet  hiver  en 
Suisse. 

Le  nouveau  conseil  d'administration  des  Finances  sera  pré- 
sidé par  le  comte  Charles  Zichy,  celui  de  l'Intérieur,  par  le 
comte  Wallis,  celui  de  la  Guerre  par  le  vieux  Maréchal  comte 
Colloredo(l)et  celui  de  la  Justice  par  le  conseiller  d'Etat  von 
Pfleger  (2). 

On  a  maintenant  toutes  les  raisons  de  croire  que  l'affaire  de 
la  Norvège  se  réglera  conformément  au  désir  des  alliés. 


98.  Vienne,  14  septembre»  1814.  (F.  1  3630,  ad  3565). 

BARON    BRAUN  à  L...  (à  Darmstadt)  {intercepta  en   français). 

Le  roi  de  Danemark  et  le  grand-duc  de  Bade.  La  préparation  du  Congrès.  Sa 
durée  probable.  La  Constitution  et  le  partage  des  territoires  en  Allemagne. 
Le  roi  de  Saxe  et  les  Légations.  L'archiduchesse  Léopoldine. 

1.  Colloredo  (Joseph,  comte  de)  (1735-1818),  le  plus  vieux  des  trois  Collo- 
rcdo,  feld-maréchal  depuis  1789,  ministre  d'Etat  (1805),  ministre  de  la  Guerre 
(1809-1814). 

2.  Pfleger  (Antoine  von)  faisait  déjà  partie  du  Conseil  d'Etat  depuis  1806.  Il 
était  avec  le  fameux  von  Baldacci  et  le  directeur  du  cabinet  Neubei'g,  un  d« 
ceux  qui  jouissaient  de  la  faveur  particulière  de  l'Empereur. 


80  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Je  ne  sais  pas  encore  quand  le  roi  de  Danemark  (1)  arrivera  a 
la  Burg.  La  Cour  de  Bade  s'était  flattée  d'y  trouver  place  ;  mais 
je  ne  pense  pas  que  cela  puisse  se  réaliser,  parce  que  les  dis- 
tinctions accordées  au  Roi  seront  très  marquées,  ce  qui  rendra 
la  situation  du  grand-duc  de  Bade  très  délicate. 

On  ne  parle  pas  encore  des  Conférences  préparatoires, 
mais  il  est  hors  de  doute  que  le  Congrès  trouvera  déjà  bien 
des  choses  faites  et  je  sais  de  source  sûre  que  le  Prince  de 
Metternich  a  laissé  entrevoir  que  tout  jjourrait  être  terminé 
en  quatre  semaines. 

On  répète  encore  que,  durant  la  tenue  du  Congrès,  on 
fixera  l'article  qui  se  rapporte  au  partage  des  pays  conquis  en 
Allemagne  et  de  quelques  échanges  qui  pourraient  venir  à  la 
suite  de  cette  distribution,  mais  que  le  sort  de  l'Allemagne, 
sous  tous  les  autres  rapports,  sera  remis  à  un  Congrès  à  tenir 
l'année  suivante.  Je  ne  sais  encore  rien  de  précis  des  démar- 
ches des  Princes  et  Comtes  Médiatisés  ;  mais  en  revanche,  que 
l'Ordre  Teutonique  et  l'Ordre  de  Malte  travaillent  sans  relâche 
et  qu'on  est  parvenu  à  se  procurer  de  la  Cour  de  Munich  des 
déclarations  qui  leur  sont  favorables  et  pourraient  bien  entraî- 
ner les  autres  Cours  dans  des  sentiments  semblables. 

On  a  offert  à  nouveau  les  Trois  Légations  au  roi  de  Saxe 
qui  refuse  toujours  de  les  accepter.  On  ne  doute  plus  du  par- 
tage de  ses  Etats.  Cela  contraste  singulièrement  avec  tant  de 
beaux  traités  qui  ont  marqué  dans  l'histoire  de  l'an  dernier. 
Espérons  que  le  Mecklembourg  n'aura  pas  le  sort  de  la  Saxe. 

On  parle  d'un  mariage  du  roi  d'Espagne  avec  l'archiduchesse 
Léopoldine  (2). 


99.  Vienne,  14  septembre  1824.  (F.  1.3630  ad  3565). 

PIQUOT  au  DUC   DE   WEIMAR  {intercepta  en  français) 

L'ouverture  prochaine  du  Congrès.  Les  questions  brûlantes  pour  l'Autriche 
et  la  Prusse.  La  Saxe  et  la  Pologne.  Une  brouille  sérieuse  lui  parait  peu 
probable.  Les  Légations.  Le  Piémont.  La  Russie  proposera  de  transporter.^ 
Bonaparte  dans  une  région  plus  lointaine. 

1.  Le  roi  de  Danemark  arriva  le  22  septembre. 

2.  La  future  Impératrice  du  Brésil,  née  le  22  janvier  1797,  mariée  à  Don 
Pedro  le  6  novembre  1817,  morte,  le  11  décembre  1826. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS   81 

«  Plus  nous  touchons  à  l'ouverture  effective  du  Congrès,  plus 
il  est  intéressant  de  connaître  les  objets  importants  qu'on  va 
y  discuter.  Les  deux  principaux,  et  sur  lesquels  les  opinions 
pourront  encore  différer  de  beaucoup,  sont  la  Pologne  et  la 
Constitution  future  de  l'Allemagne,  et  dans  cette  dernière 
surtout  le  sort  qui  est  destiné  au  roi  et  au  royaume  de  Saxe. 
Le  premier  objet,  sans  doute  le  plus  difficultueux  et  dont  l'ar- 
rangement fixe  en  quelque  sorte  celui  qui  concerne  la  Saxe,  a 
dû  alarmer  en  même  temps  les  Cours  de  Vienne  et  de  Berlin, 
la  première,  surtout  dans  le  cas  où  la  Russie  persisterait  â  vou- 
loir rendre  la  Pologne  indépendante  sans  son  propre  roi,  moins 
cependant  si  le  Duché  de  Varsovie  était  tout  uniment  enclavé 
dans  l'Empire  russe,  puisqu'il  ne  s'en  suivrait  pas  pour  cela 
que  l'Autriche  prît  peur  pour  cela  pour  ses  parcelles  de  l'an- 
cienne Pologne,  tandis  dans  le  premier  cas  l'esprit  des  Polo- 
nais, toujours  désireux  d'avoir  un  roi,  fera  révolter  plutôt  les 
habitants  de  la  Galicie  que  de  rester  fidèles  et  sous  la  domi- 
nation autrichienne.  Cette  affaire  amènera  encore  des  discus- 
sions, peut-être  même  désagréables,  avec  la  Russie  ;  mais  je  ne 
crois  pas  que  cet  objet  sera  en  état  de  brouiller  la  bonne  har- 
monie qui  règne  entre  les  Cours  alliées  et  qui  doit  se  consoli- 
der encore  par  le  séjour  des  Souverains  de  Vienne  et  par 
l'œuvre  même  du  Congrès. 

«  Quant  à  la  Saxe,  je  n'ai  rien  appris  d'ultérieur  à  ce  que  j'ai 
mandé  à  Votre  Altesse.  Mais  il  m'est  revenu  d'une  manière 
assez  sûre  que  les  Trois  Légations,  qui  devaient  servir  de  moyen 
de  compensation  et  de  dédommagement  pour  la  famille  royale 
ie  Saxe,  seront  rendues  à  Sa  Sainteté  et  que  la  Cour  de  Vienne, 
^ui  les  a  provisoirement  en  sa  possession,  n'aura  en  Italie  que 
les  frontières  et  les  arrondissements  qui  lui  sont  assurés  par 
e  traité  de  Paris.  » 

Piquot  parle  ensuite  au  duc  de  l'évacuation  du  Piémont 
3ar  les  troupes  autrichiennes  et  des  difficultés  relatives  à  Alexan- 
lirie  et  termine  en  disant  : 

«  On  croit  que  la  Russie  fera  faire  au  Congrès  la  proposi- 
tion de  transporter  Bonaparte  dans  un  pays  plus  éloigné,  ses 
•dations  avec  l'Italie  et  la  Suisse  étant  trop  fréquentes  pour 
ju'on  puisse  les  tolérer.  » 


T.  I. 


82  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

100.  Vienne,  U  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

HUMBOLDT    au   ROI    DE    PRUSSE  {intercepta   en  français). 

Son  audience  chez  l'Empereur.  Nécessité  de  l'union  entre  l'Autriche  et  la 
Prusse.  Les  audiences  de  Saint-Marsan  ctdeConsalvi. L'évacuation  d'Alexan- 
drie promise  à  Saint-Marsan.  Les  Légations  réclamées  par  le  pape.  Les 
offres  de  Murât  et  le  refus  du  Pape.  Stadion  ministre  des  Finances. 

Il  rend  compte  de  «  l'audience  qui  lui  a  été  accordée  par  l'Em- 
pereur qui  lui  a  parlé  de  la  manière  la  plus  expressive  de  la 
nécessité  d'une  union  étroite  entre  la  Prusse  et  l'Autriche  et 
de  son  vif  désir  de  faire  tout  son  possible  pour  resserrer  ces 
liens  toujours  davantage  entre  la  Prusse  et  l'Autriche.  Les  ar- 
chiducs Charles  et  Jean  se  sont  exprimés  avec  les  plus  grands 
éloges  sur  la  part  glorieuse  que  les  troupes  prussiennes  ont 
pris  au  succès  de  la  dernière  guerre. 

Le  Cardinal  Consalvi  et  le  marquis  de  Saint-Marsan  avaient 
le  même  jour  leurs  audiences  auprès  de  l'Empereur.  Sa  Ma- 
jesté a  dit  à  Saint-Marsan  (1)  que  l'évacuation  d'Alexandrie  (2) 
ne  souffrira  pas  de  difficulté.  L'organisation  de  l'armée  pié- 
montaise  avance  assez  rapidement. 

Le  Cardinal  a  principalement  recommandé  à  l'Empereur 
la  restitution  au  Pape  des  trois  Légations  de  Bologne,  Ferrare 
et  Ravenne.  Sa  Majesté  ne  s'est  pas  expliquée  à  ce  sujet  ;  mais 
Elle  a  dit  de  la  manière  la  plus  positive  qu'Elle  ne  prétendait 
en  aucune  manière  de  garder  ces  provinces  pour  Elle. 

Je  me  suis  aperçu  dans  l'entretien  que  j'ai  eu  sur  ce  su- 
jet avec  le  Cardinal  Consalvi  qu'il  a  entendu  parler  du  projet 
de  donner  ces  Trois  Légations  au  roi  de  Saxe,  mais  que  cela 
lui  paraît  un  simple  bruit  duquel  il  ne  prend  pas  ombrage  jus- 


1.  Saint-Marsan  (Philippe-Antoine-Marie  Asinari,  marquis  de)  (1751-1821) 
fit  la  campagne  de  1796  contre  la  France  et  devint  ensuite  ministre  de  la 
Guerre.  Il  se  rallia  à  Napoléon  qui  le  nomma  conseiller  d'Etat,  ambassadeuï 
à  Berlin,  comte  de  l'Empire  par  Lettres  patentes  du  25  octobre  1808  et  séna 
leur  le  4  avril  1813.  Chef  du  conseil  suprême  de  régence   en  1814,  il  repré 
senta  la  Sardaigne  comme  premier  plénipotentiaire  au  Congrès  de  Vienne^ 
Ministre  de  la  Guerre  en  1815,  puis  ministre  des  Affaires  Etrangères,  grani 
chambellan  de  Charles-Félix  (première  charge  de  la  cour)  Saint-Marsan  étai 
en  outre  Collier  de  l'Annonciade. 

2.  Malgré  les  déclarations  de  François  !•',  ce  ne  fut  cependant  qu'au  com- 
mencement de  1815  que  les  troupes  autrichiennes  évacuèrent  Alexandrie. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS   83 

qu'à  présent.  Je  me  suis  naturellement  gardé  d'éveiller  son 
attention  là-dessus. 

J'ignore  si  le  Ministère  de  Votre  Majesté  a  été  informé  que, 
déjà  lorsque  nous  étions  à  Paris,  le  roi  Joachim  a  offert  au  pape 
d'évacuer  d'abord  TEtat  Romain,  de  prendre  l'investiture  fu- 
ture du  pape,  ainsi  que  cela  se  faisait  ci-devant,  si  de  son  côté 
ce  dernier  voulait  le  reconnaître  comme  roi  de  Naples.  Le 
pape  lui  a  fait  répondre  que  cela  était  impossible  avant  que 
le  Congrès  de  Vienne  ne  fût  terminé  et  que  les  autres  puis- 
jances  de  l'Europe  ne  l'eussent  reconnu  (1).  Le  pape  a  cru  mieux 
aire  de  souffrir  encore  pendant  quelque  temps  l'occupation 
l'une  partie  de  ses  Etats  que  d'en  acheter  la  récupération  à 
ie  prix. 

Le  comte  Stadion  vient  d'être  nommé  ministre  des  Finances 
t  non  président  de  la  Chambre  des  Finances,  comme  l'était 

comte  Wallis.  On  ne  sait  pas  s'il  acceptera  cette  place. 


Vienne,  17-18  septembre  1814. 
01.  Vienne,  16  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

RAPPORT  à  HAGER 

ruits  relatifs  aux  opérations  préliminaires  du  Congrès.  Constitution  do 
l'Allemagne.  La  Saxe.  Bruit  de  la  signature  d'une  convention  entre  TAn- 
jleterre  et  l'Autriche.  Le  voyage  du  prince  royal  de  Wurtemberg.  Les 
eprésentants  des  médiatisés.  Gaertner.  Lord  Gastlereagh. 

L'agent  rend  compte  du  bruit  qui  court  dans  les  Chancel- 
:ies  de  la  location  à  Baden  de  logements  pour  les  ministres 
Russie,  d'Angleterre  et  de  Prusse,  attendus  incessamment 
ur  entamer  avec  Metternich  les  préliminaires  et  arrêter  les 
ses  du  Congrès  qui  ne  s'ouvrirait  que  l'on  se  serait  mis  d'ac- 

fd  sur  ces  points. 
:  On  m'a  affirmé  de  façon  positive  qu'on  n'avait  encore  au- 
iie  idée  de  ce  que  serait  ou  devrait  être  la  Constitution  de 
Jlemagne  et  qu'on  attendait  avec  impatience  des  instruc- 

.  Cf.  C  Weil.  Joachim  Murât.  La  dernière  Année  de  Règne,  t.  I,  p.  109- 
,  Cette  ofTre  avait  été  faite  dès  le  mois  d'avril  et  le  refus  de  Pie  VII  est 
mois  de  juin. 


84  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

tractions  et  des  indications  qu'on  ne  se  pressait  nullement  de 
donner. 

«  Dans  une  autre  Chancellerie,  on  m'a  dit  confidentielle- 
ment que  le  roi  de  Saxe  aurait  pris  le  parti  de  renoncer  à  la 
couronne  et  qu'il  aurait  expédié  cette  renonciation.  On  atten- 
dait impatiemment  la  confirmation  de  cette  nouvelle  comme  de 
savoir  à  qui  on  donnerait  cette  couronne,  l'Autriche  tenant 
pour  la  ligne  actuelle,  la  Russie  et  la  Prusse  pour  les  autresl 
lignes. 

«  On  m'a  affirmé,  mais  encore  plus  confidentiellement,  que 
l'Angleterre  et  l'Autriche  venaient  de  signer  une  convention 
séparée,  seraient  tout  à  fait  d'accord  et  joueraient  par  suite  le  | 
premier  rôle  au  Congrès.  j 

«  D'après  des  nouvelles  de  Stuttgart,  le  prince  royal  de  Wur-  ! 
temberg,  qu'on  attendait  à  chaque  instant  ici,  aurait  pris  le  { 
chemin  du  Tyrol  qu'il  est  curieux  de  voir  et  ne  serait  ici  que  [ 
le  19.  On  annonce  du  même  endroit  que  le  roi  serait  ici  le  22 
au  lieu  du  24.  ' 

«  On  rit  beaucoup  dans  toutes  les  chancelleries  de  la  venue 
des  députés  des  princes  médiatiséSi  On  se  moque  surtout  du  i 
conseiller  intime  von  Gaertner  et  surtout  parce  qu'il  aurait  mis  ji 
sur  ses  cartes  et  sur  son  adresse  la  qualification  de  plénipo~l 
tentiaire  de  40  maisons  prlncières  et  comtales. 

Il  paraît  aussi  que  lord  Castlereagh  est  très  mécontent  de 
l'installation  qu'on  lui  a  donné  à  V Augartcn  (1). 


102.  Vienne,  17  septembre  1814  (F,  1.  ad  3565). 

LA    TOUR    DU    PIN   (2)  au  PRINCE   DE   BÉNÉVENT 

Rentrée  de  Metternich  à  Vienne  le  16.  Pas  de  nouvelles  importantes. 
Metternich  croit  à  l'issue  prompte  et  prochaine  du  Congrès. 

1.  Augarten.  Propriété  impériale  située  entre  la  Brigitten-Au  et  le  Pratei 
Jardin  et  parc  à  la  française,  ouverts  au  public  par  ordre  de  Joseph  II.  D'à 
près  la  Chronikdes  Allgemeinen  Wiener  kongresses,  N°  du  4  octobre,  p.  15 
lord  Castlereagh  aurait  habité  non  pas  l'Augarten,maiis  la  maison  connue  se 
le  nom  de  Im  Auge  Gotles  (A  l'œil  de  Dieu). 

2.  La  Tour  du  Pin  Gouvernet  (Frédéric,  marquis  de)  (1758-1837).  Colonel 
début  de  la  Révolution,  il  fut  nommé  ministre  à  la  Haye.  Destitué  en  11 
il  émigra  et  rentra  en  France  sous  le  Consulat  et  devint  préfet  d'aborc^ 
Amiens,  puis  à  Bruxelles.il  suivit  Talleyrand  à  Vienne  et  fut  à  la  fin  du  Cou 
grès  nommé  de  nouveau  ministre  à  la  Haye,  puis  à  Turin.  Il  se  retira  ei 
1830. 


i 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        85 

M.  le  Prince  de  Metternich,  qui  a  habité  Baden  depuis  que 
je  suis  ici,  est  rentré  hier  en  ville.  On  avait  été  un  moment 
incertain  si  quelques-uns  des  ministres  du  cabinet  n'iraient 
pas  y  passer  quelques  jours  pour  être  plus  libres  ;  mais  il  pa- 
raît qu'il  leur  a  mieux  convenu  de  ne  pas  quitter  la  ville. 

Je  garde  toujours  le  silence  sur  la  foule  des  projets  qu'en- 
fante le  moment  présent  et  je  ne  crois  pas  que  tout  ce  qu'on 
dit  sans  consistance  soit  digne  de  l'attention  du  roi.  Le  prince 
de  Metternich,  dont  l'opinion  a  nécessairement  un  tout  autre 
poids,  continue  de  manifester  la  plus  grande  confiance  dans  une 
issue  heureuse  et  prompte  du  Congrès. 

Votre  Altesse  au  bout  de  six  heures  de  séjour  ici  en  saura 
tellement  plus  que  moi  que  je  ne  me  hasarderai  pas  à  l'égarer 
par  de  fausses  conjectures  sans  aucune  utilité. 


103.  Vienne,  le  17  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

BRIGNOLE  au  SÉNAT  DE  GÊNES  {intercepta  en  italien) 

(Analyse). 

Sa  conversation  avec  Metternich.  Ses  arguments  dilatoires  et  spécieux.  Ses 
plaintes  au  sujet  des  opinions  et  des  idées  des  mécontents  de  Gênes. 

Il  a  parlé  avec  Metternich  qui  l'a  reçu  très  aimablement  et 
qui,  après  avoir  examiné  longuement  l'objet  de  ses  demandes, 
lui  a  dit  «  que  la  solution  dépendrait  des  discussions  qui  auraient 
lieu  au  cours  du  Congrès  ;  qu'il  était  en  tout  cas  dans  ses  in- 
tentions, à  lui,  Metternich,  de  compenser  la  perte  éventuelle 
de  notre  indépendance  en  nous  faisant  accorder  des  privilèges, 
dont  je  ne  connais  pas  encore  la  nature,  mais  que  je  crois  ab- 
solument illusoires.  Je  ne  manquerai  et  ne  cesserai  pas  de 
combattre  cette  chimère...  » 

Il  ajoute  un  peu  plus  loin  que  Metternich  lui  a  fait  des  re- 
marques assez  singulières  relatives  à  la  conduite  et  à  l'attitude 
des  mécontents  de  Gênes  qui  veulent  et  désirent  wi  royaume 
d'Italie  : 

«  J'ai  tout  lieu  de  croire,  écrit-il,  que  c'est  là  un  tour  du 
Cabinet  de  Turin.  Je  m'appliquerai  à  démasquer  cette  intrigue 
et  à  justifier  notre  gouvernement.  Mais  entre  temps  Vos  Sei- 
gneuries   feraient   bien  de    prendre  les   mesures   nécessaires 


86  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

pour  surveiller  et  réprimer  ces  velléités  et  d'enlever  ainsi  tout 
prétexte  de  mécontentement  à  la  Cour  de  Vienne.  » 


Pendant  que  du  15  au  20  septembre  on  multiplie  les  instruc- 
tions relatives  aux  mesures  à  prendre  à  Toccasion  de  l'arrivée 
des  rois  de  Danemark  et  de  Wurtemberg  le  22,  de  l'Empe- 
reur de  Russie  et  du  roi  de  Prusse  le  25,  de  l'Impératrice  de 
Russie  le  27  et  du  roi  de  Bavière  le  28;  qu'on  décide  d'adjoindre, 
pour  toute  la  durée  des  fêtes  et  cérémonies  du  Congrès,  un  capi- 
taine de  la  garnison  de  Vienne  à  chacun  des  commissaires  de 
police  de  la  capitale  ;  que  Trauttmansdorlï,  le  grand  maître  des 
Cérémonies  d'une  part,  le  général  Stipsich(l)  de  l'autre,  ne  ces-  | 
sent  de  communiquer  leurs  vues,  leurs  propositions  et  leurs  déci-  ,; 
sions  au  baron  Hager,  les  différents  agents  de  la  Polizei  Hofs-  i: 
telle  surveillent  déjà  de  très  près  tous  les  personnages  arrivés  à  | 
Vienne  et  fournissent  entre  autres  à  leur  chef  un  certain  nombre  f 
de  rapports  confidentiels  et  particulièrement  intéressants  que  l 
Hager  envoie  à  l'Empereur  par  son  bordereau  du  21  septembre. 


104.  Vienne,  21  septembre  1814  (F,  1.  3630  ad  3565). 

HAGER  à   L'EMPEREUR  (-2) 

Envoi  du  bordereau  contenant  l'analyse  des  rapports  politiques 
du  20  septembre. 

Envoi  à  Sa  Majesté  de  rapports  confidentiels  relatifs,  l'un 
à  l'attitude  du  Nonce  et  à  ses  rapports  avec  le  comte  Aldini, 
à  celle  de  la  Cour  de  Rome  dans  l'affaire  du  patriarcat  de  Ve- 
nise, un  autre  à  Labrador  et  à  ses  différends  avec  Metternich, 
un  troisième  aux  événements  et  à  la  situation  en  Allemagne, 
le  quatrième  à  la  surveillance  des  Prussiens  et  surtout  de 
Hardenberg. 


1.  Stlpsich  von  Ternow  (Joseph,baron)  (1755-1831)  général  de  cavalerie  et 
au  moment  du  Congrès  vice-président  du  Conseil  aulique  de  la  Guerre 

2.  En  marge  :  Vu  par  l'Empereur  et  renvoyé  par  lui  le  25  septembre. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       87 

105.  Vienne,  18  septembre  1814  (F.  1.  3630  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Le  nonce,  le  cardinal  Consalvi  et  le  comte  Aldmi.  L'arrivée  de  Labrador. 
Personnages  qui  l'accompagnent.  Conversation  qu'il  a  eue  avec  lui,  ses 
questions  sur  Metternich  et  Stadion.  Labrador,grand  admirateur  et  partisan 
de  Stadion.  Ce  que  Talleyrand  lui  a  dit  sur  le  compte  de  Stadion.  Son  opi- 
nion sur  les  conférences  préparatoires  et  sur  le  rôle  de  l'Espagne  et  de  la 
France  au  Congrès. 

Le  secrétaire  du  nonce  apostolique  travaille  jour  et  nuit  et 
accable  d'une  telle  manière  les  trois  commis,  Caselli,  Gordini, 
le  prisonnier  de  guerre,  d'Erst,  interprète  et  commentateur  de 
journaux  allemands,  que  les  deux  premiers  s'en  plaignaient 
hier  à  moi  amèrement.  Mais  pourvu  que  la  Cour  de  Rome  soit 
exactement  informée  de  tout  ce  qui  se  passe  et  le  service  aille 
selon  son  bon  plaisir,  le  nonce  ne  se  soucie  guère  de  la  santé 
de  ses  hommes.  J'en  ai  fait  moi-même  une  triste  expérience 
dans  les  deux  mois  que  j'ai  eu  l'howieur  de  servir  dans  ce 
sous-sécrétariat.  Il  en  donne  lui-même  l'exemple  en  travaillant 
jour  et  nuit. 

Ily  a  deux  jours  que  je  n'ai  pas  vu  ce  Ministre.  Hier,  il  était 
avec  le  cardinal  Consalvi  en  conférence  avec  Aldini(l),  sur  lequel 
on  compte  beaucoup.  Je  crois  cependant  que  ces  deux  rusés 
diplomates  romains  n'auront  pas  oublié  qu'Aldini  fut  constam- 
ment l'ennemi  de  la  cour  papale  et  que  sa  conduite  comme 
avocat  à  Bologne,  comme  représentant  dans  le  Conseil  de  la 
République  Transpadane  et  Cisalpine  et  enfin  comme  ministre 
secrétaire  d'Etat  de  Napoléon  a  consigné  dans  les  annales  la 
certitude  de  ses  principes  politiques  anti-papaux.  Mais  Consalvi 
et  Severoli  se  flattent  de  l'avoir  gagné  par  la  promesse  d'une 
généreuse  récompense,  otium  cum  dignitate.  Connaissant  Al- 
dini,  on  ne  se  trompera  pas  si  on  le  compare  au  caméléon  qui 

1.  Aldini  (Antoine,  comte),  né  à  Bologne  en  1756,  mort  à  Pavie  en  1826,  neveu 
de  Galvani,  d'abord  avocat  à  Rome,  puis  professeur  de  droit  à  l'Université  de 
Bologne,  envoyé  à  Paris  sous  le  Directoire  comme  ministre  plénipotentiaire 
de  la  république  bolognaise,  président  du  Congrès  républicain  de  Modène, 
président  du  Conseil  des  Anciens  de  la  république  Cisalpine,  conseiller  d'Etat 
après  Marengo,  membre  du  Conseil  législatif,  ministre,  secrétaire  d'Etat  du 
royaume  d'Italie  à  Paris,  il  s'occupa  à  Vienne  de  la  défense  des  intérêts 
d'Elisa  et  se  retira  après  le  Congrès  à  Milan. 


88  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

saura,  selon  les  circonstances,  changer  d'opinion  et  jouer  la 
comédie  au  gré  du  parti  le  plus  puissant. 

Il  ne  m'a  pas  été  donné  de  voir  le  nonce  aujourd'hui  parce 
qu'il  était  allé  avec  le  cardinal  Gonsalvi  voir  les  archiducs. 

Labrador  est  arrivé  le  17  à  dix  heures  du  matin...  Je  l'ai  vu 
en  allant  chez  le  chevalier  Ferez  de  Castro, chargé  d'affaires  de 
la  cour  d'Espagne  et  c'est  là  où  j'ai  eu  l'honneur  de  féliciter 
l'ambassadeur  qui  a  répondu  à  mes  expressions  par  l'assu- 
rance très  flatteuse  de  son  amitié. 

Il  est  accompagné  par  le  secrétaire  d'ambassade  Machado 
et  par  un  autre  gentilhomme  espagnol  très  jeune.  Machado  est 
connu  à  la  cour  pour  avoir  été  pendant  la  dernière  guerre  au 
Quartier  Général  des  alliés  chargé  d'une  mission  de  la  régence 
d'Espagne  qui  gouvernait  alors  ce  pays  au  nom  de  Ferdi- 
nand VII. 

Labrador  entra  aussitôt  en  conversation  avec  moi  sur  l'état 
actuel  des  choses.  Malgré  sa  finesse  extrême  et  son  langage 
mystérieux,  je  crois  avoir  réussi  à  débrouiller  l'objet  de  se 
recherches  et  de  ses  inquiétudes. 

Après  avoir  passé  la  revue  des  membres  nationaux  et  étran- 
gers du  Corps  diplomatique,  il  s'arrêta  surtout  sur  le  princ 
de  Metternich  et  le  comte  de  Stadion  et  voulut  connaître  l'opi- 
nion publique  sur  eux  et  il  fut  fort  étonné  lorsque  je  lui  par- 
lai de  la  nomination  probable  de  Stadion  au  ministère  des 
Finances.  Il  me  dit  :  «  Est-ce  qu'on  éloigne  Stadion  d'avoir 
part  aux  négociations  du  Congrès  ?  Ce  serait  à  mon  avis  une 
mauvaise  besogne  pour  l'Autriche  d'éloigner  le  seul  homme  qui 
a  obtenu  par  ses  manières  franches  et  loyales  la  confiance  des 
ministres  des  premières  puissances  ».  Je  le  rassurai  là-dessus 
en  lui  disant  que  cette  nouvelle  fonction  n'empêcherait  pas 
Stadion  d'agir  pour  le  Congrès,  parce  que  comme  ministre 
d'Etat  et  de  Conférences,  il  entrait  dans  le  Conseil  de  Sa  Ma- 
jesté. 

Il  reprit  ensuite  :  «  La  veille  de  mon  départ  de  Paris,  m'étanL 
entretenu  longuement  avec  le  prince  de  Bénévent,  nous  nous 
disions  ensemble  que  tout  irait  bien  à  Vienne,  comptant  sur 
M.  de  Stadion.  S'il  arrivait  le  contraire,  Talleyrand  en  serait 
déconcerté.  » 

Il  me  demanda  ensuite  s'il  était  vrai  que  des  conférences 
avaient  lieu  entre  Castlereagh  et  Metternich  et  quelle  conclu- 
sion on  tirait  de  ces  séances  secrètes.  «  On  parle,  lui  dis-je. 


I 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMEMTS    DU   CONGRÈS       89 

de  ces  faits  dont  je  ne  peux  garantir  l'authenticité  et  du  reste 
rien  n'a  transpiré.  » 

«  J'espère,  ajouta-t-il,  que  les  ambassadeurs  de  France  et 
d'Espagne  ne  viendront  pas  jouer  ici  le  rôle  de  marionnettes 
.comme  quelques-uns  se  l'imaginent.  » 

Telle  fut  la  conversation  de  plus  d'une  heure  que  j'eus  avec 
M.  de  Labrador. 


106.  Vienne,  18  septembre  1814  (F,  1.  ad  3565). 

RAPPORT  à  HAGER 

Murât  et  le  pape.  Causes  des  difficultés  entre  Rome  et  Naples.  Le  cardinal 
Consalvi  et  les  Légations.  Arrivée  prochaine  d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse. 

Le  roi  Joachim  a  fait,  il  y  a  quelque  temps  déjà,  des  ouver- 
tures au  pape  pour  qu'il  le  reconnaisse  comme  roi  de  Naples 
et  qu'en  échange  de  l'évacuation  de  l'Etat  romain  il  lui  donne 
l'investiture  suivant  le  mode  habituel.  Le  Saint  Père  a  refusé, 
et  telle  serait  la  cause  des  difficultés  qui  existent  depuis  quel- 
que temps  entre  Rome  et  Naples. 

Le  cardinal  Consalvi,  qui  restera  à  Vienne  pendant  la  durée 
du  Congrès,  fait  tous  ses  efforts  pour  obtenir  le  retrait  des 
troupes  autrichiennes  qui  occupent  les  Légations  que  l'Empe- 
reur François  serait,  dit-on,  disposé  à  rendre  au  Saint  Père 
dès  que  l'on  se  sera  mis  d'accord  sur  le  règlement  de  la  ques- 
tion italienne. 

L'Empereur  de  Russie  attendu  pour  le  26  restera  probable- 
ment ici  six  semaines.  Le  roi  de  Prusse  arrivera  le  25  et  l'on 
parle  de  nouveau  de  la  venue  possible  du  roi  de  Sardaigne. 


107.  Vienne,  18  septembre  1814  (F.  1.  3942  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER  (en  françai.s). 

Intimité  du  cardinal  Consalvi  avec  Bartholdi.  Observations  et  regrets  du  car- 
dinal sur  ce  qui  se  fait  à  Rome.  Les  questions  en  litige  entre  Vienne  et 
Rome.  Les  religieuses  d'Udine  et  le  patriarcat  de  Venise.  Mgr  Bonsignori. 
Biographie  et  portrait. 

Affaires  de  la  Cour  de  Rome  avec  la  nôtre. 


90  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Je  dirai  avant  tout  que  Bartholdi  (1)  est  très  lié  avec  le  car- 
dinal Consalvi  qui  avec  la  société  est  de  la  plus  grande  réserve 
et  ne  va  que  chez  la  comtesse  Anguissola  (2)  et  voit  fort  peu 
de  monde  chez  lui. 

Bartholdi  m^a  contié,  qu'ayant  hier  dîné  chez  le  cardinal, , 
celui-ci  s'était  épanché  avec  lui  et  lui  avait  contié  qu'il  était 
au  désespoir  de  n'être  pas  à  Rome,  parce  qu'on  y  faisait  des 
choses  mal  à  propos  et  qui  gâtaient  le  tout,  comme  d'avoir 
rétabli  les  horloges  à  l'italienne,  d^avoir  gêné  les  Juifs,  d'avoir 
ôté  les  réverbères  et  l'illumination  de  la  ville  et  autres  choses 
semblables  ;  que  les  Juifs  riches  quittaient  Rome  et  que  par 
là  la  disette  d'argent  et  de  ressources  augmentait  ;  qu'on  avait 
réduit  mal  à  propos  les  impositions  de  40  à  2  ;  que  par  cette 
mesure  sans  raison  et  sans  borne  le  pape  n'avait  pas  le  sou 
et  ne  pouvait  plus  suffire  aux  besoins  de  l'Etat  ;  qu'on  avait 
adopté  le  principe  insoutenable  et  inexécutable  de  ramener  le 
tout  à  l'ancien  ordre  des  choses. 

1.  Bartholdi  (Jacob-Salomon)  (1779-1825)  après  avoir  obtenu  le  grade  de 
maître  es  arts  en  1801, se  rendit  à  Paris  où  il  séjourna  plusieurs  années  et  de  là 
en  Italie,  puis  en  Grèce.  La  funeste  issue  que  la  guerre  de  1806  eut  pour  sa 
patrie  lui  inspira  une  haine  féroce  contre  Napoléon.  11  se  mit  à  parcourir 
l'Allemagne  pour  y  susciter  des  ennemis  au  vainqueur  d'Iéna,  s'enrôla  en 
1809  dans  un  régiment  autrichien,  se  distingua  en  plusieurs  occasions,  notam- 
ment à  Ebersberg  où  il  fut  grièvement  blessé.  Nommé  en  1813  à  un  emploi 
supérieur  à  la  chancellerie  d'Etat  de  Prusse  il  y  débuta  par  la  rédaction  du 
fameux  édit  sur  le  Landsturm,  suivit  les  armées  alliées  à  Paris  en  1814  et 
chargé  d'une  mission  secrète  à  Londres  fit  sur  le  paquebot  connaissance  du 
cardinal  Consalvi  et  contracta  avec  lui  une  amitié  qui  dura  jusqu'à  leur  mort. 
Envoyé  après  le  Congrès  de  Vienne  à  Rome  en  qualité  de  Consul  général  de 
Prusse  pour  toute  l'Italie,  il  occupa  en  réalité  ce  poste  au  nom  de  tous  les 
souverains  de  la  Sainte  Alliance.  Après  avoir  représenté  la  Prusse  en  1818 
au  Congrès  d'Aix-la-Chapelle,  il  fut  nommé  conseiller  intime  de  légation  et 
chargé  d'affaires  à  Florence.  En  1822  il  reprit  ses  fonctions  de  consul  général 
de  Prusse  à  Rome^  mais  ce  poste  fut  supprimé  en  1825.  Bartholdi  ne  survé- 
cut que  fort  peu  à  sa  mère  et  à  ses  amis,  le  prince  de  Hardenberg  (mort  en 
1822)  et  le  cardinal  Consalvi  (mort  en  1824). 

2.  Il  s'agit  probablement,  certainement  même,  de  la  comtesse  Carolina  An- 
guissola, fille  de  la  marquise  Anguissola  Busca,  mariée  au  comte  Louis  de 
Capitani  de  Settala,  dont  il  est  à  plusieurs  reprises  question  dans  le  Carteg- 
gio  Confalonieri  publié  par  mon  ami  G.  Gallavresi.  On  y  lit  entre  autres,  1. 1, 
page  153,  que  la  comtesse  partit  de  Milan  le  24  mai  1814  pour  aller  prendre 
sa  mère  à  Venise  et  s'installer  avec  elle  à  Vienne  pour  trois  ou  quatre  mois. 
Un  peu  plus  tard  le  6  juillet  1814  (Ibidem,  p.  212).  Teresa  Confalonieri  écr 
vait  à  son  mari  :  «  Settala... raconta  gran  cosa  di  sua  moglie,  la  quale  second| 
lui  riceve  moite  distinzioni  a  Vienna  tanto  délia  corte  dell'Imperatore  quant 
dell'Archiduchessa  Béatrice...  »  Trois  jours  plus  tard  le  9  juillet  (Ibidem. 
p.  214-215)  elle  ajoute  :  «  La  Settala  e  trovata  Vienna  una  bellezza,  cio  mi  d| 
un  idea  del  gusto  patano  (extraordinaire)  ;  l'Imperatore  le  ha  detto  che  essif 
ritornera  in  Italia  con  lui  ». 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS   91 

Il  accuse  de  toutes  ces  bévues  le  cardinal  Pacca  (1),  qui  se 
trouve  être  Tami  de  cœur  du  Pape,  et  qui  se  laisse  mener 
par  trois  frères  et  abbés  nommés  Sala  (2)  qui  sont  trois  bonnes 
bêtes  et  très  pieusement  exaltés  au  delà  de  toute  raison. 

11  dit  que  le  Pape  est  unique  pourra  constance,  sa  fermeté, 
vis-à-vis  d'un  oppresseur  puissant,  mais  qu'il  est  faible  et  sent 
l'âge  et  les  infirmités  vis-à-vis  des  personnes  qui  lui  sont  at- 
tachées et  auxquelles  il  accorde  sa  confiance  et  qu'il  ne  sait  rien 
refuser  à  celles-ci. 

Questions  de  litige  entre  le  Pape  et  la  Cour  de  Vienne  : 

1°  L'affaire  des  religieuses  d'Udine  et  la  nomination  au  Pa- 
triarcat de  Venise.  Mgr  Bonsignori,  évêque  de  Faenza  nommé 
par  le  Chapitre  et  refusé  par  le  Pape  qui  nomme  Mgr  Peruzzi, 
évêque  de  Chioggia. 

Détails  sur  Mgr  Bonsignori. 

J'ai  beaucoup  connu  Mgr  Bonsignori  que  Napoléon  voulait 
faire  patriarche  après  l'avoir  déjà  fait  évêque.  Natif  de  Gal- 
larate,  il  entra  dans  une  congrégation  dite  degli  abbati.  Il  fut 
fait  bibliothécaire  à  rAmbrosiana(3)après  avoir  été  longtemps 
professeur  de  Philosophie  et  Belles-Lettres  au  Séminaire  de 
Milan. 

Napoléon  l'en  tira  en  1798  et  le  fit  évêque  de  Faenza.  C'est 
un  homme  de  soixante-dix  ans  passés,  belle  taille,  belle  figure, 
très  élégant,  très  galant  auprès  des  dames  et  très  connu  à 
Milan  de  tout  temps  par  ses  amours,  tantôt  chez  l'une,  tantôt 
chez  l'autre.  Sa  belle  d'à  présent  l'est  depuis  vingt-cinq  ans  et 
s'appelle  M"'  Chiese,  de  Milan. 

Il  a  toujours  passé  pour  un  bel  esprit  et  pour  un  ecclésias- 
tique un  peu  leste.  Il  est  savant  théologien,  orateur  soigné, 

1.  Pacca  (Bartolomeo,  cardinal)  né  à  Bénévent  le  16  décembre  1756,  cardi- 
nal en  1804,  camerlingue  en  1808,  rédigea  et  publia  la  bulle  d'excommunica- 
tion contre  Napoléon  en  1809.  Enlevé  de  Rome  avec  Pie  VII,  enfermé  pendant 
trois  ans  à  Fenestrelle,  il  rejoignit  le  pape  à  Fontainebleau  en  1812,  rentra 
avec  lui  à  Rome  en  1814  et  fit  rétablir  l'ordre  des  Jésuites.  Gouverneur  de 
Rome  en  1817,  évêque  de  Frascati  en  1820,  préfet  des  études  en  1822,  il  re- 
nonça à  ses  fonctions  de  ministre-camerlingue  en  1824.  Mort  en  1844. 

2.  L'un  d'entre  eux  devait  être  Mgr  Sala,  auteur  de  brochures  dont  parle 
le  cardinal  Gonsalvi  et  qui  imprimées  au  Quirinal  en  1819  avaient  pour  titre  : 
Documenti  sulle  verlenze  insorte  fra  la  Santa  Sede  e  il  governo  Francese. 

3.  L'une  des  plus  belles  et  des  plus  riches  bibliothèques  d'Italie  fondée  par 
saint  Charles  Borromée.  A  côté  de  la  bibliothèque  et  dans  le  même  bâtiment 
se  ti'ouve  un  des  plus  beaux  Musées  de  Milan,  transformé  et  complètement 
métamorphosé  par  les  soins  de  mon  éminent  et  incomparable  ami  Mgr  Achille 
Ratti,  préfet  de  l'Ambrosiana. 


92  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

mais  froid,  homme  très  rusé,  fin,  faisant  bonne  mine  à  tout 
le  monde, impénétrable,  un  peu  moqueur,  riche  en  connaissan- 
ces, mais  pauvre  en  génie,  rempli  d'ambition  et  pas  du  tout 
indigne  d'avoir  été  choisi  par  le  pieux  Napoléon  pour  en  faire 
un  évêque  et  un  patriarche  même  de  Venise,  après  l'avoir 
employé  à  Savone  pour  amadouer  ou  tromper  Pie  VII,  mission 
à  laquelle  il  ne  réussit  point  du  tout. 


108.  Vienne,  20  septembre  1814  (F.  1.  3630  ad  3565'. 

e  0  à  HAGER 

Le  Panorama  de  l'Europe.  La  princesse  Paul  Esterhazy.  Entente  entre  Bade. 
Nassau  et  Hesse-Darmstadt.  L'appétit  de  la  Prusse. 

Le  Panorama  de  l'Europe  :  tel  est  le  nom  qu'on  donne  à 
cette  réunion  à  Vienne  qui  immortalisera  le  règne  de  l'Empe- 
reur François  et  le  ministère  du  prince  de  Mctternich. 

La  princesse  Paul  Esterhazy  (1)  a  une  liaison  connue  de  tous, 
avec  le  prince  Charles  Liechtenstein  (2)  (officier  de  uhlans). 
Le  mari,  le  prince  Paul  est  aussi  jaloux  que  désolé.  La  mère 
de  la  princesse,  la  princesse  Taxis, a  pris  le  parti  de  sa  fille; 
c'est  un  véritable  enfer  dans  cette  famille. 

On  a  remarqué  que  les  envoyés  au  Congrès  de  Bade,  Nassau 
et  Darmstadt  sont  au  mieux  ensemble  et  ont  des  conférences 
journalières. Chacune  des  missions  présentes  à  Vienne  s'occupe 
maintenant  de  donner  une  forme  sous  un  titre  quelconque  aux 
prétentions  qu'elle  se  propose  de  présenter  au  Congrès.  C'est 

1.  Esterhazy  von  Galantha  (Paul-Antoine,  prince),  né  en  1786,  fut  envoyé 
en  1810  au-devant  de  Berthier,  chargé  de  venir  demander  la  main  de  Marie- 
Louise,  successivement  ministre  à  Dresde,  à  la  Haye,  puis  à  Rome,  puis 
ambassadeur  à  Londres  de  1825  à  1828,  puis  une  deuxième  fois  de  1830  à 
1838,  fils  du  prince  Antoine  et  marié  en  1812  à  la  princesse  Marie-Thérèse 
de  la  Tour  et  Taxis,  née  en  1794  et  fille  du  prince  Charles  Alexandre. 

2.  Liechtenstein  (Charles,  prince)  (1792-1845)  fils  du  prince  Charles  Borro- 
mée  et  de  la  comtesse  Maria-Anna  Khevenhiiller,  entré  en  1810  au  service 
qu'il  quitta  momentanément  en  1819  après  son  mariage.  Rentré  dans  l'armée, 
en  1824,  colonel  en  1830,  général- major  en  1834,  feld-maréchal  lieutenant  en 
1844,  il  prit  sa  retraite  en  1847  à  la  suite  d'une  maladie  d'yeux.  Conseiller 
intime  et  grand  maître  de  la  Cour  en  1849,  fonction  qu'il  remplit  jusqu'à  sa 
mort.  Promu  général  de  cavalerie  en  1851.  Chevalier  de  la  Toison  d'Or,  il 
avait  fait  les  campagnes  de  1813,  1814  et  1815  et  avait  épousé  en  1819  la 
comtesse  Franziska  Wrbna-Freudenthal  (1799-1863). 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       93 

ainsi  qu'hier  j'ai  lu  chez  le  baron  de  Tûrkheim  (1)  le  mémoire 
qu'on  prépare  sous  le  titre  de  :  «  Droits  de  la  maison  de  Hesse 
sur  la  principauté  de  Querfurt.  » 

Chez  le  comte  de  Rechberg  de  retour  à  Vienne  depuis  hier 
soir,  on  a  déblatéré  contre  la  Prusse  qui  est  réellement  par 
trop  avide. 

Je  vous  remercie  de  l'envoi  du  supplément  à  l'état  des 
légations  envoyées  au  Congrès  et  à  la  liste  des  étrangers.  Je 
vous  prie  de  continuer  à  me  fournir  ces  pièces  dont  j'ai  en 
effet  le  plus  grand  besoin. 


109.  Vienne,  20  septembre  (F.  1.  3613  ad  3565). 

SIBER   à    HAGER 

Surveillance  des  Prussiens  et  surtout  de  Hardenberg  du  17  au  20  septembre. 
Les  petits  princes  et  leurs  idées  sur  la  constitution  de  l'Allemagne. 

Hardenberg,  arrivé  le  17  avec  le  général  Knesebeck  (2),  le 
conseiller  intime  de  légation  Jordan  et  deux  chasseurs,  loge  au 
Graben  2"  étage.  Maison  Wielmann.  Il  a  reçu  la  visite  du 
secrétaire  d'Ambassade  Zahn,  du  conseiller  aulique  Barber, 
du  Conseiller  d'Etat  Hoffmann. 

Le  dimanche  18,  visites  du  conseiller  aulique  baron  Bar- 
tholdi  (cousin  du  baron  Arnstein),  des  conseillers  intimes  Zer- 
boni  di  Sposetti  et  von  Werkstein. 

Hardenberg  va  chez  Nesselrode,  Saint-Marsan,  Castlereagh. 
Humboldt,  chez  lequel  il  dîne,  le  prince  Trauttmansdorff,  le 
comte  Charles  Zichy,  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  la  prin- 
cesse Bagration,  puis  le  soir  chez  Metternich  de  huit  à  dix  heu- 
res où  il  se  retrouve  avec  Nesselrode  et  lord  Castlereagh.  On 
en  avait  même  conclu  que  la  première  conférence  diplomatique 
avait  eu  lieu  ce  soir-là. 

1.  Conseiller  intime  du  grand-duché  de  Hesse,  ministre  d'Etat  et  représen- 
tant de  Hesse-Darmstadt  au  Congrès. 

2.  Knesebeck  i  Charles-Frédéric,  baron  de)  (1764-1848)  fit  dans  l'armée 
prussienne  les  campagnes  de  1792-1794  et  de  1806.  Ennemi  acharné  de  la 
France,  il  se  lia  avec  Scharnhorst  et  passa  au  service  de  l'Autriche  en  1809, 
reçut  en  1811  une  mission  secrète  en  Russie  et  fit  comme  général  les  cam- 
pagnes de  1813-1814.  Elevé  plus  tard  à  la  dignité  de  feld-maréchal,  il  com- 
manda en  1831  une  armée  d'observation  lors  de  l'insurrection  de  la  Pologne 
contre  les  Russes  en  1830. 


9i  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIEiNNE 

Le  19  il  reçoit  la  visite  du  colonel  comte  d'Isenburg,  des 
princes  Paul  Esterhazy,  Kaunitz,  Wenzel  Liechtenstein  et 
Wrede,  du  Marquis  de  Saint-Marsan,  du  chargé  d'affaires  turc 
Mavrojény,  enfin  du  ministre  de  Hanovre,  comte  de  Harden- 
berg,  qui  met  le  prince  au  courant  des  usages  de  Vienne. 

Après  avoir  dîné  chez  le  comte  Stackelberg,  il  se  rend  chez 
Metternich,  où  il  reste  de  huit  heures  à  minuit  avec  Gastle- 
reagh  et  Nesselrode.  Hardenberg  avait  eu  à  midi  une  audience 
chez  l'Empereur  et  avait  ensuite  travaillé  chez  lui  avec  son 
secrétaire. 

Le  soir,  arrivée  du  courrier  prussien,  le  feldjaeger  Hermann, 
porteur  de  deux  paquets  pour  le  prince,  de  lettres  pour  le 
prince  héritier  de  Mecklemburg-Strelitz  (1)  et  pour  le  capitaine 
Ferner,  aide  de  camp  du  Général  Prochaska  (2). 

Rien  n'a  encore  transpiré  au  sujet  des  négociations.  L'accord 
semble  établi  et  on  attend  impatiemment  l'arrivée  de  Talley- 
rand  qui,  espère-t-on,  n'exercera  pas  une  grande  influence  sur 
la  marche  des  affaires. 

Les  petits  princes  et  les  anciens  Etats  se  proposent,  dit-on, 
d'offrir  à  l'Empereur  la  couronne  héréditaire  de  l'Empire  d'Al- 
lemagne et  insistent  pour  que  les  quatre  départements  de  la 
rive  gauche  du  Rhin  deviennent,  afin  d'être  le  vrai  boulevard 
de  l'Allemagne,  la  propriété  de  1  Empereur  d'Allemagne.  L'An- 
gleterre approuverait,  assure-t-on,  ce  projet  qui  n'est  pas  du 
goût  de  la  Prusse  et  de  la  Bavière.  On  croit  de  plus  qu'en  cas 
de  difficultés  ou  de  refus  de  la  part  de  l'Autriche,  on  consti- 
tuerait une  Confédération  formée  de  sept  grands  Etats.  Le 
comte  de  Solms-Laubach  a  prétendu  dernièrement  que  l'Autri- 
che refuserait  la  couronne  Impériale.  Il  a  dit  ;  «  Il  faut  espé- 
rer que  l'Autriche  oubliera  les  griefs,  les  rancunes  d'autrefois 
pour  ne  plus  songer  qu'au  bien  de  l'Allemagne  (3).  » 


1.  Georges-Frédéric-Gharles-Joseph  (1779-1860). 

2.  Cet  officier  général  avait  été  de  février  à  mai  1809  quartier-maître  géné- 
ral de  la  grande  armée  autrichienne. 

3.  J'ai  reproduit  i/iex^easo  ce  premier  rapport  sur  Hardenberg.  On  comprend 
que  je  ne  saurai,  faute  de  place  et  de  peur  d'importuner  le  lecteur,  continuer 
à  procéder  de  cette  façon  ;  mais  je  tiens  à  faire  remarquer  que,  grâce  aux 
bulletins  quotidiens,  on  arriverait  sans  peine  à  reconstituer,  jour  par  jour  et 
presque  heure  par  heure  l'emploi  du  temps  de  chacun  des  personnages  pré- 
sents à  Vienne  de  septembre  1814  à  avril  et  même  mai  1815. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        95 

110.  Vienne,  19-23  septembre  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER,  Conseiller  aulique,  Ober  Polizei  director 
au  BARON   HAGER 

Surveillance  spéciale  du  Conseiller  intime  baron  Anstott. 

Le  baron  Anstett,  arrivé  le  19  septembre  de  Varsovie  où  il 
a  sa  famille,  habite  Weihburgasse,  983,  chez  le  rédacteur  de 
la  Wiener-Zeitung,  ex-Hof-Konzipist,Konrad  Bartsch  (  1  )  qui  est 
très  lié  avec  le  baron  et  lui  communique  toutes  les  nouvelles 
(ju'il  recueille.  Anstett  n'a  encore  expédié  aucune  lettre  et  n^a 
reçu  que  peu  de  visites.  Il  a  été  chez  le  comte  de  Nesselrode 
et  chez  Stein  et  a  dit  à  ses  secrétaires  qu'il  n'y  aurait  de  la 
besogne  qu'après  l'arrivée  des  souverains  parce  que  l'on  avait 
déjà  préparé  bien  des  choses  sous  main.  Hier  il  a  été  chez  Ra- 
zoumofîsky  et  y  est  resté  de  dix  heures  et  demie  à  midi.  En 
rentrant  il  a  reçu  la  visite  de  la  chanteuse  de  la  Cour  Haupt- 
mann_,  née  Muller.  Je  n'ai  pu  savoir  le  but  de  cette  visite.  Il 
est  allé  ensuite  chez  Nesselrode,  a  dîné  chez  Razoumoffsky,puis 
a  été  avec  le  comte  Boulgakoff  (2)  chez  la  princesse  héritière  de 
Weimar(3).  A  son  retour  il  a  causé  longuement  avec  Bartsch 
et  a  été  souper  chez  la  princesse  Bagration. 

Je  fais  continuer  la  surveillance. 


1.  Bartsch,  un  vicl  ami  d' Anstett,  et  l'un  des  rédacteurs  de  la  Wiener- 
Zeitung. 

2.  BoulgakofT  (Constantin  Jacovlevitch)  (1782-1835)  débuta  dans  la  carrière 
diplomatique  au  service  des  Archives.  Envoyé  à  Vienne  à  Tavènement  d'Alexan- 
dre I",il  y  resta  jusqu'en  1809  et  fut  mis  âla  disposition  du  comte  Kamensky, 
commandant  en  chef  l'armée  d'au  delà  du  Danube  (1810),  puis  de  son  suc- 
cesseur Koutouzoff  jusqu'en  1812.  Envoyé  à  Constantinople  après  la  paix  de 
Bucharest,  il  lit  la  campagne  de  Russie  au  quartier  général  de  Tchitchagoff. 
Mis  peu  après  à  la  disposition  de  Wolkonsky,  appelé  ensuite  par  Nesselrode 
qu'il  accompagna  pendant  les  campagnes  de  1813-1814,  conseiller  intime 
après  l'entrée  d'Alexandre  à  Paris  et  à  Vienne  pendant  le  Congrès,  il  accom- 
pagna Nesselrode  au  quartier  général  en  1815,  et  fut  sur  sa  demande  nommé 
en  1815  directeur  des  postes  à  Moscou  où  il  resta  jusqu'en  1828  où  il  fut 
appelé  à  Saint-Pétersbourg. 

3.Grande-duchesse  Marie, née  en  1786,mariéeenl804àCharles-Frédéric,prince 
héréditaire  de  Saxe-Weimar  qui  succéda  en  1828  à  son  père  le  grand-duc 
Charles-Auguste. 


96  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

111.  Vienne,  20  septembre  1814.  (F.  1.  ad  3565). 

RAPPORT  à  HAGER 

Surveillance  de  la  Tour  du  Pin  du  14  au  19  septembre. 

Le  14,1e  ministre  va  avec  TEvêque  de  Nancy  (1)  dîner  chez 
le  comte  François  Zichy  (2)  à  Baden.  Le  15  et  le  16  il  reçoit  de 
nombreuses  visites  (liste  jointe  au  rapport).  Le  16  au  soir,  ar- 
rivée d'un  courrier  de  Paris  apportant  l'ordre  de  mettre  au  plus 
vite  l'hôtel  en  état. 

Le  17  (3),  arrivée  d'un  cuisinier,  deux  valets  de  chambre  et 
deux  laquais  du  prince  de  Bénévent.  A  partir  du  18,  on  presse 
l'aménagement  de  l'hôtel  ;  les  lits,  les  matelas  sont  mangés 
par  les  mites  et  doivent  être  remplacés. 

Le  19,  emménagement  du  ministre  au  Kaisergarten.  Son 
gendre,  le  comte  de  Liedekerke,  parti  récemment,  est  en  route 
pour  revenir  à  Vienne, son  premier  enfant  étant  mort  à  Paris  (4). 


1.  La  Fare  (Anne-Louis-Henri,  cardinal  de)  né  en  1752,  Evêque  de  Nancy  le 
7  octobre  1787,  député  à  l'Assemblée  nationale,  émigré  d'abord  à  Trêves,  puis 
à  Vienne  vers  la  fin  de  1792,  il  y  remplit  à  partir  de  1795  les  fonctions  de 
chargé  d'affaires  de  Louis  XVIII.  Attaché  à  M°"  Royale  en  qualité  d'aumô- 
nier, il  négocia  son  mariage  avec  le  duc  d'Angouléme.  Rentré  en  F'rance  à  la 
Restauration,  il  devint  d'aboi'd  premier  Aumônier  de  la  duchesse  d'Angou- 
léme, en  1817  archevêque  de  Sens,  peu  après  pair  de  France  et  Ministre  d'état| 
et  enfin  cardinal  en  1825.  11  prononça  à  Reims  le  discours  par  lequel  s'oi 
vrirent  en  1825  les  cérémonies  du  sacre  de  Charles  X  et  mourut  à  Paris 
1829, 

2.  Zichy  (François,  comte)  (1774-1861)  Obergespan  du  Gomitat  de  Bihar 
Oberstthûrhuter  du  Royaume  de  Hongrie. 

3.  Un  autre  rapport  en  date  du  17  septembre  (F.  1.3728  ad  3565)  faisait  col 
naître  à  Hager  que  la  Tour  du  Pia  venait  de  rendre  visite  à  la  duchesse 
Sagan  et  à  la  princesse  Bagration. 

4.  «  Nous  décidâmes  que  M.  de  la  Tour  du  Pin,  partirait  seul  à  Vienne 
que  je  resterais  à  Paris,  M.  de  la  Tour  du  Pin  écrivit  à  notre  gendre    di^ 
posé  déjà  à  embrasser  la  carrière  diplomatique  dans  son  pays  pour  Tengag 
à  le  suivre  à  Vienne  en  qualité  de  secrétaire  particulier  ou  simplement 
voyageur,  puisque  redevenu  sujet  des  Pays-Bas  il  n'était  plus  français.  »(( 
Journal  d'une  femme  de  50  ans.  T.  II.  Pages,  351-353.) 

La  Tour  du  Pin  Gouvernet  (Alice,  dite  Charlotte)  épousa  à  Bruxelles 
20  avril  1813  Florent-Gharles-Auguste,  comte  de  Liedekerke  Beaufort,  mor 
au  château  de  Faublanc  près  de  Lausanne  le  13  septembre  1822. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       97 
112.  Saint-Pétersbourg,  5  septembre  1814  (F.  1.  4137  ad  3565). 

WINTZINGERODE   au  ROI    DE    WURTEMBERG 
{intercepta  en  français). 

Le  rescrit  du  roi.  Les   menées  de   Stein. 

Votre  Majesté  ne  doutera  pas  de  la  profonde  indignation 
dont  le  contenu  de  son  rescrit  en  allemand  m^a  rempli,  mais 
je  n'ose  disconvenir  qu'à  ce  sentiment  s'est  encore  mêlé  celui 
de  quelque  inquiétude  pour  le  repos  de  ma  patrie  en  voyant 
l'audace  avec  laquelle  le  baron  de  Stein  commence  déjà  à 
jeter  le  voile  et  à  appuyer  l'esprit  dangereux  qui  règne  en 
Allemagne,  surtout  sur  les  bords  du  Rhin,  en  Saxe  et  en 
Prusse.  Il  est  impossible  que  les  grandes  puissances  puissent 
ignorer  l'esprit  et  les  préceptes  du  baron  de  Stein,  mais  il  est 
très  difficile  de  s'expliquer  la  tranquillité  avec  laquelle  elles 
lui  permettent  de  se  servir  de  leur  nom  pour  entraîner  l'Alle- 
magne et  elles-mêmes  dans  l'abîme. 

Votre  Majesté  aura  sans  doute  déjà  été  informée  qu'il  y  a 
eu  à  Gottbus  des  scènes  très  sanglantes  entre  la  landwehr 
prussienne  et  les  troupes  polonaises  qui  reviennent  de  France 
sous  les  ordres  du  général  Krasinsky  (1)  et  que  ce  dernier  a 
même  été  grièvement  blessé.  Il  y  a  beaucoup  de  désertions 
dans  les  troupes  russes  qui  doivent  rentrer  dans  leur  patrie; il 
paraît  qu'elle  a  moins  d^ attraits  pour  eux  que  la  nôtre. 


113.  Vienne,  22  septembre  1814  (F.  1.  3616  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Linz  et  le  roi  de  Wurtemberg. 

1.  Krasinsky  (Vincent,  comte)  (1782-1858)  commandant  la  cavalerie  de  la 
garde  polonaise,  ramena  après  la  mort  de  Poniatowski  les  débris  de  cette 
légion  en  Pologne  et  fut  membre  du  Conseil  d'Etat  à  Varsovie. 

«  Le  général,  qui  passait  pour  un  des  adorateurs  les  plus  ardents  de  Napo- 
léon, est  devenu  tout  à  fait  russophile.  Il  y  a  peu  de  jours  l'Empereur  l'a 
nommé  aide  de  camp  général  et  aujourd'hui  il  a  fait  de  lui  le  maréchal  de  la 
Diète.  »  (Rapport  du  prince  de  Hesse-Hambourg  sur  sa  mission  aux  ma- 
nœuvres de  Pologne.  Varsovie,  16  mars  1818,  cité  par  le  Grand-Dcc  Nigoi-as 
MiKHAÏLOviTCH.  Rappivts  diplomatiques  de  Lebzeltern,  page  27. 

T.  L  7 


98  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE    VIENNE 

La  ville  de  Linz  a  montré  peu  d'enthousiasme  lors  du  pas- 
sage du  roi  de  Wurtemberg  (1),  devant  lequel  la  garde  bour- 
geoise a  refusé  de  défiler. 


114.  Vienne,  21  septembre  1814  (F.  1.3616  ad  3565). 

BRAUN  à  ...  (à  Darmstadt)  {intercepta  en  français). 

L'Autriche  et  la   Bavière.  La  grande-duchesse  Catherine 
et  Tarchiduc  Charles.  La  Pologne. 

...  L'arrangement  entre  TAutriche  et  la  Bavière  n'est  pas  en- 
core terminé  (2).  On  ne  peut  plus  douter  du  mariage  de  l'archi- 
duc Charles  avec  la  grande-duchesse  Catherine.  Elle  travaille 
à  lui  procurer  un  établissement  comme  souverain. 

11  paraît  que  si  le  sort  de  la  Pologne  (3)  n'est  pas  encore  fina- 
lement arrêté,  on  est  du  moins  convenu  sur  les  articles  les 
plus  essentiels  et  que  la  Russie,  comme  on  devait  s'y  attendre, 
n'avait  obtenu  que  trop  à  la  faveur  du  moment. 


115.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3617  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  d'envoi  des  pièces  du  22  septembre. 

1.  Le  roi  de  Wurtemberg  s'était  fait  accompagner  par  une  suite  des  plus 
nombreuses,  le  comte  Wintzingerode,  ministre  d'Etat  et  de  conférences,  le  gé- 
néral-lieutenant comte  de  Dillen,  intendant  général  du  palais  et  aide  de  camp 
général,  le  général-major  von  Breuning,  grand  écuyer,  le  prince  de  Taxis,  aide 
de  camp  général,  le  conseiller  de  légation  von  Kohlhaas,  le  secrétaire  intime 
du  cabinet  Pfeifer,  le  secrétaire  intime  Bitzer,  le  médecin  D'  von  Hardegg,  le 
chambellan  Degen,  quati^e  valets  de  chambre  du  roi,  deux  huissiers,  deux 
courriers  de  cabinet,  dix  domestiques.  Il  s'était  fait  précéder  en  outre  par  le 
comte  von  Gœrlitz,  un  de  ses  écuyers,  par  le  colonel  comte  von  Sontheim,  di- 
recteur de  son  cabinet  militaire,  par  le  colonel  prince  de  Hohenlohe  et  le  ca- 
pitaine von  Liévreville,  son  aide  de  camp  (Cf.  Beobachter,  265-267). 

2.  Question  des  compensations  à  donner  à  la  Bavière  et  de  la  nouvelle 
démarcation  entre  l'Autriche  et  la  Bavière  prévue  par  les  articles  3  et  4  (ar- 
ticles séparés  et  secrets)  de  la  Convention  de  Ried  du  8  octobre  1813.  (Cf.  Oes- 
lerreichs  Theilnahme,  pages  430  et  431.  Gentz  à  Karadja,  21-24  juin,  sur  les 
indemnités  à  la  Bavière.) 

3.  Cf.  Gentz  à  Karadja,  Vienne,  27  septembre,  passage  relatif  à  la  Pologne 
et  aux  dispositions  qu'on  prêtait  à  ce  moment  à  l'Empereur  Alexandre  (Dé- 
pèches inédites  de  Gentz,  1.  99-100). 


I 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       99 

Bordereau  d'envoi  des  pièces  relatives  aux  souverains  étran- 
gers, aux  diplomates,  aux  crédits  ouverts  sur  Vienne  au  roi 
de  Danemark  et  à  lord  Castlereagh. 


116.  Vienne,  22  septembre  1814  |F.  1.3617  3665). 

SIBER  à  HAGER 

Les  crédits  et  les  banquiers  du  roi  de  Danemark  et  de  lord  Castlereagh. 

Le  grand  maréchal  de  la  Cour  de  Danemark  (1)  von  Hauch 
est,  pour  le  compte  de  son  roi,  accrédité  par  la  maison  Ryberg, 
de  Copenhague,  chez  Arnstein  et  Eskeles  pour  une  somme 
de  30.000  ducats  et  quelques  milliers  de  florins  (2)  de  plus.  On 
ne  sait  rien  d'une  demande  de  crédit  plus  étendue  faite  par  le 
roi  qui  aurait  voulu  doubler  la  somme,  d'autant  plus  que  la 
Banque  d'Altona  a  ouvert  à  ce  souverain  un  crédit  illimité. 
,  Lord  Castlereagh  n'est  accrédité  ni  chez  Arnstein,  ni  chez 
GeymuUer.  Il  le  serait,  croit-on,  chez  Herz  et  G'°,  mais  non  pas, 
comme  on  l'a  prétendu,  pour  un  million  de  livres  sterlings. 


117.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3617  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Les  crédits  du  roi  de  Danemark.  Emploi  qu'il  pourrait  en  faire. 

Ce  souverain  (3)  a  fait  remettre  par  son  ministre  à  la  maison 

1.  La  suite  du  roi  se  composait  du  prince  de  Holstein-Beck  son  beau- 
frère,  du  ministre  d'Etat  baron  Rosencranz,  du  grand  maréchal  de  la  Cour 
von  Hauch,  du  général-major  von  Biilow,  aide  de  camp  général,  du  premier 
écuyer  von  der  Masse,  des  aides  de  camp  du  roi  von  Gœssel  et  von  Qualen, 
des  chambellans  von  Scholten  et  von  Schuhmacher,  adjudant  à  l'Etat-major 
général,  du  chirurgien  D'  Fenger,  de  l'assesseur  de  chancellei'ie  Federsen,  du 
secrétaire  de  la  chancellerie  de  guerre  Christiani  et  du  secrétaire  de  légation 
Berg  {Chronik  des  allgemeinen  Wiener  Kongresses,  122-123). 

2.  Le  ducat  d'or  avait  selon  les  pays  une  valeur  variant  entre  12  fr,  20, 
celui  de  Hongrie,  11  fr.  90,  ceux  de  Saxe,  Hollande,  Francfort  et  Hambourg 
11  fr.  70  celui  de  Suède  et  9  fr.  43,  celui  de  Copenhague  ;  le  florin  d'Autriche 
(argent)  valait  2  fr.  62. 

3.  Frédéric  VI,  roi  de  Danemark,  né  le  28  janvier  1768,  mort  en  1-39.  Son 
père  Christian  VII  étant  tombé  en  enfance,  la  reine  douairière  gouverna  le 


100  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VlENiNE 

Arnstein  et  Eskeles  une  lettre  de  crédit  pour  60.000  ducats  en 
or  et  a  fait  demander  si  cette  maison  se  prêterait  à  fournir  à 
Sa  Majesté  le  cas  échéant  d'autres  sommes  pendant  son  séjour 
ici,  vu  que,  malgré  la  dite  lettre  et  Targent  apporté  par  Sa 
Majesté,  il  se  pourrait  qu'Elle  en  eût  besoin.  Cette  dernière 
circonstance,  si  le  roi  ne  veut  pas  faire  le  fanfaron,  prouverait 
qu^il  pense  dépenser  beaucoup  ici  et  comme  il  est  logé,  nourri, 
servi  de  tout,  il  faut  donc  qu'il  pense  à  d'autres  dépenses,  ce 
qui  mérite  que  Votre  Excellence  en  soit  informée.  Peut-être 
médite-t-il  de  gagner  quelque  personne  influente,  et  il  se  trompe 
fort  si  c'est  notre  ministre  ou  ceux  auquels  il  se  confie  (1). 


118.  Vienne,  22  septembre  (F.  1.  3617  ad  3565). 

©©  à  HAGER  (en  français). 

Le  duc  de  Saxe-Weimar,  Alexandre  et  la  Constitution  de  l'Allemagne.  Le 
pape.  La  situation  du  nonce.  Les  Jésuites.  Murât.  Bernadotte.  Le  crédit  de 
Gastlereagh  chez  Geymiiller.  Le  cours  du  change.  Plaintes  générales  contre 
l'aristocratie  autrichienne. 

Le  duc  de  Weimar(2)  nomme  l'Empereur  de  Russie,  la /9o^/- 
pée  du  Sénat.  C'est  ainsi  qu'il  s'est  exprimé  chez  le  Prince  de 
Ligne.  Dans  une  société  où  ces  deux  princes  se  trouvaient,  on 

royaume.  Frédéric  lui  enleva  la  régence  en  1784  et  monta  sur  le  trône  le 
13  mars  1808.  L'année  suivante,  il  imposa  aux  Suédois  qui  voulaient  lui  enle- 
ver la  Norvège  le  traité  de  Jonkoeping  et  contracta  avec  la  France  une  al- 
liance durable,  dont  la  coalition  le  punit  en  1814  en  donnant  par  le  traité  de 
Kiel  la  Norvège  à  la  Suède.  11  reçut  en  dédommagement  Riigen  et  la  Pomé- 
ranie  suédoise  qu'il  échangea  en  1816  contre  le  duché  de  Lauenburg. 

Frédéric  VI  arriva  à  Vienne  le  22  septembre.  Dès  le  18,1e  comte  KoloAvrat 
avait  de  Prague  adressé  à  Hager  tout  un  dossier  contenant  les  rapports  du 
commissaire  Munsch  et  du  ministre  d'Autriche  à  Copenhague,  le  comte  de 
Lûtzow,  relatifs  aux  mesures  à  prendre  en  Bohême  et  en  Moravie  pour  le 
voyage  du  roi  de  Danemark  allant  à  Vienne.  «  11  est  possible,  ajoutait-il,  que 
le  roi  modifie  son  itinéraire  (Iglau,  Znaim,  Vienne)  pour  aller  d'Iglau  attendre 
l'Empereur  de  Russie  à  Brûnn.  Itinéraire  probable,  17  septembre  Toeplitz, 
18  Prague,  19  Czaslau,  20  Iglau,  21  Znaïm,  22  Vienne. 

1.  Cf.  Rapport  de  Hager  à  l'Empereur  du  27  septembre. 

2. Charles- Auguste  (le  beau-père  de  la  grande-duchesse  Marie,sœur  d'Alexan- 
dre qui  avait  épousé  son  fils  Charles-Frédéric),  duc,  puis  grand-duc  de  Saxe- 
Weimar  après  le  Congrès  de  Vienne,  né  en  1757,  perdit  son  père  à  l'âge  de 
8  ans  et  fut  proclamé  duc  sous  la  régence  de  sa  mère  Amélie  de  Brunswick. 
Il  prit  du  service  dans  l'armée  prussienne,  et  y  exerça  un  commandement  im- 
portant dans  la  campagne  de  1806,  mais  il  entra  dans  la  confédération  du  Rhin 
après  léna.  Mort  en  1828. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      101 

parlait  de  tous  les  faiseurs  de  Constitutions  qui  sont  arrivés 
à  Vienne,  le  duc  de  Weimar  disait  :  «  La  meilleure  Constitu- 
tion pour  l'Allemagne  est  de  lui  donner  un  chef  :  les  embar- 
ras disparaîtront.  » 

Il  paraît  qu'en  général  le  public  s'occupe  peu  du  Ministre 
de  la  Cour  de  Rome  (1).  On  dit  que  le  Gouvernement  autrichien 
a  prié  le  Saint  Père  de  ne  pas  se  donner  la  peine  de  faire  le 
voyage  de  Vienne.  Son  Ministre  n'a,  dit-on  dans  le  grand  monde, 
pas  beaucoup  d'influence  ici  et  il  s'en  aperçoit.  J'observe  en- 
core que  l'esprit  public  est  mal  disposé  contre  les  Jésuites. 

Les  notices  que  je  me  suis  efforcé  de  recueillir  concernant  le 
nommé  Gordini,  attaché  à  ce  Ministre,  me  le  dépeignent  comme 
très  insignifiant.  On  le  dit  recommandé  par  les  Jésuites  de  Russie. 

Le  plus  grand  objet,  dont  le  Ministre  du  Pape  paraît  s'oc- 
cuper, est  de  faire  éloigner  Murât  du  trône  de  Naples.  On  dit 
que  son  existence  est  contraire  à  la  parole  donnée  par  les 
souverains  de  ne  traiter  avec  aucun  individu  de  la  famille  de 
Bonaparte,  et  c'est  aussi  pour  ce  motif  qu'on  ne  voit  pas  de 
bon  œil  l'arrivée  ici  du  prince  de  Suède.  Ce  n'est  pas  seule- 
ment le  Ministre  précité  qui  s'en  plaint,  mais  une  partie  du 
public  qui  le  nomme  l'affidé  de  Napoléon. 

Les  gens  de  bourse  disent  que  le  Ministre  d'Angleterre  s'est 
ouvert  un  crédit  d'un  million  de  livres  sterling  chez  Geymiil- 
1er,  dont  la  valeur  est  réalisée  par  la  Caisse  impériale.  La  livre 
sterling  est  négociée  à  8  florins  30  tout  au  plus,  ce  qui  oc- 
casionne à  nouveau  une  perte  de  30  kreuzer,  argent  de  con- 
vention que  les  Banquiers  doivent  gagner  puisque  le  dernier 
taux  était  à  9  florins.  On  croit  que  le  cours  restera  entre  8,30 
et  8,40  pendant  tout  le  Congrès.  L'or  est  toujours  très  re- 
cherché et  augmentera  de  prix. 

La  plupart  des  étrangers  de  marque,  les  Anglais  surtout, 
se  plaignent  de  ce  qu'ils  n'ont  pas  quelques  maisons  distin- 
guées dans  la  haute  Noblesse  où  ils  peuvent  se  trouver  ensem- 
ble. «  Pourquoi,  disent-ils,  un  prince  de  Liechtenstein  ne 
donne-t-il  pas  un  thé  à  l'anglaise  le  soir  ?...  Cela  lui  coûtera 
peu.  On  payera  les  bougies  à  ses  gens.  Les  grands  de  Vienne 
doivent  nous  montrer  qu'ils  connaissent  nos  usages.  Que  font- 
ils  donc?...  Ou  ils  nous  imposent,  ou  ils  prouvent  qu'ils  vi- 
vent dans  leurs  tanières,  comme  des  ours.  » 


1.  Le  cardinal  Consalvi. 


102  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

119.  Vienne,  22  septembre  1814  (F.  1.  3617  ad  3-565). 

©©à  HAGER  (en  français). 
Rapport  sur  Anstett,  et  son  hostilité  contre  l'Autriche. 

Ce  fameux  frondeur  diplomatique  est  à  peine  arrivé  que  je 
sais  qu'il  recommence,  comme  par  le  passé,  à  bavarder  contre 
l'Autriche.  Il  ne  nous  fera  pas  grand  mal  ;  mais  il  est  bon 
qu'on  en  soit  averti  pour  vérifier  et  peser  la  chose  si  elle  le 
mérite. 


120.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3617  ad  3568). 

©©  à  HAGER  (en  français). 
Sur  les  princes  Gonzaga  de  Mantoue. Conversation  de  l'un  deux  avec  La  Harpe 

Il  y  a  ici  deux  princes  de  ce  nom.  L'un  est  ici  depuis  peu, 
est  un  bon  ignorant  qui  ne  demande  surtout  qu'une  pension. 
L'autre  est  un  vieux  demi-savant  qui  a  roulé  dans  l'Europe  et 
depuis  des  années  vit  ici  d'une  pension  aussi  de  notre  Cour  (1). 
Celui-ci  dernièrement  chez  le  comte  de  Stackelberg  (2)  a  eu  au 
coin  d'une  fenêtre  un  long  entretien  avec  le  fameux  La  Harpe(3), 
favori  de  l'Empereur  Alexandre  et  l'un  des  faiseurs  de  ce  mo- 

1.  Gonzaga-Castiglione  (Louis,  prince  de)  (1745-1819)  fort  pauvre,  céda  à  Ma- 
rie-Thérèse ses  droits  sur  la  principauté  de  Castiglione  pour  une  pension  de 
10.000  florins.  Il  fut  l'amant  de  la  célèbre  poétesse  Gorella  Olimpica,  couron- 
née au  Gapitole  en  1775.  11  écrivit  plusieurs  ouvrages  :  Essai  sur  l'esprit  hu- 
main; Dissertation  sur  la  poésie  ;  Le  lettré  bon  citoyen...  Après  avoir  voyagé 
en  France  et  en  Angleterre,  il  alla  s'établir  en  1808  à  Vienne  où  il  mourut  le 
10  septembre  1819.  Il  avait  épousé  Elisabeth  Rangoni,  fille  d'un  banquier  de 
Marseille  qui  n'avait  rien  de  commun  avec  les  Rangoni  de  Modène.  Il  s'en 
sépara  du  reste  et  elle  alla  vivre  en  Saxe  où  elle  mourut  en  1832  (Renseigne- 
ments dus  à  l'obligeance  de  mon  ami  M.  D.  H.  Prior).(Gf.  Gussy,  Souvenirs, 
I,  130. Extraits  des  Archives  de  la  Légation  de  France  à  Berlin.) 

2.  Stackelberg  (Gustave-Ottonovitch,  comte  de)  Conseiller  intime,  cham- 
bellan de  l'Empereur,  ambassadeur  de  Russie  à  Vienne. 

3.  La  Harpe  (Frédéric-César)  (1754-1838)  né  à  Rolle  (canton  de  Vaud),  précep- 
teur d'Alexandre,  rentré  en  Suisse  en  1795,  l'un  des  directeurs  de  la  République 
helvétique  (1798),  s'expatria  à  nouveau  en  1800,  vécut  ensuite  en  Suisse, 
retiré  des  affaires  et  réussit,  grâce  à  Alexandre,  à  constituer  en  1814,  au  Con- 
grès de  Vienne,  un  canton  de  Vaud  indépendant  de  celui  de  Berne. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      103 

narque.  Cela  a  été  remarqué  et  m'a  été  rapporté  par  un  té- 
moin qui  cependant  n'y  mettait  pas  d'importance.  J'en  mets 
assez  pour  croire  qu'il  faut  observer  si  cela  a  des  suites. 


121.  Berlin,  6-18  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

G.    DE   BENKENDORFF(l)  à  SA  MAJESTÉ 
L'EMPEREUR    DE   RUSSIE. 

Il  demande  à  continuer  à  servir  la  Russie  et  à  rentrer 
dans  son  ancienne  carrière. 

J'ose  encore  m'adresser  directement  à  Votre  Majesté  Impé- 
riale. Je  l'ai  fait  lorsque  je  sollicitai  la  faveur  de  servir  sons 
Ses  glorieux  drapeaux  et  je  le  ferai  toute  ma  vie  puisque  c'est 
ainsi  qu'un  sujet  fidèle  doit  parler  à  un  souverain  tel  que  Vous, 
Sire. 

Votre  Majesté  Impériale  sait  que  je  n'ai  pas  ménagé  mes 
jours  pendant  la  guerre.  Elle  m'enleva  à  une  carrière  à  laquelle 
je  m'étais  uniquement  voué  depuis  plus  de  dix  ans.  Vos  efforts 
généreux,  Sire,  promettent  à  l'Europe  une  longue  paix.  Dai- 
gnez permettre  que  je  l'emploie  à  servir  Votre  Majesté  Impé- 
riale dans  mon  ancienne  vocation.  Elle  allait  m'assurer  une 
'xistence  que  je  crois  pouvoir  mériter  par  mon  zèle  à  Lui  être 
utile.  Il  sera  sans  cesse  consacré  à  mon  souverain,  car  la  guerre 
me  reverrait  toujours  dans  Ses  armées. 

Je  suis  avec  le  plus  profond  respect, 
de  Votre  Majesté  Impériale 
le  plus  humble  et  le  plus  soumis  Serviteur  et  sujet, 

C.   DE   BenKENDORFF. 

Berlin,  6-18  septembre  1814. 


1.  Constantin  de  Benkendorff  (1785-1828)  se  destinait  à  la  diplomatie,  mais 
satra  dans  l'armée  en  1812,  assista  comme  major  aux  batailles  de  Smolensk, 
1b  la  Moskowa  et  commanda  un  corps  volant  à  la  tète  duquel  il  se  distingua 
sn  1813  à  Gassel,  en  1814  à  Soissons,  Graonne  et  à  Reims.  Sorti  de  l'armée 
près  le  traité  de  Paris,  il  rentra  dans  la  diplomatie  en  1820  et  devint  ministre 
le  Russie  à  Stuttgart  et  à  Karlsruhe.  11  reprit  du  service  dans  l'armée  lors 
le  la  guerre  contre  la  Perse,  fut  promu  général-lieutenant  et  se  distingua  à 
ïtschmiadin,  à  Erivan  et  sur  l'Araxe.  Il  prit  ensuite  une  part  brillante  à  la 
sampagne  contre  les  Turcs  et  mourut  peu  après  au  mois  d'août  1828.  La  fa- 
neuse princess  e  Lieven  était  la  sœur  de  Benkendorff. 


101  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

122.  Vienne,  24  septembre  1814. 

HAGER    à    L'EMPEREUR. 

Bordereau  et  rapport  journalier. 

Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.3660  ad  3565). 

ROI    DE    DANEMARK   à   la  REINE  (intercepta  en  allemand). 
Détails  sur  son  arrivée.  Accueil  qu'il  a  reçu. 

Je  suis  arrivé  à  Vienne  hier  à  six  heures  du  soir.  L'Empe- 
reur est  venu  au-devant  de  moi  à  une  demi-lieue  de  la  ville 
Nous  sommes  descendus  de  voiture.  Nous  nous  sommes  em- 
brassé et  j'ai  pris  place  dans  la  voiture  ouverte  de  TEmpereur, 
Il  a  été  très  aimable  et  très  franc  et  son  caractère  inspire  la 
confiance.  Il  m'a  dit  dès  les  premiers  mots  :  «  Si  Dieu  avait 
permis  que  tout  allât  comme  je  le  désirais,  vous  n'auriez  rien 
perdu.  Mais  je  n'ai  pu  rien  faire  pour  vous  aider.  » 

La  conversation  a  continué  sur  un  ton  très  amical  et  nos 
relations  sont  excellentes. 

Depuis  les  faubourgs  jusqu'à  la  Burg,  les  troupes  faisaient 
la  haie  en  grande  tenue  et  nous  avons  été  tout  le  temps  salués 
par  des  acclamations. 

Tous  les  archiducs  et  toute  la  Cour  sont  venus  au-devant  de 
moi.  Puis  on  m'a  conduit  à  mes  appartements. 

J'allai  peu  après  rendre  visite  d'abord  à  l'Empereur,  puis  à 
l'Impératrice  et  de  là,  chez  l'Impératrice  douairière. 

A  table,  il  n'y  avait  que  la  famille  impériale  et  moi. 

Aujourd'hui  j'ai  rendu  visite  à  la  grande-duchesse  Marie 
qui  m'a  dit  de  fort  jolies  choses.  On  me  traite  comme  si  j'étais 
un  des  membres  de  la  famille  impériale  et  tout  le  monde  me 
témoigne  de  l'amitié  et  de  la  confiance. 

L'archiduc  Charles  a  été  particulièrement  aimable  pour  moi. 

Je  me  réserve  les  détails  sur  chacun  d'eux  pour  le  momeal 
où  nous  nous  reverrons. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       105 

123.  Vienne,  24  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTRŒiM  {intercepta  en  français)  (Analyse). 

A  propos  du  bruit  relatif  à  l'arrivée  de  Bernadotte.  Les  conférences 
des  Quatre.  L'organisation  du  Congrès. 

Il  lui  parle  de  l'arrivée  du  prince  royal  de  Suède  (Berna- 
dotte) annoncée  par  le  Beobachler  du  23  (1),  mais  dont  lui  ne 
sait  rien. 

Il  lui  rend  ensuite  compte  de  ce  qu'il  sait  des  Conférences 
entre  les  Plénipotentiaires  des  Quatre  relatives  à  l'organisa- 
tion du  Congrès,  des  difficultés  que  rencontrera  l'admission 
des  Plénipotentiaires  de  Naples,  du  projet  de  diviser  le  Con- 
grès en  deux  comités,  l'un  chargé  des  affaires  de  l'Europe  en 
général,  l'autre,  de  celles  de  l'Allemagne  en  particulier,  ce  der- 
nier uniquement  composé  des  Plénipotentiaires  des  princes  al- 
lemands et  de  ceux  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse,  enfin  de  la 
probabilité  d'en  faire  plus  tard  un  troisième  pour  l'Italie. 


124.  Vienne,  25-26  septembre  1814. 

HAGER  à  L'EMPEREUR. 
Bordereau  et  rapport  journalier. 

Rapports  du  25  au  26  septembre  (F.  1.3660  ad  3565). 

La  question  de  Pologne  et  l'air  préoccupé  d'Alexandre,  lors  de   son  entrée 
à  Vienne  le  25  septembre  1814. 

On  a  répandu  le  bruit  en  Pologne  que  lors  de  la  dernière 
réunion  secrète  des  Plénipotentiaires  au  Congrès  (2)  le  plénipo- 

1.  Cf.  dans  l'Oeslerreichischer  Beobachler  du  24  septembre  à  la  rubrique. 
Nouvelles  de  Vienne,  du  23,  n»  267,  p.  144.  «Vienne,  23  septembre. ..On  attend 
S.A.  R.  le  prince  royal  de  Suède  dont  l'arrivée  est  annoncée  pour  demain.  » 

2.  Cf.  d'ANGEBERG.  Cougrès  de  Vienne,  1,  249-251,  §  1"  et  2°  du  Protocole 
séparé  d'une  conférence  tenue  le  22  septembre  1814  par  les  Plénipotentiaires 
de  l'Autriche  et  de  la  Grande-Bretagne,  de  la  Prusse  et  de  la  Russie  sur  la 
forme  et  l'ordre  des  discussions  du  Congrès  de  Vienne.  —  Cf.  Pallain.  Cor- 
respondance Inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII.  Talleyrand  au  roi. 
Vienne,  25  septembre  1819  (Dépêche,  n"  1,  page  2). 


106  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

tentiaire  russe  a  proposé  de  reconstituer  le  royaume  de  Pologne 
et  de  donner  des  compensations  à  l'Autriche  et  à  la  Prusse, 
par  exemple  la  Saxe.  On  attribue  Féclosion  de  ce  projet  à  l'in- 
fluence du  prince  Adam  Czartoryski  (l).On  ne  s^explique  pas 
pourquoi  on  a  fait  revenir  à  Vienne  le  grand-duc  Constantin 
qu'on  croyait  chargé  de  l'organisation  des  troupes  à  Varsovie 
et  de  la  préparation  d'une  Constitution. 

Les  Polonais  qui  sont  ici  ont  trouvé  que  l'Empereur  Alexan- 
dre avait  l'air  fort  préoccupé  lors  de  son  entrée  à  Vienne. 
Dans  la  société  où  j'étais,  on  s'inquiétait  de  la  question  de 
Pologne  et  on  espérait  qu'elle  serait  tranchée  sans  effusion  de 
sang. 


123.  Vienne,  24  septembre  1814  (F.  1.  3636  ad  3565). 

HAGER    à  00  (Confidenlielle.) 

Instructions  adressées  à  l'agent  00. 

Les  affaires  diplomatiques  sont  si  importantes  et  si  mul- 
tiples que  je  vous  prie,  tout  en  continuant  à  vous  occuper  des 
questions  financières  et  internes  de  notre  Monarchie,  d'atta- 
cher particulièrement  votre  attention  sur  tout  ce  qui  se  pas- 
sera, se  fera  et  se  dira  dans  les  Hautes  sphères,  anciennes  et 
nouvelles,  de  la  société  et  de  la  diplomatie,  sur  les  agissements 
et  les  conversations  des  souverains,  de  leur  entourage  et  de 
leurs  Ministres.  Je  désire  aussi  que  vous  pénétriez  dans  les  in- 

1.  Czartoryski  (Adam,  prince)  (1770-1861).  Envoyé  en  1795  après  le  premier 
partage  de  la  Pologne  comme  otage  à  Saint-Pétersbourg  où  il  se  lia  d'amitié 
avec  le  grand-duc  Alexandre,  envoyé  par  Paul  I"  comme  Ministre  à  Turin 
en  1800,  nommé  par  Alexandre  Ministre-adjoint  des  Affaires  étrangères  (1801- 
1805),  il  le  suivit  à  Austerlitz,  puis  à  Tilsit.  Déçu  dans  ses  espérances  de 
reconstitution  d'une  Pologne  autonome  sous  la  protection  de  la  Russie,  il  se 
démit  de  ses  fonctions  en  1807.  Après  avoir  accompagné  Alexandre  en  1814  à 
Paris  et  à  Vienne,  il  devint,  en  1815,  comme  son  père,  sénateur- palatin  du 
Royaume  de  Pologne  et  curateur  de  l'Université  de  Wilna  et  tomba  en  dis- 
grâce en  1821.  La  Révolution  polonaise  le  fit  du  30  janvier  au  15  août  1831, 
président  du  Gouvernement  provisoire  II  se  retira  alors  et  s'établit  peu  après 
à  Paris  où  il  devint  le  chef  du  parti  aristocratique  de  l'émigration  polonaise. 
Marié  en  1817  à  la  princesse  Anne  Sapieha,  il  en  eut  deux  fils,  dont  l'un,  La- 
dislas,  épousa  en  secondes  noces  Marguerite  d'Orléans,  fille  du  duc  de  Ne-^ 
mours.  (Cf.  Duchesse  de  Dino.  Sjuvetiirs,  p.  159-160, pour  le  roman  ébauché* 
entre  le  prince  et  l'Impératrice  Elisabeth  de  Russie.)  -É 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    J>U  CONGRÈS       107 

teneurs  et  que  vous  me  fassiez  connaître  le  résultat  de  vos 
jrecherches  et  de  vos  découvertes  dans  ces  différents  milieux, 
jj 'ajoute  que  je  désire  savoir  au  plus  vite  ce  que  fait  le  comte 
jKûnigl,  dans  quelles  maisons  il  a  pu  s'introduire  et  pour  le 
icompte  de  qui  il  agit  et  opère  maintenant. 


126.  Vienne,  25  septembre,  soir  (F.  1.  3660  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR. 


^.bsence  de  quelques  généraux  lors  de  l'entrée  du  tsar  à  Vienne.  Retour  des 
troupes  d'Italie  en  Autriche.  Faiblesse  d'effectif  des  régiments  en  garnison 
à  Vienne. 


On  s*est  demandé  pourquoi  Schwarzenberg,  Radetzky  et 
!^ngenau{l)  ne  s'étaient  pas  montrés  lors  de  l'entrée  des  sou- 
rerains.  Wenzel  Liechtenstein  (2)  a  répondu  aux  Wurtember- 
jeois  et  aux  Prussiens  qu'ils  étaient  souffrants.. 

On  est  très  surpris  de  la  nouvelle  du  départ  d  un  certain 
lombre  de  régiments  qui  ont  reçu  l'ordre  de  rentrer  d'Italie 
bn  Autriche. 

Un  général  russe  a  été  très  étonné  de  voir  que  lors  de 
'arrivée  du  tsar(3)les  régiments  autrichiens  n'avaient  en  ligne 
jue  deux  bataillons.  On  lui  a  affirmé  que  tous  les  régiments 
le  la  garnison  ont  deux  bataillons  détachés  ailleurs. 


1.  Passé  du  service  de  la  Saxe  à  celui  de  l'Autriche,  le  Général  Lange- 
Vau  très  apprécié  et  très  goûté  par  Schwarzenberg  l'était  au  contraire  beau- 
ïoup  moins  par  la  plupart  des  officiers  généraux  de  l'armée  autrichienne, 

2.  Liechtenstein  (Wenzel,  prince)  (1767-1842)  primitivement  destiné  à  l'état 
cclésiastique,  se  sentit  attiré  par  les  traditions  de  sa  famille  et  par  ses  goûts 
ers  la  carrière  militaire  et  se  distingua  par  sa  bravoure  et  son  intelligence 
a  1813  et  1814.  Colonel  et  aide  de  camp  général  de  Schwarzenberg  en  1814, 

fut  chargé  par  lui  d'informer  Berthier  à  Troyes  de  la  dénonciation  de  l'ar- 
ÙBtice.  Chevalier  de  l'ordre  de  Marie-Thérèse,  il  quitta  l'armée  quelque 
împs  après  la  campagne  de  1815  avec  le  grade  (nd  honores)  de  général-major. 

8.  Arrivé  à  Briinn  le  24  septembre,  à  9  heures  du  soir,  Alexandre  fit  son 
tilirée  à  Vienne  le  25  septembre,  entre  midi  et  une  heure,  en  compagnie  du 
oi  de  Prusse  qui  l'attendait  depuis  la  veille  à  Wolkersdorf  (à  un  peu  plus  de 
Icilomètres  de  Vienne,  à  l'entrée  du  Marchfeld,  sur  le  Russ-bach). 


108  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

127.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Le  nonce  du  Pape.  Labrador  et  Campochiaro 

Le  Saint  Prélat  n'est  pas  un  aigle  d'esprit.  L'anecdote  sui 
vante  le  prouve,  et  il  est  bon  de  la  connaître,  non  seuleme 
pour  s'égayer,  mais  pour  juger  l'homme. 

L'ambassadeur  d'Espagne  Labrador,  dont  la  mission  au  Co 
grès  a  pour  but  principal  et  presque  unique  de  terrasser  [sic 
la  couronne  de  Murât  et  faire  retourner  aux  Bourbons  d  Espa- 
gne les  anciens  Etats  de  Naples  et  de  Parme,  chose  connue  . 
de  tout  le  monde,  demanda  au  cardinal  Consalvi,  qui  l'avait}"; 
précédé  à  Vienne,  la  liste  du  Corps  diplomatique  auquel  il  : 
faut  faire  visite.  Le  nonce,  comme  doyen  du  Corps  diploma- 
tique s'offrit  à  la  lui  envoyer.  Il  tint  parole  et  parmi  les  Toai-m 
nistres,  Labrador  y  trouva  transmis  par  lui  :  «  Prificipe  d^ 
Campochiaro  (1),  Ambasciatore  al  Congresso  per  S.  M.  il  Re 
Gioacchino  délie  due  Sicilie.  »  Labrador  était  furieux. 


128.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.l.  3660  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER.  fr 

Anstett.  Ses  griefs  contre  TAutriche.  Ses  prétentions  et  la  nature  de  se8S| 
relations  avec  Nesselrode  et  Alexandre.  Les  confidences  d'Anstett.  Sei^| 
missions  secrètes,  causes  de  sa  défaveur.  îj 

!■ 
J'ai  revu  le  20  pour  la  première  fois  depuis  Paris  le  con-' 
seiller  intime  russe  baron  Anstett,  un  peu  après  son  arrivée»^. 
Après  avoir  causé  avec  moi  d'afîaires  de  famille,  il  donna  dely 
nouveau,  comme  il  l'avait  déjà  fait  avec  moi  à  Francfort  et  à 
Paris,  libre  cours  au  dépit  que  lui  causait  le  fait  que  l'Autriche 

i.  Non  pas  prince,  mais  duc,  Campochiaro,  d'abord  capitaine  des  gardes  i 
Ferdinand  IV,  était  devenu  conseiller  d'Etat  et  ministre  de  la  maison  du  rfl 
Joseph,  ministre  de  la  Police  sous  Murât,  puis  son  ambassadeur,  d'abord! 
Paris  auprès  de  Napoléon  et  ensuite  son  représentant  au  Congrès  de  Vienn6| 
En  disgrâce  après  la  Restauration  des  Bourbons,  ministre  des  Affaires  étra 
gères  lors  de  la  révolution  en  1820,  il  se  retira  peu  après  et  renonça  définitil 
ment  aux  affaires  et  à  la  politique. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       109 

n'avait  pas  jugé  à  propos  de  lui  accorder  la  moindre  distinc- 
tion. Il  en  était  d'autant  plus  froissé  que  notre  Cour,  disait-il, 
!ie  pouvait  ignorer  les  sentiments  qu'il  avait  toujours  témoi- 
gnés en  faveur  de  l'Autriche  et  toute  la  peine  qu'il  s'était  don- 
:îée  en  1809  pour  décider  sa  Cour  à  embrasser  notre  cause,  ou 
x)ut  au  moins  à  nous  témoigner  une  neutralité  bienveillante. 

Anstett  croit  que  le  comte  Nesselrode  et  TEmpereur  Alexan- 
Ire  ne  peuvent  se  passer  de  lui  et  c'est  pour  cette  raison  qu'il 
V  a  toujours  pas  mal  de  tension  entre  lui  et  le  comte.  J'ai  pu 
constater  moi-même  de  visu  à  Teplitz  et  à  Paris  que  Nessel- 
ode  avait  bien  plus  d'égards  pour  Anstett  que  celui-ci  ne 
croyait  devoir  en  avoir  vis-à-vis  de  lui. 

Anstett  est  également,  pour  le  moment,  assez  peu  satisfait 
le  la  nature  de  ses  relations  avec  son  Empereur. 

Afin  de  se  justifier  du  reproche  que  je  lui  faisais  de  n'avoir 
pas  eu,  lorsqu'il  revint  de  France  et  passa  par  Bruchsal,  le 
2(eur  de  faire  un  tout  petit  détour  pour  aller  rendre  visite  à 
Strasbourg  à  sa  vieille  mère  âgée  de  soixante-quinze  ans  et 
{u'il  n'a  pas  vue  depuis  vingt-six  ans,  il  me  dit  qu'on  lui  avait 
confié  à  ce  moment  deux  missions  secrètes  des  plus  importantes. 
C'est,  d'après  lui,  en  revenant  de  France  qu'il  reçut  l'ordre 
l'aller  attendre  à  Bruchsal  les  instructions  relatives  à  l'une 
le  ces  deux  missions.  C'est  précisément,  à  l'occasion  de  cette 
mission  qui  l'envoya  à  Varsovie  pour  y  étudier  l'état  de  l'opi- 
nion et  à  la  suite  du  rapport  détaillé  et  secret  qu'il  devait  faire 
ù  l'Empereur  en  lui  rendant  compte  des  chances  de  succès 
qu'offrait  la  prise  de  possession  de  ce  pays,  qu'il  s'était  attiré 
la  disgrâce  dont  il  souffrait  pour  le  moment.  Il  avait  en  effet 
dû  s'élever  contre  l'idée  favorite  de  son  maître  et  avait  pé- 
remptoirement démontré  dans  son  rapport  qu'un  pareil  peu- 
ple était  indigne  d'appartenir  à  un  souverain  tel  que  lui,  qui 
n'y  trouverait  que  des  sujets  ingrats  et  éternellement  hostiles. 

Anstett  ajouta  avec  humeur  que  cette  disgrâce  lui  avait  valu 
un  séjour  de  trois  mois  dans  ses  terres  auprès  de  sa  femme 
malade.  Il  se  proposait  de  rester  en  repos  et  en  disponibilité 
comme  cela  lui  était  déjà  arrivé  avant  la  dernière  guerre,  lors- 
que le  4  septembre  il  reçut  l'ordre  de  se  trouver  à  Vienne  lors 
de  l'arrivée  de  l'Empereur. 

Il  me  déclara  en  terminant,  qu'aussitôt  après  la  fin  des  négo- 
ciations, il  se  retirerait  dans  ses  terres  avec  une  pension  de 
retraite  de  1.200  ducats. 


110  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

Jamais  il  ne  m'avait  tant  parlé  de  sa  situation  personnelle. 
Je  n'ai  pu  l'amener  à  se  déboutonner  qu'en  lui  parlant  de  sa 
vieille  mère  dont  il  est  le  seul  soutien.  Ce  ne  sera  maintenant 
qu'en  me  servant  de  son  dépit,  en  le  contredisant  et  aussi  en 
le  faisant  boire  que  je  pourrai  lui  délier  encore  la  langue. 


129.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota   à    HAGER    (en  français). 
Indices  de  la  probabilité  du  retour  des  Bourbons  à  Naples. 

Hier  au-  soir,  le  chevalier  Medici(I)  me  confia  que,  par  sa  der- 
nière dépêche  datée  de  Palerme  le  4  septembre,  le  roi  lui  écri- 
vait que  deux  riches  Calabrais,  qui  avaient  acheté  en  Calabre 
les  grandes  terres  appartenant  jadis  au  couvent  si  riche  de  San 
Michèle  in  Bosco,  étaient  venus  pour  obtenir  de  lui,  moyen- 
nant le  versement  d'une  somme  de  40.000  onces,  la  confirma- 
tion de  leurs  acquisitions.  Medici  en  concluait  qu'en  Calabre 
on  ne  doute  plus  du  retour  du  royaume  à  son  souverain. 


130.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota  à  HAGER    (en  français). 

Ce  que  font  les  Anglais  à  Vienne. 

Je  demandais  hier  à  l'Anglais  Parr  ce  que  faisaient  ses  com- 
patriotes. Il  me  répondit  :  «  Comme  ils  sont  en  vacances,  ils 
passent  la  journée  à  voir  ce  que  la  capitale  et  ses  environs 
offrent  de  remarquable.  Ils  vont  le  soir  chez  la  jeune  comtesse 

1.  Medici  (Chevalier,  Louis  de,  des  princes  d'Ottajano)  (1759-1830)  fit  partie 
de  la  première  Junte  d'Etat,  accusé  faussement  d'avoir  entretenu  des  intelli- 
gences avec  Latouche-Tréville,  sauvé  par  sa  sœur  la  marquise  de  San  Marco, 
ministre  des  Finances  en  1803,  il  suivit  le  roi  en  Sicile  et  n'en  partit  qu'en 
1811  à  la  suite  d'un  désaccord  avec  ce  prince.  Envoyé  à  Vienne  pendant  le 
Congrès,  ministre  des  Finances  à  son  retour,  Président  du  Conseil  en  1823, 
il  mourut  à  Madrid  où  il  avait  accompagné  le  roi  à  l'occasion  du  mariage 
de  sa  fille  avec  Ferdinand  VII. 


ÎLES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMExNTS    DU   CONGRÈS       111 
Rzewuska  (1)  qui  les  reçoit  bien,    se    rendent  ensuite    chez 
ai  quelque  fille  et  du  reste  s'enivrent  avec  du  vin  de  Bude.  » 


131.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota    à    HAGER    (en  français). 
Bernadotte.  Sa  venue  éventuelle.  Quel  accueil  on  lui  fera. 

Le  public  s'occupe  beaucoup  de  connaître  quels  égards  on 
aura  pour  le  prince  royal  de  Suède.  On  se  demande  s'il  va 
loger  à  la  Cour,  s'il  sera  traité  comme  un  héritier  présomptif 
de  la  couronne  de  Suède?  En  général,  le  peuple  ne  l'estime 
pas.  On  se  souvient  du  ridicule  qu'il  s'est  attiré  à  Vienne  (2)  et 
on  le  range  dans  la  classe  des  grands  intrigants  du  temps  de 
Bonaparte. 


132.  Vienne,  25  septembre  1814  (F,  1.  3660  ad  3565). 

Nota   à    HAGER  (en  français). 
La  misère  en  Bavière.  Etat  du  pays.  Popularité  du  roi. 

Les  gens  de  l'entourage  du  prince  de  Wrède  (3)  font  un  triste 
tableau  de  la  Bavière.  Ils  disent  que  le  paysan  y  est  malheu- 
reux, qu'il  n'y  a  pas  d'argent  dans  le  royaume,  que  malgré  les 
îriailleries  du  peuple  de  Vienne  le  pain  est  plus  cher  à  pro- 
K>rtion  en  Bavière  qu'en  Autriche  et  que  les  pauvres  gens  y 
îont  dans  une  position  d'autant  plus  triste  que  les  aumônes  y 
îont  rares.  Ils  disent  beaucoup  de  bien  du  roi  qu'ils  appellent 
m  bon  homme,  mais  se  plaignent  beaucoup  du  gouvernement. 


1.  Fille  de  la  princesse  Lubomirska,  guillotinée  sous  la  Terreur  le  12  mes- 
lidor  an  II,  remise  le  2  fructidor  an  II  (19  août  1794)  à  une  de  ses  parentes 
[ui  la  ramena  en  Pologne,  Rosalie  Lubomirska  y  épousa  son  cousin  le  comte 
{«ewuski  (Cf.  Stryienski.  Deux  Victimes  de  la  Terreur). 

2.  Allusion  à  son  ambassade  à  Vienne  à  la  suite  de  Gampo-Formio,  et  à 
'émeute  provoquée  par  l'apparition  du  drapeau  tricolore  sur  son  hôtel. 

8.  Wrède  (Charles-Philippe,  prince  de)  feld-maréchal  et  inspecteur  général 
le  l'armée  bavaroise  (1767-  1853)  représentant  de  la  Bavière  au  Congrès  jus- 
[u'au  14  avril  1815. 


ë 


112  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

133.  Vienne,  25  septembre  1814  {F.  1.  3660  ad  3565). 

Nota  à    HAGER    (en  français). 

Bruits  relatifs  à  l'organisation  de  la  confédération  germanique  et  aux  préro- 
gatives de  l'Autriche  en  Italie.  L'archiduc  Charles.  La  grande-duchesse  Ca- 
therine et  la  vice-royauté  d'Italie. 

Les  comtes  Lanckoronski  (1)  et  Ossolinski  (2)  ont  prétendu 
que  la  Fédération  germanique  annoncée  par  l'article  6  du  traité 
de  Paris  consistera  en  quatre  Cercles  formant  les  Etats  de  l'Al- 
lemagne indépendante  ;  —  que  pour  chaque  Cercle,  il  j  aurait 
un  Vicariat,  dont  l'un  sera  confié  au  roi  de  Prusse,  un  au  roi 
de  Bavière,  un  au  roi  de  Wurtemberg  et  un  au  souverain  de 
Hanovre,  qui,  tous  quatre,  en  cas  d'une  guerre  contre  l'Alle- 
magne fédérative,  auront  le  commandement  de  l'armée  de  leur 
cercle  avec  des  contingents  à  déterminer,  mais  que  tous  ces 
Souverains- Vicaires  rassortiraient  de  la  Couronne  Impériale 
d'Allemagne,  réunie  héréditairement  à  celle  d'Autriche  ;  — 
qu'en  Italie  toutes  les  souverainetés  accessoires,  en  cas  d'ex- 
tinction de  ces  dynasties,  seront  réunies  de  droit  à  l'Autriche. 

L'intrigue  qui  a  existé  pour  amener  l'archiduc  Charles,  par 
un  mariage  avec  la  grande-duchesse  d'Oldenburg  (3)  à  la  Vice- 
Royauté  d'Italie,  paraît  n'être  pas  encore  finie.  Il  semble  que 
le  baron  de  Felz(4)  y  jouerait  un  rôle.  Il  a  demandé  par  requête 
à  Sa  Majesté  (dont  la  minute  de  sa  main  a  été  lue  en  original 
par  un  agent  à  moi)  la  permission  de  retourner  aux  Pays-Bas 
sans  perdre  sa  pension.  Mais  ce  n'est  pas  là  sa  véritable  mar- 
che. Il  est  parti  d'ici  avant  d'avoir  sa  pension  et  se  prépare  à 
passer  l'hiver  à  Venise  où  il  jouira  de  sa  pension  sans  permission 
parce  qu'à  Venise  il  sera  dans  la  Monarchie  et  là,  il  mettra 
son  drapeau  au  vent  en  qualité  de  beau-père  et  d'éclaireur  du 

1.  Lanckoronski-Brzezie,  mort  en    1830,  le  mari  de  la  comtesse    Louis 
Rzewuska  morte  en  1839  (Cf.  pièce  1565  une  note  en  date  du  15  fév.  1815  sur 
ses  relations  avec  les  Polonais). 

2.  Ossolinski,  comte  de  Tenczin  (Joseph)  (1748-1821),  bibliographe,  collec- 
tionneur, grand  ami  des  arts  et  protecteur  des  artistes,  chambellan  de  l'Em- 
pereur, Préfet  de  la  bibliothèque  de  la  Cour  depuis  1809. 

3.  La  grande-duchesse  Catherine. 

4.  Probablement  le  même  personnage  que  celui  dont  il  est  question  dans 
une  lettre  que  l'archiduc  Charles  adressait  de  Holitsch  le  1"  janvier  1806  au 
duc  Albert  de  Saxe-Teschen.  (Cf.  Criste.  Ezgherzoq  Cari  von  Oesterreich,  il. 
604.) 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       113 

général  Grûnne,  adjudant  et  factotum  de  Son  Altesse,  pour  les 
futures  contingences  des  vues  de  celui-ci. 


134.  Vienne,  25  septembre  1814  (F.  1.  ad.  3565). 

G.  K.  à  SIBER    et    SIBER   à    HAGER. 

Conséquences  qu'aurait  eues  un  accord  complet,  qui  n'existe  malheureuse- 
ment pas,  entre  l'Angleterre,  l'Autriche  et  la  Russie.  Préparatifs  militaires 
inexplicables  de  l'Angleterre,  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse.  Pourquoi  l'An- 
gleterre s'opposera  à  une  entente  entre  l'Autriche  et  la  Russie. 

G.  K.  a  fait  la  connaissance  d'un  Lithuanien  de  bonne  fa- 
mille qui  lui  a  parlé  de  1  Angleterre,  de  la  France  et  de  l'Ita- 
lie, pays  qu'il  connaît  bien.  G.  K.  a  fait  venir  du  bon  vin 
après  dîner  et  s'est  mis  à  parler  politique  et  à  poser  des  ques- 
tions naïves  et  confuses.  Le  Lithuanien  lui  a  dit  que  si  l'An- 
gleterre, TAutriche  et  la  Russie  étaient  bien  d'accord,  le  monde 
mtier  devrait  leur  obéir,  mais  que  malheureusement  cette  en- 
ente  était  loin  d'être  complète.  Il  lui  a  fait  remarquer  qu'on 
16  s'expliquait  pas  pour  quelle  raison  l'Angleterre  mettait 
;ant  de  troupes  dans  les  Pays-Bas,  pourquoi  la  Russie  faisait 
me  grosse  concentration  en  Pologne  et  pourquoi  les  Prussiens 
se  renforçaient  alors  que  l'on  avait  signé  un  traité  de  paix  gé- 
nérale. Il  conclut  de  tout  cela  que  les  Anglais  chercheront  à 
semer  la  discorde  entre  les  alliés  et  s'efforceront  d'empêcher 
'établissement  d'un  accord  complet  entre  l'Autriche  et  la  Rus- 
lie,  ne  serait-ce  que  pour  empêcher  ces  deux  Empires  de  chas- 
;er  la  Turquie  hors  de  l'Europe. 


,35.  Vienne,  27  septembre  1814. 

HAGER    à   L'EMPEREUR   (F.  i.  3726  ad  3565). 

Bordereau  et  rapport  journalier  (F.  I.  3942  ad  3565). 

Bordereau  d'envoi  de  pièces  relatives  à  Anstett,  aux  inten- 
ions de  la  France  sur  la  Confédération  germanique,  à  l'arri- 
T.  I.  8 


114  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

vée  du  musicien  Neukomm  (1  )  (amené  par  Talleyrand  et  qui  doit 
être  surveillé  par  ordre  de  Metternich),  au  roi  de  Wurtem- 
berg, aux  Bourbons  de  Naples,  à  la  Pologne. 

Rapports  de  police  sur  les  rois  de^  Danemark,  de  Wurtem- 
berg et  TEmpereur  de  Russie. 

(Au  dos  ;  à  renvoyer  d'urgence.) 


136.  Vienne,  27  septembre  1814.  (F.  1.  3746  ad  3565). 

HAGER  à  ses  AGENTS. 

Bon  effet  fait  sur  les  souverains  par  l'attitude  de  la  population  à  leur  égard. 
Il  faut  qu'il  en  soit  de  même  pour  Bernadotte. 

(Par  ordre  du  prince  de  Trauttmansdorff.) 

L'accueil  fait  par  la  population  de  Vienne  aux  souverains  a 
produit  sur  leur  esprit  le  meilleur  effet.  On  espère  qu'il  en 
sera  de  même  lors  de  l'arrivée  du  prince  royal  de  Suède  et  on 
désire  qu'on  oublie  ce  qui  s'est  passé  dans  le  temps  à  l'époque 
de  la  Révolution,  lors  de  sa  mission  à  Vienne. 


137.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3746  ad  3565). 

SIBER    à    HAGER. 

Mesures  prises  lors  de  l'arrivée  d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse. 
Emploi  de  leur  pi'emière  soirée. 

Il  rend  compte  des  mesures  prises  lors  de  l'arrivée  de  FEm- 
pereur  de  Russie  et  du  roi  de  Prusse  qui  sont  allés  le  soir  dtf; 
25  diVi  Ksertnerthor  Theater  où  on  donnait  le  ballet  Zéphyr(2)» 


1.  Neukomm  (Sigismond)  né  à  Salzburg  en  1778,  élève  de  Haydn,  venu  à 
Paris  en  1809,  présenté  à  ce  moment  à  Talleyrand,  vécut  à  l'hôtel  du  prince 
jusqu'en  1814  et  l'accompagna  à  Vienne.  Il  y  fit  exécuter  le  21  janvier  1815  â 
la  cathédrale  Saint-Etienne  un  Requiem  qu'il  avait  composé  pour  la  circorM^ 
tance,  accompagna  le  duc  de  Luxembourg  à  Rio  de  Janeiro  en  1816,  reprit  J| 
son  retour  à  Paris  sa  place  près  de  Talleyrand  et  le  suivit  à  Londres  en  183ft( 
Mort  en  1857.  Voir  plus  loin  une  note  en  date  du  24  octobre.  -' 

2.  D'après  le  Beobachter,  on  donnait  ce  soir-là  Fidelio  suivi  du  ballet  Z*- 
phyr  und  Flora. 


M 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      115 
138.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3746  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER. 

Le  roi  de  Danemark  et  la  perte  de  la  Norvège. 

Le  roi  de  Danemark,  enchanté  de  Taccueil  de  l'Empereur  (1), 
i'est  seulement  plaint  à  l'ancien  Ministre  à  Copenhague,  le 
jomte  Westphalen,  du  chagrin  que  lui  cause  la  perte  de  la 
jiJorvège. 


39.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3746  ad  3565). 

SIBER   à  HAGER. 

Mauvais  effet  produit  par  le  roi  de  Wurtemberg. 

Effet  peu  favorable  produit  sur  le  public  par  le  roi  de  Wur- 
îmberg,  surtout  à  cause  de  son  air  sombre  et  dur.  Il  est  du 
îste  peu  aimé  par  ses  sujets  qui  espèrent  que  le  Congrès 
lettra  un  terme  aux  excès,  aux  abus  et  aux  violences  aux- 
oels  ils  sont  en  butte. 


40.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  ad  3665). 

SIBER   à   HAGER. 

ïet  produit  par  l'entrée  des  souverains.  Surveillance  spéciale  de  la  corres- 
pondance de  la  Tour  du  Pin  avec  son  gouvernement  à  Vienne  et  à  Franc- 
Fort.  Surveillance  de  Salmour  et  de  Dalberg, 

I  L'éclat  de  l'entrée  des  souverains  (le  25)  et  la  pompe  qu'on 
léployée  ont  produit  un  très  grand  effet  sur  les  étrangers  et 
|.r  la  population. 

lUn  de  mes  agents  a  appris  que  le  ministre  de  France  est 
jcidé  à  expédier  en  secret  et  par  des  voies  détournées  un  rap- 
|rt  quotidien  sur  les  événements,  qui  sera  porté  à  Francfort 
Ir  des  tiers  et  transmis  de  là  à  son  Gouvernement. 

|i.C.  Pièce  183. 


116  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Siber  a  pris  de  suite  les  mesures  qui  lui  ont  paru  les  plus  * 
propres  à  surveiller  ces  expéditions.  11  fait  remarquer  à  Hager 
que  le  conseiller  impérial  Gœhausen  a  pensé  qu'afin  de  sur- 
veiller utilement  et  de  suivre  cette  correspondance  à  Franc- 
fort, il  serait  utile  de  s'aboucher  et  de  s'entendre  avec  le  di- 
recteur général  des  Postes,  le  baron  von  Vrints  (1),  actuelle- 
ment présent  à  Vienne  et  tout  dévoué  à  FAutriche.il  faudrait 
surtout  faire  surveiller  à  Francfort  les  maisons  de  banque  et 
de  commerce  qui  ont  de»  sympathies  pour  la  France  et  plus 
particulièrement  la  maison  Gattoir,  qui  a  des  relations  de^it 
commerce  et  des  correspondances  très  suivies  avec  la  Suisse. 

Cette  surveillance  est  d'autant  plus  indispensable  que  la 
correspondance  du  comte  (Marquis)  de  la  Tour  de  Pin  est  en-l 
tourée  du  plus  profond  mystère  et  des  plus  grandes  précau- 
tions. On  surveillera  en  conséquence  le  comte  Salmour  (2)  qui 
vient  d'arriver  et  le  duc  de  Dalberg  (3).  Mais  comme  pour  le 
moment,  tout  se  borne  à  l'échange  de  visites  et  qu'il  règne 
encore  le  plus  grand  désordre  en  tout,  cette  surveillance  n'a 
encore  rien  produit. 


1.  Von  Vrints  Berberich,  Conseiller  intime  et  d'Etat  du  prince  de  Taxis. 

2.  Chambellan  du  roi  de  Saxe.  «  Une  des  personnes  que  j'ai  le  plus  connues 
à  Dresde  en  1816,  lit-on  dans  les  Souvenirs  du  Chevalier  de  Ciissy,  I,  358, 
est  le  comte  de  Salmour.  Ce  vieillard  instruit,  spirituel,  aimable,  quelque 
peu  sarcastique...  habita  longtemps  la  France  avant  la  Révolution  et  était, 
je  crois,  ministre  de  l'électeur  de  Saxe  près  de  Louis  XVI...  » 

Gabaléon  de  Salmour  (Joseph-Chrétien-Antoine-Pierre-Jean-Quentiû 
comte),  né  à  Turin  le  22  février  1735,  petit-lils  d'un  grand-maître  de  l'artil- 
lerie savoisienne,  mort  à  Rome  le  5  avril  1831,  au  service  de  la  Saxe  qu'il 
avait  représentée  comme  Ministre  à  Paris  sous  le  règne  de  Louis  XVI,  gou- 
verneur de  la  Savoie  de  1815  à  1830,  neveu  du  lieutenant-général  suisse  de 
Besenval.  (Félix-Bouvier.  Bonaparte  en  Italie),  340,  note  4.) 

3.  Dalberg  (Emerik  Joseph  Wolfgang  Héribert  baron,  puis  duc  de)  (1773- 
1833)  neveu  du  prince  Primat,  au  service  duquel  il  entra.  Ministre  de  Bade 
à  Paris  en  1803,  il  s'y  lia  avec  Talleyrand.  Ministre  des  Affaires  étrangères  de 
Bade  en  1809,  il  n'abandonna  pas  sa  situation  à  Paris  et  se  fit  naturaliser 
français  la  même  année.  Créé  duc  par  Napoléon  et  conseiller  d'Etat  avec  do- 
tation de  4  millions,  il  devint  en  1814  membre  du  Gouvernement  provisoire, 
puis  pair  de  France  et  ministre  d'Etat  en  1815.  II  était  parent  du  comte  Sta- 
dion. 

«  C'était  un  singulier  personnage,  moitié  illuminé,  moitié  philosophe 
XVIII'  siècle,  en  relation  avec  tous  les  gens  les  plus  éclairés  et  les  plus  co 
promis  d'Europe.  Indépendante  l'excès,  il  disait  tout  ce  qui  lui  passait  par  \M 
la  tète,  ne  ménageant  personne,  pas  même  Napoléon  qu'il  traitait  de  tyran  et  ii*l 
d'usurpateur  (en  mai  1807,  à  Varsovie)  »  (Comtesse  Potocka,  Mémoires,  142-  \\l' 
193). 


i 


i 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       117 

141.  Vienne,  26  icptembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Nota   à   HAGER    (en  français). 

Ju  mot  de  Serra-Gapriola  sur  Murât  à  dîner  chez  Razoumoffski.  L'article 
secret  des  traités  entre  la  France  et  l'Espagne  relatifs  à  Naples  et  à  Parme. 
La  fragilité  de  la  paix  à  cause  du  roi  de  Rome  et  de  Murât.  Le  mot 
(l'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse  au  prince  de  Hesse-Philippsthal  sur  Mu- 
rat. 

C'est  en  se  tenant  les  côtes  que  Medici  m'a  raconté  hier  dans 
a  joie  de  son  cœur  un  trait  de  cet  oripjinal  de  Serra-Capriola  (1). 
Is  étaient  à  dîner  hier  chez  Razoumotîsky  avec  trente-six  diplo- 
nates.Le  hasard  plaça  le  duc  à  côté  de  l'envoyé  de  Hesse-Darms- 
adt  qui  lui  dit  bêtement;  «Comment  se  fait-il,  Monsieur  le  duc, 
ju'à  présent  nous  avons  ici  deux  ministres  de  Naples?...  » 

Le  duc  lui  dit  :  «  Je  ne  vous  comprends  pas.  11  n'y  en  a 
u'un.  » 

«  Oh  !  Monsieur,  l'un  est  le  commandeur  Rufîo,  ministre  du 
ci  Ferdinand,  l'autre,  le  prince  Cariati,  ministre  du  roi  Joa- 
him.  » 

Le  duc  éleva  alors  la  voix  afin  que  tous  les  convives  l'en- 
endent  ;  «  Il  n'y  a  qu'un  roi  de  Naples  et  qu'un  ministre,  le 
ci  Ferdinand  et  le  commandeur  Rufîo  et  il  y  a  à  Naples  un 
roleur  qui  s'appelle  Murât  et  Cariati  est  le  ministre  d'un  vo- 
leur. Entendez-vous,  Monsieur.  Voilà  ce  qui  en  est.  » 

Depuis  l'arrivée  de  Talleyrand  (2),  on  sait  qu'il  y  a  un  article 
ecret  dans  le  traité  de  paix  entre  la  France  et  l'Espagne  (3), 
Moyennant  lequel  ces  deux  Cours  s'engagent  à  exiger  préala- 
)lement  au  Congrès  de  Vienne,  avant  de  traiter  toute  autre 
ihose,  la  restitution  de  Naples  et  de  Parme  aux  Bourbons 
l'Espagne. 


1.  Serra-Capriola  (Antonio  Maresca  Donnorso,  duc  de)  (1750-1822).  Envoyé 
in  1782  en  qualité  de  Ministre  auprès  de  Catherine  II, marié  en  secondes  noces 
kvec  la  fille  du  prince  Wiazemsky,  il  resta  à  Saint-Pétersbourg,  mais  sans 
iaractère  officiel,  après  le  traité  de  Tilsit,  défendit  à  Vienne,  de  concert 
ivec  Ruffo,  les  droits  des  Bourbons  de  Naples,  retourna  ensuite  en  Russie 
»t  mourut  à  Saint-Pétersbourg  après  y  avoir  rempli  pendant  près  de  quarante 
tns  les  fonctions  d'Ambassadeur. 

2.  Talleyrand  arriva  à  Vienne  le  23  septembre  au  soir. 

3.  Traité  signé  à  Paris  le  20  juillet  1814. 


118  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

J'ai  su  hier  par  Machado  (1),  qui  m'a  répété  les  mêmes  cho- 
ses qu'il  m'avait  déjà  dites  en  arrivant,  «  que  l'Espagne  n'ad- 
met aucune  transaction  sur  ces  deux  restitutions  et  que,  par 
conséquent,  la  paix  durable,  à  laquelle  on  travaille  à  présent 
ne  durera  pas  longtemps  à  cause  de  ce  fils  de  Bonaparte  qu'on 
veut  faire  souverain,  et  de  ce  coquin  de  fils  de  cuisinier  qu'on 
a  fait  roi  en  dépouillant  des  souverains  qui  ont  toujours  com- 
battu pour  la  justice. 

Le  prince  de  Hesse-Philippsthâl  (2)  écrit  de  Pjrmont  qu'ayant 
été  voir  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  à  leur  passage  et  s'étant 
plaint  à  eux  du  tort  fait  au  roi  Ferdinand  et  du  traité  d'al- 
liance avec  Murat,ils  lui  dirent  que  :  «  Cela  avait  été  un  moyen 
nécessaire  dans  le  te^nps,  mais  qu'on  réparerait  tout  et  que 
son  roi  recouvrerait  ses  Etats.  » 

Medici  me  dit  avoir  lu  la  lettre  du  prince  de  Hesse-Phi- 
lippsthal  écrite  à  sa  femme  avec  d'autres  nouvelles. 


142.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER   (en  français). 

Renseignement  sur  Stein  (3). 

Je  n'ai  rien  à  dire  sur  son  compte,  sinon  qu'un  de  mes  amis, 
qui  demeure  tout  près  de  lui,  m'a  dit  que  sa  porte  ne  désen- 
grave  [sic)  jamais,  et  c'est  inouï  quelle  quantité  de  monde  qui 
va  jour  et  nuit  chez  ce  ministre  et  à  toute  heure. 


1.  Machado,  premier  secrétaire  de  la  Légation  d'Espagne,  venu  d'Espagne 
avec  Labrador,  avec  lequel  il  habitait  Minoritenplatz  50  (Cf.  Beoiac/iier,  n"  261- 
1412). 

2.  Hesse-Philippsthal  (Louis,  prince  de)  (1766-1816)  second  fils  du  landgrave 
Guillaume  II,  capitaine  général  de  l'armée  napolitaine,  le  défenseur  de  Gaëte 
en  1806. 

3.  Stein  (Henri-Frédéric-Charles,  baron  de)  (1757-1831), prit  une  part  impor- 
tante à  la  formation  du  Fàrstenbund  (1785)  administra  la  Westphalie  et  de- 
vint le  principal  ministre  de  la  Prusse  après  léna.  Napoléon  exigea  son  ren- 
voi. Retiré  en  Russie,  il  excita  le  tsar  contre  la  France.  Dès  l'année  1812, 
après  la  retraite  de  Napoléon,  Alexandre  avait  jeté  les  yeux  sur  Stein  pour 
en  faire  l'arbitre  futur  des  destinées  de  l'Allemagne.  Il  joua  un  rôle  consi- 
dérable lors  des  conférences  de  Kalisch  et  son  influence  ne  cessa  de  se  faire 
sentir  jusqu'à  la  deuxième  paix  de  Paris  en  1815. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       119 
143.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1  3688  ad  3665). 

HAGER    au  GRAND  MARÉCHAL    DU    PALAIS  (1). 

Le  roi  de  Wurtemberg  et  Jasmund. 

Il  y  a  dans  la  suite  du  Ministre  Stein  un  certain  Jasmund  (2) 
quia  servi  en  Wurtemberg-  et  a  quitté  dans  de  telles  conditions 
que,  comme  vient  de  me  le  dire  le  secrétaire  d'Etat  baron  von 
Linden  (3),  le  roi  de  Wurtemberg  désire  qu'on  exclue  cet  indi- 
vidu des  fêtes  et  cérémonies. 


144.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

FREDDl    à    HAGER   (ea  français). 

Sur  le  voyage  et  les  résultats  du  séjour  du  cardinal  Consalvi  à  Paris. 

Informations  données  à  Freddi  par  le  chargé  d'affaires  d'Es- 
pagne Ferez  de  Castro,  qui  les  tient  de  Labrador  lui-même, 
sur  le  voyage,  le  séjour  et  Tadroite  conduite  du  cardinal  Con- 
salvi à  Paris. 


145.  Vienne,  27  septembre  1814   F.  1.  3728.  ad  3565  . 

A  HAGER. 

Surveillance  du  comte  et  de  la  comtesse  de  Rechberg. 

Liste  des  visites  reçues   par  le  comte    et  la    comtesse  de 
Rechberg  (4).  La  comtesse,  parlant  du  divorce  du  prince  royal  de 

1.  Le  prince  de  Trauttmansdorfî. 

2.  Jasmund,  qui  était  un  écrivain,  avait  quitté  en  effet  dans  d'assez  mau- 
vaises conditions  le  service  de  Wurtemberg.  Il  s'était  attaché  à  Stein  et  mal- 
gré la  demande  du  roi  de  Wurtemberg  on  se  refusa  à  l'expulser  de  Vienne. 

3.  Linden  (François-Joseph  Ignace,  baron  de)  ministre  d'Etat  et  avec  Wint- 
ngerode,  l'un  de  deux  plénipotentiaires  du  Wurtemberg  à  Vienne. 

4.  Rechberg  (Aloïs-François-Xavier,  comte  de  Rechberg  et  Rothenloewen) 
i  en  1766,  délégué  de  l'électeur  de  Bavière  au  Congrès  de  Rastatt,  il  signa 


120  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Wurtemberg,  affirme  partout  que  tous  les  torts  sont  du  côté 
du  prince. 


146.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Nota  à    HAGER    (en  français). 

Ce  que  Dalberg  vient  de  lui  dire  de  l'Allemagne,  de  la  Prusse,  de  la  Saxe, 
de  la  France  et  d'Alexandre.  Salons  dans  lesquels  il  compte  fréquenter. 

Dalberg  vient  de  me  dire  :  «  Il  n'y  aura  pas  d'Allemagne. 
La  Prusse  ne  lé  permettra  jamais  parce  qu'elle  veut  seule  dé- 
vorer l'Allemagne.  La  France  ne  permettra  jamais  le  démem- 
brement de  la  Saxe.  Si  Ton  veut  que  tout  puisse  bien  marcher, 
cela  dépend  uniquement  de  la  loyauté  et  de  la  modération 
d'Alexandre  et  de  la  mesure  dans  laquelle  il  réussira  à  impo- 
ser sa  modération  aux  autres.  » 

Dalberg  (1),  d'après  ce  qu'il  m'a  dit,  ne  compte  guère  aller  que 
chez  les  Schônborn  (2),  chez  le  prince  de  Ligne,  chez  Arnstein 
et  chez  Pereira. 


147.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  2.  4004  ad  3365). 

COMTE  DE   SGHULENBURG  (3)  à    DALBERG  {Chiffon). 

Il  désire  le  voir  au  plus  vite  pour  l'entretenir  d'un  sujet  du  plus  haut  intérêt. 

en  1806  en  qualité  de  commissaire  royal  bavarois  la  déclaration  de  Ratis- 
bonne  (l'^'^  août).  Ministre  de  Bavière  à  Vienne  en  1814,  il  prit  part  en  1819 
au  Congrès  de  Karlsbad  et  rentra  dans  la  vie  privée  en  1825  lors  de  l'avè- 
nement du  roi  Louis  I". 

1.  Le  duc  de  Dalberg  était  parent  de  la  famille  Schônborn. 

2.  Bien  que  ces  papiers,  faisant  partie  d'un  lot  de  chiffons  ramassés  et  re- 
cueillis chez  Dalberg  dans  la  première  quinzaine  d'octobre,  n'aient  été  trans- 
mis par  Hager  à  l'Empereur  que  près  de  trois  semaines  plus  tard,  j'ai  cru 
pouvoir  me  permettre  de  déroger  à  la  règle  que  je  me  suis  imposée  et  les 
faire  figurer  à  la  date  du  26,  à  cause  du  motif  même  de  la  visite  de  Schu- 
lenburg  et  de  l'envoi  par  Gorsini  de  la  lettre  de  Marescalchi. 

3.  Schulenburg  (Frédéric-Albert,  comte  de)  né  à  Dresde  en  1772.  Ministre 
de  Saxe  à  Vienne  en  1798,  puis  à  Ratisbonne,  il  assista  au  Congrès  de  Ras- 
tadt  et  fut  envoyé  peu  après  à  Copenhague, puis  à  Saint-Pétersbourg  en  1804. 
Revenu  à  Vienne  en  1810,  il  assista  au  Congrès  en  qualité  de  plénipotentiaire 
du  roi  de  Saxe  et  se  retira  des  affaires  en  1830.  Mort  en  1853, 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       121 

Ayant  appris  votre  arrivée  (1),  j'ai  passé  chez  vous  dans  la 
soirée  et  viendrai  de  bonne  heure  ce  matin.  Je  vous  demande 
avec  d'autant  plus  d'insistance  de  me  recevoir,  qu'outre  la  sa- 
tisfaction que  je  me  promets  d'embrasser  un  ancien  ami,  je 
suis  intéressé  à  vous  entretenir  sur  un  objet  à  l'égard  duquel 
je  réclame  et  espère  d'obtenir  votre  appui  (2).  Agréez,  etc.. 


148.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  2.  4224  ad  3565). 

CORSINI  (3)  à   DALBERG  {Chiffon). 

Billet  de  Gorsini  qui  espère  le  voir  le  soir  chez  Metternich. 

N'ayant  pas  trouvé  Dalberg,  il  lui  remet  une  lettre  qu'il 
vient  de  recevoir  pour  lui  de  Marescalchi(4)  et  espère  le  voir, 
le  soir,  chez  Metternich. 


149.  Parme,  16  septembre  1814  (F.  2.  4121  ad  3565). 

MARESCALGHI  à    DALBERG  {intercepta). 

Il  se  prépare  à  aller  à  Bologne  en  attendant  les  événements.  Napoléon  à 
Marciana.  Metternich  et  la  question  de  ses  appointements.  Il  lui  recom- 
mande les  affaires  de  Parme  et  de  l'Italie. 


1.  Dalberg  était  arrivé  à  Vienne  le  22  septembre. 

2.  Schulenburg  avait  l'ordre  de  demander  aux  ambassadeurs  de  France 
leur  appui  au  Congrès  et  la  promesse  de  soutenir  les  intérêts  et  la  cause  du 
roi  de  Saxe. 

3.  Gorsini  (don  Neri)  1771-1845.  Membre  du  Gonseil  sous  les  grands-ducs 
Ferdinand  111  et  Léopold  II,  il  recueillit  la  succession  de  Fossombroni  à  la 
mort  de  cet  homme  d'Etat,  continua  sa  politique  de  tolérance  et  résista 
comme  lui  à  la  pression  de  l'Autriche  et  aux  idées  réactionnaires  de  la  Gour 
de  Vienne. 

4.  Marescalchi  (Ferdinand,  comte)  (1764-1816),  né  à  Bologne,  seconda  avec 
ardeur  la  réforme  politique  de  1796.  Ambassadeur  de  la  Gisalpine  à  Vienne  en 
1799,  Directeur  président  à  son  retour,  réfugié  en  France  en  1800,  il  prit  part 
à  la  Consulte  de  Lyon  en  1801,  appuya  la  nomination  du  Premier  Consul  à  la 
Présidence  de  la  République  italienne  et  régla  avec  le  cardinal  Caraffa  le  Con- 
cordat de  1803  entre  Rome  et  la  république  italienne.  Représentant  du  Royaume 
d'Italie  à  Paris  jusqu'à  la  première  abdication,  chargé  par  Marie-Louise  de 
gouverner  le  duché  de  Parme,  puis  nommé  par  l'Empereur  d'Autriche  minis- 
tre plénipotentiaire  à  Modène,  il  y  mourut  le  23  juin  1816. 


122  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

Monsieur  le  Duc,  en  attendant  que  la  Duchesse  soit  en  che- 
min, nous  avons  pris  le  parti  d'aller  pour  un  moment  à  Bo- 
logne. Déjà  l'Empereur  d'Autriche,  quand  nous  étions  à  Paris, 
me  le  permit  et  je  pense  à  en  profiter  puisque,  si  la  saison 
avance  et  que  les  choses  changent  ici,  je  ne  serai  peut-être 
plus  à  temps  pour  cette  année. 

Vous  pourrez  savoir  par  Corsini  et  par  Brignole  (1)  comme 
je  suis  encore  ici.  Pourtant,  le  prince  de  Metternich  m'a  pro- 
mis de  présenter  un  rapport  pour  mes  appointements.  Je  sou- 
pire après  cette  détermination.  Du  moins,  je  saurai  à  quoi 
m'en  tenir  à  cet  égard. 

La  chaleur  et  les  cousins  ont  obligé  l'Empereur  Napoléon  à 
quitter  Porto  Ferrajo  et  à  se  réfugier  à  Marciana,  montagne 
dans  l'intérieur  de  l'île  où  il  a  fixé  pour  quelque  temps  sa  de- 
meure. 

§  §  §  565  qu'il  ne  883,  601,  711  a  se  901.  Loin  de  1805 
de  □  Gr.  est  à  400.  Les  393  ne  manquent  et  de  tous  les  cô- 
tés. Vou  581  928  mais  il  326  qu'il  est  923  1139  \ 

Nous  sommes  dans  vos  pattes.  Tâchez  de  nous  tirer  le  plus 
tôt  possible  de  la  cruelle  incertitude  dans  laquelle  gémit  ma 
patrie  et  toute  l'Italie. 

M.  Charles,  Madame  M.,  Borgonne  me  chargent  de  vous  pré- 
senter leurs  hommages. 

Je  ne  sais  pas  si  ma  lettre  où  je  vous  parlais  de  l'affaire  de 
Milan  (3)  vous  est  parvenue.  Adieu.  Un  mot  quand  vous  pour- 
rez et  mes  respects  à  M.  de  Talleyrand. 

Je    me  recommande  toujours  à  votre  protection  avec    les 
Grands  de  ce  pays  et  je  suis  à  toute  épreuve. 
Votre  ami  et  serviteur,  - 

Marescalchi. 


l.Brignole-Sales  (Antoine,  marquis)  (1786-1863).  Auditeur  au  Conseil  d'Eta 
puis  préfet  de  Savone.  Plénipotentiaire  de  Gênes  au   Congi'ès  se  rallia  à 
Maison  de  Savoie  et  devint  chef  de  TUniversité  Royale  (1816),  ambassade* 
à  Rome  (1829),  puis  à  Paris  et  enfin  Ministre  d'Etat,   Sénateur  et   collier 
l'Annonciade. 

2.  Partie  non  déchiffrée  de  la  lettre, 

3.  Il  est  plus  que  probable  que  Marescalchi  fait  allusion  ici  à  la  mise  son 
la  surveillance  de  la  police  de  Confalonieri,d'Alberto  Litta  et  de  délia  SomS 
glia  dès  leur  retour  de  Paris. 


I  LES  PRÉLIMINAIRES  ET    LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       123 

II 

II  151.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.l,  3727  ad  3565). 

:i 

!  HAGER  à  L'EMPEREUR 

I  Rapport  journalier  et  bordereau  d'envoi. 

Bordereau  d'envoi  des  observations  faites  à  la  Burg,  des 
,  rapports  relatifs  à  la  surveillance  de  Hardenberg  et  de  Stein, 
i  au  roi  de  Danemark,  à  l'ordre  de  Malte,  à  Schwarzenberg,  au 
i  projet  de  voyage  d'Alexandre  à  Pest,  aux  affaires  de  Pologne, 
I  à  l'Ambassade  anglaise,  à  Brignole  et  à  ses  relations  avec 
'  Aldini,  à  Serra-Capriola,  etc. 

Bordereau  et  rapport  journalier  contenant  les  rapports  sur 
l'insuffisance  de  la  surveillance  des  souverains  et  de  leurs  sui- 
tes, sur  les  affaires  du  Congrès,  sur  l'impossilité  d'obtenir  la 
participation  des  gens  de  service  de  la  Burg  à  la  surveillance 
des  souverains,  sur  Anstett,  le  Hof-Secretâr  Mandel  et  le 
journaliste  Bartsch,  sur  le  montant  des  lettres  de  crédit  des 
souverains  et  des  Ministres. 


152.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

HAGER  au  PRINCE    DE   TRAUTTMANSDORFF 

Redsons  pour  lesquelles  il  serait  fort  utile  de  pouvoir  employer  les  gens  de 
service  de  la  Burg  à  la  surveillance  des  souverains  et  de  leur  suite. 

La  police  n'ayant  pas  le  droit  de  pénétrer  dans  Fintérieur 

de  la  Burg  et  comme  d'autre  part,  les  portes  d'entrée  et  de 

jisortiey  sont  si  nombreuses  qu'il  est  presque  impossible  d'exer- 

Icer  de  la  rue  une  surveillance  quelque  peu  utile,  je  ne  pourrai 

Iremplir  la  mission  qui  m'est  confiée  que   si  l'on  se  décide  à 

|affecter  à  ce  service   de  surveillance  la  domesticité  du  palais 

attachée  aux  souverains  étrangers  et  à  leurs  suites  logées  au 

Palais  ainsi  que  le  personnel  des  écuries.  C'est  ce  que  j'ai 

déjà  essayé  de  faire  à   l'aide  d'un  fourrier  de  la    Chambre 

{Kammerf ourler)  ;  mais  les  valets  de  chambre  et  les  huissiers 

ont  fait  échec  aux  dispositions  que  j'avais  prisés  et  ont  trouvé 

moyen  d'écarter  les  sept  hommes,  que  la  police  avait  mises  à 

la  disposition  du  Kammer fourrer  pour  accompagner  les  aides 


124  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

de  camp  et  les  personnages  de  la  suite  des  souverains  et  ren- 
dre compte  de  leurs  faits  et  gestes. 

J'ai  donc  l'honneur  de  vous  prier  de  donner  au  personnel 
de  service  de  la  Burg  l'ordre  de  rendre  journellement  compte 
des  sorties  de  ces  personnages,  des  endroits  où  ils  se  rendent 
et  des  personnes,'autres  que  celles  attachées  à  leurs  personnes, 
qu'ils  reçoivent. 

Cette  mesure  est  d'autant  plus  indispensable  que,  par  exem- 
ple, l'Empereur  Alexandre  a  déjà  renoncé  à  faire  usage  des  per- 
sonnages qui  avaient  été  désignés  pour  assurer  le  service 
d'honneur  auprès  de  lui.  Je  ne  renonce  pas  pour  cela  à  me  . 
servir  d^eux  dans  la  limite  du  service  qu'ils  feront  encore  au-  ij 
près  de  ces  princes  et  de  mes  relations  d'amitié  avec  eux  et  je 
me  propose  de  recourir  entre  autres,  au  concours  du  feld-maré- 
chal  lieutenant  comte  Hardegg  (1)  qu'on  a  attaché  à  la  personne 
de  l'Empereur  Alexandre. 


153.  Vienne,  27  septembre  1834  (F.  1.  ad  3565).  -| 

SIBER  à  HAGER  (en  français). 


Surveillance  des  étrangers  à  Taide  de  bureaux  d'écriture  (écrivains  publics)  f 
créés  par  la  police. 

Afin  de  connaître  dans  le  grand  nombre  des  étrangers  ceux 
qui  sont  venus  sans  titre  pour  s'y  immiscer,  on  devrait  créer 
sous  la  surveillance  de  la  police  des  bureaux  d'écriture  pour 
la  commodité  des  étrangers,  comme  il  en  existe  à  Paris  et 
qui  ont  leurs  échoppes  près  des  places  publiques.  On  n'au- 
torisera que  l'ouverture  de  ceux  de  ces  bureaux  qui  seront 
dirigés  par  des  affîdés  lesquels  ne  pourront  prendre  pour  écri- 
vains subalternes  que  des  copistes  agréés  par  la  police. 

Siber  propose  comme  chef  d'un  de  ces  bureaux  un  Russe, 
nommé  Leimann  qui  parle  et  écrit  très  bien  l'allemand  et  le 
français,  assez  bien  l'anglais  et  l'italien  et  donne  d'autres 

1.  Le  feld-maréchal  lieutenant  comte  Ignace   Hardegg  avait   été  dési| 
pour  faire  fonction  de  grand-maître  de  la  Cour  auprès  d'Alexandre  I 
disposition  duquel    on  mettait  en  outre  comme  officiers  d'ordonnances 
major  comte  Clam,  du  Régiment  des  uhlans  Schvvarzenberg   et  le  capital 
de  cavalerie  comte  Ladislas  Wrbna. 

Hardegg-Glatz   Jean-Ignace  comte)  (1772-1848)  sous-lieutenant  (1789), lieu.- 


i 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS       125 

tails  sur  le  personnel  à  attacher  à  ce  ou  à  ces  bureaux  d'écri- 
ture qui  fourniront  de  précieux  renseignements  à  la  police. 


154.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

LE    ROI    DE    DANEMARK    à    LA    REINE 
{Intercepta  en  allemand). 

Les  promesses  d'Alexandre.  Les  bonnes  dispositions  de  Metternich, 
de  Castlereagh  et  d'Hardenberg 

Ma  chère  bien  aimée, 

Je  suis  plongé  jusqu'au  cou  dans  mes  affaires.  L'Empereur 
Alexandre  m'a  promis  de  ratifier  le  traité  (1)  et  de  retirer  ses 
troupes.  Reste  à  savoir  quand  ! 

Le  Prince  de  Metternich  s'occupe  chaudement  de  cette  affaire. 
Castlereagh  m'a  l'air  bien  disposé  et  prêt  à  agir.  Hardenberg 
est  aussi  pour  moi.  Je  n'ai  pu  le  voir  aujourd'hui  à  cause  de 
l'arrivée  de  son  roi. 


tenant  (1791),  capitaine  (1793),  major  (1800),  aide  de  camp  de  Tarcliiduc  Fer- 
dinand, colonel  (1805),  général-major  (1809),  feld-maréchal  lieutenant  après 
Dresde  (1813),  envoyé  aux  Congrès  de  Troppau,  Vérone  et  Laibach,  com- 
mandant militaire  à  Linz  (1829),  en  Transylvanie  (1831),  vice-président  du 
conseil  aulique  de  la  guerre  (1834',  chevalier  de  la  Toison  d'Or  (1836). 

1.  Après  les  traités  de  Jiiel  du  14  janvier  1814  avec  la  Suède  et  la  Grande- 
Bretagne,  le  Danemark  avait  signé  le  8  février  1814  à  Hanovre  un  traité  de 
paix  avec  la  Russie  aux  termes  duquel  (art.  VI)  les  troupes  russes  ne  pour- 
raient frapper  le  Holstein  d'aucune  contribution.  Malgré  cela,  les  Ambassa- 
deurs du  Roi  mandèrent  à  Jaucourt,  de  Vienne  le  16  octobre  :  «  Ce  qui  sem- 
blerait prouver  que  l'Empereur  de  Russie  ne  croit  pas  pouvoir  terminer  les 
affaires  cette  année,  c'est  qu'il  a  retardé  la  ratification  du  traité  avec  le  Dane- 
mark et  la  Suède  dont  il  doit  être  le  garant  et  qu'il  n'a  pas  donné  d'ordres 
pour  retirer  son  armée  qui  occupe  et  dévore  le  Holstein.  Le  roi  de  Dane- 
mark n'a  pu  rien  obtenir  à  cet  égard  ». 

II  est  bon  de  rappeler  à  ce  propos  que  la  Convention  de  Moss  (sur  la 
rive  gauche  du  Golfe  de  Christiania)  suspendit  les  hostilités,  que  cette  trêve 
fut  suivie  le  17  août  par  un  traité  par  lequel  le  roi  de  Danemark  cédait  la 
Norvège  à  la  Suède,  que  le  25  le  Danemark  avait  conclu  la  paix  à  Berlin 
avec  la  Prusse  et  enfin  que  le  4  novembre  la  diète  norvégienne  proclama  le 
Roi  de  Suède,  Roi  de  Norvège.  (Cf.  Talleyrand  au  roi.  Vienne,  17  octobre 
1814,  Dépêche  n"  6,  le  passage  relatif  à  la  Norvège  dans  le  mémorandum  re- 
mis par  Castelreagh  à  Alexandre.) 


126  AUTOUR   DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

155.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER   à    HAGER. 
Arrivée  de  Tlmpératrice  de  Russie. 

L'Impératrice  de  Russie  est  arrivée  aujourd'hui  à  trois  heures 
et  demie.  Ordre  parfait.  Aucun  incident  ou  accident  à  signaler. 


156.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1  ad  3565). 

F...   G...,   à   HAGER  (en  français). 
Rapports   des  Chancelleries  (Analyse). 

Fin  du  désaccord  qui  avait  failli  compromettre  la  venue  des  souverains  à 
Vienne.  Murât  voulait  venir  ;  on  l'en  a  dissuadé.  11  en  a  été  de  même  pour 
Bernadette.  Bruits  de  constitution  d'un  empire  germanique  Le  roi  de  Wur- 
temberg satisfait  de  Taccueil  qu'on  lui  a  fait  à  Vienne. 

Renseignements  recueillis  dans  les  chancelleries  signalant 
le  grand  désaccord  qui  avait  existé  entre  les  souverains  pen- 
dant plus  d'un  mois  et  qui  avait  même  rendu  douteuse  la  ve- 
nue de  l'Empereur  de  Russie  et  du  roi  de  Prusse.  L'entente 
sur  les  points  en  litige  se  serait  faite,  il  y  a  trois  semaines,  et 
leur  voyage  a  été  dès  lors  décidé.  G^estpour  cette  raison  qu'on 
n'a  commencé  qu'il  n'y  a  que  trois  semaines  les  aménage- 
ments à  la  Burg. 

On  prétend,  et  on  assure  même,  que  le  roi  de  Naples  vou- 
lait venir,  mais  que  d'ici  on  l'en  a  empêché  et  que  l'Autriche 
seule,  mais  non  pas  l'Angleterre,  la  Russie  et  la  Prusse,  est 
liée  envers  lui  par  un  traité.  On  doute  fort  de  son  maintien 
sur  le  trône. 

Le  Prince  Royal  de  Suède  aurait  aussi  voulu  venir.  On  l'en 
a  dissuadé. 

Il  court  des  bruits  vagues  et  contradictoires  sur  la  consti'^ 
tution  d'un  empire  germanique. 

Le  Roi  de  Wurtemberg  est  très  satisfait  de  l'accueil  qu'ol 
lui  a  fait.  On  prétend  cependant  qu'il  est  le  plus  fier,  le  plusl 
dur  des  souverains,  un  petit  tyranneau. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      127 

157.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  des  Souverains 

Roi  de  Prusse.  —  En  visite  le  matin,  chez  Tarchiduc  Charles. 
Sorti  le  soir  en  habit  civil  et  avec  un  chapeau  rond  enfoncé 
sur  les  yeux  avec  le  prince  Wittgenstein  (1).  il  n'était  pas  encore 
rentré  à  dix  heures. 

Prince  Guillaume  de  Prusse.  —  Après  avoir  rendu  visite 
aux  membres  de  la  famille  Impériale,  il  a  reçu  le  prince  de 
Cobourg,  le  duc  de  Mecklembourg  et  est  allé  au  théâtre  avec 
le  comte  Kinsky. 

Empereur  de  Russie.  —  Après  une  visite  à  la  grande  du- 
chesse d'Oldenbourg  (sa  sœur  Catherine)  et  après  avoir  été 
avec  l'empereur  (d'Autriche)  à  la  rencontre  de  Fimpératrice, 
il  est  sorti  à  sept  heures  du  soir  avec  un  de  ses  aides  de  camp. 
On  croit  qu'il  est  allé  chez  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis. 

On  apporte  tous  les  matins  à  Alexandre  un  grand  morceau 
de  glace  pure  avec  lequel  il  se  lave  la  figure  et  les  mains. 

Impératrice  de  Russie.  —  Elle  n'a  fait  de  visite  qu'à  la 
grande  duchesse  d'Oldenbourg,  puis  le  soir  chez  Tlmpératrice. 


158.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1  3728  ad  3565). 

SIBER   à    HAGER 

Les  précautions  de  la  mission  anglaise.  Le  déménagement  de  Castlereagh. 
Rouen,  Schlegel.  La  surveillance  de  Campochiaro  et  de  Cariati.  La  mort 
de  Marie-Caroline  et  les  chances  de  rétablissement  de  Ferdinand  IV,  La- 
brador et  de  Castro. 

La  mission  anglaise,  ayant  évidemment,  par  surcroît  de  pré- 
caution, engagé  elle-même  deux  femmes  de  chambre,  il  me  faut, 
avant  d'essayer  de  me  procurer  les  papiers  déchirés  dans  les 
bureaux  et  jetés  dans  les  corbeilles,  m'assurer  de  ces  deux 
femmes  et  voir  si  Ton  peut  compter  sur  elles. 

1.  Le  prince  de  Sayn  Wittgenstein,  grand  chambellan,  Ministre  d'Etat  et 
|de  police  du  roi  de  Prusse. 


128  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Lord  Castlereagh,  mécontent  de  l'appartement  de  quatorze 
pièces  qu'il  occupait  im  Auge  Gottes,  déménage  et  se  trans- 
porte Minoriten  Platz  n"  30,  au  premier  étage,  où  il  disposera 
de  vingt-deux  pièces. 

Rouen  (1)  le  secrétaire  de  Talleyrand,  écrit  toujours  dans 
la  chambre  même  de  son  patron  avec  lequel  il  dîne. 

Le  secrétaire  aulique  Frédéric  Schlegel  fréquente  assidûment 
chez  le  Nonce  et  chez  Stein  qui  habite  la  maison  Aichelburg 
n«  1196. 

Gampochiaro  et  Gariati  sont  désormais  surveillés  par  un 
agent  italien. 

On  pense  à  la  Légation  de  Prusse  que  la  mort  de  la  Reine 
Marie-Garoline  de  Sicile  (2)  facilitera  beaucoup  la  restauration 
de  son  bien-aimé  époux  Ferdinand  IV. 

Les  Espagnols  Labrador  et  de  Gastro  ne  sont  pas  du  tout 
bien  ensemble,  le  premier  étant  un  partisan  et  Tautre  un  ad- 
versaire de  la  Gonstitution. 


159.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3942  ad  3565). 

% 

Nota  à  HAGER    (en  français). 

Les  Polonais,  la  Narischkine  et  Alexandre.  La  correspondance  du  comte  de 
Komar  et  ses  relations  avec  l'ambassade  de  France.  Pourquoi  le  comte 
François  Palffy  donnera  un  bal. 

Nouvelles  apprises  de  bonne  sources.  Les  Polonais,  toujours 
infatigables  à  chercher  des  protecteurs  et  à  s'accrocher  partout 
où  peut  leur  venir  une  lueur  d'espérance,  ont  réussi  à  inté- 
resser une  personne  de  grande  influence  à  leurs  desseins.  G'esfc 
la  princesse  Narischkine  (3)  issue  de  la  famille  polonaise  des 
princes  Gzartoryski  et  dans  le  moment  la  belle  en  faveur  de 
l'Empereur  Alexandre. 

1.  Rouen,  attaché  à  la  Légation  française  à  Weimar  (1812),  commis  à  la  di- 
vision du  Secrétariat  (1813),  suivit  Talleyrand  à  Vienne.  Rédacteur  à  la  di- 
vision du  Nord  (1815),  deuxième  secrétaire  à  Turin  (17  juillet  1816),  premier 
secrétaire  à  Turin  (21  octobre  1819),  résident  et  consul  général  en  Grèce 
(31  décembre  1828),  résident  à  Nauplie  (15  mars  1833),  Ministre  plénipoten- 
tiaire à  Rio  de  Janeiro  (2  novembre  1836),  mis  à  la  retraite  (27  octobre  1841)| 

2.  Elle  était  morte  au  château  de  Hetzendorf  le  8  septembre. 

3.  Maria  Antonia  (née  princesse  Gzetwertinska)  femme  du  grand  vene 
d'Alexandre  et  qui  fut  longtemps  l'une  des  favorites  de  l'Empereur. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS        129 

M.  de  Komar,  qui  commence  à  jouer  un  rôle  parmi  les  Po- 
lonais et  se  montre  très  actif,  m'a  assuré  que  l'Empereur  s'est 
déjà  vu  avec  M°"  Narischkine.  Le  fait  est  que  les  Polonais 
fondent  de  grandes  espérances  sur  cette  nouvelle  protectrice 
qui,  autant  comme  Polonaise  de  naissance  que  par  l'espoir  de 
jouer  un  grand  rôle  dans  sa  patrie  rétablie,  ne  manquera  pas 
de  se  servir  de  toute  son  influence  pour  faire  réussir  les  vues 
et  les  vœux  de  ses  compatriotes. 

M.  de  Komar  (1),  dont  la  femme  a  passé  une  partie  de  sa  vie 
à  Paris  où  elle  est  en  ce  moment,  reçoit  régulièrement  des 
lettres  de  sa  femme  qui  a  été  très  liée  avec  l'Ambassadeur 
Narbonne  et  il  n'y  a  pas  de  doutes  que  son  mari  ait  des  rela- 
tions avec  l'Ambassade  de  France. 

Le  comte  François  Palffy  a  déclaré  que  pour  se  laver  de 
l'affront  d'avoir  été  rayé  de  la  liste  des  chambellans  destinés 
au  service  des  Monarques  il  donnera  une  fête  brillante  à  l'Em- 
pereur de  Russie  et  aux  Souverains  actuellement  à  Vienne. 


160.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3585). 

Rapport  au    BARON    HAGER 
Surveillance  des  généraux  comte  Witt  et  baron  Jomini. 

Visites  que  fait  et  reçoit  du  22  au  26  le  général  comte 
Witt  (2),  apparenté  à  la  Comtesse  Potocka,  déjà  très  connu  ici 
et  qui  aura  besoin  d'être  très  surveillé. 

Le  général  Jomini  (3),  arrivé  le  23,  n'a  fait  encore  que  des 


1.  Komar  (comte  et  comtesse  de).  Probablement  le  comte  Stanislas,   mari 
|de  la  comtesse,  née  Orlowska,  et  mère  de  M"'  Nathalie  de  Komar,  dont  la 

iCHESSE  DE  DiNO   parle  au  tome  IV  de  ses  Souvenirs,  page  232  :    «  qui  est, 
it-elle,dans  la  plus  grande  mysticité  et  qui  épousa  en  1850  à  l'âge  de  32  ans 
!e  comte  de  Medici  Spada.  » 

La  comtesse  de  Komar  était  la  mère  de  la  comtesse  Delphine  Potocka  et 
lo  la  princesse  Charles  de  Beauvau. 

2.  Général  comte  de  Witt,  fils  du  premier  mariage  de  la  fameuse  comtesse 

"Sophie  Potocka  (la  belle  Phanariote),  s'était  distingué  pendant  les  campagnes 

le  1812,  1813  et  passait  pour  être  à  Vienne  l'un  des  chefs  de  la  police  secrète 

nsse.Il  exerça  par  la  suite  un  commandement  dans  l'armée  de  réserve  pen- 

lant  la  campagne  de  1828.  Cf.  Annexe  XIV. 

3.  Jomini  (Henri,  baron)  né  à  Paycrne  en  1779. 

T.  I.  9 


130  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

visites,  n'a  encore  écrit  à  personne  et  n'a  encore  rien  reçu,  ni j 
par  la  poste,  ni  par  courrier,  ni  par  ordonnance.  i 


.1 


161.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 
Surveillance  de  la  Tour  du  Pin,  Talleyrand,  Dalberg,  Neukomm. 

La  Tour  du  Pin  a  cédé  son  installation  à  Talleyrand  et  va 
se  loger  au  Kaisergarten.  L'agent  Beckers  est  déjà  venu  trois 
fois,  mais  n'a  pas  été  reçu. 

Talleyrand  (1)  habite  Johannesgasse  avec  Dalberg,  son  secré- 
taire Rouen  et  le  musicien  Neukomm. 

(Liste  des  visites  qu'il  a  faites  et  reçues.) 

On  a  essayé  de  surveiller  Neukomm,  mais  on  ne  l'a  pas 
encore  vu.  On  a  toutefois  pu  savoir  que  Neukomm  a  toute  la 
confiance  du  prince,  qu'il  écrit  dans  sa  chambre  et  dîne  à  sa 
table,  mais  il  vit  si  retiré  qu'on  l'a  à  peine  entrevu. 


162.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3564), 

GŒHAUSEN    à    HAGER. 

Surveillance  du  Nonce. 

Visites  reçues  par  le  Nonce  qui  va  tous  les  jours  chez  Rutfo 
et  chez  Stackelberg.  Il  a  été  trois  fois  chez  Wrede  et  dîne 
souvent  chez  Stackelberg  (surveillé  par  Pœcker). 

Le  Hofsecretâr  de  Schlegel  a  dîné  le  21  chez  le  Nonce  où  il 
y  avait  que  les  habitués. 

Resté  trois  jours  malade  chez  lui,  il  a  été  dès  sa  première 
sortie   chez  le  conseiller  prussien  Bartholdi,    chez  le  comte  I 
Munster,  chez  le  comte  Balk  (2),  diplomate  russe.  Il  a  reçu  lei 

1.  Cf.  dans  GAOERN.itfem  Antheil  an  der  Politilî,lI,  p.  31,  une  conversation  !;! 
de  Talleyrand  avec  Gagern  et  la  dépèche  que  celui-ci  écrivit  le  28  septem-h 
bre  à  sa  cour,  dans  laquelle  il  fait  déjà  entrevoir  l'opposition  que  fera  U^,\ 
France  à  l'assujettissement  et  au  démembrement  de  la  Saxe. 

2.  Balk-Poleff  (Pierre-Fédorovitch)  qui  fut  un  peu  plus  tard  envoyé  par  If 
cour  de  Russie  comme  ministre  plénipotentiaire  à  Rio  de  Janeiro. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET  LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS      131 

soir  même  la  visite  du  comte  Balk,  ce  qui  est  d'autant  plus 
étonnant  et  grave  que  Balk  habite  la  même  maison  que  Stein. 


163.  Paris,  27  septembre  1814  (F.  1.  372S  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER. 

Surveillance  du  duc  de  Rocca  Romana 

En  rapport  constant  avec  Gariati  il  voit  souvent  la  du- 
îhesse  de  San  Marco,  Tancienne  dame  d'honneur  de  feue  la 
reine  Marie-Caroline,  le  prince  de  Ligne,  le  comte  Zielinski, 
e  prince  de  Tarente,  le  duc  de  Gampochiaro.  On  dit  qu'il 
partira  sous  peu. 


164.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER. 

Surveillance  de  Gampochiaro 

Gampochiaro  a  fait  avec  Gariati  une  visite  au  roi  de  Wur- 
îmberg.  Ils  se  firent  annoncer  comme  ministres  du  roi  des 
►eux-Siciles.  Il  a  donné  le  27  un  dîner  aux  Italiens  et  il  a  reçu 
atre  autres  visites  celles  de  Gastelalfer,  d'Aldini,  de  Saint- 
arsan  et  de  Rossi  (1). 


65.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  i.  3728  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER. 

Notes  sur  Murât  et  le  roi  de  Wurtemberg. 

Murât  aurait  offert  au  Pape  d'évacuer  ses  Etats  s'il  voulait 
reconnaître. 

Ilossi  (Alexandre  comte)  (1757-1827)  envoyé  à   Vienne  au  monaent  du 
-lès,  y  resta  comme  ministre  plénipotentiaire  de  Sardaigne. 


132  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

On  affirme  que  le  roi  de  Wurtemberg  inspire  une  terreuï 
folle  à  ses  ministres  et  à  son  entourage. 


166.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565).  iî 

I 

Nota   à    HAGER  {Analyse  en  français).  « 

L'Espagne  et  le  rétablissement  des  Bourbons  à  Naples  et  à  Parme 
Découragement  de  Brignole 

Sur  l'intérêt  que  Labrador  et  sa  Cour  portent  à  la  Cour  de 
Rome,  au  rétablissement  des  Bourbons  à  Naples  et  à  Parme. 
Les  Espagnols  joints  aux  Français  contrecarreront  les  chicanes 
des  Autrichiens,  Prussiens  et  Russes. 

Brignole,  bien  qu'il  ait  été  reçu  par  Metternich,  est  désolé 
de  n'avoir  pu  obtenir  une  audience  de  TEmpereur. 


167.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER. 
Surveillance  de  l'ambassade  russe  et  d'Anstett  du  23  au  27  septembre 

L'Ambassade  russe  est  de  toutes  celle  qui  reçoit  le  plus  d< 
monde.  On  n'a  expédié  aujourd'hui  qu'un  paquet  adressé  ai 
comte  Mocenigo  (1). 

On  appelle  l'attention  sur  les  relations  constantes  et  suivie! 
entre  Anstett  et  le  contrôleur  de  guerre  Mandel  qu'on  vf 
surveiller  de  près  afin  de  savoir  pourquoi  il  lui  a  été  remi; 
de  l'argent. 

(Joint  au  rapport  la  liste  des  visites  reçues  par  Anstett  di 
23  au  27  septembre.) 

Les  lettres  qu'on  lui  apporte  sont  remportées  tous  les  jour 
par  le  secrétaire  d'Ambassade  Koudriaffsky  (2). 

1.  Mocenigo  Georges,  comte)  1742-1839)  gouverneur  des  Iles  Indienne 
pour  la  Russie,  puis  ministre  à  Naples  lors  de  la  restauration  de  Ferd 
nand  IV  jusqu'en  1821,  où  il  passa  à  Turin.  , 

2.  Koudriaffsky  (Emelian-Afanasiewitch)  (1776-1895)  fonctionnaire  du  m\ 
nistère  des  Affaires  étrangères,  fut  longtemps  directeur  de  la  Chancellerie  d 
ce  Ministère. 


i 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS       133 

Anstett  a  dîné  le  23  chez  Nesselrode.  Le  24  il  écrit  et  fait 
porter  une  lettre  au  baron  Fischler  (1)  et  au  duc  de  Saxe  Co- 
bourg  (2),  dîne  chez  le  comte  François  Palfîy,  va  avec  la  prin- 
cesse Bagration  au  théâtre  et  s'entretient  ensuite  une  heure 
avec  Bartsch. 

Le  25,  il  dîne  chez  la  princesse  Bagration,  va  avec  elle  au 
théâtre  et  soupe  chez  elle.  Le  26,  longue  conférence  le  matin 
avec  Mandel  auquel  il  remet  une  forte  somme,  va  ensuite  tra- 
vailler avec  Nesselrode,  qui  a  reçu  deux  courriers,  dîne  à 
5  heures  chez  Metternich,  va  le  soir  au  théâtre  et  soupe  chez 
la  princesse  Bagration. 


168.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Causes  de  Tanimosité  d'Anstett  contre  rAutriche. 

L'animosité  et  le  mécontentement  d'Anstett  contre  TAutri- 
che,  à  laquelle  il  a  rendu  de  réels  services  en  1809,  paraissent 
dus  à  ce  qu'on  a  jamais  voulu  les  reconnaître  en  lui  conférant 
des  distinctions  auxquelles  il  croit  avoir  droit.  Il  est  convaincu 
qu'il  doit  avoir  à  Vienne  un  ennemi  personnel  très  puissant  à 
la  Cour. 


169.  Vienne,  27  septembre  1814  (F,  1.  1787  ad  3565  . 

BELLI0(3)auPRINCE  DE  VALAGIIIE  (/n^ercep^a  en  allemand) 

(Analyse). 

Accord  complet  entre  Talleyrand,  Gastlereagh   et  Metter- 

1.  Fischler  de  Treuberg  (François-Xavier  baron)  colonel  et  représentant  de 
3axe-Gobourg  Saalfeld. 

2.  Saxe-Gobourg  (Ernest,  duc  de)  né  le  22  janvier  1784,  monté  sur  le  trône 
le  9  décembre  1806,  mort  le  24  janvier  1844,  servit  d'abord  dans  l'armée  russe 
ît  revint  après  Tilsit  dans  ses  Etats  qu'il  conserva  dans  leur  intégrité.  Le 
Hongres  de  Vienne  lui  donna  la  principauté  de  Lichtenberg  qu'il  vendit  à 
a  Prusse  en  1834. 

3.  Bellio,  agent  diplomatique  du  prince  de  Valachie  à  Vienne,  ne  tarda  pas 
Il  devenir  suspect  et  à  être  expulsé. 


134  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIEKNE 

nich  qui  s'opposeront  aux  prétentions  de  la  Russie  sur  la  Po- 
logne. Metternich  défendra  Tintégrité  de  la  Turquie. 

L'électeur  de  HesseCassel  et  son  fils  arriveront  le  1"  octobre. 

Le  prince  Guillaume  de  Nassau  (1)  viendra  également  avec 
son  père  (2). 


170.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER. 

Renseignements  donnés  par  Koudriaffsky  sur  la  reconstitution  de  la  Pologne. 
La  question  de  la  Saxe.  Les  intentions  de  la  Russie,  de  la  Prusse  et  de 
l'Autriche. 

La  Russie  insistera  sur  la  reconstitution  de  la  Pologne  en 
royaume  et  on  travaille  sérieusement  à  la  rédaction  d'une  Cons- 
titution de  la  Pologne. 

La  Russie  cédera  la  Saxe  à  la  Prusse,  moins  quatorze  vil- 
lages qui  appartenaient  avant  1809  à  F  Autriche  et  lui  feront 
retour.  Au  pis  aller,  la  Prusse,  pour  contenter  l'Autriche,  lui 
céderait  le  Comté  de  Glatz. 

Les  Prussiens  occuperont  la  Saxe  (3).  Un  corps  venant  de 
Munster  est  même  en  marche  pour  s'y  rendre  et  son  avant- 
garde  doit  déjà  avoir  atteint  la  frontière  delà  Saxe. 


171.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport   au  BARON    HAGER. 

Ce  que  Bartholdi  dit  de  Hardenberg,  de  la  Constitution  de  TAllemagne. 
des  questions  de  Pologne  et  de  Saxe. 

1.  Guillaume,  duc  de  Nassau,  né  le  14  juin  1792,  succéda  le  7  janvier  1816 
à  son  père  le  duc  Frédéric-Guillaume  et  le  24  mars  de  la  même  année  à  son 
cousin  Frédéric-Auguste  de  Nassau-Usingen.  Il  arriva  à  Vienne  le  30  no- 
vembre. 

2.  Frédéric-Guillaume  de  Nassau,   monté  sur  le  trône  en    1788,   mortj 
9  janvier  1816.  " 

3.  Cf.  SoREL,  l'Europe  et  la  Révolution  Française,  t.  VIII,  p.  396.  Aléa 
dre  engagea  le  roi  de  Prusse  à  exécuter  la  convention  secrète  du  28  sept| 
bre  et  à  occuper  la  Saxe. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       13o 

D'après  ce  que  dit  Bartholdi  (1),  Hardenberg  reçoit  tous  les 
jours  des  masses  de  lettres  et  quantité  de  brochures  qui  ont 
trait  à  la  constitution  de  l'Allemagne. 

Il  prétend  qu'on  sera  forcé  de  donner  cette  Constitution  et 
que,  si  on  ne  le  fait  pas,  il  y  aura  encore  bien  du  sang  de  ré- 
pandu en  Allemagne  où  les  esprits  ont  pris  feu  pour  cette 
Constitution. 

Il  a  dit  aussi  que  la  grande  affaire  qui  se  discute  à  présent 
aux  Conférences,  c'est  le  sort  de  la  Pologne.  Tout  dépend  de 
cette  base.  Alexandre  renoncera  peut-être  à  la  reconstitution 
du  royaume,  mais  il  exigera  la  réunion  de  la  Pologne  tout  en- 
tière à  son  Empire.  S^il  obtient  cela,  la  Prusse  ne  démordra 
pas  de  ses  prétentions  sur  la  Saxe.  Si  la  Russie  renonce  à  la 
Pologne,  la  Prusse  se  contentera,  en  désespoir  de  cause,  du 
retour  à  elle  de  la  partie  de  la  Pologne  qui  lui  appartenait. 
Mais  Bartholdi  prétend  que  la  Russie  s^'entêtera  et  que  le  dia- 
ble ne  la  chassera  pas  d'un  pays  qu'elle  occupe  avec  plus  de 
100.000  hommes  et  derrière  lesquels,  elle  en  a,  à  ce  que  dit 
Serra  Gapriola,  300.000  autres  prêts  à  les  soutenir. 


172.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français,  en  partie  analyse). 

Nouvelles  diverses  relatives  aux  travaux  du  futur  Congrès.  La  princesse  Paul 
Esterhazy.  Les  Conférences  des  ministres  de  Bade,  Nassau  et  Darmstadt. 
Le  Roi  de  Wurtemberg. Schwarzenberg.  L'Ordre  Teutonique.  L'accord  en- 
tre Talleyrand  et  Castlereagh  et  entre  la  Bavière  et  l'Autriche.  Neukomm. 

Rapport  contenant  des  nouvelles  relatives  à  la  manière  dont 
se  réunira,  le  Congrès  et~  aux  puissances  qu'on  y  admettra, 
ainsi  qu'à  la  méthode  qu'on  semble  vouloir  suivre  pour  discu- 
ter et  régler  les  affaires  d'Allemagne. 

«  On  a  dit  hier  soir  chez  le  baron  Puffendorf  (2)  qu'on  avait 
eu  des  égards  particuliers  pour  le  roi  de  Wurtemberg  en  lui 
affectant  comme  adjudant  pendant  son  séjour  ici  un  aussi  joli 
garçon  que  le  jeune  comte  Woyna  (3).  On  a  remarqué  et  com- 

■   1.  Bartholdi,  conseiller  intime  de  légation  prussien,  parent  des  Arnstein. 

2.  Puffendorf  (Edmond-Frédéric  baron)  ancien  Conseiller  aulique  de  l'Em- 
pire. 

3.  Le  Comte  Edouard  Woyna,  Capitaine  au  Régiment  de  hussards  Empereur. 


136  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

mente  l'absence  du  prince  de  Schwarzenberg  lors  de  l'arrivée 
des  souverains.  Le  Ministre  de  Wurtemberg  au  Congrès,  le 
baron  von  Linden  se  préoccupe  beaucoup  de  la  restitution  de 
Mergentheim  (l)  à  l'Ordre  Teutonique.  » 

Impopularité  croissante  du  roi  de  Wurtemberg  à  Vienne. 

«  Un  Ministre  de  TEx-Confédération  Germanique  prétend 
que  Talleyrand  et  Gastlereagh  sont  d'accord  sur  la  plupart  des 
grandes  questions,  et  un  diplomate  bavarois_,  le  baron  Koch 
affirme  que  la  Bavière  marchera  de  concert  avec  l'Autriche. 

«  Il  y  a  dans  la  suite  de  Talleyrand  un  jeune  musicien 
nommé  Neukomm,  élève  de  Haydn,  dont  la  présence  semble 
étrange.  Cet  homme  est  très  attaché  à  Talleyrand.  Sa  venue 
ici  est  d'autant  plus  étonnante  que  fort  répandu  à  Paris  il  n'y 
avait  aucune  raison  pour  lui  de  quitter  cette  ville.  » 

L'agent  termine  son  rapport  en  disant  à  Hager  que  «  s'il  le 
désire  il  lui  communiquera  une  foule  de  renseignements  et 
d'anecdotes  relatives  aux  mœurs  et  à  la  vie  privée  du  roi  de 
Wurtemberg.  » 


173.  Vienne,  26  septembre  1814  (F.  13628  ad  3555). 

SCHMIDT    à    HAGER 

(Rapport  sur  les  crédits  ouverts  aux  souverains,  à  leur  suite 
et  à  des  personnages  marquants  chez  les  principaux  banquiers  de  Vienne. 

Chez  Pries,  aux  souverains.  —  Efnpereur  de  Russie 
100.000  roubles ;foz  de  Prusse,  illimité;  ducs  de  Weimar, 
d'Oldenbourg,  de  Mecklembozirg,  chacun  5.000  florins,  prince 
de  Wrede,  100.000  florins. 

Chez  Arnstein  :  Castelalfer,  50.000  francs,  cardinal  Con- 
salvi, illimité  ;  duc  de  Campochiaro,  30.000  francs  ;  Grand-duc 
Héritier  de  Hesse  Darmstadt,30. 000  florins  ;  Edling,  Grand  Maî- 
tre de  la  Cour  du  duc  de  Weimar,  2.500  thalers  ;  Riese,  chef 
de  cabinet  de  Stein,  2.000  thalers;  Marquis  Ginori,  Député, 
20.000  francs;  Cornue  de  Hartz (Jérôme  Napoléon),  300.000  flo- 
rins ;  Conseiller  aulique  prussien,  Heymbach,  6.000  thalers; 
baron  von  Hacke,  grand  Maître  de   la  Cour  de  Danemark, 

1.  L'un    des    principaux    bailliages    de    l'Ordre  Teutonique,  résidence  di|^ 
Grand-Maître  de  l'Ordre  aboli  par  Napoléon  I"  en  1809.  | 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET   LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       137 

30.000  ducats  d'abord, puis  peu  après  crédit  illimité;  Sénateur 
von  Hach,  de  Lûbeck,  illimité  ;  Prince  de  Hohcîizollern-Sig- 
maringcn,  30.000  thalers;  D"  Jassoy  (de  Francfort)  illimité; 
Kania,  directeur  de  la  Banque  de  Wurtemberg,  10.000  tha- 
lers ;  S.  H.  Kaula,  25.000  thalers  ;  Relier,  Ministre  d'Etat  hes- 
sois,  2.G00  francs  par  mois;  Comte  {Marquis)  de  la  Tour  du 
Pin,  18.000  francs  ;  Lepel,  Conseiller  intime  de  la  Hesse 
Electorale,  10.000  thalers  ;  baron  von  Linden,  Ministre  d'Etat 
wurtembergeois,  8.200  thalers  ;  baron  V07i  Maltzahn,  ministre 
d'Oldenburg,  20.000  roubles  ;  L.  de  Medici,  50.000  francs^ 
Mutzenbecher,  conseiller  aulique  d'Oldenbourg,  1.000  florins  ; 
Marquis  Malaspina  (1),  député  de  Milan,  1.000  ducats;  von 
Oertzen,  ministre  de  Mecklemburg,  Strelitz,  1.000  ducats; 
général  Pino,  20.000  francs  ;  Comtesse  Pino,  née  Galderari, 
20.000  francs;  Notabartolo,  Comte  Priola  (?),  30.000  lire  de 
Gênes;  Stolberg  Wernigerode,  10.000  florins;  Stampa,  député 
du  département  de  l'Adige,  20.000  lire  de  Milan  ;  von  Staëge- 
mann,  conseiller  intime  prussien,  1.000  florins  ;  Prince  de 
Schaumburg-Lippe,  20.000  thalers;  Prince  de  la  Trémoille- 
Tarente,  10.000  francs;  Princesse  Sophie  Wolkoîiska,  5.000  rou- 
bles ;  Prince  royal  de  Wurtemberg ,  20.000  thalers  ;  Prince 
Wittgenstein,  2.000  florins;  von  Berg,  président  de  Schaum- 
burg-Lippe,1.000  thalers;  Bogne  de  F aije, secrétaire  de  la  Léga- 
tion de  France,  10.000  francs  ;  Princesse  d'Isenburg,  14.000  flo- 
rms',comte  c?'/5e;î6î/r^, 8.000 florins; Conseiller  intime  prussien 
Zerboni  di  Sposetti,  500  thalers. 

D'autres  crédits  sont  ouverts  chez  Geymûller  et  chez Smitmer, 


174.  Vienne,  29  septembre  1814. 

Bordereau  et  rapport  journalier  à   TEMPEREUR 

Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728   ad  3565). 

SIBER    à    HAGER  (Analyse). 

L'arrivée  du  roi  de  Bavière,  les  visites  faites  le  27  par  l'empereur  de  Russie, 
les  rois  de  Prusse,  de  Danemark  et  de  Wurtemberg. 

Rapport  établissant  qu'aucun  incident  ne  s'est  produit  lors 

1.  Cf.  Annexe  XV. 


138  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  l'entrée  à  Vienne  (le  28)  (1)  du  roi  de  Bavière  et  relevant  tou- 
tes les  mesures  prises  par  la  police  depuis  la  Mariahil  fer  Unie 
jusqu'à  la  Burg ,  lors  de  l'entrée  à  Vienne  le  25  de  l'Empe- 
reur de  Russie  et  du  roi  de  V^^urtemberg. 

Le  roi  de  Prusse,  le  roi  de  Danemark  et  le  roi  de  Wurtem- 
berg ont  rendu  visite  le  27  dans  la  matinée  à  Tarchiduc  Pala- 
tin (2)  qui  a  reçu  également  lord  Gastlereagh. 

L'Empereur  de  Russie,  attendu  chez  le  Palatin  à  deux  heu- 
res, n'y  est  venu  qu'à  sept  heures,  mais  y  est  resté  trois  quarts 
d'heure. 


175.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

HAGER  à  V.  L...  (Leurs). 

Importance  du  rôle  de  la  police  d'état  pendant  le  Congrès.  Instructions  qu'il 
lui  donne.  Rapports  à  fournir.  Recommandations  relatives  à  Bellio. 

Le  moment  actuel  est  de  la  plus  haute  importance  pour  la 
police  politique  de  l'Etat.  Aussi  Sa  Majesté  a-t-Elle  daigné  met- 
tre tout  spécialement  à  ma  disposition  tous  les  moyens  dont 
je  pourrai  avoir  besoin.  Afin  de  mieux  répondre  aux  désirs  de 
Sa  Majesté,  je  vous  invite  à  vouloir  bien  faire  appel  à  tous  les 
organes,  faire  usage  de  toutes  les  ressources  dont  vous  dispo- 
sez afin  de  pouvoir  me  fournir,  si  ce  n'est  tous  les  jours,  du 
moins  à  coup  sûr  tous  les  deux  jours,  un  rapport  détaillé 
d'abord  sur  tout  ce  que  vous  pourrez  apprendre  des  événements 
du  Congrès,  ensuite  sur  les  différents  incidents  ou  événements 
de  la  vie  et  des  relations  des  souverains  étrangers  actuellement 
présents  à  Vienne. 

Je  vous  recommande  tout  particulièrement  de  ne  pas  négli- 
ger Bellio  qui  est  sûr  d'apprendre  de  son  côté,  et  par  les  moyens 
dont  il  dispose,  maintes  choses  que,  je  n'en  doute  pas,  vous 
parviendrez  à  vous  faire  communiquer  par  lui. 


1.  Le  roi  et  la  reine  de  Bavière  arrivèrent  à  Vienne  le  28  septembre  à  5  heu- 
res de  l'après-midi. 

2.  L'archiduc  Joseph,  beau-frère  de  l'Empereur  Alexandre,  .dont  il  avait 
épousé  la  sœur,  la  Grande-Duchesse  Alexandra  Pavlowna  (morte  le  14  mars 
1802),  cinquième  fils  de  Léopold  II,  né  à  Florence  le  9  mars  1776.  Palatin  en 
1795,  il  resta  pendant  cinquante  et  un  ans  l'intermédiaire  entre  la  Hongrie  et 
la  cour  de  Vienne. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       131) 


176.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

LE   ROI    DE   DANEMARK  à    LA    REINE 
{Intercepta  en  allemand). 

Portrait  de  l'impératrice  de  Russie.  Arrivée  du  roi  et  de  la  reine  de  Bavière. 
On  perd  son  temps. 

L'impératrice  de  Russie  (1)  vient  d'arriver.  Elle  est  jolie  et 
agréable  sans  être  belle. 

Le  roi  et  la  reine  de  Bavière  (2)  arrivent  à  l'instant. 

On  n'aura  plus  maintenant  qu'à  faire  visites  et  contre-visi- 
tes (sic),  ce  qui  prendra  tout  un  temps  qu'on  emploierait  plus 
utilement  autrement. 

On  n'a  pas  une  idée  comme  on  perd  son  temps  ici.  Enfin 
pourvu  que  tout  cela  finisse  bien. 


177.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

SIBER   à    HAGER. 

Établissement  et  premiers  résultats  de  la  surveillance  exercée 
sur  les  personnages  de  la  suite  du  tzar  qui  n'habitent  pas  la  Burg. 

Le  Prince  Troubetzkoï(3),  ayant  mal  au  pied  est  resté  chez 
lui.  Le  GomteGolenitchefî-KoutouzofT(4)  a  porté  lui-même  des 
lettres  au  prince  Esterhazv  et  au  Comte  Nesselrode  et  a  été 
chez  le  tzar  où  il  est  resté  de  onze  heures  à  cinq  heures. 

Jusqu'ici  Stein  n'a  pas  expédié  de  lettres.  Il  a  reçu  la  visite 

1.  Elisabeth-Alexéievna  (1779-1826)  fille  du  margrave  de  Bade-Durlach, avait 
épousé  en  1793  l'Empereur  Alexandre,  encore  grand  duc. 

L'impératrice  de  Russie  arriva  à  Vienne  le  27  septembre  à  2  heures  de 
l'après-midi. 

2.  Marie- VVilhelmine- Auguste  de  Hesse-  Darmstadt. 

3.  Troubetzkoi  (Prince  Basile  Serguéiévitch)  né  en  1773,  mort  en  1841,  aide 
de  camp  général  de  l'Empereur,  le  deuxième  mari  de  la  duchesse  de  Sagan, 
fit  avec  distinction  les  campagnes  contre  les  Turcs  et  contre  la  France, lieute- 
nant-général après  Leipzig,  général  de  cavalerie  en  1826,  chargé  d'une  mission 
en  Angleterre  en  1830  il  devint  à  son  retour  membre  du  Conseil  Privé.  Cf. 
Annexe  XVI. 

4.  Golenitchefî-Koutouzoff,  général-lieutenant,  faisait  comme  Troubetzkoi' 
partie  de  la  suite  d'Alexandre  I". 


140  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

du  général  Ojarowski  (1),  puis  celle  du  prince  de  Kaunitz  (2). 
On  surveille  également  Tchernitcheff  (3)  et  Ojarowski. 


178.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Rapport   à    HAGER. 

Surveillance  de  Stein. 

Stein  a  été  chez  Hardenberg  et  a  expédié  ensuite  des  lettres 
au  baron  Marschall  von  Biberstein  (4),  au  Comte  Schœnfeld  et 
au  Comte  Solms-Laubach.  Il  a  travaillé  en  rentrant,  est  re- 
tourné ensuite  chez  Hardenberg,  est  allé  de  là  chez  Metternich 
et  chez  Trauttmansdorfî.  Il  a  reçu  le  29  le  duc  de  Brunswick(5), 
le  prince  Narischkine  (6),  Klûber  (7),  le  prince  de  Neuwied  (8), 
le  prince  de  Reuss-Greitz  (9)  et  enfin  il  a  été  comme  d'ordi- 
naire chez  l'Empereur  Alexandre. 


1.  Ojarowski  (Adam  Petrovitch,  comte)  aide  de  camp  général  d'Alexandre, 
beau-frère  de  la  princesse  Bagration. 

2.  Kaunitz  (Alexis,  prince)  petit-fils  du  Grand  Ministre  de  Marie-Thérèse; 
il  jouissait  d'une  assez  mauvaise  réputation  à  Vienne. 

3.  Tchernitcheff  (Alexandre-Ivanovitch,  prince)  (1779-1857)  remplit  en  1811 
à  Paris  une  mission  dans  laquelle  il  se  distingua  en  réussissant  à  révéler  à 
sa  Cour  le  plan  des  opérations  pi'ojetées  contre  la  Russie,  délivra  Winzin- 
gerode  que  nous  avions  fait  prisonnier,  chassa  en  mars  1813  Augereau  de 
Berlin,  enleva  un  peu  plus  tard  Gassel  et  en  1814  Soissons.  Chargé  d'une  foule 
de  missions  diplomatiques,  il  réprima  énergiquement  l'insurrection  de  1825, 
gagna  ainsi  la  faveur  de  l'Empereur  Nicolas  qui  le  fit  d'abord  comte,  puis 
ministre  de  la  Guerre,  le  créa  prince  en  1841  et  le  nomma  en  1848  président 
du  Conseil  de  l'Empire  et  du  Conseil  des  Ministres,  fonctions  qu'il  occupa 
jusqu'au  5  avril  1856.  Il  habitait  avec  Troubetzkoï,  Kaîrntnerstrasse  n°  1087, 
au  premier  étage. 

4.  Marschall  von  Biberstein  (Ernest-François-Louis,  baron)  un  des  deux 
représentants  de  Nassau  au  Congrès. 

5.  Frédéric-Charles-Guillaume  duc  de  Brunswick  (1771-1815)  tué  aux  Qua- 
tre-Bras  le  16  juin  1815. 

6.  Grand  veneur  d'Alexandre,  le  mari  de  Maria-Antonia  Czetwertinska, 
l'une  des  favorites  de  l'Empereur. 

7.  Kliiber  (Jean-Louis)  Conseiller  d'Etat  badois  né  en  1762,  connu  par  son 
livre  :  Acten  des  Wiener  Congresses,  en  huit  volumes. 

8.  Wied-Neuwied  (Jean-Auguste-Charles)  né  en  1779,  auquel  son  père  céda 
la  régence  en  1802. 

9.  Henri  XIII  de  Reuss  Plauen  Greitz,  né  le  16  février  1747,  prince  régnant 
depuis  le  28  juin  1800,  mort  en  1817. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       141 

179.  Vienne,  27  septembre  1814  {F.  1.  3728  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER   (Analyse). 

Les  intentions  de  Labrador  à  propos  de  Gênes  et  du  Piémont.  Les  deux  mil- 
lions de  Brignole.  Le  silence  de  Gastlereagh.  Le  projet  prussien  de  Cons- 
titution de  l'Allemagne  refusé  par  Metternich  La  parenté  de  Dalberg  et 
de  Brignole. 

Labrador  s'opposera  à  la  cession  de  Gênes  au  Piémont.  Il 
paraît  que  Brignole  dispose,  à  cet  effet  de  deux  millions  et 
qu'il  se  propose  d'essayer  de  gagner  Metternich.  Gastlereagh 
ne  se  prononce  pas  sur  la  question  de  Gênes. 

L'accord  est  loin  d'être  fait  sur  les  affaires  d'Allemagne.  Le 
projet  d'organisation  de  l'Allemagne  élaboré  à  Berlin  a  été 
refusé  par  Metternich  (1). 

L'auteur  du  rapport  insiste  en  terminant  sur  la  parenté  de 
Dalberg,  allié  par  sa  femme  avec  Brignole. 


180.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3716  ad  3565). 

SCHMIDT    à     SiBER 

Surveillance  de  Bellio.  Ordre  donné  par  Hager  à  la  suite  du  rapport  ci-dessous 
(pièce  181  en  date  du  23  septembre). 

Ordre  de  surveiller  de  très  près  Bellio,  agent  du  prince  de 
Valachie  à  Vienne. 


181.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3716  ad  3567). 

(en  français) 

Bellio  est  en  relation  avec  le  conseiller  intime  russe  Ott  et 
en  correspondance  suivie  avec  la  France.  En  allant  chez  lui 
et  en  l'attendant  pendant  qu'il  était  sorti,  j'ai  pu  lire  un  mé- 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  page  243.  Projet  contenant  les  bases  d'une  constitution 
fédérale  pour  1  Allemagne  communiqué  par  le  prince  de  Hardenberg  au  prince 
de  Metternich,  le  13   septembre  1814. 


142  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

moire  sur  la  situation  politique  et  la  nécessité  de  la  reconsti- 
tution de  la  Pologne,  mémoire  qui  n'a  pas  été  écrit  par  Bellio, 
incapable  de  rédiger  une  pareille  pièce  (1). 


182.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3718  ad  3565). 

COMTE    DE   SCHULENBURG   à   EINSIEDEL  (2).    (à    Berlin) 
{Intercepta  en  allemand)  (Analyse). 

Les  intentions  et  le  programme  de  la  France  au  Congrès  et  en  particulier 
relativement  à  la  Saxe.  L'attitude  de  Labrador. 

L'Ambassade  de  France  au  Congrès  est  arrivée  le  24.  J^ai 
causé  déjà  avec  eux  et  voici  quelles  sont  leurs  vues. 

La  France  satisfaite  de  ses  frontières  ne  veut  pas  d'agran- 
dissement et  ne  désire  que  le  repos  et  la  paix  de  l'Europe.  Elle 
défendra  et  proclamera  les  principes  d'équité  qui  reposent  sur 
l'équilibre  politique  consenti  et  établi  par  Taccord  des  puis- 
sances. C'est  pour  cette  raison  même  que  la  France  ne  peut 
admettre,  ni  ce  qui  s'est  passé  à  Naples  par  ordre  de  Napoléon, 
ni  ce  qui  a  été  fait  pour  le  duché  de  Varsovie  et  pour  la  Saxe, 
et  encore  moins  ce  qu'on  se  propose  de  faire  de  ce  royaume. 

Bien  que  ni  le  prince  de  Talleyrand  ni  le  duc  de  Dalberg 
n'aient  encore  fait  et  n'aient  encore  pu  faire  à  ce  propos  de 
déclaration  formelle  et  officielle,  la  France  veut,  en  un  mot,  le 
maintien  du  royaume  de  Saxe  et  de  la  dynastie  actuelle. 

Labrador  a  reçu  de  sa  Cour  l'ordre  d'agir  dans  le  même 
sens  et  je  crois  que  les  Ministres  de  France  ont  déjà  fait  con- 

1.  Bellio  ne  tarda  guère  à  être  expulsé.  Le  Mémoire  dont  il  s'agit  ici  est  le 
Mémoire  du  18  août  de  Gentz  sur  la  Pologne  publié  par  Klinkowstrosm  dans 
Œsterreichs  Theilnahine  an  den  Befreiangs  Kriegen  (pages  384-395). 

2.  Le  comte  d'Einsiedel  était  resté  auprès  de  son  roi.  «  Premier  Ministre 
sous  le  titre  de  Ministre  de  Cabinet,  dira  plus  tard  de  lui  (en  1826)  Gussy  dans 
ses  Souvenirs,  I,  345,  il  a  sous  sa  direction  spéciale  l'intérieur  et  les  affaires 
extérieures  Ce  personnage  auquel  Frédéric-Auguste  donne  toute  sa  confiance 
est  roi  autant  et  même  plus  que  son  maître.  Il  ne  manque  pas  d'habileté, 
mais  sa  politique  le  place  à  la  remorque  de  la  Prusse  et  ses  intérêts  le  main- 
tiennent dans  cette  voie.  Il  est  en  effet  propriétaire  d'importantes  usines  se 
trouvant  sur  le  territoire  saxon  et  le  territoire  prussien  et  a  obtenu  de  la 
Prusse  de  grandes  facilités  pour  leur  exploitation.  Je  doute  que  sous  un  autre 
roi  il  puisse  se  maintenir  au  pouvoir  ». 

Et  en  effet  en  1829,  deux  ans  après  l'avènement  du  roi  Antoine  il  fut  forcé 
de  donner  sa  démission. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       143 

naître  ces  intentions  et  leur  programme  aux  hommes  d^Etat 
[    avec  lesquels  ils  ont  eu  occasion  de  s'entretenir. 


183.  Vienne,  23  septembre  1814  (F.  1.  3718  ad  3665). 

ROSENCRANZ    à   BLOME  (1)  à    SAINT-PÉTERSBOURG 

{intercepta  en  français). 

Alexandre  et  le  l'oi  de  Danemarck.  Les  promesses  d'Alexandre. 
Les  inquiétudes  de  Rosencranz. 

Sa  Majesté  (le  roi  de  Danemarck)  envoya  aussitôt  après 
l'entrée  de  l'Empereur  Alexandre  demander  à  lui  faire  la  pre- 
mière visite.  A  quoi  Sa  Majesté  fît  répondre  qu'Elle  passerait 
chez  le  roi. 

Cette  entrevue  ne  fut  que  d'un  moment. 

Après  dîner,  le  roi  rendit  la  visite  et  aborda  à  cette  occa- 
sion l'Empereur  franchement,  faisant  voir  qu'il  ne  ferait  pas 
mention  du  passé,  mais  qu'il  réclamait  l'amitié  de  Sa  Majesté 
pour  l'avenir.  Il  insista  sur  la  ratification  du  traité  comme  le 
premier  pas  qui  restait  à  faire  et  sur  le  retrait  des  troupes  du 
Holstein. 

Il  crut  comprendre  à  la  suite  de  quelques  explications  que 
l'Empereur  accorderait  incessamment  l'un  et  l'autre. 

Mais,  à  moins  que  je  ne  voie  bientôt  cette  espérance  rem- 
plie, je  désespérerai  encore  de  notre  salut.  Rien  ne  m'indique 
au  moins  que  les  augures,  que  vous  tirez  du  passé  et  de  la 
chute  de  celui  qui  avait  inspiré  la  terreur  à  tous  sans  excep- 
tion, dans  votre  lettre  du  14/26  du  passé  qui  est  la  plus  ré- 
cente dont  je  sois  en  possession,  seront  de  sitôt  réalisés.  La 
même  influence  contre  nous  existe  toujours  dans  toute  sa  force. 
On  ne  se  contente  pas  de  nous  avoir  coupé  une  jambe  ou  un 
bras.  On  veut  que  le  monstre  suce  jusqu'à  la  moelle  de  nos 
os.  Nous  restons  exposés  dans  l'arène  comme  les  victimes  li- 
vrées aux  bêtes  fauves. 


1.  Blome  (Otto  comte  de)  ancien  ministre  de  Danemark  en  Russie,  était  à 
ce  moment  encore  à  Pétersbourg,  mais  sans  caractère  officiel,  comme  l'écrivait 
NoaiJIes  à  ïalleyrand  le  9  septembre  1814  et  il  ajoutait  :  «  On  dit  que  dans 
peu  il  reprendra  le  poste  diplomatique  qu'il  occupait  autrefois.  » 


144  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


184.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

GAGERN    au   PRINCE   D'ORANGE   NASSAU  (1) 
{intercepta  en  français). 

La  question  de  Pologne.  Lord  Gastlereagh  et  les  limites  de  la  Prusse  du  côté 
de  la  France.  Le  Luxembourg.  Entretien  avec  Talleyrand.  La  Saxe  et  les 
vues  de  la  France.  Echec  du  projet  prussien  de  constitution  allemande. 

Les  formes  du  Congrès  ne  sont  pas  encore  établies.  Voici 
ce  qui  par  pièces  et  morceaux  est  venu  à  ma  connaissance. 

1°  On  a  déjà  cédé,  je  crois,  sur  l'article  de  la  Pologne  et  de 
son  rétablissement  comme  royaume  indépendant  (2).  On  se 
borne  à  demander  que  l'Empire  russe  ne  dépasse  pas  la  Vis- 
tule.  La  Prusse  garderait  donc  beaucoup  de  ce  côté-là.  L'Em- 
pereur Alexandre  ne  fait  que  d'arriver  et  j'ignore  quelle  sera 
sa  réplique. 

2"  M.  de  Spaen  et  moi,  nous  avons  eu  une  première  confé- 
rence avec  lord  Castlereagh.  Les  différentes  questions  ont  été 
discutées  pour  et  contre.  Je  ne  citerai  que  celles-ci  : 

1"  S'il  convenait  au  grand  système  politique  que  la  Prusse 
touche  à  la  France  ? 

2"  Si  Luxembourg  se  trouve  bien  entre  les  mains  de  Votre 
Altesse  Royale  ? 

Mes  arguments  pour  nier  l'une  et  affirmer  l'autre  paraissent 
avoir  fait  impression  et  suivant  mes  notions,  les  deux  points 
sont  gagnés. 

Sur  le  premier  article,  j'objectais  à  lord  Castlereagh  ou  à 
des  observations  qui  n'étaient  peut-être  pas  les  siennes  :  a) 
Que  la  Prusse  s'affaiblirait  par  trop  d'étendue,  b)  Qu'il  fallait 
lui  supposer  le  même  zèle  de  défendre  la  rive  gauche  du  Rhin 

1.  Guillaume,    prince  d'Orauge-Nassau,   plus  tard  Guillaume  1",  roi  des 
Pays-Bas,  né  en  1772,  passé  au  service  de  l'Autriche  lorsque  son  père  le  Sta- 
thouder  Guillaume  V  abdiqua  et  se  réfugia  en  Angleterre  durant  l'invasion 
française.  Il  obtint  en  1803  moyennant  l'abandon  de  ses  droits  sur   la  Hol-^ 
lande  l'abbaye  de  Fulde  qui  venait  d'être  sécularisée,  mais  il  en  fut  dépouil 
en  1806  pour  avoir  embrassé  le  parti  de  la  Prusse  et  reprit  du  service  en  An 
triche.  Rentré  en  Hollande  en  1813,  il  prit  le  titre  de  prince  souverain  des  Pr«i 
vinces-Unies.  Le  Congrès  de  Vienne  lui  reconnut  le  titre  de  roi  des  Pays-Bti 
et  réunit  la  Belgique  à  la  Hollande.  11  combattit  à   Waterloo  où  il  fut  mêr 
blessé,  perdit  plus  tard  la  Belgique  qui  proclama  son  indépendance,  abdiqi) 
en  1840  et  mourut  à  Berlin  en  1843. 

2.  Les  affaires  de  Pologne  étaient  loin  d'être  aussi  avancées. 


I 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      145 

pour  va  qu'elle  y  possède,  car  j'assure  à  Votre  Altesse  Royale 
que  je  ne  me  suis  jamais  cru  assez  fort  pour  l'en  détourner 
entièrement  dès  le  moment  qu'elle-même  rie  partagerait  pas 
cette  persuasion.  Enfin  c)  qu'elle  serait  mieux  en  seconde 
ligne. 

Quant  à  la  seconde,  nous  avons  appuyé  :  1°  sur  le  danger 
pour  les  Pays-Bas,  si  une  autre  grande  Puissance  possédait 
cette  forteresse  et  les  enveloppait,  pour  ainsi  dire  ;  2"  sur  la 
confiance  en  eux-mêmes  qu'il  fallait  inspirer  aux  Belges  par  ce 
qu'il  s'agissait  :  3°  de  la  principale  défense  de  l'Etat  au  dire 
de  tous  les  gens  instruits  dans  l'art  de  la  Guerre. 

Si  je  dis  que  ces  deux  points  sont  gagnés,  c''est  que  j'ai  cru 
entrevoir  dans  mes  conversations  avec  Lord  Glancarty(l),que 
les  Prussiens  ne  s'opposent  plus  qu'à  l'extension  des  Etats  de 
Votre  Altesse  Royale  jusqu'à  Zell  sur  la  Moselle  (départements 
du  Rhin  et  Moselle),  c'est-à-dire  que  la  Prusse  veut  empêcher 
la  jonction  des  Pays-Bas  avec  les  Etats  de  Nassau  et  qu'elle 
veut  être  maîtresse  de  tout  le  cours  du  Rhin.  Il  faut  espérer  que 
les  Anglais  et  les  autres  Puissances  alliées  tiendront  bon. 

3"  J'ai  été  voir  sur  le  champ  M.  de  Talleyrand.  Je  croyais 
que  c'était  la  marche  la  plus  naturelle.  D'ailleurs  Votre  Altesse 
Royale  sait  assez  que  ce  n'était  pas  à  lui  que  j'ai  jeté  la  pierre. 
On  peut  être  violent  adversaire  en  temps  de  guerre;  la  paix 
signée,  il  faut  se  donner  les  mains  et  ne  plus  conserver  d'amer- 
tume. Il  m'a  fort  bien  reçu  et  (2)  il  n'aurait  dépendu  que  de  moi 
de  le  faire  entrer  en  matière  sur  tout  plein  d'objets.  Mais  comme 
une  telle  discussion  de  bien  des  articles  ne  m'est  pas  permise, 
vu  la  position  de  Votre  Altesse  Royale,  tout  s'est  passé  en 
observations  générales  : 

«  Que  la  volonté  de  la  paix  est  la  seule  occasion  de  force 
aujourd'hui  pour  la  France  ; 

«  Que  la  France  devait  donner  de  bons  exemples  après  tant 
de  mauvais  et  aussi  de  bons  conseils  ; 

«  Qu'il  fallait  être  bon  Européen  modéré  ; 

«  Que  la  France  ne  demandait  rien,  absolument  rien,  excepté 

1.  Richard  le  Poer  Trench,  comte  Glancarty,  vicomte  Dunlo,  baron  de  Kil- 
connel,  conseiller  privé,  président  du  Conseil  privé  pour  les  Colonies  et  le 
Commerce,  maître  général  des  Postes,  colonel  du  régiment  de  la  Milice  du 
Comté  de  Gahvay,  l'un  des  plénipotentiaires  anglais  au  Congrès. 

2.  Gagern  a  publié  toute  cette  partie  de  la  présente  dépêche  à  partir  de 
cette  phrase  jusqu'aux  mots  «  à  la  bonne  heure  )>,dans  son  livre  :  Mein  Antheil 
an  der  Poiilik,  II,  37. 


T.  I.  10 


146  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

ce  qui  était  exprimé  dans  le  prologue  de  la  Paix  :  Une  juste] 
répartition  des  forces  entre  les  Puissances.  >> 

J'ai  entrevu  qu'il  appuyait  sur  ces  paroles  et  qu^il  comp-i 
tait  bien  tirer  de  ces  expressions  un  peu  vagues  le  parti  qui 
lui  convenait.  Je  crois  savoir  déjà  que  c'est  un  prétexte  de 
s'opposer  à  l'assujettissement  ou  au  démembrement  de  la 
Saxe,  A  la  bonne  heure  (1).  Quant  à  cet  objet,  Votre  Altesse 
Royale  ne  demandera  pas  mieux. 

Le  projet  constitutionnel  des  Prussiens  (2)  est  déjà  tombé  à 
plat.  Ils  voudraient  peut-être  le  désavouer.  Mais  il  m'a  été  re- 
mis par  le  Comte  de  Miinster  comme  parfaitement  authentique. 


185.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565), 

HAGER    à    I/ExMPEREUR. 

Bordereau  des  rapports  parvenus  dans  la  journée  du  28  et 
contenant  entre  autres  des  rapports  sur  l'ambassade  de 
France,  Talleyrand,  Anstett,  Stein,  Witt,  Hardenberg,  le 
grand  duc  de  Hesse-Darmstadt,  La  Harpe,  Rengger  (3),Gariati, 
Aldini,  etc. 


186.  Vienne,  29  septembre  1814  (F,  1.  3972  ad  3565'. 

N.  N.    à    HAGER    (en  français). 

Les  promesses  d'Alexandre  aux  Polonais,  L'influence  du  prince  Adam 
Czartoryski.  Disgrâce  de  RazoumofTsky.  On  le  trouve  trop  autrichien. 

Alexandre  avait  promis  aux  Polonais,  lors  de  son  séjour 


1,  A  la  place  des  quelques  phrases  qui  suivent  ici,  on  lit  dans  le  livre  d  ■ 
Gagern  :  «Mais  il  pouvait  bien  vouloir  aussi  empêcher  la  couronne  impériale 
et  par  conséquent,  à  mon  avis,  toute  espèce  d'ordre  en  Allemagne.  » 

2,  Projet  renfermant  les  bases  d'une  Constitution  fédérale  pour  l'AUemi^ 
gne  communiqué  par  le  prince  de  Hardenberg  au  prince  de  Metternich  à  ~ 
den,  le  13  septembre  1814,  (Projet  se  composant  de  XL!  articles  .  Gf,  d'i 
geberg  243-249.) 

3,  Rengger  (Albert),  docteur  en  médecine,  ancien  ministre  de  Tlntérieur  <^. 
la  République  helvétique,  représentait  à  Vienne  les  cantons  d'Argovie  et  à» 
Saint-Gall. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       147 

Paris,  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne.  La  faveur  particu- 
lière, l'amitié  intéressée  de  l'Empereur  pour  le  prince  Czarto- 
ryski  (1)  leur  en  semblent  un  sûr  garant. 

Ils  affirment  que,  malgré  les  démonstrations  d'amitié  d'Alexan- 
dre pour  notre  Cour,  ses  vues  sur  la  Pologne  sont  diamétrale- 
ment opposées  à  celles  de  l'Autriche.  Ils  disent  que  Razou- 
moffsky  est  en  disgrâce,  rien  que  parce  qu'il  était  en  trop 
bonne  grâce  ici. 

Je  me  suis  trouvé  hier  chez  M.de  Ott,conseiller  d'Etat  près 
de  l'Ambassade  russe,  et  j'ai  pu  me  convaincre  que  Razou- 
.moffsky  n'est  pas  en  crédit. 

Les  Polonais  parlent  beaucoup  d'un  escalier  dérobé  condui- 
sant à  l'appartement  d'Alexandre  et  grâce  auquel  on  arrive 
chez  lui  sans  être  vu. 


187.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rappobt  à    [lAGER 

Les  millions  de  Brignole.  L'accord  entre  la  France  et  l'Espagne.  Metternich 
et  le  projet  prussien  de  Constitution  de  l'Allemagne.  Portrait  de  Dalberg. 
Sa  parenté  avec  Brignole. 

Brignole  doit  recevoir  ces  jours-ci  deux  millions  à  employer 
principalement  à  gagner  le  prince  de  Metternich  à  la  cause 
de  Gênes  et  les  traites  sont,  paraît-il,  déjà  en  route.  En  atten- 
dant, Metternich  ne  semble  pas  bien  disposé  en  faveur  de 
Gênes.  On  affirme  qu'il  aurait  dit  à  Brignole  que  c'était  déjà 
chose  décidée  et  que  Gênes  serait  attribué  au  roi  deSardaigne(2). 
Castlereagh  ne  lui  a  pas  donné  une  réponse  catégorique.  Bri- 
gnole espère  être  plus  heureux  auprès  d'un  autre  diplomate 
anglais,  Lamb  (3),  si  je  ne  me  trompe. 

L'Espagne  marchera  complètement  d'accord  avec  la  France 


l.Un  autre  rapport,  en  date  du  même  jour,  de  Gœhausen  à  Hager  F.  1,3894 
ad  3565)  était  tout  entier  consacré  à  l'arrivée  imminente  du  prince  Adam 
Czartoryski  et  à  l'espoir  que  les  Polonais  fondaient  sur  lui. 

2.  Le  deuxième  article  secret  des  traités  de  Paris  du  30  mai  1814. 

3.  Ministre  plénipotentiaire  ad  intérim  à  Vienne  jusqu'à  l'arrivée  de  lord 
Charles  Stewart. 


148  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

et  il  semble  que  les  deux  pays  ont  fait  revivre  leurs  anciens 
traités  (1). 

C'est  à  Berlin  qu'on  a  élaboré<le  projet  de  la  Constitution 
future  de  l'Allemagne  qu'Hardenberg  a  remis  à  Metternich 
qui  l'a  médiocrement  goûté.  On  raconte  qu'il  aurait  passé  ce 
très  gros  projet  aux  conseillers  de  la  Chancellerie  d'Etat  en 
les  invitant  à  lui  faire  connaître  dans  les  vingt-quatre  heures 
ce  qu'ils  en  pensent. 

On  regrette  vivement  que  dans  des  circonstances  aussi  gra- 
ves il  n'y  ait  plus  à  la  Chancellerie  d'Etat  ni  un  Leykam,  ni 
un  Lehrbach,  ni  un  Deiser  (2). 

On  y  trouve  assurément  des  hommes  connaissant  à  merveille 
la  constitution  et  la  législation  administrative  de  l'Empire  al- 
lemand, mais  il  n'en  est  aucun  qui  se  rende  un  compte  exact 
des  intérêts  de  la  Maison  d'Autriche  dans  une  pareille  con- 
joncture et  qui  soit  en  mesure  de  travailler  conformément  aux 
principes  du  système  qu'on  avait  eu  la  sagesse  d'adopter. 

Le  Sénateur  Dalberg,  le  neveu  de  l'infâme  coadjuteur,  est 
arrivé  ici  avec  Talleyrand.  Le  jeune  Dalberg,  au  fond  bien  dis- 
posé pour  l'Autriche,  a  dû  être  pour  son  oncle  un  informateur 
des  plus  précieux.  Tant  par  lui-même  que  par  son  oncle  qui 
vit  encore,  Dalberg  se  trouve  être  à  peu  près  le  seul  diplomate 
étranger  qui  connaisse  assez  bien  les  relations  et  le  système 
politique  de  la  maison  d'Autriche  et  de  l'Empire  allemand.  Il 
y  a  donc  dans  les  circonstances  présentes,  et  en  raison  même  de 
ce  fait,  tout  intérêt  à  le  gagner.  C'est  un  homme  de  talent 
ayant  des  connaissances  et  un  savoir  assez  étendu.  Mais  il  est 
léger.  En  revanche  il  n'est  pas  méchant  et  pendant  longtemps 
même  il  n'a  nullement  partagé  les  idées  et  les  principes  de  son 
oncle.  Sa  femme  est  la  fille  ou  la  nièce  du  Génois  Brignole(3), 
et  il  y  a  pour  cette  raison  tout  lieu  de  penser  que  ce  dernier  se 
servira  de  Dalberg  pour  chercher  à  assurer  la  réussite  de  ses 
projets. 


1.  En  attendant  il  n'y  avait  entre  la  France  et  l'Espagne  que  le  traité  du 

20  juillet  1814.  JB 

2.  Anciens  conseillers  de  la  Chancellerie  d'Etat.  "WB 

3.  Dalberg  était  le  beau-frère  de  Brignole  et  le  gendre  de  la  dame  d'honneur      ' 
de  Marie-Louise,  puisqu'il  avait  épousé  le  27  février  1808   Marie-Pellegrina- 
Thérèse-Gatherine  de  Brignole  Sale,  fille  du  Marquis  de  Brignole-Sale  et  d'Anne- 
Marie  Gasparde-Vincente  Fieri  comtesse  de  Brignole  et  de  l'Empire.  La  du- 
chesse de  Dalberg  était  la  sœur  du  marquis  Brignole,  qui  fut  ambassadeur  de    •  ' 
Sardaigne  à  Paris,  et  de  la  comtesse  Marescalchi. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       149 

188.  Vienne,  27  septembre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER 

Dalberg  et  son  oncle  le  prince-primat.  La  pension  de  ce  dernier  et  la  lettre 
de  Metternich  à  Gaulaincourt.  Ses  alliances,  ses  parentés  à  Vienne  et  en 
Italie.  Sa  situation  personoelle,  sa  position  par  rapport  à  ïalleyrand.  La 
valeur  politique  du  baron  Pulïendorf.  Les  comtes  Degenfeld  et  Sickingen. 

Voici  ce  que  Dalberg  m'a  dit  :  «  On  nous  a  calomniés,  moi 
et  mon  oncle  (le  prince-primat)  (1)  et  personne   n'a  agi  plus 
loyalement  et  plus  correctement  que  nous  par  rapport  à  l'Al- 
lemagne. Berlin  a  trahi  et  sacrifié  TAllemagne  moyennant  la 
cession  de  Mayence  et  de  la  rive  gauche  du  Rhin  en  échange 
de  Venise  quW  laissait  à  l'Autriche  (2).  Nous  avons  encore  en 
mains  une  lettre  originale  de  la  mi-mars  de  cette  année  dans 
laquelle  Metternich  conjure  Gaulaincourt    de  tout  mettre  en 
œuvre  pour  maintenir  Napoléon  sur  son  trône.  Nous  en  ferons 
usage  à  Vienne  et  nous  obtiendrons  la  pension  qui  est  due 
au  Primat  (3).  La  Bavière  nous  Ta  promis.  » 

Le  duc  de  Dalberg,  dont  le  père  est  le  frère  de  la  comtesse 
von  der  Leyen,  mère  de  la  comtesse  Schœborn-Leyen  (de 
Vienne),  a  par  les  Schoenborn-Leyen  de  Vienne,  par  les  Schoen- 
born-Stadion,  également  de  Vienne  (dont  la  petite  fille  est 
M"'  de  Tascher  à  Paris),  parle  fief  jadis  immédiat  d'Herrens- 
heim  près  de  W^orms  appartenant  à  la  famille  de  Dalberg,  par 
la  seigneurie  de  Bliescastel  (près  de  Trêves)  sur  la  rive  gau- 
che du  Rhin,  appartenant  aux  comtes  von  der  Leyen,  parles 
créatures  que  le  Primat  a  fourrées  dans  les  bureaux  de  l'an- 
cienne chancellerie  d'Empire  et  dans  les  couvents  et  chapitres 
qui  jouissaient  jadis  de  l'immédiateté,  par  les  savants  et  les 

1.  Dalberg  (Charles  prince  de)  (1744-1817).  Entré  dans  les  ordres,  devenu 
en  1772  conseiller  intime  de  l'électeur  de  Mayence,  puis  gouverneur  d'Erfurt, 
coadjuteur  de  rarchovêque  de  Mayence  auquel  il  succéda  en  1802,  nommé 
ensuite  archi-chancelier  de  l'Empire,  il  dut  se  démettre  de  cette  dignité  en 
1806  et  fut  en  compensation  nommé  par  Napoléon  prince-primat  de  la  Con- 
fédération du  Rhin,  prince  souverain  de  Ratisbonne,  grand  duc  de  Fulde  et 
de  Hanau.  Le  prince-primat  avait  été  nommé  prince  souverain  d'Aschaffen- 
burg,  Francfort  et  Wetzlar  par  l'Empereur  au  moment  de  la  formation  de  la 
confédération  du  Rhin. 

2.  Il  s'agit  de  la  dépêche  de  Metternich  à  Gaulaincourt  du  18  mars  1814. 

3.  Le  prince-primat  obtint  en  effet  une  pension  de  100.000  florins.  (Cf.  Acte 
final  du  Congrès.) 


150  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

écrivains  qui  gravitent  presque  tous  autour  du  primat,  par 
les  puissantes  relations  qu^il  a  à  la  cour  de  Berlin,  avec  le  duc 
de  Wurtemberg,  avec  Stein,  avec  toutes  les  Cours  protes- 
tantes, par  ses  alliances  avec  les  familles  Elz,  Pergen  et  même 
Metterniclî,  une  situation  personnelle  si  particulièrement  forte 
qu'il  se  flatte  de  pouvoir  jouer  un  grand  rôle,  d'exercer  une 
influence  considérable  tant  à  la  Cour  de  Vienne  qu'au  Con- 
grès. Si  l'on  se  tourne  du  côté  de  lltalie,  on  voit  que  Dalberg 
y  a  aussi,  par  la  maison  de  Brignole  et  par  Gênes,  une  situa- 
tion à  part.  Dalberg  est  le  premier  espion,  le  premier  agent 
de  Talleyrand,  et  c'est  pour  cela  qu'on  l'a  gratifié  du  titre 
d'A  7nbassadeur  extraordinaire  de  France  au  Congrès  de  Vienne. 

Dalberg  m'a  dit  à  moi-même  :  «  Talleyrand  et  moi,  nous 
sommes  collègues  ;  mais  je  suis  le  subordonné  du  prince  qui, 
en  sa  qualité  de  ministre  des  Affaires  étrangères,  me  donne 
des  instructions  par  écrit,  et  se  prononce  sur  les  rapports  que 
je  lui  fais  ou  lui  remets.  » 

J'ai  cru  utile  et  intéressant  de  vous  exposer  cette  singulière 
situation  de  Talleyrand  et  de  Dalberg,  telle  qu'elle  m'a  été 
décrite  par  ce  dernier. 

Dalberg  a  encore  ajouté  :  «  Nous  attendons  avec  impatience 
Montgelas  (l).Nous  n'aimons  ni  Humboldt,ni  Metternich.Tout 
va  bien  pour  l'Impératrice  Marie-Louise  au  Congrès;  mais  on 
le  doit  uniquement  à  lord  Castlereagh  qui  est  un  homme  froid, 
raisonnant  tranquillement,  réfléchi,  un  homme  tout  à  fait  par- 
fait. »  C'est  ainsi  que  parla  M.  le  duc  de  Dalberg. 

Le  comte  Max  Degenfeld,  qui  a  été  dans  le  temps  Reichs- 
Hofrath  à  Vienne,  dont  la  femme  est  née  Teleki  et  qui  a  pour 
gendre  le  comte  Solms-Laubach,  mari  d'une  Degenfeld,  est 
arrivé  avant-hier  à  Vienne  et  ne  manque  pas  d'aller  l'après-midi 
et  le  soir  chez  Puffendorf  où  se  réunissent  pour  y  préparer  leur 
plans  et  leurs  batteries  tous  les  princes  médiatisés  ainsi  que 
les  membres  secondaires  et  inférieurs  de  l'ancien  Empire  alle- 
mand et  où  l'on  conspire  contre  les  rois  et  souverains  de  la 

1.  Le  comte  de  Montgelas  ne  quitta  pas  Munich  et  n'assista  à  aucune  des 
séances  du  Conjurés. 

Montgelas  (Maximilien-Germain,  baron  de)  (1759-1838),  conseiller  auliqu^ 
de  Bavière,  1799,  ministre  des  Affaires  Etrangères,  puis  des  Finances  et  des 
l'Intérieur,  1806,  fait  comte  en  1810,  en  opposition  avec  le  roi  dont   il  n'ap-J 
prouvait  pas  le  projet  de  donner  une  Constitution  à  la  Bavière,  il  prit  sa  re-« 
traite  en  1817,  mais  il  n'en  devint  pas  moins  Vice-président  des  Chambres 
en  1831. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       151 

ci-devant  Confédération  du  Rhin,  et  contre  les  projets  de  la 
Prusse.  Le  comte  Degenfeld  est  le  bras  droit  et  le  porte-parole 
de  Solms-Laubach.  Toute  cette  coterie  est  aussi  active  que 
nombreuse.  Elle  a  des  espions  dans  toutes  les  cours,  dans  tou- 
tes les  maisons. 

C'est  chez  Puffendorf  qu'on  a  dit  et  qu'on  répète  :  QueTalley- 
rand  ne  se  gêne  pas  pour  déclarer  qu'il  s'efforcera  avant  tout 
de  semer  la  discorde  entre  la  Russie,  l'Autriche  et  la  Prusse. 

Le  comte  Sickingen  (i)  vient  très  fréquemment  chez  le  baron 
Thugut,  où  l'on  disait  hier  :  1"  que  les  rapports  étaient  très 
tendus  et  très  aigus  entre  les  souverains  alliés,  et  que  d'au- 
tre part  les  médiatisés  étaient  de  plus  en  plus  montés  contre 
la  Prusse  et  les  souverains  de  l'ex-confédération  du  Rhin  ; 
2'  qu'on  se  demandait  quel  était  le  but  du  Congrès,  quels 
seraient  les  Etats  qui  auront  le  droit  de  vote,  quel  sera  le 
Mociiis  deliberandi  et  concludendi. 

Tout  est  bien  obscur  et  bien  confus. 


189.  Saint-Pétersbourg,  19  septembre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

WINTZINGERODE   au   ROI    DE    WURTEMBERG 
{intercepta  en  français). 

Cause  du  faux  bruit  de  mobilisation  qu'on  a  fait  courir  à  Saint-Pétersbourg. 
Preuves  des  intentions  pacifiques  d'Alexandre.  Epuisement  des  ressources 
du  recrutement  des  cosaques. 

Hier  on  a  fait  circuler  le  bruit  que  tous  les  généraux  et  offi- 
ciers auraient  reçu  ordre  de  se  rendre  à  leur  poste.  Cette 
nouvelle  est  entièrement  fausse  et  ne  peut  avoir  eu  aucun 
autre  fondement  qu'un  voyage  de  peu  de  jours  que  le  général 
Wittgenstein  se  propose  de  faire  à  Mittau. 

Si  les  dispositions  pacifiques  de  l'Empereur  Alexandre  avaient 
besoin  de  preuves,  on  en  trouverait  de  nouvelles  dans  l'enga- 
gement pris  avec  son  peuple  de  ne  point  lever  de  recrues 
cette  année  et  dans  Tordre  donné  à  tous  les  Cosaques  de  ren- 
trer dans  leurs  foyers  où  ils  sont  déjà  en  grande  partie  arrivés. 
On  m'assure  qu'ils  ont  beaucoup  perdu  et  ne  pourront  de  long- 
temps renouveler  l'effort  qu'ils  viennent  de  faire.  Leurs  peu- 

1.  Chambellan,  ami  intime  et  confiienl  de  l'Empereur  François. 


1S2  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

plades  sont  moins  nombreuses  qu'on  ne  le  croit  et  les  derniers 
renforts  qu'elles  envoyèrent  pendant  la  dernière  guerre  n'étaient 
composés  que  des  pères  de  ceux  qui  j  étaient  déjà. 


190.  Vienne,  28  septembre    F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

Sa  connaissance  avec  Anstett.  Ses  sentiments  autrefois  et  aujourd'hui.  La 
question  de  Pologne.  Le  cei'cle  de  TarnopoL  Son  antipathie  pour  les  Russes 
et  la  Russie.  Ses  rapports  avec  Alexandre  Son  jugement  sur  Nesselrode. 
Les  sentiments  et  les  déceptions  d'Anstett.  Gomment  on  poui-rait  en  tirer 
parti. 

Nous  avons  souvent  de  longues  conversations  confidentielles 
et  intimes  sur  la  situation  politique.  J'avais  naguère  trouvé 
dans  Anstett  un  ennemi  déclaré  de  Napoléon  et  un  chaud  par- 
tisan et  ami  de  la  Maison  d'Autriche.  Il  me  fit  lire  plus  d'une 
fois  les  rapports  qu'il  rédigeait  dans  ce  sens  et  le  revirement 
apparent  de  la  politique  russe  ainsi  que  l'entrevue  d'Erfurt  le 
plongèrent  dans  un  profond  chagrin.  Depuis  le  moment  où  il 
partit  de  Vienne  en  1809  à  l'approche  des  Français,  je  ne  le 
revis  plus  qu'au  mois  de  juillet  de  cette  année,  lorsque,  lors 
de  mon  retour  d'Angleterre,  il  me  fit  plusieurs  visites.  Je  ne 
tardai  pas  à  remarquer  qu'il  avait  complètement  changé  d'idées 
et  d'opinions.  Il  me  dit  qu'il  se  rendait  à  Kock  (1),  pour  y  voir 
sa  femme  et  s'acquitter  d'une  mission  de  son  Empereur  à 
Varsovie.  Il  ne  me  cacha  pas  que  le  rétablissement  du  royaume 
de  Pologne  sous  la  domination  de  la  Russie  ne  faisait  plus 
l'ombre  d'un  doute.  «  Ce  sera  là,  me  dit-il,  la  première  propo- 
sition que  nous  ferons  au  Congrès.  Si,  de  votre  côté,  on  refuse 
de  l'accepter,  nous  ferons  nos  paquets  et  le  Congrès  aura 
vécu.  » 

Depuis  son  retour  à  Vienne,  je  le  vois  plusieurs  fois  tous 
les  jours.  Il  me  témoigne  beaucoup  de  confiance  et  me  parle 
volontiers  de  ses  affaires.  Pour  ce  qui  est  de  la  Pologne,  il  me 
donna  à  entendre  que  son  Empereur  n'avait  en  rien  modifié 
ses  idées.  Il  n'avait  pas  été  à  Varsovie,  uniquement  parce 
qu'on  avait  pris  le  parti  d'endormir  notre  Cour  et  de  lui  don- 

1.  Pi'opriété  appartenant  à  Anstett. 


BES   PRÉLIMINAIRES    ET   LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       153 

ner  le  change.  En  revanche,  il  avait  été  à  Pulawy  (1),  ce  qu'il 
savait  déjà  lors  de  son  passage  ici,  mais  dont  il  ne  parla  pas, 
afin  d'éviter  de  provoquer  ici  des  inquiétudes  prématurées.  Il 
ne  me  dissimula  pas  les  velléités  belliqueuses  de  son  Empe- 
reur tout  disposé  à  partir  de  suite  en  guerre  et  la  peine  qu'on 
avait  eu  à  le  retenir.  Hier  encore,  il  me  disait  combien  il  dé- 
plorait le  rétablissement  projeté  de  la  Pologne  sous  le  sceptre 
russe  et  reconnut  l'impossibilité  pour  notre  Cour  de  tolérer 
un  voisinage  aussi  dangereux.  «  Que  voulez-vous,  ajouta-t-il, 
nous  vous  tenons  déjà  par  la  gorge,  grâce  à  la  prise  de  pos- 
session du  cercle  de  Tarnopol.  » 

«  C'est  précisément  pour  cette  raison,  répondis-je,  que  la 
Russie  devrait  nous  restituer  ce  territoire  que  Napoléon  nous 
a  arraché  par  la  violence  et  dont  nous  avons  absolument  be- 
soin. » 

—  «  En  aucun  cas,  répliqua-t-il,  et  quoi  qu'il  arrive,  nous 
ne  vous  en  rendrons  jamais  le  plus  petit  village.  La  posses- 
sion de  ce  territoire  est  trop  importante  pour  nous.  De  là,  nous 
pouvons  être  en  dix-huit  heures  à  Lemberg.  » 

Nous  parlâmes  ensuite  de  la  possibilité  d'une  invasion  russe, 
et  il  affirma  à  ce  propos  à  ma  femme  qui  assistait  à  notre  en- 
tretien que  les  troupes  russes  se  conduiraient  incomparable- 
ment mieux  que  les  Français.  Tel  est  le  langage  hostile  qu'il 
ne  cesse  de  tenir  en  me  parlant  avec  la  plus  grande  confiance 
et  dans  la  plus  stricte  intimité. 

Pour  ce  qui  est  de  ses  sentiments  personnels,  il  ne  fait  pas 
un  mystère  de  son  antipathie  pour  la  Russie  et  le  peuple  russe. 
Pour  rien  au  monde,  il  ne  voudrait  vivre  en  Russie.  Il  m^a 
avoué  que,  tant  que  la  guerre  a  duré  et  tant  que  l'Empereur 
a  été  dans  l'embarras  et  aux  prises  avec  de  sérieuses  difficul- 
tés, il  avait  joui  d'une  faveur  toute  particulière,  mais  que  de- 
puis que  tout  marche  mieux,  on  était  singulièrement  moins 
chaud  envers  lui.  L'Empereur,  malgré  cela,  continuait  à  lui 
donner  des  ordres  directs,  des  instructions  confidentielles  et 
des  témoignages  assez  fréquents  de  sa  confiance  et  de  son  ami- 
tié. Il  a  été,  me  dit-il  encore,  très  flatté  de  voir  dimanche 
dernier,  Alexandre,  lorsqu'il  passa  par  ses  antichambres,  ve- 
nir droit  à  lui  et  lui  parler  à  lui  le  premier.  11  me  raconta  que 
TEmpereur  s'était  arrêté  pendant  plusieurs  heures,  chez  lui, 

1.  Terre  et  château  appartenant  à  Czartoryski. 


154  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

à  Kock,  qu'il  avait  fait  appeler,  sans  pouvoir  toutefois  l'at- 
tendre, sa  femme  qui  se  trouvait  à  Terespol  pour  raison  de 
santé,  qu'Alexandre  avait  plaisanté  avec  lui  et  lui  avait  même 
tapé  sur  le  ventre.  Il  ajouta,  non  sans  un  certain  orgueil,  que 
le  lendemain,  1  Empereur  lui  avait  fait  dire  qu'il  comptait  le 
voir  auprès  de  lui  au  moment  où  il  présenterait  sa  suite,  dont 
il  le  considérait  comme  un  des  membres. 

Mais  aujourd'hui,  lorsqu'il  rentra  à  midi,  il  me  dit  que  ses 
rapports  avec  l'Empereur  étaient  tendus,  mais  que  c'était  lui 
qui  boudait  parce  qu'il  voulait  montrer  à  Alexandre  qu'il 
n'était  pas  homme  à  se  laisser  marcher  sur  les  pieds.  «  Mais, 
ajouta- t-il,  ce  sont  là  des  nuages  qui  passent,  et  tout  cela 
change  d'un  jour  à  l'autre.  » 

Dès  son  arrivée,  il  me  laissa  voir  qu'il  était  loin  d'approu- 
ver la  nomination  de  Nesselrode  comme  représentant  de  la 
Russie  au  Congrès.  Il  m'en  parla  dans  des  termes  très  carac- 
téristiques, fait  peu  de  cas  de  lui,  le  tient  pour  un  homme  sans 
intelligence,  sans  esprit,  sans  instruction,  mais  profondément 
rusé  et  très  habile  en  tout  ce  qui  le  touche  personnellement. 
Il  m'a  dit  que  quant  à  lui  il  était  bien  décidé  à  ne  rien  faire 
au  Congrès,  à  laisser  ce  pauvre  hère  se  tirer  d'affaire  à  lui 
tout  seul  ;  puis,  que  lorsqu'il  serait  tout  à  fait  embourbé,  il 
sortirait,  lui,  un  nouveau  projet  grâce  auquel  il  espérait  con- 
cilier tous  les  intérêts  et  qui  serait  certainement  fort  du  goût 
de  notre  Cour.  Mais  depuis  lors  il  m'a  dit,  sans  plus  tenir 
compte  de  ses  résolutions,  qu'il  avait  déjà  pris  part  aux  tra- 
vaux du  Congrès  et  préparé  bien  des  choses.  Sa  bouderie  avec 
l'Empereur  est  probablement  la  conséquence  de  sa  jalousie  à 
cause  de  Nesselrode. 

Me  parlant  de  notre  Cour,  il  m'a  dit  qu'il  savait  bien  que 
notre  Empereur  le  haïssait  et  que  Metternich  le  redoutait.  Il  ^ 
m'a  raconté  que  Metternich  avait  évidemment  voulu  le  tenter 
lorsque  en  juillet  dernier,  lors  de  son  passage  ici,  il  lui  fit  of-  j 
frir  la  croix  de  commandeur  de  l'Ordre  de  Léopold.  «  Si,  me 
dit-il,  je  l'avais  acceptée  à  ce  moment,  j'aurais  à  tout  jamais 
perdu  la  confiance  de  mon  Empereur  qui  m'aurait  soupçonné 
de  m'être  vendu  à  TAutriche.  »  C'était  là  ce  que  voulait  votre 
Cour  désireuse  de  m'éloigner  des  affaires  et  de  ruiner  mon  in- 
fluence. Je  m'aperçus  du  piège  qu'on  me  tendait  et  refusai  cette 
distinction  que  j'aurais  acceptée  un  peu  plus  tôt  à  Paris  et  que 
je  saurai  encore  apprécier  plus  tard  après  la  fin  du  Congrès. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET   LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       155 

11  se  plaignit  de  ce  qu'à  l'exception  d'une  tabatière  valant 
une  centaine  de  ducats,  notre  Cour  ne  lui  avait  fait  aucun  pré- 
sent après  la  démarcation  de  Tarnopol(l)  et  que  notre  Empe- 
reur, qui  ne  lui  avait  jamais  adressé  un  seul  mot,  ne  l'avait 
jamais  honoré  même  d'un  regard.  Il  avait  cependant,  lors  de 
ces  opérations,  rendu  plus  de  services  à  notre  Cour  qu'à  la 
sienne  qui  sans  lui  aurait  pris  57.000  âmes  de  plus.  On  l'avait 
iortement  attaqué  à  ce  propos  et  il  avait  eu  grande  peine  à  se 
justifier.  J'ai  tout  lieu  de  croire  que  ces  faits  ont  puissamment 
contribué  au  revirement  que  j'ai  remarqué  dans  ses  idées  et 

>  sentiments.  Je  crois  qu'il  serait  fort  possible  de  s'attacher 

î  homme,  non  pas  à  prix  d'argent,  non  pas  en  le  corrom- 
pant bien  que  sa  propriété  de  Kock  lui  cause  de  gros  embar- 
ras financiers.  Il  est  trop  fier,  trop  fin,  trop  avisé  pour  se  lais- 
ser acheter  ;  mais  son  côté  faible  est  la  vanité.  Il  veut  être 
llatté,  adulé,  honoré.  Quelques  mots  gracieux  de  notre  Empe- 
reur, quelques  attentions  particulières  du  Ministre  ne  man- 
({ueraient  pas  le  but.  Il  n'aime  ni  la  Russie,  ni  la  guerre,  ni  le 
service  de  l'Etat.  Il  n'aspire  qu'au  repos  et  désire  jouir  de  la 
vie. 

Me  conformant  aux  instructions  qui  m'ont  été  données,  je 
considère  comme  un  devoir  sacré  de  patriote  et  de  citoyen 
d'observer  de  près  ses  faits  et  gestes  et  d'en  rendre  exacte- 
ment compte,  mais  avec  un  homme  aussi  fin  que  lui,  il  me 
faut  être  extrêmement  circonspect  et  me  garder  de  toute  im- 
portunité,  de  toute  curiosité  un  peu  trop  pressante.  Il  n'est 
pas  facile  de  le  faire  parler.  Mais  il  aime  au  contraire  beaucoup 
s'épancher.  Il  me  serait  plus  facile  de  lui  insinuer  quelque  idée 
que  de  vouloir  lui  donner  une  commission,  quelle  qu'elle  pût 
être. 


191.  Vienne,  30  septembre  1814. 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (F.  1.3894  ad  3565 


Renseignements  sur  la  suite  d'Alexandre  I".  Ouvaroff. 
Kisseleff.  Tchernitcheff.  Ojarowski. 

1.  Négociations  relatives  à  la  délimitation  de  la  Galicie  en  1810.  Cf.  Mar- 
TENs,  Recueil,  etc.,  III.  Pages  37  et  suivantes. 


156  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Ouvaroff(l)  est  le  véritable  homme  d'affaires  d^ Alexandre. 
Kisseleff  (2)  est  un  de  ses  aides  de  camp.  Le  général  Tchernit- 
cheff  a  été  de  la  part  de  son  maître  chez  la  Princesse  Bagra- 
tion  (3),  la  duchesse  de  Sagan  (4),  la  princesse  Trauttmans- 
dorff  (5)  et  chez  le  comte  Stackelberg.  On  cherchera  à  savoir 
ce  qu'il  y  avait  dans  les  lettres  qu'il  a  rapportées  et  dans  celle 
qu'il  a  remises  ou  fait  remettre. 

Ojarow^ski  (6),  aide  de  camp  général,  fréquente  assidûment 
chez  la  princesse  Bagration  dont  il  serait  le  parent. 


192.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Autre  son  de  cloche  sur  la  Pologne.  Bruit  de  rappel  du  grand-duc  Constan- 
tin.Les  officiers  prussiens  mécontents  des  Russes.  L'entourage  de  Harden- 
berg.Zerboni  di  Sposetti.  La  Prusse  aura  la  Saxe  et  les  provinces  du  Rhin. 
Kleist  et  Gneisenau. 

D'après  une  autre  note  basée,  sur  des  renseignements  don- 
nés par  Serracapriola,  Alexandre  se  relâcherait  sensiblement 
sur  la  question  du  rétablissement  de  la  Pologne  et  se  borne- 
rait à  exiger  une  bonne  frontière  militaire.  Il  aurait  rappelé  le 
grand-duc  Constantin  (7)  en  route  pour  Varsovie  où  il  devait 
former  et  inspecter  les  nouveaux  régiments  polonais. 

J'ai  vu  plusieurs  Prussiens,  entre  autres  les  aides  de  camp 
du  roi,  celui  du  prince  Guillaume  (8),  le    lieutenant -colonel 

1.  Ouvarofî  (Fédor  Petrovitch)  général  russe  né  en  1769,  mort  en  1824,  prit 
part  à  la  conspiration  qui  coûta  la  vie  au  tsar  Paul  I"  et  se  distingua  dans  les 
campagnes  contre  la  France  en  1805  et  en  1814  et  contre  la  Turquie.  C'est  lui 
que  la  baronne  du  Montet  appelle  dans  ses  souvenirs  «  cet  étrangleur  d'Empe- 
reur »  mais  en  réalité  ce  surnom  avait  été  donné  à  Ouvarofî  par  le  prince  de 
Ligne.  Cf.  annexe  XVIL 

2.  Kisselefî,  aide  de  camp  d'Alexandre  I",  à  ce  moment  capitaine. 

3.  Princesse  Bagration.  Cf.  annexe  X. 
4  Duchesse  de  Sagan.  Cf.  annexe  XL 

5.  La  femme  du  grand  maitre  de   la  cour  d'Autriche,  née  princesse  Car 
Une  CoUoredo. 

6.  Beau-frère  de  la  princesse  Bagration,  dont  il  avait  épousé  la  sœur. 

7.  Le  grand-duc  Constantin  arriva  à  Vienne  le  9  octobre  au  matin. 

8.  Guillaume  de  Prusse,  le  quatrième  fils  de  Frédéric-Guillaume  II,  prit  tti 
part  active  aux  campagnes  de  1806,  1813,  1814  et  devint  en  1831  gouverneur 
des  provinces  rhénanes. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      157 

Rûhle  (1),  de  l'état-major,  attaché  au  chancelier  et  servant  d'in- 
termédiaire entre  lui,  Stein  et  Gneisenau,  le  colonel  L...  et 
autres.  Tous  affectent  de  désirer  la  bonne  intelligence  entre 
les  deux  cours.  Ils  sont  mécontents  des  Russes  et  se  plaignent 
de  Tarrogance  de  l'entourage  d'Alexandre. 

Le  chancelier  (Hardenberg)  est  mal  entouré.  Zsrboni  di  Spo- 
setti  (2)  est  un  des  coryphées  de  l'ordre,  mais  je  crois  que  ce 
sont  des  gens  qu'on  peut  avoir  pour  soi  quand  on  le  veut 
sérieusement. 

Les  Prussiens  regardent  pour  sûr  qu'ils  auront  la  Saxe  et 
qu'ils  garderont  les  provinces  ultra-rhénanes  auxquelles  ils 
attachent  cependant  moins  de  prix  à  cause  de  leur  éloignement. 
Le  général  Kleist  (3),  commandant  l'armée  du  Rhin,  deviendrait 
gouverneur  de  la  Saxe  et  serait  remplacé  par  Gneisenau  (4). 
Gela  semble  probable,  ce  dernier  ayant  toujours  eu  des  rap- 
ports très  suivis  avec  l'Angleterre. 


193.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER. 

.a  constitution  future  de  l'Allemagne.  L'opposition  des  ministres  et  des 
Etats  Secondaires.  Les  groupes  d'opposition.  La  note  du  comte  de  West- 
phalen. 

On  est  encore  loin  de  s'être  mis  d'accord  sur  les  projets  de 
jonstitution  de  l'Allemagne.  Les  grandes  puissances,  et  sur- 

1.  Ne  serait-ce  pas  plutôt  le  lieutenant-colonel   von  Thiele  de  la  suite  du 
oi. 

2.  Zerboni  di  Sposetti,  néà  Breslau  en  1766,  d'origine  italienne,  fit  ses  études 
ihcz  les  Jésuites  et  à  l'université  de  Halle  où  il  suivit  les  cours  de  droit.  Au 

ut  de  sa  carrière,  il  fut  connu  pour  ses  principes   libéraux  et  dénoncé  à 
propos.  Zerboni,  qui  avait  été  exilé  par  ordre  de  Frédéric-Guillaume  II  et 
iUcrmé  à  Glatz  le  17  septembre  1796,  ne  fut  remis  en  liberté  que  par  Frédé- 
ric-Guillaume III.  Conseiller  intime  actuel  pendant  le  Congrès  de    Vienne, 
1  lut  adjoint  comme  Président  supérieur  du  grand  duché  de  Posen  au  prince 
Antoine  Radziwill,  nommé  Statthalter  par  lettres  patentes  de  Frédéric-Guil- 
ine  III  en  date  du  3  mai  1816.  (Cf.  Lipinska.  Le  grand  duché  de  Posen  de 
:■>  à  1830  ) 

3.  Kleist  von  Nollendorf  (Emile-Frédéric,  comte)  (1762-1823)    se  distingua 
urtout  à  Kulm  et  devint  après  la  campagne  de   1815  gouverneur  général  de 

partie  prussienne  de  la  Saxe. 

4.  Gneisenau  (Auguste,  Neidhard,  comte  de)  (1760 -1831)  feld-maréchal  prus- 
en,  le  chef  d'état-major  de  Bliicher. 


138  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

tout  la  Prusse,  ont  proposé  de  diviser  l'Allemagne  en  six  cer- 
cles à  la  tête  de  chacun  desquels  serait  placé  un  directeur  de 
cercle,  organisation  qui  ferait  complètement  disparaître  les 
Maisons  princières  de  moindre  importance.  Ces  maisons  sont 
par  suite  nettement  hostiles  à  un  pareil  projet  et  une  douzaine 
de  députés,  presque  tous  au  courant  de  l'ancienne  organisation, 
se  réunissent  fréquemment  chez  le  conseiller  intime  de  léga- 
tion de  Mecklemburg-Schwerin,  le  comte  von  Dietrich  za 
Erbmannszahl. 

Ils  sont  tous  intimement  convaincus  que  TAllemagne  ne 
peut  exister,  ne  peut  être  forte  et  puissante  que  sous  un  che£ 
unique  et  puissant  qui  ne  saurait  être  autre  que  l'EmpereuB 
d'Autriche  et  qu'on  doit  s'opposer  à  tout  morcellement,  dont 
la  conséquence  forcée  serait  à  brève  échéance  Fabsorption  dea 
petits  Etats  Secondaires  et  des  petites  Maisons  princières  par- 
les plus  puissants  et  les  plus  gros.  Parmi  ces  députés  on 
remarque  le  conseiller  aulique  Martens,  de  Hanovre,  le  syn- 
dic Gries,de  Hambourg,  le  sénateur  Schmidt,  de  Brème,  Lepel, 
de  la  Hesse  électorale,  Schmid  von  Phiseldeck,  de  Brunswick, 
Mutzenbecher  d'Oldenbourg,  Von  Plessen,  de  Mecklembourg- 
Schwerin,  Fischler  von  Treuberg,  de  Saxe-Gobourg,  von 
Schmitz,  de  Leiningen  et  le  conseiller  aulique  Sartorius,  de 
Saxe-Weimar. 

Il  paraît  qu'il  va  se  former  un  autre  groupe  du  même  genre 
auquel  appartiendront  des  députés  d'Etats  plus  conséquents 
et  qui  eux  aussi  ne  veulent  se  rallier  qu'à  la  Maison  Impériale. 
On  désire  même  que  le  père  du  prince  de  Metternich  (1)  prenne 
la  présidence  de  ce  nouveau  groupe  auquel  son  nom  et  cette 
attache  donneraient  un  surcroît  de  prestige. 

C'est  encore  dans  ce  sens  que  le  comte  de  Westphalen  en  sa 
qualité  d'ancien  Burggraff  de  Friedberg  (2),  a,  au  nom  de  qua- 
rante-cinq familles  de  vieille  noblesse,  remis  un  mémoire  (3)daiis 
lequel  il  demandait  le  rétablissement  du  Burggravial  impérial 
du  Rhin  qu'on  a  fait  disparaître  pour  le  jeter  dans  les  mains 
du  grand-duc  de  Hesse. 


1.  Metternich-Winneburg   (François-Joseph-Georges-Charles,    prince   de 
(1746-1818),  père  du  chancelier  d'Autriche. 

2.  Friedberg  in  der  Wetterau. 

3.  Cf.  Kliiber.  Kkten  des  Wiener  Congress,  IV,  40. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       159 

194.  Vienne,  28  septembre  1814  (F.  I.  3894  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER 

L  entente  nécessaire  entre  l'Autriche  et  la  Prusse.  Flardenberg  décidé  à  sou- 
tenir la  politique  autrichienne.  Les  rois  de  Prusse  et  de  Wurtemberg.  Le 
prince  royal  de  Wurtemberg.  Stein.  Anstett.  Le  Roi  de  Danemark. 

Le  Conseiller  intime  de  légation  Jordan  m'a  déclaré  que 
Tunion  intime  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse  était  une  chose 
qui  s'imposait  ;  que  le  prince  de  Hardenberg  était  foncièrement 
dévoué  à  Metternich  et  que  par  conséquent  celui-ci  pouvait 
être  sûr  que  la  Prusse  appuyer'ait  sans  réserve  aucune  toute 
proposition  faite  par  l'Autriche,  surtout  celles  qui  auront  trait 
à  TAllemagne. 

Le  roi  de  Prusse  est  très  satisfait  de  l'accueil  qui  lui  a  été 
fait  par  l'Empereur  et  très  flatté  de  l'assurance  qu'on  a  eu 
l'adresse  de  lui  donner  qu'il  a  fait  sur  le  public  viennois  plus 
d'effet  que  l'Empereur  Alexandre  lui-même. 

Le  roi  de  Wurtemberg  ne  paraît  pas  être  satisfait  de  son 
séjour  ici.  Son  mécontentement  pourrait  bien  être  la  résul- 
tante de  l'état  d'esprit  de  son  entourage  et  en  particulier  de  son 
favori  et  aide  de  camp  général,  le  baron  Dillen  (1).  11  serait  en 
conséquence  utile  de  surveiller  les  faits  et  gestes  de  ce  dernier. 


1.  Suite  du  roi  de  Wurtemberg,  Comte  de  Wintzingerode,  ministre  d'Etat 
et  de  conférence  (habite  près  du  Rothe-Thurm,  maison  Miiller). 

Comte  de  Goerlitz,  grand  écuyer  et  chambellan  (Biirgerspitalin»  1266,5°  cour 
8'  escalier,  1"  étage  à  droite). 

Comte  de  Dillen,  général-lieutenant  (à  la  Burg.  Amalienhof,  au  1"  étage). 

S.  A.  le  prince  de  Hohenlohe,  aide  de  camp  du  roi  (Stock  im  Eisenpiatz, 
n"  92,  maison  Baldausi,  au  2"  étage). 

Comte  de  Sontheihi,  chambellan  (habite  au  même  endroit  que  le  comte  de 
Gœrlitz). 

Général-major  de  Breuning  (à  la  Burg.  Amalienhof,  1"  étage). 

De  Licvreville  chambellan,   (Biirgerspital  1"  cour,  l"'  escalier,   3"  étage  à 

'iche). 

;  )e  Kohlhaas,  Conseiller  de  légation  (à  la  Burg,  bâtiment  principal,  n'  30). 

De  PfeifTer,  secrétaire  intime  de  cabinet   (habite  avec  M.  de  Liêvreville). 

De  Hardegg,  médecin  du  roi  (à  la  Burg,  Chancellerie  impériale,  3»  étage, 

■25). 

>e  Bitzer,  Geheimer-Registrator  (à  la  Burg,  bâtiment  principal  n°  30). 

!'e  Degen,  Hofkammerrath  (à  la  Burg,  bâtiment  principal,  n"  34).  Cf.  Oes- 

reichischer  Beobachter,lô  octobre  1814, 1572  et  Chronik  des  Wiener  Kon- 
sses,  123. 


160  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

On  connaît  les  sentiments, essentiellement  favorables  à  notre 
Cour,  du  prince  royal. 

C'est  la  forme  bien  plus  que  le  fond  qui  chez  le  baron  Stein 
donne  prise  à  la  critique.  Habitué  à  combattre  les  principes  et 
les  idées  révolutionnaires,  il  est  tombé  d'un  extrême  dans  l'autre 
et  ne  parvient  que  petit  à  petit  à  recourir  à  des  procédés  plus 
doux  et  à  se  départir  de  sa  roideur  et  de  son  inflexibilité.  Ses 
intentions  et  ses  visées  sont  parfaites  ;  mais  les  moyens  qu'il 
emploie  pour  arriver  à  son  but  sont  rudes.  On  le  soupçonne, 
l'accuse  même, mais  à  tort, de  jacobinisme  alors  qu'il  n'a  en  réa- 
lité péché  que  par  la  forme.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  ceux 
qui  l'entourent.  Ceux-là  sont  réellement  portés  au  mal  et  ils 
abusent  par  trop  souvent  de  la  vivacité  et  de  l'irritabilité  de 
leur  chef.  Anstett  est  et  reste  ce  qu'il  a  toujours  été. 

Le  roi  de  Danemark  semble  avoir  été  tout  à  fait  séduit  et 
gagné  par  Metternich,  qui  pourra  à  l'avenir  compter  en  toutes 
circonstances  sur  lui,  vu  qu'il  y  a  en  Europe  peu  de  princes 
ayant  autant  de  fermeté  de  caractère  et  autant  de  droiture  que 
le  roi  de  Danemark.  .. 


195.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565).  | 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Effectifs  disponibles  des  Prussiens  et  des  Russes  en  Silésie  et  en  Pologne.  Le 
prince  Antoine  de  Saxe  peu  satisfait  du  résultat  de  ses  visites  chez  Alexandre 
et  chez  le  roi  de  Prusse.  L'esprit  public  en  Prusse  et  les  sympathies  du 
roi. 

Les  Russes  et  les  Prussiens  auraient  en  Silésie  et  à  Varsovie 
230.000  hommes  prêts  à  marcher  sur  Vienne  où  ils  arriveraient 
en  dix-sept  jours,  si  le  Congrès  ne  leur  donnait  pas  satisfac- 
tion. 

Le  prince  Antoine  de  Saxe  est  allé  le  26  avec  sa  femme  (1) 
chez  l'empereur  Alexandre  qui  leur  a  dit  que  pour  conserver 
la  Pologne  il  céderait  la  Saxe  à  la  Prusse,  mais  qu'il  serait 

1.  Prince  Antoine  de  Saxe,  né  le  27  décembre  1755,  marié  d'abord  à  Marie- 
Charlotte,  fille  de  Léopold  II,  morte  en  1782,  puis  en  1787  à  Marie-Thérèse, 
archiduchesse  d'Autriche,  née  le  17  janvier  1767,  sœur  de  l'Empereur  Fran- 
çois 1"  et  de  sa  première  femme. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       IGl 

bien  heureux  de  trouver  un  autre  moyen  d'indemniser  la  Prusse, 
s'il  y  en  avait  un. 

Là-dessus  il  a  congédié  le  prince  Antoine  qui  est  allé  chez 
le  roi  de  Prusse.  Il  a  été  reçu  de  telle  façon  que  malgré  la  dou- 
ceur de  son  caractère  il  n'a  pu  s'empêcher  de  faire  un  éclat  et 
s'est  retiré  immédiatement. 

La  plupart  des  Prussiens  et  des  habitants  des  pays  d'Em- 
pire n'ont  qu'un  seul  désir,  celui  de  voir  l'Allemagne  ne  former, 
au  moins  sous  le  rapport  de  l'armée,  qu'un  seul  tout  afin  d'évi- 
ter ainsi  le  retour  des  catastrophes  par  lesquelles  ils  viennent 
de  passer.  Mais  tout  le  monde  sait  et  reconnaît  que  le  roi  ne 
voit  que  par  les  yeux  de  l'Empereur  de  Russie  et  que  sans  le 
consentement  et  l'approbation  d'Alexandre  on  n'aurait  guère 
de  chances  de  le  décider  à  faire  un  pareil  pas. 


196.  Vienne,  le  29  septembre,  soir  (F.  1.  3894  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  de  Hardenberg  pendant  les  journées  des  28  et  39  septembre. 

Hardenberg  a  travaillé  toute  la  journée  du  28  avec  Stein  et 
a  expédié  le  soir  un  gros  courrier.  Il  a  eu  de  six  à  neuf  heures 
un  entretien  avec  Stein,  Humboldt  et  Knesebeck. 

11  a  travaillé,  le  29,  de  huit  heures  du  matin  à  une  heure 
avec  le  général  Knesebeck  et  le  conseiller  intime  Jordan  et  s'est 
rendu  ensuite  à  la  conférence  tenue  chez  Metternich. 


197.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.3894  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français) 

Sur  La  Harpe.  —  Appréciations  du  prince  de  Ligne  sur  La  Harpe,  sur  les  Suis- 
ses, sur  les  intentions  et  les  appétits  de  la  Prusse,  sur  les  craintes  que  lui 
inspirent  les  visées  de  la  Prusse. 

Au  nombre  des  étrangers  qui  furent  hier  28  chez  le  prince 
le  Ligne  se  trouvaient  Talleyrand,  La  Harpe,  le  duc  de  Wei- 
lar,    Humboldt,    et  plus    de   vingt    autres  personnes.  Voici 
îomment  le  prince  s'exprima  sur  La  Harpe  ; 

T.  I.  11 


162  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

Après  avoir  exposé  comment  il  fit  sa  connaissanee  à  Péters- 
bourg  et  ce  qu'il  avait  dit  alors  à  l'Impératrice,  il  ajouta  : 
«Combien  je  fus  surpris  de  voir  donner  une  mission  à  La  Harpe 
pour  l'Angleterre  et  être  porteur  d'une  lettre  écrite  dans  ces 
derniers  temps  par  l'Empereur  de  Russie  à  un  Suisse, ami  de 
La  Harpe.  A  présent,  La  Harpe  présente  tous  ses  compatriotes 
à  l'Empereur,  les  protège  et  il  sera  bien  difficile  de  se  défaire 
d'eux.  Ils  disent  ouvertement  qu'ils  craignent  l'Autriche,  qu'il 
ne  faut  pas  se  jeter  à  l'Autriche... Et  pourquoi  cela,  ces  mes-* 
sieurs  en  seront-ils  plus  savants  s'ils  ne  portent  plus  le  bon- 
net républicain  ? 

«  Quant  aux  affaires  présentes,  soyons  vrais.  On  ne  sait  rien 
encore  ou  ce  qu'on  sait  de  plus  vrai,  c'est  que  la  Prusse  est 
toujours  de  grand  appétit  et  qu'elle  emploie  même  sa  force 
comme  dans  la  dernière  affaire  de  Namur  (1).  L'Empire  n'aura- 
t-il  qu'un  chef,  ou  bien  verrons-nous  l'Allemagne  partagée  en 
deux  grands  départements  :  Celui  du  midi  et  du  nord? En  pro- 
nonçant ce  dernier,  on  conçoit  d'abord  qu'il  sera  question  du 
roi  de  Prusse.  Le  bon  prince,  il  se  plaçait  à  Teplitz  sur  mon 
lit.  Il  laisse  même  tout  faire  à  ses  ministres  parmi  lesquels  règne 
absolument  l'esprit  de  Frédéric.  >  ' 

Le  rapport  se  termine  par  ces  mots  :  «  Le  prince  de  Ligne, 
comme  il  conste  de  cette  conversation,  craint  beaucoup  les 
menées  de  la  Prusse.  » 


198.  Vienne,  29  septembe  1814  (F.  1.3894  ad  3565). 

Sch...à  HAGER. 

Solms-Laubach  prétend  que  Metternich  et  Hardenberg  se  seraient  mis  d'ac- 
cord sur  les  propositions  à  faire  aux  princes  médiatisés. 

I 

D'après  les  dires  du  comte  de  Solms-Laubach,  Metternich  et 
Hardenberg  seraient  d'accord  sur  les  principaux  points,  mais 
on  aurait  établi  un  projet  relatif  aux  princes  médiatisés  qui 
leur  serait  moins  favorable  que  le  projet  prussien. 


1.  Allusion  à  la  répression  de  la  révolte  des  troupes  saxonnes. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      163 
199.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.3894  ad  356a). 

à  HAGER. 

Il  serait  utile  de  faire  surveiller  le  conseiller  intime  bavarois  Bœhnen,  son 
portrait,  ses  relations.  —  Les  Médiatisés. 

Il  serait  utile  de  faire  surveiller  le  conseiller  secret  bavarois 
Bœhnen  (1),  très  lié  avec  Montgelaset  Wrede  et  très  probable- 
ment l'agent  secret  de  Montgelas.  Bœhnen  est  l'ennemi  person- 
lelduroi  deWurtemberg.G'estun  grand  agitateur  et  tripoteur. 
Il  a  hérité  d'une  grosse  somme  de  la  duchesse  de  Wurtemberg 
I alias  Comtesse  Hohenheim),  dont  sa  femme  est  la  nièce  et  est 
[),rès  intime  avec  la  princesse  Colloredo  Mansfeld. 
I  Le  comte  de  Solms  et  le  comte  Degenfeld  ont  l'air  radieux. 
Js  disent  que  l'affaire  des  médiatisés  va  bien. 


!J200.  Vienne,  29  septembre    1814  (F.  1.3894  ad  3565). 

à  HAGER. 

de  et  Koch.  —  Les  Médiatisés. —  L'Autriche  et  les  nouveaux  souverains 
allemands.  —  Les  différentes  constellations  en  Allemagne.  Les  ambassades 
russes  et  prussiennes. —  Talleyrand,  Dalberg,  Castlereagh,  Salmour,  Saint- 
Marsan.  —  Les  rois  de  Wurtemberg  et  de  Bavière. 

Le  conseiller  de  légation  bavarois   von    Koch  a  été  placé 
uprès  du  Maréchal  Wrede  en  qualité  de  faiseur  et  de  souf- 
reur [sic). 
Les  Médiatisés  s'attachent,  presque  à  l'unanimité, à  l'Autriche 
veulent  grâce  à  sa  protection  briser,  ou  en  tout  cas  relâcher 
liens  qui  les  tiennent  sous  la  coupe  des  nouveaux  souverains, 
eux-ci,  qui  soit  depuis  1805,  soit  depuis  1809,  ont  organisé 
urs  gouvernements,  qui  ont  signé  des  traités  de  paix  et  d'al- 
ance,  ne  veulent  se  laisser  arracher  ni  laissa  imposer  quoi 
ue  ce  soit  autrement  que  de  gré  à  gré.  De  là,  des  luttes,  des 
'oissements:«)  des  grandes  puissances  entre  elles  ;  è)des  puis- 
mces  de  deuxième  et  troisième  ordre,  d'une  part,  contre  les 


Voir  pour  plus  de  détails  le  rapport  sur  Bœhnen  fourni  par  Gœhausen  à 


date  du  3  octobre 


164  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

puissances  prépondérantes,  de  l'autre,  entre  elles  ;  c)  des  Média- 
tisés et  des  tout  petits  gouvernements  contre  les  puissances  de 
deuxième  et  de  troisième  ordre. 

Cela  poséy  et  d'après  les  idées  qu'émettent  les  représentante 
de  ces  différents  princes  quand  ils  sont  entre  eux,  voici  quell( 
est  la  situation  : 

La  Bavière  et  le  Wurtemberg  se  détestent  franchement,  les 
rois  et  les  ministres  et  tout  le  reste.  Il  en  est  de  même  poui 
la  Prusse  et  la  Bavière. 

Le  baron  Linden,  représentant  du  Wurtemberg,  est  person 
nellement  en  assez  bons  termes  avec  Humboldt  qui  lui  fai 
parfois  quelques  confidences.  , 

Bade,  Darmstadt  et  Nassau  se  tiennent  par  la  main.  l| 
baron  Hacke,  le  ministre  de  Bade,  est  assez  bien  renseigné 
1°  parla  Russie,  2°  par  Schœnborn-Stadion,  Kerpen(l),  Kinsk; 
et  autres  parents  qu'il  a  à  Vienne.  Il  est  l'intime  du  comte  d- 
Rechberg  qui  lui  dit  tout  ce  qu'il  sait. 

Les  Missions  prussiennes  ont  de  nombreuses  et  excellente 
sources  d'informations  à  Vienne.  Les  diplomates  russes  e 
prussiens  semblent  être  absolument  d'accord  et  travailler  d 
concert. 

Talleyrand  a  l'air  de  n'employer  Dalberg  que  comme  espio) 
et  comme  secrétaire.  II  paraît  vouloir  tout  régler  avec  Ior< 
Castlereagh. 

Le  comte  Salmour  est  l'inséparable  de  Saint-Marsan,  1 
ministre  de  Sardaigne. 

Le  roi  de  Wurtemberg  était  allé  se  promener  en  voitur 
hier  après-midi  au  moment  de  l'arrivée  du  roi  de  Bavière. 


201.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

HEBENSTREIT  (2)  à  HAGER. 

Le  comte  Charles  de  Rechberg  et  Gotta.   Possibilité  pour  lui  de  tirer  d'ei 
d'utiles   informations, 

1.  Kerpen  (Guillaume,  baron)   (1741-1823),  feldzeugmestre.  Il   avait  et 
dernier  lieu  vice-président  du  conseil   aulique  de  la  Guerre  et  avait 
retraite  en  novembre  1813. 

2.  Hebenstreit,  écrivain. 


,  LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       165 

Le  comte  Charles  de  Rechberg,  arrivé  hier  avec  le  roi  de 
3avière,est  le  frère  du  ministre  de  Bavière,  un  économiste  dis- 
ingué,  l'auteur  d'un  livre  sur  Les  peuples  de  l'Empire  Russe. 
\vant  la  guerre  qui  vient  de  finir,  il  était  un  champion  ardent 
ie  la  cause  de  l'Allemagne  et  animé  des  mêmes  sentiments 
|ue  le  prince  royal  de  Bavière  dont  il  est  le  confident.  Je  me 
Momets  les  meilleurs  résultats  de  sa  présence  ici. 

Le  célèbre  Cotta,  de  Tûbingen,  essayera  pendant  le  Congrès 
l'obtenir  de  l'Autriche  la  reconnaissance  du  droit  de  propriété 
ittéraire.  Il  est  riche  et  a  des  relations  aussi  étendues  que  puis- 
santes. Elles  embrassent  tout  le  monde  des  cours  de  Bavière 
;t  de  Wurtemberg  et  pourront  m'étre  d'une  grande  utilité, 
)ourvu  qu'on  m'autorise  à  accepter  le  poste  de  correspondant 
le  Y Allgemeine  Zeitung,  qu'il  vient  de  m'offrir.  Comme  Cotta 
îompte  rester  six  mois  ici,  j'aurai  ainsi  la  possibilité  de  sur- 
veiller grâce  à  lui  le  Wurtemberg  et  d'être  tenu  au  courant 
le  tout  ce  qui  s'y  passera  d'intéressant. 


|!202.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER. 

lapport  fourni   par  le  professeur  de    français   Méline  (Agent  au  service  de 
Hopfen),sur  le  prince  Régent,  Murât,  Bernadette,  le  roi  de  Bavière. 

«  En  donnant  hier  matin  ma  leçon  à  M.  Hafner,  anglais,  je 
iii  demandai  pourquoi  son  Prince  Régent  ne  venait  pas  à  Vienne 
omme  les  autres  monarques.  Il  me  répondit  que  les  lois  de 
1  Nation  ne  le  permettaient  pas  et  que  d'ailleurs  il  était  bien 
ise  qu'il  ne  fût  pas  ici.  Ensuite  nous  entrâmes  dans  le  dis- 
ours sur  Murât  et  pourquoi  il  ne  venait  pas  à  Vienne.  Il  me 
it  :  «  Oh  !  pour  celui-ci,  son  compte  est  déjà  fait  et  il  n'est 
as  nécessaire  qu'il  se  fasse  voir.  » 

Etant  allé  dans  une  boutique,  j'entrai  en  conversation  avec 
n  maître  d'hôtel  flamand  et  nous  parlâmes  de  bien  des  choses 
t  entre  autres,  je  lui  demandai  s'il  ne  savait  pas  l'arrivée  de 
•ernadotte.  Il  me  répondit  qu'il  ne  venait  plus  et  que  cela  avait 
ausé  bien  de  la  peine  à   ses  anciens  amis.  Je  lui  dis  alors  : 

Est-ce  qu'il  en  a  encore  à  Vienne,  des  amis  ?»  Il  me  répon- 
it  :  «Oh!  oui,  l'autre  jour,  à  la  même  table  où  nous  sommes, 


166  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

il  y  avait  quatre  Français  qui  en  parlaient  avec  bien  d'atten- 
tion, ne  sachant  pas  que  je  parlais  le  français  comme  eux,  et 
ils  s'en  contaient  de  grandes  choses,  ce  qui  me  fît  croire  que 
c'étaient  encore  des  amis  de  Bernadotte.  Je  ne  leur  dis  rien, 
car  je  ne  veux  faire  de  mal  à  personne.  » 

Je  lui  demandai  s'il  ne  les  connaissait  pas  et  il  me  répondit 
que  non. 

Me  trouvant  hier  au  soir  en  compagnie  de  personnages  de 
distinction,  je  fis  tomber  le  discours  sur  le  roi  de  Bavière,  et 
un  d'entre  eux  me  dit  qu'il  avait  l'air  d'un  boucher. 
En  note  de  la  main  de  Hager. 

Prière  de  tâcher  de  trouver  ces  Français  et  de  faire  leur  connaissance. 


203.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565)  (1). 

Anonyme  à  la  PRINCESSE    JABLONOWSKA  fà  Paris)  sous  le 

couvert  rlu  GÉNÉRAL   POZZO    DI   BORGO 

(intercepta  en  français). 

Quel  sera  le  sort  de  la  Pologne?...  En   route  pour  Varsovie,  la  correspon-| 
dante  s'est  arrêtée  à  Munich  et  y  a  vu  le  prince  Eugène. 

1.  Bien  que  cette  lettre,  interceptée  par  la  Potizei  Hofstelle,  n'ait  été  en-i 
voyée  à  l'Empereur  que  dans  le  bordereau  du  8  ou  du  9  octobre,  j'ai  cru  devoir 
la  publier  ici  et  la  placer  parmi  les  pièces  de  même  date. 

La  princesse  Jablonowska,à  laquelle  cette  lettre  est  adressée,  est  plus  que 
probablement  celle  dont  Pozzo  di  Borgo  parle  dans  sa  dépêche  n"  66  de  Paris 
7/19  janvier  1816  à  Nesselrode  à  propos  de  la  «  réunion  des  Anglais  révolu- 
tionnaires à  Paris  »  et  dont  le  chef  était  le  général  Sir  Robert  Wilson,  Tan- 
cien  attaché  militaire  au  quartier  général  russe  en  1S12  et  qui  fut  condamné 
à  trois  mois  de  prison  pour  avoir  aidé  à  l'évasion  de  La  Valette.  «  Un  géné- 
ral Sierakowski,  lithuanien  qui  a  servi  Bonaparte,  écrit  à  ce  propos  Pozzo  d; 
Borgo  à  Nesselrode,  et  qui  suivait  maintenant  une  princesse  Jablonowska 
surannée,  tenant  réunion  de  gens  suspects  à  Paris,  a  été  également  arrêté 
comme  complice  du  général  Wilson,  du  capitaine  Hutchinson  et  de  Miche 
Bruce.  » 

Il  s'agirait  dans  ce  cas  ici  de  la  princesse  Jablonowska,née  Walewska,  mariéf 
en  1793  au  prince  Stanislas-Paul  Jablonowski,  issu  du  premier  mariage  di 
prince  Antoine  (1732-1799)  avec  la  comtesse  Tecla  Gzaplic  (Cf.  Gallavresi 
Cartegio  Confalonieri,  tome  1,  notes  275  et  311).  On  n'a  du  reste  que  l'em 
barras  du  choix  puisqu'en  dehors  de  la  princesse  Jablonowska,  née  Szepticki 
on  trouve  encore  la  princesse  Caroline,  née  Woyna  (1786-1840),  femme  di 
prince  Louis  qui  quelques  mois  plus  tard  en  mai  1815  allait  réprésenterl'Au 
triche  à  Vienne,  mais  qui  ne  devait  pas  être  à  ce  moment  à  Paris,  ou  bien  en 
core  la  princesse  Thérèse,  née  Lubomirska  (1790  1845)  mariée  depuis  ma 
1811  au  prince  Maximilien  (1785-1856)  conseiller  aulique  au  service  de  Rus 
sie,  grand  Maître  de  la  Cour  de  Pologne  et  membre  du  Conseil  d'Etat  d< 
Pologne. 


'M.I 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       167 

Tous  les  souverains  sont  déjà  assemblés  ici  et  décident  des 
destinées  des  Etats.  Quelle  sera  celle  de  la  Pologne  ?  C'est 
ce  que  tout  le  monde  ignore  et  dont  on  ne  sera  instruit  qu'au 
dénouement  de  ce  qui  est  en  cours.  J'ai  eu  occasion  de  voir 
des  personnes  qui  savent  à  peu  près  tout  ce  qui  se  passe.  Il 
paraît  qu'on  en  parle  plus  qu'on  ne  le  désire. 

De  toutes  mes  faibles  combinaisons,  je  n'ai  que  le  désagré- 
ment d'en  douter  plus  jamais.  Si  cette  lettre  vous  parvient  sans 
être  ouverte,  je  vous  en  écrirai  plus  détaillé  de  Varsovie  dont 
je  prends  la  route  aujourd  hui.  Je  n'ose  confier  à  celle-ci  même 
quelques  petites  choses  intéressantes,  qui,  toutes  insignifiantes 
et  innocentes  qu'elles  sont,  pourraient  peut-être  vous  nuire. 

Je  me  suis  arrêtée  trois  jours  à  Munich  pendant  lesquels  le 
prince  Eugène  est  venu  me  voir.  C'est  uniquement  pour  lui 
que  je  m'y  suis  arrêtée.  Il  m'a  donné  un  souvenir  précieux  et 
charmant. 

Je  m'y  suis  trouvée  à  un  bal  masqué  que  le  roi  de  Bavière 
donnait  à  l'Impératrice  de  Russie.  J'ai  vu  tous  ces  souverains 
et  princes  de  très  près  sans  être  vue  d'eux. 


203.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3395.  ad  3565). 

HAGER  à    L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier. 


204.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3395  ad  3565). 

Nota  à  HAGER. 

Rapports  sur  la  Haute  Société.  Schwarzenberg.  Pozzo  di  Borgo.  Radziwill 
Alexandre  I"  et  la  princesse  Léopoldine  Liechtenstein. 

Il  enregistre  l'indisposition  subite  de  Schwarzenberg  et  l'ar- 
rivée prochaine  de  Pozzo  di  Borgo  (1).  On  attend  aussi  sous  peu 
r  le  prince  Radziwill  (2)  marié  à  une  princesse  de  Prusse  et  devenu , 

1.  Pozzo  di  Borgo,  ambassadeur  de  Russie  à  Paris,  appelé  à  Vienne  par 
l'Empereur  Alexandre,  ne  quitta  Paris  que  le  5  octobre. 

2.  Radziwill  (Antoine-Henri  prince  d'Olyka,  duc  deNiesvicz,comte  de  Mir) 
(1775-1839)  avait  épousé  Frédérique-Dorothée-Louise-Philippine,  fille  unique 
du  prince  Ferdinand  de  Prusse.  Il  fut  en  1815  lieutenant  du  roi  (Statthalter) 
dans  le  duché  de  Posen.Ses  deux  fils  Guillaume  et  Boguslaw  épousèrent  deux 
sœurs  Mathilde  et  Léontine  Clary. 


168  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

grâce  à  Gzartoryski,  le  partisan  de  la  résurrection  de  la  Pologne. 
La  princesse  Léopoldine  Liechtenstein  est  de  toutes  les  dames 
de  la  société  qu'il  a  vues  jusqu'ici  celle  qui  plaît  le  plus  à 
Alexandre.  On  dit  à  ce  propos  qu'il  se  montre  bien  russe,  car 
il  aime  les  femmes  à  la  glace. 


205.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  1395  ad  3)65). 

GŒHAUSEN  à  HAGER  (Analyse  du  rapport). 

Visites  d'Alexandre  et  du  roi  de  Prusse  à  Schwarzenberg.  Wrede  et  Mont- 
gelas.  On  va  placer  des  agents  chez  Wrede. 

Bon  effet  produit  par  la  visite  rendue  par  Alexandre  et  le 
roi  de  Prusse  au  feld-maréchal  prince  de  Schwarzenberg. 

Le  prince  de  Wrede  est  toujours  encore  très  souffrant  des 
suites  de  la  blessure  qu'il  a  reçue  à  Hanau. 

Montgelas  (1)  n'est  pas  encore  arrivé. 

Gœhausen  s'occupe  de  placer  un  homme  de  confiance  auprès 
de  Wrede,  comme  auprès  du  vice-roi  d'Italie. 


208.  Vienne,  30  septembre  1814    F.  1.  3395  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER. 

Visites  faites  par  le  roi  de  Bavière.  Alexandre  chez  Schwarzenberg. 

Le  roi  de  Bavière  a  fait  dans  la  matinée  des  visites  d'éti- 
quette en  ville.  La  reine,  un  peu  souffrante  après  le  grand  gala, 
n'a  pas  assisté  au  feu  d'artifice. 

Schv^arzenberg,  arrivé  avant-hier  dans  la  nuit,  a  fait  deman- 
der à  l'Empereur  Alexandre  une  audience  qui  a  été  fixée  à 
midi.  Mais  Alexandre  lui  a  fait  la  surprise  d'aller  le  voir  à 
dix  heures.  Rentré  chez  lui,  Alexandre  a  donné  audience  ai 
Nonce  et  à  quelques  Russes.  Sauf  cela,  rien  de  particulier. 


1.  Montgelas  (comte  de)  1759-1838)  issu  d'une  famille  de  la  Savoie,  né  k^ 
Munich,  pinncipal  ministre  de  Maximilien-Joseph,  surnommé  le  PomiaZ  jbara-^ 
rois.  On  sait  qu'il  ne  vint  pas  à  Vienne.  | 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       IGO 

207.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3395  ad  3365). 

e  e  à  IIAGER. 

Les  craintes  des  missions  de  Wurtemberg,  de  Bade  et  de  Bavière.  La  chute 
du  roi  de  Saxe  paraît  décidée.  Un  mot  de  Thujçut.  Appréciations  sur  les 
conséquences  des  agrandissements  supposés  de  l'Autriche.  Le  projet  prus- 
sien de  constitution  allemande. 

Les  légations  de  Wurtemberg,  de  Bade  et  de  Bavière  au 
Congrès  semblent  consternées  par  le  bruit  qui  court  et  aux 
termes  duquel  l'Autriche  recevrait  des  territoires  sur  le  Haut- 
Rhin  et  par  cela  même  la  direction  du  cercle  du  Haut-Rhin. 
Les  diplomates  disent  :  «  Fort  bien  ;  mais  alors,  où  trouverons 
les  territoires  qui  nous  indemniseront  des  dépenses  que  nous 
a  causées  la  guerre,  une  compensation  à  la  perte  de  Montbé- 
liard  que  le  traité  de  Paris  nous  a  forcés  à  céder  à  la  France  ?  » 
Et  ils  ajoutent  :  «  L'Autriche,  par  la  possession  de  territoires 
sur  le  Haut-Rhin  et  en  sa  qualité  de  directeur  du  cercle  du 
Haut-Rhin,  va  exercer  une  influence  énorme  sur  la  Suisse,  la 
Souabe  et  la  Bavière.  » 

Le  comte  Louis  Schônfeld  (1)  m*a  dit  hier  :  «  H  faut  aban- 
donner tout  espoir  de  voir  l'ancienne  dynastie  conserver  la 
Saxe.  » 

Le  baron  Stein  a  dit  à  beaucoup  de  gens  :  «  La  Saxe  va 
avoir  de  nouveaux  maîtres.  La  Prusse  se  propose  du  reste 
de  partager  l'Allemagne  en  sept  cercles.  C'est  donc  la  fin  de 
la  dynastie  saxonne.  Il  faut,  pour  indemniser  la  Russie  des 
frais  de  la  guerre,  qu'on  lui  cède  la  Pologne  prussienne,  et  la 
Prusse  ne  peut  recevoir  d'autre  indemnité  que  la  Saxe.  Le  sort 
de  la  Saxe  est  donc  décidé.  » 

Le  baron  Thugut  a  dit  de  son  côté  :  «  C'est  le  premier  par- 
tage de  l'Allemagne,  le  second  suivra  dans  deux  ans  et  il  n'en 
sera  que  mieux.  » 

On  dit  encore,  à  propos  des  agrandissements  de  l'Autriche 
sur  le  Haut-Rhin  qu'on  lui  accordera  Bâle,  Constance,  Stockach, 
le  Brisgau,  etc.,  etc.,  pour  compenser  la  cession  qu'elle  fait 
des  anciennes  légations  pontificales  au  roi  d'Etrurie. 

Le  baron  Puffendorf,  chez  lequel  les  Médiatisés  tiennent  leurs 

1.  Ancien  ministre  de  Saxe  à  Vienne. 


170  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

assises,  et  le  comte  Maurice  Degenfeld  sont  des  partisans  avé- 
rés du  projet  de  la  Prusse.  Tous  les  protestants  se  réjouissent 
de  voir  T Autriche  et  la  Prusse  se  partager  la  suprématie  en 
Allemagne  et  la  direction  de  la  Confédération  germanique  de 
telle  façon  que  le  Hanovre  contrebalancera  la  prépondérance 
prussienne  dans  le  Nord  comme  la  Bavière  le  fera  pour  TAu- 
triche  dans  le  Sud  de  l'Allemagne.  Mais  le  Wurtemberg,  Bade 
et  Hesse-Cassel  sont  nettement  hostiles  à  ce  plan,  parce  qu'ils 
croient  que  dans  cette  répartition  on  ne  leur  attribuera  aucun 
des  territoires  qu'ils  s'étaient  flattés  d'acquérir. 


208.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (Rapport  en  français). 

Jomini,  grand  partisan  et  admirateur  de  la  Prusse.  Son  jugement  sur  l'armée 
autrichienne.  Ce  qu'il  voudrait  voir  attribuer  à  la  Prusse.  Un  mot  du  prince 
de  Ligne. 

Jomini  est  de  la  société  du  prince  de  Ligne.  Il  est  Prussien 
dans  l'âme.  Il  lui  semble  que  la  Prusse  a  frayé  le  chemin  de 
Paris.  «  Elle  a  trop  souffert,  dit-il,  et  ne  saurait  être  trop  ré- 
compensée. >  C'est  d'après  lui,  la  puissance  qui  doit  être  agran- 
die vers  la  France  pour  lui  tenir  tête.  Il  n'estime  pas  beaucoup 
les  troupes  autrichiennes  et  moins  encore  leurs  officiers.  «  Si 
l'Autriche  était  attaquée  par  les  Français,  ses  soldats  lâche- 
raient pied,  dit  Jomini,  tout  comme  auparavant.  » 

La  Prusse,  selon  lui,  devrait  posséder  tout  le  Rhin  de  Wesel 
à  Mayence.  D'après  lui,  toute  la  Westphalie,  toute  la  Saxe  de- 
vront être  sous  son  sceptre,  qui  porterait  le  titre  d'Impérial. 
La  Bavière  et  le  Wurtemberg  seraient  deux  royaumes  fédé- 
ratifs  entre  l'Autriche  et  la  France. 

Quant  à  l'Autriche,  il  soutient  qu'il  faut  fixer  sa  puissance 
sur  toute  l'Italie. 

Le  prince  de  Ligne  disait  hier  à  son  médecin  :  «  J'ai  le 
bonheur  d'avoir  chez  moi  trois  grandes  têtes,  mais  trois  têtes 
bien  dangereuses  et  bien  méchantes  :  La  Harpe,  Talleyrandy 
Jomini.  » 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       171 

209.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3566). 

Rapport  à  HAGER. 

Surveillance  de  Jomini. 

Il  travaille,  il  écrit  beaucoup  et  souvent  même  jusqu'à  deux 
heures  du  matin.  Il  reçoit  souvent  des  notes  de  l'empereur 
Alexandre.  Il  ne  reçoit  pas  de  visites. 


210.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (Rapport  en  français). 

Jugement  du  général  Schoeler  sur  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse.  Causes  des 
sentiments  du  roi  pour  l'empereur.  L'esprit  public  en  Prusse  et  ses  griefs 
contre  la  Russie.  Jugements  sur  Alexandre  1".  Dangers  résultant  de  son 
caractère.  Son  entourage.  Origine  de  ses  projets  sur  la  Pologne.  Ce  qu'il 
fera.  Causes  de  son  aveuglement.  Le  général  Orurk.  La  garnison  de  Vienne. 
Schwarzenberg  et  Metternich. 

Le  général  Schœler,, ministre  de  Prusse  à  la  cour  de  Russie, 
est  arrivé  de  Saint-Pétersbourg  il  y  a  trois  jours.  Cet  officier 
est  placé  auprès  de  l'Empereur  depuis  la  guerre  de  1806  en 
qualité  d'aide  de  camp  du  Roi.  II  était  chargé  de  communica- 
tions directes  qui  ne  passaient  par  aucun  des  deux  ministères. 
Pendant  la  guerre  de  1812,  il  resta  en  Russie  comme  parti- 
culier. Ses  relations  se  tinrent  sous  main.  En  1813  et  1814, 
il  fut  de  nouveau  placé  près  de  l'Empereur  comme  militaire  et 
à  la  paix  comme  ministre.  Il  a  un  jugement  froid  et  des  notions 
très  justes  sur  la  situation  des  affaires  et  la  manière  de  pen- 
ser de  l'Empereur. 

Après  lui  avoir  laissé  le  temps  de  se  mettre  au  courant, 
j'ai  été  le  voir  hier.  Voici  à  peu  près  le  résumé  de  notre  con- 
versation. 

«  Le  roi  de  Prusse,  me  dit-il,  sans  être  un  homme  de  beaucoup 
d'esprit  a  un  sens  droit.  II  n'est  rien  moins  que  l'admirateur 
constant  de  tout  ce  que  fait  l'empereur  AIexandre.il  n'y  a  pas 
même  bien  longtemps  que  son  opinion  sur  sa  conduite  ne  lui 
était  nullement  favorable  ;  mais  il  se  croit  lié  à  lui  par  la  recon- 
naissance. Il  croit  avoir  la  conviction  qu'il  doit  le  rang  qu'il 


172  AUTOUR  DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

a  repris  entre  les  souverains  uniquement  à  Tempereur,  et  sans 
calculer  que,  s^il  ne  s'était  pas  joint  à  lui,  le  théâtre  de  la 
guerre  de  1813  eût  été  le  Duché  de  Varsovie  et  la  position  de 
la  Russie  bien  précaire,  il  ne  laisse  passer  aucune  occasion  de 
dire  et  de  témoigner  à  son  ami  la  reconnaissance  qu'il  croit 
lui  devoir,  et  Tempereur  ne  profite  que  trop  bien  d'une  amitié 
qui,  de  sa  part,  n'est  point  désintéressée. 

Quant  à  l'esprit  de  la  nation,  il  est  comme  celui  de  toute 
l'Allemagne  contre  la  Russie.  Il  règne  même  en  Prusse  une 
haine  fortement  prononcée  et  très  motivée  malgré  tous  les 
cordons  dont  il  nous  a  décorés.  La  conduite  du  Gouvernement 
russe  a  été  telle  que  l'aurait  pu  être  celle  de  Napoléon.  Qui 
ne  sait  pas  que  la  Prusse  avait  mis  la  plus  grande  partie  de 
ses  capitaux  dans  sa  part  de  Pologne  ?...  Aucun  des  avan- 
tages promis  par  la  dernière  alliance,  aucune  des  prétentions 
si  justes  n'a  été  reconnue  ;  la  Prusse  en  est  sur  cet  article  au 
même  point  qu'en  1810.  Pas  même  la  caisse  des  veuves  des 
officiers,  objet  qui  serait  sacré  pour  tout  autre  gouvernement, 
que  le  roi  de  Saxe  par  un  sentiment  de  justice  avait  cherché 
à  arranger  à  Paris  et  que  Napoléon  avait  refusé  par  haine  pour 
le  militaire  prussien,  n'a  fait  exception.  Aucune  réclamation, 
ni  du  Gouvernement,  ni  des  particuliers,  n'a  reçu  la  moindre 
réponse,  et  cela,  dans  le  temps  même  où  l'armée  prussienne 
méritait  l'estime  de  l'Europe,  où  toute  la  nation  rivalisait  d'en- 
thousiasme et  de  sacrifices.  Le  retour  des  troupes  russes  a  été 
un  nouveau  fléau.  Ils  ont  épuisé  jusqu'au  dernier  sou  les 
provinces  où  ils  ont  passé  ;  les  prétentions  les  plus  exorbi- 
tantes, la  plus  grande  arrogance  les  a  (sic)  accompagnés  par- 
tout. Ils  ont  traité  la  Prusse  orientale  comme  un  pays  conquis 
qu'ils  étaient  assez  généreux  de  ne  pas  garder. 

Quant  à  l'Empereur  Alexandre,  je  le  regarde  comme  plus 
dangereux  qu'on  ne  le  pense.  Depuis  cinq  ans,  à  une  époque 
où  l'opinion  de  sa  faiblesse  existait  encore  généralement,  il  ne 
s'est  entouré  que  de  gens  dont  la  médiocrité  est  reconnue  et 
lui  laissait  une  marche  entièrement  libre.  Ses  projets  actuels 
sur  la  Pologne  ne  sont  pas  une  suite  de  circonstances.  C'est 
une  idée  nourrie  par  lui,  un  but  vers  lequel  tendent  toutes  ses 
démarches  depuis  deux  ans.  La  première  proclamation,  lors 
de  l'alliance  avec  la  Prusse,  contient  la  promesse  de  rendre 
à  la  monarchie  prussienne  tout  le  lustre  et  la  puissance  dont 
elle  jouissait  sous  Frédéric  II.  Pendant  le  temps  de  la  guerre. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS       173 

toutes  les  questions  sur  cet  objet  ont  été  écartées  par  la  décla- 
ration que  tout  s'arrangerait  à  l'amiable.  A  Paris,  sous  prétexte 
de  laisser  jouir  la  France  des  bienfaits  de  la  paix  et  d'un  gou- 
vernement légitime, les  troupes  russes  quittent  le  pays  à  marche 
forcée  et  vont  se  placer  sur  les  frontières  de  la  Pologne  dans  le 
temps  que  toute  l'armée  prussienne  reste  pour  occuper  les  pays 
conquis  au  delà  du  Rhin  et  que  TAutriche  est  forcée  d'occuper 
l'Italie  avec  des  forces  considérables. 

«  La  résolution  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne  n'est 
qu'un  bâton  qu'il  nous  jette  dans  les  jambes  pour  obtenir  plus 
facilement  la  part  qu'il  en  veut.  Il  connaît  et  craint  trop  les 
suites  que  cela  aurait  en  Russie  pour  y  penser  sérieusement. 
Mais  je  suis  persuadé  que  s'il  trouve  une  résistance  trop  forte 
contre  ses  desseins,  si  on  lui  montre  la  volonté  de  s'y  opposer 
par  la  force,  il  cherchera  à  vous  prévenir  et  il  y  est  tout  pré- 
paré. L'armée  russe  est  placée  en  échelons  depuis  Cracovie 
qu'occupe  le  général  Yermolofî  avec  l'avant-garde  jusqu'à 
Kovno  où  se  trouve  le  corps  du  comte  Wittgenstein.  Les 
Russes  parlent  de  700.000  hommes  sous  les  armes  ;  mais  ils 
en  ont  sûrement  300.000.  La  garde  est  à  Pétersbourg  et  ses 
bataillons  sont  de  mille  hommes.  Les  milices  n'ont  pas  été 
licenciées,  ce  qui  a  causé  du  mécontentement  et  prouve  assez 
que  les  hommes  manquent.  Du  reste,  la  noblesse  est  humiliée 
d'avoir  vu  les  armées  russes  sous  des  chefs  autrichiens  et  vou- 
draient avec  plaisir  effacer  cette  humiliation.  La  formation  de 
l'armée  polonaise  avance  lentement.  Outre  la  pénurie  d'ar- 
gent, le  Tiers-Etat  et  le  peuple  n'y  prennent  aucun  intérêt. 
Les  nobles  qui  espèrent  beaucoup  du*nouvel  ordre  des  choses 
recrutent  et  ont  placé  leurs  bannières  ;  mais  personne  veut  s'en- 
rôler. Dans  la  partie  qu'on  nous  rendra  probablement,  je  sup- 
pose jusqu'à  la  Wartha,  ce  qui  avait  été  rassemblé,  s'est  de 
nouveau  débandé.  » 

Lui  ayant  demandé  quelle  impression  faisaient  sur  l'Empe- 
reur, qui  était  il  y  a  un  an  l'idole  de  l'Europe,  l'opposition  et 
le  mécontentement  général  qu'il  trouvait  maintenant  contre 
ses  projets,  le  général  répondit  que  «  le  mal  venait  de  ce  que 
l'encens  et  l'admiration  qu'on  lui  avait  prodigués  l'avaient 
tellement  fasciné  qu'il  ne  voyait  pas  encore  ce  mécontente- 
ment, que  tout  ce  qui  l'entourait  le  retenait  dans  cette  illu- 
sion, les  Polonais,  pour  l'espoir  de  voir  réussir  leur  régénéra- 
tion, Stein  et  La  Harpe  pour  des  motifs  personnels.  » 


174    "■  AUTOUR    DU  CONGRÈS  DE    VIENNE 

Le  comte  Orurk^  lieutenant-général  russe,  est  ici  avec  l'em- 
pereur. Il  n'a  jamais  été  employé  auparavant  auprès  de  sa 
personne.  Il  commandait  une  division  de  cavalerie  en  Pologne, 
lorsque  l'Empereur,  à  son  passage,  lui  ordonna  de  le  suivre. 
Cet  officier  a  joué  un  grand  rôle  dans  les  relations  de  la  Rus- 
sie.avec  la  Serbie.  II  serait  possible  que  son  séjour  ici  ne  soit 
pas  sans  motif  sous  ce  rapport. 

La  tenue  de  la  garnison  a  fait  une  très  bonne  impression  sur 
les  étrangers,  surtout  sur  les  Russes.  Ils  ont  été  aussi  très 
étonnés  de  l'accueil  si  distingué  que  l'Empereur  fait  au  prince 
de  Schwarzenberg,  mais  n'ont  d'abord,  selon  leur  manière 
trouvé  aucune  raison.  Ils  assurent  maintenant  que  la  mésin- 
telligence s'est  mise  entre  Schwarzenberg  et  Metternich  et  que 
l'Empereur,  pour  l'entretenir,  traite  l'un  avec  tant  de  distinc- 
tion et  est  très  froid  avec  l'autre. 


211.  Vienne,  30  septembre  1314  (F.  1.3894  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER. 

Affaires  de  Saxe.  Le  duc  de  VVeimar  défendra  les  droits  des  maisons  de  Saxe. 
Les  conférences  entre  les  comtes  de  Gôrtz  et  de  Schulenburg.  Les  convives 
du  dîner  du  29  septembre.  Le  général  de  Watzdoi'f  envoyé  à  Londres  par 
le  roi  de  Saxe. 

Le  conseiller  intime  et  secrétaire  particulier  du  duc  de  Wei- 
mar,  Vogel,  ne  croit  pas  à  la  réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse. 
Le  duc  de  Weimar  est,  en  tout  cas,  décidé  à  défendre  les  inté- 
rêts des  autres  lignes  de  la  maison  de  Saxe.  Les  représen- 
tants de  Cobourg  et  de  Gotha  ne  sont,  d'après  lui,  que  des 
tigurants.  Il  lui  a  parlé  des  conférences  suivies  qu'a  le  comte 
de  Gôrtz  (1)  avec  le  comte  de  Schulenburg,  qui  a  pris  les 
ordres  du  ministre  comte  Einsiedel(2).  A  son  retour  de  Berlin, 
Schulenburg  a  eu  une  longue  audience  de  l'empereur  d'Au- 

1.  Comte  de  Gôrtz.  Conseiller  intime  du  roi  de  Saxe  qui  Tavait  envoyé  à 
Vienne  au  mois  de  septembre  1814. 

2.  Einsiedel  (comte  d')  (1773-1861).  Ministre  et  secrétaire  d'État  de  l'Inté- 
rieur. Il  accompagna  son  roi,  d'abord  à  Leipzig,  puis  à  Berlin  et  à  Pres- 
bourg  et  fut  chargé  des  négociations  pendant  le  Congrès  de  Vienne.  Son  cré- 
dit s'accrut  encore  sous  le  successeur  de  Frédéric-Auguste  1",  Antoine  I". 
Mais  son  opposition  à  toutes  les  réformes  le  rendit  très  impopulaire  et  les 
troubles  de  1830  le  contraignirent  à  prendre  sa  retraite. 


LES    PRÉLIMINAIQES    ET    LES    AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS    "175 

triche.  C'est  Gôrtz  qui  rédige  les  mémoires  que  Schulenburg 
présente  à  Metternich. 

Le  comte  Bubna  (1)  va  souvent  chez  Schulenburg. 

Convives  du  dîner  du  29.  Le  comte  Schœnfeld,  Gôrtz, 
Senfît-Pilsach  (2)  le  général  Langenau  et  Griesinger  (3).  Le 
roi  de  Saxe  a  envoyé  le  général  de  Watzdorf  (4)  à  Londres. 


212.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3894  ad  4555). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 

Les  vues  de  la  Prusse  sur  la  Saxe  et  la  rive  gauche  du  Rhin.  Tiirkheim, 
ses  idées  sur  la  constitution  de  l'Allemagne.  Sur  Stein. 

De  l'entretien  que  j'ai  eu  avec  le  baron  de  Tiirkheim,  mi- 
nistre du  grand- duc  de  Hesse-Darmstadt,il  résulte  que,  d'après 
lui,  la  Prusse  ne  se  départira  pas  de  ses  vues  sur  l'appropria- 
tion de  la  plus  grande  partie  de  la  Saxe  et  tiendra  à  conserver 
la  rive  gauche  du  Rhin. 

1.  Bubna  (Ferdinand  comtL;)  (1768-1825)  aide  de  camp  de  l'archiduc  Charles, 
se  distingua  à  Austerlitz,  Essling  et  Wagram  et  entra  en  France  en  1814  du 
côté  de  la  Suisse.  Gouverneur  de  la  Lombardie  en  1821,  il  mourut  à  Milan 
en  1825. 

2.  SenlTt-Pilsach  (Frédéric  Christian  Louis  comte)  (1774-1853)  épousa  en 
1801  une  nièce  de  Stein.  Ministre  de  Saxe  à  Paris  (180S).  Ministre  des  Affaires 
étrangères  (1809-1813),  adversaire  déclaré  de  la  Prusse,  démissionnaire 
après  Liitzen,  il  se  rendit  à  Francfort  au  mois  de  novembre  1813  pour  y 
plaider  devant  les  souverains  alliés  la  cause  de  son  roi  qui  refusa  ses  services. 
Passé  alors  au  service  de  rAutriche,nommé  conseiller  intime,chargé  par  Met- 
ternich d'une  négociation  assez  délicateavec  la  Suisse,  négociation  qui  échoua 
du  reste,  il  alla  vivre  pendant  quelque  temps  en  particulier  à  Paris,abjura  le 
protestantisme  et  devint  successivement  ministre  d'Autriche  à  Turin  (1825), 
à  Florence  (1832),  à  La  Haye  (1836)  et  enfin  à  Munich  (1840-1847).  Pour  plus 
de  détails  voir  Bonnefons.  i[7n  nllié  de  Napoléon.  Frédéric-Augnsle  I"  roi  de 
Saxe  et  Grand-Duc  de  Varsovie  (chap.  XIII,  p.  414-426. 

3.  Conseiller  de  légation  Saxon. 

4.  Watzdorf  (Charles-Frédéric-Louis  de)  (1759-1840),  colonel  en  1810,  lors- 
que Senfft-Pilsach  l'envoya  comme  ministre  extraordinaire  à  Saint-Péters- 
bourg (1810-1812),  promu  général-major  et  lieutenant-général  en  1811  au  cours 
de  cette  mission,  nommé  en  1813  ministre  à  Vienne,  chargé  en  1814  de  difîé- 
I  untes  missions  par  son  roi  qui  l'appela  auprès  de  lui  à  Presbourg,  grand  maître 

le  la  maison  des  princes  Frédéric-Auguste,  Clément  et  Jean  (1819),  ministre 
A  Berlin  (1823-1834),  rentré  à  Dresde  comme  aide  de  camp  général  en  1835, 
il  devint  peu  après  ministre  de  la  maison  du  roi  et  conseiller  d'État.  (Cf. 
•BoN>iEFONs.(/rt  allié  de  Napoléon, etc.  Chapitre  XII, 396-413  et  chapitre  XIV, 
466,  469-470). 


176  AUTOUR    DU    CO>GRÈS    DE    VIENNE 

Il  ne  croit  pas  à  la  fédération  de  l'Allemagne,  à  la  supré- 
matie héréditaire  de  l'Autriche,  à  la  Constitution  des  quatre 
cercles  ou  Vicariats.  Il  n'est  guère  porté  en  faveur  du  ministre 
constitutionnel  Stein. 


213.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3566). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 
(Rapport  de  chez  le  Nonce) 

Ce  que  Consalvi  et  Severoli  ont  fait  le  29.  Visites  au  roi  de  Bavière.  Confé- 
rences le  soir  sur  les  affaires  pontificales.  Les  articles  du  nonce  dans  le 
journal  de  Francfort. 

Les  deux  prélats  (le  cardinal  Consalvi  et  le  nonce  Mgr  Seve- 
roli) ont  été  rendre  visite  au  roi  de  Bavière,  qui  n'a  jamais  été 
l'ami  de  la  cour  de  Rome,  évidemment  pour  le  gagner.  Le  29, 
au  soir,  ils  ont  eu  une  conférence  avec  le  comte  Beroldingen  (1) 
et  avec  Wintzingerode,  ministre  du  roi  de  Wurtemberg  afin  de 
gagner  les  suffrages  des  membres  du  Congrès  et  d'assurer  le 
rétablissement  du  pape  dans  la  possession  entière  de  ses  Etats. 

L'article  inséré  dans  le  Journal  de  Francfort  est  du  Nonce 
qui  l'a  fait  insérer  par  le  moyen  du  protestant  Schlegel  (:^),  tout 
comme  ceux  par  lesquels  il  protesta  contre  les  ordres  donnés 
par  Joachim,  à  Urbino,  Macerata  et  Ancône  et  un  autre  article 
relatif  au  rétablissement  des  Jésuites. 


1.  Beroldingen  (Joseph-Ignace,  comte  de),  général  et  diplomate  wurtem- 
bergeois  (1780-1868)  débuta  au  service  de  TAutriche  qu'il  quitta  en  1803 
lorsque  l'électeur  de  Wurtemberg  rappela  ceux  de  ses  sujets  qui  servaient  à 
l'étranger.  Napoléon  lui  confia  plus  tard  plusieurs  missions  importantes. 
Ministre  à  Londres  en  1814,  puis  à  Saint-Pétersbourg,  il  devint  en  1823  mi- 
nistre des  AtTaires  étrangères  et  conserva  ces  fonctions  jusqu'en  1848. 

2.  Wintzingerode  (Georges-Ernest-Louis,  comte  de)  (1752-1834).  D'abord 
officier  au  service  de  Hesse,  puisen  1794  chambellan  de  l'électeur  de  Cologne^ 
passé  au  service  de  Wurtemberg,  Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1801, 
premier  ministre  en  1806,  démissionnaire  en  1816  à  la  mort  du  roi  Frédé- 
ric I",  il  accepta  en  1820  le  poste  de  ministre  à  Berlin,  Dresde,  Hanovre  et 
Cassel  et  se  retira  définitivement  en  1825. 

3.  Hofsecrelser  de  la  Chancellerie  d'Etat  dont  il  a  déjà  été  question  précé- 
demment. 


à 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       177 

!    214.  Vienne,  31  septembre  1814  (F.  i.  3894  ad  3565). 

i 

I  HOPFEN  à  HAGER  (analyse). 

Rapport  sur  une  visite  faite  à  Gampochiaro.  Les  raisons  pour  lesquelles  il 
croit  au  maintien  de  Murât  à  Naples, 

Rend  compte  de  la  visite  faite  par  le  marquis  P...  (l),à  Gam- 
pochiaro, dont  il  est  connu  depuis  longtemps  et  dont  il  va 
fréquenter  la  maison. 

Le  marquis  a  causé  de  la  situation  de  Murât  avec  le  duc  qui 
lui  a  exposé  les  raisons  pour  lesquelles  il  lui  semble  impos- 
sible de  contester  au  roi  Joachim  la  légitimité  de  ses  droits 
sur  Naples  :  la  conquête  par  les  armes,  la  popularité  dont  il 
jouit  dans  un  royaume  où  il  est  acclamé  par  tous,  sa  recon- 
naissance par  tous  les  souverains  qui  ont  des  représentants 
accrédités  auprès  de  lui,  sa  participation  à  l'Alliance  et  à  la 
Coalition,  enfin,  la  garantie  de  son  royaume  donnée  à  Joachim 
et  la  part  qu'il  a  prise  à  la  dernière  guerre. 


215.  Vienne,  29  septembre  1814  (F.  1.  3728  ad  3565). 

GENTZ  au  prince  de  VALAGHIE  {intercepta  en  français). 

Les  conférences  préparatoires  et  l'admission  de  Talleyrand.  Metternich  chez 
Alexandre.  Ses  entretiens  avec  Talleyrand.  Les  instructions  données  à 
Talleyrand  pour  la  Pologne  et  la  Saxe,  et  les  vues  d'Alexandre.  Gravité  de 
la  question.  Projet  de  voyage  d'Alexandre  à  Bude. 

Les  conférences  préparatoires  ne  se  sont  tenues  jusqu'à  au- 
jourd'hui que  parmi  les  ministres  des  quatre  puissances  alliées. 
M.  de  Talleyrand  y  assistera  pour  la  première  fois  et  après- 
demain  il  y  aura  la  première  séance  générale  et  formelle. 

Le  prince  de  Metternich  a  eu  hier  soir  une  conférence  par- 
ticulière de  trois  heures  avec  l'Empereur  de  Russie.  Il  en  a 
eu  plusieurs  avec  Talleyrand.  Celui-ci  a  dit  à  plusieurs  per- 
sonnes, sans  détours,  que  ses  instructions  lui  enjoignaient  éga- 
lement de  protester  contre  les  progrès  de  la  Russie  en  Pologne 

1.  Nom  illisible  commençant  par  un  P  et  finissant  par  to. 

T.  I.  12 


178  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

et  contre  l'acquisition  de  la  Saxe  par  la  Prusse.  Il  faut  voir 
ce  qu'il  en  sera  lorsque  les  négociations  commenceront  (1). 

P. -S.  —  Je  viens  d'apprendre,  par  un  canal  particulier  et 
très  sûr,  quelques  détails  que  votre  Altesse  doit  nécessairement 
connaître  puisqu'ils  sont  de  nature  à  modifier  et  à  rectifier 
ces  dernières  notions.  L'Empereur  de  Russie,  malgré  toutes! 
les  difficultés  et  les  contradictions  qu'il  éprouve,  tient  très 
fortement  au  projet  d'établir  un  royaume  constitutionnel  de 
Pologne  sous  sa  propre  souveraineté  et  il  est  tellement  monté 
sur  ce  projet  qu'il  prétend  même  vouloir  réunir  à  ce  royaume 
les  anciennes  provinces  polonaises  qu'il  possède  par  les  der- 
niers partages.  Il  y  aura  donc  sur  cet  article  capital  des  dis- 
cussions difficiles  et  épineuses  et  il  n'est  pas  aisé  de  calculer 
quel  sera  le  résultat  de  ces  complications.  Ce  ne  sera  dans 
aucun  cas  la  guerre.  Voilà  un  point  sur  lequel  vous  pouvez 
compter.  Mais  personne  au  monde  ne  peut  prévoir,  à  Iheure 
qu'il  est,  lequel  des  combattants  dans  cette  arène  diploma- 
tique emportera  la  victoire  ou  comment  on  conciliera  les  avis 
différents.  Je  ne  suis  cependant  pas  en  peine  pour  l'Autriche, 
persuadé  que  les  talents  supérieurs  du  ministre,  qui  en  dirige 
les  affaires,  se  feront  jour  à  travers  toutes  les  crises  du  moment. 

Je  supplie  Votre  Altesse  d'envisager  ceci  comme  absolument 
confidentiel  et  très  secret  et  de  n'en  faire  usage  qu'avec  les 
plus  grandes  restrictions. 

11  est  question  depuis  hier  d'un  voyage  que  l'Empereur 
Alexandre  veut  fait  à  Bude  (2).  Si  ce  projet  se  réalise,  ce  sera 
probablement  la  semaine  prochaine  (3). 


1.  Bien  que  la  plus  grande  partie  de  celtedépéche  (à  partirduP.-S.jusqu'aijr 
dernières  phrases)  ait  été  publiée  par  Prokesch-Osten  (Gentz.  Dépêches  iné- 
dites aux  hospodars  de  Valachie,  t.  I,  p.  106),  j'ai  cru  bien  faire  en  repro- 
duisant in  extenso  le  document  intercepté  par  la  Polizei  Hofsteile  parce  que 
les  phrases  mêmes  du  début  font  bien  mieux  comprendre  la  partie  publiée 
par  Prokesch-Osten  qui  ne  se  soude  en  aucune  façon  avec  tout  ce  qui  la  pré- 
cède dans  son  livre  et  qui  y  forme  le  commencement  de  la  dépêche  XI,  datée 
du  reste  du  28  septembre. 

2.  Ce  voyage,  qui  ne  dura  que  peu  de  jours  n'eut  lieu  que  près  d'un  moiÈ 
plus  tard.  Alexandre  partit  pour  Buda-Pesth  le  24  octobre.  Les  trois  souverains 
furent  de  retour  à  Vienne  le  29  octobre  dans  l'après-midi. 

3.  Ce  paragraphe  n'a  pas  été  publié  par  Prokesch-Osten. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS       179 

216.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste  et  de  la  copie 
ou  analyse  des  intercepta  du  1"  octobre. 


217.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

à  HAGER 

Résumé  des  bulletins  de  surveillance  du  roi  et  du  prince  royal  de  Wurtem- 
bourg.  Le  prince  de  Hardenberg.  Emploi  qu'il  a  fait  de  la  journée  du 
30  septembre. 

Prince  royal  de  Wurtemberg .  —  Visites  qu'il  fait. 

Roi  de  Wurtemberg.  —  Wintzingerode  et  le  baron  von  Lin- 
den  sont  ses  seuls  confidents. 

Prince  de  Hardenberg . —  Il  a  été  le  30  chez  son  roi,  de  9  à 
11  heures,  puis  chez  le  roi  de  Wurtemberg, chez  l'Impératrice 
de  Russie  et  chez  Metternich  où  il  est  resté  jusqu'à  4  heures 
et  où  eut  lieu  une  grande  conférence  (1)  entre  Metternich,  Har- 
denberg, Nesselrode,  Humboldt,  Castelreagh,  Labrador,  Tal- 
leyrand.  Il  a  dîné  chez  lui  avec  Humboldt,  le  prince  Radziwill, 
Bartholdi  et  quelques  fonctionnaires  du  Ministère.  Il  a  reçu 
après  dîner  la  visite  du  comte  Pappenheim  (2),  du  prince  de 

1.  «  Conférence  ministérielle,  lit-on  dans  les  Tagebûcher  de  Gentz,  t.  I, 
p.  312,  d'abord  entre  les  Cinq  et  puis  avec  Talleyrand  et  Labrador.  L'inter- 

irention  de  ces  deux  personnages  a  furieusement  dérangé  et  déchiré  nos 
îlans.  Ils  ont  protesté  contre  la  forme  que  nous  avions  adoptée.  Ils  nous  ont 
)ien  tancés  pendant  deux  heures.  C'est  une  scène  que  je  n'oublierai  jamais. 
3  h.  1/2,  le  prince  (Metternich)  est  allé  avec  moi  dans  ses  jardins  pour 
inspecter  les  travaux  qui  préparent  la  fètc  du  18  octobre.  Le  prince  ne  sent 
las  comme  moi  ce  qu'il  y  a  d'embarrassant  et  même  d'affreux  dans  notre 
^position.  » 

2.  Pappenheim  (Gharles-Théodore-Frédéric,  comte  de)  (1771-1855),  général 
j^bavarois  entré  en  1785  au  service  de  l'Autriche  qu'il  quitta  après  avoir  fait 
tla  campagne  de  1792,  1793  et  1794.   Passé  au  service  de  Bavière  après  avoir 

été  médialisé,  aide  de  camp  du  prince  royal  en  1809,  général-major  en  1813 
[il  fit  les  campagnes  de  1812  et  1814  à  la  tête  d'une  des  brigades  de  Wrede, 
^assista  au  Congrès  de  Vienne,  prit  en  1815  une  part  active  à  la  réorganisa- 
I lion  de  l'armée  bavaroise,  fut  chargé  de  diverses  missions  diplomatiques  et 
^devint  par  la  suite  feldzeuzmestre  général  et  aide  de  camp  général  du  roi. 


180  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

Schaumburg  (1),  du  baron  von  Linden  (2)  et  du  prince  de 
Hohenzollern  (3).  11  a  été  le  soir  au  cercle  à  la  Cour.  A  sa 
rentrée  chez  lui,  il  a  travaillé  jusque  fort  avant  dans  la  nuit. 


218.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

SCH...  à  HAGER 

(Emploi  de  la  journée  d'Anstett  le  1»'  octobre). 

Hier  1^'  octobre,  Anstett  n'a  reçu  aucune  visite  dans  la 
matinée.  Il  a  travaillé  de  8  heures  à  1  heure  et  a  porté  ensuite 
de  nombreuses  lettres  et  dépêches  chez  Nesselrode.  Revenu  à 
2  heures,  il  est  allé  à  4  heures  chez  le  comte  François  Palfîy. 
Le  soir  au  théâtre  du  Kœrntnerthor,  puis  à  11  heures  chez  la 
princesse  Bagration,  d'où  il  n'est  revenu  qu'à  4  heures  du 
matin  (4). 


219.  Vienne,  30  septembre  1S14  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Découragement  d' Anstett  causé  par  le  revirement  qui  s'est  fait  dans  l'esprit 
d'Alexandre.  Anstett  et  le  Tugend-Bund.La  représentation  de  la  Russie  au 
Congrès.  Pourquoi  Anstett  reste  à  Vienne  (Analyse). 

Anstett  très  préoccupé  est  silencieux  depuis  quelques  jours. 
Il  a  dit  (à  l'agent)  qu'il  essayait  d'amener  son  Empereur  aux 
idées  libérales,  qu'il  avait  espéré  qu'on  donnerait  au  Congrès 
une  Constitution  aux  Etats  de  l'Allemagne,  mais  qu'on  avait 
changé  le  cours  des  idées  d'Alexandre. 

1.  Lippe-Schaumburg(Georges-Guillaume,princede)né  le  20  décembre  1784, 
mort  en  1860,  monté  sur  le  trône  le  15  février  1787,  prit  le  titre  de  prince  le 
18  avril  1807. 

2.  Linden  (François-Joseph-Ignace,  baron  de),  ministre  d'Etat  et  l'un  des 
représentants  du  Wurtemberg  au  Congrès. 

3.  Hohenzollern-Sigmaringen  (Antoine-Aloïs-Mainrad-François,  prince  de), 
né  le  20  juin  1762,  membre  de  la  Confédération  du  Rhin  le  12  juillet  1806), 
mort  le  17  octobre  1831, 

4.  Grand  bal  donné  par  la  princesse  Bagration. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       181 

Anstett,  que  l'agent  affirme  être  un  membre  actif  du  Tugend- 
Bund,  a  ajouté  qu'Alexandre  était  follement  épris  de  l'Impéra- 
trice d'Autriche  (1). 

A  la  question  posée  par  l'agent,  pourquoi,  dans  ces  condi- 
tions il  restait  à  Vienne,  il  a  répondu  que  c'était  l'ordre 
d'Alexandre  qui  tenait  à  l'avoir  près  de  lui  et  à  sa  disposition. 


220.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

SCH...  ^  à  HAGER  (en  français). 

Causes  de  l'animosité  d'Anstett  contre  l'Autriche.  Intérêt  qu'il  y  aurait  à  se 
le  concilier.  Les  Polonais  et  Gzartoryski.  Le  roi  de  Prusse  et  l'Autriche. 
Un  mot  de  Knesebeck. 

Parmi  les  personnes  animées  d'un  esprit  tout  à  fait  contraire 
aux  vues  de  l'Autriche  on  doit  compter  principalement  M.  d'Ans- 
tett, conseiller  d'Etat  et  agent  diplomatique  de  Russie.  Cet 
homme  que  le  comte  de  Wûrmser  (2)  a  su  gagner  en  1810  pour 
les  intérêts  de  notre  Cour,  qui,  effectivement,  a  rendu  des  ser- 
vices essentiels  à  l'Autriche  lorsqu'il  s'agît  de  céder  à  la  Rus- 
sie en  vertu  du  dernier  traité  de  Vienne  une  partie  de  la  Gali- 
cie  renfermant  400.000  âmes,  est  dans  ce  moment  très  aigri 
et  animé  de  sentiments  très  opposés  à  l'Autriche.  C'est,  d'après 
ce  que  m'a  confié  M.  de  Kudriafîsky  (3),  ami  intime  d'Anstett, 
l'effet  de  son  ressentiment  d'avoir  été  frustré  dans  son  attente 
de  recevoir  de  notre  Souverain  la  croix  de  Commandeur  de 
l'ordre  de  Saint-Etienne.  On  m'a  dit  que  Sa  Majesté  a  voulu 
lui  donner  dans  la  dernière  campagne  la  petite  croix  de  Léo- 
pold,  mais  qu'il  l'avait  refusée. 

J'ai  l'honneur  d'assurer  Votre  Excellence  que  M.  d'Anstett 
est  un  personnage  très  intéressant  et  de  beaucoup  d  influence 
chez  l'Empereur  Alexandre  et  en  même  temps  très  considéré 
de  tous  les  Ministres  Russes.  Il   s'était  flatté  d'avoir,  par  ses 

1.  Rien  ne  confirme  et  ne  rend  même  vraisemblable  cette  singulière  indi- 
cation qu'on  trouve  cependant  dans  un  certain  nombre  de  rapports. 

2.  Wûrmser  (comte  de),  ancien  Gouverneur  de  la  Galicie.  Lui  et  Bellegarde 
négocièrent  avec  Anstett  le  traité  de  délimitation  de  la  Galicie. 

3.  Kudriafîsky  (comte  de).  Conseiller  russe  qui  serait  aussi  l'auteur  de 
Mémoires  politiques. 


182  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

services  rendus,  le  droit  de  s'attendre  à  une  distinction  aussi 
signalée  et  crut  se  voir  jeter  dans  la  foule  de  tant  d'étrangers 
sans  beaucoup  de  mérite  qui  furent  décorés  de  la  petite  croix 
de  Léopold.  Peut-être  est-il  encore  temps  de  se  réconcilier  cet 
homme  qui,  par  son  influence  et  sa  profonde  connaissance  de 
nos  intérêts  peut,  dans  ce  moment,  devenir  aussi  utile  que 
nuisible. 

J'ai  eu  occasion  de  voir  quelques  personnes  de  la  suite  du 
roi  de  Prusse.  Si  ce  monarque  est  animé  du  même  esprit  que 
ceux  qui  l'entourent,  nous  ne  pouvons  que  nous  féliciter.  Un 
général  prussien,  je  crois  qu'il  s'appelle  Knesebeck,  s'est  écrié  : 
Wenn  nur  sieben  Oesterreicher  marschieren,  es  sei  gegen  wen 
es  wolle,  so  ist  mein  Kœnig  der  achte  (1-).  Le  comte  Klebels- 
berg  (2)  en  fut  aussi  témoin. 

Les  Polonais  sont  enchantés  de  l'arrivée  du  prince  Adam 
Czar  tory  ski. 


221.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  1.  3895  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Le  Prince  de  Ligne  et  Talleyrand. 

Le  prince  de  Ligne  a  dit  à  Talleyrand  :  «  Vous  jouez  à  pré- 
sent un  bien  grand  rôle,  vous  êtes  roi  de  France  et  Louis  XVIII 
doit  danser  comme  vous  le  voulez,  sans  quoi  il  s'en  trouverait 
mal.  » 

Talleyrand  répondit  :  «  Prince,  il  y  a  sept  ans  que  j'étais 
soupçonné  par  Bonaparte.  » 

«  Quoi,  s'écria  le  prince  vivement,  sept  ans  seulement...  et 
moi  il  y  a  vingt  ans  que  je  vous  soupçonne.   > 


I 


1.  N'importe  contre  qui,  l'Autriche  fera  marcher   sept  hommes,  mon 
sera  le  huitième. 

2.  Klebelsberg  (Jean-Népomucème,  comte)  (1772-1841),  lieutenant  en  1789, 
capitaine  en  1793  au  corps-franc  des  hussards  de  Wiirmser,  major  en  1797, 
colonel  au  régiment  Uhlans  Archiduc  Charles,  général  major  en  1809,  feld- 
maréchal  lieutenant  en  1813,  général  de  cavalerie  en  1831.  Chevalier  de  l'ordre 
de  Marie-Thérèse  après  Wagram. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS        183 

222.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.   1.  3S95  ad  3565). 

SGHMIDT  à  HAGER 

Alexandre.  M'""  Morel.  Causes  de  la  visite  de  l'empereur  à  Schwarzenberg. 
L'escalier  dérobé  et  les  visites  secrètes  des  Polonais  à  Alexandre. 

L'empereur  Alexandre  se  propose  d'aller  à  Bude,  puis  de 
revenir  à  Vienne  et  de  se  rendre  ensuite  en  Italie  avec  l'Impé- 
ratrice, parce  qu'il  pense  qu'on  en  aura  assez  vite  fini  avec  les 
affaires  du  Congrès. 

Sa  favorite  serait  une  certaine  M""  Morel  (1),  qui  habite  à 
la  Wieden  (2)  et  à  laquelle  le  banquier  Pries  verse  tous  les 
mois  5.000  florins. 

La  visite  faite  par  Alexandre  au  prince  de  Schwarzenberg 
a  fait  grand  bruit.  Le  prince  avait  demandé  une  audience  qui 
avait  été  fixée  à  deux  heures,  mais  Alexandre  le  prévint  en 
venant  chez  lui  à  dix  heures  du  matin.  Comme  pour  la  plu- 
part du  temps  et  surtout  en  Angleterre  Alexandre  a  fait  des 
avances  à  l'Opposition  ;  on  en  a  conclu  que  tel  a  été  encore  le 
but  de  sa  visite  à  Schwarzenberg,  qu'on  dit  très  mécontent  et 
qui  se  plaint  fort  du  parti  du  feldzeugmestre  Duka  (3). 

L'escalier  dérobé  des  appartements  d'Alexandre  conduit  non 
pas  à  l'une  des  cours,  mais  aux  trois  chambres  du  premier  étage 
donnant  sur  le  grand  escalier  et  qu'occupe  un  des  aides  de 
camp  de  ce  souverain.  Il  est  probable  que  c'est  par  là  que  pé- 
nètrent chez  l'Empereur  les  Polonais  qu'il  désire  voir  en  secret. 


1.  C'était  là  une  erreur,  M""*  Morel  était  la  favorite,  non  pas  d'Alexandre, 
mais  du  grand-duc  de  Bade, comme  le  prouveront  du  reste  nombre  de  bulle- 
tins qui  ne  laisseront  subsister  aucun  doute  sur  cette  question.  Au  rapport 
de  Hager  était  joint  le  rapport  suivant  en  date  du  30  septembre  1814.  «More 
(Rosalie,  née  Gany),  née  à  Ofen,  22  ans,  femme  d'un  propriétaire  de  Lyon, 
vient  de  Paris,  habite  Wieden,  264,  aurait  été  pendant  deux  mois  souffrante 
à  Carlsruhe.  Elle  dit  qu'elle  va  à  Ofen  chez  sa  mère,  femme  d'un  capitaine 
de  hussards  de  Szekler  et  chez  laquelle  se  trouve  déjà  son  fils  âgé  de  5  ans. 
Elle  attend  son  mari  qui  doit  arriver  vers  le  15  et  qui  aurait  été  commis- 
--aire  des  guerres  français. 

2.  Un  des  anciens  faubourgs  de  Vienne,  aujourd'hui  lelV"  arrondissement. 

3.  Très  en  faveur  auprès  de  l'Empereur  François,  Duka  était  depuis  pas  mal 
'  ■  temps  déjà  un  adversaire  déclaré  de  Schwarzenberg  et  de  Radetzky,  son 

lef  d'état-major  pendant  la  campagne  de  1814.  11  publia  plus  tard  en  1819 
uu  résumé  en  trois  volumes  du  congrès  de  Vienne  depuis  son  ouverture 
jusqu'au  traité  de  1815. 


184  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

223.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  4059  ad  3565).  j 

00  à  HAGER  (en   français).  < 

Les  visites  mystérieuses  de  Gonsalvi,  du  nonce  et  des  ministres  bavarois  à 
Talleyrand.  Les  projets  de  constitution  de  l'Allemagne.  Improbabilité  du 
rétablissement  de  la  dignité  impériale. 

On  remarque  depuis  quelques  temps  les  visites  fréquentes 
et  mystérieuses  que  font  à  Talleyrand,  d'une  part  Gonsalvi  et 
Severoli,  de  l'autre  les  ministres  bavarois. 

Il  court  une  foule  de  rumeurs,  plus  contradictoires  les  unes 
que  les  autres,  sur  le  projet  de  Gonstitution  de  l'Allemagne 
fait  par  le  gouvernement  autrichien  et  sur  celui  établi  par 
Hardenberg.  On  prétend  que  la  Bavière,  le  Wurtemberg,  la 
Prusse,  la  Russie  et  la  France  seraient  hostiles  au  projet  au- 
trichien, et  en  général  on  ne  croit  pas  au  rétablissement  de 
la  dignité  et  du  titre  d'Empereur  d'Allemagne. 


224.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3894  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Arrivée  à  Vienne  de  Flassan  et  d'Isabey.  La  Prusse  mécontente  de  la  Rus- 
sie. Le  roi  de  Prusse  et  ses  ministres.  Alexandre  et  La  Harpe.  L'opinion 
de  Bartholdi.  L'arrogance  des  Russes.  Projet  de  délivrance  de  la  Grèce. 

M.  de  Flassan,  historiographe  du  cabinet  du  Louvre,  est 
arrivé  ici  en  même  temps  que  le  peintre  Isabey,  pour  écrire 
l'histoire  du  Gongrès.  Il  a  écrit  à  Paris  une  brochure  en  faveur 
des  droits  sacrés  du  roi  Ferdinand  sur  Naples,  l'y  a  fait  impri- 
mer et  distribuer.  S'étant  depuis  déterminé  à  venir  à  Vienne, 
Talleyrand  lui  conseilla  de  ne  pas  s'en  faire  le  colporteur  par 
la  très  louable  raison  qu'il  ne  convenait  pas  à  la  légation  de  j 
France  de  distribuer  des  pamphlets  ici  pour  favoriser  avec  defe 
tels  moyens  les  droits  des  Bourbons  en  pays  étrangers  et  sur- 
tout ici  où  l'affaire  devait  se  traiter  avec  toute  la  dignité  et  la 
régularité  possibles  au  Gongrès,  et  que  la  maison  d'Autriche 
étant  la  seule  qui  avait  fait  un  traité  avec  cet  intrus  (1),  il  n'était 

1.  Murât. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       185 

pas  délicat  de  prendre  Tinitiative  sur  la  décision  du  Congrès 
en  distribuant  dans  le  public  de  tels  écrits.  Cependant  il  y  en 
a  trois  ou  quatre  autres  exemplaires  (sans  compter  celui  que 
Flassan  m'a  donné  avec  une  dédicace)  qui  courent  la  ville. 
Bartholdi  lui-même  en  a  rapporté  un. 

Deux  Prussiens,  dont  l'un  demeure  au  Grahen,  vis-à-vis  de 
la  Pyramide  et  doit  être  le  conseiller  Zerboni  (1),  et  l'autre  est 
de  ma  connaissance  et  est  très  attaché  à  sa  Cour  et  à  son  pays, 
ont  eu  une  conférence  très  confidentielle  et  très  importante  tout 
récemment  sur  les  affaires  du  temps  et  par  un  hasard  curieux 
j'ai  pu  en  connaître  les  détails  que  voici  : 

Je  déclare  d'avance  que  l'un  des  deux  Prussiens  interlocu- 
teurs n'est  pas  Bartholdi.  C'est  une  femme  à  qui  l'autre  a  ou- 
vert son  cœur.  Ce  Monsieur  (soit  ou  non  Zerboni,  je  sais  qu'il 
est  des  peu  qui  ont  le  secret  de  la  cour)  a  donc  dit  que  la 
Prusse,  en  apparence  si  liée  avec  la  Russie,  en  était  très  mé- 
contente, parce  que  celle-ci  employait  des  idées  de  domina- 
tions effrayantes  ;  que,  si  elle  parvenait  à  s'approprier  toute  la 
Pologne,  elle  serait  dans  le  cœur  des  Etats  Prussiens  dès  qu'elle 
le  voudrait  et  serait  à  Berlin  avant  que  la  Prusse  ait  pu  ramas- 
ser ses  forces  dispersées  en  Prusse  Orientale  et  sur  la  gauche 
du  Rhin  ;  que  c'était  pour  ce  danger  que  la  Prusse  exigeait  la 
frontière  de  l'Elbe  et  une  partie  de  la  Saxe  pour  avoir  une 
position  militaire  qui  diminue  au  moins  son  danger  et  en  même 
temps  celui  de  toute  l'Allemagne  ;  que  le  Prince  de  Harden- 
berg  et  tout  le  cabinet  voyaient  clair  dans  tout  cela  et  étaient 
tous  d'accord  qu'il  fallait  tout  faire  pour  empêcher  cet  événe- 
ment ;  qu'à  la  vérité  le  roi  s'était  trop  engagé  avec  l'Empereur 
Alexandre  auquel  il  était  attaché  même  par  des  sentiments  de 
cœur,  mais  que  cependant  lui-même  était  persuadé  que  sa  posi- 
tion était  difficile  et  bien  fâcheuse  ;  qu'Alexandre  n'était  pas 
méchant,  mais  qu'il  était  un  bon  fou  qui  se  laissait  mener  par 
les  têtes  chaudes  qui  l'entouraient  et  surtout  par  La  Harpe 
qui  était  dans  le  fond  un  jacobin  capable  de  renverser  le  monde  ; 
que  par  conséquent  les  ministres  prussiens  ne  désireraient  autre 
chose  pour  le  salut  de  la  Prusse  et  la  sûreté  de  l'Allemagne  que 
de  s'allier  étroitement  et  cordialement  avec  l'Autriche  et  empê- 
cher par  là  l'agrandissement  de  la  Russie  ou  au  moins  le  dan- 
ger commun,  si  l'on  ne  pouvait  pas  réussir  à  empêcher  le  pre- 

1.  Ce  ne  peut  être  Zerboni  de  Spozetti  qui  habitait  un  appartement  dans 
une  des  rues  débouchant  sur  le  Graben  dans  la  Spiegelgasse,  n"  1163. 


186  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

mier  ;  que  là-dessus  ils  étaient  très  peines  de  remarquer  dans 
la  nation  autrichienne,  et  dans  notre  ministère  même,  une 
espèce  d'apathie  qui  leur  faisait  craindre  qu'on  ne  vit  pas  le 
danger  dans  toute  sa  force  et  qu'eux  ne  pouvaient  pas  non 
plus  sonner  le  tocsin  là-dessus  à  cause  du  caractère  du  roi  et 
de  leurs  engagements  avec  Alexandre  ;  que  cependant  en  tout 
cas,  s'il  en  venait  une  guerre  des  Russes  avec  nous,  le  cabinet 
et  la  nation  forceraient  le  roi  à  prendre  son  parti  en  Alle- 
magne et  qu'il  ne  se  joindrait  donc  jamais  à  la  Russie  dans  un 
cas  pareil,  mais  qu'il  ferait  plutôt  cause  commune  avec  nous. 
«  Nous  sommes  si  au  fait  des  vues  ambitieuses  de  la  Russie 
et  il  y  a  eu  déjà  là-dessus  des  explications  si  sérieuses  que,  si 
nous  étions  en  mesure  et  soutenus  par  les  autres,  la  guerre 
aurait  lieu  en  bien  peu  de  temps,  comme  il  est  sûr  que,  si  la 
Russie  obtient  la  Pologne,  nous  l'aurons  au  plus  tard  dans 
trois  ans  cette  guerre  que  Ton  voulait  éloigner  pour  toujours.  » 

Ici  finit  la  conversation  que  j'ai  de  grandes  raisons  pour 
croire  que  c'est  cela  le  véritable  esprit  du  cabinet  de  Prusse. 
Le  premier  est  que  si  ce  n'est  pas  Zerboni  qui  a  parlé  comme 
cela,  c'est  certainement  l'un  des  conseillers  ou  des  secrétaires 
intimes  du  prince  de  Hardenberg,  parce  que  je  sais  qu'il  y  en 
a  quelques-uns  qui  sont  très  liés  avec  cette  dame  qui  n'est 
pas  la  bonne,  enthousiaste  et  bavarde,  M""  d'Arnstein.  La 
seconde  est  que  Bartholdi,  qui  m'a  prouvé  n'être  pas  dans  le 
secret  de  sa  Cour  ni  dans  la  confidence  véritable  de  son  chef, 
tient  un  tout  autre  langage  en  se  laissant  guider  par  les  appa- 
rences. Celui-ci  dit  que  la  Prusse  est  toujours  la  très  humble 
servante  de  la  Russie  et  que  le  roi  tient  à  son  Alexandre  de 
manière  à  ne  rien  entendre  là-dessus. 

Les  Russes  parlent  partout  d'un  ton  si  insolent  qu'ils  ne 
pourraient  pas  parler  autrement  s'ils  étaient  autant  de  Napo- 
léons en  bonheur  et  déjà  maîtres  de  l'Univers.  Ils  enflamment 
de  nouveau  les  Grecs  en  leur  faisant  espérer  leur  résurrection, 
comme  ils  l'on  fait  aux  Polonais.  Les  Grecs  se  laisssent  aller 
derechef  à  ces  idées,  lèvent  la  tête,  et  je  sais  par  une  personne 
qui  en  connaît  plusieurs  des  plus  marquants  qu'ils  parlent  de 
la  délivrance  de  l'Epire,  de  la  Morée  et  d'une  patrie  Grecque 
que  la  Russie  fera  renaître. 

J'ai  chargé  cette  personne  de  suivre  ces  élans  et  de  m'en 
entretenir  et  elle  le  fera. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       187 

225.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3845  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  cession  de  Gênes,  la  France,  le  Pape  et  les  Légations.  Le  Congrès 
ne  s'ouvrira  pas  avant  le  15  au  plus  tôt. 

Rossi  (I)  et  Saint-Marsan  considèrent  la  cession  de  Gênes 
comme  un  fait  hors  de  doute.  Saint-Marsan  prétend  d'autre 
part  que  la  France  soutiendra  les  réclamations  du  Pape  sur 
les  trois  Légations.  On  dit  enfin  que  le  Congrès  ne  se  réunira 
pas  avant  le  15  de  ce  mois. 


226.  Vienne,  1»'  octobre  1814  (F.  1.3895  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Le  baron  de  Spaen  et  la  réunion  de  la  Belgique  à  la  Hollande. 
Frontières  et  agrandissements  qu'on  devrait  donner  au  Pays-Bas. 

Il  résulte  de  l'entretien  que  je  viens  d'avoir  avec  le  baron 
de  Spaen,  ministre  de  Holjande,  que,  d'après  lui,  les  Belges 
n'ont  rien  à  craindre  de  leur  annexion  à  la  Hollande,  qui  de 
son  côté  a  besoin  de  s'étendre  jusqu'à  la  Moselle  afin  que  le 
Luxembourg,  comme  clef  de  la  Belgique,  soit  dans  les  mains 
de  celui  qui  aura  la  maison. 

Lord  Castleragh,  dans  les  mains  duquel  il  me  dit  franche- 
ment que  le  timon  de  la  négociation  hollandaise  était  placé 
avec  une  sorte  d'abandon  de  leur  part,  donnait  peu  d'espérance 
que  ce  point  serait  obtenu. 

Les  Belges  et  les  Hollandais  et  le  prince  héritier  lui-même 
ont  plus  d'une  fois  laissé  entendre  qu'il  serait  fort  utile  d'étendre 
la  frontière  jusqu'au  Rhin  moyen  en  j  comprenant  Liège,  Aix- 
la-Chapelle,  Juliers  et  le  pays  entre  Meuse  et  Rhin  depuis  et  y 
compris  Cologne  jusqu'à  Coblentz,  mais  ils  ont  ajouté  que  par 
délicatesse  pour  les  intérêts  de  la  Prusse  on  n'osait  pas  pous- 
ser lord  Castlereagh  à  insister  sur  ce  point  sans  lequel  ils  ne 
se  regarderaient  jamais  comme  assez  forts  pour  résister  à  une 
invasion  subite  de  la  France. 


1.  Rossi  (Joachim-Alexandre,   comte),  Conseiller  royal,  envoyé  extraordi- 
naire et  ministre  plénipotentiaire  de  Sardaigne  à  la  Cour  de  Vienne. 


188  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE  | 

227.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.4054  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR 
(Bordereau,  Rapport  journalier  et  envoi  d' Intercepta). 

Il  fait:  connaître  entre  autre  à  l'Empereur,  à  propos  d'un 
rapport  relatif  au  baron  d'Otterstedt  (1),  qu'il  a  réussi  à  l'em- 
ployer pour  le  service  de  la  police  secrète  politique  et  que 
c'est  là  pour  lui  une  raison  de  plus  de  demander  qu'on  le  laisse 
continuer  à  séjourner  à  Vienne.  ' 


228.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.4054  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER  (Analyse).  \ 

Il  rend  compte  de  la  présence  de  l'Empereur  Alexandre  au 
bal  de  la  princesse  Bagration.  j 


229.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.4054  ad  3565;. 

ee  à  HAGER 

Nécessité  de  surveiller  Kliiber.  Les  promenades  Incognito  du  Roi  de  Dane- 
mark dans  les  rues  de  Vienne.  La  Princesse  Bagration.  Les  menées  de  1? 
légation  de  France.  Les  protestations  contre  le  maintien  de  Murât.  'L'ap- 
partement du  30  septembre  à  la  cour.  , 

Il  est,  je  pense,  absolument  nécessaire  de  faird  surveilleii 
d'une  façon  toute  spéciale  le  conseiller  intime  badois  von  Klii- 
ber, qui  est  depuis  longtemps  un  ardent  partisan  de  Napoléor; 
et  est  bien  connu  pour  ses  sentiments  anti-autrichiens.  Klûbei 
est  un  faiseur  (sic)  à   Karlsruhe.  D'après  ce  que   raconte  k 

1.  Ancien  officier  prussien  attaché  à  la  personne  de  Stein  qui  avait  voult 
faire  de  lui  le  directeur  de  la  police  à  Francfort  et  l'envoya  en  qualité  de 
commissaire  du  gouvernement  dans  le  département  du  Mont  Tonnerre,  où  il 
ne  put  se  maintenir  à  la  suite  de  différends  avec  le  fameux  Justus  Gruner.; 
(Cf.  plus  loin  pièce  1347  une  notice  biographique  plus  complète  d'Otterstedt 
et  A.  FouRNiER.  Die  Geheim  Polizei  au/  dem  Wiener  Kongress.  Note  L 
page  146).  ' 


LES    PRÉLIMIiNAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       Ic,^, 

comte  Metternich  (l),le  grand  plaisir  du  roi  de  Danemark  con- 
siste à  se  promener  incognito  à  pied  dans  les  rues  de  Vienne 
il  le  comte  ajoute,  non  sans  quelque  amertume  :  «  Et  je  dois 
toujours  l'accompagner.  » 

Le  bal  de  la  princesse  Bagration  a  été  très  brillant. 

La  légation  de  France  intrigue  beaucoup  et  de  tous  côtés. 
Les  Bavarois  sont  entièrement  dans  la  main  de  Talleyrand. 

L'Espagne,  la  Sicile  et  la  France  déclarent  qu'il  faut  rendre 
Naples  à  Ferdinand  IV  et  protestent  contre  le  traité  d'alliance 
entre  l'Autriche  et  Naples. 

On  continue  de  parler  de  dissentiments  assez  sérieux  entre 
Alexandre  et  Razoumoffsky. 

A  Y  Appartement  (2)  d'avant  hier  (30  septembre),  Alexandre 
a  surtout  admiré  les  comtesses  Julie  (3)  et  Maria  Zichy,  et  les 
missions  étrangères  sont  étonnées  de  la  beauté  et  de  l'élégance 
des  dames  de  Vienne. 

On  a  remarqué  l'isolement  dans  lequel  on  a  laissé  le  prince 

Eugène  et  un  échange  de  mots  assez  vif  entre  le  chambellan 

i  comte  Nostitz  et  le  maître  de  cérémonies  comte  Wurmbrand. 

\     Un  laquais  italien  revêtu  des  vêtements  de  son  maître  avait 

réussi  à  pénétrer  dans  les  salons.  Il  n'a  pas  tardé  à  être  reconnu 

et  jeté  dehors. 


230.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.4059  ad  3565). 

GOHAUSEN  à  HAGER. 


i 


Organisation  probable  de  l'Allemagne.  Le   sort  des  petits  Etats, 
pier-monnaie  prussien  au  même  cours  que  la  monnaie  conventionnelle. 


On  croit  en  général  qu'on  donnera  à  l'Allemagne  une  orga- 
nisation dans  le  genre  de  celle  de  la  Confédération  du  Rhin 
et  que  les  petits  princes  garderont  leurs  Etats. 

On  est  très  surpris  de  voir  que  les  billets  prussiens,  le  papier 

1.  Le  comte  Joseph  Metternich  faisait  partie  du  service  d'honneur  attaché 
à  la  personne  du  roi  de  Danemark. 

2.  Terme  en  usage  pour  désigner  les  réceptions  à  la  Burg. 

3.  Zichy  (Julie,  comtesse),  néecomtesse  Festetics,  morte  en  1816,  deuxième 
femme  du  comte  Charles  Zichy,  deuxième  fils  du  comte  Charles,  l'ancien 
ministre  des  Finances  et  l'un  des  favoris  de  l'Empereur  François  (né  en  1778, 
mort  en  1824). 


jO  autour  du  congrès  de  vienne 

d'un  Etat  qui  avait  moins  de  crédit  que  l'Autriche,  ont  déjà 
maintenant  presque  la  même  valeur  que  la  monnaie  conven- 
tionnelle (d'Autriche). 


231.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.  4059  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français).  | 

La  conférence  du  30  septembre.  Les  Quatre,  Labrador  et  Talleyi-and.i 
Alexandre,  la  Pologne  et  la  Prusse.  L'harmoni*  n'est  pas  parfaite.  Le; 
prince  Eugène.  Bernadotte. 

On  se  dit  à  l'oreille  qu'avant-hier,  il  y  eut  une  conférence 
des  quatre  ministres  de  la  Coalition  où  l'on  montra  àTallevrand 
et  à  Labrador  ce  qu'on  avait  établi  pour  la  manière  de  traiter 
les  affaires  au  Congrès.  Les  quatre  coalisés  se  réuniraient  et 
admettraient  les  Ministres  de  France  et  d'Espagne  comme, 
Ministres  de  Puissances  de  premier  rang.  Là-dessus,  Labradoi 
demanda  ce  que  l'on  entendait  par  les  quatre  coalisés,  contre 
qui  et  dans  quel  but  cette  coalition  existait  et  avait  existé.  Si 
c'était  contre  Napoléon  et  pour  la  délivrance  de  l'Europe, 
l'Espagne  était  la  première  de  cette  coalition  et  ne  pouvaii 
être  admise  par  grâce  aux  séances  des  autres  Ministres  de? 
coalisés,  mais  de  droit. 

On  prétend  que  l'on  dut,  en  conséquence  des  remontrances 
de  cet  Espagnol,  renoncer  au  plan  présenté  et  en  imaginer  urj 
autre.  On  dit  même  que  Talleyrand  a  déclaré  qu'il  ne  pouvaill 
rien  approuver  de  ce  qui  avait  été  fait  en  Italie  depuis  le 
1"  juin  (1). 

On  dit  en  ville  qu'Alexandre  fait  le  fier,  qu'il  veut  la  Pologne; 
entière,  qu'il  a  pris  là-dessus  des  accords  avec  la  Prusse  el| 
qu'il  n'y  a  plus  rien  à  négocier  sur  ce  point.  On  voit  que 
l'harmonie  parfaite  est  bien  loin  d'exister. 

L'arrivée  de  Beauharnais  n'a  pas  beaucoup  plu.  On  se 
demande  ce  qu'a  à  prétendre  ce  polisson  qui  a  imprimé  tanl 
de    sottises  contre  notre    Cour,  volé  tant  d'argent  à  Milan. 

1.  Cf.  d'Ai\GEBERG,  251.  Projet  de  délibération,  sur  la  forme  et  la  marche  i 
suivre  dans  les  délibérations  du  Congrès,  communiqué  au  prince  de  Tall 
leyrand  le  30  septembre  1814.  (Cf.  Talleyrand  au  roi,  Vienne,  4  octobre  181  \ 
(dépêche  n»  2).  Pallain.  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  d 
Louis  X  VIII,  p.  10-1 7 .  )  ; 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMEiNTS    DU    COxNGRÈS       191 

fabriqué  de   faux  billets  (1)  et  qui,  par  la  chute  de  Napoléon, 
n'est  plus  qu'un  simple  particulier. 

On  craint  que  l'autre  du  Nord  (Bernadotte)  n'arrive  ici  se 
fourrer  dans  ce  cercle  de  souverains  et  de  princes  légitimes. 
Tels  sont  les  discours  dans  les  sociétés. 


232.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  1.  4059  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Visite  d'Alexandre  à  la  princesse  Bagration  (2).  Alexandre  reste  pendant 
trois  heures  seul  avec  la  princesse  Bagration.  Confidences  qu'il  lui  fait. 
L'accord  entre  lui  et  la  cour  de  Vienne  est  loin  d'être  parfait.  La  rivalité 
entre  la  princesse  et  la  duchesse  de  Sagan.  Leurs  salons  et  leur  influence 
sur  la  politique  La  correspondance  de  Metternich  avec  la  princesse 
Bagralion.  Joie  des  ennemis  de  Metternich. 

Tout  le  monde  ne  parle  que  de  cela.  Il  est  sûr  qu'Alexandre 
avait  fait  dire  à  la  Princesse  Bagration  qu'il  se  rendrait  chez 
elle  avant  le  Cercle  (2),  à  6  heures.  Il  lui  envoya  le  général 
Ouvarofî  la  prévenir  qu'il  n'avait  pu  se  débarrasser  et  qu'il  y 
viendrait  après  le  Cercle  et  qu'elle  lui  fit  trouver  du  thé  et 
personne. 

En  effet,  à  9  h.  1/2,  il  y  vint.  Il  passa  dans  le  cabinet  de 
toilette  et  resta  tout  seul  avec  elle  trois  heures. 

Ce  matin  à  10  heures  M.  Fontbrune  (3)  fut  au  lit  de  la 
Princesse  pour  savoir  tout  le  sujet  de  la  conférence.  Mais  la 
■  princesse  avait  été  prévenue  de  ne  pas  se  fier  à  Fontbrune,  et 
il  eut  beau  cajoler,  il  n'en  tira  rien.  Elle  garda  le  secret  avec 
tout  le  monde  ;  mais  il  paraît  cependant  qu'elle  n'a  pas  bonne 
idée  de  l'accord  qu'on  supposait  parfait  entre  Alexandre  et 
notre  Cour. 

1.  Cf.  Lecestre.  Lettres  Inédites  de  Napoléon.  Paris,  25  nov.  1813,  n"  1109. 
■lu  prince  Eiujène,  t.  II,  p.  300.  «  Vous  recevrez  un  paquet  contenant  un 
million  de  papier  de  Vienne;  faites-en  l'usage  convenable.  » 

2.  Cette  visite  eut  lieu  le  vendredi  30  septembre,  puisque  le  29  septembre 
"1  soir,  il  y  eut  chez  la  princesse  un  grand   souper   auquel  assistèrent  entre 

!  es    le    duc  de  Weimar,   le  prince  Radziwill  et  tous  les   aides   de   camp 

:  .Vlexandre  ainsi  que  Gentz.  (Cf.  Gentz,  Tagebûcher,  t.  I,  page  312.) 

I      3.  Quoique  logé  chez  la  duchesse  de   Sagan,    Fontbrune,  dit  le  Voyageur, 

servait  d'homme  d'affaires  et  d'intermédiaire  à  la  princesse.  (Cf.  Annexe  XIII, 

note  curieuse  de  police  (Archives  Na,tionales,F.  7)  sans  date,  mais  pré- 

aiée  de  l'an  Vil  sur  ce  personnage.) 


192  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

J'en  saurai  peut-être  davantage  sous  peu,  mais,  pour  le 
moment,  la  princesse  est  dans  la  joie  de  son  cœur  pour  le 
triomphe  qu'elle  a  remporté  sur  la  souveraine  de  Ratiborsitz  (1) 
et  sa  rivale  heureuse  vis-à-vis  du  prince  ministre  (Met- 
ternich)  (2),  ayant  reçu  la  première  une  telle  distinction  par 
l'Empereur  Alexandre.  Ces  deux  bruyantes  étrangères,  rivales 
de  goût  et  d'ambition,  se  trouvent  par  un  curieux  et  fatal 
hasard  logées  dans  le  même  hôtel  (3)  qui,  à  la  honte  de  notre 
noblesse,  est  le  seul  ouvert  aux  illustres  étrangers  présents  à 
Vienne. 

Il  me  paraît  très  vraisemblable,  que,  vu  la  préférence  du 
moment  que  Metternich  a  donnée  à  la  Sagan  et  les  fréquentes 
visites  qu'y  fait  Talleyrand,  on  établira  le  parti  autrichien 
chez  celle-ci  et  le  parti  russe  chez  la  Bagration,  de  manière 
qu'à  la  droite  siégera  le  parti  ministériel  et  à  la  gauche  l'Op- 
position. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  les  intrigues  de  femmes 
ont  influé  sur  la  politique  des  Etats  et  des  plus  grands  Etats. 
Voilà  les  hommes  ! 

J'espère  cependant  que  la  Providence  nous  aidera  jusqu'à 
la  fin,  et  si  jamais  (ce  que  je  n'ai  aucune  raison  de  croire), 
la  vengeance  avait  suggéré  de  mauvais  projets  à  la  princesse 
Bagration  dans  sa  longue  conversation,  qui  n'a  pas  roulé  tout 
entière  sur  des  niaiseries  de  jeunesse,  j'espère  qu'elles  n'au- 
ront aucune  influence  sinistre  sur  les  affaires. 

Je  me  console  que,  si  elle  a  même  montré  à  son  Empereur 
toute  sa  correspondance  avec  Metternich,  il  n'y  a  que  des 
éloges  pour  lui  et  jamais  une  idée  d'agrandissement  de  notre 
côté,  mais  toujours  de  justice  et  de  libéralité  (4). 

Les  ennemis  de  Metternich  sont  aux  anges  de  cet  événement. 
Ils  sont  tous  à  présent  pour  V Andromède  russe  et  contre  la 
Cléopâtre  de  Gourlande,  dont  l'ascendant  a  plus  de  morgue 
et  moins  d'abandon  et  de  prodigalité  que  celui  de  l'autre.  Ils 
espèrent  que  l'empereur  Alexandre  ira  souvent  chez  la  leur  et 


1.  Un  des  châteaux  de  la  duchesse  de  Sagan,  près  de  Nachod. 

2.  La  duchesse  deSagan,on  le  sait,  était  àcemomentla  bien-aimée  de  Met- 
ternich. 

3.  Le  Palais  Palm,  dans  la    Schenkenstrasse,  s'élevait  à   peu  de  distanc^ 
du  Ball-Platz  (Ministère  des  Affaires  étrangères)  et  de  l'endroit  où  se  trou\ 
actuellement  le  Burg  Theater. 

4.  Allusion  aux  prétentions  de  la  Russie  sur  la  Pologne. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       193 

peut-être  plus  du  tout  chez  l'autre.  Nous  verrons.  Les  paris 
sont  ouverts,  les  armées  sont  en  présence  et  le  feu  a  déjà 
commencé. 


233.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3796  ad  3565)  (1). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Une  visite  de  l'Empereur  Alexandre  chez  la  princesse  Bagration. 
Le  chapeau  du  décorateur. 

Alexandre,  invité  chez  la  princesse  Bagration  pour  samedi 
soir  (le  1"  octobre)  s'y  est  rendu  hier  soir  (le  30  septembre) 
après  Vapparteme7it  et  le  souper  pour  faire  une  visite.  Le  por- 
tier sonna  quatre  fois  pour  l'annoncer,  et  la  princesse  qui,  se 
disant  malade,  avait  fait  défendre  sa  porte  toute  la  journée, 
alla  au-devant  de  lui  en  négligé  jusqu'à  l'escalier.  A  la  voix 
du  tzar,  elle  se  confondit  en  excuses,  le  fit  entrer  dans  sa 
chambre  où  Alexandre  aperçut  un  chapeau  d'homme.  Grande 
et  amusante  explication  :  «  C'est  celui  du  décorateur  Moreau, 
dit  enfin  la  princesse,  c'est  lui  qui  décore  la  maison  pour  la 
fête  de  demain  (2).  » 

Le  tzar  resta  deux  heures  et  demie  chez  la  iprincesse.  Honni 
soit  qui  mal  y  iJense  ! 


234.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  3992  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTRÔM  (Stockholm)  {intercepta) 

(en  français). 

Conversation  et  altercations  d'Alexandre  avec  le  prince  Antoine  de  Saxe. 
Affaires  de  Pologne.  Le  Danemark  et  le  Holstein.  Les  plénipotentiaires 
de  Naples.  L'organisation  probable  du  Congrès.  Ce  qu'on  peut  en  attendre. 

Hegardt  commence  par  lui  parler  du  bruit  répandu  à  Vienne 
de  la  venue  du  prince  royal  de  Suède  (Bernadotte). 

1.  Quoique  cette  pièce  soit  datée  du  1"  octobre,  j'ai  cru  utile  de  la  pla- 
cer immédiatement  à  la  suite  de  la  précédente  à  cause  des  faits  mêmes  qui 
y  sont  exposés. 

2.  Le  bal  que  la  princesse  donna  le  1"  octobre. 

T.  I.  13 


194  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

«  On  m'a  raconté  que  l'Empereur  de  Russie,  dans  une  con- 
versation (1)  avec  le  prince  Antoine  de  Saxe  au  sujet  de  Tab- 
dication  qu'on  se  propose  d'exiger  du  Roi  son  frère,  s'étant 
un  peu  emporté,  il  lui  est  échappé  un  mot  sur  le  caractère  de 
ce  Monarque  et  que  le  prince,  piqué  au  vif,  a  répondu  qu'on 
pouvait  dépouiller  son  frère,  mais  qu'on  tâcherait  en  vain  de 
colorer  cet  acte  d'injustice  en  lui  prêtant  des  perfidies  et  en 
dénigrant  son  caractère  qui  avait  toujours  été  sans  reproche.  » 

Les  négociations  sont  toujours  mystérieuses.  On  n'est  tou- 
jours pas  d'accord  sur  la  Pologne. 

Pour  le  Danemark,  c'est  tout  au  plus  si  le  Roi  réussira  à 
sauver  le  Holstein  (2). 

L'admission  des  plénipotentiaires  de  Naples  sera  contestée, 
et  c'est  pour  refuser  des  questions  de  cette  nature  qu'on  va 
diviser  le  Congrès  en  plusieurs  comités  et  réserver  les  questions 
importantes  aux  Plénipotentiaires  de  la  Coalition, en  j  admettant 
toutefois  ceux  de  France  et  d'Espagne.  Dans  peu  cela  doit 
s'éclaircir,  et  on  verra  alors  ce  qu'il  ya  à  espérer  ou  à  craindre 
de  cet  aéropage  de  l'Europe. 


235.  Vienne,  1"  octobre  1814  (F.  1.  4054  ad  3565). 

Rapport   à   HAGER 
Plaisanteries  des  Viennois  sur  les  souverains,  logements  qu'ils  leur  affectent  (3). 

Le  tzar,  im  Sûssen  Loechl  (dans  l'agréable  petit  trou). 
Le  grand  duc  Constantin,  Naglergasse  (rue  des  Cloueurs). 
Le   roi  de    Wurtemberg,    Fleischmarkt   (au  marché  à   la 
viande). 

1.  Cette  explication  orageuse  eut  lieu  le  26  septembre. 

2.  Cf.  Les  Ambassadeurs  du  Roi  au  Congrès  au  Ministre  des  Affaires 
Etrangères  à  Paris.  Vienne,  26  octobre  1814  (Dépêche,  n»  6/)is).  «  Ce  qui  sem- 
blerait prouver  que  TEmpereur  de  Russie  ne  croit  pas  pouvoir  terminer  les 
affaires  cette  année,  c'est  qu'il  a  retardé  la  ratification  du  traité  avec  le 
Danemark  et  la  Suède,  dont  il  doit  être  garant  et  qu'il  n'a  pas  donné  d'ordres 
pour  retirer  son  armée  qui  occupe  et  dévore  le  Holstein.  Le  Roi  de  Danemark^ 
n'a  pu  rien  obtenir  à  cet  égard.  » 

3.  Noms  de  maisons,  de  rues  et  de  places  existant  en  1814  et  dont  quelqueg4 
unes  subsistent  encore  aujourd'hui,  comme  par  exemple  la  Naglergasse  et  \i 
Fleischmarkt. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET   LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      193 

Le  roi  de  Danemark,  im  Elend  (dans  la  misère). 
Le  roi  de  Prusse,  Windmiïhle  (au  moulin  à  vent). 
L'Empereur  d'Autriche,  Papiermûhle  (à    la   fabrique    de 
papier). 


236.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3841  ad  3565). 

HAGER    à    l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  du  4  octobre  et  envoi  de  la  liste,  de 
la  copie  ou  analyse  des  Intercepta  du  3  octobre,  parmi  lesquels 
se  trouve  la  copie  d'une  lettre  de  Zurich,  25  septembre  1814 
de  Rouyer,  secrétaire  de  la  Légation  de  France  en  Suisse  (1) 
au  Bailli  d'Hanonville  (2)  (de  Tordre  de  Malte). 


237.  Zurich,  25  septembre  1814  (F.  1.  3841  ad  3565). 

ROUYER  au  BAILLI  d'HANON VILLE?  (intercepta) 
(analyse  de  la  lettre). 

Il  lui  a  écrit  le  19  par  le  bourgmestre  de  Wieland,  de  Bâle, 
l'un  des  trois  députés  de  la  Diète  helvétique  et  lui  fait  remettre 
celle-ci  par  Gapo  d'Istria  (3),  Ministre  de  Russie  en  Suisse.  11 
l'engage  à  voir  le  Ministre  pendant  ^e  séjour  qu'il  fera  à  Vienne, 

1.  Le  chevalier  Rouyer  était  depuis  fort  longtemps  à  la  légation  de  France 
tn  Suisse.  Il  faisait  déjà  partie  de  cette  mission  en  l'An  XIII. 

2.  Je  doute  fort  qu'il  puisse  s'agir  ici  de  d'Hanonville,  commandeur  de 
Salins  en  1772,  chevalier  de  Malte  de  la  langue  d'Auvergne,  le  seul  de  ce 
nom  que  j'ai  relevé  dans  les  différents  ouvrages  que  j'ai  consultés. 

3.  Capo  d'istria  (Jean,  Comte)  (1776-1831),  choisi  pour  Secrétaire  d'État  à 
27  ans  par  le  Commissaire  Impérial  de  Russie  dans  les  îles  Ioniennes,  il  se 
démit  de  ses  fonctions  lorsque  la  paix  de  Tilsitt  plaça  ces  îles  sous  la  domi- 
nation de  la  France  et  se  rendit  à  Saint-Pétersbourg  où  il  entra  dans  les 
bureaux  du  ministère  des  Affaires  étrangères.  Chargé  en  1813  d'une  mission 
secrète  en  Suisse  pour  faire  respecter  la  neutralité  de  ce  pays,  plénipoten- 
tiaire au  Congrès  de  Vienne,  il  devint  l'année  suivante  Secrétaire  d'Etat  aux 
Affaires  étrangères.  La  Grèce  commençait  à  s'agiter  et  la  situation  de  Gapo 
d'istria,  grec  d'origine,  et  ministre  du  Tzar,  devenait  difficile.  Il  fut  en  effet 
destitué  en  1819  lors  de  l'insurrection  d'Ypsilanti  et  vivait  dans  la  retraite  à 
Genève  lorsqu'en  1827  il  fut  nommé  par  ses  Compatriotes  Président  de  la 
Grèce.  Il  accepta  ces  fonctions  qu'il  exerça  pendant  quatre  ans  et  mourut 
assassiné  en  1831. 


196  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

lui  parle  assez  longuement  des  Iles  Ioniennes  qu'il  est  question 
de  donner  à  l'Ordre  de  Malte  et  insiste  sur  le  fait  que  Capo 
d'Istria  pourra  lui  être  fort  utile. 


238.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.4087  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Bruit  de  mouvement  des  troupes  autrichiennes  en  Italie. 

Le  bruit  court  que  les  troupes  autrichiennes  de  la  Lombar 
die  se  portent  sur  Bologne. 


239.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.4087  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (Intercepta). 

Il  lui  communique  une  dépêche  d'Aglié  (1)  de  Londres 
(4  septembre)  à  Saint-Marsan  sur  ce  qui  aurait  été  fait  à  Paris 
au  sujet  de  la  Savoie. 


240.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3841  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
(Emploi  de  la  journée  du  2  octobre  par  Anstett.) 

Samedi  2  octobre.  — Anstett  travaille  de  10  heures  à  1  heure, 
puis  va  chez  Nesselrode,  rentre  vers  2  heures,  reçoit  le  Comte 

1.  Comte  San  Martin  d'Aglié,  Ministre  de  Sardaigne  à  Londres,  un  des  plus 
ardents  artisans  de  la  cession  de  Gênes  au  Piémont  dont  il  rêvait  l'agran- 
dissement, auteur  d'un  Mémoire  dans  lequel  on  donnait  à  son  roi  tout  le 
pays  depuis  les  Alpes  jusqu'au  Mincio,  Parme,  Plaisance  et  Massa-Carrara. 
(Cf.  RiNiERi.  Il  Conffresso  di  Vienna  e  ^a  Santa  Sede.  XXXVII  et  Ibidem, 
XLI-XLII  à  propos  de  la  Savoie.  Victor  Emmanuel  à  Saint-Marsan,  Turin, 
juillet  1814.  Cf.  N.  Bianchi.  Storia  Docurnentata  délia  Diplomazia  Europea 
inltalia.  Vol.  I,  47-50  et  entre  autres  la  dépêche  de  d'Aglié,  à  Vallaise,  de 
Londres,  le  6  septembre  1814). 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       197 

Woronzoff,  va  dîner  avec  lui  au  Restaurant  Widmann,  rentre 
à  o  heures,  va  à  8  heures  à  la  Redoute  et  rentre  à  minuit. 


241.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3,565). 

SGH...  à  HAGER 

Surveillance  d'Anstett.  Emploi  qu'il  fait  de  la  journée  du  3  octobre. 
Mandel,  Vernègues.  Ses  relations  avec  ce  dernier. 

Mandel  est  venu  un  instant  le  3,  puis  un  peu  plus  tard, 
Wernich  (Vernègues)  (1)  avec  une  quantité  de  papiers.  Ans- 
tett  s'est  enfermé  avec  lui  pendant  plus  d'une  heure.  Il  a 
donné  Tordre  de  recevoir  toujours  Wernick  (Vernègues)  et 
de  ne  jamais  le  déranger  pendant  qu'il  serait  à  travailler  avec 
lui. 

Anstett  a  travaillé  jusqu'à  deux  heures  chez  lui  ;  il  a  été 

1.  (Cf.  Archives  Nationales,  F. 7.  6478,  36462  2»  série.  Cité  en  partie  par 
d'HAUTERivE.  La  Police  Secrète  du  Premier  Empire,  t.  II,  p.  177,  Bulletin 
552.  Notes  de  Gènes,  29  novembre  1805;.  «  Monsieur  de  Lisakévitch,  ministre 
de  Russie,  qui  a  suivi  le  roi  (de  Sardaigne)  à  Rome,  à  Naples  et  en  Sar- 
daigne,  s'était  attaché  pendant  la  dernière  guerre  un  émigré  de  Provence, 
M.  Vernègues,  homme  entendu,  dévoué  à  la  faction  russe  et  qui  a  fini  par 
être  naturalisé  sujet  Russe.  C'est  le  même  qui  fut  arrêté  l'an  passé  à  Rome, 
conduit  au  Temple,  relâché  à  la  suite  de  la  prière  de  Sa  Sainteté,  lors  de  son 
voyage  à  Paris.  Il  partit  pour  Vienne  pour  voir  l'Evêque  de  Nancy  (Mgr  de 
la  Fare)  et  se  proposait  de  se  rendre  en  Russie.  Les  journaux  ont  annoncé 
récemment  que  la  Russie  l'envoyait  de  nouveau  à  Rome  et  des  lettres  par- 
ticulières annoncent  même  qu'il  y  est  déjà.  Il  y  a  servi  longtemps  les  intérêts 
du  duc  de  Berry.  Il  correspondait  en  l'an  VIII  avec  Villot  (le  Général  Willot 
de  Grandprez)  et  prenait  alors  le  nom  de  l'héritier  (Cf.  pour  plus  de  détails 
sur  le  départ  de  Vernègues  de  Paris  le  22  décembre  1804  après  sa  libération, 
d'Hauterive,  t.  I  p.  217.  Bulletin  690. —  D.  Perrero.  I Reali  di  Savoia  nell'Esi- 
lio,  pages  243-244,  sur  l'arrestation  de  Vernègues  à  Rome.  Dépêche  du  cheva- 
lier Rossi  à  de  Maistre  du  31  décembre  1803.  —  Desmarets.  Quinze  ans  de 
Haute  Police  sous  le  Consulat  et  l'Empire.  Préface,  lix-lxiii. 

Voici  enfin  sur  Vernègues  quelques  notes  extraites  des  Archives  Adminis- 
tratives du  Ministè.'e  de  la  Guerre  : 

Vernègues  (Joseph-Hilarion-Gautier  de),  né  à  Aix  le  8  avril  1757,  entré  au 
service  au  régiment  Royal  Normandie  en  septembre  1788,  émigré  en  1789  (on 
suppose  le  1"  septembre).  Entré  au  service  de  Russie  avec  autorisation  de 
Louis  XVIII  et  nommé  colonel  le  7  décembre  1808.  Démissionnaire  du  service 
de  Russie  le  1*'  juillet  1814.  Nommé  Maréchal  de  camp  par  Louis  XVIII  par 
décret  de  Gand  le  25  mai  1815.  Il  était  à  ce  moment  employé  à  Vienne  par 
la  Légation  Française,  Résident  auprès  du  Grand  Duc  de  Toscane  en  1816. 
Demande  en  1820,  faveur  qui  lui  est  refusée,  à  être  nommé  Ministre  d'Etat, 
alors  qu'il  était  en  instance  de  retraite. 


198  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

ensuite  chez  Razoumofîsky  chez  lequel  il  est  resté  jusqu'à  sept 
heures. 


242.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

SGHMIDT  à  HAGER 

Surveillance  de  Czartoryski,  son  influence.  Wolkonsky.  Bruits  divers  sur  la 

Pologne. 

Le  prince  Adam  Czartoryski  est  arrivé.  Il  prendra  ici  un 
domestique.  On  va  s'efforcer  de  lui  procurer  un  homme  de 
confiance,  grâce  auquel  on  sera  bien  renseigné  sur  son  compte. 

Czartoryski  continue  d'être  fort  bien  vu  par  l'Impératrice. 
Nesselrode  et  Stackelberg  redoutent  son  influence  sur  l'Empe- 
reur Alexandre  qu'il  a  su  gagner  complètement  depuis  la  chute 
de  Roumantzoff,  parce  qu'il  est  un  ennemi  déclaré  et  avéré  des 
Français. 

Le  prince  Wolkonsky  déplore  l'influence  qu'a  su  prendre 
sur  l'Empereur  Alexandre  la  grande  duchesse  Catherine. 

Parmi  les  Polonais,  il  en  est  certains  qui  espèrent  que  la 
Pologne  sera  donnée  à  l'archiduc  Charles,  s'il  épouse  la  Grande 
Duchesse  Catherine,  d'autres  qui  pensent  qu'Alexandre  la  don- 
nera à  Czartoryski,  tout  comme  elle  fut  attribuée  dans  le  temps 
à  Poniatow^ski. 


243.  Vienne,  3  octobre  1814  (F,  1.  3972  ad  3565). 

SGHMIDT  à  HAGER 

Surveillance  de  Czartoryski.  Arrivée  du  Grand  Duc  de  Bade. 

Le  prince  Adam  Czartoryski  écrit  toute  la  matinée.  Il  envoie 
en  général  ses  lettres  à  l'empereur  Alexandre,  à  la  Burg.  Il 
a  dîné  chez  Razoumoffsky. 

Le  Grand  Duc  de  Bade  (1)  est  arrivé  hier  2  octobre. 


1.  Charles-Louis-Frédéric,  Grand  Duc  de  Bade,  né  le  8  juin  1786,  succéd 
à  son  grand-père  le  10  juin  1811.  il  avait  épousé  en  1806  Stéphanie  de  Beav 
harnais  adoptée  par  Napoléon.  Mort  en  1818. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       199 
244.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Rapport  sur  Stein.  Son  nouveau  valet. 

On  espère  se  procurer  plus  de  renseignemeats  sur   Stein, 
grâce  au  nouveau  valet  qu'il  a  pris. 


245.  Vienne,  3  octobre  1314  (F.  1.  4087  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 
Surveillance  du  prince  de  Hardenberg. 

Hardenberg  a  eu  le  1"  octobre  un  entretien  de  deux  heures 
avec  Metternich.  La  conférence  s'est  réunie  le  2  octobre. 


246.  Vienne,  3  octobre  1814.  (F.  1.  4087  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

Note  sur  le  conseiller  intime  bavarois  baron  Bôhnen. 

Né  en  Zurich,  le  conseiller  intime  bavarois  Bœhnen,  venu  à 
12  ans  àStuttgart,  y  étudia,  protégé  par  le  duc  Charles (1) avec 
lequel  il  voyagea.  Il  devint  son  favori  lorsque  le  duc  enleva 
M°"  de  Leutrum  (2),  qu'il  épousa  et  à  laquelle  il  donna  le  titre 
de  comtesse  Hohenheim.  Après  la  mort  du  Duc,  il  resta  au 
service  de  sa  veuve.  Il  est  marié  avec  une  demoiselle  von  Scher- 
tel(?),  sœur  de  la  duchesse  Franziska  et  dut  quitter  le  Wurtem- 
berg à  la  mort  de  la  duchesse  Charles.  Il  entra  alors  au  service 
de  la  Bavière  et  a  toujours  encore  la  confiance  du  Prince 
Royal  de  Wurtemberg,  bien  que  celui-ci  vive   séparé  de  la 

1.  Charles-Eugène,  duc  de  Wurtemberg,  né  en  1728,  mort  en  1793.  II  avait 
épousé  en  premières  noces  Elisabeth-Frédéric-Sophie,  margrave  de  Baireuth, 
dont  il  se  sépara  en  1781. 
,    2.  Franziska  von  Bernardin,  morte  en  1817. 


200  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

princesse  bavaroise  qu'il  avait  épousée.  C'est  lui  qui  a  eu  la 
désagréable  commission  de  servir  d'agent  de  correspondance 
entre  le  prince  et  son  beau-père,  le  roi  de  Bavière. 

Stein  a  depuis  quelques  jours  un  domestique  attaché  à  son 
service,  grâce  auquel  j'espère  mettre  la  main  sur  sa  corres- 
pondance particulière. 

On  est  enchanté  dans  le  public  de  voir  que  les  diplomates 
français  n'assistent  pas  à  toutes  les  conférences. 


247.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 


Rapport  sur  les  souverains.  Le  bal  de  la  princesse  Bagration, 
Le  souper.  Les  visites  d'Alexandre. 


L'Empereur  Alexandre,  accompagné  par  un  seul  laquais,  est 
allé,  numéro  54,  Schenkenstrasse  où  habitent  dans  la  même 
maison  la  duchesse  de  Sagan  et  la  princesse  Bagration.  11  n'est 
rentré  qu'à  minuit.  Il  paraît  que  cela  lui  arrive  souvent. 

L'Empereur  est  très  content  de  son  séjour  à  Vienne.  Il  dit 
qu'il  n'a  jamais  été  plus  satisfait  que  depuis  qu'il  est  ici.  Gela 
le  change  un  peu  de  ses  Russes.  Dans  tous  les  pays  qu'il  a 
traversés  au  cours  de  la  campagne,  il  n'a  vu  que  de  la  misère 
et  des  mécontents.  En  Angleterre,  il  a  trouvé  trop  de  raideur. 
L'Autriche  possède  les  éléments  et  les  caractères  qui  procurent 
et  engendrent  la  gaieté  et  le  plaisir,  parce  qu'on  sait  y  rester 
dans  la  vraie  note  et  dans  le  juste  milieu. 

Deux  cents  personnes  ont  assisté  au  bal  donné  par  la  pria- 
cesse  Bagration  le  1"  octobre  ;  le  roi  de  Prusse  est  arrivé  à  ÔM 
heures  ;  l'Empereur  de  Russie  à  dix  heures  et  demie.  A  minuit, 
on  a  servi  le  souper.  L'Empereur  de  Russie  avait  à  sa  droite  M 
princesse  Esterhazy,  à  sa  gauche,  la  princesse  Bagration  ;  le  r« 
de  Prusse,  à  sa  droite  la  princesse  Liechtenstein  et  à  sa  gaudàr 
la  princesse  Golloredo.  Il  est  parti  peu  de  temps  après,  tandis 
que  l'Empereur  Alexandre  est  resté  au  bal  jusqu'à  quatre  heureif 
du  matin. 

Il  est  absolument  certain   qu'Alexandre   est  venu   voir  IjI 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      201 

princesse  Bagration  presque  aussitôt  après  son  arrivée  et  qu'il 
est  reve7iu  chez  elle  le  28  au  soir. 


248.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

0  ©  à  HAGER  (en  français). 

Les  deux  millions  de  Brignole.  Les  visées  d'Aldini. 
Le  prince  Eugène  et  Guicciardi.  Murât  et  l'Angleterre. 

Les  deux  millions  que  Brignole  doit  employer  pour  en  faire 
cadeau  à  Metternich  sont  arrivés.  Desmont  (?)  me  dit  d'Aldin? 
qu'il  ne  respire  que  l'indépendance  et  que,  pendant  qu'il  nous 
dit  les  plus  belles  choses  sur  le  compte  de  l'Autriche,  il  ne 
parle  que  du  désir  d'indépendance  de  la  nation  italienne.  I' 
croit  le  prince  Eugène  sans  soutiens. 

Guicciardi,  député  de  la  Valteline,  est,  selon  lui,  un  homme 
parfait  sur  lequel  la  Cour  et  vous  vous  pouvez  compter. 

Il  croit  l'Angleterre  toute  dévouée  à  l'Autriche  et  prête  à  la 
soutenir  en  Italie  et  en  Allemagne.  Pour  Murât,  il  est  per- 
suadé qu'il  vise  absolument  au  royaume  d'Italie  et  croit  que 
l'Angleterre  lui  fera  bientôt  la  guerre  et  que  tout  cela  se  pré- 
pare, vu  que  Murât  ne  paraît  pas  intentionné  à  entendre  raiso 


249.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Satisfaction  causée  dans  certains  milieux  par  l'attitude  de  Talleyrand  et  de 
Labrador,  lors  de  la  conférence  du  30  septembre.  Le  Nonce  et  la  durée  du 
Congrès.  Le  cardinal  Gonsalvi. 

Ferez  de  Castro  a  longuement  insisté  sur  la  satisfaction 
assez  générale  qu'on  a  éprouvée  lorsqu'on    a   su  que  Talley- 

1.  Guicciardi  (Diego,  comte)  (1756-1837),  né  dans  la  Valteline,  seconda  en 
1789  la  réunion  de  ce  pays  à  la  Cisalpine.  Gonsulteur  sous  la  République 
cisalpine,  fait  successivement  par  Napoléon  conseiller  d'Etat,  comte  et  di- 
recteur général  de  la  police  du  royaume  d'Italie  (1805-1809>,  puis  sénateur. 
Trop  tiède  et  trop  modéré  au  goût  de  l'Empereur  qui  l'envoya  au  Sénat  du 
royaume,  il  fut  l'un  des  premiers  à  travailler  en  1814  en  faveur  de  l'Autriche, 
ou  tout  au  moins  en  faveur  d'un  royaume  ayant  à  sa  tète  un  prince  autri- 
chien et  devint  un  peu  plus  tard  vice-pi'ésident  du  gouvernement  de  la  Lom- 
bardic. 


202  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

rand   et  Labrador  avaient  remis  Metternich  à  sa  place  (l). 

Il  m'a  déclaré  que  les  Espagnols  s'enorgueillissent  d'avoir 
dompté  la  cabale  séditieuse  et  honteuse  qu'on  avait  formée 
d'exclure  les  plénipotentiaires  français  et  espagnols  du  Grand 
Sanhédrin  où  on  prépare  la  matière  qui  doit  être  soumise  à  la 
discussion  du  Congrès  et  où  enfin  on  décide  du  destin  de 
l'Univers.  «  M.  de  Labrador  et  M.  de  Talleyrand,  m'a-t-il  dit, 
ont  coupé  le  nœud  gordien.  Le  prince  de  Metternich  a  voulu 
jouer  le  rôle  d'un  Mazarin,  d'un  Richelieu.  Nous  l'avons  dé- 
trompé, et  certes  M.  de  Labrador,  sans  rien  ôter  au  prince 
de  Talleyrand,  a  la  principale  gloire  dans  ce  triomphe.  » 

J'ai  vu  le  Nonce  qui  croit  que  le  Congrès  ne  sera  pas  d'aussi 
courte  durée  que  le  pensait  Metternich  à  cause  des  tendances 
diverses  des  Ministres  des  Puissances.  Le  Nonce  a  insisté  sur 
le  rôle  joué  par  le  cardinal  Consalvi  et  sur  la  grande  place  qu'il 
a  déjà  su  se  faire  auprès  des  souverains. 


250.  Vienne,  3  octobre  1914  (F.  1.  4087  ad  3565). 

ANSTETT  au  GÉNÉRAL   JOMINI. 
Intercepta  sans  date  pris  chez  Anstett  le  3  octobre  1814. 

Je  viens  de  prendre  copie  de  la  lettre  ci-dessous  d'Anstett 
au  Général  Jomini. 

«  Je  restitue  à  Votre  Excellence  la  quintessence  du  ti'aité 
de  Paris.  Ce  petit  commentaire  philosophico-véridico-politique 
est  fait  à  merveille.  L'appétit  vient  en  mangeant.  Vous  m'avez 
promis  un  petit  tableau  dont  je  ne  saurais  vous  tenir  quitte. 
Je  voudrais  à  mon  tour  avoir  quelque  chose  d'intéressant  à 
vous  offrir,  mais  ma  plume  chaume  (szr)  et  ma  table  est  vide.  » 


1.  Cf.  Talleyrand  au  roi  (dépêche  n"  3),  Vienne,  4  octobre    1814.  (Pallaiï 
Correspondance  inédite,  p.  16-19.) 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       203 
251.  (F.  1.  4087  ad  3565). 

GÉNÉRAL  BARON   JOMINI 

Le  dernier  traité  de  Paris  mis  à  la  portée  de  tout  le  monde. 

Les  Hautes  Puissances  Alliées,  qui  n'ont  fait  la  guerre  à  la 
France  que  pour  son  bonheur  et  pour  lui  procurer  les  bienfaits 
d'une  paix  solide  et  glorieuse,  voulant  prouver  leur  désinté- 
ressement à  Sa  Majesté  Louis  XVIII  et  traiter  avec  Elle  plus 
favorablement  qu'elles  ne  l'ont  jamais  fait  avec  Bonaparte,  ont 
résolu  le  traité  suivant  : 

1°  11  y  aura  alliance  éternelle  entre  la  France  et  les  puis- 
sances alliées,  —  sauf  le  cas  où  une  guerre  deviendrait  néces- 
saire pour  le  bonheur  et  la  commodité  de  l'une  d'elles. 

2°  L'Empire  de  France  conserve  le  titre  de  Royaume. 

3°  En  conséquence  de  la  déclaration  de  Francfort,  du  7  jan- 
vier, portant  qu'une  grande  nation  ne  doit  pas  déchoir,  les 
puissances  alliées,  jalouses  de  donner  aux  armées  françaises 
une  haute  marque  de  leur  estime,  ne  reprennent  que  les  con- 
quêtes faites  depuis  1792. 

4°  La  Belgique  est  remise  à  la  Hollande  pour  récompenser 
le  Prince  d'Orange  de  la  part  qu'il  a  prise  à  la  guerre  et  des 
sacrifices  qu'il  a  faits  pour  recouvrer  ses  Etats. 

5°  En  échange  de  la  Belgique  et  conformément  à  la  décla- 
ration de  Francfort,  qui  porte  que  la  France  sera  plus  grande 
que  sous  aucun  de  ses   rois,  S.  M.   Louis  XVIII  acquiert  la 
préfecture  d'Annecy  dont  la  propriété  lui  est  irrévocablement 
^affectée  jusqu'à  nouvel  ordre. 

I  6°  On  ne  rendra  pas  au  roi  les  millions  de  dépenses  affectés 
au  port  d'Anvers,  mais  il  sera  comblé  de  bénédictions  et  en 
considération  de  ce  sacrifice,  le  roi  de  Sardaigne  ne  demandera 
|à  Sa  Majesté  aucune  contribution  de  guerre. 
i  7°  Le  roi  de  Sardaigne  conserve  à  perpétuité  ses  titres  de  roi 
jde  Chypre  et  de  Jérusalem  et  il  pourra  au  besoin  y  joindre 
I  celui  de  marquis  de  l'Empire  Ottoman. 

8°  Le  Pape  recouvre  les  Etats  Romains.  11  abolit  l'Etat  civil 
et  ordonne  à  tous  ses  sujets  nés  depuis  1802  d'en  faire  la 
déclaration  par  devant  l'autorité  ecclésiastique. 

9°  L'Angleterre  rend  à  la  France  toutes  ses  colonies,  excepté 
Tabago,  Sainte-Lucie,  les  Séchelles,  l'île  de  France,  etc.,  etc. 


204  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE  - 

Quant  aux  autres,  les  Français  seront  tenus  d'en  faire  la  con- 
quête. 

lO"  L^ Angleterre  donne  la  Norvège  à  la  Suède  et  la  Suède 
cède  la^Guadeloupe  à  la  France.  Sa  Majesté  Britannique  aban- 
donne tous  ses^légitimes  droits  sur  la  Norvège  et  la  Guade- 
loupe. 

11°  L'Angleterre  consent  à  garder  la  flotte  d'Anvers  sous  Is 
condition  expresse  d'entretenir  sur  le  Continent  une  armée  de 
terre  aux  frais  de  la  Hollande. 

12°  La  Marine  royale  de  France  sera  composée  de  13  vais- 
seaux, 8  frégates,  3  corvettes,  5  avisos,  dont  la  moitié  seule- 
ment pourra  être  armée  en  guerre.  Quant  aux  officiers  de  marine 
le  roi  sera  libre  d'en  porter  le  nombre  à  telle  quantité  qu'i 
jugera  à  propos. 

13°  S.  M.  l'Impératrice  et  reine  Marie-Louise  sera  élevée  \ 
la  dignité  de  duchesse  de  Parme  et  de  Plaisance  par  les  soin! 
de  son  Auguste  Père  François,  empereur  d'Autriche. 

14°  En  conséquence  de  sa  conduite  noble,  loyale  et  franche 
le  prince  Eugène-Napoléon  cessera  d'être  Vice-roi  d'Italie  e 
le  trône  de  Naples  restera  occvipé  par  le  roi  Joachim  Napo' 
léon,run  des  souverains  les  plus  fidèles  à  Bonaparte,  au  Pape 
à  la  France  et  aux  Puissances  alliées. 

15°  L'Angleterre  consent  à  ce  que  la  navigation  françai» 
soit  libre  sur  la  Marne,  la  Saône,  la  Dordogne,  l'Isère  et  un< 
partie  de  la  Gironde.  Les  manufactures  et  le  commerce  repren 
dront  leur  état.  Les  négociants  français  seront  libres  de  n 
vendre  que  des  marchandises  anglaises. 

16°  Les  troupes  alliées  sortiront  de  France  le  plus  tôt  pos 
sible  en  ayant  soin  de  ne  pas  passer  par  les  pays  qu'elles  on 
parcourus  —  sous  peine  de  mourir  de  faim. 

17°  Les  traités  antérieurs  ainsi  que  les  milliards  dépensé 
pour  les  fortifications  de  Dantzig,  Francfort,  Mayence,  Casse) 
Mons,  Luxembourg,  Anvers,  etc.,  etc., et  le  sang  de  cinq  mil 
lions  de  Français  versés  pour  la  gloire  et  l'honneur  de  la  Franc 
sont  déclarés  non  avenus. 

18°  En  attendant  l'exécution  du  présent  traité  et  pour  prou 
ver  l'union  qui  existe  entre  toutes  les  Puissances  européennes 
il  sera  chanté  un  Te  Deum  dans  toutes  les  langues,  à  la  suit 
duquel  il  sera  donné  des  instructions  pour  fortifier  les  place 
et  recruter  les  armées. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS       205 
252.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Sur  la  visite  faite  par  Alexandre  à  la  princesse  Bagration.  Confidences  qu'il 
lui  a  arrachées  sur  sa  liaison  et  sa  rupture  avec  Metternich.  Tentatives 
faites  pour  faire  tomber  Alexandre  dans  les  filets  de  la  duchesse  de  Sagan. 
Opinion  d'Alexandre  sur  certains  généraux  et  hommes  d'Etat  autrichiens. 
Il  est  décidé  à  garder  la  Pologne.  Son  attitude  au  bal  de  la  princesse  Bagra- 
tion. Le  prince  Eugène  et  l'archiduchesse  Béatrice. 

La  princesse  Bagration  n'a  pas  pu  s'empêcher  de  confier  ce 
|m  suit  à  une  personne  qui  jouit  de  toute  sa  confiance  (1).  Reste 
savoir  si  tout  est  vrai  ce  qu'elle  lui  a  dit,  mais  comme  diffé- 
entes  choses  sont  assez  dans  le  caractère  d'Alexandre,  et 
onnues  d'ailleurs  pour  telles  qu'elle  les  a  dites,  j'ai  grande  dis- 
)osition  à  croire  qu'elle  ne  les  a  pas  forgées  à  son  confident 
le  qui  je  les  tiens. 

Parlant  du  prince  de  Metternich,  Alexandre  a  voulu  con- 
laître  l'histoire  de  sa  liaison  avec  la  princesse  et  comment  la 
hose  s'était  refroidie  et  à  présent  il  avait  l'air  d'être  tout  dévoué 
la  duchesse  de  Sagan. 

Là-dessus  Alexandre  a  dit  à  la  princesse  :  «  Metternich  ne 
DUS  a  jamais  aimée  ni  vous,  ni  la  Sagan.  C'est  un  homme 
roid,  croyez-le.  Il  n'aime  ni  l'une  ni  l'autre.  C'est  un  être  à 
ang-froid.  Ne  le  voyez- vous  pas,  avec  cette  figure  de  plâtre  il 
l'aime  personne.  » 
Parlant  de  la  Sagan,  l'Empereur  a  dit  qu'on  avait  fait  tout 
possible  pour  la  lui  faire  agréer.  «  On  me  l'a  même  placée 
jête  à  tête  dans  la  même  voiture  {N.-B.  Le  fait  est  vrai  et 
hnnu),  mais  ils  n'ont  pas  réussi.  J'aime  les  sens,  mais  il  me 
Ipiui  aussi  l'esprit.  » 

Il  a  passé  ensuite  en  revue  certains  généraux.  Il  a  dit  de 
hwarzenberg  qu'il  l'aimait  beaucoup,  que  c'est  un  bon  mili- 
re  qu'il  avait  une  qualité  unique,  c'est  que  «  dans  une  affaire 
ne  pense  qu'à  la  chose  et  s'oublie  lui-même  et  il  fait  cela 
ujours  ».  Il  a  loué  ensuite  Blanchi  (2)  qui  a  du  talent  et  est 
in  officier  distingué,  puis  Jérôme  Colloredo  (3)  pour  sa  bravoure 

[  1.  D'après  les  confidences  faites  par  la  princesse  à  une  personne  de  son 
itourage,  probablement  à  la  comtesse  i^urore  de  Marassé. 

S.Le  futur  commandant  en  chef  de  l'armée  autrichienne  contre  Murât  qu'il 
lattit  à  Tolentino. 

3.  Né  en  1775,  mort  en  1822,  Jérôme  Colloredo,  deuxième  fils  du  ministre 


206  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

et  sa  franchise,  et  Louis  Liechtenstein  (1)  aussi.  Celui  auquel 
après  Schwarzenberg  il  a  montré  le  plus  d'estime  est  Sta- 
dion  (2).  «  Mon  bon  Stadion,  je  l'ai  revu  avec  bien  du  plaisir. 
Je  l'aime  tant,  il  est  si  bon,  si  franc,  si  loyal.  » 

En  parlant  de  politique  il  a  dit  :  «  La  Pologne  est  à  nous* 
Elle  doit  nous  rester.  Je  n'y  renoncerai  jamais.  Je  l'occupé 
avec  200.000  hommes.  On  verra  qui  me  chassera.  » 

On  a  remarqué  qu'au  bal  d'avant-hier  chez  la  princesse,  i 
l'a  distinguée,  elle  plus  que  tout  autre,  et  après  elle  la  Sophie 
Zichy.  Il  a  dansé  la  deuxième  danse  avec  la  duchesse  de  Sagan 
qu'il  a  ensuite  négligée  toute  la  soirée.  Du  reste  il  a  été  très 
poli  avec  tout  le  monde,  gai,  aimable,  content.  Il  a  eu  une  con- 
férence d'un  quart  d'heure  avec  Hardenberg  et,  comme  il  faul 
crier  avec  lui,  il  s'est  retiré  pour  parler  avec  lui  dans  h 
chambre  de  la  princesse.  On  a  remarqué  qu'il  n'a  pas  mêm< 
fait  attention  à  Czartoryski  et  très  peu  à  Metternich. 

On  raconte  que  le  prince  Eugène  a  fait  visite  à  l'archidu- 
chesse Béatrice  (3)  et  ayant  eu  l'arrogance  de  lui  parler  d( 
Milan,  elle,  en  réponse,  n'a  parlé  que  du  roi  de  Bavière. 

Au  cercle   il  aborda  le  prince  KhevenhûUer  en  lui  disant 
«  Comment  vous  va.  Prince  ?  »  L'autre  lui  répondit  :  «  Com 
ment  se  porte  Votre  Excellence.  »  Ce  dialogue  n'alla  pas  plu 
loin. 

Les  Viennois  souffrent  de  revoir  ici  ce  drôle  que  les  Mila- 
nais estiment  comme  militaire,  mais  que  tout  le  monde  mépria 
et  déteste  pour  son  hypocrisie,  sa  morale,  ses  mœurs  et  sur 
tout  sa  fourberie.  Il  faut  entendre  là-dessus  les  Italiens  et  l'ex 
sénateur  Guicciardi  et  l'ex-Podestat  de  Venise  Rénier  (4 
et  tous  ceux  qui  ont  eu  affaire  à  lui.  En  général,  les  Italien 
préféraient  Napoléon  à  Eugène  parce  qu'ils  disaient  :  «  Napo 
léon  est  fier,  cruel,  vindicatif,  mais  il  ne  se  cache  pas,  et  l'autr 
est  faux,  traitre,  fourbe  et  n'a  jamais  fait  la  fortune  de  per 
sonne.  » 

de  Léopold,  il  avait  pris  une  part  des  plus  brillantes  à  la  bataille  de  Kuln 
Il  était  de  plus  un  adversaire  déclaré  de  Metternich.  Promu  feldzeugmeiste 
en  1814,  il  était  à  ce  moment  commandant  général  en  Bohême. 

1.  Liechtenstein  (Louis,  prince),  feld-maréchal  lieutenant,  commandeul 
Tordre  militaire  de  Marie-Thérèse. 

2.  Peut-être  aussi  parce  qu'il  était  un  ennemi  avéré  de  Metternich. 

3.  Veuve  de  l'archiduc  Ferdinand,  ancien  gouverneur  de  Milan  et  mèr 
l'Impératrice  d'Autriche. 

4.  Renier  (Daniel),  Podestat  de  Venise  depuis  1807,  fut  un  des  patrie 
qui  se  prononcèrent  le  plus  hautement  pour  la  réforme  politique  en  1797j 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      207 

253.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Les  souverains  étrangers  et  l'opinion  publique,  et  leur  séjour  à  Vienne. 

Tous  les  Autrichiens  sont  enchantés  du  rôle  digniteux(5zc) 

et  magnifique  que  joue  notre  Cour  en  cette  occasion  à  jamais 

mémorable  et  sans  exemple.  On  est  surpris  çt  charmé  de  la 

magnificence  impériale  et  qui  a  un  air  si  solide.  On  dit  ouver. 

tement  que  notre  Cour  n'est  plus  à  reconnaître.  L'élégance 

des  équipages,  le  bon  goût,  le  bon  ton  de  ses  gens,  etc.,  etc.. 

tout  a  une  physionomie  si  ditTérente  de  l'ancienne  qu'on  serait 

tenté  de  crier  au  miracle,  car  tout  ceci  s'est  fait  tout  d'un 

coup.  Mais  ce  qui  flatte  davantage  l'amour-propre  national, 

c'est  de  voir  comment  les  souverains  étrangers  se  conduisent 

ous  envers  notre  empereur  qu'ils  ont  tous  l'air  de  regarder 

omme  le  premier  d'entre  eux  et  qui,  de  son  côté,  montre  tant 

e  bonhomie  et  de  véritable  grandeur,  sans  orgueil  et  avec  ce 

on  paternel  qui  lui  gagne  tous   les  cœurs,  même  des  étran- 

ers,  desquels  j'ai  entendu  moi-même  ses  éloges,  surtout  des 

taliens  et  des  Allemands. 

Celui  qui  plaît  davantage  décidément  parmi  les  princes 
étrangers,  c'est  le  roi  de  Prusse.  Son  maintien  sage  et  modeste 
^vec  dignité,  son  air  militaire  et  jusqu'à  son  corps  et  sa  figure 
mt  obtenu  la  préférence,  même  auprès  des  dames,  à  ce  roi  sur 
IjUexandre. 

On  trouve  à  celui-ci  tour  à  tour  un  ton  affecté,  mêlé  de  russe 

\t  de  français,  et  personne  ne  se  fie  à  ses  extrêmes  politesses 

^commande.  Il  passe  pour  grec,  léger,  inconstant,  et  en  même 

^ps  boutonné,  altier,  mais  surtout  plus  loin  de  nous  que 

tait  un  Prussien  au  temps  de  Frédéric  le  Grand.  Bref,  il 

)laît  pas  et  on  ne  s'y  fie  pas. 

^n  dit  encore  du  bien  du  roi  de  Danemark,  et  on  est  enchanté 
foir  ici  le  roi  de  Bavière  qui  plaît  par  ses  manières  ouvertes. 
tout  le  monde  préfère  l'impératrice  de  Russie,  qui  a  un 
[si  aimable  et  si  bon,  aux  deux. grandes  duchesses,  dont 
jie  d'Oldenbourg  passe  pour  une  intrigante  de  première 
bce  et  fausse  au  dernier  point  dans  le  temps  qu'on  lui  recon- 
beaucoup  d'esprit  et  d'érudition  politique  et  grande  envie 


208  AUTOUR   DU    COiNGRÈS    DE    VIENNE 

de  plaire  et  de  faire  effet.  Le  bruit  de  son  mariage  avec  l'ar- 
chiduc Charles  commence  à  se  refroidir.  Les  Italiens  en  étaient 
enchantés  ;  je  veux  dire  les  Milanais,  dans  Tespoir  que  l'archi- 
duc serait  gouverneur  du  Royaume  de  Lombardie  et  tiendrait 
avec  elle  une  Cour  brillante  à  Milan,  de  quoi  ce  grand  et  beau 
pays  ne  peut  pas  se  passer. 

Du  roi  de  Wurtemberg,  personne  n'en  parle.  Il  y  a  une  forte 
cabale  contre  lui  en  Allemagne.  Les  savants,  les  philosophes,! 
les  Constitutionnistes  (sic)  jettent  les  hauts  cris  sur  son  des- 
potisme et  sa  fierté.  Cette  aversion  s'est  propagée  jusqu'à 
Vienne.  Le  Prince  héréditaire,  qu'on  dit  chef  du  parti  contre 
le  gouvernement  actuel  de  son  père,  plaît  généralement  à  toul 
le  monde,  de  même  que  celui  de  Bavière  qui  passe  pour  autri- 
chien dans  l'âme. 

On  parle  peu  ou  rien  des  autres  princes  des  maisons  sou- 
veraines. Les  grandes  têtes  couronnées  absorbent  toute  l'at- 
t'^  ^tion  et  la  curiosité  du  public. 


254.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  4087  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Appréciations  sur  le  congrès  et  l'attitude  des  différentes  puissances. 
Nouvelles  d'Italie. 

Voici  ce  qu'on  débite  et  qui  ne  fait  pas  un  bon  effet.  On  esf 
bien  loin  de  s'entendre,  encore  moins  de  s'être  entendu,  sur  lej 
grandes  questions  à  résoudre.  La  Russie  commence  à  bouderl 
Elle  veut  la  Pologne.  L'Europe  ne  peut  pas  la  lui  accorder. 

La  France  voit  mal  volontiers  les  Pays-Bas  réunis  à  la  Holl 
lande.  Talleyrand  travaille  pour  revenir  sur  ses  pas  pour  cettj 
cession. 

Le  Danemark  demande  une  indemnisation. 

La  Prusse  veut  la  Saxe. 

Castlereagh  a  présenté  une  note  dans  laquelle  il  fait  entenc 
que  l'Angleterre  ne  peut  pas  permettre  que  la  Pologne  entiil 
devienne  ou  reste  russe  (1). 

1,  Mémorandum  de  lord  Castlereagh  au  sujet  des  traités  relatifs  au  dï 
de  Varsovie.  Cf.  d'ANGEBERG,  265-270.  Vienne,  4  octobre  1814. 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS   DU   COiNGRÈS       209 

Le  Pape  ne  cédera  jamais  les  Légations. 

L'Espagne  ne  démord  pas  de  son  royaume  d'Etrurie  ou  d'un 
équivalent  et  du  retour  à  sa  famille  de  celui  de  Naples.  Cam- 
pochiaro  fait  courir  une  note  pour  prouver  que  Murât  est  roi 
de  Naples  aussi  légitime  que  tous  les  autres  souverains  qui 
l'ont  reconnu  et  qu'il  est  de  l'intérêt  de  tous  de  le  conserver  (1). 

Beauharnais,  quoique  Français,  prétend  à  un  état  en  Alle- 
magne. Cela  fait  frémir  tous  les  Allemands  qui  céderaient 
toute  l'Italie  plutôt  qu'un  pouce  de  terrain  à  ce  Français  napo- 
léoniste  en  terre  allemande. 

Les  affaires  sont  embrouillées,  n'avancent  pas  (2)  et  malgré 
tout  ce  qu'on  a  fait,  dit  et  promis,  la  guerre  est  bien  loin 
d'être  impossible,  comme  on  croyait  avant  l'ouverture  du  Con- 
grès qui  selon  les  uns  n'a  pas  encore  commencé  et  selon  les 
autres  ne  peut  pas  avancer,  vu  la  contradiction  et  l'opposition 
des  idées,  des  prétentions  et  des  intérêts  de  tant  de  puissances. 
Je  crois  que  tout  est  vrai  pour  les  principes  et  peut-être  tout 
est  faux  ce  qu'on  dit  des  faits,  mais  voilà  ce  qui  court  la  ville 
et  les  maisons. 

-  Le  Pape  a  permis  à  une  société  anglaise  de  faire  fondre  en 
bronze  deux  chevaux  comme  ceux  de  Monte-Cavallo.  La 
Commission  en  fut  donnée  à  Canova.  Cette  opération  coûtera 
60.000  livres  sterling  et  le  monument  sera  transféré  à  Londres 
1  et  placé  en  honneur  de  Wellington  dans  cette  capitale. 


;  255.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Renseignements  sur  Johnson.  Son  rôle  en  Italie  en  1813.  Son  intimité  avec 
Bentinck  qu'il  veut  aller  rejoindre  à  Pise.  Causes  l'éelles  de  son  envoi  en 
Italie.  Ses  idées  sur  l'Italie.  Lettre  de  Bentinck  à Brignole.  L'abbé  Brunazzi. 

1.  Campochiaro  ne  remit  pas  de  note  à  ce  moment.  11  eut  seulement  dans 
les  derniers  jours  de  septembre  une  assez  longue  conversation  avec  Gastle- 
reagh  auquel  il  exposa  les  intentions  paciiiques  et  conciliantes  et  les  désirs 
de  son  gouvernement. 

2.  Cf.  Pallain,  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII. 
Vienne,  9  oct.  1814,  dépêche,  n'  4,  p.  28-29.  «  M.  de  Nesselrode  dit  sans  trop 
de  réflexion  que  l'Empereur  Alexandre  voulait  partir  le  25.  A  quoi  je  lui 
ripondis  d'un  ton  indifférent  :  «  J'en  suis  fâché,  car  il  ne  verra  pas  la  fin  des 
affaires.  » 


T.  I.  14 


210  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Johpson,  agent  anglais,  est  arrivé  de  Londres  le  29  septembre. 
Cet  homme  a  été  huit  jours  à  Bruxelles,  et  part  dans  une 
semaine  pour  Pise  pour  soigner  sa  santé,  ce  qui  est  très  vrai- 
semblable parce  qu'il  est  attaqué  de  la  poitrine,  mais  dans  le 
choix  de  ce  séjour  je  crois  que  des  raisons  politiques  entrent 
aussi.  On  sait  que  c'est  lui  qai  a  fait  le  projet  de  1813  à  l'An- 
gleterre de  faire  soulever  l'Italie  par  le  charme  de  la  liberté  et 
de  l'indépendance  nationale  et  a  proposé  à  lord  Bentinck  de 
retirer  ses  troupes  de  l'Espagne  et  de  les  employer  plutôt  à 
une  diversion  en  Italie,  ce  qui  a  été  fait,  mais  plus  tard  qu'on 
aurait  dû.  Or,m'ayant  dit  lui-même  hier  au  soir  que  Bentinck 
avec  son  épouse  retourne  derechef  et  bientôt  en  Italie,  qu'il  a 
derechef  le  commandement  en  chef  de  toutes  les  troupes 
anglaises  dans  la  Méditerranée  et  qu'il  passera  certainement 
Ihiver  à  Pise,  je  dois  croire  que  Johnson  s'établira  dans  cette 
ville  pour  être  à  la  portée  de  servir  son  chef  et  de  travailler 
avec  lui.  Lors  de  l'exécution  du  projet  ci-dessus  cité, on  a  formé 
trois  bataillons  de  volontaires  italiens  et  on  leur  donna  en  effet 
des  drapeaux  :  Per  la  Libéria  d'Italia.  Dall'Ost  (?)  fut  nommé 
dans  un  de  ces  bataillons  qui  étaient  levés  et  payés  par  l'An- 
gleterre. Ces  bataillons  n'ont  pas  encore  été  dissous  ;  ils  sont 
encore  dans  le  pays  de  Gênes. 

En  parlant  de  cette  indépendance  italienne,  Johnson  m'a  dit 
qu'il  y  eut  un  temps  où  il  fallait  chauffer  cette  idée  en  Italie, 
mais  qu'à  présent  il  faut  travailler  à  l'étouffer  parce  qu'en 
Europe  on  n'a  plus  besoin  que  de  repos. 

Il  a  apporté  une  lettre  de  Bentinck  à  Brignole  pour  lui  être 
remise.  lia  demandé  des  nouvelles  de  l'abbé  Brunazzi(2),qm  lui 
a  rendu  des  services,  mais  qu'il  regarde  comme  un  fou.  11  sera 
fixé  par  son  gouvernement  en  Italie  où  le  portent  sa  santé,  ses 
services  et  son  goût. 


1.  Jonhson,  diplomate  anglais,  chargé  d'afFaii'cs  à  la  cour  du  prince  d'Orange, 
descendit  à  l'hôtel  Zum  Rômischen  Kaiser,  celui  dont  Gentz  disait  en  août 
1809  {Tagebûcher)  (I  128)  :  «  J'ai  beaucoup  causé  et  négocié  (le  29  et  30  août) 
avec  Johnson,  un  des  anglais  les  plus  sages  et  les  plus  instruits  sur  les  affaires 
continentales  que  j'aie  vu  depuis  longtemps.  Je  l'ai  engagé  à  s'établir  -au 
quartier  général.  » 

Le  24  septembi-e  (Ibidem,  I,  154)  il  reparle  encore  de  lui  :  «  Rentré  cheî 
moi  j'y  ai  trouvé  Ferdinand  PallTy  et  Johnson  qui  s'entretenaient  de  je  m 
sais  quel  futile  projet  de  faire  assassiner  Bonaparte  par  un  homme  qui  était 
venu  ici  (à  Pesth)  pour  cet  effet.  » 

2.  L'abbé  Brunazzi,  celui  qui  en  1813  et  1814   organisa  en  Dalmatie 
bandes  de  paysans  armés. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      211 

256.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  5  octobre  et  envoi  de  la  liste,  de  la  copie 
et  de  ranalyse  des  Intercepta  du  4  octobre.  Envoi  d'un  rapport  provenant 
de  la  maison  de  l'Archiduc  Palatin. 

Bruits  relatifs  au  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie. 

On  dit  que  l'Empereur  de  Russie  veut  aller  en  Hongrie  et 
passera  quelques  jours  à  Ofen.  Rien  n'est  encore  décidé.  Cepen- 
dant le  comte  Kolowrat(l)  aurait  déjà  envoyé  des  ordres  dans  ce 
sens  aux  autorités  civiles  et  militaires. 

!  

ï 

1 

257.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

•  Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Surveillance  de  Lord  Castlereagh.  Difficultés  qu'on  aura  à  intercepter 

ses  papiers. 

Il  paraît  presque  impossible  de  rien  intercepter.  Le  lord  expé- 
die tout  par  ses  propres  courriers,  et  ses  secrétaires  ramassent 
et  brûlent  tous  les  papiers.  On  a  expédié  le  2  des  courriers  à 
Munich,  Bruxelles  et  Naples  et  dans  la  nuit  on  a  brûlé  des 
papiers  jusqu'à  2  heures  du  matin. 


Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  du  prince  Eugène  pendant  les  journées  des  3  et  4  octobre. 

|.  Kolowrat  (François-Antoine,  comte)  (1778-1861),  homme  d'état  autrichien, 
îdthauptmann  de  Prague  en  1807,  Oberst  Burggraf  de  Bohème  en  1810  et 
csident  des  Etats  de  Bohême,  rendit  de  grands  services  à  ce  pays.  Entré 
a  ministère  en  1825  pour  y  contrebalancer  l'influence  et  les  idées  réaction- 
naires de  Metternich,  il  fut  plus  tard  chargé  de  présider  un  ministère  qui  ne 
dura  que  du  21  mars  au  4  août  1848,  se  retira  à  ce  moment  des  affaires  et  ren- 
tra dans  la  vie  privée. 


212  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Le  3  octobre,  le  prince  assiste  aux  exercices  de  l'artillerie.  Il 
va  ensuite,  d'abord  chez  le  roi  de  Bavière,  puis  chez  Talleyrand, 
chez  lequel  il  retourne  le  4  et  chez  lequel  il  dîne.  Le  même  jour, 
il  reçoit  la  visite  des  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  et 
celle  de  TEmpereur  Alexandre  qui  ne  le  trouve  pas  à  la  mai- 
son. On  a  beaucoup  remarqué  les  prévenances  que  le  roi  de 
Prusse  a  eues  pour  le  vice-roi  au  cercle  de  la  Cour  le  30  sep- 
tembre. 


259.  Vienne,  4  octobre  1814  (F,  1.  3972  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 
Surveillance  du  duc  de  Saxe-Weimar. 

Il  a  dîné  pendant  cinq  ou  six  j  ours  chez  TEmpereur  Alexandre, 
a  soupe  deux  fois  chez  la  princesse  Bagration_,  une  fois  chez  le 
prince  de  Ligne  et  a  reçu  dans  le  plus  grand  secret  la  visite 
du  prince  Antoine  de  Saxe. 


260.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 
Surveillance  de  Stein. 

On  appelle  l'attention  et  on  insiste  sur  ses  rapports  avec  le 
Tugend  Biind  dont  il  est  l'un  des  fondateurs  et  des  principaux 
chefs  et  sur  les  efforts  qu'il  ne  cesse  de  faire  pour  faire  donner 
une  Constitution  à  l'Allemagne. 


261.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.  3972  ad  3565). 

GOHAUSEN  à  HAGER 

Ce  qu'on  dit  et  ce  qu'on  sait  des  idées  et  des  projets  de  Stein.  Son  animosit^ 
contre  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  et  ses  sympathies  pour  lei 
princes  royaux  de  ces  deux  Etats. 


I 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMEMTS  DU  CONGRÈS       213 

On  dit  dans  les  milieux  saxons  et  dans  l'entourage  des  princes 
des  différentes  maisons  de  Saxe  que  Stein  travaille  en  faveur 
de  la  restitution  de  la  couronne  Impériale  d'Allemagne  à  l'Em- 
pereur d'Autriche  parce  qu'il  ne  croit  à  la  possibilité  de  la 
reconstitution  et  du  maintien  de  la  liberté  de  l'Allemagne  que 
grâce  à  la  puissance  et  à  la  grandeur  sagement  déterminée  de 
l'Autriche.  11  insiste  sur  la  réforme  de  la  constitution  et  du 
statut  des  villes  et  des  princes  de  l'Empire  et  cherche  à  cons- 
tituer à  l'aide  de  ces  petits  princes  un  Tiers-Etat  qui,  fortement 
organisé  et  étroilement  uni,  serait  de  taille  à  tenir  tête  aux 
visées  ambitieuses  des  grands  Etats  allemands  et  serait  un  sol'de 
appui  pour  l'Empereur  d'Allemagne.  Quoiqu'il  soit  à  la  discré- 
tion et  au  service  de  la  Russie  (1),  on  affirme  que,  tout  en  étant 
très  dévoué  à  l'Empereur,  il  est  loin  d'être  un  ami  de  la  Rus- 
sie et  qu'il  quittera  le  service  de  ce  pays  dès  que  ces  plans  se 
seront  réalisés. 

On  sait  de  façon  positive  que  Stein  est  loin  d'être  bien  dis- 
posé pour  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  qu'il  montre 
au  contraire  beaucoup  de  sympathie  aux  princes  royaux  de 
ces  pays  et  surtout  au  prince  royal  de  Wurtemberg  qui  a  le 
talent  de  flatter  l'amour-propre,  la  sufiîsance  et  l'orgueil  de 
cet  homme. 


262.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  1.3972  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  du  prince  de  Hardenberg.  Emploi  de  ses  journées  des 
3  et  4  octobre.  Conférence  avec  Castlereagh.   Contre-projet  de  Mettermch, 

Le  Prince  a  travaillé  jusqu'à  midi  avec  Stein,  Knesebeck, 
Nesselrode,  Hoffmann  et  Humboldt. 

De  midi  à  trois  heures,  conférence  avec  lord  Castlereagh. 
Gentz,  venu  pendant  ce  temps,  n'est  reçu  que  parce  qu'il  est 
chargé  d'une  commission  importante  de  la  part  de  Metternich. 

Conférence  chez  Metternich  de  5  à  9  heures  avec  Nessel- 
rode, Castlereagh  et  Talleyrand.  Le  prince  a  travaillé  une 
partie  de  la  nuit. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  p.  486.  Hardcnbcrg  parlant  de  Stein  et  de  Nesselrode 
dans  une  de  ses  notes,  se  sert  à  ce  propos  de  l'expression  :  «  les  deux  ministres 
russes  ». 


214  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE  VIENNE 

Le  4  octobre,  il  travaille  de  8  à  11  heures,  reçoit  de  11  heures 
à  midi,  Nesselrode,  puis  le  prince  royal  de  Wurtemberg,  et  va 
chez  le  roi  de  Bavière.  A  son  retour  nouvelle  visite  de  Nessel- 
rode qui  lui  apporte  un  projet  modifié  par  Metternich  et  reste 
avec  lui  jusqu'à  4  heures.  A  5  heures,  Hardenberg  va  dîner 
chez  Czartoryski  (1).  Ce  dîner,  auquel  Gentz  était  invité,  dure 
jusqu'à  9  heures. 


263.  Vienne,  4  octobre  1814  (F,  1.3796  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  d'Anstett. 
Anstett  soupe  le  4  octobre  chez  la  princesse  Bagration. 


264.  Vienne,  4  octobre  (F.  1.3796  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  de  La  Harpe. 

Malade  et  obligé  de  rester  chez  lui,  il  a  reçu  des  lettres  de 
l'Empereur  Alexandre  et  de  la  princesse  Bagration. 


265.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.3972  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  {Analyse). 

Rapport  sur  Cattaro,  le  Monténégro  et  la  mission  du  colonel  Nikitsch 

à  Vienne. 


Il  rend  compte  qu'entre  7  et  8  heures,  afin  de  se  renseigner 
sur  la  marche  des  affaires,  il  a  rendu  visite  au  secrétaire  de 

1.  A  remarquer  que  Gentz  consigne  dans  ses  Tagebûcher,  1,  314,  que  ce 
même  soir  il  dîna  avec  Hardenberg  chez  le  comte  de  Hardenberg,  le  minis- 
tre de  Hanovre. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS      215 

Légation  Koudriaffsky.  Celui-ci  lui  a  appris  que  le  colonel 
russe  Nikitsch  était  allé  pour  affaires  d'Etat  au  Monténégro  et 
aux  bouches  de  Gattaro, que Plamenetz (agent  secretde  Févêque 
de  Monténégro)  et  l'archimandrite  Loubitch  étaient  venus  en 
qualité  de  députés  du  Monténégro,  il  y  a  trois  mois,  à  Vienne 
et  auraient  pris  des  passeports  à  l'ambassade  russe  pour  Saint- 
Pétersbourg  et  qu'ils  avaient  provoqué  l'envoi  du  colonel  Ni- 
kitsch aux  Bouches. 

Nikitsch,  né  en  Esclavonie,  est  sujet  autrichien.  Les  deux 
généraux  Dedovich  sont  ses  oncles.  Il  a  été  lieutenant  dans 
l'armée,  dégradé,  puis  placé  comme  Maréchal  des  logis  chef 
par  Schwarzenberg  à  son  régiment  de  uhlans.  Se  croyant 
injustement  puni,  il  a  déserté,  est  entré  au  service  delà  Russie 
et  s'est  fait  passer  à  Vienne  pour  colonel.  Ilhabitait  anMatscha- 
kcvhof. 

L'agent  ajoute  :  «  Je  ne  sais  encore  rien  de  précis  sur  la 
mission  de  Nikitsch  au  Monténégro,  mais  connaissant  ses  rela- 
tions et  sa  haine  contre  TAutriche,  comme  je  le  crois  très 
capable  d'exercer  là-bas  une  influence  considérable  et  certai- 
nement nuisible,  il  me  semble  qu'il  serait  utile  de  la  faire  sur- 
veiller là-bas  de  très  près.  » 


B 


266.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.3792  ad  4565). 

BERNSTORFF  à  BLOME  (à  Saint-Pétersbourg)  {Intercepta) 
(en  français). 

Alexandre  n'a  pas  encore  ratifié  le  traité  avec  le  Danemark.  Les  affaires  de 
l'Europe  ue  marchent  guère.  Intimité  entre  la  France  et  l'Angleterre.  Tal- 
leyrand  et  Gastlereagh.  Il  sera  bien  difficile  de  sortir  du  Congrès. 

Après  avoircommencé  par  lui  dire  que  l'Empereur  Alexandre 
n'a  pas  encore  ratifié  le  traité  avec  le  Danemark,  il  rend  compte 
en  ces  termes  de  la  situation  :  «  Si  nos  affaires  n'avancent  pas, 
celles  de  l'Europe  sont  également  en  stagnation.  Jusqu'à  ce 
jour  on  n'est  pas  plus  avancé  en  rien  et  peut-être  moins  qu'on 
le  fut  lorsque  la  résolution  fut  prise  de  réunir  les  députés  pour 
le  1"  octobre.  Depuis  deux  jours  les  plénipotentiaires  fran- 
çais et  espagnols  se  sont  formellement  abouchés  avec  les  puis- 
sances qui  signèrent  à  Paris  la  paix  avec  la  France  sans  que 


216    .  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

l'on  soit  encore  convenu  de  rien,   pas  même  des  formes    k{ 
observer. 

Le  prince  de  Talleyrand  et  l'Espagnol  (1)  proposent  de  faire 
revivre  le  royaume  de  Pologne  entièrement  indépendant  ou 
de  s'en  tenir  aux  partages  avec  tel  le  ou  telle  modification  dont 
on  tombera  d'accord.  Ils  demandent  également  que  le  pléni- 
potentiaire du  roi  de  Saxe  soit  admis  et  celui  du  roi  Joachim 
soit  exclu.  L'admission  de  ces  conditions  comme  principe  déci- 
dera, disent-ils,  de  la  prolongation  de  leur  séjour  ici.  Ils  accordent 
en  revanche  que  la  Hollande  soit  rendue  formidable  contre  la 
France  afin  de  rassurer  l'Europe  et  particulièrement  la  Grande- 
Bretagne  contre  toute  entreprise  contre  la  Hollande  et  le  nord 
de  r Allemagne. 

On  ne  doute  pas  qu'il  ne  règne  une  grande  intimité  entre 
la  France  et  l'Angleterre,  mais  jusqu'ici  lord  Gastlereagh  né 
s'explique  pas  aussi  ouvertement  que  le  prince  de  Talleyrand. 

La  même  incertitude  dure  encore  si  l'on  est  bien  d'accord 
à  l'égard  de  ceux  qui  doivent  former  le  noyau.  Il  s'élève  un 
autre  embarras  :  comment  et  à  qui  communiquer  qu'il  y  a  des 
puissances  dont  les  plénipotentiaires  se  chargent  de  l'initiative  ? 
En  prononçant  dans  le  temps  le  mot  Congrès  on  s'est  mis 
dans  un  bourbier  d'où  il  sera  difficile  de  sortir.  Je  n'en  vois 
pas  le  moyen  parce  que  je  répugne  à  la  violence. 


267.  Louisbourg,  27  septembre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

La  reine  de  WURTEMBERG  (2)  au  roi  (à  Vienne)  (Intercepta) 
(en  français). 

Ses  espérances  et  ses  désirs.  Prorogation  du  parlement  anglais.  Remarques 
sur  l'itinéraire  choisi  par  Gastlereagh  et  Munster.  Talleyrand  pressé  dô 
rentrer  à  Paris. 

Je  me  plais  à  voir  qu'on  vous  traite  à  Vienne  avec  les  atten- 
tions qui  vous  sont  dues  à  tant  de  titres  et  j'aime  à  en  tirer  un 
bon  augure,  me  flattant  que  vous  avez  lieu  d'être  content  de 

1.  Labrador. 

2.  Chai'lotte-Auguste-Mathilde    d'Angleterre,  deuxième  femme  de  Fré<i 
rie  I".  Veuf  depuis   1787   delà  princesse  Auguste-Caroline   de   Brunswicl 
Wolfenbuttel,  Frédéric  épousa  la  princesse  Charlotte  le  18  mai  1797. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET   LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      217 

la  résolution  que  vous  avez  prise  de  faire  ce  voyage  et  que  les 
résultats  en  seront  favorables  à  vos  affaires,  tant  pour  consoli- 
der votre  existence  politique,  que  pour  favoriser  l'augmen- 
tation de  vos  Etats.  J'espère  que  dans  la  suite  vous  serez  à 
même,  cher  ami,  d'avoir  une  force  militaire  assez  considé- 
rable pour  empêcher  au  cas  d'attaque  toute  troupe  ennemie  de 
[)énétrer  à  l'avenir  dans  notre  royaume,  ce  qui  serait  un  vrai 
bonheur  pour  toute  l'Allemagne. 

Le  Parlement  anglais  s'est  prorogé  jusqu*au  commencement 
de  novembre,  ce  qui  engagera  lord  Castlereagh  à  presser  la 
conclusion  de  la  paix.  Je  ne  conçois  pas  pourquoi  il  s'est  arrêté 
à  Munich.  Il  me  paraît  que  cela  aurait  été  plus  naturel  de 
prendre  le  chemin  de  Stuttgart  et  je  suis  bien  aise  que  le  comte 
de  Munster  en  ait  agi  autrement. 

M.  de  Bénévent  désire  aussi  ardemment  se  retrouver  à  Paris. 
Ses  petits  intérêts  personnels  pourraient  aplanir  bien  des  dif- 
ficultés. 


268.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Le  Prince  EUGÈNE  à  la  Princesse  AUGUSTA(l)(à  Munich) 
{Intercepta). 

.Malgré  le  bon  accueil  qu'il  a  reçu,  il  lui  expose  les  raisons  pour  lesquelles  il 
se  félicite  de  ne  l'avoir  pas  amenée.  Les  promesses  de  l'empereur 
Alexandre.  L'optimisme  de  Metternich. 

Ma  bonne  et  tendre  Augusta,,.. 

J'ai  été  bien  reçu  par  tous  les  souverains.  Chacun  s'est 
informé  très  affectueusement  de  ta  santé  et  de  celle  de  nos 
enfants.  Malgré  cela  je  te  dirai  que  je  suis  charmé  que  tu  ne 
sois  pas  venue  ici.  Tu  y  serais  au  milieu  d'une  foule  immense 
de  princes  et  de  princesses  et  toutes  les  politiques  du  monde, 
ainsi  que  je  l'ai  prévu,  t'auraient  pourtant  mise  dans  un  rang 
déplacé.  Croirais-tu  qu'il  y  a  même  des  discussions  entre  qui 


1.  Bien  que  cette  lettre  ait  été  publiée  in  extenso  tant  dans  les  Mémoires 
an  prince  Eugène,  ï.  X,  304-505  que  dans  la  Collana  di  Storia  e  Memorie 
Contemporanee,  Vol.  IX,  p.  209,  nous  avons  cru  devoir  la  reproduire  afin  de 
mieux  montrer  les  services  que  la  Mantpuiaiiou  rendit  pendant  le  Congrès  à 
la  Polizei  Hof  Stelle  et  au  gouvernement  autrichien. 


218  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

doit  avoir  le  pas,  entre  la  reine  (de  Bavière)  et  les  grandes 
duchesses  ?  Aussi  je  doute  qu^on  t'aurait  rendu  ce  qui  t'ap- 
partient. J'en  juge  par  moi,  qui  n'ai  même  pas  l'honneur  d'un 
factionnaire  à  ma  porte.  Du  reste  l'Empereur  Alexandre  m'a 
donné  sa  parole  qu'il  viendrait  à  Munich  et  qu'il  verrait  avec 
bien  du  plaisir  la  princesse  Aug-usta  et  sa  petite  famille. 

Il  n'a  pas  encore  été  question  de  nos  affaires.  Ce  ne  sera  que 
dans  quelques  jours  qu'on  commencera  à  s'occuper  des  plus 
importantes.  Le  prince  de  Metternich  m'a  pourtant  déjà  dit  ces 
propres  paroles  :  «  Je  vous  assure  que  cela  finira  bien  et  vite.  » 
Ainsi  soit-il... 


269.  Vienne,  3  octobre  1814  (F.  1.  3992  ad  3565). 

BELLIO  au  Prince  de  VALACHIE  {Intercepta  en  français). 

Le  congrès  et  les  déclarations  de  Talleyrand.  Importance  de  l'attitude  de  la 
France.  Son  influence  sur  les  puissances  secondaires.  Alexandre  veut 
avoir  la  Pologne  et  le  roi  de  Prusse  la  Saxe.  Les  protestations  du  prince 
Antoine. 

La  face  des  affaires  a  reçu  un  aspect  différent  depuis  le  30 
du  mois  passé.  Ces  jours-ci  les  Plénipotentiaires  d'Autriche, 
d'Angleterre,  de  Russie  et  de  Prusse  ont  eu  une  conférence 
avec  le  Prince  de  Bénévent  et  l'ont  invité  à  prendre  part  aux 
négociations  préliminaires  qui  doivent  avoir  lieu  entre  les 
grandes  puissances. 

Le  prince  de  Bénévent  a  déclaré  verbalement  (1). 

A)  Qu'il  ne  reconnaîtrait  pas  de  Congrès  à  moins  que  toutes 
les  puissances  de  l'Europe  y  soient  admises  et  qu'il  s'abstien- 
drait d  j  prendre  part  ;  que  la  France  ne  pouvait  pas  empê- 
cher les  conférences  particulières,  mais  qu'elle  n'en  reconnaî-«, 
trait  pas  les  résultats. 

B)  Que  la  France  ne  reconnaîtrait  et  ne  consentirait  à  aucui 
autre  innovation  en  Pologne  ;  que  la  Pologne  devait  être  remise 
dans  l'état  dans  lequel   elle  était  en  1805  ou  restituée  sur  h 
pied  de  1772  avec  toute  son  indépendance. 

1.  Cf.  Prokesch-Osten.  Le  chevalier  de  Gentz.  Dépèches  inédites.  Vienne,J 
6  octobre  1814.  Dépêche  XII,  T.  I,  p.  107-109. 


LES   PRÉLIMINAIRES  ET   LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       219 

C)  Que  la  France  ne  consentirait  sous  aucun  point  de  vue 
à  un  démembrement  de  la  Saxe,  encore  moins  à  son  anéantis- 
sement (1). 

Le  Prince  de  Bénévent  promit  pour  le  2  octobre  une  décla- 
ration et  sa  réponse  sur  les  points  qui  lui  avaient  été  commu- 
niqués. 

Hier,  les  Plénipotentiaires  d'Autriche,  Angleterre,  Russie 
et  Prusse  se  sont  derechef  assemblés  et  sont  convenus  de  ne 
rien  changer  à  leur  première  détermination  et  à  la  marche 
qu'ils  s'étaient  tracée. 

Cette  démarche  de  la  France  a  suspendu,  pour  le  moment, 
les  opérations  politiques  et  a  retardé  l'ouverture  du  Congrès. 
Il  est  impossible  de  prédire  quelle  en  sera  Fissue.  On  peut  tout 
au  plus  conjecturer  que  les  Puissances  secondaires,  qui  devaient 
être  exclues  des  conférences,  seront  travaillées  par  la  France 
qui  leur  peindra  la  conduite  des  Quatre  Grandes  Puissances 
comme  annonçant  une  dictature  qui  devrait  les  priver  de  toute 
influence  et  menacer  leur  indépendance.  Elles  pourraient  bien 
de  nouveau  se  ranger  du  côté  de  la  France  et  en  adopter  les 
sentiments  relativement  à  la  marche  à  tenir  dans  les  discus- 
sions du  Congrès. 

Alexandre  n'a  pas  apporté  de  Saint-Pétersbourg  des  senti- 
ments plus  modérés  et  des  vues  moins  étendues  relativement 
à  la  Pologne.  Il  s'en  cache  si  peu  qu'il  dit  ouvertement  qu'il 
ne  se  dessaisira  pas  de  la  partie  de  la  Pologne  dont  il  est 
maintenant  en  possession. 

Le  Roi  de  Prusse  se  manifeste  dans  les  mêmes  vues  sur  la 
prise  de  possession  de  la  Saxe.  Il  pousse  son  exaspération  vis- 
à-vis  du  roi  de  Saxe  à  un  tel  point  qu'il  s'est  laissé  aller  dans 
la  conversation  à  des  accusations  si  fortes  que  le  prince  de 
Saxe  (le  prince  Antoine),  qui  était  présent,  s'est  vu  forcé  de 
prier  le  roi  de  Prusse  de  vouloir  se  rappeler  qu'il  était  le  frère 
du  roi  de  Saxe  (2). 


1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi  n°  3.  Vienne,  4  octobre  1814  et  note  de  Talleyrand 
lu  3  octobre  dans  Angeberg,  264, 

2  De  la  main  de  Ilager  ces  mots  à  la  fin  du  texte  :  Qui  a  inspiré  cela.?  Met- 
ernich  ou  Gentz  ? 


220  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

270.  Vienne,  6  octobre  1814  (F,  1.  4111  ad  3565). 

HAGER  à   L'EMPEREUR 


Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste,  de  la  copie  et  de  l'ana- 
lyse de  divers  Intercepta  du  5  octobre. 


271.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  différents  personnages.    Lettres    interceptées.   Ajournement 
du  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie.  La  police  et  l'ambassade  de  France. 

Général  Vay  (1)  (Hongrois)  est  déjà  surveillé.  On  saura 
quelle  a  été  sa  conversation  avec  von  Sz... 

Zerleder  habite  à  YUngarische  Krone,  député  de  Berne,  ban- 
quier connu  qui  a  fait  pour  l'Autriche  un  emprunt  qu'il  passa 
ensuite  à  Streckeisen. 

Stackélberg  (ambassadeur  de  Russie)  a  reçu  une  lettre  de 
de  Medici  et  une  de  Serra  Capriola  au  ministre  bavarois 
Washington  (2)  qui,  toutes  deux  ont  été  interceptées. 

L'Empereur  de  Russie  ne  va  plus  pour  le  moment  en  Hon- 
grie (3). 

On  a  également  intercepté  les  lettres  adressées  par  Stackel- 
berg  à  la  comtesse  de  Périgord,  née  princesse  de  Gourlande  et 
au  bailli  d'Homainville,  député  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem. 


1.  Probablement  le  général  baron  Nicolas  de  Vay,  le  père  de  l'homme  [? 
d'Etat  hongrois  du  même  nom,  mort  dans  les  dernières  années  du  siècle  i 
dernier. 

2.  Serra  Capriola  demandait  au  baron  Washington,  maréchal  de  la  Cour  d<fî 
Bavière,  à  la  date  du  30  septembre,  une  audience  du  Prince  royal  de  Bavièr< 
pour  lui  et  son  fils. 

3.  Le  même  jour  00  mandait  en  effet  à  Hager  :  «  On  parle  assez  sérieu 
«  sèment  du  départ  probable  de  l'Empereur  et  de  l'Impératrice  de  Russie  qu 
«  se  rendraient  à  Berlin  vers  le  23  ou  le  25.  Le  i>oi  de  Danemark  partirai 
«  encore  plus  tôt  et  on  croit  même  que  tous  les  souverains  seront  partis  avan 
«  la  fin  du  mois.  » 


m 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES    AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       221 

L'agent  Beckers  [qui  est    déjà  en  relations  avec  Bogne  de 
Faye  (1)]  reçoit  des  rapports  du  Portier  de  l'Ambassade  de  France. 


272.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1,  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Surveillance  de  Saint-Marsan. 

Il  signale  la  fréquence  des  visites  de  Saint-Marsan  aux 
Ambassades  de  France  et  d'Angleterre  et  le  fait  qu'il  a  été 
appelé  par  l'Empereur  Alexandre  (2). 

Saint-Marsan,  qui  travaille  beaucoup,  a  de  fréquents  entre- 
tiens avec  le  Nonce  au  sujet  des  affaires  du  Pape. 


273.  Vienne,  4  octobre  1814  (F,  1.  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Prudence  et  méfiance  d'Aldini.  Ses  sentiments.  Le  général  Pino.   Résultats 
de  la  surveillance  d'Aldini  pendant  les  journées  des  3  et  4  octobre. 

Aldini,  de  naturel  très  méfiant,  redouble  de  précautions. 
C'est  un  ennemi  de  l'Autriche  et  un  partisan  de  Murât  et  de 
sa  dynastie.  Il  est  de  plus  l'homme  d'affaires  d'Elisa  (3)  pour 
les  deux  millions  séquestrés  à  Lucques  et  quelque  peu  chargé 
des  intérêts  de  Marie  Louise. 

Il  faut  surveiller  de  près  Pino  (4),  très  suspect  et  ardent 
partisan  de  l'indépendance  italienne. 

Aldini  a  été  le  3  octobre  chez  Dalberg  et  Gampochiaro  et  a 
envoyé  aussitôt  après  à  Talleyrand  une  note  qu'il  lui  a  fait 

1.  Bogne  de  Faye  (Pierre-Nicolas-Jean),  né  à  Glamecy  le  5  octobre  1778, 
secrétaire  de  l'ambassade  française  à  Vienne  en  1814,  mort  en  1831. 

2.  Cf.  RiNiERi.  Corrispondenza  dei  Cardinali  Consalvi  e  Pacca.  Diario  di 
San  Marzano.  LVII.  Saint-Marsan  avait  été  reçu  par  le  tzar  le  29  septembre. 

3.  L'ex-grande  duchesse  de  Toscane  Elisa  Bacciochi. 

4.  Pino  (Dominique,  comte,  1767-1826',  général  sérieusement  compromis  lors 
des  troubles  de  Milan  au  printemps  de  1814  et  mis  à  la  retraite  peu  de  temps 
après  l'arrivée  de  Bellegarde  à  Milan. 


222  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

porter.  Son  domestique  s'est  engagé  à  me  communiquer  les 
lettres  de  son  maître. 

Le  4,  il  a  été  chez  le  prince  Eugène,  j  est  resté  plus  d'une 
heure  et  s'est  rendu  de  là  chez  Stadion. 

Il  dîne  aujourd'hui  chez  Talleyrand. 


274.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.   1.  4111  ad  3565). 

SCHMIDT  à  HAGER 

Les  relations  d'un  de  ses  agents  avec  Czartoryski  et  Zerboni  di  Sposetti.  Le 
secrétaire  de  Rechberg.  Les  ambassades  de  irance  et  d'Angleterre. 

L'agent  H...  m'adresse  le  rapport  que  voici  :  «  Après 
nombre  de  tentatives  infructueuses,  j'ai  enfin  réussi  grâce  au 
comte  de  Rechberg  à  causer  avec  Czartoryski.  Nous  avons 
d'abord  parlé  des  familles  polonaises  Zboïnsky,  Suminsky, 
OsnialowskijMioduski,  etc.,  etc., que  j'avais  connues  lors  d'un 
voyage  que  je  fis  en  Pologne  et  dont  les  membres  avaient  pris 
une  part  plus  ou  moins  active  à  l'insurrection  de  1806-1807. 
J'en  suis  venu  ensuite  à  parler  du  statut  actuel  et  passé  de  la 
Pologne  et  j'ai  pu,  une  fois  de  plus,  constater  que  tous  les 
nobles  Polonais  n'ont  qu'un  seul  et  même  désir,  celui  de  voir 
renaître  la  Pologne  sous  un  souverain  quel  qu'il  soit. 

«  Afin  de  mieux  me  renseigner  sur  les  vues  de  la  Russie  sur 
la  Pologne  et  sur  la  nature  des  rapports  entre  les  cours  de 
Berlin  et  de  Pétersbourg,  j'ai  pu,  avec  l'aide  du  Compositeur 
de  Musique  grand  ducal  Meyerbeer  faire  à  l'instant  même  la 
connaissance  du  conseiller  aulique  prussien  Zerboni  di  Spo- 
setti. 

«  Le  chambellan  bavarois,  comte  Charles  de  Rechberg,  m'a 
promis  hier  d'employer  dans  la  chancellerie  de  son  frère,  le 
ministre,  mon  copiste  (secrétaire),  un  certain  Egler.  Cet  homme 
m'est  tout  dévoué  et  nous  rendra  de  bons  services.  » 

Après  avoir  rendu  compte  des  mesures  qu'il  a  prises  pour 
assurer  la  surveiOance  des  ambassades  de  France  et  d'Angle- 
terre, il  ajoute  en  terminant  :  «  On  est  en  général  assez  mal 
disposé  à  l'égard  du  roi  de  Wurtemberg.  Le  public  n'a  pas 
encore  oublié  qu'il  est  entré  dans  notre  ville  le  chapeau  sur  Ja 
tête  et  sans  se  découvrir. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      223 

«  Les  rois  de  Prusse  et  de  Danemark  ont  beaucoup  de 
succès. 

«  Les  ambassades  de  France  et  d'Angleterre  ont  l'œil 
ouvert  et  prennent  toutes  sortes  de  précautions.  » 


275.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  4565). 

HOPFEN  à  HAGER  (analyse). 

Rapport  sur  les  faits  et  gestes  du  prince  Eugène  et  les  rela- 
tions que  de  l'île  d'Elbe  Napoléon  a  avec  l'Italie.  L'empereur 
se  servirait  beaucoup  d'un  Livournais  nommé  Alberti. 


276.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Campocbiaro  et  Gariati  pleins  d'espoir  croyent  au  maintien  de  Murât. 

Campochiaro  et  Gariati  ont  confiance  et  espoir  dans  la  pro- 
tection de  l'Autriche  et  de  Metternich  et  par  suite  dans  le 
maintien  de  Murât  à  Naples,  malgré  l'appui  que  les  Bourbons 
donnent  à  Ferdinand. 


277.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

La  comtesse  Narischkine  et  ses  rapports  avec  Alexandre.  Wolkonsky. 
La  comtesse  Glary. 

Alexandre   a  déjà   été    deux  fois  chez   la  comtesse  Naris- 
chkine (1),  femme  de  son  grand-chambellan.  (Elle  habite  Pam^/- 

1.  Marie- Antonia  Gzetwertinska,  «  célèbre  par  son  éclatante  beauté,  avait 
>u,  comme  l'écrit  le  comte   de   La  Garde,  fixer  pendant  longtemps  le  cœur 
Ili  bel    autocrate  ».  Son  mari  était  non  pas  grand-chambellan,  mais  grand- 
'•neur. 


224  AUTOUR    DU    CO^'GRÈS    DE    VIENNE 

gasse^  60,  Wieden).  Il  lui  a,  à  plusieurs  reprises,  envoyé  Wol- 
konsky. 

D'autres  femmes  essayent  de  plaire  à  TEmpereur  et  viennent 
dans  ce  but  chez  Wolkonsky,  entre  autres  la  veuve  du  comte 
Clarv. 


278.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.411  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Surveillance  de  Marie  Kleinhart  remarquée  par  Alexandre. 

On  surveillera  de  plus  près  Marie  Kleinhart,  fille  d'un  major 
de  place  (demeurant  Rothenthurmgasse^  487)  qui  a  attiré  l'at- 
tention d'Alexandre  à  la  Redoute  de  la  Cour  (1). 


279.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.4113  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Ce  qu'on  entend  dire  après  boire  chez  le  comte  P.  sur  le  sort  des  petit» 
États.  La  Prusse.  La  Pologne.  L'empereur  d'Autriche.  Schwarzenberg  et 
Duka. 

Les  petits  Etats  feront  ce  que  l'Autriche,  TAngleterre  et  la 
Russie  ordonneront.  Quant  à  la  Prusse,  elle  doit  être  agrandie 
afin  d'assurer  le  maintien  de  l'équilibre.  L'établissement  du 
royaume  de  Pologne  est  encore  douteux. 

L'empereur  d'Autriche  n'aime  pas  Schwarzenberg  et  veut 
mettre  Duka  à  sa  place. 


280.  Vienne,  4  octobre  1814  (F.  1.4111  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  autres  souverains  jaloux  des  honneurs  qu'on  rend  à  Alexandre.  Les  griefs 
contre  les  Anglais.  La  campagne  contre  Metternich.  Les  plaintes  et  les 
désirs  des  souverains. 


1.  La  grande  Redoute  de  la  Cour  qui  eut  lieu  le  2  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      225 

Le  comte  Spaur  (1),  l'un  des  dignitaires  du  Palais,  envoyé  au- 
devant  de  l'empereur  Alexandre,  dit  que  :  «  L'empereur  de 
Russie  est  un  vrai  sauvage  et  qu'on  ne  saurait  se  faire  une 
idée  de  sa  brutalité.  » 

Les  souverains  étrangers  actuellement  à  Vienne  et  leurs 
suites  ne  peuvent  parvenir  à  cacher  le  dépit  qu'ils  éprouvent 
à  voir  que  tous  les  honneurs  vont  de  préférence  à  l'empereur 
de  Russie  qui  n'est  pourtant  qu'un  sauvage. 

Les  dames  de  Vienne  n'en  reviennent  pas  des  grossièretés 
dont  les  Anglais  ont  fait  preuve  à  la  Cour.  Lors  de  VAppar- 
tenient^  ils  n'ont  pas  songé  à  faire  place  aux  dames  de  Vienne, 
ont  donné  le  bras  à  leurs  femmes  pour  les  conduire  ainsi  à 
travers  toute  la  grande  salle  en  se  frayant  un  chemin  à  tra- 
vers tout  le  monde  depuis  la  porte  d'entrée  jusqu'au  dais. 

Le  prince  de  Metternich  a,  tant  parmi  ses  compatriotes  que 
parmi  les  étrangers,  de  nombreux  ennemis  qui  comptent  sur 
le  Congrès  pour  le  faire  sauter.  M.  de  Hammer  et  d'autres 
fonctionnaires  de  la  Chancellerie  d'Etat  sont  furieux  de  voir 
que  les  étrangers,  et  presque  rien  que  des  étrangers,  tels  que  le 
comte  de  Mercy  et  M.  de  Handel  (qui  a,  il  est  vrai,  une  très 
jolie  femme,  née  comtesse  Bergheim,  de  Munich)  décrochent 
le  titre  et  les  fonctions  de  Conseillers  auliques  à  la  chancellerie. 

Le  roi  de  Bavière  grogne  et  déplore  le  temps  que  fait  perdre 
l'étiquette.  Quant  au  roi  de  Danemark,  il  veut  absolument 
i  visiter  un  couvent  de  nonnes. 

Le  baron  Linden  (représentant  du  Wurtemberg)  s'étonne  et 
se  plaint  des  procédés  de  Metternich  qui  ne  l'a  convié  ni  au 
dîner  de  dimanche,  ni  au  souper  de  lundi  dernier. 


281.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Les  Suisses,  la  Russie  et  la  France.  —  Un  mot  du  Prince  de  Ligne  sur 

La  Harpe. 

L'attachement  des  Suisses  (qui  ont  ici  un  si  grand  nombre  de 
députés)  aux  Russes  et  aux  affidés  de  l'empereur  Alexandre, 

1 .  Chambellan  de  l'Empereur. 

T.  I.  15 


2i6  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

ainsi  qu'à  Talleyrand  et  à   ses  amis,  saute  aux  yeux  de  tous  | 
les  étrangers  qui  en  parlent  même  publiquement.  Les  Suisses 
veulent  faire  entendre  à  la  France  qu'ils  sont  les  seuls  sur 
lesquels    elle  peut    compter  en  cas  de  besoin.   Ils  attendent 
de  cette  puissance  un  grand  appui  pour  leur  conservation  et 
disent  que  Napoléon  a  même  jugé  nécessaire  de  les  conserver.  jJ 
Ils  seraient  même  prêts  aux  sacrifices  les  plus  bas  envers  la| 
France  pour  en  être  protégés.  Ils  croient  que  l'Empereur  de 
Russie  est  totalement  de  cet  avis  et  ne  cessent  de  le  faire  tour- 
menter à  cet  égard  par  M.  de  La  Harpe  et  par  Jomini. 

J'ai  demandé  au  prince  de  Ligne  si  M.  de  La  Harpe  est 
réellement  porté  pour  les  Suisses,  ayant  entendu  le  contraire 
en  bien  des  endroits.  Il  me  dit  :  «  Si  La  Harpe  n'est  pas  dis- 
posé pour  les  Suisses,  ils  en  sont  seuls  la  cause,  et  leur  der- 
nière conduite  peut  bien  avoir  détourné  également  les  senti- 
ments de  l'Empereur  Alexandre  en  leur  faveur.  Entre  nous, 
j'aime  la  Suisse,  mais  pas  les  habitants.  » 


282.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 


Les  lenteurs  du  Congrès.  La  Russie.  Doléances  des  petits  princes  allemands. 
La  note  de  Talleyrand  sur  Naples  et  la  Saxe.  L'Autriche  et  Murât. 
Alexandre  et  la  Pologne.  Le  Duché  de  Varsovie.  La  guerre  possible.  Le 
voyage  d'Alexandre  en  Hongrie.  Son  but. 

Le  Congrès  occupe  dans  ce  moment  tout  le  monde.  On 
paraît  supposer  qu'il  avance  lentement  et  que  c'est  la  Russie 
qui  y  met  le  plus  d'obstacles.  Tout  ce  qui  appartient  aux 
princes  d'Allemagne  de  deuxième  ordre  se  plaint  de  ce  qu'on 
ne  s'occupe  nullement  d'eux  et  du  peu  d'égards  qu'on  leur 
témoigne.  On  trouve  choquant  que  le  Beobachter  nomme  l'ar- 
rivée de  S.  A.  I.  Monseigneur  le  prince  Eugène  et  que  la 
Gazette  de  la  Cour  omette  celle  du  Grand-Duc  de  Bade. 

On  parle  beaucoup  d'une  note  très  forte  que  doit  avoir 
remise  M.  de  Talleyrand  au  sujet  de  la  Saxe  et  du  royaume  de 
Naples  (1),  et  on  accuse  l'Autriche  d'être  le  seul  soutien  dei^jjl 

1.  Les  notes  de  Talleyrand  en  date  des  1"  et  3  octobre  n'avaient  trait  qu'î 
la  foi'me  à  donner  au  Congrès.  11  n'avait  été  question  de  la  Saxe  que   dans 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      227 

reste  de  la  Révolution,  qu'on  affecte  de  regarder  comme  très 
dangereux. 

11  n'y  a  que  les  Russes  qui  ne  prennent  aucune  part  à  tout 
ceci,  et  semblent  croire  que  leur  affaire  n'est  et  ne  peut  être 
un  sujet  de  discussion  et  que  tout  ce  qu'ils  ne  conserveront  pas 
des  provinces  qu'ils  occupent  n'est  qu'une  suite  de  la  condes- 
cendance de  l'empereur  pour  le  roi  de  Prusse.  La  ligne  qu'ils 
conserveraient  serait  de  Cracovie  à  Thorn.  Ce  qui  me  ferait 
croire  que  ceci  est  un  projet  arrêté  et  que  les  personnes  qui 
entourent  l'Impératrice  et  ont  toujours  été  les  censeurs  de 
l'Empereur  parlent  le  même  langage. 

Ils  regardent  tous  leurs  droits  sur  le  Duché  comme  incon- 
testables et  sont  très  mécontents  que  Dantzig  ne  leur  reste 
point. 

Je  dois  remarquer  qu'autant  qu'on  peut  compter  sur  une 
opposition  en  Russie  au  rétablissement  du  royaume  de 
Pologne,  autant  on  secondera  l'Empereur  de  joindre  à  la  Rus- 
sie tout  ce  qu'il  pourra  du  duché  de  Varsovie.  Que  même  une 
guerre  contre  nous  (les  Autrichiens)  pour  ce  sujet  leur  serait 
agréable  et  qu'ils  feraient  tous  leurs  efforts  pour  le  soutenir. 

Les  Russes  ici  sont  mécontents  du  long  séjour  que  fait  l'Em- 
pereur. Son  voyage  à  Ofen  est  regardé  uniquement  comme  un 
but  de  curiosité  pour  connaître  une  partie  de  la  Hongrie. 


283.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

JLes  Polonais,  Alexandre  et  Czartoryski.  L'Autriche,  l'Angleterre  et  Murât. 
Le  Rétablissement  de  l'empire  d'Allemagne.  Le  salon  de  la  comtesse  Zie- 
linska. 

Les  Polonais  ont  une  confiance  absolue  dans  les  promesses 
d'Alexandre  et  dans  l'efficacité  de  l'action  du  prince  Czarto- 
ryski. Ils  ne  croient  pas  que  l'Autriche  veuille,  pour  le  moment, 
la  Galicie,  ce  qui  se  fera  forcément  plus  tard,  et  ils  comptent 
mssi  sur  la  protection  de  l'Angleterre. 

Jne  ou  deux  phrases  échangées  au  cours  de  l'audience  qu'Alexandre  accorda 
jrince  le  1"' octobre,  mais  seulement  indirectement  sans  nommer  la  Pô- 
le ni  la  Saxe. 


228  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

J'ai  recommencé  à  fréquenter  la  maison  de  la  comtesse 
Zielinska,  ci-devant  favorite  du  prince  Esterhazy. 

Un  Anglais,  Griffîth,  dans  ce  moment  Tami  avoué  de  cette 
dame  et  qui  demeure  même  chez  elle,  y  attire  les  Anglais  de 
l'ambassade.  Ils  disent  que  l'Angleterre  désire  le  rétablisse- 
ment du  royaume  de  la  Pologne,  que  le  traité  conclu  entre 
notre  cour  et  Murât,  par  lequel  il  est  conservé  à  Naples,  est 
contraire  aux  intérêts  de  l'Angleterre  et  que,  si  nous  ne  rom- 
pons pas  ce  traité,  l'Angleterre  devra  fatalement  pencher  du 
côté  de  la  Russie  ;  que  le  rétablissement  de  l'empire  germa- 
nique en  faveur  de  la  maison  d'Autriche  pourrait  être  regardé 
comme  un  équivalent  du  rétablissement  du  royaume  de  Pologne 
en  faveur  d'un  membre  de  la  famille  impériale  russe  ;  enfin 
que  la  Cour  pour  laquelle  l'Angleterre  se  prononcera  l'em- 
portera sur  les  autres,  parce  que  l'Angleterre  seule  peut 
actuellement  fournir  les  subsides. 


284.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4111  ad  3565). 

e©  à  HAGER 
Bruits  de  départ  des  souverains. 

On  parle  assez  sérieusement  du  départ  probable  du  tzar  et  de 
l'impératrice  qui  se  rendraient  à  Rerlin  vers  le  23  ou  le  25. 
Le  roi  de  Danemark  partirait  encore  plus  tôt,  et  on  croit 
même  que  tous  les  souverains  seront  partis  avant  la  fin  du 
mois. 


285.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  411  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français) 

Propos  qui  ont  été  tenus  à  dîner  avec  certains  personnages.  Les  questions 
en  litige.  Le  prince  d'Arenberg. 

J'ai  dîné  avec  le  général  Dokhtoroff,  le  comte  Ayala(?),  ancien 
ministre  de  Raguse,  puis  un  autre  jour  chez  le  secrétaire  du 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       229 

prince  Repnin  avec  deux  secrétaires  de  l'ambassade  de  France. 
Ils  ont  dit  que  malgré  l'accord  apparent  il  y  avait  trois  points 
en  litige  :  Pologne,  Saxe,  Mayence,  points  sur  lesquels  la  France, 
l'Autriche  et  l'Angleterre  sont  d'accord  et  ont  à  combattre 
les  intentions  de  la  Russie  et  de  la  Prusse.  Ils  croient  cepen- 
dant que  tout  s'arrangera. 

Je  verrai  demain  le  prince  d'Arenberg  (i).  J'aurai  à  écrire 
chez  lui  et  je  rendrai  compte  de  ce  que  j'aurai  à  faire  chez  lui 
et  de  ce  que  j'apprendrai  là  et  par  ailleurs. 


286.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste,  de  la 
copie  et  de  l'analyse  de  divers  intercepta  du  6  octobre  et  des 
jours  précédents. 

287.  Vienne,  6  octobre  1815  (F.  1.  4115  ad  3565). 

SGHMIDT  à  FIAGER 

Renseignements  sur  Vernègues. 

Werneck  (Vernègues)  est  au  service  de  la  Russie.  Il  est 
venu  il  y  a  quelque  temps  de  Pétersbourg,  porteur  d'une  foule 

1.  Peut-être  est-il  question  ici  d'Auguste-Marie-Raymond  d'Arenberg,  né 
à  Bruxelles  en  1753,  mort  en  septembre  1833,  longtemps  connu  sous  le  nom  de 
comte  de  la  Mark.  D'abord  au  service  de  la  France,  puis  à  celui  de  l'Au- 
triche qui  lui  donna  le  grade  de  général-major,  il  avait  voulu  rentrer  au 
service  de  la  France  en  1806,  au  moment  où  son  frère  aîné  fut  nommé  séna- 
teur par  Napoléon  ;  mais  Napoléon  lui  ayant  témoigné  des  dispositions  peu 
favorables,  il  décida  de  rester  en  Autriche  et  habita  Vienne  jusqu'en  1814. 
Nommé  lieutenant-général  par  le  nouveau  roi  des  Pays-Bas,  il  revint  alors  à 
Bruxelles,  mais  ne  suivit  pas  l'armée  hollandaise  après  la  révolution  de  1830. 
Mais  je  crois  plutôt  qu'il  s'agit  du  prince  Prosper-Louis  d'Arenberg,  né  en 
1785,  neveu  du  prince  Auguste  et  fils  du  duc  Louis-Engelbert,  depuis  long- 
temps aveugle  et  qui,  depuis  1803,  lui  avait  confié  le  gouvernement  de  ses 
petits  Etats  dont  il  perdit  la  souveraineté  en  1810.  Le  prince  Prosper  s'était 
rendu  à  A''ienne  pour  y  faire  valoir  ses  droits  au  Congrès  (cf.  art.  XXXIl  de 
l'acte  final  du  Congrès  de  Vienne  et  art.  X  de  l'acte  de  cession  et  d'échange 
-igné  à  Vienne  le  29  mai  1815,  annexe  n-  6  à  l'acte  final  du  9  juin  1815). 


230  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

de  lettres  pour  des  Russes  fixés  ici.  Un  certain  nombre  de  ces 
lettres  étaient  destinées  à  Anstett. 

Il  y  a  encore  ici  un  autre  Werneck,  frère  du  précédent  et 
qui  est  au  service  de  la  France.  Tous  les  deux  sont  en  rapports 
avec  les  Russes  et  vont  tous  les  jours  chez  le  comte  Tolstoï  (1) 
qui  habite  265  Kohlmarkt. 

Quelques  jours  plus  tard,  Hager  recevait  la  note  suivante 
sur  Vernègues  [en  français). 

Le  Chevalier  de  Vernègues  {sic)  (2)  est  un  agent  royaliste  1 
français  qui  a  pris  jusqu'à  présent  le  titre  d'un  Conseiller  d'Etat 
russe  et  qui  a  été  arrêté  en  1804  dans  le  Midi  de  la  France 
et  gardé  pendant  plus  de  deux  ans  enfermé  au  Temple.  J'ai 
appris  de  façon  positive  qu'il  était  en  relations  suivies  ave( 
Anstett  et  qu'il  a  eu  tout  récemment  un  entretien  de  plus  de' 
trois  heures  avec  lui. 


288.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Notes  et  rapports  à  HAGER  (Analyse) 

Convalescence  de  Munster.  Le  duché  de  Varsovie  et  la  Russie. 
Départ  probable  d'Alexandre  pour  la  Hongrie  le  25. 

Rien  d'intéressant  à  relever  dans  la  surveillance  de  Stackel- 
berg,  Anstett,  Czartoryski,  Hardenberg,  des  ministres  de  Wur- 
temberg, de  Lôwenhielm,  du  nonce,  de  Gampochiaro,  Gariati, 
Aldini,  du  comte  Salmour  (3)  et  d'Arenberg. 

Le  comte  de  Munster  en  pleine  convalescence  recommence 
à  recevoir  du  monde  et  à  s'occuper  des  affaires. 

1.  Probablement  le  grand  maréchal  du  Palais,  tombé  à  ce  moment  en  dis- 
grâce complète,  et  qui,  inconsolable  de  la  perte  de  la  faveur  dont  il  avai^ 
joui  ne  tarda  pas  à  mourir  à  Dresde  où  il  s'était  retiré.  ~ 

2.  Cf.  Lettre  du  chevalier  Rossi  {Reggente  la,  Segreteria  di  Stato)k  de  Maistr 
du  31  décembre  1 803  :  «  Le  chevalier  Vernègues,  émigré  français,  attaché  dd 
puis  de  longues  années  au  chevalier  Lisakevitch  (ministre  de  Russie) et  natu 
ralisé  russe  depuis  peu,  a  été  arrêté  à  Rome  dans  la  nuit  du  24  courant  à  l'insi 
tance,  dit-on,  du  cardinal  Fesch,  pour  avoir  tenu  des  propos  peu  agréables  ai 
gouvernement  français.  »  (Cf.  Perrero.  I  Reali  di  Savoia  nell'Esilio,page  241 
245). 

3.  Quelques  jours  auparavant,  la  Polizei  Hofstelle  avait  pris  connaissant 


I  LES    PRÉLÎMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      231 

On  a  répandu  le  bruit  que  le  Congrès  semblait  disposé  à 
allribuer  le  duché  de  Varsovie  à  la  Russie. 

On  affirme  de  nouveau  que  TEmpereur  Alexandre  ira  en 
Hongrie  le  25  octobre. 


|289.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 
Comte  MARCO  SAN  FERMO(l)  au  Comte  ANNONI  (2)(àMilan) 

sous    LE    COUVERT    DE    M'"»    MaRIA    TeRESA    LoVATI 

(inlercepla)   (Analyse). 

Les  affaires  du  prince  Eugène  sont  en  bonne  voie.  Le  projet  de  mariage  de 
l'archiduc  Charles  avec  la  grande  duchesse  Catherine. 

I  San  Fermo  donne  de  bonnes  nouvelles  sur  les  affaires  du 
prince  Eugène.  On  va  lever  tous  les  séquestres.  On  a  offert  au 
prince  deux  établissements  qu'il  a  cru  devoir  refuser.  On  parle 
maintenant  d'un  autre  (Nouvelle  confirmée  par  une  lettre  d'une 
3x-Dame  de  la  Cour  du  Vice-Roi  à  la  duchesse  Litta). 

San  Fermo,  parle  aussi  du  projet  de  mariage  de  l'archiduc 
uharles  avec  la  grande  duchesse  d'Oldenburg,  «  donna  di  spi- 
•'ifo  e  molto  remuante  ». 


rune  lettre  que  Salmour  adressait  à  Stein  et  dont  le  Cabinet  Noir  envoyait 
1  Ilager  l'analyse  suivante  : 

\  ienne,  30  septembre  1814. 

mte  de  Salmour,  chambellan  saxon  et  ancien  ministre  près  la  Cour  de 
;  .ice,  au  baron  de  Stein. 

«  Sa  mission  en  France  ayant  cessé  par  force  majeure  en  1792,  il  lui  de- 
nande  d'intervenir  pour  lui  et  d'obtenir  qu'on  lui  paye  le  traitement  annuel 
le  mille  thalers  qui  lui  avait  été  accordé  alors  et  qu'on  le  classe  au  rang  que 
ui  donnent  ses  quarante  et  une  années  de  service.  » 

J.  Colonel  italien,  l'un  des  aides  de  camp  du  Vice-Roi  pendant  la  campagne 
ie  1S13-1814. 

2.  Annoni  (Alexandre,  comte),  1770-1825,  un  des  chambellans  du  Vice-Roi. 
1  avait  représenté  les  propriétaires  du  département  de  l'Olone  à  la  Consulta 
le  Lyon.  a 


232  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

290.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3365).  ; 

Rapport  à  HAGER  (1)  (en  français),  '• 

I 

Conversation  avec  D'Arnay.  } 

D'Arnay  m'a  raconté,  entre  autres  choses,  qu^ au  moment  de  la 
retraite  de  l'armée  d'Italie  il  avait  conseillé  au  prince  (Eugène) 
de  se  renfermer  dans  Venise  et  de  tenir  cette  place  jusqu'à  la 
paix,  vu  qu'il  n'aurait  pas  pu  en  être  chassé  et  vu  qu'il  croyait 
inévitable  l'occupation  de  la  France  par  les  alliés;  que  le  prince 
avait  adopté  son  conseil  et  même  l'avait  chargé  de  lui  amener  à 
Venise  la  princesse,  son  épouse,  et  toute  la  famille,  ainsi  que  ses 
eiîets  les  plus  importants,  mais  que  ses  aides  de  camp  lui  ont 
fait  changer  d'avis  ;  qu'il  avait  donné  ce  conseil,  appuyé  aussi 
à  la  circonstance  que  les  habitantsde  Venise  étaient  plus  soumis 
que  les  Lombards  et  avaient  du  respect  pour  le  prince,  tandis 
qu'il  n'était  pas  du  tout  aimé  à  Milan,  comme  on  a  pu  le  voir 
par  les  événements  arrivés  dans  la  suite  ;  que  Napoléon  n'avait 
pas  donné  depuis  longtemps  des  instructions  au  prince  ;  que 
lui,  d'Arnay,  le  sollicitait  de  traiter  avec  les  puissances  alliées, 
mais  que  le  prince  n'a  pas  voulu  s'y  résoudre,  faute  d'instruc- 
tions parce  qu'il  lui  semblait  manquer  à  ses  devoirs  et  à  son 
honneur  s'il  l'eût  fait  sans  autorisation  ;  qu'à  présent  le  prince 
était  très  occupé  pour  rendre  des  visites  à  tous  ceux  qui  peuvent 
avoir  de  l'influence  au  Congrès  ;  qu'il  tenait  pour  sûr  d'obte- 
nir un  établissement,  comme  on  le  lui  avait  promis  ;  que  cela 
aurait  pu  être  en  Italie  ;  qu'il  croyait  cependant  très  difficile 
d'avoir  Venise,  vu  que  l'Autriche  avait  fait  tous  ses  efforts 
pour  la  garder,  mais  qu'il  pourrait  arriver  qu'on  accordât  au 
prince  les  trois  Légations. 


291.  6  octobre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

Visites  d'Alexandre  à  la  princesse  Bagration  et  à  la  princesse  de 
La  Trémoille-Tarente.  Arrivée  prochaine  de  Marie-Louise. 

l.^ra  signature  qui  figurait  au  bas  de  cette  pièce  a  été  coupée. 


LES    PRÉLIJIINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    Dlf    CONGRÈS      233 

L'Empereur  Alexandre  a  encore  fait  ces  jours-ci  deux  visites 
le  soir  à  la  princesse  Bagration  chez  laquelle  il  est  resté  de 
neuf  heures  à  minuit  et  même  plus  tard.  Hier  soir,  à  dix 
heures  et  demie,  avant  la  fin  du  bal  de  la  Cour  (1),  il  s'est 
rendu,  154  Landstrasse,  chez  la  princesse  de  la  Trémoille-Ta- 
rente  (2). 

Rien  d'intéressant  à  signaler  sur  Tchernitcheff,  Kisseleff, 
Ouvarofî  et  Ojarowsky. 

On  parle  beaucoup  de  l'arrivée  probable  et  prochaine  de 
Marie-Louise  (3). 


292.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  princesse  Bagration  très  froissée  de  n'avoir  pas  été  invitée  au  bal  donné 
par  l'impératrice  d'Autriche.  Attitude  politique  de  son  salon.  Anstett.  L'em- 
pereur Alexandre  et  l'incident  du  4  octobre  au  soir. 

La  princesse  Bagration  a  été  extrêmement  fâchée  hier  de 
ne  pas  avoir  été  invitée  au  bal  donné  par  Sa  Majesté  l'Impé- 
ratrice. Elle  espérait  l'être  par  le  rang  qu'elle  occupe  à  la  Cour 
de  Russie  et  plus  encore  par  la  faveur  marquante  dont  l'ho- 
nore l'Empereur  Alexandre. 

Je  suis  à  présent  convaincu  que,  comme  je  le  pensais,  le 
parti  de  l'Opposition  russe  est  établi  chez  elle.  Le  ton  de  plu- 
sieurs employés  russes  du  cabinet  que  j'y  ai  trouvés  hier  et 
l'aveu  même  de  la  princesse  me  l'ont  confirmé.  C'est  Anstett 
qui  est  à  la  tête. 

On  a  mal  fait  de  laisser  cette  maison  (le  palais  Palm)  à  décou- 

i.  11  s'agit  évidemment  ici  de  la  grande  fête  donnée  cejour-lkkl'Angarlen. 

2.  Il  s'agit  probablement  ici  de  Geneviève-Adélaïde  de  Langeron,  fille  du 
^l'néral  de  Langeron,  veuve  du  prince  de  Montbarey  et  qui  épousa  le  1" avril 

(Jl  le  prince  Louis-Stanislas  Kotska  de  la  Trémoille  (1768-1837).  «  La  prin- 
(  esse  de  la  Trémoille,  née  de  Langeron  n'avait  jamais  dû  être  belle.  Toute 
sa  coquetterie  était  d'esprit,  lit-on  dans  les  Souvenirs  de  M""  d'AcouT. 
Grande  dame  jusqu'aux  moelles,  elle  assurgissait  à  ses  volonfés  par  la  hau- 
teur de  son  caractère  tous  ceux  qui  l'entouraient,  la  princesse  était  plus  que 
toute  autre  redoutée  pour  ses  bons  mots  et  ses  railleries  (Bardoux,  M""'  de 
Custine.) 

3.  Marie-Louise  arriva  en  effet  à  Schœnbrunn  le  7  octobre,  au  matin.  Cf. 
Oesterreichischer  Beobachter  du  9  octobre,  n"  282,  1538, 


234  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

vert.  On  y  regarde  le  côté  opposé,  le  côté  droit,  je  veux  dire, 
la  maison  de  la  Sagan  comme  le  pays  ennemi,  et  il  me  paraît 
très  vraisemblable  qu'Alexandre  n'y  mettra  pas  les  pieds,  ce 
qui  blesse  furieusement  la  duchesse  et  enfle  sa  triomphante 
rivale. 

Encore  avant-hier,  Alexandre  arriva  tout  seul  à  la  porte  de 
la  maison  pour  visiter  la  Bagration,  mais,  ayant  vu  beaucoup 
de  voitures  dans  la  cour,  il  crut  qu'elle  avait  du  monde  et 
rebroussa  chemin.  La  pauvre  princesse  l'attendait  toute  seule 
et  Tattend  encore. 


293.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Conférence  orageuse  le  1"  octobre  entre  Alexandre  et  Talleyrand. 
La  maladie  et  la  convalescence  de  Miinster. 

On  dit  dans  le  haut  public  que  Talleyrand  a  eu,  il  y  a  trois 
jours  (1),  une  longue  conférence  avec  Alexandre  sur  la  Pologne, 
que  TEmpereur  veut  garder  en  dépit  du  danger  visible  que 
courrait  l'Europe.  Alexandre  a  prononcé  le  mot  de  guerre  s'il 
le  fallait,  pour  conserver  cette  occupation  qui  écrase  l'équilibre 
et  la  paix  future,  et  Talleyrand  a  eu  le  courage  de  lui  faire 
remarquer  qu'il  faudrait,  dans  ce  cas,  lui  retirer  le  beau  titre 
de  Libérateur  du  Monde  qu'on  lui  avait  accordé  et  lui  en  don- 
ner un  autre.  On  prétend  que  vers  le  soir,  Alexandre  devint 
plus  traitable  et  que  la  chose  a  pris  une  autre  couleur  et  plus 
favorable. 

Hier,  il  a  travaillé  dans  son  cabinet  pendant  plusieurs  heures 
avec  ses  ministres.  Les  secrétaires  n'ont  pu  dîner  qu'au  soir. 
Il  leur  avait  fallu  achever  un  long  mémoire  et  le  remettre  i\ 
l'Empereur.  Woronzoff  et  Boulgakofî  étaient  du  nombre. 

Le  Comte  de  Munster,  dont  la  perte  affligeait  bien  des  gens, 
mais  pas  la  Russie,  guérit.  J'en  ai  l'assurance  du  D'  Capp 
lini  qui  le  soigne. 


1 


1.  11  y  a  là  une  erreur  de  date.  Ce  ne  fut  pas  trois  jours  avant  ce  rapport, 
mais  cinq  jours  auparavant  que  Talleyrand  eut  l'audience  dont  parle  ici  Nota^ 
(Cf.  Talleyrand  au  roi.  Vienne,  4  octobre  1814,  dépêche  n»  3.  Pallain.  Corret 
pondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII,  p.  18-23.) 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEIIENTS    DU   CONGRÈS      235 

j294.  Vienne,  6  octobre  1875  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  question  de  Saxe.  Les  déclarations  de  ïalleyrand  au  prince  Antoine. 
Les  intentions  de  la  Bavière. 

Talleyrand  a  dit  au  prince  Antoine  de  Saxe  :  <  11  est  dans 
'intention  de  mon  gouvernement,  et  j'ai  Tordre  exprès  de 
ravailler  au  rétablissement  de  l'ancien  état  de  choses.  » 

Sur  une  remarque  du  prince,  il  ajouta  :  «  Je  persiste  à  vous 
épéter,  Monseigneur,  que  le  but  de  la  France  est  le  réta- 
(lissement  de  la  Saxe  telle  qu'elle  était  avant  la  guerre  et 
me  nous  avons  200.000  hommes  prêts  à  marcher  pour  dé- 
endre  la  bonne  cause.  » 

Le  prince  Antoine  a  été  de  là  chez  le  prince  de  Wrede  qui 
jouta  que  40.000  Bavarois  entreraient  en  ligne  pour  soute- 
ir  la  cause  de  la  Saxe  et  ces  intentions  ont  été  confirmées  au 
irince  par  le  roi  de  Bavière. 


|93.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

L 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

Tmpensations  à  donner  à  l'Autriche  en  Italie.  La  Bavière  proteste  contre 
la  cession  de  Tlnn-Viertel.  La  Bavière,  le  Wurtemberg  et  Bade  opposés 
au  projet  pi'ussien  de  constitution  de  l'Allemagne. 

Les  ministres  de  Bavière,  Bade  et  Wurtemberg  semblent 
"oire  que  pour  indemniser  l'Autriche  de  la  diminution  de  son 
ifluence  en  Allemagne  on  lui  ferait  la  part  plus  belle  en 
alie. 

La  Bavière  proteste  contre  le  projet  de  cession  à  l'Autriche 
e  rinn-Viertel. 

Le  mêmes  ministres  ne  sont  nullement  satisfaits  des  pro- 

ts  présentés  par  la  Prusse  et  relatifs  à  FAUemagne. 


23G  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

296.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTRÔM  (en  français). 

A  propos  du  bruit  de  la  venue  de  Bernadette  à  Vienne  et  du  retour 
de  rofficier  envoyé  au-devant  de  lui. 

S.  M.  l'Empereur  d'Autriche,  ayant  eu  je  ne  sais  quelles! 
raisons  de  croire  que  S.  A.  le  Prince  Royal  (Bernadotte)  était  ' 
en  route  pour  Vienne,  dépêcha,  il  y  a  dix  jours,  un  lieutenant- 
colonel  pour  aller  au-devant  de  Son  Altesse  Royale  et  l'ac- 
compagner ici  en  qualité  d'aide  de  camp.  Cet  officier  se  ren- 
dit à  Iglau  et  y  resta  quelques  jours.  Il  est  actuellement  de 
retour  et  attend  des  ordres. 


297.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

TALLEYRAND    à  L'archevêque    DE   MALINES  (1) 
(intercepta). 

Principes  qui  doivent  régner  maintenant  en  Europe. 

Comme  le  retour  du  Roi  a  fait  disparaître  en  France  ( 

toutes  les  idées  qu'avait  produites  et  propagées  la  Révolution, 
il  faut  espérer  de  même  qu'en  Europe  on  cessera  de  transfaj^' 
mer  la  force  en  droit  et  qu'on  prendra  pour  règle  non  lo 
convenance,  ?nais  l'équité  (2). 


298.  Vienne,  5  octobre  1814  (F.  1.  4115  ad  3565). 

Général    OYEN  (3j  au    Grand    Duc    DE    HESSE 
Les  idées  de  Metternich  sur  la  nouvelle  constitution  de  l'Allemagne. 


1 .  L'abbé  de  Pradt. 

2.  Cf.   Talleyrand  au  Roi.  Vienne, 4  octobre  1814  (dépêche  n»  3).  Pallain 
Correspondance  inédite,  etc.,  etc.,  pages  21-22. 

3.  Oyen  (Général-lieutenant,  baron  ,   grand   maître  des    cérémonies  de  11  |it 
Cour  de  Hesse,  avait  accompagné  à  Vienne  le  grand-duc  héritier  de  Hesse 


î: 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      237 

Le   prince  de  Metternich  a  dit   dans  la   conversation,  au 
rand-duc  héritier  (de  Hesse),  lorsque  celui-ci  lui  parla  de  la 
lécessité  d'un  chef  de  TEmpire  et  que,  dans  ce  cas,  ce  serait 
'Empereur  François  I"  : 

«  Que  la  Maison  d'Autriche  n'avait  eu,  depuis  deux  cents 
<  ans,  que  des  embarras,  des  pertes  et  des  peines  de  cette  di- 
(  gnité;  mais  que  si,  par  la  nouvelle  Constitution,  on  l'établit 
{  de  nouveau,  elle  ne  pourrait  appartenir  qu'à  l'Empereur 
(  d'Autriche  et  que  sur  cela  on  était  déjà  d'accord   avec  la 

Prusse.  » 

Il  dit  encore  qu'il  n'est  pas  question  du  partage  du  Nord 
t  du  Midi  de  l'Allemagne,  mais  que  tout  l'Empire  sera  un 
)ar  les  mêmes  liens. 


Î99.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3867  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau,  rapport  journalier  et  envoi  de  la  liste,  de  la  copie 
t  de  l'analyse  de  divers  intercepta  du  7  octobre. 

Extraits  de  la  liste  des  lettres  et  dépêches  interceptées  (1). 

Une  lettre  de  lord  Castlereagh  au  Cardinal  Consalvi  (sans 
nportance). 

Une  lettre  du  Conseiller  d'Etat  von  Ott  au  Secrétaire  de 
îgation  russe  Frohmann  (envoi  de  la  minute  d'une  expédi- 
ion  à  faire  au  Colonel  russe  Nedoba,  consul  à  Belgrade,  de 
lasseports  et  d'instructions  relatives  à  l'élargissement  de  sol- 
ats  russes  détenus  à  Peterwardein. 

Une  lettre  de  Cooke  au  Cardinal  Consalvi  pour  lui  deman- 
er  une  audience. 

L'agent  fait  remarquer  que  la  caisse  qui  se  trouve  dans  le 
ureau  de  lord  Castlereagh,  ne  contenant  que  des  lettres  par- 
culières,  il  serait  sage  de  renoncer  à  en  prendre  connaissance 

cause  de  la  durée  et  des  dangers  de  ces  opérations.  L'agent 

1.  Comme  je  l'ai  déjà  fait  à  plusieurs  reprises,  j'ai  cru  intéressantde  repro- 
lire  de  temps  à  autre  quelques-unes  de  ces  listes  ou  d'en  donner  des  extraits 
in  qu'on  puisse  se  faire  une  idée  un  peu  plus  exacte  des  résultats  obtenus 
.  des  services  rendus  par  la  Po  izei  Hofstelle  grâce  à  la  saisie  et  à  l'ouver- 
>re  des  lettres  et  des  dépèches. 


238  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

a  adopté  toutes  les  mesures  nécessaires  afin  de  pouvoir  prendrôl 
connaissance  de  toutes  les  lettres  qu'on  expédiera  de  chez  lord 
Gastlereagh  ou  qu'on  y  recevra. 


300.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  4128  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Extrait  du  rapport  journalier.  Alexandre  et  rarchiduc  Palatin, 

Alexandre  a  une  réelle  sympathie  pour  l'archiduc  Palatin,' 
(son  beau-frère,  veuf  d*une  de  ses  sœurs)  et  lui  témoigne  unej 
préférence  marquée.  Le  Palatin  passe  presque  toutes  ses  soi- 
rées chez  la  Grande-Duchesse  Catherine  où  l'Empereur  vient 
souvent  le  rejoindre. 

Rien  d'intéressant  à  signaler  dans  la  surveillance  d'Anstett, 
Stackelberg,  Czartoryski,  Cariati,  Gampochiaro,  Hardenberg, 
Stein,  Aldini  et  du  prince  Eugène. 

Hager  transmet  en  outre  à  l'Empereur  la  liste  des  visites 
reçues  par  Talleyrand. 


301.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3867  ad  3565). 

SGHMIDT  à  HAGER 

R 
Objet  de  la  venue  de  Gotta  à  Vienne.  Les  Bavarois,  Salzburg  et  Tlnn-Viertel. 
Les    caricatures  du  roi  de  Wurtemberg.  Le  roi   de  Bavière  et  le   prince  ! 
Eugène.  Les  doléances  des  députés  des  petits  Etats  et  le  profit  qu'on  peutbj 
en  tirer.  Stein  et  Zerboni  di  Sposetti.  1^ 

Je    viens  de  recevoir  le  rapport  suivant  de  Tagent  H V 

J'ai,  m'écrit-il,  la  conviction  absolue  que  le  libraire  Gotta,  de 
Stuttgart,  le  représentant  des  librairies  allemandes,  réclamera 
au  cours  des  délibérations  du  Gongrès,  Ia  Liberté  de  la  Presse. 
Gette  proposition  est  liée  à  celle  relative  à  la  propriété  litté- 
raire et  en  est  en  réalité  la  base.  Si  l'on  admet  l'interdiction  de  a 
la  reproduction  sans  accorder  du  même  coup  la  liberté  de 
presse,  c'en  est  fait  de  la  librairie  parce  qu'on  mettra  les  édi-!' 
teurs  dans  l'impossibilité  de  publier  autre  chose  que  des  œuvres 

AI 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      239 

absolument  insignifiantes.  Il  n'y  a  rien  de  vrai  dans  le  bruit 
répandu  par  quelques  personnes  qu'il  n'a  d'autre  but  que 
d'échapper  ainsi  à  la  faillite.  C'est  au  contraire  un  homme  qui 
mène  sérieusement  les  alfaires  et  qui  se  propose  d'étendre  le 
rayon  d'actions  et  à  accroître  l'importance  de  sa  maison. 

Il  a  amené  ici  avec  lui  le  professeur  Dannecker,  de  Stutt- 
gart, qui  loge  chez  lui.  C'est  un  sculpteur  habile,  jouissant 
d'une  réputation  bien  méritée.  Son  voyage  a  un  double  but  : 
voir  Vienne  et  essayer  de  réaliser  le  projet  qu'il  a  conçu  d'éle- 
ver sur  le  champ  de  bataille  de  Leipzig  un  monument  commé- 
moratif,  projet  dont  il  a  déjà  précédemment  entretenu  le 
prince  de  Metternich. 

La  Cour  de  Bavière  se  flatte  d'avoir  gain  de  cause  pour 
Salzburg,  mais  est  très  peinée  de  devoir  céder  l'Inn-Viertel. 
Elle  s'y  résigne  cependant  parce  qu'elle  considère  cette 
concession  comme  indispensable  au  maintien  de  la  tranquillité 
générale. 

On  dit  que  le  roi  de  Bavière  aurait  vu  avec  déplaisir  la 
venue  du  prince  Eugène  à  Vienne. 

Dans  l'entourage  du  roi,  on  ne  cesse  de  déblatérer  contre  le 
roi  de  Wurtemberg  qu'on  désigne  sous  le  nom  du  :  Monstre 
Wurtemberg eois.  On  raconte  que  les  Anglais  ont  fait  sur  lui 
une  caricature  dans  laquelle  il  est  représenté,  levant  les  mains 
au  ciel,  considérant  son  énorme  panse,  s'efforçant  en  vain 
d'apercevoir  son  royaume  dessiné  sur  un  colossal  bouton  de 
a  culotte  et  s'écriant  avec  désespoir  :  «  Que  je  suis  malheu- 
reux, je  ne  peux  même  pas  voir  mes  Etats.  » 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg  plaît  beaucoup  aux  dames. 
!dais  les  dames  en  Autriche  n'ont  ni  idées  politiques,  ni  influence 
îolitique.  Elles  ne  sont  que  les  dépositaires  des  opinions 
ju'elles  entendent  émettre. 
La  plupart  des  représentants  des  petites  cours  et  des  dépu- 
5  des  villes  et  des  corporations  se  lamentent  de  la  cherté 
le  l'existence  et  ont  déjà  vidé  leurs  poches.  Il  serait  cependant 
itile  de  trouver  moyen  de  les  retenir  et  de  les  garder  ici.  Ce 
disant,  ils  ne  tarderont  pas  d'être  obligés  de  se  créer  des  res- 
urces,  et  alors  on  pourra  sans  peine  et  rien  qu'avec  quelques 
racieusetés,  leur  délier  la  langue.  Le  plus  dur  sous  ce  rap- 
ort  est  et  sera  le  baron  de  Stein,  et  je  ne  vois  pas  d'autres 
oyens  pour  y  arriver  que  de  me  servir  de  Zerboni,  le  pléni- 


240  AUTOUR    DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

potentiaire  prussien  à  Varsovie,  qui  connaît  toutes  ses  pensées 
et  est  au  courant  de  ses  plans  et  visées.  i 


302.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3867  ad  3565).  1 

Nota  à  HAGER  (en  français).  ■; 

Munster  et  Alexandre.  Talleyrand  chez  la  princesse  Bagration.  Le  roi  de 
Bavière,le  princeLéopold  de  Sicile  et  Murat.Le  prochain  voyage  d'Alexandre 
en  Hongrie.  yj 

Le  comte  de  Miinster  est  sans  fièvre  et  pourra  sous  peu 
vaquer  à  ses  affaires.  Alexandre  a  envoyé  demander  de  ses 
nouvelles  hier,  ce  quia  fait  sourire  le  malade.  Je  le  sais  de  la 
personne  qui  était  présente. 

Talleyrand  a  fait  sa  visite  avant-hier  soir  à  la  princesse 
Bagration  qui  comme  de  raison  l'a  trouvé  peu  intéressant, 
peu  causant,  presque  insipide. 

Le  prince  Léopold  de  Sicile  *■  a  été  avant-hier  voir  le  roi  de 
Bavière.  On  est  venu  dans  le  discours  sur  Murât,  et  le  roi  a 
dit  au  prince  :  <  Sans  doute  qu'il  faut  chasser  ce  coquin.  Ce 
n'est  pas  assez.  11  faudrait  le  pendre.  Qui  a  mérité  la  potence 
plus  que  lui?  C'est  un  scélérat  tel  qu'il  n'y  en  a  jamais  eu  de 
semblable.  » 

Le  duc  d'Acerenza  '  s'est  démis  du  service  de  Russie  et  va 
partir  un  de  ces  jours  pour  la  Sicile.  Il  cherche  une  place 
diplomatique  de  cette  cour  à  l'Etranger. 

Le  général  de  Witt  me  dit  qu'il  n'y  a  pas  à  douter  que 
l'empereur  Alexandre,  ayant  solennellement  engagé  sa  parole 
de  rétablir  le  royaume  de  Pologne,  ne  persiste  invariablemeni 
à  remplir  sa  promesse  malgré  l'opposition  de  l'Autriche  e\ 
de  la  Prusse  qui,  d'après  le  traité  d'alliance,  sont  convenus 
de  rétablir  l'ordre  des  choses  où  elles  étaient  avant  l'année 
1792.  M.  de  Witt  prétend  que  l'Empereur  de  Russie  fera  dan; 


1.  Le    fils  préféré  de   Marie-Caroline,  qu'il  accompagna   dans  son    exil 
Vienne.    Né   en    1790,  il  épousa  en  1816  l'Archiduchesse   Marie-Clémentin 
d'Autriche,  née  le  1"  mars  1798  et  fille  de  l'Empereur   François  I".  Mort  I 
10  mars  1851.  Sa  fille  Marie-Caroline-Auguste,  née  le  6  avril  1822,  épousa  1 
25  novembre  1844  le  duc  d'Aumale. 

2.  Le  mari  de  la  princesse  Jeanne  de  Courlande,  sœur  de  la  duchesi 
Sagan. 


I 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       241 

quinze  jours  un  voyage  en  Hongrie  et  que  ce  sera  la  marche 
du  Congrès  qui  décidera  si  l'Empereur  retournera  à  Vienne, 
ou  bien  s'il  retourne  tout  droit  en  Russie  prenant  la  route  de 
Kaschau.  M.  de  Witt  ajoute  que  ce  voyage  de  l'empereur 
peut  bien  prouver  son  estime  pour  la  nation  hongroise  et  son 
affection  particulière  pour  le  Palatin,  son  beau-frère. 

Par  le  discours  de  M.  de  Witt,  j'ai  pu  m'apercevoir  que  la 

Hongrie  influe    beaucoup   sur  l'esprit  d'Alexandre  et  comme 

il  est  en   même  temps  lié  avec  le  prince  Adam  Czartoryski, 

'  on  s'explique  la  raison  qui  le  fait  tant  rechercher  par  les  Po- 

,  lonais.  D'ailleurs  il  est  étonnant  de  voir  avec  quelle  grossiè- 

ireté  et  insolence  se  conduisent  tous  les  Russes  qui  se  trouvent 

dans  la  suite  de  l'Empereur.  Quel  contraste  avec  la  politesse 

!  des  Prussiens  et  des  autres  étrangers  !  Même  les  personnes 

ide  ^ancienne  ambassade  (russe)  s'en  plaignent. 


303.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3887  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Conversation  entre  Metternich  et  Consalvi. 

«  Combien  de  temps  Votre  Eminence  compte-t-elle  rester 
jci  ?  »  aurait  demandé  Metternich  au  Cardinal. 
«  Aussi  longtemps  que  durera  le  Congrès.  » 
«  Mais,  dit  Metternich,  je  puis  affirmer  à  Votre  Eminence 
[u'il  ne  sera  pas  question  des  affaires  ecclésiastiques  au  Con- 
grès. > 


04.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3867  ad  3565). 

0  0  à  HAGER 

ent  la  France  et  l'Espagne  veulent  qu'on  interprète  au  Congrès  le 
.té  de  Paris.  Conversation  avec  Dalberg.  Le  baron  Hacke  et  Talleyrand. 
"•erg  et  Aldini. 

Les  missions   de  France  et  d'Espagne    au  Congrès  inter- 
:'ètent  dans  le  sens  le   plus   large   l'article    32  du  traité  de 

T.  L  16 


242  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENÎSE 

Paris  du  30  mai,  aux  termes  duquel  tous  les  Etats,  qui  ont 
pris  part  à  la  dernière  g'uerre,  sont  invités  à  envoyer  au  dit 
Congrès  des  plénipotentiaires  chargés  d'examiner  et  d'ap- 
prouver après  vérification  les  articles  de  ce  traité,  paragraphes 
relatif  an  cours  du  Rhin,  à  la  navigation  du  Rhin  paragraphe  a, , 
à  la  résolution  prise  de  préciser  la  rédaction  par  trop  vague 
de  ce  paragraphe  5  et  de  voir  comment  on  pourrait  faciliter 
les  communications  fluviales  internationales,  paragraphe  6, 
relatif  à  Findépendance  des  Etats  allemands,  unis  entre  eux 
par  un  lien  fédéral,  les  paragraphes  18,  19,  20,  21,  22,  23, 
24  et  31  relatifs  aux  dispositions  générales  ayant  trait  aux 
dettes,  aux  contributions  des  différents  pays,  à  la  restitution 
des  papiers  d'Etat,  enfin  à  tout  ce  qui  concerne  l'Italie  et  . 
maison  de  Bourbon  en  Italie  et  qui  à  ce  titre  intéresse  fori 
la  France  et  l'Espagne. 

«  Il  n'y  a  plus  de  puissances  alliées  depuis  le  traité  de  Paris 
m'a  dit  le  duc  de  Dalberg  que  je  vois  souvent  et  qui  s'ouvrt 
volontiers  avec  moi,  La  France  doit  intervenir  au  Congre.' 
comme  l'Angleterre,  comme  l'Autriche,  comme  la  Prusse 
comme  la  Russie.  » 

Hier  matin,  il  m'a  encore  dit  :  «  C^est  scandaleux.  Commen 
ce  Congrès  se  traîne.  Talleyrand  y  a  été  une  fois  ;  je  n'y  a 
pas  été  invité  et  n'ont  assisté  à  cette  conférence  que  le 
Ministres  secrétaires  d'Etat  seuls,  sans  les  ministres  adjoints 
On  n'a  fait  que  mystifier  Talleyrand.  On  lui  a  dit  qu'on  avai 
convenu  de  beaucoup  de  choses  et  quand  Talleyrand  ademand 
à  savoir  quoi,  on  lui  a  répondu  que  c'était  un  secret,  que  l'o 
avait  convenu  de  ne  dire  cela  qu'à  une  certaine  époque.  » 

Dalberg  a  continué  et  m'a  dit  alors  :    «   Nous  savons  foi 
bien  ce  qu'il  en  est.  C'est  le  duché  de  Varsovie,  c'est  la  coi 
ronne  de  Pologne  qui  est  cédée  à  la  Russie  ;  c'est  la  Saxe  qi 
est  cédée  à  la  Prusse.  Ils  savent  bien  que  Talleyrand,  Labrado 
et  moi,  nous  prenons  la  poste  et  que  nous  retournons  à  Par! 
au  moment  que  l'on  nous   mettra    dans    la  confidence  de  ( 
secret.  Nous  ne  comprenons  rien  à  la  politique  de  M.  de  Me 
ternich.  S'il  donne  la  couronne   de  Pologne    à  la   Russie,  c 
moins  de  quinze    ans   la  Russie   aura    chassé  les  Turcs  ho 
d'Europe  et  la  Russie  sera  plus  dangereuse  pour  la  libertéjii 
l'Europe  que  ne  l'a  jamais  été  Napoléon.  ^f 

«  La  Prusse  s'abandonne  à  la  Russie,  peut-être  à  cause  <[ 

sa  position  géographique.  Mais  l'Autriche,  au   lieu    de  coij 

[ 

iii 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      243 

courir  et  de  travailler  à  la  prépondérance  delà  Russie,  pourquoi 
ne  se  tient-elle  pas  aujourd'hui  bien  sincèrement  à  la  France 
pour,  de  concert,  s'opposer  à  ce  colosse  qui  va  écraser  l'Au- 
triche et  les  autres  puissances.  » 

Le  Baron  Hacke,  ministre  de  Bade,  fréquente  assidûment 
chez  Talleyrand,  auquel  il  sert  d'espion  et  d'informateur.  C'est 
par  lui  qu'il  sait  tout  ce  qui  se  passe  chez  Metternich,  chez 
l'Empereur,  chez  les  souverains  présents  à.  Vienne.  II  remplit 
les  mêmes  fonctions  auprès  du  Comte  de  Rechberg  et  de  la 
Cour  de  Bavière.  Le  Baron  Hacke  n'est  guère  bien  disposé 
pour  nous  et  n'est  pas  des  amis  de  Metternich. 

Dalberg-  m'a  parlé  d'Aldini  :«  C'est,  m'a-t-il  dit,  un  homme 
;|  de  très  grand  talent,  connaissant  à  fond  l'Italie.  Mais  c'est  aussi 
f]  un  de  ces  Italiens  excentriques  qui  veulent  faire  de  l'Italie 
un  seul  royaume  dont  Rome  sera  la  capitale.  Aldini  travaille 
et  correspond  avec  Murât  qui  caresse  encore  ce  projet.  Le 
Vice  Roi  n'avait  pas  le  talent  nécessaire  pour  réaliser  ce  projet, 
qu'il  avait  eu,  lui  aussi,  un  instant.  » 

Talleyrand  passe  toutes  ses  soirées  chez  la  duchesse  de  Sagan 
où  il  se  flatte  d'apprendre  les  secrètes  pensées  de  Metternich. 


305.  Stockholm,  27  septembre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

ENGESTRÔxM  à  LÔWENHIELM  (intercepta)  (en  français). 

La  Poméranie  fera  l'objet  d'une  négociation  particulière.  Instructions  qu'il 
lui  donne  à  ce  propos.  Eviter  toute  discussion  à  ce  propos  avec  les 
ministres  prussiens. 

Depuis   ma  dernière  dépêche  du  22  on  a  eu  des  nouvelles 

de  la  Prusse  qui  paraissent   nous  donner  la  certitude  que  le 

gouvernement  prussien  voudrait  s'arranger  avec  la  Suède  au 

Usujet  de  la  Poméranie  et  il  paraît  que  cette  affaire  sera  l'objet 

d'une  négociation  particulière. 

Aussi,  M.  le  Comte,  vous  vous  bornerez  en  conséquence  à 
ifléclarer  au  prince  de  Hardenberg,  lorsque  l'occasion  se  pré- 

ntera,   que  le   roi  n'entrera   dans  aucun  arrangement   par 

ipport  à  cette  province  avec  Sa  Majesté  Prussienne.  Au  cas 
qu'on  voulut  mettre  cette  affaire  sur  le  tapis  du  Congrès,  vous 
[vous  refuserez  à  toute  discussion  sur  un  objet  qui  n'a  aucun 


244  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

rapport  avec  les  affaires  du  Centre  de  FEurope.  La  paix  de; 
Kiel  donne  la  Poméranie  au  roi  de  Danemark,  au  cas  que 
ce  souverain  remplisse  de  son  côté  les  engagements  qu'il  a 
contractés  vis-à-vis  de  la  Suède.  Comme  rien  n'a  été  exécuté 
de  tout  ce  qu'il  a  promis,  il  n'a  rien  à  prétendre.  Il  est  inté- 
ressant d'apprendre  le  véritable  but  du  voyage  du  général 
Bennigsen. 

Le  mécontentement  en  Danemark  monte  à  un  point, 
incroyable,  mais  le  roi  (de  Suède)  pense  trop  noblement  pour 
vouloir  en  profiter.  Il  voudrait  obtenir  la  Norvège,  et  comme 
c'est  par  les  armes  qu'il  fait  valoir  ses  droits,  il  ne  voudrait 
pas  récompenser  celui  qui  n'a  rien  fait  pour  lui.  Voilà  M.  le 
Comte,  les  instructions  du  roi,  que  vous  trouverez  justes. 


306.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  1.  3868  ad  3565). 

Le  roi  de  WURTEMBERG   à  MANDELSLOH  (1)  (à  Stuttgart) 
[Intercepta.)  (en  allemand).  7; 

Oi'dre  de  lui  envoyer  Feuerbach.  Un  quatrain  du  roi  sur  la  situation  politique. 

Comme  j'ai  tout  lieu  de  croire  à  Touverture  prochaine  des 
négociations  relatives  à  la  Constitution  de  l'Allemagne,  je  vous 
invite,  comme  je  vous  l'avais  fait  connaître  déjà  avant  monj 
départ, à  donner  au  Conseiller  de  Légation  Feuerbach(2)  l'ordre' 
de  se  rendre  ici  au  plus  vite. 

Le  prochain  courrier  vous  apportera  le  complément  des  ins- 
tructions que  j'ai  à  vous  transmettre  : 

Es  sammle  sich  der  Wolken  Dicke 
Doch  wird  die  Sonne  sie  zerstreuen 


1.  Mandelsloh,  ministre  d'Etat  de  Wurtemberg,  jouissait  à  ce  moment  de 
toute  la  confiance  de  son  roi. 

2.  Feuerbach,  Conseiller  intime  de  légation  wurtembergeois,  celui-là  même 
qui  avec  le  général-major  von  Varenbuhler,  aide  de  camp  général  du  roi  de 
Wurtemberg,  signa  le  5  avril  18151a  convention  entre  l'Autriche  et  le  Wur- 
temberg pour  le  passage  des  troupes  autrichiennes  à  travers  le  Wurtemberg 
(convention  signée  pour  l'Autriche  par  le  feld-maréchal-lieutenant  Prohaska 
le  Conseiller  aulique  Jacques  Rosner  et  le  conseiller  aulique  Engelbert  dt 
Floret). 


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^> 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       245 

Und  dann  der  blaue  Himmel  wird 
Dem  Auge  sichtbarsein  (1). 


307.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier.  Envoi  de  la  liste,  de  l'ana- 
lyse et  de  la  copie  des  divers  Intercepta). 


308.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  4134  ad  3565). 

Rapport  de  divers  à  HAGER 

latercepta  et  surveillance  de  Jomini,  Czartoryski,  princesse  Bagration, 
visites  faites  et  reçues  par  Talleyrand.  Guibourt,  agent  de  Caroline  Murât- 
Leveling.  Goupy.  Découragement  des  partisans  du  roi  de  Saxe. 

Rien  de  particulier  sur  Hardenberg,  Anstett,  Radziwill, 
prince  Eugène,  Tascher,  d'Arenberg,  Salmour,  Campochiaro, 
Cariati,  Roccaroraana,  Stein. 

Interceptée  une  lettre  de  famille  venue  d'Aarau,  datée  du 
6  août  et  adressée  à  Jomini. 

Jomini,  un  peu  malade  et  souffrant,  va  faire  venir  sa  femme. 
On  a  tout  lieu  de  croire  que  la  lettre  interceptée  a  été  écrite 
par  cette  dernière. 

Czartoryski  a  été  le  6  souper  chez  la  princesse  Bagration  et 
l'en  est  sorti  qu'à  1  h.  1/2. 

Envoi  de  la  liste  des  visites  faites  et  reçues  par  Talleyrand 

je  7.  Personnes  invitées  à  dîner  chez  lui  le  même  jour  :  Ver- 

'lègues,  Saint-Marsan,  Ruffo  et  deux  princes  de  Saxe-Goburg. 

^Guibourt,  l'agent  particulier  de  Caroline  Murât,  est  en  rap- 

.  journalier  avec  Campochiaro,  Cariati  et  le  Général  Filan- 

Sri,  qui  vient  d'arriver. 


j^Traduction   littérale   du  quatrain.  De  gros    nuages  se  rassemblent.  Le 
les  dissipera.  Et  puis  le  ciel  bleu  apparaîtra  de  nouveau  aux  yeux  de 


240  AUTOUR    DU  COxNGRÈS    DE    VIENNE 

Le  Magistrat-Rath  Leveling,  né  à  Munich,  est  en  relation 
avec  Ghika  et  les  Grecs. 

Goupy,  l'agent  de  la  reine  d'Etrurie,  banquier  à  Paris,  est 
riche  et  associé  d'une  maison  de  banque  italienne.  Bassoni  est 
soutenu  par  l'ambassade  d'Espagne. 

Les  partisans  du  roi  de  Saxe  sont  très  découragés  depuis 
hier  par  la  tournure  prise  par  les  affaires  de  leur  pays. 


309.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3861  ad  3565). 

HAGER  au  KAISERLICHER    RATH   EICHEMBOLD 
Ordres  relatifs  à  la  correspondance  de  Castlereagh. 

Lord  Castlereagh  recevant  et  expédiant  sa  correspondanc( 
par  les  maisons  de  banque  Geymûller  et  Herz,  ordre  d( 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour  surveiller  cette  corres- 
pondance et  en  avoir  connaissance. 


310.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  4134  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER 

Les  relations  d'Aldini,  invité  par  Metternich  à  un  grand  dîner  le  6  octobre 

Aldini  est  en  rapports  suivis  avec  Talleyrand,  Dalberg,  l 
prince  Eugène,  le  Nonce,  le  Comte  Guicciardi  et  la  Grand 
maîtresse  de  la  maison  de  la  duchesse  de  Parme.  Il  a  et 
invité  le  5  au  dîner  donné  par  Metternich. 


311.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapport  et  bordereau  du  9  octobi 

Surveillance  spéciale  de  Goupy. 
Un  ministre  prussien  acheté  par  le  prince  Eugène. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       247 

Goupy  (1)  agent  à  Vienne  de  la  reine  d'Etrurie  est  en  rap- 
ports suivis  avec  le  Magistrat- Rath  Leveling  (2). 

On  tâchera  de  savoir  le  nom  du  Ministre  prussien  (3)  que 
le  prince  Eugène  aurait  corrompu  et  acheté. 

Le  prince  Eugène  aurait  acheté  moyennant  100.000  Scudi 
un  ministre  prussien  d'après  ce  que  m'a  dit  et  affirmé  le 
ministre  Sarde  (Saint-Marsan)  (rapport  en  italien). 


312.  Vienne,  8  octobre  1814  ^F.  1.  4134  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

L'avocat  Vera.  Un  mot  du  ministre  d'Oldenburg. 

Les  ministres  de  Naples  chez  Talleyrand.  Campochiaro  et  Talleyrand. 

Ce  que  Murât  fera  en  cas  d'abandon  de  l'Autriche. 

L'avocat  Vera  est  arrivé  de  Rome  comme  envoyé  du  prince 
(!e  Piombino  pour  réclamer  au  Congrès  les  Etats  d'Elbe  et  de 
Piombino.  Ce  monsieur  est  le  mari  d'une  célèbre  cantatrice 
saxonne,  -M^'"  Esler,  qui  a  fait  beaucoup  de  bruit  en  Italie  ces 
dernières  années.  Elle  a  quitté  à  présent  le  théâtre. 

Le  duc  d'Oldenburg  a  aussi  envoyé  ici  un  ministre  (4).  On 
lui  a  demandé  ce  que  son  maître  prétendait  puisqu'il  n'avait 
rien  perdu  de  ses  anciens  Etats  qu'on  lui  avait  rendus.  Il  a 
répondu  :  «  Les  frais  de  la  guerre.  » 

La  légation  Muratienne,  composée  de  six  individus,  fit  tant 
que  Talleyrand  dut  la  recevoir. 

Campochiaro,  qui  prit  la  parole,  lui  dit  qu'il  était  venu  pour 
lui  demander  la  protection  de  la  France  en  faveur  de  son  roi 

1.  Goupy  des  Hautes-Bruyères.  Voir  au  sujet  de  ses  démarches  le  numéro  6 
de  la  Chronik  des  Allgemeinen  Wiener  Kongresses  {du  21  octobre  1814,  p.  84. 

2.  Le  lendemain  9  octobre,  Hager  envoyait  au  Président  du  Gouvernement 
à  Linz,  Aichholz  {F.  1.  3885  ad  3565),  les  instructions  suivantes  relatives  à  la 

lur  du  Magistrat-Rath  Leveling  et  à  Goupy.  «  Ordre  de  fouiller  soit  à  Linz, 
t  à  la  frontière,  la  veuve   MQUer,  sœur  du  Magistrat-Rath   Leveling  par- 
!  lut  le  10  avec  des  lettres  qu'elle  doit  remettre  à  Munich  et  qui  a  été  signalée 
par  un  rapport  de  Gohausen  {Cf.  pièce  308). 

3.  Le  ministre  prussien,  auquel  il  fait  allusion  ici,  n'aurait  été  autre  que 
le  chancelier  Hardenberg  lui-même.  Voir  plus  loin  d'autres  rapports  du 
2"  octobre  et  du  17  novembre,  dont  les  indications  ne  doivent  d'ailleurs  être 
accueillies  que  sous  toutes  réserves. 

4.  Le  baron  Von  Maltzahn. 


248  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

qui  avait  tant  contribué  à  remettre  les  Bourbons  sur  leur 
trône,  car  si  Murât  avait  réuni  ses  100.000  hommes  au  Vice- 
Roi,  la  tournure  prise  par  les  affaires  en  Italie  aurait  forcé  les 
Alliés  à  repasser  le  Rhin. 

Talleyrand  lui  répondit  :  «  Sans  doute,  vous  avez  mérité, 
«  mais  pas  assez.  Vous  dites  avoir  rétabli  les  Bourbons,  sur 
«  leur  trône,  mais  vous  ne  les  avez  pas  rétablis  tous.  Achevez 
«  votre  ouvrage  et  le  mérite  sera  parfait.  » 

Il  ajouta  du  reste  qu'il  devait  leur  avouer  que,  loin  de  pro- 
téger l'usurpation  de  Murât,  il  avait  des  ordres  formels  d'exi- 
ger la  restitution  du  royaume  de  Naples  au  roi  légitime. 

Les  Muratistes  dirent  alors  qu'ils  feraient  la  guerre  et  se 
défendraient  à  outrance. 

«  Combien  avez-vous  de  monde  ?  »  dit  Talleyrand. 

«  80.000  hommes  »,  répondit  Campochiaro,  et  le  prince  de 
répondre  :  «  Ce  n'est  pas  assez.  » 

Là-dessus  ils  furent  congédiés.  Cette  conversation  a  été 
racontée  par  un  des  Muratistes  qui  en  écumait  de  rage.  Je 
sais  qu'un  de  ces  Messieurs  a  dit  hier  :  «  Nous  sommes  tran- 
«  quilles  sur  notre  affaire.  Car,  ou  l'Autriche  tient  parole  et 
«  est  avec  nous  et  nous  n'avons  rien  à  craindre,  ou  elle  nous 
«  quitte,  et  alors  nous  lui  enlevons  l'Italie  dans  bien  peu  de 
«  temps.  Les  Italiens  sont  pour  nous.  » 


313.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3565). 

LÔWENHIELM   à   ENGESTRÔM  (à   Stockholm) 
(intercepta)  (en   français). 

Stagnation  des  affaires.  Talleyrand  et  le  Congrès.  Les  conférences  sur  les 
points  litigieux.  Les  difficultés  pour  l'admission  des  ministres.  Note  qu'il 
a  remise  pour  réclamer  son  admission. 

Les  affaires  du  Congrès  sont  encore  au  même  point  où  elles 
en  étaient  lors  de  ma  dernière  dépêche. 

Talleyrand  a  consenti  à  regarder  la  note  officielle  qu'il  a 
donnée  le  1^'  (1)  comme  une  simple  communication  confîden- 

1.  Note  de  Talleyrand  du  1"  octobre  à  Castlereagh  et  note  du  même  au 
plénipotentiaires  des  huit  puissances  en  date  du  3  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      240 

tielle.  Depuis  ce  temps  les  quatre  anciennes  Puissances  Alliées, 
savoir  la  Russie,  l'Angleterre,  l'Autriche  et  la  Prusse  ont 
présenté  un  nouveau  projet  (1)  de  proclamation  à  faire  pour 
constituer  le  Congrès,  auquel  Talleyrand  a  répondu  par  un 
contre-projet  (2)  qui  n'a  pas  non  plus  été  agréé  dans  sa  tota- 
lité par  les  Alliés.  Ces  derniers  ont  en  conséquence  une  con- 
férence entre  eux  aujourd'hui  à  2  h.  1/2  et  ce  soir  il  y  aura 
à  6  heures  une  conférence  avec  Talleyrand  où,  on  cherchera 
à  s'accorder  sur  les  points  litigieux.  Jusqu'à  présent  ces  con- 
férences ne  sont  considérées  que  comme  des  communications 
confidentielles  et  préparatoires  entre  les  Ministres  d'Etat  qui 
se  trouvent  à  Vienne,  et  c'est  sous  ce  rapport  que  jusqu'à  pré- 
sent on  n'a  pas  admis  le  plénipotentiaire  Portugais  malgré 
sa  réclamation  formelle  non  plus  que  celui  de  Suède. 

Quant  à  moi,  je  me  suis  borné  à  donner  une  note  aux 
ministres  d'Etat  d'Autriche,  Prusse,  Angleterre,  Russie,  France 
et  Espagne  pour  m'annoncer  formellement  comme  plénipo- 
tentiaire de  Sa  Majesté  au  Congrès.  Cette  formalité  m'a  paru 
nécessaire  pour  prévenir  tout  prétexte  d'ignorance  quant  à  la 
qualité  de  ma  mission  et  renferme  en  elle-même  la  prétention 
incontestable  (et  déjà  reconnue)  de  mon  admission  aux  pre- 
miers travaux  du  Congrès  du  premier  moment  de  son  exis- 
tence. Jusqu'à  présent  le  jour  n'en  est  pas  fixé.  Cela  dépendra 
des  rapprochements  qu'on  espère  gagner  ce  soir  avec  Talley- 
rand. 

Votre  Excellence  aura  sans  doute  remarqué  que  la  princi- 
pale différence  dans  les  projets  de  proclamation  des  deux  côtés 
roule  sur  la  manière  de  préciser  dans  la  proclamation  même, 
quelles  seront  les  puissances  à  admettre  au  Congrès.  Cette 
question,  de  la  manière  dont  elle  est  proposée  par  la  France 
et  l'Espagne, impliquant  en  même  temps  une  décision  préma- 
turée sur  ce  qui  doit  faire  l'objet  des  négociations  futures,  est 
opposée  encore  par  les  alliés  et  surtout  par  l'Autriche. 


1.  Mémorandum  de  Gastlereagh  du  4  octobre. 

2.  Lettre  de  Talleyrand  à  Gastlereagh  du  5  octobre. 


250  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


314.  Vienne,  8  octobre  1814  (F.  1.  3943  ad  3565). 

GAERTNER  au  prince  de  LOSWENSTEIN  (1)  [intercepta) 
{en  allemand)  Analyse. 

Ajonrnement  de  la  remise   du  mémoire  de  la  constitution  de  l'Allemagne. 
Attitude  de  la  France. 

Il  expose  les  raisons  pour  lesquelles  on  a  ajourné  la  remise 
d'un  Mémoire  insistant  sur  la  nécessité  de  rendre  immédia- 
tement exécutoires  les  principes  fondamentaux  de  la  Consti- 
tution de  TAllemagne. 

Attitude  de  la  France  favorable  à  la  Confédération  du  Rhin. 
La  note  de  l'Ambassade  de  France  dit  en  effet  que  :  «  La 
France  veut  que  les  Etats  de  l'Allemagne  ne  soient  ni  com- 
primés, ni  supprimés  (2).  » 


315.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR  (Analyse). 

Bordereau  d'envoi  et  résumé  du  rapport  à  l'Empereur  en  date 
du  10  octobre  1814. 

Belles  promesses  faites  par  La  Harpe  au  nom  d'Alexandre 
aux  princes  Médiatisés.  Ses  déclarations  à  Gaertner.  Confé- 
rences chez  Gagern.  Opposition  des  princes  et  surtout  du  duc 
de  Brunswick  aux  projets  et  propositions  de  la  Prusse. 


1.  Gaertner  représentait  à  Vienne  entre  autres  princes  médiatisés  les  princes 
de  Lôwenstein-Wertheim-Freudenberg  et  les  princes  de  Lœwenstein-Wer- 
theim-Rochefort  (Rosenberg),  Georges-Guillaume-Louis  prince  de  Lœwens- 
tein-Freudenberg  (1775-1855)  et  Charles-Thomas  prince  de  Lœwenstein 
Wertheim-Rochefort  (1783-1849). 

2.  Voir  dans  les  Instructions  du  Roi  pour  ses  Ambassadeurs  au  Congrès,  le 
paragraphe  relatif  à  la  Confédération  (TALLEYRAND.Memoi;-es,II,  215-216). Oh 
avait  en  outre  intercepté  le  même  jour  la  minute  d'une  dépêche  de  DalbM(|;  j 
h  Jaucourt  qui  en    accusa  réception  le  18   (Cf.   Jaucourt.    Correspondani^^ 
p.  92)  et  qui  ligure  avec  quelques  légères  variantes  au  tome  II,  p.  330-335  i 
la  Correspondance  de  Talleyrand  publiée  par  le  duc  de  Broglie. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      251 
316.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

GÔHAUSEN  à  HAGER 

Rapport  sur  Gagern.  Ses  conférences  avec  les  ministres  de  Prusse  et  de 
Bavière.  Gomment  il  expédie  sa  correspondance.  Fréquence  de  ses  visites 
à  l'archiduc  Jean. 

Depuis  huit  jours  Gagern  est  tous  les  matins  en  conférence, 
tantôt  avec  Humboldt,  tantôt  avec  Rechberg  et  Wrede. 

Il  expédie  ses  dépêches  par  courrier  bavarois  à  l'adresse 
d'un  certain  M.  Dittmar  à  Ratisbonne  et  procède  probablement 
de  la  même  façon  par  la  poste. 

Gagern  va  souvent  chez  l'archiduc  Jean  qu'il  connaît  depuis 
1809  et  qui  le  reçoit  toujours,  même  quand  il  n'a  pas  demandé 
d'audience. 


317.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SICARD  à  HAGER  (en  français). 
Rapport  sur  les  motifs  de  la  venue  à  Vienne  de  Daniels. 

Daniels,  récemment  arrivé  à  Vienne    et  ancien  procureur 
impérial  du  département  de  la  Dyle,  dit  être  venu  pour  aider 
le  prince  Louis  Prosper  d'Arenberg  dans  ses  démarches  pour 
le  rétablissement  de  sa  principauté. 

Il  doit  être  de  plus,  comme  il  est  tout  dévoué  aux  Français, 
un  émissaire  du  parti  très  fort  qui  désire  l'annexion  de  la 
Belgique  à  la  France. 


318.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Le  nonce  et  ce  qu'il  dit  du   dîner   donné    par  Metternich  le  5.  Le  service 
de  table  aux  armes  et  au  chiffre  de  Napoléon. 

Je  suis  passé  voir  le  Nonce  qui  me  parla  du  dîner  donné  par 


252  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Metternich  le  5.  On  l'avait  placé  entre  la  princesse  de  la  Tour 
et  Taxis  et  la  princesse  Trauttmansdorff.  Il  remarqua  que  la 
table  était  garnie  par  un  service  aux  armes  de  Bonaparte  que 
celui-ci  donna  au  prince  de  Metternich  en  prix  de  l'holo- 
causte de  la  nouvelle  Iphigénie. 


319.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.4188  ad  3565). 

SIGARD  (Joseph  von  Schmidt)  à  HAGER  (en  français). 

Les  Saxons  entre  les  mains  et  à  la  remorque  de  Talleyrand.  Le  baron  Hacke. 
Les  petits  Etats  allemands  hostiles  à  la  Prusse.  Les  recommandations  de 
Talleyrand.  Le  roi  de  Wurtemberg  et  Marie-Louise. 

«  Le  baron  Hacke,  le  comte  de  Schulenburg,tous  les  Saxons 
d'ailleurs,  y  compris  le  baron  Marschall,  né  en  Saxe,  sont  en- 
tièrement au  service  et  à  la  discrétion  de  Talleyrand. 

«  Hacke  est  de  plus  un  agent  bavarois  et  peut-être  aussi  un 
espion  russe. 

«  La  Hesse-Cassel,  Darmstadt,  Nassau  et  Bade  déblatèrent 
contre  la  Prusse.  » 

L'agent  rapporte  ensuite  tout  ce  que  Talleyrand  a  dit  et 
recommandé  aux  représentants  des  petits  Etats. 

On  a  raconté  hier  soir  chez  Arnstein  que  le  roi  de  Wur- 
temberg a  été  vendredi  soir  (1)  voir  Marie-Louise  à  Schœn- 
brunn.  On  trouverait  fort  déplacé  si  l'Impératrice  paraissait 
mardi  (2)  à  la  fête  qu'on  donnera  dans  ce  Palais.  Elle  le  voudra 
certainement  et  on  espère  que  l'Empereur  le  lui  interdira. 
Marie-Louise  n'est  ni  aimée,  pi  estimée  dans  le  monde  à 
Vienne,  et  la  population  lui  est  même  presque  hostile. 


320.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.4188  ad  3565). 

Rapport  a  HAGER 

Surveillance  de  Stein. 

1.  Le  7  octobre. 

2.  Grande  représentation  donnée  à  Schœnbrunn  le  11  octobre  1814. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       233 

Samedi  8.  Le  baron  Stein  a  travaillé  ce  matin  pendant  une 
heure  avec  le  conseiller  d'Etat  Friese  avant  d'aller  chez  Nes- 
selrode  avec  lequel  il  resta  deux  heures.  Rentré  chez  lui,  il 
reçut  les  visites  du  prince  de  Saxe-Gobourg  et  de  La  Harpe. 
Il  dîna  dans  l'après-midi  chez  Nesselrode  et  pendant  ce  temps 
un  courrier  qui  venait  d'arriver  de  Saxe  (et  qui  loge  à  VUn- 
garische  Krone)  se  présenta  chez  lui.  Dès  son  retour,  Stein 
le  fit  appeler  et  eu  un  long  entretien  avec  lui.  Il  ne  sortit  plus 
ce  jour-là. 

Le  dimanche  9,  Stein  écrivit  à  la  princesse  de  Fûrstenberg  (1) 
une  lettre  qu'on  aurait  interceptée  et  communiquée  à  la  Mani- 
pulation, si  le  secrétaire  du  Ministre  ne  l'avait  portée  lui- 
même  à  destination. 


321.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2  4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Surveillance  du  prince  de  Hardenberg. 

Le  samedi  8,  le  prince  a  travaillé  de  9  heures  du  matin 
jusqu'à  2  heures.  Le  général  Knesebeck,  le  général  Schoëler, 
et  le  prince  de  HohenzoUern,  venus  pour  le  voir,  n'ont  pas 
été  reçus.  On  ne  laissa  entrer  que  le  conseiller  aulique  Gentz, 
venu  vers  midi. 

A  2  heures,  il  se  rend  chez  Metternich  où  il  y  avait  une 
grande  conférence  à  laquelle  Nesselrode,  Castlereaghet  Hum- 
boldt  assistèrent.  Cette  conférence  dura  jusqu'à  4  heures.  Le 
prince  rentra  alors  chez  lui  pour  dîner  et  eut  pour  convives 
Radziwill,  Saint-Marsan,  le  baron  Martens,  Jacobi-Kloetz, 
Arnstein,  Humboldt  et  son  secrétaire,  le  chanoine  doyen  de 
Munster  et  le  comte  Hardenberg.  Après  le  dîner  il  reçut  les 
visites  du  comte  Etienne  Zichy,  du  prince  de  HohenzoUern, 
du  baron  Binder,  de  Czartoryski  qui  resta  avec  Radziw^ill  pour 
causer  avec  le  prince.  Après  le  départ  de  tous  les  visiteurs, 
le  conseiller  intime  Jordan  brûla  quantité  de  papiers. 

A  8  heures  1/2  du  soir  le  prince  se  rendit  chez  Metternich 
où  se  tint  une  seconde  conférence  qui  dura  jusqu'à  11  heures 


1.  Née  princesse  de  La  Tour  et  Taxis. 


254  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

du  soir  et  à  laquelle  prirent  part  les  ministres  de  Sicile  et 
d'Espagne,  Talleyrand,  Castlereagh,  le  comte  Nesselrodfj  et 
Humboldt. 


i 


322.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
Ce  que  le  général  Schœler  sait  et  dit  à  propos  de  la  Pologne. 

J'ai  cherché  à  apprendre  par  le  général  Schôeler  quelles 
étaient  les  instructions  de  son  gouvernement  sur  la  question 
de  la  Pologne.  Il  m'a  assuré  qu'on  lui  avait  demandé  son  avis 
sur  cet  objet  et  que,  considérant  l'impossibilité  absolue  où  se 
trouvait  son  gouvernement  de  soutenir  des  opérations  par  la 
force,  il  avait  cru  que  temporiser  pour  le  moment  était  ce 
qu'il  y  avait  de  plus  convenable.  Voici  les  raisons  par  les- 
quelles il  appuie  son  opinion  :  «  La  Russie  est  préparée,  elle 
peut  agir  de  suite,  elle  a  l'inappréciable  avantage  de  la  pos- 
session ;  les  Polonais  sont  gagnés  dans  ce  moment  et  feraient 
les  plus  grands  sacrifices  pour  une  cause  qu'ils  regarderaient 
comme  la  leur.  »  De  l'autre  côté,  l'Autriche  a  une  partie  con- 
sidérable de  ses  forces  militaires  en  Italie  ;  la  guerre  entraî- 
nerait des  troubles  dans  sa  GaIicie.Nousautres,nous  ne  sommes 
nullement  préparés  ;  notre  armée  est  sur  le  Rhin.  Danzig,  que 
nous  occupons  conjointement  avec  1.000  Russes,  n'est  pas 
ravitaillée,  enfin  plus  que  tout  cela,  la  répugnance  qu'aurait 
le  roi,  même  malgré  sa  conviction,  pour  toute  démarche 
contre  l'Empereur. 

En  temporisant  on  gagne  le  temps  nécessaire  pour  donner 
à  l'Allemagne  une  forme  stable  et  conforme  au  bien  général 
et  à  la  sûreté.  Vous  organiserez  vos  provinces  italiennes;  les 
Polonais,  dont  l'Empereur  Alexandre  n'aura  garde  de  rétablir 
le  royaume,  seront  foulés  par  les  employés  russes,  mécontents 
de  la  situation  et  prêts  à  se  jeter  dans  les  bras  de  celui  qui 
voudra  être  leur  libérateur. 

«  Il  est  fâcheux  à  la  vérité,  ajoute-t-il,  que  cette  situati 
force  le  roi  à  paraître  vouloir  s'agrandir  en  gardant  la  Sa 
mais  pourquoi  ne  nous  rend-on  pas  Anspach  et  Bareuth  ?  » 

Lui  ayant  parlé  de  la  part  que  M.  de  Stein,  tout  dévoué  à 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      235 

Russie  prend  à  l'organisation  de  l'Allemagne,  le  général  m'a 
assuré  que  Stein  avait  éprouvé  récemment  des  désagréments 
qui  pourraient  bien  avoir  changé  ses  affections  (  l). 


323.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

00  à  HAGER 

L'espionnage  mondain  au  service  des  missions  étrangères.  La  question  de  la 
Saxe.  L'agent  présenté  par  la  Tour  du  Pin  à  Talleyrand.  Les  confidences 
de  la  Tour  du  Pin. 

J'entends  beaucoup  parler  chez  le  prince  de  Starhemberg  (2) 
de  l'espionnage  de  cour  à  cour,  de  mission  à  mission  et  de 
l'espionnage  de  société.  On  dit  que  :  «  les  Cours  et  les  mis- 
sions sont  fort  occupées  à  s'espionner  réciproquement.  »  «  C'est 
chose  fort  naturelle  et  facile  à  expliquer.  Il  est  certain  que, 
lorsqu'ils  nous  quitteront,  les  souverains  étrangers  connaîtront 
à  fond  notre  cour  ;  mais  l'espionnage  de  société  entre  nous 
autres  Viennois,  l'espionnage  dans  la  société  même  devient 
intolérable.  Ferdinand  Palffy  fait  partie  de  la  police  secrète, 
la  comtesse  Esterhazy  Roisin  et  M"°  Chapuis  sont  des  espions 
de  la  vieille  princesse  Metternich  qui  les  renseigne  et  les  ins- 
pire. Le  prince  Kaunitz  (3),  François  Palffy,  Frédéric  Fûrsten- 
berg  !'4),  Ferdinand  Palffy  s'étaient  offerts  pour  faire  le  service 
auprès  des  souverains  présents  à  Vienne  ;  on  a  décliné  leurs 
offres.  Jamais  il  n'y  a  eu  à  Vienne  un  pareil  service  d'espion- 
nage. Le  prince  de  Metternich  m'a  déjà  questionné  à  ce  sujet 
et  m'a  dit  qu'on  savait  tous  les  propos  que  je  tenais.  Je  lui  ai 
dit  que  le  prince  devrait  me  rendre  service  en  me  plaçant  et 
que  je  chanterais  ses  louanges  sur  tous  les  tons.  Je  suis  en 
effet  son  obligé  à  cause  de  ma  loterie,  mais  ce  que  je  ne  peux 


1.  Rien  ne  paraît  justifier  cette  dernière  assertion. 

2.  Starhemberg  (Louis,  prince),  ambassadeur  d'Autriche  à  Londres,  poste 
li'il  dut  quitter  lors  du  rapprochement  de  Napoléon  et  de  l'Autriche.  Très 
lai  disposé  pour  Metternich  qui  trouva  inutile  de  lui  offrir  un  poste  lors  de 

(fentrée  de  l'Autriche  dans  la  coalition. 

3.  Aloïs,  prince  de  Kaunitz-Rictberg  (1774-1848),  diplomate  autrichien,  le 
ernier  de  sa  maison. 

4.  Frédéric-Charles,  prince  de  Fiirstenberg  (1774-1856),  marié  en  mai  1801  à 
i  princesse  Thérèse  de  Schwarzenberg. 


256  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


1 


lui  pardonner,  ce  que  je  ne  peux  admettre  ce  sont  les  Binder, 
les  Paul  Esterhazy  et  C'«  avec  lesquels  il  s'enferme  et  qui  sont 
ses  confidents.  »  Tel  est  le  discours  que  m'a  tenu  le  prince 
Starhemberg. 

Le  baron  Spàt  (1)  a  dit  hier  :  «  Le  prince  Antoine  de  Saxe 
et  l'Archiduchesse  sa  femme,  m'ont  dit  eux-mêmes  à  Schoen- 
brunn  :  «  La  Saxe  est  perdue  pour  nous.  Nous  n'y  rentrerons 
plus.  » 

Le  comte  de  la  Tour  du  Pin  m'a  introduit  hier  chez  Talley- 
rand.  Cette  maison  est  peut-être  la  plus  intéressante  de  toutes 
pour  l'observateur.  Mais  c'est  en  même  temps  le  refugium 
peccatormn.  C'est  là  que  les  deux  princes  de  Coburg  (2),  le 
cardinal  Consalvi  et  le  nonce  Severoli  font  une  cour  assidue 
au  maître  de  la  maison  qui  daigne  à  peine  les  regarder.  Schu- 
lenburg,  Saint-Marsan,  Castelalfer,  Salmour,  le  comte  Mars- 
chall  (3),  le  commandeur  Ruffo,  le  baron  Vrintz,  tous  les 
émigrés  viennent  y  rapporter  tout  ce  qu'ils  savent,  tout  ce 
qu'ils  ont  vu  ou  pu  apprendre. 

Voici  ce  qui  m'a  frappé  le  plus  dans  la  conversation  de  la 
Tour  de  Pin  qui  ne  répète  que  ce  que  Talleyranda  jugé  à  pro- 
pos de  lui  confier  :  «  1°  Qu'une  capitale  ne  saurait  être  le 
siège  d'un  Congrès  ;  2"  Qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  Congrès  sans 
médiateur  depuis  Munster  et  Osnabruck  jusqu'à  Teschen  ; 
3°  Qu'aujourd'hui  un  médiateur  serait  plus  nécessaire  que 
jamais  ;  4'  Qu'il  n'y  a  que  la  France  qui  fût  à  même  d'être 
médiateur,  parce  que  c'est  la  seule  puissance  qui  ne  demande 
rien;  5°  Que  le  présent  Congrès  n'aura  aucun  résultat  et  qu'il 
semble  probable  qu'on  ne  pourra  s'entendre  sur  rien. 


324.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  fautes  de  Metternich.  Les  désirs  de  l'opinion  publique.  L'impératrice  de  \ 
Russie.  Le  roi  de  Prusse  et  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis.  Le  duc  def  f 
Weimar.   Dalhera'.  La  rerlniit.p  nnrf^p  J-, 


Weimar.  Dalberg.  La  redoute  parée 

1.  Parent  de  la  baronne    de  même  nom  que  la  princesse    Thérèse  de  Saxe, 
sœur  de  l'Empereur  et  femme  du  prince  Antoine,  honorait  de  son  amitié. 

2.  L'un  de  ces  deux  princes  de  Goburg  était  le  futur  roi  des  Belges  et  l'autD 
probablement  le  prince  Ferdinand. 

3.  Représentant  à  Vienne  du  prince  primat 


I 


I 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       2o7 


Metternicli,  c'est  ainsi  qu'on  juge  la  conduite  politique  du 
prince  chez  Starliemberg,  a  commis  deux  lourdes  fautes.  La 
première,  en  1813,  lorsqu'au  moment  de  l'évacuation  du  ter- 
ritoire russe  il  négligea  d'occuper  la  partie  occidentale  de  la 
Galicie  qui  avait  appartenu  à  l'Autriche  et  Cracovie.  Si  nous 
avions  repris  à  ce  moment  possession  de  la  Galicie  Occiden- 
tale, personne  n'aurait  songé  à  nous  la  contester.  La  deuxième, 
en  décembre  1813,  lors  de  l'entrée  à  Francfort  où  il  lui  eut  été 
facile  de  faire  proclamer  François,  empereur  du  Saint-Empire 
Romain.  On  a  laissé  passer  le  moment  et  maintenant  c'en  est 
fait  de  la  couronne  impériale  d'Allemagne. 

Les  Fûrstenberg,  Ghotek,  Wallis,  Hatzfeld,  Stadion,  Schôn- 
born,  Golloredo  et  Starhemberg  trouvent  toujours  quelque 
chose  à  critiquer  dans  les  actes  du  prince  de  Metternich.  Quant 
au  public,  il  ne  désire  qu'une  seule  chose,  la  fin  prochaine 
du  Congrès  afin  qu'on  réduise  les  effectifs  de  l'armée,  qu'on 
retire  les  Anticipations  scheine  (1)  (bons  d'anticipation)  et  que 
le  renchérissement  général  cesse. 

L'Impératrice  de  Russie  est  beaucoup  plus  goûtée  par  le 
public  que  son  mari.  Toutes  les  personnes  qui  assistent  au 
Cercle  qu'elle  tient,  disent  qu'elle  est  bien  autrement  courtoise 
et  aimable  que  l'Empereur.  Il  faut  reconnaître  du  reste  qu'A- 
lexandre est  presque  sourd. 

Le  roi  de  Prusse  dîne  et  passe  ses  soirées  chez  Taxis  et  va 
au  théâtre  dans  les  loges  de  la  princesse  qui  est  d'ailleurs  sa 
belle-sœur  (2). 

Le  duc  de  Weimar  se  plaint  du  climat  de  Vienne  et  de  ce 
que  les  faubourgs  de  la  ville  ne  sont  pas  pavés.  Les  étrangers 
jont  été  émerveillés  par  les  fêtes  données  à  Laxenburg  et  par 
les  manœuvres  de  Bruck.  La  redoute  parée  d'hier  a  été  très 
réussie.  Le  roi  de  Prusse  portait  le  costume  hongrois. 

Dalberg  a  dit  ces  jours-ci  :  «  Vous  trouvez  singulier  que  je 
sois  l'un  des  ministres  de  France  à  Vienne,  mais  n'est-ce  pas 
xn  Français,  un  émigré,  le  baron  de  Bombelles  (3),  qui  est  ministre 
|i' Autriche  à  Paris. 


j  1.  Papier-monnaie  mis  en  circulation  en  Autriche. 

2.  Marie-Thérèse  de  Mecklemburg,  sœur  de  la  reine  Louise. 

3.  Bombelles  n'était    pas   baron,   mais  comte.  D'autre   part,  il  n'était  pas 
linistre,  mais    commissaire   impérial   et   royal  à  Paris,  où  l'Autriche  était 

««présentée  par  le  feld-maréchal  lieutenant  baron  Vincent. 

I  T.  I.  17 


2o8  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

325.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

L'attitude  de  la  légation  de  France.  Deux  mots  dits,  i*un  par  Gastlereagh, 
l'autre  par  Talleyrand.  Les  Pays-Bas,  les  places  du  Rhin  et  Mayence.  Con- 
centration et  renforcement  de  l'armée  française.  L'Angleterre  etlaBelgique. 
Tension  des  rapports  entre  la  Bavière  et  le  Wurtemberg.  Altercation  entre 
les  deux  princes  royaux. 

La  Légation  de  France  est  décidée  à  prendre  au  Congrès 
une  attitude  des  plus  énergiques.  Elle  a  préparé  trois  notes 
qu'elle  remettra  à  la  première  séance  du  Congrès.  Dans  l'une, 
la  France  proteste  contre  la  réunion  des  Pays-Bas  à  la  Hol- 
lande, dans  la  seconde  elle  expose  ses  vues  sur  la  Constitution 
de  l'Allemagne,  dont  le  Sud  serait  placé  sous  la  protection  de 
l'Autriche  et  le  Nord  sous  celle  de  la  Prusse.  La  troisième  note 
a  trait  à  la  Pologne. 

On  colporte  dans  Vienne  le  mot  de  lord  Castlereagh  qui 
aurait  dit  :  «  Qu'on  n'a  pas  réuni  un  Congrès  pour  provoquer 
une  nouvelle  guerre  »,  et  la  réponse  faite  par  Talleyrand  à 
une  dame  qui  lui  avait  dit  :  «  Vous  êtes  pourtant  déjà  venu  à 
Vienne,  mon  Prince  >,  et  lui  de  riposter  :  «  Je  fais  tous  mes 
efforts  pour  l'oublier.  » 

Talleyrand  veut  qu'on  rende  les  Pays-Bas  à  l'Autriche,  ou 
qu'on  en  fasse  un  Etat  libre.  La  France  ne  veut  pas  que  les 
places  du  Rhin,  et  surtout  Mayence,  soient  aux  mains  de  l'Au- 
triche ou  de  la  Prusse. 

La  France  concentre,  dit-on,  et  renforce  son  armée  sur  la 
frontière  pour  soutenir  l'action  et  l'attitude  de  ses  ministres 
au  Congrès.  On  est  cependant  porté  à  croire  que  Talleyrand 
ne  grossit  la  voix  que  pour  relever  le  prestige  de  son  roi  et 
de  son  pays,  mais  qu'il  ne  songe  pas  plus  que  son  souverain 
à  l'emploi  de  la  force  qui  ne  promettrait  rien  de  bon.  L'armée 
n'est  pas  attaché  au  nouveau  régime  et  il  y  a  dans  ses  rangs 

#1 

des  Pays-Bas  à  la  Hollande.  Elle  envoie  des  troupes  en  Hol- 
lande et  agit  sans  relâche  sur  le  terrain  diplomatique 

Les  rapports  entre  les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtembe: 
sont  très  tendus.  Les  deux  peuples  se  détestent  si  fort  qu' 
doit  tout  redouter 


un  grand  nombre  de  partisans  de  Napoléon. 

L'Angleterre  est  au  contraire  très  en  faveur  de  la  cessî 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      259 

A  une  soirée  donnée  par  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis, 
il  y  eut  entre  le  Prince  royal  de  Bavière  et  celui  de  Wurtem- 
berg (dont  tout  le  monde  vante  l'amabilité)  un  échange  de 
paroles  tellement  vives  que  ce  dernier  a  provoqué  l'autre  en 
duel  et  que  la  rencontre  devait  avoir  lieu  au  Prater  (1),  Mais 
le  prince  royal  de  Bavière  ne  vint  pas  et  envoya  Wrede  qui 
arrangea  la  chose. 


326.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.   2.  4188  ad  3565). 

HAGER  à  LEMPEREUR  (Bordereau  du  11  octobre  1814). 

Résumé  des  surveillances  du  10.  Les  visites  faites  et  rendues 
par  ïalleyrand.  Lettre  interceptée. 

1     Le  bordereau  ne  contient  pour  la  journée  du  10  rien  de  neuf 

i  sur  Hardenberg,  Wrede,  le  prince  royal  de  Wurtemberg,  von 

pertzen  (ministre  d'Etat  de   Mecklemburg-Strelitz),  Maltzahn 

(ministre  d'Oldenbourg),  le  comte  Bentinck  (2),  La  Harpe,  Czar- 

loryski,  Radziwill,  Cariati,  le  prince  Eugène,  d'Arenberg  (qui 

ne  fait  que  jouer  aux  échecs)  et  le  comte  Salraour. 

On  y  trouve  la  liste  des  visites  faites  le  8  et  reçues  le  9  par 
ïalleyrand  ainsi  qu'une  lettre  interceptée  de  Leykam  à  Rel- 
ier (ministre  de  la  Hesse  électorale),  de  Francfort,  en  date  du 
i  octobre  et  confiée  à  Bentinck. 


Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 

Liste  et  analyse  de  quelques-unes  des  lettres  interceptées 
le  9  et  le  10  octobre. 

'Voir  plus  loin,  pièces  337  et  343. 

Bentinck  (G.  F.   comte  du  saint  Empire,  Seigneur  de  Kniphauscn  et  de 

?1).  11  lit  des  démarches  pour  être  admis  comme  membre  de  l'Union  des 

38  et   ensuite  pour    faire    partie  de  la    Confédération    germanique.  Sa 

knde  ne  fut  pas  accueillie  et  il  ne  fut  question  de  lui  ni  dans  l'acte  de  la 

Idération  germanique  du  8  juin  ni  dans  l'acte  final  du  Congrès.  En  vertu 

convention  signée  à  Berlin  le  8  juin  1825,  les  seigneuries  de  Varel  et  de 

lausen  furent  incorporées  au  grand-duché  d'Oldenbourg    (Cf.  d'A.NOE- 

Note,  page  1405  et  Martens.  Nouveau  recueil,  tome  VI,  page  765). 


2G0  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Lettres  interceptées  le  9  octobre  du  comte  Bentinck  au  comte 
Keller  (1),  le  10  octobre  du  comte  Salmour  à  Stein;  de  Har- 
denberg  à  Wrede  (Invitation  à  dîner  pour  le  11  à  5  heures  et 
prière  de  venir  le  plus  tôt  possible  afin  de  pouvoir  causer  avec 
lui)  ;  du  prince  de  La  Tour  et  Taxis  {en  français,  de  Ratis- 
bonne  le  1"  octobre)  au  baron  Bôhnen.  Il  le  remercie  de  sa 
lettre  du  22  septembre.  Comme  tant  d'autres,  Taxis  attend  les 
résultats  du  Congrès,  mais  «  il  est  persuadé  qu'ils  ne  peuvent 
«  être  qu'analogues  {sic)  à  la  sagesse  et  à  la  magnanimité  des 
«  souverains  qui  y  président  ». 


328.       Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

M.  K.  à  FIAGER 

Liste  des  convives  de  Talleyrand,  le  9  octobre  (2). 

A  dîner  chez  Talleyrand  le  9  octobre  le  comte  (3)  Rosencranz, 
le  prince  d'Isenburg  (4),  Vernègues,  le  comte  Pappenheim,  le 
prince  Gzartoryski,  Wieland,  Reinhard,  Montenach  (5),  (Suisse) 
etisabey. 

P.-S.  —  Czartoryski  fait  porter  un  billet  à  la  comtesse  de 
Périgord  qui  habite  chez  Talleyrand. 


329.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  Joniini.   Précautions  qu'il  prend.  On  a  relevé  l'empreinte 
de  ses  serrures. 

Le  Général  Jomini,  qui  enferme  tous  ses  papiers,  a  fait  chan 
ger  toutes  les  serrures  et  emporte  toutes  les  clés.  Il  serait  dif 

i 

1.  Premier  représentant  de  la  Hesse  électorale  au  Congrès.  * 

2.  Je  ne  donne  ce  rapport  et  cette  liste  des  convives  qu'afinde  mieux  moi: 
trer  la  façon  d'opérer  de  la  Police  Impériale  royale. 

3.  Rosencranz  n'était  que  baron. 

4.  Isenburg-Birstein  (Charles-Frédéric-Louis-Maurice,  prince  d'),  né  en  176<i 

5.  Tous  trois  représentants  de  la  Suisse  pour  la  Diète.  | 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       i6 1 

ficile  et  dangereux  de  chercher  pour  le  moment  à  ouvrir  les 
tiroirs.  On  essayera  cependant  quand  il  sera  rétabli  et  sortira 
de  nouveau  et  qu'on  pourra  de  cette  façon  en  extraire  pendant 
quelques  heures  un  de  ses  cahiers.  On  a  dès  maintenant  pris 
l'empreinte  des  nouvelles  serrures. 


330.  Vienne,  10  octobre  soir  (F.  2.  4188  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 
Rapport  sur  Aldini. 

Aldini  a  eu  aujourd'hui  un  long  entretien,  d'abord  avec  Saint- 
Marsan,  ensuite  avec  Stadion. 


331.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  visite  des  souverains  à  Aspern  et  à  Wagram.  Tension  des  rapports  entre 
les  officiers  prussiens  et  russes  de  la  suite  des  souverains. 

La  visite  aux  champs  de  batailles  de  Wagratn  et  d'Aspern 
semble  n'avoir  intéressé  ni  le  roi  de  Prusse,  ni  l'empereur 
Alexandre.  On  a  remarqué  plus  que  jamais  la  froideur  des 
rapports  entre  la  Suite  prussienne  et  la  russe.  De  part  et  d'autre 
on  se  livre  tout  haut  à  des  remarques  désagréables. 


332.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Labrador.  Son   opinion  sur   la  situation.  Ses  idées  sur  la  Russie,  les  Pays- 
Bas  et  la  Hollande,  TAutriche  et  l'Italie,  Arrivée  de  Los  Rios  à  Vienne. 

Labrador  est  nettement  hostile  à  la  prépondérance  de  la  Rus- 
sie à  l'annexion  des  Pays-Bas  à  la  Hollande,  à  l'accroissement 


2G2  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  l'influence  anglaise.  Il  croit  que  l'Autriche  devrait  renon- 
cer au  préjugé  qui  lui  fait  croire  que  sa  puissance  consiste 
dans  la  possession  de  l'Italie  et  qu'elle  devrait  au  contraire 
chercher  l'agrandissement  de  son  Empire  en  Allemagne.  L'Ita- 
lie devrait  être  partagée  en  petits  Etats  donnés  à  des  princes 
des  maisons  de  Bourbon  et  d'Autriche  moyennant  un  pacte 
qui  les  rendrait  indépendants  de  tous  droits  de  suzeraineté. 

Il  croit  que  les  Italiens  préfèrent  les  Espagnols  aux  Alle- 
mands. 

Arrivée  à  Vienne  du  chevalier  de  Los  Rios  (1),  ancien  ami 
de  l'informateur,  et  qui  vient  remplacer  Ferez  de  Castro  rap- 
pelé à  Madrid. 


333.       Vienne  sans  date  (F.  2.  4188  au  3565). 

©  ©  à  HAGER  l 

Les  déclarations  de  Talleyrand  relatives  à  l'Allemagne  rapportées  par  le 
comte  Keller.  Le  salon  politique  du  comte  Pries.  Un  mot  attribué  à  l'em- 
pereur François.  Les  deux  plus  jolies  femmes  de  Vienne  d'après  Alexandre. 

Le  comte  Keller,  ministre  d'Etat  de  la  Hesse  Electorale,  le 
même  qui  représentait  la  Prusse  à  Vienne,  il  y  a  douze  ans, 
a  été  frappé  par  les  déclarations  suivantes  que  Talleyrand  a 
faites  en  sa  présence. 

Le  prince  considère  comme  illégal  tout  ce  qui  s'est  fait  en 
x\llemagne  depuis  1803.  Toujours  d'après  lui,  tous  les  princes, 
qui  n'ont  pas  formellement  abdiqué,  qui  n'ont  pas  délié  leurs 
sujets  de  leur  serment,  reprennent  et  récupèrent  tous  les  droits. 
Il  en  résulte  pour  lui  que  l'électeur  de  la  Hesse-Electorale  qui 
n'a  jamais  abdiqué,    qui    n'a  jamais  relevé  ses  sujets  de  leur 

1.  Los  Rios  (comte  de),  fils  naturel  du  duc  de  San  Fernando,  attaché  à 
l'Ambassade  d'Espagne  à  Vienne,  chargé  d'affaires,  puis  ministre  dans  plu- 
sieurs cours,  «  homme  très  spirituel,  très  amusant,  de  très  bonne  et  très  mau- 
vaise compagnie,  excessivement  libertin  et  disant  tout  ce  qui  lui  passe  par^ 
la  tête  et  notamment  qu'il  ne  répondait  pas  de  la  vertu  d'aucune  femme  q^ 
a  passé  une  heui^eentète  à  tète  avec  lui  voii-e  même  en  voiture...  l'insolentlf 
Baronne  du  Montet  (Souvenirs). 

•2.  Keller  (Louis-Christophe,   comte    de)  (1737-1827),  d'abord  chambellan 
conseiller  d'ambassade  du  roi  Frédéric  II,  ministre  de  Prusse  à  Stockholm,| 
Saint-Pétersbourg,  puisa  Vienne,  devint  en  1811    ministre   du   Grand-Duc 
de  Francfort  à  Paris  et  représenta  à  Vienne  l'électorat  de  Hesse  aveclebarc 
de  Turkheim. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGllÈS       263 

serment,  auquel  on  a  arraché  Hanau  par  laforce,  qui  n'a  jamais 
fait  partie  de  la  Confédération,  est  bien  et  dûment  en  posses- 
sion du  Hanau  et  que  c'est  à  bon  droit  qu'on  lui  a  restitué 
ses  anciens  Etats. 

D'après  Talleyrand,  le  roi  de  Saxe  n'abdiquera  jamais  et  ne 
relèvera  jamais  ses  sujets  de  leur  serment. 

Quant  au  Primat  (1),  il  a,  il  est  vrai,  écrit  la  stupide  lettre 
que  l'on  sait  au  roi  de  Bavière  et  a  renoncé  à  son  grand  duché 
sub  clausula  in  favorem  du  prince  Eugène,  mais  en  réalité  le 
grand  duc  de  Francfort  n'a  jamais  abdiqué,  n'a  jamais  délié 
ses  sujets  de  leurs  devoirs  envers  lui.  Tant  qu'un  prince  n'a 
pas  donné  les  lettres-patentes  qui  relèvent  ses  sujets,  il  ne 
peut  y  avoir  de  prise  de  possession  légitime  pour  qui  que  ce 
soit.  L'annexion  du  grand  duché  d'Aschaffenburg,  la  cession 
qu'en  a  faite  le  baron  Hûgel  (2)  au  roi  de  Bavière,  est  nulle  et 
non  avenue. 

Toujours  d'après  Talleyrand,  les  traités  d'Alliance  entre 
l'Autriche,  le  Wurtemberg,  Bade,  etc.,  etc.,  quoique  inconsi- 
dérément et  maladroitement  rédigés,  renferment  cependant 
malgré  leurs  lacunes  [Videantiir  tractalus  concernentes)  des 
clauses  d'obligations  réciproques  qui  permettront  au  Congrès 
de  leur  donner  une  nouvelle  [iaterpretatio  aulhentica)  et  de 
mettre  le  nouveau  statut  de  l'Allemagne,  en  tenant  compte  des 
stipulations  résultant  des  actes  constitutifs  de  la  Confédéra- 
tion du  Rhin  en  1805,  en  harmonie  et  d'accord  avec  les  prin- 
cipes généraux  des  constitutions  allemandes.  Talleyrand,  loin 
de  faire  un  mystère  de  sa  manière  de  voir,  exprime  bien  haut 
ses  idées  et  autorise  ses  interlocuteurs  à  les  répéter  partout 
sous  sa  propre  responsabilité. 

Castlereagh  a  dîné  avant-hier  avec  Floret  chez  le  comte 
Pries,  chez  lequel  Dalberg,  le  comte  Solms  et  Stein  soupent 
presque  tous  les  jours.  C'est  chez  Pries  qu'on  est  le  mieux 
renseigné  sur  tout  ce  qui  se  passe  en  politique. 

La  comtesse  Callenberg  a  dit  hier  chez  Puffendorf  :  «  Votre 
Empereur  est  d'excellente  humeur.  11  a  cependant  déjà  assez 


1.  Le  prince  primat  grand  duc  de  Francfort  et  oncle  de  Dalberg. 

2.  Le  prince  primat  avait  renoncé  à  Aschaffenburg  en  favem'  du  duc,  son 
neveu  Talleyrand  fait  allusion  à  la  négociation  conduite  par  le  baron  Hiigel 
et  qui  avait  abouti  à  la  cession  faite  par  l'Autriche  à  la  Bavière  de  ce  duché 
en  échange  du  Tyrol.  Hiigcl  représenta  l'Autriche,  d'abord  à  Ratisbonne,  puis 
à  Francfort. 


264  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  cette  perpétuelle  représentation.  »  Et  pour  prouver  que  le 
souverain  est  réellement  de  fort  belle  humeur,  on  lui  prête 
cette  plaisanterie  ;  «  Si  cela  doit  continuer  ainsi,  je  demanderai 
ma  retraite.  Je  ne  suis  pas  de  taille  à  mener  longtemps  une 
pareille  vie.  » 

On  a  vanté  hier  chez  Puffendorf  l'énergie  et  la  décision  dont 
Metternich  fit  preuve  dans  ses  rapports  avec  Talleyrand.  On 
reconnaît  qu'on  était  loin  de  s'y  attendre. 

Alexandre  a,  paraît-il,  dit  que  la  comtesse  Esterhazy-Roi- 
zin  et  Sophie  Zichy  étaient  les  plus  jolies  femmes  de  Vienne. 


334.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.   2.  3961  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapportât  bordereau  du  12  octobre). 

Russie,  Pologne,  Gzai'Loryski,  Metternich  et  les  ministres  des  princes 
allemands.  Labrador  et  la  politique  de  l'Espagne. 

Il  appelle  l'attention  de  Sa  Majesté  sur  les  concessions  que 
la  Russie  semble  vouloir  faire  au  sujet  de  la  Pologne,  sur  les 
dires  de  Czartoryski,  sur  l'animosité  des  envoyés  des  princes 
Allemands  contre  Metternich,  enfin  sur  ce  que  Labrador  a  dit 
de  la  politique  de  sa  Cour.  Il  transmet  en  outre  la  liste  des 
personnages  invités  à  dîner  chez  Stackelberg  le  7  octobre  et 
l'analyse  de  trois  lettres  interceptées,  d'ailleurs  assez  insigni- 
fiantes, de  Werry  à  Gentz,  d  Isabelle  Hoppner  à  son  mari, 
secrétaire  chez  lord  Gastlereagh,  et  de  Planta,  secrétaire  de 
lord  Gastlereagh  au  comte  de  Salis-Soglio  (1). 

La  surveillance  de  Gastlereagh,  Hardenberg,  Nesselrode, 
Stein,  Anstett,  La  Harpe,  Talleyrand,  Labrador,  Gaertner, 
Gampochiaro,  Gariati,  Radziwill  et  du  Prince  Eugène  n'a 
révélé  aucun  fait  saillant. 


1.  Salis-Soglio  (Jean-Ulrich)  (1790-1871).  Officier  à  TEtat-major  suisse  (1808 
aux  chevau-légers  bavarois  (1811),  officier  d'ordonnance  de  Wrede  (18M 
1814),  assista  aux  batailles  de  Hanau,  Brienne,  Bar-sur-Aube,  Arcis, 
Fère-Ghampenoise,  passé  au  service  de  Hollande  de  1815  à  1840,  colonelJ 
l'ELat-major  fédéral  (1842),  joua  un  rôle  considérable  dans  les  troubles  qt 
divisèrent  la  Confédération  et  rentra  dans  la  vie  privée  à  la  fin  de  1847. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRiiS       20J 

335.  Vienne,  11  octobre  (b\  2.  3961  ad  3565). 

Rapport   à  IIAGER 

Sa  dernière  conversation  avec  Anstett.  L'animosité  d'Anstett  contre  Metter- 
nich.  Les  dispositions  de  la  Russie  à  l'égard  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse. 
Le  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie. 

Ma  dernière  conversation  avec  Anstett  ne  m'a  pas  appris 
grand'chose.  Il  est  de  plus  en  plus  manifestement  hostile  à 
Metternich  et  sa  rancune  vient  sans  Tombre  d'un  doute  de  ce 
que  c'est  lui  qu'il  rend  responsable  de  Tinjustice  dont  il  se 
croit  victime,  du  fait  qu'il  n'a  pas  encore  reçu  le  cordon  de 
Tordre  de  Léopold.  11  m'a  parlé  d'un  dîner  qui  eut  lieu  récem- 
ment chez  Metternich  où  il  fut  question  des  finances  et  où  il 
ne  se  priva  pas  de  combattre  sèchement  et  durement  les  idées 
quelque  peu  baroques  du  prince... 

J'essayai  de  ramener  la  conversation  sur  le  Congrès  et  de 
provoquer  ses  confidences  en  lui  disant  que  j'espérais  bien  le 
voir  faire  partie  d'une  des  commissions  chargées  de  l'organi- 
sation d'un  des  territoires  dont  le  sort  serait  décidé  par  le 
Congrès.  Il  me  dit  que  le  Congrès  n'avait  pas  encore  com- 
mencé, parce  que  jusqu'à  ce  jour  on  ne  s'était  chamaillé  que 
sur  des  questions  de  pure  forme,  mais  qu'il  persistait  néan- 
moins à  croire  que  tout  finirait  bien. 

Moi.  —  «  Certes,  mais  seulement  si  on  vous  accorde  ce 
que  vous  désirez  ?  Sinon,  selon  votre  vieille  habitude,  vous 
chercherez  à  nous  créer  des  ennemis  tant  à  l'intérieur  qu'à 
l'extérieur,  ennemis  qui  tireront  parti  des  divergences  exis- 
tant entre  notre  Cour  et  la  Hongrie  et  qui  joueraient  chez 
nous,  mais  sur  une  plus  grande  échelle,  le  rôle  que  la  Serbie 
cherche  à  jouer  avec  la  Porte.  » 

Lui.  —  «  Vous  n'avez  qu'à  être  raisonnables  et  qu'à  donner 

quelques  satisfactions  d'amour-propre  à  mon  Empereur.  Il  ne 

recherche  pas  les  avantages    réels.  Tout  ce  qu'il    veut,  c'est 

pouvoir  réaliser  son  idée  favorite.  Il  est  trop  généreux  et  trop 

magnanime  pour  risquer  d'être  flétri  dans  l'histoire  pour  avoir 

■couru  à  la  ruse  et  à  des  expédients  honnêtes.  Nous  avons 

i  puis  longtemps  rompu  avec  le  graeca  fides.  Nous  sommes 

'dus  d'honnêtes  gens  dans  le  cabinet  qui  ne  voulons  avoir  rien 

commun  avec  les  faiseurs  de  la  vieille  Grèce.  Nous  n'atti- 


266  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE   VIENNE 

rerons  jamais  à  nous  vos  sujets  grecs,  ni  vos  Hongrois.  A 
vous  de  voir  à  leur  donner  satisfaction.  » 

Moi.  —  «  Ce  serait  en  effet  quelque  chose.  Mais  de  votre 
côté  vous  comptez  sur  l'appui  constant  de  la  Prusse,  » 

Lui.  —  «  Pas  plus  que  sur  vous.  La  Prusse  va  en  effet  rede- 
venir ce  qu'elle  était  en  1757.  Mais  d'autres  Etats  ont  grandi, 
eux  aussi,  en  proportion.  Peu  importe  à  qui  vont  les  sympa- 
thies du  roi.  La  politique  d'aujourd'hui  est  au-dessus  des 
questions  de  sentiments.  Du  reste  pour  le  moment  nous  n'avons 
qu'à  nous  louer  des  sentiments  du  roi.  » 

Moi.  —  «  Votre  empereur  va  le  20  à  Ofen.  » 

Lui.  —  «  Et  le  vôtre  aussi.  Ce  qui  ne  plaît  guère  au  mien 
parce  qu'il  se  proposait  d'y  célébrer  une  petite  fête  de  famille, 
tout  à  fait  dans  l'intimité  (1).  » 


336.  Vienne,  11  octobre  1814,  4  heures  de  l'après-midi  (F.  2.  3961 

ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Anstett.  Les  concessions  de  Talleyrand  sur  la  forme. 
Travaux  pressés  confiés  à  Anstett.  Alexandre  et  les  uniformes  de  hussard. 

Je  viens  de  nouveau  de  voir  Anstett  que  j'ai  rencontré  dans 
la  rue  et  accompagné  chez  lui. 

Moi.  —  «  Eh  bien? Toujours  rien  de  nouveau  du  Congrès?  » 
Lui. —  «  Rien,  si  ce  n'est  que  Talleyrand  a  fait  quelques  con- 
cessions quant  aux  formes,  mais  maintenant  il  s'agit  de  tran- 
cher des  questions  qui  me  valent  pas  mal  de  besogne  à  faire 
le  soir.  L'Empereur  m'a  chargé  de  les  étudier  et  de  lesprépa- 
rer,  et  elles  sont  aussi  nombreuses  que  graves.  J'ai  déjà  eu  à 
en  parler  pendant  deux  heures  et  demie  dans  la  conférence  par- 
ticulière quia  eu  lieu  aujourd'hui.  On  m'a  chargé  en  outre  d'upi 
autre  travail,  non  moins  urgent  et  délicat,  qui,  si  je  parviens  à 
à  le  mener  à  bonne  fin,  ne  vous  sera  pas  défavorable  et  qui  a  i 
aussi  trait  à  cette  chère  Pologne.  Si  je  ne  puis  le  finir  d'ici  ; 
demain,  je  m'en  consolerai  parce  que  l'Empereur  ne  pense  guère  i^ 
qu'à  son  uniforme  de  hussard.  Pour  Dieu,  mon  cher,  gardez 

1.  Allusion  à  Tarchiduc  Palatin  Joseph,  beau-frère  d'Alexandre  I". 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       267 

cela  pour  vous.  Je  l'ai  trouvé  aujourd'hui  en  train  d'essayer 
huit  ou  neuf  culottes  de  hussard,  désolé  de  voir  que  toutes  étaient 
trop  petites  et  trop  courtes.  Il  y  tient  d'autant  plus  qu'il  savait 
que  le  roi  de  Prusse  s'était  déjà  montré  à  la  Redoute  en  hus- 
sard. On  a  envoyé  un  courrier  à  Pétersbourg  pour  en  rappor- 
ter l'uniforme  de  hussard  du  comte  Ojarowsky.il  arrivera  trop 
tard.  On  le  fit  remarquer  à  l'Empereur  qui  n'en  démordit  pas  et 
l'expédia  quand  même.  Gela,  mon  cher,  vous  donne  une  idée  de 
la  jeunesse  de  notre  Empereur.  Mais  encore  une  fois  mon  cher, 
n'en  dites  rien  à  personne,  pas  même  à  votre  femme.  » 

Il  se  mit  au  travail  et  je  pris  congé  de  lui.  Anstett  pense 
rester  encore  ici  six  semaines  au  moins. 


337.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Attitude  des  Russes.  Un  mot  d'Alexandre  sur  ses  intentions.  L'empereur 
François,  la  Pologne  et  Murât.  La  brouille  et  l'altercation  des  deux  princes 
royaux  de  Bavière  et  de  Wurtemberg. 

Les  Russes  parlent  déjà  en  maîtres  du  monde.  Je  connais  la 
personne  à  qui  un  de  leurs  ministres  a  dit  que  leur  but  était  à 
présent  un  seul  :  Gelui  de  conserver  la  prépondérance  cpi'ils 
avaient  acquise  par  tant  de  sacrifices,  cV efforts  et  de  succès  en 
Europe. 

Gzartoryski  doit  être  celui  qui  a  confié  à  un  Polonais,  de  qui 
je  tiens  l'anecdote,  mais  qui  n'a  pas  voulu  me  nommer  la  source, 
qu'Alexandre  en  partant  de  Pétersbourg  pour  Vienne  avait  dit: 
«  J'irai  puisque  on  le  veut,  mais  je  n'y  ferai  ni  plus  ni  moins 
que  ce  que  je  veux.  »  Ce  propos  est  sûr. 

Sickingen  a  été  hier  matin  chez  le  roi  de  Danemark  et,  entre 
autres  choses,  il  lui  a  dit  que  la  veille  il  avait  couché  l'Empe- 
reur et  qu'il  était  resté  auprès  du  lit  du  monarque  jusqu'à  ce 
1  qu'il  fût  endormi  ;  qu'en  parlant  politique  l'Empereur  lui  avait 
dit:  «Qu'il  y  aurait  une  Pologne  et  qu'il  ne  pouvait  pas  l'em- 

îher.  » 

Le  même  comte  Sickingen  a  fait  dire  dernièrement  en  ami 
commandeur  Ruffo  que  notre  Empereur  lui  avait  confié  : 

[:Qu"il  n'a  pas  le  courage  de  rompre  le  traité  qu'il  avait  fait 


208  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VlENiNE 

avec  Murat  et  de  manquer  de  parole,  mais  qu'il  ne  ferait  rien 
pour  le  soutenir  sur  le  trône  usurpé  ;  que  les  ministres  de  son 
beau- père  (l)  devaient  faire  en  sorte  d'engager  la  France, 
l'Espagne  et  la  Russie  et  surtout  l'Angleterre  à  le  culbuter  ; 
que  c'est  de  ce  côté  qu'il  fallait  agir  et  engager  les  puissances 
à  parler  fortement  et  à  se  prononcer  d'une  manière  imposante.  » 
Le  porteur  a  fait  la  commission. 

Les  deux  princes  héréditaires  de  Bavière  et  de  Wurtemberg 
ont  une  dent  Tun  contre  l'autre.  La  répudiation  qu'a  fait  l'un 
de  la  sœur  de  l'autre  en  est  la  cause.  Dernièrement,  chez  la 
princesse  de  Thurn  et  Taxis,  en  jouant  au  colin-maillard,  celai 
de  Bavière  qui  était  l'aveugle  attrapa  la  belle  Julie  Zichy. 
Il  vantait  son  bonheur.  L'autre  lui  dit  qu'il  l'avait  attrapée 
parce  qu'il  l'avait  vue,  n'étant  pas  bien  bandé,  et  qu'alors  il 
n'y  avait  pas  de  quoi  se  vanter.  Celui  de  Bavière  lui  répondit  : 
«  Vous  avez  toujours  à  me  dire  des  choses  désagréables. 
J'espère  que  vous  rétracterez  ce  que  vous  venez  de  dire.  » 
L'autre  ne  répondit  rien  et  celui  de  Bavière  lui  fit  savoir  qu'il 
l'attendait  le  lendemain  matin  au  Prater  avec  ses  pistolets.  Le 
prince  de  Wurtemberg  j  alla  et  au  lieu  de  son  adversaire  il 
reçut  un  billet  de  Wrede  dont  on  ne  sait  pas  le  contenu.  Mais 
on  sait  qu'après  l'avoir  lu  le  prince  rentra  en  ville  et  le  duel 
n'eut  pas  lieu. 


338.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 
Déception  des  Polonais.  Maintien  du  partage  de  la  Pologne. 

Les  patriotes  polonais,  qui  croyaient  fermement  à  la  résolu- 
tion formelle  d'Alexandre  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne, 
viennent  d'éprouver  une  cruelle  déception. 

Aujourd'hui  tout  est  changé  et  ce  changement  subit  s'est 
opéré  à  la  suite  de  la  dernière  audience  que  plusieurs  Polo- 
nais eurent  chez  le  prince  Adam  Gzartoryski.  Le  prince  leur 
aurait  déclaré  que  l'Empereur,  ne  pouvant  résister  aux  inten- 

1.  Ferdinand  IV,  père  de  sa  seconde  femme. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       209 

lions  fermes  et  réunies  des  cours  de  Vienne  et  de  Berlin,  s'est 
déterminé  à  acquiescer  au  partage  de  la  Pologne,  de  sorte  que 
la  Prusse  aura  sa  part  avec  Thorn  et  Posen  ;  TAutriche,  Craco- 
vie  avec  un  territoire  jusqu'à  la  Pilitza  ;  la  Russie,  le  reste  du 
duché  avec  Varsovie  qui  conservera  la  constitution  confirmée 
par  la  dernière  Diète.  11  ajouta  que  «  TEmpereur  fera  tous 
ses  efforts  pour  conserver  au  duché  autant  de  territoire  qu'il 
pourra,  qu'il  ne  cédera  qu'au  pis  aller  les  portions  susdites  à 
l'Autriche  et  à  la  Prusse,  mais  qu'au  reste,  il  ne  saurait  plus 
être  question  d'un  royaume  de  Pologne  ». 


339.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

Nota  à  FIAGER  (en  français)  (Analyse). 

Optimisme  avec  lequel  les  ministres  de  Murât  envisagent  la 
situation  de  leur  roi  dont  ils  considèrent  le  maintien  comme 
absolument  certain.  L'opinion  publique  s'inquiète  de  la  len- 
teur de  la  marche  des  affaires  du  Congrès. 


340.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565). 

©©  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

L'ajournement  du  Congrès  et  le  mot  de  Rechberg.  Opinion  de  00  sur  le 
Congrès.  Conférence  secrète  du  grand  duc  de  Bade  avec  son  ministre  le 
9  octobre. 

11  lui  énumère  et  lui  expose  les  raisons  qui  ont  motivé 
ajournement  du  Congrès  au  1"  novembre  et  rapporte  le  mot 
lu  comte  de  Rechberg  :  «  Est-ce  qu'on  aura  plus  d'esprit  le 
"  novembre  qu'on  en  avait  le  8  octobre.  » 
IC'est  le  glaive  qui  tranchera  peut-être  le  nœud  et  c'est  à 
faris  qu'on  aurait  dû  tout  régler  en  mai.  Il  croit  enfin  que  le 
ïongrès  et  l'assemblée  des  Souverains  à  Vienne  n'amèneront 
hicun  résultat  et  signale  la  conférence  secrète  que  le  grand  duc 


270  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  Bade,  très  mécontent  de  la  tournure  prise  par  les  afifaires,  / 
a  tenue  le  20  octobre  avec  son  ministre. 


341.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Un  mot  d'Alexandre  à  l'empereur  François. 

«  Papa,  heureusement  pour  vous  Pétersbourg  est  trop  loin 
de  Vienne,  sans  cela  je  serai  ici  tous  les  jours.  » 


342.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3575). 

H...  à  HAGER 

Sur  les  chances  d'admission  de  la  proposition  de  Cotta. 

La  proposition  de  Gotta  relative  à  la  propriété  littéraire  et 
à  la  liberté  de  la  Presse  ne  sera  que  bien  mollement  soutenue 
par  les  ministres  des  cours  étrangères  qui  considèrent  que  la 
solution  de  cette  question  est  en  somme  du  ressort  de  TAu- 
trichedont  les  intérêts  sont  presque  seuls  en  jeu. 


343.  Vienne,  sans  date  (1)  (F.  2.  3913  ad  3565). 

Comtesse  de  REGHBERG  à  son  père  (le  comte  de  GOERZ) 
(à  Ratisbonne).  Intercepta  (en  français). 

Le  Congrès.  Montgelas.  RazoumoffskietStackelbei'g.  L'altercation  des  princes 
royaux  de  Bavière  et  de  Wurtemberg.  Les  causes  de  l'ajournement  dl 
Congrès.  Bruit  du  départ  des  souverains  au  commencement  de  novembre 

Nous  sommes  toujours  dans  l'attente.  On  est  encore  occupe 
des  formes. 

1.  Cette  lettre  n'a  pu  être  écrite  qu'entre  le  11  et  le  14  octobre. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       271 

Montgelas  ne  viendra  pas.  Razoumofîski  (1)  paraît  être 
embarrassé.  Il  file  doux.  Stackelberg  avait  eu  Tidée  d'écrire 
au  ministre  et  de  lui  détailler  sa  position.  Il  souhaite  une 
espèce  de  réparation  ou  démission  avec  légère  pension. 

Je  viens  d'apprendre  que  l'affaire  du  duel  entre  le  prince 
royal  de  Wurtemberg  et  celui  de  Bavière  s'était  arrangée  par 
l'entremise  du  maréchal  de  Wrede. 

Le  Congrès  doit  être  ajourné  jusqu'au  2  novembre,  c'est-à- 
dire  que  les  quatre  grandes  puissances,  se  trouvant  gênées  par 
la  réunion  avec  les  petites  et  voulant  travailler  seules,  n'ont 
pas  trouvé  d'autres  moyens,  pour  arrivera  ce  but. 

Il  paraît  que  les  Souverains  quitteront  Vienne  dans  les  pre- 
miers jours  du  mois  prochain. 


344.  Vienne,  13  octobre   1814  (F.  2,  3973  ad  3565). 

IIAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapport  et  Bordereau  du  13  octobre). 

L'ajournement  du  Congrès.  L'influence  de  Talleyrand  sur  les  petits  princes 
allemands.  Les  paroles  et  les  vues  de  la  Tour  du  Pin. 

Envoi  des  déclarations  relatives  à  la  remise  de  l'ouverture 
du  Gongrèsaul"  novembre.  Il  appelle  l'attention  sur  l'influence 
que  Talleyrand  exerce  sur  les  petits  princes  allemands  et  les 
moyens  qu  il  emploie.  Il  rapporte  enfin  les  paroles  suivantes 
de  la  Tour  du  Pin  (rapport  d'un  agent,  en  date  du  12  octobre). 

«  Les  petits  Etats  sont  justement  effrayés  de  l'ajournement 
du  Congrès.  La  France  ne  désire  qu'un  contre-poids  contre  la 
Russie.  La  Chrétienté  s'était  liguée  contre  les  Musulmans,  il 
y  a  des  siècles,  pourquoi  ne  se  liguerait-elle  pas  contre  les 
Kalmouks,  Baschkyrs  et  Barbares  du  Nord?...  Dans  les  huit 
puissances  qui  doivent  régler  les  affaires  du  Congrès,  comment 
a-t-on  pu  exclure  le  Danemark  et  la  Bavière  et  y  admettre  le 
Portugal  qui  siège  au  Brésil  et  dont  les  pouvoirs  et  instruc- 
tions n'arriveront  que  dans  un  an.  Nous  sommes  ici  quatre 
Français  comme  il  y  a  quatre  Russes  et  comme  il  doit  y  avoir 

i.  Allusion  au  bruit  qui  courait  déjà  au  sujet  du  remplacement  de  Rou- 
miantzoffpar  Nesselrode  à  la  Chancellerie  de  l'Empire. 


272  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

quatre  Anglais.  Nous  ne  permettrons  pas  que  l'on  se  moque 
de  nous.  Nous  avons  400.000  hommes  disponibles  au  premier 
coup  de  sifflet. 

«  Nous  nous  rassemblons  tous  les  matins  à  quatre  heures  chez 
Talleyrand  et  il  nous  donne  à  chacun  son  thème.  » 

L^informateur  ajoute  :  «  J'ai  soupe  hier  chez  la  princesse  de 
la  Tour  et  Taxis.  » 


345.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

Inlercepla  divers. 

Note  présentée  par  Fancien  Grand  duc  de  Francfort,  arche- 
vêque de  Ratisbonne  (Dalberg).  Il  appelle  l'attention  des  Puis- 
sances sur  son  sort  et  son  existence  et  réclame  ce  que  le  recès 
de  l'Empire  d'Allemagne  en  1800  (1)  a  réglé.  Il  recommande 
surtout  le  sort  des  anciens  employés  du  Grand  Duché  de  Franc- 
fort. 

Intercepta  de  deux  lettres  de  Stackelberg,  l'une  au  Nonce 
Severoli,  l'autre  au  Colonel  N'edoba  (consul  de  Russie  à  Bel- 
grade). 


346.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3973  ad  3565). 

Rapports  à  HAGER 

Renseignements  sur  Joséphine  Wolters  et  ses  relations 
avec  le  prince  Wolkonsky. 

Joséphine  Wolters  (de  Cologne),  âgée  de  dix-neuf  ans.  Le 
prince  Wolkonsky  la  fait  venir  presque  tous  les  soirs  chez  lui 
à  la  Burg  et  souvent  sous  des  habits  d'homme.  Mariée  à  ud 
officier  français,  elle  aurait  été  reniée  et  chassée  par  sa  famille. 
Son  mari  a  été  tué  à  Leipzig  ou  fait  prisonnier  par  les  Russes. 

1.  La  convention  signée  par  Napoléon  le  12  juillet  1806  avec  13  princes[ 
allemands  dont  les  principaux  étaient  Dalberg,  les  rois  de  Bavière  et  de  Wur- 
temberg, le  grand  duc  de  Bade,  le  landgrave  de  Hesse-Darmstadt.  La  fore 
tion  de  la  Confédération  du  Rhin  mit  fin  à  l'existence  d'une  foule  de  pe^ 
Etats  conservés  parle  Recès  de  1803  (Cf.  Talleyrand.  Mémoires,  I,  30i). 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      273 

Elle  a  fait  alors  la  connaissance  de  Wolkonsky  qui,  après  l'avoir 
envoyée  à  Prague,  l'aurait  fait  venir  ici. 


347.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3961  ad  3565 ■. 

Ordre  donné  par  HAGER 

Ordre  d'expulsion  du  baron  d'Otterstedt. 

Ordre  d'expulser  le  baron  d'Otterstedt  (1)  qui  n'a  aucun 
caractère  diplomatique  et  se  faufile  partout  si,  dans  un  délai  de 
trois  jours,  il  ne  peut  fournir  de  bonnes  raisons  de  sa  présence 
à  Vienne. 


348.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4280  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Rapport  journalier  et  bordereau  du  14  octobre. 

11  lui  rend,  entre  autres,  compte  de  l'emploi  qu'il  se  propose 
de  faire  d'un  certain  agent  D...  et  appelle  son  attention  sur  les 
lettres  interceptées  et  sur  un  Chiffon  trouvé  et  ramassé  chez 
Stackelberg. 


349.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Lettres  interceptées  : 

1»  De  Stackelberg  à  Wolkonsky  relatives  à  des  dames  étran- 
gères retenues  par  la  douane  de  Prague  ; 

2°  Du  prince  de  Taxis  à  son  fils  Max  (lettre  de  famille)  ; 
3°  D'Aldini  au  comte  Eltz  (demande  d'audience). 


1.  Cet  ordre  d'expulsion  fut  rapporté;  d'Otterstedt,  employé  par  la  Poliiei 
Hofstelle,  resta  à  Vienne  pendant  toute  la  durée  du  Congrès. 

T.  I.  18 


274  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

350.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Chiffon  (1) 
Chiffon  trouvé  et  ramassé  chez  Stackelberg. 

Envoi  du  compte  des  dépenses  extraordinaires  d'une  mis- 
sion qui  a  duré  dix  mois  et  a  pris  fin  dans  les  derniers  jours 
d'août.  Demande  de  faire  approuver  ces  comptes  contenant  le 
relevé  des  dépenses  faites  en  grande  partie  au  Tyrol. 


351.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3994  et  3565). 

Rapports  à  HAGER 

Surveillance  de  différents  personnages.  Le  prince  Eugène 
et  ses  visites  à  Marie-Louise. 

Rapports  sur  le  grand  duc  de  Bade,  Hardenberg,  baron 
Hacke  (ministre  du  grand  duc  de  Bade),  Gaertner  (qui  met 
lui-même  ses  lettres  à  la  poste  ou  les  fait  porter  par  son  fils), 
Anstett,  Jomini  (toujours  encore  malade  à  la  chambre),  Tal- 
leyrand  (liste  des  visites  faites  et  reçues  par  lui  et  des  con- 
vives qui  dînent  chez  lui),  Dalberg,  Goupy,  Campochiaro, 
Aldini,  enfin  sur  le  prince  Eugène  (qui  a  été  chez  Marie-Louise 
dès  le  lendemain  de  son  arrivée  à  Vienne,  y  est  retourné  le 
11  avec  Tascher  (2)  et  y  est  resté  fort  longtemps). 


I 


1.  La  Police  Impériale  désignait  sous  le  nom  de  chiffon,  comme  nous  Tavons 
déjà  dit  plus  haut,  les  papiers  déchirés,  jetés  dans  les  corbeilles,  que  ses  obser- 
vateurs ramassaient,  lorsqu'ils  le  pouvaient,  et  que  d'autres  agents  avaient  la 
patience  et  le  talent  de  reconstituer  à  l'aide  de  bandelettes  fixées  avec  de  la 
cire. 

2.  Tascher  de  la  Pagerie  (Pierre-Claude-Louis-Robert,  comte  de)  (1787- 
1861)  officier  d'ordonnance  de  l'Empereur  après  Eylau,  où  il  s'était  couvert 
de  gloire  comme  sous-lieutenant  au  4'  de  ligne.  Envoyé  par  l'Empereur  en 
1809  à  Eugène,  qui  ne  voulut  plus  se  séparer  de  lui,  Tascher  le  suivit  en  exil 
et  resta  auprès  de  lui  jusqu'à  son  dernier  moment.  Chargé  en  1837  par, 
prince  Louis  Napoléon  de  conduire  à  Rueil  le  corps  de  la  reine  Horten( 
Tascher,  rappelé  en  France  par  Napoléon  III,  fut  fait  par  lui  sénateur  et  un 
plus  tard  grand-maltre  de  la  maison  de  l'impératrice  Eugénie. 


LES   PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      275 

352.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3994  et  3565). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 

Dalbcrg  et  Hacke.  Animosité  de  Razoumoffsky  contre  Metternich. 
Don  qu'il  fait  de  son  hôtel  à  la  Russie. 

Razoumoffsky  est  très  monté  contre  Metternich  et  excite 
contre  lui  Alexandre  et  la  grande  duchesse  d'Oldenburg. 

Dalberg  reçoit  tous  les  matins  un  certain  nombre  de  billets 
du  baron  Hacke  qui  est  entièrement  à  la  discrétion  des  Français. 

Razoumoffsky  vient  de  faire  don  à  la  Russie  de  sa  maison 
de  Vienne  pour  y  installer  à  l'avenir  TAmbassade. 


353.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Nota  à   HAGER  (en  français). 

Capo  d'Istria.  Conversation  intime  avec  lui.  Les  fautes  irréparables  qu'on  a 
commises.  L'état  de  l'Europe  et  les  appétits  des  différents  Etats.  Considé- 
rations sur  la  Suisse,  Genève  et  le  Valteline.  Les  sept  îles,  Corfou,  l'ordre 
de  Malte,  la  Grèce. 

J'ai  passé   deux  heures  avec  Capo  d'Istria.  D'abord,  il  me 

dit  :  «  Causons  politique.  Oubliez  en  moi  le  ministre.  Parlons 

"lu  hommes  et  ici  sans  témoins.  Ailleurs,  c'est  le  ministre  qui 

irle,  et  je  dois  suivre  l'impulsion  qu'on  me  donne.  Je  ne  vous 

>n{îerai  pas  des  secrets  de  ma  Cour,  mais  je  parlerai  en  cos- 

lopolite  sur  ce  que  j'ai  vu  et  sur  ce  que  je  vois.  Ainsi  notre 

iscours  ne  doit  pas  tirer  à  conséquences  ». 

Alors  rentrant  en  matière,  il  me  demanda  si  j'étais  content 

l'état  de  choses.  Je  dis  :  «  Oui,  pour  le  passé,  mais  pas  assez 

^our  le  présent.  » 

«  Eh  bien,  ni  moi  non  plus.  On  a  laissé  passer  trop  de 
temps.  On  s'arrangera  d'une  manière  quelconque,  mais  ni  belle, 
ini  solide.  La  raison  première  en  est  que  la  chose  demande- 
rait un  grand  homme  d'état,  et  il  n'existe  nulle  part,  ou  s'il 
[existe,  il  n'est  pas  à  la  tête.  Je  suis  jeune  dans  le  métier,  mais 
i^ai  assez  d'acquit  pour  m'apercevoir  de  cette  grande  et  mal- 
îureuse  vérité.  De  cela  en  est  venu  qu'on  n'a  pas  d'abord 


276  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

fixé,  quand  tout  était  si  facile,  les  bases  de  la  sjstémation  de 
l'Europe,  et,  à  présent,  si  même  on  le  fait,  l'ouvrage  se  res- 
sentira des  passions  auxquelles  on  a  donné  le  temps  de  se 
réveiller  et  des  prétentions  oubliées  qu'on  fera  renaître  à  pré- 
sent. La  France  en  a,  l'Espagne  en  a,  toutes  les  Cours  en  ont. 

«  On  a  oublié  que  cette  guerre  n'a  pas  été  faite  par  les  sou- 
verains, mais  par  les  nations.  Dès  que  Napoléon  a  été  culbuté, 
on  a  oublié  l'intérêt  des  nations  et  on  ne  s'est  occupé  que  de  1 
l'intérêt  des  princes,  comme  dans  les  guerres  de  jadis,  et  alors 
tout  est  revenu  à  la  confusion,  au  croisement  des  intérêts,  et 
à  l'impossibilité  de  contenter  tous  les  pays.  » 

Je  lui  répondis  que  la  seule  manière  d'en  sortir  convena- 
blement, ce  serait  d'établir  une  espèce  d'équilibre  entre  les 
grandes  puissances. 

<\  Oui,  me  dit-il,  mais  comment  faire  cela  quand  une  seule 
puissance  est  maîtresse  de  toutes  les  mers  ?  Y  a-t-il  une  puis- 
sance maritime  autre  que  l'Angleterre  ?  Peut-elle  se  former  ? 
Non.  Donc,  adieu  l'équilibre  1  On  veut  des  grandes  puissances. 
Celles-ci  doivent  se  toucher  et  auront  toujours  des  sujets  de 
querelles.  11  faudrait  de  petits  états  intermédiaires  ». 

Je  n'ai  pas  voulu  toucher  à  la  corde  de  la  Pologne,  parce 
qu'implicitement  il  m'avait  dit  que  toutes  les  puissances  ne 
songent  à  présent  qu'à  s'agrandir  après  que  la  peur  d'être 
détruites  leur  avait  passé. 

«  Si  Ton  avait  au  moins  pris  pour  base  la  justice,  les 
peuples  auraient  été  édifiés,  gagnés,  tranquillisés  ;  mais  jus- 
tice d'un  côté,  injustice  de  l'autre,  les  peuples  voient,  rai- 
sonnent et  se  détachent  de  leurs  maîtres.  » 

Il  me  fit  le  récit  de  tout  ce  qui  est  arrivé  en  Suisse  et  qu'il  1 
est  inutile  de  répéter.  Il  me  fit  l'éloge  de  Lebzeltern  (1).  Ce 
qu'il  me  dit  de  plus  remarquable  fut  qu'on  aurait  beau  faire, 
les  Suisses  devenus  forts  et  puissants  seraient  neutres  etj 
faibles.  Ils  sont  et  seront  toujours  pour  les  Français,  parce  quel 
c'est  de  la  France  qu'ils  tirent  les  pensions  et  l'argent  dontj 
ils  ne  peuvent  pas  se  passer.  Il  s'est  plaint  de  ce  que  lesl 
Anglais  voulaient  aussi  se  mêler  des  affaires  de  ce  pays,  auquell 
la  P'rance  et  l'Autriche  avaient  seules  le  droit,  parleur  position,! 
de  prendre  part.  La  Russie  s'en  était  mêlée  par  la  force  d« 
circonstances,  mais  en  effet  elle  devait  en  sortir  ;  car  cela 

1.  Chargé  d'affaires  d'Autriche  en  Suisse  avant  son  envoi  à  Rome. 


LES    PUÉLDILNAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS       277 

la  regardait  pas  du  tout.  Il  se  plaignit  de  ce  qu'on  ne  tenait 
pas  parole  aux  Suisses,  auxquels,  comme  aussi  aux  Genevois, 
on  avait  assigné  des  pays  qu'on  ne  leur  donne  pas.  Soit  du 
côté  de  la  Savoie,  soit  du  côté  de  la  France,  Genève,  à  une 
demi-lieue  de  chemin,  se  trouve  entourée  de  frontières 
étrangères. 

Nous  avons  parlé  de  la  Valteline.  11  me  dit  que  les  Suisses 
n'auraient  pas  de  difficulté  de  la  céder  au  Milanais,  mais  en 
gardant  Bormio  et  Chiavenna,  qui  sont  les  deux  portes  du 
pays  des  Grisons.  Il  convint  avec  moi  que  le  canton  du  Tessin 
était  aussi  Italie  et  que  la  religion,  la  position,  la  langue,  la 
nature  réclamaient  pour  l'Italie  ce  pays  conquis  parles  Suisses, 
auxquels  il  n'était  d'aucune  utilité  ni  pour  les  revenus,  ni  pour 
la  défense  de  la  Suisse,  vu  qu'on  ne  peut  pas  le"  défendre  lui- 
même,  et  que  de  là  on  ne  peut  pas  envahir  le  véritable  pays 
suisse,  entouré  de  hautes  montagnes  si  faciles  à  garder. 

Nous  parlâmes  aussi  des  Sept  Iles  et  surtout  de  Corfou.  Il 
prétend  que  les  Anglais  voudraient  les  garder  comme  la  clé 
du  Levant  et  de  l'Adriatique  et  que  nous  y  perdrons  beaucoup 
par  la  gêne  de  notre  commerce.  Il  n'est  pas  partisan  de  cette 
nation  avare  et  de  ce  gouvernement  despote.  Il  se  plaignit  de 
ce  que  le  général  Campbell,  le  commandant  actuel  de  Corfou, 
y  règne  d'une  manière  tyrannique,  y  casse  les  sentences  des 
tribunaux  civils  et  décide  lui  même  les  procès  contre  les 
habitants,  chose  inouïe,  et  presque  comique  encore  plus  que 
barbare. 

Par  rapport  à  l'Ordre  de  Malte,  il  ne  serait  pas  mécontent 
qu'on  lui  donnât  Corfou,  pourvu  qu'on  s'entendît  entre  l'Ordre 
et  les  habitants.  La  religion  est  un  grand  obstacle.  Le  sou- 
verain serait  catholique  et  presque  toute  la  population  est 
schismatique.  Cependant,  si  les  habitants  avaient  une  langue 
dans  l'Ordre  et  une  part  dans  le  Gouvernement,  la  chose 
pourrait  s'arranger,  et  il  me  paraît  que  lui,  Capo  d'Istria,  le 
préférerait  à  la  domination  anglaise. 

Naranzi  (1)  était  présent  à  cette  conversation,  mais  il  parlait 
très  peu.  Cependant,  il  m'a  paru  que  ni  lui,  ni  son  ami  ne 
fussent  si  échauffés  qu'ils  l'étaient  jadis  pour  la  résurrection 
de  la  Grèce.  Capo  d'Istria  me  dit  même  :  «  Dès  qu'il  n'y  a 
pas  pour  nous  lieu  de  penser  à  autre  chose,  même  à  la  fin  des 

1.  Naranzi  (Spiridon)  Colonel  russa. 


278  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

fins,  pourvu  qu'on  ne  nous  donne  pas  au  roi  de  Naples  ou  à 
celui  de  Sicile,  nous  ne  serons  pas  si  mal  entre  les  mains  des 
Anglais  ou  de  TOrdre,  parce  qu'on  ne  taxera  pas  nos  pro- 
ductions, ni  on  ne  nous  empêchera,  comme  faisaient  les  Véni- 
tiens du  temps  de  la  République  et  comme  feraient  Murât  et 
Ferdinand,  de  vendre  nos  denrées  à  qui  nous  voudrons.  > 

Le  reste  de  la  conversation  regardant  la  campagne  et  les 
personnes  ne  serait  d'aucune  utilité,  aussi  je  n'allongerai  pas 
en  vain  cet  article.  Je  dirai  seulement  qu'il  a  fait  un  tel  éloge 
de  RulTo  que  jamais  je  n'ai  entendu  le  pareil.  Il  m'a  dit  que 
par  sa  logique,  sa  science  diplomatique,  son  coup  d'œil  fin,  sa 
justesse  de  voir  en  grand,  il  en  faisait  le  premier  homme  d'état 
parmi  tous  ceux  qu'il  avait  vus,  et  que  c'était  une  perte  pour 
l'Europe  qu'il  servît  une  petite  puissance  persécutée,  maltraitée 
d'une  manière  si  injuste  et  si  cruelle  par  ses  ennemis  de 
même  que  par  ses  amis  et  ses  parents.  «  Ruffo  à  la  tête  d'un 
grand  état  aurait  mené  l'Europe.  »  Voilà  ses  propres  paroles. 


354.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Nota  à   HAGER  (en  français). 
Razoumoffsky  et  Alexandre. 

On  sait  que  Razoumoffsky  a  fait  présent  de  sa  maison  du 
faubourg  (Landstrasse)  à  l'Empereur  Alexandre;  mais  peut- 
être  ignore-t-on  le  dialogue  qui  a  eu  lieu  entre  eux  à  cette 
occasion  :  En  voici  l'extrait  : 

'  Le  lendemain  du  jour  où  Alexandre  avait  dîné  là,  Razou- 
moffsky vint  à  lui,  un  papier  à  la  main,  et  lui  dit  qu'  «  Après 
que  Sa  Majesté  avait  daigné  dîner  chez  Elle  dans  Sa  maison  du 
Faubourg  de  Hongrie,  il  La  priait  de  lui  permettre  de  mettre 
à  Ses  pieds  le  papier  qu'il  avait  en  main.  » 

Alexandre  reprit  :  «  J'ai  dîné  chez  vous.  » 

«  Non,  Sire,  c'est  chez  Vous  que  Vous  avez  dîné.  La  maison 
et  le  jardin  sont  à  Vous,  si  Vous  daignez  les  accepter.  En 
voici  la  donation.  Je  n'aurais  pas  retiré  un  million  de  roubles 
de  Russie  pour  mon   propre  caprice.  J'ai  pensé  que   Votre 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS  DU   CONGRÈS      279 

Ambassade  n'avait  pas  ici  une  maison  digne  d'elle.  J'ai  bâti 
pour  elle.  » 

«  Mais  VOS  héritiers  ?  Je  ne  veux  pas  les  en  priver.  > 

«  Mes  héritiers  sont  assez  riches  sans  cela.  Moi  et  mes 
frères,  nous  avons  encore  de  quoi  les  laisser  bien  pourvus  sans 
ceci.  Nous  y  avons  pensé.  » 

Là-dessus,  Alexandre  lui  dit  :  «  Dans  ce  cas,  j'accepte.  Je 
vous  remercie  et  vous  donnerai  dans  peu  de  jours  une  preuve 
de  ma  reconnaissance.  » 

On  dit  que  Razoumoffsky  a  été  cette  fois-ci  l'écolier  de  Malin. 
Les  Russes,  qui  sont  tous  jaloux  et  ennemis  de  Razoumoffsky, 
frémissent  de  toute  cette  histoire  et  le  voient  derechef  ambas- 
sadeur à  Vienne,  seule  chose  que  le  comte  désire. 


355.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
(Talleyrand  et  le  prince  de  Ligne.  Un  mot  du  prince  de  Ligne.) 

Se  trouvant  chez  le  prince  de  Ligne,  Talleyrand  parlait 
contre  les  Russes  et  de  la  crainte  où  il  était  de  voir  leurs  pro- 
grès. Au  milieu  de  son  discours,  on  annonce  un  général  russe. 
Talleyrand  change  aussitôt  de  discours  et  se  répand  en  louanges 
sur  la  Russie. 

Le  Prince  de  Ligne  lui  dit  à  mi-voix  :  -c  Avouez,  mon  cher, 
que  vous  êtes  un  vrai  Tartuffe.  » 

Lui  :  «  Je  peux  tout  dire,  car  vous  me  considérez  comme 
un  vrai  radoteur.  » 


856.  Vienne,  13  juillet  1814  (F.  2.  3994  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
(Sur  les  Jésuites  et  leur  influence  en  Belgique.) 

Le  fait  suivant  prouve  leur  influence  en  Relgique. 
Un  particulier  deGand  a  offert  80.000  florins  pour  leur  réta- 
blissement dans  cette  ville. 


280  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


357.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565.) 

JOMINI  au  MAJOR  VOLDERNDORF  (1)  (près  de  Waldmûnchen, 
en  Bavière)  intercepta  (Analyse,  en  français). 

(Dessins  et  plans  pour  ses  ouvrages.  Il  l'autorisera  un  peu  plus  tard  à  tra- 
duire les  tomes  V  et  VI  et  l'invite  en  attendant  à  revoir  ce  qu'il  a  déjà 
traduit.) 

A  propos  des  dessins  que  le  major  lui  a  à  tort  envoyés  à 
Aarau,  il  lui  réclame  ceux  de  Valenciennes  et  de  Cambrai,  de 
Maubeuge,  de  Charleroi  et  du  siège  de  Maubeuge,  et  lui  dit 
qu'il  ne  peut  pas  encore  l'autoriser  à  traduire  les  volumes  5 
et  6  qui  ne  sont  pas  encore  achevés.  Il  l'invite,  en  attendant, 
à  repasser  les  principes  et  surtout  le  chapitre  XII  «  où,  écrit-il, 
vous  avez  traduit  Topposé  de  ce  que  j'ai  dit  en  français  ». 


358.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565.) 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Rapport  et  Bordereau  du  15  octobre). 

Il  appelle  l'attention  de  l'Empereur  sur  les  lettres  intercep- 
tées, dont  une  partie  provient  du  courrier  arrivé  le  13  chez 
lord  Castlereagh  et  venant  de  Londres  en  passant  par  Paris, 
ainsi  que  sur  une  lettre  anonyme  provenant  de  chez  Dalberg- 


359.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
(Analyse  de  lettres  interceptées.) 

John  Radner  à  Stewart  de  Londres,  27  septembre.  (Il  croit 
au  maintien  de  la  paix  à  cause  de  la  nécessité  de  faire  des  éco- 
nomies). 

1.  Ecrivain  militaire,  auteur  des  Rûckerinnernngen  an  die  Jahre,  1813-1814  if 
et  de  la  Kriegsgeschichte  der  Bayern  nnter  Kônig  Maximilian  Josef. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      281 

Adon  à  Lamb,  York,  26  septembre  (relative  à  une  gravure 
W  pour  le  prince  Lubomirski). 

'  Broughton  à  Lamb,  Londres,  30  septembre  (destination 
il  probable  de  Stewart,  qui  serait  envoyé  à  La  Haye,  de  Gan- 
j  ning  à  Lisbonne,  de  Sydenham  à  Berlin). 

Rien  de  saillant  dans  les  lettres  de  Thompson  Philipps, 
Perry,  Greenock,  de  Parker  au  major  Gathcart,  ni  dans  celles 
adressées  à  Lamb,  Glancarty  et  Stewart. 

Lord  Gastlereagh  à  Johnson,  Vienne,  19  septembre.  (Il  lui 
donne  avis  de  sa  nomination  au  Gonsulat  de  Gênes). 

Wolkonsky  au  colonel  baron  d'Aster,  12  octobre,  au  géné- 
ral Oppermann,  13  octobre  (Autorisations  d'aller  à  Péters- 
bourg). 

Cooke  (1)  à  Jordan  13  octobre.  (Il  lui  recommande  de  faire 
partir  de  suite  par  le  comte  Einsiedel  la  lettre  destinée  au  roi 
de  Saxe.  Il  croit  qu'il  ne  faut  pas  presser  et  pousser  trop  vite 
la  question  de  la  Saxe  et  attribue  la  remise  du  Congrès  au 
1"  Novembre  aux  difficultés  que  présente  la  question  de  la 
Pologne.  Il  l'invite  à  lui  faire  suivre  ses  lettres  à  Berlin.) 

Lord  Gastlereagh  à  George  Jackson  (à  Berlin),  Vienne,  9  oc- 
tobre. (Il  lui  donne  des  explications  sur  la  déclaration  du 
8  octobre  et  la  remise  du  Congrès.) 

Aldini  au  comte  Eltz.  (Demande  d'audience  chez  le  roi  de 
Bavière.) 

Aldini   à   Grûnne.   (Demande   d'audience   chez   l'Archiduc 
•Charles.) 

Baudelot  (ami  intime  de  Jomini)  à  Sers  (Secrétaire  du  duc 
de  Dalberg),  contenant  des  lettres  pour  Paris. 

Stackelberg  à  Stein     )  ,     , 

Stein  à  Lôwenhielm  (  P^^  intéressantes. 

360.  Vienne,  14  octobre  181i  (F.  2.  4244  ad  3565). 

Rapports  à  HAGER 
Rapports  divers  de  surveillance. 

Chez  Stein,  Czartoryski,  Hardenberg,  la  Trémoille,  Talley- 
rand,  Dalberg,  le  prince  Eugène,  Tascher,  Goupy,  Radziwill, 
Cariati,  Salmour  (ne  contenant  rien  d'intéressant). 

1.  Cooke  (Edouard),  d'abord  premier  greffier  de  la  Chambre  des  communes 
d'Irlande,  contribua  par  ses  écrits  à  la  réunion  des  Parlements  d'Angleterre 


282  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

361.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  424i  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Alexandre  chez  Marie-Louise  et  le  soir  chez  la  princesse  Bagration.  La  com- 
tesse Esterhazy-Roisin.  Le  grand-duc  Constantin  et  la  Bigottini.  La  santé 
de  Jomini. 

Alexandre  a  fait,  dans  la  matinée  du  13,  une  visite  à  Marie- 
Louise.  Le  soir,  à  11  heures,  il  a  été  en  fiacre  et  avec  un  seul 
domestique  chez  la  princesse  Bagration  et  n'est  rentré  qu'après 
2  heures  du  matin. 

Avant  de  sortir,  il  a  donné  l'ordre  à  Wolkonsky  d'aller  chez 
la  comtesse  Esterhazy-Roisin  (1),  dont  il  veut  faire  la  connais- 
sance plus  intime,  et  de  lui  annoncer  sa  visite. 

Le  grand-duc  Constantin  (2)  a  fait,  le  13  de  5  à  6  heures, 
visite  à  la  Bigottini. 

Jomini  va  mieux,  mais  ne  sort  pas  encore.  On  fouillera  ses 
tiroirs  et  ses  cartons  dès  qu'il  sera  dehors. 


et  d'Irlande  (1800).  Nommé  par  Castlereagh  sous-secrétaire  d'Etat  de  l'Inté- 
rieur et  des  Affaires  Etrangèi'es,  il  l'accompagna  à  Vienne  comme  plénipo- 
tentiaire, se  retira  en  1817  et  mourut  en  1820. 

1.  Esterhazy-Roisin  (Françoise,  marquise  Roisin)  (1778-18i5),  mariée  le 
1"  juin  1799  au  comte  Nicolas  Esterhazy. 

2.  Il  m'a  paru  utile  de  rappeler  ici  que,  lorsque  le  grand-duc  Constantin 
fut  investi  du  gouvernement  de  la  Pologne  (1815),  il  vit  à  Varsovie  la  jeune 
comtesse  Jeanne  Grudzinska,  fille  aînée  du  comte  Grudzinski,  fut  vivement 
frappé  de  sa  beauté  et  conçut  pour  elle  une  irrésistible  passion.  Marié  à  une 
princesse  de  Gobourg  dont  il  s'était  séparé  presque  immédiatement,  il  résolut 
d'épouser  la  comtesse  Jeanne  et  lit  part  de  ses  projets  à  son  frère  Alexandre  I*'. 
Celui-ci  s'opposa  d'abord  au  projet,  mais  finit  par  y  consentir  à  la  condition 
que  Constantin  renoncerait  à  ses  droits  au  trône  de  Russie  en  faveur  de  son 
frère  Nicolas.  Le  grand-duc  n'hésita  pas,  obtint  du  Saint-Synode  une  sen- 
tence de  divorce,  épousa  la  comtesse  qui  reçut  la  même  année  le  titre  de 
princesse  de  Lowicz.  Elle  mourut  en  1831.  (Nbsselrodb,  Souvenirs,  v.  235; 
cf^  pour  plus  de  détails  Souvenirs  du  chevalier  de  Cussy,  p.  250  et  274), 

Le  Grand-duc,  tout  en  épousant  Jeanne  Grudzinska,  n'avait  pas  rompu 
avec  sa  maîtresse,  M°"  Fridrichs,  qu'il  ne  tarda  pas  à  marier  à  un  jeune  offi- 
cier nommé  Veiss  et  qu'il  eut  alors  l'audace  d'amener  chez  sa  jeune  femme 
et  qui  continua  à  venir  au  Belvédère  jusqu'au  jour  où  Alexandre  I",  venu  à 
Varsovie,  découvrit  ce  qui  se  passait  et  donna  l'ordre  de  faire  partir  sur- 
le-champ  M°>*  Veiss  (Cf.  Comtesse  Potogka,  Mémoires,  388-389  et  395-401). 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      283 
362.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Notes  sur  Miltitz,  Kleist  et  Stechfuss.  La  Saxe  et  la  parole  donnée  par 
Alexandre  après  la  bataille  de  Leipzig. 

Le  colonel  saxon  von  Miltitz  (1)  a  été,  je  le  sais  de  source 
absolument  certaine,  envoyé  ici  par  le  prince  Repnin  avec 
des  dépêches  relatives  à  l'administration  du  pays  et  à  cer- 
taines questions  de  police  et  adressées  au  cabinet  russe  et  à 
Stein.  On  lui  adjoint  le  conseiller  de  finance  Stechfuss  qui 
lui  servira  de  secrétaire. 

Le  lieutenant  saxon  von  Kleist,  au  contraire,  est  venu  ici 
pour  son  plaisir,  mais  lui  sert  entre  temps  d'attaché  (sic.) 

Miltitz  a  passé  une  grande  partie  de  sa  jeunesse  en  Angle- 
terre ;  sa  femme  est  Anglaise.  C'est  même  ce  fait  qui  le  ren- 
dit suspect  au  ministre  de  France  à  Dresde  et  l'obligea  à  se 
retirer  dans  sa  propriété  de  Siebeneichen,  près  de  Meissen. 

Miltitz  appartient  au  parti  de  Weimar,  Kleist  à  celui  de  la 
Prusse,  où  il  possède  des  propriétés. 

Le  sort  de  la  Saxe  n'est  pas  encore  décidé.  On  croit  cepen- 
dant que  l'Empereur  Alexandre  tiendra  la  parole  qu'il  a  donnée 
après  la  bataille  de  Leipzig,  lorsqu'il  promit  à  la  Saxe  qu'elle 
resterait  indépendante. 

Les  trois  personnages  nommés  ci-dessus  appartiennent  au 
Tugend-biind,  On  continuera  de  les  surveiller. 


363.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français)  (Analyse). 

Espoirs  et  projets  des  Polonais.  Lubomirski  et  Talleyrand.  Opinion  d'Anstett 

sur  la  Pologne. 

Rapport  sur  les  moyens  de  toute  espèce  employés  par  les 
Polonais  et  sur  les  espérances  qu'ils  fondent  sur  la  France. 

1.  Chargé  de  la  direction  de  la  police  en  Saxe  aussitôt  après  Leipzig  et 
placé  auprès  de  Repnin,  Miltitz  était  un  ardent  partisan  de  la  Prusse  au  ser- 
vice de  laquelle  il  ne  tarda  pas  à  entrer. 


284  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE   VIENNE 

C'est  à  cet  effet  que  le  prince  Henri  Lubomirski  (1)  a  noué  et 
entretient  des  relations  avec  Talleyrand.  L'Empereur  de  Rus- 
sie prendrait  dans  leur  projet  le  titre  de  roi  de  la  Grande 
Pologne. 

L'agent  ajoute  :  «  J'ai  vu  Anstett  chez  le  conseiller  d'Etat 
Ott.  Il  m'a  dit  à  ce  propos  que  les  Polonais  sont  fous.  » 


364.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565\ 

ee  à  HAGER 

Citation  d'une  phrase  qui  lui  a  été  dite  par  La  Harpe. 

«.  La  Pologne  continuera  à  faire  partie  de  la  Russie  ;  mais 
il  lui  faut  une  constitution,  comme  cela  a  été  le  cas  pour  la 
France  d'aujourd'hui. 


365.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Dîner  chez  Palmella.  Les  Huit  et  la  déclaration  du  8  octobre.  Craintes  de 
guerre.  L'Espagne,  la  Toscane  et  l'Infant  Charles-Louis. 

J'ai  dîné  chez  Palmella  (2)  avec  les  membres  des  légations 
d'Espagne  et  de  Portugal  et  j'ai  été  placé  à  table  à  côté  de 
Labrador.  Après  dîner^  on  a  parlé  de  l'arrangement  pris  entre 

1.  Lubomirski  (Henri,  prince)  (1777-1850), fils  du  prince  Joseph,  Castellande| 
Kiew,  se  lia  dès  sa  jeunesse  avec  le  comte  Joseph  Ossolinsky,  dont  il  parta- 
geait les  goûts  et  les  connaissances  artistiques  et  passa  une  grande  partiel 
de  sa  jeunesse  à  Vienne.  Marié  en  1807  avec  la  princesse  Thérèse  Czartoryska,  | 
née  en  1785. 

2.  Palmella  (don  Pedro  de  Souza  Holstein,  comte,  puis  duc  de)  (1781-1850),! 
d'abord  officier,  puis  diplomate.  Conseiller  d'ambassade  à  Rome  (1802)  il  prit  j 
part  à  la  guerre  contre  la  France.  Ambassadeur  à  Londres  (1^<12)  où  il  re- 
tourna  en  l'^ie,  après    avoir  représenté  son    pays  au  Congrès  de    Vienne. 
Rentré    plus    tard  en   Portugal,  il  prit  une  part  active  aux  luttes  dont  son] 
pays  fut  le  théâtre  et  fut  un  des  chefs  du  parti  constitutionnel  qui  fit  préva- 
loir la  cause  de  Dona  Maria  sur  celle  de  Don  Miguel.  Tantôt  général,  tantôt 
ministre.  Régent  en  1830,  premier  Ministre  en  1839,  auteur  de  la  Constitution 
il  revint  nombre  de  fois  au  pouvoir.  (Barbosa.  Portugal  antico  a  moderv 
dictionario.  T.  VI,  pages  437  et  suiv.). 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       285 

les  Huit  et  qui  a  donné  lieu  à  la  Déclaration  du  8  octobre  (1). 
On  doute  de  la  pacification  générale  et  on  craint  qu'elle  ne 
finisse  par  la  guerre. 

On  a  fait  de  nombreuses  critiques  sur  la  politique  peu 
modérée  de  TAutriche.  D'après  l'avis  général,  elle  va  préparer 
sa  ruine,  et  l'Italie  va  forger  des  instruments  qui  feront 
repentir  l'Autriche  de  ses  projets. 

Labrador  a  déclaré  une  fois  de  plus  que  l'Espagne  exige  la 
restitution  de  la  Toscane  à  l'Infant  Charles-Louis  (2). 


366.  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

HOPFEN  à  HAGER  (Analyse). 

Gampochiaro  croit  de  plus  en  plus  au  maintien  de  Murât  sur 
le  trône  de  Naples  en  dépit  de  l'opposition  de  la  France,  de 
l'Espagne  et  de  la  Sicile. 


367.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

H...  à  HAGER  (en  français). 

Conversation  avec  d'Arnay  (Secrétaire  du  prince  Eugène).  Le  prince  Eugène 
a  pleine  confiance  en  Alexandre.  Aldini  affirme  que  le  duc  de  Bassano  a 
empêché  l'Empereur  de  signer  la  paix  à  Dresde.  Marie-Louise  et  les  léga- 
tions. 

Le  prince  Eugène,  qui  a  été  avec  le  comte  Guicciardi  voir 
Marie-Louise,  est  plein  d'espoir,  surtout  depuis  qu'il  a  été 
comblé  de  prévenances  par  l'Empereur  Alexandre  et  par  le  Roi 
de  Prusse  au  dernier  bal  de  la  Cour.  Le  Vice-Roi  attend  son 
sort  d'Alexandre,  qui  sait  que  les  Italiens  sont  très  mécontents 
du  gouvernement  actuel. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  pagc  272.  Ajournement  du  Congrès  au  1"  novembre, 
publié  le  12  et  13  octobre  1814. 

2.  Charles-Loui8(Infant,  Louis  II,  roid'Etrurie)  fils  de  Louis  I"  et  de  Marie- 
Louise  de  Bourbon  (1782-1824)  succéda  à  son  père  le  27  mai  1803  et  régna 
jusqu'au  10  décembre  1807.  Il  devint  duc  de  Lucques  en  1824  à  la  mort  de  sa 
mère,  puis  en  1847  duc  de  Parme  à  la  mort  de  Marie-Louise.  Obligé  de 
s'enfuir  de  Parme  le  9  avril  1848,  il  abdiqua  en  1849  en  faveur  de  son  fils 
Charles  IV,  qui  fut  assassiné  en  1854. 


286  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE- 

L'agent  rend  compte  qu'il  a  été  reçu  par  le  prince  Eugène 
qui  s'étonne  de  ce  qu'on  n'ait  pas  encore  songé  à  pourvoir 
d'un  emploi  ce  dit  agent,  qu'il  avait  cependant  lui-même  gardé 
en  place,  rien  que  sur  le  vu  des  notes  qui  lui  avaient  été  don- 
nées par  les  Autrichiens. 

Le  prince  Eugène  croit  que  le  Congrès  fera  quelque  chose 
pour  lui.  11  est  encore  convaincu  actuellement  que,  sans  les 
événements  de  Milan,  il  aurait  obtenu  toute  autre  chose  pour 
l'Italie. 

L'agent  a  été  de  là  chez  Aldini  qui,  en  parlant  de  Napoléon, 
lui  a  affirmé  que,  sans  l'intervention  de  Bassano,  Napoléon 
aurait  signé  la  paix  à  Dresde  et  qu'il  avait  déjà  la  plume  à  la 
main  pour  le  faire. 

Aldini  croit  qu'à  cause  des  réclamations  de  l'Espagne  pour 
Parme  et  Plaisance,  on  donnera  à  Marie-Louise  les  trois  Léga- 
tions. 


368  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  diverses.  Gastelereagh  passe  les  affaires  de  la  Hollande  à  Lord  Ga- 
thcart.  Munster  et  l'Italie.  La  Prusse,  la  Russie,  l'Autriche  et  la  Pologne. 
Alexandre  et  la  princesse  Bagration. 

Lord  Castlereagh,  manquant  de  temps,  a  confié  les  affaires 
de  Hollande  à  Lord  Cathcart  (1)  qui  s'en  occupe  sérieusement. 

Le  comte  Munster  trouve  juste  et  naturel  que  les  Italiens 
désirent  former  un  seul  Etat,  chose  impossible  cependant  dans 
l'état  actuel  de  l'Europe.  Ils  devraient  pour  le  moment  se  con- 
tenter de  former  une  Confédération  de  tous  les  Etats  de  la 
Péninsule. 

Les  Prussiens  craignent  au  fond  beaucoup  de  voir  les  Russes 
s'agrandir  en  Pologne  et  sont  loin  d'être  satisfaits  de  l'atti- 
tude, jalouse  à  leur  égard,  de  l'Autriche. 

1.  Cathcart  (William  Shaw,  comte,  vicomte  de  Cathcart  et  Greenock  (1775- 
1843),  servit  dans  l'armée  de  1796  à  1812,  époque  à  laquelle  il  fut  appelé  à  rem- 
plir les  fonctions  d'ambassadeur  en  Russie.  11  suivit  le  quartier  général  des 
souverains  jusqu'à  leur  entrée  à  Paris.  L'un  des  plénipotentiaires  au  Congrès 
de  Vienne,  il  vint  une  seconde  fois  à  Paris  après  Waterloo  et  retourna  à  la 
paix  à  Pétersbourg  où  il  représenta  l'Angleterre  pendant  plusieurs  années. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      287 

Hier  (13  octobre),  après  le  bal  de  la  Cour,  Alexandre  est 
venu,  à  11  heures,  tout  seul  en  fiacre  chez  la  princesse  Bagra- 
tion,  qui,  par  parenthèse,  voit  deux  fois  par  jour,  matin  et  soir, 
le  grand-duc  Constantin.  Alexandre  y  est  resté  jusqu'à  2  heures 
du  matin. 

Je  ne  sais  pas  autre  choses  parce  que  tous  ces  jours-ci  je  n*ai 
pu  aller  chez  la  Princesse,  et  quand  j'y  vais,  j'y  trouve  tou- 
jours du  monde,  et  surtout  des  Russes  qui  parlent  ordinaire- 
ment leur  langue  que  je  ne  comprends  pas. 


369.  Londres,  4  octobre  1814  (F.  2.  4244  ad  3565). 

D'AGLIÉ  à  SAINT-MARSAN  (à  Vienne)  (mferce/jfa)  (en  français). 

Les  démarches  de  d'Aglié  auprès  de  Castlereagh  au  sujet  de  la  cession  de  la 
Savoie.  Les  explications  de  Gastlereagh.  Les  confidences  de  Miinster. 
Projet  d'échange  de  la  Savoie  contre  quelques  portions  du  Comté  de  Nice 
sur  la  droite  du  Var. 

Dès  le  mois  de  juin,  je  reçus  ordre  du  roi  de  représenter  à 
ce  gouvernement,  de  la  manière  la  plus  forte,  combien  Sa  Ma- 
jesté est  affligée  du  démembrement  qui  venait  d'être  fait  de  la 
Savoie,  et  de  tâcher  de  pénétrer  s'il  y  avait  quelque  possibi- 
lité de  revenir  sur  ce  qui  avait  été  établi  à  cet  égard  par  le 
traité  de  Paris  (1). 

Je  m'acquittai  de  ces  ordres  auprès  de  Castlereagh  qui  me 
parla  sur  le  sujet  avec  la  plus  grande  franchise.  Il  me  témoi- 
gna d'abord  que  le  Ministère  anglais  regrettait  sincèrement  que 
Sa  Majesté  fut  obligée  à  faire  ce  sacrifice,  d'autant  plus  qu'on 
voyait  qu'il  était  beaucoup  plus  considérable  par  ses  consé- 
quences qu'on  ne  l'avait  cru  d'abord.  11  me  dit  que  le  roi  de 
France  avait  témoigné  de  la  répugnance  à  consentir  à  cet  ar- 
ticle du  traité,  mais  qu'à  la  fin,  il  avait  été  obligé  d'y  donner 
son  consentement  ;  que  les  vues  des  Alliés,  en  accordant  un 
agrandissement  à  la  France,  auraient  été  de  concilier  au  roi 
une  popularité  dans  l'armée,  dont  l'orgueil  aurait  été  blessé  si 
Sa  Majesté  n'avait  pu  garder  aucune  portion  des  conquêtes  que 
la  France  avait  faites.  11  me  dit  aussi  que,  comme  il  avait  été 
■impossible  d'ajouter  quelque  chose  aux  agrandissements  accor- 
lés  à  la  France  du  côté  des  Pays-Bas,  on  avait  été  obligé  de 

1.  L'article  II  séparé  du  traité  de  Paris. 


AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

prendre  sur  la  Savoie  l'extension  de  territoire  qu'on  voulait': 
lui  accorder. 

J'eus  lieu  de  m'apercevoir  par  tout  le  discours  de  lord 
Gastlereagh,  que  le  Ministère  anglais  aurait  été  bien  aise  que 
Sa  Majesté  pût,  par  le  moyen  d'une  négociation  directe  avec 
la  France,  parvenir  à  recouvrer  la  portion  de  la  Savoie  démem- 
brée par  le  traité  de  Paris,  mais  qu'il  n'était  nullement  disposéj 
à  entamer  cette  affaire.  ■ 

Le  comte  de  Munster,  qui  était  alors  ici  et  qui  fut  employé 
à  Paris  dans  la  Commission  des  limites,  me  confirma  ce  que 
lord  Gastlereagh  m'avait  dit  sur  la  répugnance  du  roi  de 
France  pour  le  démembrement  de  la  Savoie  ;  mais  il  m'ajouta 
que,  lorsque  Sa  Majesté  Très  Chrétienne  y  eût  enfin  consenti, 
les  commissaires  français  demandèrent  le  Chablais  et  le  Fau-, 
cigny,  ce  qui  ne  leur  fut  pas  accordé. 

Je  me  bornerai  à  faire  une  seule  observation  à  ce  sujet.  Si 
le  cabinet  de  Versailles  est  vraiment  bien  intentionné  en 
faveur  du  roi,  et  s'il  est  vrai  qu'il  regarde  dans  l'acquisitioi^ 
qu'il  a  faite  en  Savoie  plutôt  le  point  d'honneur  que  l'exten- 
sion du  territoire,  il  me  semble  qu'il  serait  possible  de  l'enga 
ger  à  se  désister  de  cette  acquisition  en  lui  cédant  les  districts 
du  comté  de  Nice  qui  se  trouvent  situés  sur  la  droite  du  Var. 
Ces  districts  sont  très  peu  de  chose  à  la  vérité  ;  mais  le  gou- 
vernement français  pourrait  en  faire  valoir  l'importance  aux 
yeux  de  sa  nation  sous  le  point  de  vue  d'arrondissement,  de 
convenance,  de  limites  naturelles,  etc.,  etc. 


370.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4253  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 


i} 


Rapport  et  bordereau  du  16  octobre  1814,  contenant  les  premiers  rapports.! 
des  gens  de  service  de  la  Cour  sur  les  souverains  alliés  et  signalant,  entre" 
autres,  le  rapport  ci-dessous  du  lieutenant-colonel  baron  VVelden. 


371.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  1.  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

(Sur  quelques  lettres  interceptées). 

On  a  intercepté  les  lettres  expédiées  de  Paris  à  Gastlerea| 
parmi  lesquelles  se  trouvait  une   lettre  anonyme  provenani 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS       289 

de  la  maison  du  duc  de  Dalberg  (dont  on  réclame  le  renvoi 
d^urgence). 

On  transmet  également  la  copie  du  bordereau  d'envoi  des 
pièces  interceptées  la  veille,  apportées  le  13  par  le  courrier, 
qui  venant  de  Londres  a  passé  par  Paris. 

Ulntercepta,  désignée  sur  le  bordereau  par  la  lettre  K 
(manque  au  dossier),  donnait,  d'après  l'analyse  faite  par  Hager 
dans  son  bordereau  à  l'Empereur,  des  détails  intéressants  sur 
l'état  des  esprits  à  Paris. 

La  lettre  anonyme  provenant  de  chez  Dalberg  est  sans 
intérêt. 


372.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  [inlercepta). 

Envoi  d'une  copie  de  la  lettre  de  Talleyrand  à  Castlereagh 
du  5  octobre,  relative  au  projet  que  Metternich  lui  a  remise 
le  3  au  soir  et  contenant  les  contre-projets  et  les  observations 
de  Talleyrand  '. 

L'agent  de  Hager  joint  à  cette  lettre  la  note  adressée  par 
l'Ambassade  de  France  au  Congrès  et  la  copie  du  projet  de 
Castlereagh,  communiqué  le  3  octobre. 


373.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

[EUTENANT-COLONEL  BARON.DE  WELDEN  (attaché  à  la 
)ersonne  du  Grand-duc  Constantin)  au  GRAND-MAITRE 
)E  LA  COUR,  rapport  transmis  par  lui  à  HAGER, 

retirée  du  Grand-Duc  Constantin.  Sa  sympathie  pour  le  prince  Eugène. 

Le  Grand-Duc  Constantin,  qui  s'intéresse  beaucoup  à  tout 
îe  qui  a  trait  à  l'armée  autrichienne,  mène  une  vie  très  reti- 
rée  et  s'arrange  de  manière   à  faire  ses  visites    aux  princes 
lorsqu'ils  sont  sortis.  Je  crois  devoir   signaler  qu'il  n'a  fait 
l'exception    que  pour  le  prince    Eugène.  Le   grand-duc  a 
lonné   l'ordre  d'introduire  l'ex-Vice-Roi  à  n'importe  quelle 

1.  D'Angfberg,  p.  264-272. 

T.  1.  19 


290  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

heure.  Le  prince  Eugène  vient  du  reste  le  voir  presque  tous 
les  jours  et  reste  toujours  seul  avec  lui.  Le  grand-duc  ne  m^a 
pas  caché  sa  sympathie  et  son  admiration  pour  le  Prince 
Eugène,  qu'il  a  été  voir  à  plusieurs  reprises  sans  jamais  se 
faire  accompagner. 


374.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3665). 

SIBER  à  HAGER 

Rapport  sur  les  souverains  et  sur  quelques  visites  qu'ils  ont  faites. 

Sur  le  roi  de  Danemark,  le  roi  de  Prusse  (sa  conférence  chez 
Hardenberg),  le  prince  Guillaume  de  Prusse,  l'empereur 
Alexandre  (qui  va  le  14  au  soir  chez  la  comtesse  Esterhazy  née 
Roisin),  le  grand-duc  Constantin  (qui  est  allé  à  5  heures  chez 
Marie-Louise,  le  soir  chez  la  duchesse  de  Sagan,  chez  laquelle 
il  est  resté  jusqu'à  1  h.  1/2). 


373.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

GŒIHAUSEN  à  HAGER 

■  l 

La  conférence  des  deux  empereurs  à  propos  du  rôle  rj  '•"'i 

et  des  réclamations  de  la  France.  M  yoii 


iSSO 

'arri 


Les  deux  empereurs  d'Autriche  et  de  Russie  ont  eu,  seuls 
en  tête  à  tête,  une  conférence  qui  s'est  tenue  chez  Alexandre 
après  souper  et  a  duré  de  minuit  à  trois  heures  du  matin. 
L'empereur  François  en  a  rapporté  chez  lui  une  grosse  lias» 
de  papiers.  Les  deux  empereurs  avaient  l'air  satisfait. 

Il  se  serait  agi  de  la  France,  qui  non  seulement  protes 
contre  la  réunion  des  Pays-Bas  à  la  Hollande,  mais  veut  inte 
venir  dans  les  affaires  d'Italie  et  sème  partout  la  discorde.  A  MKiie 
suite  de  cette  conférence  on  aurait  expédié  deux  courriers,!' 
à  Paris,  l'autre  en  Italie. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET  LES    AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS      291 
376.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Le  roi  de  Prusse  chez  Hardenberg.  Conférence  chez  Metternich. 
Objet  probable  de  cette  conférence. 

Le  roi  de  Prusse  est  resté  le  14  de  midi  à  2  heures  chez  Har- 
denberg.  Aussitôt  après  le  départ  du  roi,  Hardenberg  a  fermé 
son  cabinet,  s'est  rendu  chez  Metternich  et  est  resté  deux 
grandes  heures  en  conférence  avec  lui,  le  comte  Munster,  le 
baron  Linden  et  Humboldt,  chez  lequel  il  est  allé  dîner. 

Rentré  chez  lui,  il  a  travaillé  de  8  à  10  heures  avec  le  con- 
seiller intime  Beguelin,  qui  lui  avait  envoyé  le  matin  un  gros 
paquet  de  papiers.  On  croit  qu^au  cours  de  cette  conférence 
on  a  pour  la  première  fois  abordé  les  questions  d'Allemagne. 


377.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

IjCs  réclamations  de  la  Hollande.  Elle  demande  une  rectification  de  frontière 
du  côté^de  la  France. 

Les  Hollandais  ont  aussi  des  prétentions  à  faire  valoir  au 

Kongrès.  Ils  ne  sont  pas  contents  des  Pays-Bas.  Ils  veulent 

Ivoir,  vers  la  France,  une  autre  frontière  que  celle  qu'on  leur 

V  assignée  par  le  traité  de  Paris.  Ils  disent,  et   c'est  d'eux- 

lêmes  que  je  le  tiens  :  «  Les  Français  nous  dominent  par  là. 

[s  sont  les  maîtres  de  nous  envahir  quand  ils  le  voudront  et 

[arriver  à  Bruxelles  avant  que   nous  ayons  pu  réunir  nos 

loupes.  Nous  n'avons  pas  de  places  de  leur  côté  et  pas  même 

e  position  ou  des  endroits  pour  nous  fortifier.  Lord  Gastle- 

lagh  ditn^avoir  pas  le  temps  de  se  charger  lui-même  de  notre 

faire,  mais  nous  travaillons  avec  lord  Gathcart  qui  entend 

et  bien  la  chose,  et  nous  le  pousserons  vivement.  » 

[C'est  M.  Persons  (1)  qui  m'a  confié  tout  cela. 


,  Il  doit  s'agir  du  chevalier  Persoon,  dont  le  nom  figure  sur  la  liste  officielle 
diplomates  étrangers  parmi  les  Hollandais  présents  à  Vienne. 


-^^  AUTOUR    DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

378.  Vienne,  15  octobre  1814.  F.  2.  4251  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  de  rapports  sur  le  roi  de  Wurtemberg.  Nesselrode,  Talleyrand  et 
Wrede  chargés  de  régler  tout  ce  qui  a  trait  au  divorce  du  prince  royal  de 
Wurtemberg. 

Envoi  de  rapports  ayant  trait  à  la  surveillance  du  roi  de  Wur- 
temberg, de  Nesselrode,  Talleyrand,  Gaertner  et  Wrede  (ce 
dernier  contenant  quelques  données  sur  le  divorce  du  prince 
royal  de  Wurtemberg  (1),  causé  surtout  par  la  liaison  du  prince 
avec  une  demoiselle  de  Stuttgard.  C'est  Wrede  qui  est  chargé 
de  régler  toutes  les  questions  relatives  à  cette  séparation,  la 
princesse  étant  bavaroise).  ; 


379.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

La  tension  des  relations  entre  les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  et  le 
divorce  du  prince  royal  de    Wurtemberg. 

Les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  continuent  à  être 
assez  mal,  même  fort  mal  ensemble,  et  la  cause  de  cette 
tension  n'est  autre  que  le  divorce  du  prince  royal.  Le  roi  de 
Bavière  n'a  prétexté  une  indisposition  que  pour  n'avoir  pas  à 
recevoir  la  visite  du  roi  et  du  prince  royal  de  Wurtemberg, 
qu'il  ne  veut  pas  voir  et  avec  lesquels  il  ne  parle  pas.  La  céré- 
monie religieuse  qui  a  consacré  la  séparation  entre  le  prince 
royal  et  sa  femme,  qui  vit  depuis  lors  à  Munich,  a  eu  lieu  à 
Stuttgart,  aussitôt  après  le  retour  d'Angleterre  du  prince.  S': 
est  beaucoup  de  gens  qui  condamnent  la  conduite  du  prim 
à  l'égard  d'une  princesse  envers  laquelle  la  nature  a  été  quel 
peu  avare  au  point  de  vue  des  avantages  physiques,  mais  q 
possède  en  revanche  une  quantité  de  rares  et  précieuses  qu 
lités,  on  en  trouve  cependant  quelques-uns  qui  essayent  de 

1.  Complètement  brouillé  avec  son  père,  le"  prince  royal  de  Wurtemberg 
s'était  même  réfugié  pendant  quelque  temps  à  Cassel  auprès  de  son  beau- 
frère  le  roi  Jérôme. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       293 

défendre  et  de  le  justiiîer.  Cette  union  aurait  été  une  consé- 
quence du  caractère  du  prince,  qui  n'a  cessé  de  tout  temps 
d'être  un  ennemi  déclaré  de  Napoléon,  alors  tout  puissant,  et 
qui  refusa  de  suivre  l'exemple  de  l'actuel  Grand-Duc  de  Bade 
et  de  se  laisser  imposer  une  femme  par  l'empereur. 

Il  déclara  à  ce  moment  qu'il  n'épouserait  qu'une  princesse 
allemande  et  on  prétend  qu'il  eut  l'audace  de  dire  à  Paris  à 
Napoléon  m  Je  ne  veux  pas  i(?ie  femme  de  votre  Pagerie.»he 
prince  faisait  allusion  par  là  au  mariage  forcé  du  prince  de  la 
Leyen  avec  une  Tascher  de  la  Pagerie  (1),  ce  qui  lui  valut 
d'être,  malgré  l'exiguité  de  ses  possessions,  traité  à  l'égal  de 
quelques  grands  princes,  tandis  que  l'on  médiatisait  au  même 
moment  de  vieilles  maisons  princières  autrement  considérables 
et  importantes.  La  princesse  bavaroise,  qui  eut  de  plus  le 
malheur  de  déplaire  à  son  mari,  précisément  parce  qu'elle  se 
donnait  trop  de  mal  pour  lui  plaire,  fut  la  victime  de  cet  entê- 
tement. Il  convient  d'ajouter  que  le  prince  royal  a  depuis 
plusieurs  années  une  liaison  avec  une  demoiselle  de  Stuttgart, 
la  fille  d'un  fonctionnaire,  qui  a  su  le  prendre  dans  ses  filets 
et  dont  il  a  déjà  deux  enfants. 


380.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad.  3565). 

Rapport  à    HAGER 
Mécontentement  de  Talleyrand.  Il  songerait  à  partir. 

D'après  le  dire  du  curé  de  l'église  française  de  Sainte- Anne, 
qui  a  dîné  le  14  chez  le  Nonce  avec  le  cardinal  Consalvi, 
Êvangélisti  (2)  et  l'abbé  de  Saint-Julien,  Talleyrand  serait  si 
mécontent  des  alliés  qu'il  aurait  résolu  de  partir  avant  le 
1"  novembre. 

On  parle  dans  ce  cas  de  la  venue  de  Monsieur  pour  le  rem- 
lacer. 


i 


1.  Gœhausen  se  trompe.  C'est  le  comte  Louis  Tascher  de  la  Pagerie  qui 
épousa  en  1810  une  fille  du  prince  de  la  Leyen,  qui  avait  échappé  à  la  média- 
tisation en  1806,  grâce  à  la  protection  de  Dalberg  et  à  sa  parenté  avec  lui. 

2.  L'un  des  secrétaires  du  cardinal  Consalvi,  chargé  plus  particulièrement 
déchiffrer  et  de  déchiffrer  les  dépêches. 


294  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE   VIENNE 

381.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4257  ad  3465). 

GOEHAUSEN  àHAGER    * 

Mot  douteux  de  Talleyrand  sur  les  affaires  d'Allemagne. 

Talleyrand,  répondant  à  dîner  aux  sollicitations  du  baron  de 
Tûrkheim  (1)  (ministre  de  Hesse-Darmstadt)  en  faveur  des 
petits  États  allemands, lui  aurait  dit  :  «Le  système  de  laFrance 
est  de  ne  pas  se  mêler  des  affaires  de  l'Allemagne.  » 

On  doute  fort  de  l'exactitude  de  ce  fait. 


382.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4351  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Les  millions  de  Brignole.  Castlereagh  et  la  cession  de  Gênes. 

Brignole  a  reçu  son  argent  et  dispose  maintenant  de  deux  f 
millions  et  demi  de  florins,  mais  Castlereagh  lui  a  déclaré  que 
la  cession  de  Gênes  au  Piémont  était  une  chose  décidée. 


383.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  1.  4359  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

La  brochure,  Les  Bourbons  de  Naples.  L'indépendance  et  l'unité  de  l'Italie, 
Murât,  les  Anglais. 

La  brochure  «  Les  Bourbons  de  Naples  >  court  la  ville.  Ce 
sont  les  Muratistes  qui  la  répandent  sous  cape.  Elle  est  écrite  ^ 
avec  beaucoup  d'esprit.  Son  auteur  est  Benjamin  Constant  (2). 

Il  est  de  mon  devoir  de  faire  une  observation  indirecte  sur 
cet  écrit  qui  décèle  le  bout  de  l'oreille  du  tigre,  enveloppé  de 
la  peau  du  mouton  en  plusieurs  endroits. 

Ces  passages  sont  la  plus  grande  preuve  de  ce  que  j'ai  tant 
de  fois  répété  d'après  mes   lettres  et  mes  informations  ver-|;ijj 
baies,  c'est-à-dire  que  les  Napolitains  de  Murât  entretenaient  ri» 

'..     tua 

1.  Tûrkheim-Altorfî  (Jean,  baron)  (1746-1824).  Conseiller  intime  etmini8ta'e| 
d'Etat  du  Grand-duché  de  liesse  Darmstadt. 

2.  Benjamin  Constant  n'a  jamais  été  l'auteur  de  cette  brochure  sortie  dd 
plume  de  Flassan. 


:»atl 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      295 

en  Italie  le  Polonisme  qui  l'agite,  par  ci,  par  là,  d'un  bout  à 
l'autre  maintenant.  J'entends  par  Polonisme  l'idée  d'un  seul 
état  indépendant  à  établir  en  Italie.  C'est  Murât  qui  a  ima- 
giné ce  charme  pour  gagner  les  Italiens,  et  ce  sont  les  Anglais 
qui,  il  y  a  trois  ans,  l'ont  favorisé  pour  détacher  les  Italiens 
de  Napoléon  et  de  la  France. 

A  présent  que  Napoléon  est  tombé,  les  Anglais  —  je  veux 
dire  le  ministère  anglais  —  n'y  mettent  plus  aucune  impor- 
tance ;  mais  les  philanthropes  d'Angleterre  n'en  démordent 
pas  et  Murât  fait  toujours  sonner  cette  cloche  pour  augmenter 
ses  forces  et  son  parti  et  finir  à  la  fin  par  réaliser  la  chose 
en  sa  personne.  Les  Napoléonistes,  les  ambitieux,  ne  jurent  à 
présent  en  Italie  que  par  Murât.  Tout  cela  est  connu.  Mais 
jamais  les  ministres  de  Murât  ne  l'ont  avoué.  Ce  n'est  que 
dans  la  force  du  danger  et  de  la  rage  que  leur  secret  a  éclaté. 
Qu'on  lise  la  brochure  en  question  et,  parmi  les  phrases  inso- 
lentes qu'on  lance  à  l'Autriche  et  aux  autres  puissances  de 
l'Europe,  on  sera  surpris  d'y  trouver  annoncé  à  plusieurs 
reprises  que  «  les  Italiens  veulent  être  indépendants  et  que  si 
on  touche  à  Murât,  si  on  le  force  à  combattre,  la  chose  est 
faite  ». 

On  ne  peut  pas  s'abstenir,  au  moins  ici,  de  se  demander 
si  Murât  est  si  sûr  de  devenir  le  maître  de  l'Italie  et  de  réu- 
nir cette  Italie  en  une  seule  puissance  dès  qu'on  le  force  à 
tirer  l'épée.  Comment  peut-on  supposer,  croire,  espérer,  qu'il 
ne  le  devienne  pas  dans  deux  ans,  lorsqu'on  lui  laissera  par 
la  paix  les  moyens  de  renforcer  son  parti  qui,  à  présent,  chan- 
celle encore  autour  d'un  trône  lui-même  chancelant.  C'est 
alors  que  la  Société,  érigée  à  Ancône,  par  Murât  lui-même,  des 
Indépendentistes,  agira  librement,  et  il  faudra  bien  d'autres 
efforts  que  ceux  de  notre  police  pour  le  contenir. 


384.       Vienne,  15  octobre  1814  (F.  1.  4251  ad  3563). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

La  campagne  contre Metternich. Les  indiscrétions  et  l'hostilité  de  la  chancel- 
lerie d'Etat.  Les  réceptions  de  lady  Gastlereagh.  Alexandre  chez  la  com- 
tesse Erteihazy-Roisin. 

Voici  le  résultat  de  mes  dernières  observations  et  des  infor- 
Imations  que  j'ai  recueillies. 


296  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

On  conclut  de  la  Déclaration  du  8  octobre  que  les  Grandes 
Puissances  sont  loin  d'être  d'accord  sur  les  questions  de 
Pologne,  de  Saxe  et  d'Allemagne,  et  on  craint  fort  la  guerre. 
Les  ennemis  de  Metternich,  le  prince  Starhemberg,  la  coterie 
Stadion,  les  Schœnborn-Leyen,  Schœnborn-Stadion,  Dalberg, 
Hatzfeld,  seraient  enchantés  d'un  changement  qui  se  produi- 
rait aux  Affaires  Etrangères.  Pour  y  parvenir,  il  faut  dissoudre 
le  Congrès,  et  c'est  dans  ce  sens  qu'on  intrigue  contre  Met- 
ternich et  qu'on  colporte  toutes  sortes  de  nouvelles  sensa- 
tionnelles contre  lui  chez  Razoumoffsky,  Gastlereagh,  Hum- 
boldt,  Rechberg  et  Stein. 

Le  Prince  Starhemberg  a  dit  :  «  Je  n'ai  jamais  été  en  bons  ^ 
termes  avec  Gastlereagh.  En  Angleterre,  je  n'ai  été  lié  qu'avec 
la  famille  Grenville,  mais  je  cultive  assiduement  la  maison 
Gastlereagh  pour  j  dire  ce  que  je  pense  et  pour  l'influencer. 
G'est  dans  ce  même  but  que  j'invite  fréquemment  Jacobi  et  le 
Gomte  Keller.  » 

J'ai  également  pu  constater  qu'il  y  avait  nombre  de  mécon- 
tents à  la  Ghancellerie  d'Etat,  surtout  parmi  ceux  qui  ont  été 
lésés  par  la  nomination  du  comte  de  Mercy  et  qui  redoutent  de 
l'être  encore  par  le  choix  qu'on  se  propose  de  faire  de  M.  de 
Handel.  Tous  ces  fonctionnaires  intriguent  contre  Metternich 
et  ne  se  font  pas  faute  d'intéresser  les  cours  étrangères  à  leurs 
intrigues.  J'ignore  si  Metternich  connaît  de  quelle  singulière 
façon  le  personnel  sous  ses  ordres  garde  les  secrets  d'Etat  et 
s'il  se  doute  du  peu  d'attachement  et  de  dévouement  de  ces 
fonctionnaires  à  sa  personne.  Ge  que  je  sais,  c'est  que  par  Lim- 
pens  (1)  je  sais  tout  ce  qui  se  passe  à  la  Ghancellerie  d'Etat. 

Je  n'ai  été  que  deux  fois  aux  réceptions  du  soir  chez  lady 
Gastlereagh.  Je  trouve  en  effet  fort  incommode  de  n'y  pouvoir 
paraître  avant  dix  heures.  J'y  ai  trouvé,  en  dehors  des  Anglais, 
la  princesse  Taxis,  la  princesse  Fûrstenberg  (née  Taxis),  les 
comtes  et  les  comtesses  Stackelberg  et  Esterhazy,  les  princes 
de  Reuss  et  Wrede,le  Gardinal  Gonsalvi,  Julie  Zichy,  Gastelal- 
fer  et  Saint-Marsan. 

L'empereur  de    Russie,  après  avoir  rendu  visite  le   14  au 
matin  à  la  Gomtesse  Esterhazy-Roisin,  a  été  prendre  le  th^ 
chez  elle  dans  l'après-midi. 

1.  Très  ancien  fonctionnaire  de  l'administration  des  Pays-Bas  autrichiena| 
puis  du  ministère  des  Affaires  Étrangères,  retraité  à  ce  moment  depuis  quel 
ques  années,  mais  resté  en  relations  suivies  avec  ses  anciens  collègues. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET  LES   AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS      297 

385.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.4251  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  espérances  croissantes  des  Polonais.  Les  conditions  mises  par  l'Angle- 
terre à  l'ouverture  du  Congrès.  Les  Saxons  et  la  France.  Positions  et  effec- 
tifs des  Russes  en  Pologne,  des  Prussiens  sur  le  Rhin.  Mécontentement  des 
provinces  rhénanes. 

Les  Polonais  sont  d'autant  plus  pleins  d'espérances  qu'ils 
voient  un  commencement  de  réalisation  de  leurs  espérances 
dans  le  recrutement  qui  se  fait,  ou  va  se  faire,  dans  le  Grand- 
Duché  pour  la  formation  des  nouveaux  régiments,  ainsi  que 
dans  les  conditions  préalables,  auxquelles  l'Angleterre  a  subor- 
donné son  consentement  à  la  reprise  des  Affaires  du  Congrès 
(Entente  préalable  sur  les  questions  des  Pays-Bas,  de  Pologne 
et  de  Saxe  (1). 

Malgré  la  confiance  des  Prussiens  qui  croient  déjà  avoir 
gain  de  cause  pour  la  Saxe,  les  Saxons  ont  encore  bon  espoir 
et  affirment  que  leur  Roi,  que  la  France  n'abandonnera  pas, 
conservera  en  tout  cas  la  rive  gauche  de  l'Elbe. 

Il  paraît  certain  que,  sans  compter  les  Polonais,  les  Russes 
ontde  110.000  à  120.000  hommes  dans  le  grand  duché  de  Var- 
sovie. Le  gros  de  l'armée  prussienne  (120.000  hommes)  est  tou- 
jours encore  sur  le  Rhin. 

On  affirme  que  les  pays  de  la  rive  gauche  du  Rhin  sont  fort 
mécontents  des  Prussiens  et  ont  de  grandes  sympathies  pour 
la  France. 


1.  Cf.  D'Angeberg.  Note  de  lord  Gastlereagh  au  Prince  de  Hardenberg  du 
lll  octobre,  p.  274.  Note  verbale  de  lord  Gastlereagh  au  prince  de  Hardenberg, 
{octobre  1814,  pages  276-278.  Lettre  de  lord  Gastlereagh  à  l'Empereur 
[Alexandre,  12  octobre  1814  et  Mémorandum  annexé  à  cette  lettre,  pages  280- 
|288.  Mémorandum  de  lord  Gastlereagh  au  sujet  de  la  situation  de  l'Autriche,  de 
|la  Prusse,  etc.,  etc.,  14  octobre  1814,  p.  291-293.  ^ 


298  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

383.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Bruits  de  guerre  entre  la  Russie  et  la  Turquie  et  de  l'envoi  d'une  mission 
turque  à  Vienne.  Le  séjour  d'Alexandre.  Rectification  probable  des  fron- 
tières austro-prussiennes.  Rivalité  entre  la  Bavière  et  le  Wurtemberg.  L'al- 
tercation entre  les  deux  princes  royaux.  Le  roi  de  Wurtemberg  et  l'archi- 
duc Charles.  Talleyrand,  la  Hollande  et  la  Belgique. 

On  parle  beaucoup  d'une  g-uerre  imminente  entre  la  Russie 
et  la  Turquie  qui  se  disposerait  à  envoyer  à  Vienne  un  ambas- 
sadeur extraordinaire  chargé  d'acheter  son  repos  et  sa  sécu- 
rité à  prix  d'or  et  par  de  gros  bénéfices.  On  dit  que  cette 
mission  apporte  de  grands  cadeaux  au  tzar  et  qu'elle  sera 
logée  au  château  d'Hetzendorf. 

Il  paraît  certain  que  le  tsar  passera  ici  une  partie  de  l'hiver  ; 
c'est  ce  que  l'on  croit  et  dit  dans  les  cercles  des  cours  de 
Bavière  et  de  Russie.  Ces  dernières  prétendent  que  pour  rec- 
tifier les  frontières  on  céderait  le  Comté  de  Glatz  et  une  bande 
de  terrain  du  côté  de  Ziegenhals  (1)  en  échange  de  Troppau. 

La  rivalité  entre  les  cours  de  Bavière  et  de  Wurtenberg  ne 
diminue  pas.  Les  gens  de  la  cour  de  Bavière  ne  cachent  pas  la 
joie  que  leur  cause  l'indisposition  que  vient  d'avoir  le  roi  de 
Wurtemberg,  soit  à  la  suite  de  fatigues  à  la  chasse,  soit  à  cause 
de  la  cohue  dans  VAugarten. 

On  assure  en  outre  que  les  deux  princes  royaux  (de  Wur- 
temberg et  de|Bavière)  ont  eu  une  altercation  des  plus  vives, 
dont  le  motif  est  encore  inconnu. 

Le  roi  de  Wurtemberg  est  du  reste  d'un  entêtement  extraor- 
dinaire, comme  Napoléon  l'avait  remarqué  et  comme  les  archi- 
ducs l'ont,  eux  aussi,  constaté.  On  raconte,  et  on  affirme  que 
l'archiduc  Charles,  ayant  fait  quelques  plaisanteries  sur  la  cor- 
pulence du  roi  et  les  inconvénients  qui  en  résultent,  celui-ci, 
lors  de  la  visite  du  champ  de  bataille  d'Aspern,  aurait  demandé 
à  l'archiduc  «  s'il  allait  montrer  aux  souverains  la  position  de 
«  l'armée  autrichienne  avant  la  bataille  d'Aspern  ou  cellç- 
«  qu'elle  avait  en  juillet,  lors  de  sa  retraite  après  Wagram 
Gela  donne  une  idée  de  l'antipathie  qui  règne  entre  les  princei 

Rien  de  précis  à  vous  dire  sur  les  intentions  de  la  Légatioi 

1.  Ziegenhals,  au  sud  de  Neisse  et  tout  près  de  la  frontière  de  Bohème. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      299 

de  France.  Le  prince  de  Bénévent  serait  hostile  à  la  réunion 
des  Pays-Bas  à  la  Hollande,  qu'il  considère  comme  nuisible  à 
son  pays.  On  prétend  que,  comme  il  aurait,  à  ce  propos,  parlé 
de  la  puissance  de  la  France,  on  lui  aurait  dit  :  «  Ce  n'est  pas 
au  vaincu  qu'il  appartient  de  rien  décider.  » 


387.  Vienne,  15  octobre  IHU  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
Humboldt  et  le  Congrès.  Caricature  sur  le  Congrès. 

On  m'affirme  qu'à  la  question  posée  à  Humboldt  :  «  Quand 
le  Congrès  finira-t-il  ?»  il  répondit  :  «  Dites-moi  plutôt 
quand  il  commencera.  » 

Une  caricature  publiée  ces  jours-ci  à  Munich  donne  une 
idée  assez  exacte  de  l'état  des  esprits.  Tous  les  ministres 
envoyés  à  Vienne  sont  assis  autour  d'une  table  et  ont  les  yeux 
fixés  sur  lord  Gastlereagh  qui  vient  d'entrer  tenant,  d'une  main 
un  papier,  de  l'autre  une  laisse  passée  autour  du  cou  de  Napo- 
léon et  qui,  se  préparant  à  jeter  le  papier  sur  la  table,  leur 
dit  :  «  Signez  ou  je  le  lâche.  » 


388.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

SIBER  à  HAGER 

Rapports  de  la  Burg  sur  le  Grand  Duc  Constantin  et  la  manièi-e  de  vivre 
des  souverains  et  princes  qui  y  logent. 

Le  grand-duc  Constantin  dîne  à  deux  heures,  dort  ensuite 
usqu'à  cinq  heures,  fait  alors  quelques  visites,  rentre  et  redort 
le  sept  à  dix.  Il  va  ensuite  chez  la  Sagan  ou  chez  la  Bagra- 
ion  et  y  reste  jusqu'à  une  heure  et  demie  du  matin. 

n  ressort  des  rapports  reçus  de  la  Burg  que  les  souverains 

vivent  très  tranquillement,  n'y  reçoivent  que  leurs  ministres, 
|es  personnes  de  leur  suite  et  celles  formant  leur  service  d'hon- 
neur. Il  ne  se  passe  donc  guère  rien  de  saillant  et  d'intéressant 

la  Burg.  / 


300  AUTOUR  DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

A  l'exception  du  roi  de  Wurtemberg,  ils  recherchent  tous 
r incognito,  surtout  pour  leurs  promenades  et  les  visites  qu'ils 
rendent. 


389.  Vienne,  le  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

LŒWENHIELM  à  ENGESTRŒM  (Intercepta)  (en  français). 
Les  Quatre  et  le  Congrès.  Projet  de  réunion  d'une  diète  à  Francfort. 

...  Les  affaires  majeures,  qui  décideront  du  sort  et  de  l'état 
futur  de  l'Europe,  continuent  à  se  traiter  confidentiellement 
entre  les  Grandes  Puissances  qui  y  ont  un  intérêt  direct,  et  il 
paraît  que  les  opinions  diverses  commencent  à  se  rapprocher. 

Il  est  question  d'établir  à  Francfort  une  réunion  (à  propos 
du  Comité  pour  la  constitution  de  TAUemagne)  dans  le  genre 
de  celle  qui  existait  jadis  à  Ratisbonne. 


390.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4251  ad  3565). 

Anonyme  à  la  DUCHESSE  de  DEUX-PONTS  (1) 
{intercepta  en  français). 

Observations   sur  les  notes  de  Talleyrand  et  de  Castelereagh   relatives 
à  la  Saxe.  Les  fêtes.  L'harmonie  entre  les  souverains. 

La  note  du  Prince  de  Bénévent  (2)  a  déplu  à  cause  du  ton 
et  du  style  dictatoire  (sic),  comme  si  Bonaparte  l'avait  faite. 

Avant-hier,  lord  Castlereagh  (3)  en  a  donné  une  au  Congrès 
en  faveur  du  roi  de  Saxe  fort  avantageuse.  L'opposition  est 

1.  Duchesse  des  Deux-Ponts  (Marie-Emilie  de  Saxe),  née  en  1752,  veuve 
depuis  1795  de  Charles- Auguste  Christian,  comte  Palatin,  duc  de  Deux-Pont* 
depuis  la  mort  de  son  frère  Frédéric  en  1775.  A  sa  mort,  ses  droits  passèrent 
à  son  frère  Maximilien-Joseph,  roi  de  Bavière  depuis  1805. 

2.  11  ne  peut  s'agir  ici  que  de  la  lettre  de  Talleyrand  à  lord  Castlereagh,  du 
5  octobre  (Cf.  d'Angeberg,p.  270  à  272). 

3.  Note  de  lord  Castlereagh  à  Hardenberg  au  sujet  de  la  reconstruction  de 
la  Prusse  et  de  l'incorporation  de  la  Saxe  et  note  verbale  de  lord  Castlereagh 
au  sujet  de  la  prise  de  possession  du  royaume  de  Saxe  par  la  Prusse.  Vienne. 
11  octobre  1814  (Cf.  d'Angeberg,  pages  274-279). 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEÛIENTS    DU  CONGRÈS      301 

grande,  mais  on  croit  avec  majorité  au  rétablissement  de  la 
Saxe. 

Les  fêtes  superbes  se  succèdent.  On  nage  dans  les  plaisirs, 
et  la  politique  va  avec  un  pas  assuré  qui  nous  fait  espérer  de 
grands  et  avantageux  résultats. 

L'harmonie  entre  les  souverains  est  parfaite.  Il  ne  partiront 
pas  avant  le  17  novembre. 


391.  Londres,  5  octobre  1814  (F.  2.  3505  ad  3565). 

Anonyme  au  COMTE  NICOLAS  ESTERHAZY  (1)  à  Vienne 
(Intercepta  en  français). 

Il  ne  croit  pas  aux  résultats  possibles  et  utiles  du  Congrès. 
La  guerre  d'Amérique  et  les  négociations  de  Gand. 

Je  vois  parles  Gazettes  que  les  grands  monarques  commencent 
à  arriver  peu  à  peuà  Vienne.  Comme  toutes  les  têtes  sont  en  l'air  I 
Comme  chacun  écoute  les  conversations  de  son  voisin  1  Que  de 
plans  !  Que  de  projets  !  Quel  foyer  d'affaires  maintenant  que 
ce  bon  Vienne  !  Gomme  les  politiques  doivent  s'en  donner  ! 
L'empereur  de  Russie  a  dit  telle  chose.  Le  roi  de  Prusse  a  salué 
telle  personne.  Le  roi  de  Bavière  a  ri.  Le  gros  roi  de  Wurtem- 
berg a  dansé.  Mon  Dieu  I  comme  tout  cela  est  important.  Moi, 
je  tremble  dans  mon  coin. 

On  donnera  force  bals,  fêtes  et  dîners.  On  dépensera  beaucoup 
d'argent.  Après  bien  des  compliments,  chacun  s'en  retournera 
comme  on  était  venu,  sans  rien  finir...  On  publiera  des 
manifestes  où  chacun  aura  tort,  excepté  la  personne  qui  les 
aura  écrits. 

1.  Esterhazy  von  Galantha  (Nicolas,  Prince),  (1755-1833)  encouragea  les 
rts  et  les  sciences  et  créa  la  galerie  de  tableaux  qu'il  installa  dans  le  Gar- 
len-Palasl,  qu'il  avait  acheté  aup  rince  de  Kaunitz.  Possesseur  de  la  magni- 
fique résidence  d'Eisenstadt.  Napoléon  lui  avait  en  1809  offert  la  couronne  de 
Hongrie.  Sa  femme,  la  princesse  Marie,  était  née  princesse  Liechtenstein,  et 
son  fils  aîné  Paul-Antoine,  qui  représenta  plus  tard  l'Autriche  à  Londres,  né 
în  nSô,  épousa  en  1312  la  princesse  Marie-Thérèse  de  la  Tour  de  Taxis. 

Le  prince  Nicolas  Esterhazy,  après  avoir  commandé  en  1797  les  troupes  de 
'insurrection  levées  en  Hongrie,  fut  envoyé  en  mission  en  1802  à  Saint- 
Pétersbourg,  puis  après  le  traité  de  Lunéville,  à  Paris  et  à  Londres.  Ce  fut 
jncore  lui  qu'on  avait  chargé  en  août  1814  d'une  mission  extraordinaire  à 
flome  et  à  Naples. 


302  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

On  dit  que  le  Congrès  ne  durera  pas  longtemps.  Veut- on 
finir  tant  d'affaires  à  la  manière  d'Alexandre  de  Macédoine  en 
coupant  le  Nœud  Gordien  ?  On  fera  des  mécontents  et  le 
nombre  en  est  déjà  effrayant.  Si  ce  n'est  que  pour  se  voir,  je 
ne  crois  pas  que  les  souverains  deviennent  meilleurs  amis  en 
buvant  et  mangeant  ensemble  1  Enfin,  mon  bon,  j'ai  peur, 
très  peur  que  la  fin  ne  détruise  le  commencement.  Espérons 
dans  la  Providence.  C'est  dans  tous  les  temps  notre  seule 
ressource. 

Pour  des  nouvelles  de  ce  pays,  il  serait  presque  ridicule  que 
je  vous  en  donne,  car  tout  est  concentré  sur  le  Congrès. 

La  guerre  d'Amérique  va  son  petit  train.  On  bat,  on  est 
battu,  on  recommence  le  lendemain  et  à  la  fin  de  la  semaine, 
on  est  aussi  avancé  que  le  premier  jour.  La  prise  de  Was- 
hington (1)  pourra  cependant  accélérer  la  paix  qui  se  traite  à 
Gand.  On  y  a  causé  aux  Américains,  ou  plutôt  au  gouverne- 
ment, une  perte  de  3  millions  de  livres  sterling,  ce  qui,  pour 
des  esprits  spéculatifs,  est  une  espèce  de  coup  de  grâce.  Ces 
Messieurs  se  sont  fort  mal  battus.  Ce  ne  sont  plus  les  Amé- 
ricains de  trente  ans  passés. 


392.  Berlin,  11  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

OMPÏEDA  (2)  au  COMTE  MUNSTER  {Intercepta)  (Analyse). 

Esprit  hostile  à  la  Prusse  des  populations  de  la  rive  gauche  du  Rhin 
et  favorable  à  l'union  de  la  Belgique  et  de  la  Hollande. 

Rapport  reçu  par  le  ministre  de  Russie,  M.  d'Alopeus  (3)  2 
sur  Fesprit,  manifestement  hostile  aux  Prussiens,  des  dépar- 1 
tements  de  la  rive  gauche  du  Rhin.  A  l'exception  de  quelques  | 
districts  du  département  de  la  Roer,  partout  jusqu'à  la  Nahe  i 

on  désire  être  annexé  à  la  Belgique.  Ainsi  agrandis,  les  Pays-  î| 

'< 

1.  Le  major-général  Ross  enleva  Washington  le  24  août  au  soir,  y  mit  le  ij 
feu  aux  principaux  édifices  publics,  et  se  retira  le  25  au  soir,  se  repliant  sur  " 
Benedict  où  il  arriva  le  29  et  où  il  rembarqua  ses  troupes  le  lendemain. 

2.  Ompteda  (baron),  ancien  ministre  de  Wcsphalie  à  Vienne,  passa  ensuite 
au  service  du  Hanovre  et  y  devint  ministre.  M 

3.  Alopeus  (David-Maximovitch, comte)  (1748-1822), ministre  plénipotentiaire  | 
de  Russie  à  Berlin.  Il  avait  été  en  1813  commissaire  général  des  armées  alliées  ;f 
pendant  la  campagne  de  Saxe  et  fut  pendant  quelque  temps  gouverneur  de  j^ 
la  Lorraine  en  1815. 


'h 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      303 

Bas  pourraient  constituer  un  tampon,  un  boulevard  contre  la 
France.  La  population  est  d'autant  plus  favorable  à  cette 
annexion  qu'elle  en  tirerait  de  gros  avantages  commerciaux. 


393.  Vienne,  17  octobre    1814  (F.  2.  4364  ad  3565). 

HAGER,  à  l'Empereur 

Bordereau  et  rapport  du  17  octobre. 

Il  lui  signale  entre  autres  deux  intercepta,  dont  les  origi- 
naux ont  été,  après  manipulation,  envoyés  à  destination. 


394.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2,  4264  ad  3565). 

Analyse  des  lettres  interceptées  de  Gaertner  au  comte  de 
Vlûnster,  de  lord  Castlereagh  à  lord  Cathcart,  Lamb(l),  Clan- 
3arty  et  à  la  Comtesse  Clary  (Invitations  à  dîner),  de  Stackel- 
jerg  à  Ruffo  (le  prie  de  faire  passer  une  lettre  à  Bressac  (2), 
lu  Nonce  à  Ott,  de  Stein  à  Hardenberg,  au  Comte  Salmour, 
i  la  Comtesse  Leiningen,  de  Stein  à  Friese  (envoi  de  la  copie 
l'un  mémoire  de  Hardenberg),  de  la  princesse  de  Thurn  et 
Taxis  au  colonel  von  Miltitz. 


P95.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565). 

Rapports  à  Hager  des  agents  chargés  de  la  surveillance  de 
btein,  Anstett,  La  Harpe,  Hardenberg,  comte  Bentinck,  Prince 

1.  Lamb  (Frédéric-James'»  (1782-1853),  vicomte  Melbourne,  secrétaire  de 
^gation  (1811)  et  chargé  d'affaires  par  intérim  à  la  Cour  des  Deux-Siciles, 
^crétaire  de  Légation  à  Vienne  (1813)  et  chargé  d'aîîaires  en  attendant  Tar- 
Ivée  de  Stewart,  ministre  plénipotentiaire  à  Munich  (1815-1820),  à  Madrid 
|825),  à  Lisbonne  (1827),  pair  d'Angleterre  avec  le  titre  de  baron  Beauvale 
1839),  il  se  retira  de  la  vie  politique  en  1841  et  épousa  au  mois  de  février  de 
lïtte  année  une  jeune  fille  de  22  ans,  la  comtesse  Alexandrine-Julia  (née  en 
kl8),  fille  du  comte  Maltzahn,  ministre  de  Prusse  à  Vienne. 
I2.  Doit  être  l'ancien  agent  de  M.  de  Breteuil  à  Naples  qui  se  disait  alors 
Ivesti  de  la  confiance  de  Marie-Caroline,  prêt  à  négocier  avec  la  France  pour 
Majesté  Sicilienne  et  qui,  comme  le  constate  du  Teil,  Rome,  Naples  et 
Directoire,  p.  88,  fit  tout  à  coup  son  ;apparition  à  Venise  vers  le  milieu 
décembre  1795. 


304  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

de  Tarente,  Prince  Eugène  (qui  a  dîné  deux  fois  chez  Marie- 
Louise  et  qui  lui  a  encore  écrit  hier),  duc 
Campochiaro,  Cariati,  Guicciardi,  Ghika. 


396.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3555). 

GCEHAUSEN  A  HAGER 

Wolkonsky,  Joséphine  Wolters  et  Louise  Schneider, 

Rapport  sur  les  relations  intimes  entre  le  prince  Wol- 
konsky et  Joséphine  Wolters  et  parfois  aussi  Louise  Schnei- 
der. La  Wolters  vient  presque  tous  les  soirs  chez  Wolkonsky 
à  la  Burg.  Les  autres  soirs,  elle  les  passe  au  théâtre  de  la 
LeopoldstadtjOÙ  elle  reçoit  dans  sa  loge  de  nombreuses  visites 
d'officiers. 


397.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Rapprochement  et  accord  entre  Talleyrand  et  Castlereagh.  Animosité  de 
Talleyrand  contre  les  flusses  et  les  Prussiens.  Bruits  relatifs  à  l'interpré- 
tation de  Tarlicle  VI  "du  traité  de  Paris,  à  la  Pologne  et  à  la  Conférence  du 
14  octobre. 

Talleyrand  et  Castlereagh  sont  de  nouveau  en  bons  termes. 
Talleyrand  est  toujours  très  monté  contre  les  Russes   et  les  f 
Prussiens.  ' 

J'ai   rencontré  Ruffo,   Salmour,  Saint-Marsan  et   Pozzo  di 
Borgo  chez  le  Prince  qui  est  maintenant  de  meilleure  humeur.  I 

Il  court  une  foule  de  bruits,  que  je  n'ai  pu  contrôler,  à  pro- 
pos de  l'article  6  du  Traité  de  Paris  relatif  à  la  Hollande,  de 
la  maison  d'Orange,  de  l'Allemagne,  comme  aussi  à  propos  des  h 
concessions  que  la  Russie  ferait  dans  l'affaire  de  Pologne  sur  r 
les  conseils  de  Castlereagh,  enfin  de  la  conférence  du  14  oc^ 
tobre,  qui  dura  de  1  heure  à  4  heures  et  a  été  consacrée  ai 
affaires  de  l'Allemagne  (1). 

1.   Premier  protocole   du   Comité   institué   pour  les  affaires   d'Allemagn^' 
(Séance  du  14  oct.  1814)  (Cf.  d'Angebbrg,  p.  289-290). 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      305 
398.  Vienne,  16  octobre  1815  (F.  2.  4264  ad  3565) 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Impression  défavorable  causée  par  la  déclaration  du  8  octobre.  Talleyrand  et 
le  grand-duc  Constantin.  Les  Russes  croient  à  un  accord  entre  l'Autriche 
et  la  France.  Alexandre  et  le  grand-duc  Constantin  très  montés  contre  l'An- 
gleterre. 

La  publication,  le  13  octobre,  par  la  Gazette  de  Vienne,  de 
la  déclaration  du  8,  a  fait  une  impression  nettement  défavo- 
rable. 

Lors  d'une  visite  que  Talleyrand  fit  récemment  au  grand- 
duc  Constantin,  celui-ci  lui  a  parlé,  quoiqu'en  plaisantant,  du 
fil  qu'il  donnait  à  retordre  ici. 

En  général,  j'ai  cru  remarquer  que  les  Russes  nous  sup- 
posent d'accord  avec  la  France.  Mais  quoiqu'ils  parlent  assez 
généralement  sur  tout,  ils  ne  parlent  jamais  de  l'Italie. 

Tout  ce  qui  entoure  l'Empereur  et  le  grand-duc  ne  cache 
point  leur  mécontentement  contre  l'Angleterre. 


399.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4254  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 


Conférence  et  projets  des  ministres  des  petits  Etats  allemands.  Gagern,  par- 
tisan de  la  Confédération  et  du  rétablissement  de  l'Empire  d'Allemagne. 


Rapport  sur  la  Conférence  (du  14)  des  ministres  des  petits 
Etats  allemands,  qui  aurait  abouti  à  une  entente  et  à  la  pré- 
sentation d'un  projet  remis  à  Metternich. 

Gagern  est  un  des  plus  ardents  partisans  de  cette  espèce 
.e  Confédération  qui,  en  y  comprenant  le  Hanovre,  s'étendrait 
neuf  millions  d'âmes.  Il  est,  de  plus,  partisan  du  rétablis- 
ment  de  l'empire  d'Allemagne,  dont  la  couronne  serait  ren- 
ie à  l'empereur  François. 


T.  I.  20 


306  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

400.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565). 

GœHAUSEN  à  HAGER 

La  réunion  de  l'Augarten,  les  adhésions  recueillies  par  les  12.  Les  projets 
des  délégués  des  petits  princes.  L'adresse  qu'ils  veulent  remettre  à  l'empe- 
reur d'Autriche  et  le  rétablissement  de  la  dignité  impériale. 

La  réunion,  qui  eut  lieu  le  12  dans  l'après-midi  à  l'Augarten,  | 
se  composait  de  douze  personnes,  à  savoir  ;  les  députés  des  -^ 
quatre  villes  libres  :  Hambourg,  Liibeck,  Brème  et  Francfort  ;  i 
les  deux  délégués  d'Oldenburg,  le  baron  Maltzahn  et  le  con- 
seiller antique  Mutzenbecher,le  conseiller  intime  de  Brunswick, 
von  Schmidt,  le  Mecklembourgeois   von    Plessen,  le  délégué 
de  Leiningen,  von  Schmitz  et  trois  autres. 

Ils  n'étaient  venus  là  que  pour  dîner  entre  amis,  comme  ils 
le  font  d'ordinaire  à  l'hôtel   Archiduc  Charles.  Mais  ce  sont 
aussi  les    mêmes  individus  qui  n'ont  qu'une  idée,  celle  de  !. 
rester  amis  et  de  se  prononcer  pour  le  rétablissement  de  la    j 
dignité  impériale  conférée  à  la  Maison  d'Autriche.  ij 

Je  viens  d'apprendre  de  façon  absolument  certaine  que  les  il 
Maisons  Ducales  de  Saxe,  la  Hesse-Cassel,  Nassau  et  Darms- 
tadt,  se  sont  joints  à  eux  afin  de  pouvoir  s'opposer  avec  plus  i 
de  force  aux  plans  et  à  l'influence  de  la  Bavière  et  de  la  Prusse  U 
qui  ne  partagent  pas  leurs  vues.  Ils   se  proposent  de  rédiger  p 
une  adresse,  dans  laquelle  ils  demanderont  à  notre  Empereur 
d'accepter  la  Couronne  Impériale,  adresse  qui  serait  présentée  i 
et  mise  à  l'ordre  du  jour  dès  l'ouverture  du  Congrès. 

C'est  là  un  fait  absolument  nouveau  qu'on  tient  strictemeni 
secret  et  dont  on  n'a  parlé  qu'aujourd'hui.  Comme  ils  so 
en  majorité,  et  comme  les  autres  petits  princes  se  joindre 
certainement  à  eux,  ils  pensent  que  leur  proposition  fera 
bruit  et  ne  pourra  être  rejetée.  Ils  veulent,  d'après  ce  qu' 
m'a  affirmé,  déjouer  les  projets  de  la  Prusse  et  de  la  Baviè 
qui  ne  cherchent  qu'à  s'agrandir  et  à  absorber,  en  outre  des  pe 
terres  des  princes  déjà  médiatisés,  les  possessions  d'autres  ma^J  ^ 
sons  princières,  à  faire  pièce  à  Bade  et  au  Wurtemberg  qui  Tmm^ 
se  sont  pas  encore  prononcés  et  qui  comptent  encore  sur  dvIfiiiL 
appuis  du  dehors,  et  comme  ils  ne  peuvent  guère  espérer  que  i^^, 
l'Angleterre  leur  viendra  en  aide,  ils  espèrent  du  moins  que 


I 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS      307 

cédant  au  vœu  exprimé  par  la  majorité  des  voix,  elle  se  ral- 
liera à  l'idée  de  rétablir  dans  les  limites  du  possible,  l'ancien 
ordre  de  choses. 


401.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3563). 

GOËHAUSEN  à  HAGER 


Les  délégués  des  petits  princes  chez  Metternich.  Bon  accueil  fait  à  leurs 
ouvertures.  Adhésions  qu'ils  recueillent.  Les  démarches  de  Gaertner. 


La  nouvelle  que  je  vous  ai  donnée  dans  mon  rapport  du  15 
s'est  vérifiée  et  a  déjà  eu  une  suite  qui  me  semble  heureuse. 
On  a  fait  choix  d'un  certain  nombre  de  personnes  qui  se  sont 
présentées  chez  Metternich  et  ont  reçu  chez  lui  un  accueil  en 
complet  accord  avec  leurs  désirs.  Ils  sont  tous  au  comble  de 
la  joie.  Le  comte  Keller,  de  Hesse-Cassel,  le  baron  Gagern, 
pour  les  maisons  d'Orange-Nassau,  Schmidt  von  Phiseldeck, 
de  Brunswick  ont  pris  la  parole.  Le  baron  Marschall  (pour 
Nassau),  le  baron  Tûrkheim  (Hesse-Darmstadt),  Maltzahn  et 
Mutzenbecher  (Oldenburg),  Schmitz  (Leiningen),  les  députés 
des  villes  libres  les  accompagnaient  ainsi  que  le  baron  Gers- 
dorff  (Weimar),  de  sorte  qu'à  l'exception  de  la  Prusse,  de  la 
Bavière,  du  Wurtemberg,  et  de  Bade  tous  les  anciens  princes 
du  Saint-Empire  étaient  représentés  lors  de  cette  audience,  et 
[se  déclaraient  complètement  d'accord  avec  un  projet  qu'ils 
Isoumettaient  au  nom  de  neuf  millions  d'âmes. 

On  me  dit  que  Bade  est  en  train  d'adhérer  à  ce  projet  en 
[faveur  duquel  Gagern  ne  cesse  de  se  démener.  Le  14,  il  y 
ivait  tout  près  de  vingt  personnes  réunies  à  cet  effet  chez  lui, 
ît  on  a  envoyé,  soit  des  lettres  par  la  poste,  soit  mêmes  des 
îourriers  à  plusieurs  des  princes  qui  ne  sont  pas  présentés  à 
'^ienne,  tels  par  exemple,  les  princes  de  Lippe-Detmold  et  de 
Jûckeburg. 

Aujourd'hui  16,il  y  a  de  nouveau  une  conférence  chez  Gagern. 

jB  conseiller  intime  Gaertner,  quoique  n'ayant  pas  assisté  à  cette 

réunion,  n'en  travaille  pas  moins  dans  le  même  sens  et,  d'après 

le  rapport,  en  date  du  14,  des  agents  chargés  de  sa  surveillance, 

a  agi  auprès  de  ses  commettants,  les  princes  de  Hohenlohe, 


308  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

de  Lœwenstein  et  de  Neuwied  et  la  princesse  de  Fûrstenberg, 
chez  laquelle  il  y  eut  même  une  conférence  qui  ne  dura  pas 
moins  de  trois  heures. 


402.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565). 

E...  à  HAGER 

Rapport  détaillé  sur  la  Conférence  du  14  octobre  tenue  chez  Gagern  et  sur 
l'envoi  du  comte  Keller  chez  Metternich. 

Hier,  il  y  a  eu  chez  le  baron  Gagern  une  réunion  de  ministres 
et  de  délégués  au  Congrès,  à  laquelle  ont  pris  part,  sur  invita- 
tion spéciale, les  représentants  de  la  Hesse-Electorale,  de  Hesse- 
Darmstadt,  de  Brunswick-Liineburg,  des  Maisons  de  Saxe  et 
d'Anhalt,  des  villes  hanséatiques  et  de  quelques  Etats  secon- 
daires. Quelques-uns  d'entre  eux  dînèrent  chez  Gagern  ;  d'au- 
tres ne  vinrent  qu'après  le  repas.  A  tous,  Gagern  communiqua 
une  note  qui  devait  être  remise  à  la  Chancellerie  d'Etat  après 
avoir  été  revêtue  de  leurs  signatures.  Mais  cette  note  était 
conçue  dans  un  ton  si  agressif  et  si  violent  qu'on  la  rejeta  à 
l'unanimité.  Il  paraît  qu'on  y  disait  aux  ministres  des  Quatre 
qu'ils  n'avaient  pas  le  droit  de  trancher  à  eux  seuls  les  affaires 
de  l'Allemagne  et  qu'avant  de  rien  décider  il  fallait  qu'on  eût 
un  Empereur  d'Allemagne  et  que  cet  Empereur  ne  pouvait  être 
que  l'Empereur  d'Autriche  (1). 

Gagern  prit  la  parole  au  cours  de  cette  réunion  et  s'efforça  '" 
pendant  plus  d'une  heure  et  demie  de  démontrer  aux  assis-  i  ■ 
tants  qu'il  fallait  un  Empereur  à  l'Allemagne,  que  cet  emp^L 
reurne  pouvait  être  que  l'Empereur  François  et  queleshommePf 
d'Etat  étrangers  n'avaient  pas  à  intervenir  dans  le  règlement  !*, 
des  affaires  allemandes.  On  se  rallia  à  ses  idées,  mais  on  char- 
gea cependant  le  comte  Keller  de  se  rendre  préalablement  ; . 
chez  Metternich  et  de  lui  demander  de  confirmer  l'autorisation  i/ 
que  Plessen  (Mecklembourg)  affirmait  avoir  reçue  de  lui  et  de 
déclarer  qu'en  effet  on  soumettrait  à  une  discussion  génér 
tout  ce  qui  aurait  trait  à  la  Constitution  de  l'Allemagne.  PI 

1.  Cf.  Gagern,  Mein  Antheil  an  der  Politik.,  Il,  204. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      309 

sieurs  des  assistants  insistèrent  sur  la  gravité  de  cette  démarche, 
sur  la  prudence  avec  laquelle  il  convenait  de  la  faire  afin  de 
ne  pas  indisposer  la  Russie,  de  ne  pas  créer  un  conflit  entre 
la  Russie  et  l'Autriche,  enfin  sur  la  nécessité  de  sonder  avant 
tout  la  Cour  de  Vienne.  On  résolut  de  ne  prendre  une  résolu- 
tion qu'après  avoir  entendu  le  rapport  du  comte  Keller  et  on 
se  sépara  à  sept  heures  du  soir. 
Bade  n^était  pas  représentée  à  cette  conférence. 


403.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565}. 

ee  à  HAGER 

Les  concessions  que  Castlereagh  aurait  arrachées  à  la  Russie 
Considérations  sur  la  conférence  du  14  et  sur  les  affaires  allemandes. 

Hier,  on  avait  l'air  de  croire  qu'on  restituerait  à  l'Autriche 
la  Galicie  occidentale,  à  la  Prusse  une  partie  de  ses  anciennes 
possessions  polonaises  et  que  la  Russie  se  décidait  à  céder  sur 
les  instances  de  lord  Castlereagh.  S'il  en  est  ainsi,  le  roi  de 
Saxe,  quoique  fortement  amputé,  pourra  continuer  à  exister, 
et  on  aura  épargné  à  l'Europe  la  honte  d'avoir  anéanti  et 
dépossédé  la  dynastie  saxonne. 

Pour  ce  qui  est  de  la  conférence"  du  Congrès  d'avant-hier 
14  (1),  voici  ce  que  j 'ai  pu  en  savoir  :  Elle  a  duré  de  une  heure  à 
quatre  heures.  Elle  a  eu  pour  objet  l'organisation  intérieure  d'un 
nouveau  système  fédératif  des  gouvernements  allemands.  On 
y  a  vaguement  parlé  d'un  simulacre  (sic)  d'empereur  hérédi- 
taire allemand  ou  d'un  chef  suprême  de  la  Confédération.  Mais 
le  projet  n'a  été  accepté  qiïad  référendum. 

Voici  d'ailleurs  ce  que  j'ai  entendu  dire  de  ce  projet  : 
Avant  1792  et  pendant  tout  le  temps  des  guerres  de  la  Révo- 
lution française  jusqu'en  1805-1806,  la  couronne  du  Saint- 
Empire  romain  a  été  un  véritable  fardeau  pour  l'Autriche. 
Pourquoi  en  1814  et  au  profit  de  qui  l'Autriche  accepterait- 
elle  un  semblant  d'Empire  héréditaire  et  le  protectorat  per- 
pétuel de  la  Confédération  de  l'Allemagne,  de  cette  Confédé- 


1.  Cf.  D'Angeberg,  289.  Protocole  de  la   premiers  séance  du   Comité  des 
Affaires  allemandes. 


310  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

ration  dans  laquelle  les  différents  Etats  se  jalouseront  ; 
naturellement,  d'abord  entre  eux,  puis  intrigueront  contre  | 
l'Autriche,  et  enfin  et  surtout  contre  le  chef  de  la  Confédéra- 
tion qui  n'aura  ni  les  moyens,  ni  les  pouvoirs  indispensables 
pour  se  faire  écouter  et  obéir  ?  Quel  appui  les  petits  Etats 
pourront-ils  trouver  dans  un  chef  qui  n'a  en  réalité  aucune 
prérogative,  aucun  moyen  d'imposer  sa  volonté  ?  Pour  l'Au- 
triche la  dignité  impériale  n'est  qu'une  question  de  vanité,  de 
prestige,  une  source  de  grosses  dépenses  et  de  continuels 
embarras. 

La  conception  d'une  Confédération  allemande  ne  saurait  se 
concilier  avec  l'existence  d'un  Empire  allemand  héréditaire.  La 
coterie  Stadion   est  naturellement  très  hostile  à  ce  projet  et 
serait  désolée  de  voir  Metternich  assurer  à  la  Maison  d'Autriche 
la  couronne  héréditaire  de  l'Empire  allemand,  dont  le  comte  J 
Stadion  a  si  légèrement  dépossédé  notre  cour.  Les  mêmes  par-  '% 
sonnes  qui  déblatéraient  encore  le  13  contre  Metternich,  qui 
lui  reprochaient  de  ne  rien  faire  pour  restituer  la  couronne 
impériale  à  la  Maison  d'Autriche,  ces  mêmes  personnes,  depuis 
qu'elles  ont  connaissance  de  ce  qui  s'est  passé  lors  de  la  con-    | 
férence  du  14,  déclarent  aujourd'hui  que  ce  serait  une  véritable 
calamité  pour  l'Autriche  si  son  Empereur  devenait  VEmpe- 
reuT  héréditaire  d'Allemagne. 


404.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4264  ad  3565), 

Nota  à  HAGKR  (en  français). 

L'opinion  de  Capo  d'Istria  sur  Gastlereagh,  Murât,  Naples  et  TAutriche.  Le» 
craintes   de  l'Autriche.   Les   projets  de   Murât.    L'avenir  troublé  et  l'étaK; 
actuel  de  l'Italie.  Un  mot  de  Pozzo  di  Borgo  sur  Napoléon. 

Castlereagh  n'est  (d'après  Capo  d'Istria)  qu'un  homme- 
habile  pour  parler  à  la  Chambre,  mais  en  somme  de  peu  de 
moyens  et  qui  ne  connaît  que  l'Angleterre.  Les  autres  membres 
du  ministère  ne  valent  pas  plus. 

Si  Murât  (toujours  d'après  Capo  d'Istria)  reste  à  NapI 
c,'est  que  l'Autriche  le  veut  et,  si  elle  le  veut,  ce  n'est  pas  pi 
caprice,  mais  par  un  faux  raisonnement.  Elle  craint  les  Bour- 
bons et  croit  qu'en  conservant  Murât  à  Naples  elle  s'assure  la 

■WÀ 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET    LES   AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS       311 

possession  tranquille  du  reste  de  ritalie.Tout  homme  qui  con- 
naît ce  pays,  Murat,  la  situation  actuelle  de  l'Europe  et  les  opi- 
nions qui  l'agitent,  sait  combien  ce  raisonnement  est  faux. 
Murat  promettra  tout,  mais  il  attendra  le  moment,  préparera 
ses  moyens,  et  puis  il  dira  aux  Italiens  :  Me  voici,  chassons 
les  Allemands  et  soyons  Italiens. 

Italie  !  Italie!  ce  sera  le  cri  d'un  bout  à  l'autre,  et  bientôt 
la  grande  affaire  sera  faite  que  les  Bourbons  n'auraient  jamais, 
ni  pensé,  ni  voulu,  ni  su  faire  si  on  leur  rendait  leurs  Etats 
dans  la  Péninsule.  Est-il  possible  que  l'Italie,  gouvernée  sévè- 
rement par  les  Allemands  à  l'Allemande  et  faiblement  gou- 
vernée par  le  Pape,  organisée  à  la  Française  au  Midi  par 
Murat,  puisse  rester  longtemps  dans  un  pareil  état  ?  Je  crois 
la  chose  sans  remède,  et  je  plains  l'Italie,  car  elle  aura  une 
grande  secousse  à  supporter,  tandis  qu'en  rendant  Naples  à 
Ferdinand,  celui  ci  n'aurait  cherché  qu'à  rester  tranquille 
chez  lui. 

Capo  d'Istria  ajouta  :  «  On  se  trompe  fort  si  l'on  croit  que 
«  l'Italie  est  tranquille  et  contente.  Il  y  avaitune  seule  manière 
«  de  la  calmer.  Un  gouvernement  raisonnable  et  libéral,  au 
«  moins  dans  les  formes,  un  Roi  sans  ambition  à  Naples, 
«  alors  l'Italie  se  serait  calmée  peu  à  peu.  Laissez  faire  Murat, 
«  et  vous  verrez  ce  qui  arrivera.  » 

Je  vous  répète  ce  que  Pozzo  di  Borgo  disait  ce  soir  :  «  Le 
grand  Coquin  est  par  terre  à  Vile  d'Elbe.  Le  grand  point  est 
gagné.  Moquons-nous  du  reste  et  laissons  faire.  » 


405.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  18  octobre.  Envoi  de  la  liste,  de  la  copie 
ou  de  l'analyse  des  intercepta  du  17  octobre. 

Lettres  interceptées  de  Stein  au  Comte  Solms-Laubach. 
Une  note  du  ministre  des  Affaires  étrangères  de  Russie  à 
Khanikoff(l)  (Saint-Pétersbourg,  5-17  septembre). 

1.  Khanikoff  (Vassili  Vassilievitch,  général  de)  Ministre  de  Russie  en  Saxe 
et  auprès  de  plusieurs  autre»  petites  cours  allemandes  en  1818.  «  Ce  vieux 
célibataire,  dit  de  lui  Cusst,  qui  le  rencontra  en  1821  (Souvenirs,  I,  344),  spi- 
rituel et  galant,  façonne  sans  difficulté  de  jolis  vers  français  et  tâche  de  res- 
ter jeune  le  plus  longtemps  possible.  » 


312  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

Une    lettre    de  Lœwenhielm  à  Humboldt  (demande  d'au 
dience). 

Une  lettre  de  Gastlereagh  au  ministre  de  la  Guerre,  rela-    ; 
tive  aux  équipages  de  sa  femme. 


406.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapports  du  17  octobre,  surveillance  de  l'ambassade  de  Rus- 
sie, Stein,  Anstett,  la  Harpe,  Hardenberg,  Gaertner,  Klûber, 
Bœhnen,  Talleyrand,  Labrador,  prince  Eugène,  Aldini  (qui  a 
été  le  15  chez  Eugène  et  chez  l'archiduc  Charles,  et  Goupy. 


407.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565), 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  Marie-Louise.  Dîner  qu'elle  a  donné  le  10. 
Emploi  de  sa  journée  du  16. 

Gentz,  Stadion,  Pappenheim,  Wenzel  Liechtenstein,  la  du- 
chesse de  Sagan  et  la  comtesse  Clare  ont  dîné  le  10  chez 
Marie-Louise. 

Le  16,  Marie-Louise  est  allée  en  ville  avec  Bausset,  M"""  de 
Brignoleet  Neipperg  chez  la  Reine  de  Bavière,  puis  au  Manège 
Impérial  et  de  là  chez  l'Empereur. 


408.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

Effet  produit  sur  les  petits  Etats  par  la  remise  du  Congrès  et  les  bonnes  dis- 
positions de  l'Autriche  à  l'égard  de  la  Bavière.  Le  découragement  de 
Stein. 

La  remise   du  Congrès  a  causé  un  très  vif  émoi  parmi  lel 
ministres    des    puissances    secondaires,    surtout    parmi    les 
Saxons.    L'Autriche   leur   paraît  aussi    trop   favorable    à   lai 
Bavière.  On  prétend  que  Stein  est  absolument  découragé  par 
la  tournure  prise  par  les  Affaires  d'Allemagne. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       313 
409.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

W...  à  HAGER 

On  compte  peu  sur  les  résultats  du  Congrès.  La  Prusse,  la  Russie  et  la  Pologne. 

On  fonde  maintenant  bien  peu  d'espoir  sur  la  réunion  du 
Congrès  et  sur  ce  qui  en  résultera. 

Zerboni  di  Sposetti  m'a  confié  que  la  Prusse  ne  serait  pas, 
en  principe,  hostile  au  rétablissement  du  royaume  de  Polo- 
gne. Mais  elle  réclamerait  alors  une  rectification  de  frontière, 
qui  serait  toute  autre  que  celle  résultant  du  traité  de  Tilsitt, 
et  prétendrait  à  des  arrondissements  surtout  du  côté  de  Posen, 
Thorn  et  Danzig  (1). 


410.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

D'Araay.  Son  opinion  sur  le  Congrès  et  sur  les  chances  d'établissement 
du  prince  Eugène. 

D'Arnay  (2)  croit  que  dans  quinze  jours  il  sortira  quelque 
chose  du  Congrès_,  dont  les  bases  sont  fixées. 

On  serait  d'accord  pour  donner  un  établissement  au  prince 
lEugène.  On  ne  sait  si  c'est  en  Italie  ou  ailleurs,  peut-être  les 
[trois  Légations. 

Le  prince  Eugène  a  dîné  le  15  chez  l'Empereur  qui  a  été 
Itrès  affectueux  pour  lui  et  le  16  chez  Tempereur  Alexandre.  Il 
laura  quelque  chose  en  Italie  ou  sur  le  Rhin. 


1.  Cf.    Kluber.  Akten,    etc.,  VIII,  204  et   suiv.  Le  traité  du  30  mars  1815 
antre  la  Prusse  et  la  Russie. 

2.  D'Arnay  (Antoine,  baron),  appelé  en  Italie  par  le  Prince  Eugène  pour  y 
smplir  les  fonctions  de  secrétaire  de  son  cabinet  qu'il  occupa  pendant  sept 

ins,  devint  ensuite  directeur  général  des  postes  du  royaume.  Homme  grave 
|3t  froid,  il  s'était  rendu  très  impopulaire  à  Milan.  Très  dévoué  au  Prince 
Sugène,  il  était  avec  Méjan  l'un  des  propriétaires  du  journal  II  Corriere  Mi- 
lanese. 


314  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

411.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  espions  d'Eugène  à  Milan.  Progrès  du  parti  de  Murât  et  affaiblissement 
du  parti  autrichien  en  Lombardie. 

Il  y  a  au  delà  de  trois  mois  que,  sur  les  affirmations  de  Gas- 
tiglia  (1)  et  d'autres,  j'avais  averti  que  les  trois  espions  de 
Beauharnais  se  retrouvaient  à  Milan.  On  m'écrit  que  c'est  le 
parti  de  Murât  qui  se  renforce  davantage  et  que  si  lors  de 
l'arrivée  des  Autrichiens  1.000  Lombards  s'en  réjouissaient, 
à  présent  il  n'y  en  a  pas  500. 


412.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER  (en  français). 

Les  Indépendentistes,  leur  origine,  leur  but,  leurs  progrès. 
Similitude  avec  le  Tiigendbnnd. 

Les  Indépendentistes.  Ce  sont  tous  des  maçons  qui  cher- 
chent à  présent  à  former  la  nouvelle  société,  les  Indépendeîi- 
tistes.  Les  Napolitains  l'ont  créée  à  Ancône.  Elle  se  propage 
et  a  répandu  le  livre  dont  je  vous  ai  parlé  dernièrement 
imprimé  à  Novare.Au  fond,  cette  Société  ressemble  beaucoup 
à  celle  des  Amis  de  la  Vertu  {Tugendbund)  qu'on  avait 
formée  en  Prusse  pour  délivrer  l'Allemagne  des  Français.  On 
veut  à  présent  s'en  servir  pour  délivrer  l'Italie  des  Autri- 
chiens et  de  toute  influence  étrangère. 


1.  Castilla  (Carlo  de)  un  des  agents  de  la  police  du  royaume  d'Italie,  puis 
du  gouvernement  autrichien  (Cf.  Gallavresi.  CaricsTgrio  ConfalonierijU,  524 
et  qui  devint  un  des  deux  conseillers  au  tribunal  de  Milan. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET  LES  AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS       315 
413.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

NOTA  à  HAGER 

Alexandre,  Metternich,  la  princesse  Bagration.  La  Prusse  et  le  sort  de  la 
Saxe  et  de  la  Pologne.  Le  véritable  auteur  du  mémoire  du  prince  de 
Piombino  sur  l'Ile  d'Elbe. 

Alexandre,  qui  avait  Tair  de  ne  pas  trop  distinguer  Met- 
ternich en  public,  l'a  beaucoup  distingué  avant-hier  au  bal  de 
la  princesse  Esterhazy.  Il  lui  a  parlé  très  longtemps  d^un  air 
très  content  et  très  confidentiel.  Cela  a  fait  beaucoup  de  sen- 
sation. 

On  sait  que  depuis  quinze  jours  Metternich  n'a  pas  mis  les 
pieds  chez  la  princesse  Bagration.'On  en  ignore  la  raison  que 
tout  le  monde  devine. 

Les  secrétaires  des  ministres  prussiens  savent,  ou  croient 
savoir,  que  la  Saxe  est  à  eux.  Ils  me  Font  dit  confidentielle- 
ment à"  moi  et  à  d'autres.  Je  leur  ai  dit  :  «  Il  faut  donc  que  le 
sort  de  la  Pologne  soit  aussi  décidé.  » 

Ils  rii'ont  répondu  qu'on  ne  le  croyait  pas,  et  comme  je  leur 
ai  dit  alors  :  «  Vous  aurez  la  Lusace,  pas  plus.  » 

«  Non,  me  dirent-ils,  la  Saxe  entière.  » 

L'avocat  Vera,  quoique  très  habile  homme,  envoyé  du  prince 
de  Piombino,  n'a  pas  cru  devoir  faire  lui-même  son  mémoire  (1), 
par  lequel  il  réclame  l'Ile  d'Elbe  et  ses  revenus  arriérés  que 
Napoléon  lui  a  pris.  C'est  Bartholdi  qui  l'a  rédigé  et  on  me 
dit  qu'il  est  très  bien  fait. 


414.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  ad  4014  ad  3565). 

Rapport  (2)  à  HAGER  (en  français). 

Les  Prussiens  et  Metternich.  Les  matinées  du  prince.  La  duchesse  de  Sagan. 
Stadion.  Schwarzenberg.  Ugarte.  La  Prusse  a  beau  jru  en  Allemagne. 

Les  Prussiens  et  surtout  la  bande  de  Humboldt,  tout  comme 

1.  Gf  d'Angeberg,  1,376  et  KLiiBER,4»  cahier,  page  80.  Mémoire  présenté  par 
ion  Louis  Buon, accompagne  Ludovisi,  prince  de  Piombino  et  de  l'Ile  d'Elbe, 
111  Congrès  de  Vienne,  octobre  1814. 

.  2.  Ce  rapport,  comme  l'indique  une  note  au  crayon  de  Hager,  fut,  à 
«use  de  la  personnalité  de  son  auteur,  l'objet  d'un  rapport  spécial  à  l'Em- 
ïereur  et  lui  a  été  présenté  à  part. 


316  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

le  Comte  Schulenburg,  se  sont  fort  mal  exprimés,  lors  du 
dîner  donné  le  14  octobre  par  le  Duc  Albert  (1)  sur  le  compte 
de  Metternich,fou  d'amour,  d'orgueil  et  d'amour-propre,  per- 
dant toutes  ses  matinées,  ne  se  levant  qu'à  dix  heures  pour 
courir  de  suite  soupirer  chez  la  Sagan,  ayant  à  peine  le 
temps  de  recevoir  trois  ou  quatre  des  quarante  personnes  qui 
veulent  lui  parler  et  faisant  attendre  pendant  des  heures 
Hudelist,  Gentz,  etc.,  etc.  Et  cependant  il  a  la  prétention  de 
gouverner  le  monde.  Il  est  vrai  qu'il  j  a  quatre  ans  il  décla- 
rait dans  ses  lettres  de  Paris  qu'il  avait  fondé  la  paix  uni- 
verselle. 

Stadion  ne  comprend  rien  aux  finances,  mais  son  amour 
pour  la  bigotterie(5fc.)et  sa  coquetterie  pour  les  femmes  l'em- 
pêcheraient de  toute  façon  de  mener  un  département.  Schwar- 
zenberg  est  trop  indolent  et  sacrifie  tout  à  une  chasse,  et 
Ugarte  (2)  est  nul  et  inactif. 

La  Prusse  a  donc  beau  jeu  pour  faire  triompher  ses  idées 
et  jouer  le  premier  rôle  en  Allemagne. 

Tout  le  monde  doit  le  désirer  du  reste  puisqu'il  n'y  a  rien 
à  espérer  de  l'Autriche. 


415.  Vienne,  14  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Les   confidences  de   la   princesse   Bagration  à   Alexandre.  Metternich 
et  la  duchesse  de  Sagan.  Julie  Zichy,  François  Palfîy  et  la  Bigottini. 

La  Bagration,  pour  se  venger  de  l'infidélité  de  Metternich,^ 
a  raconté  tout  ce  qu'elle  sait,  d'un  côté  à  Alexandre,  de  l'autre! 
à  la  Harpe,  Ojarow^ski,  Anstett  et  Nesselrode. 

Metternich  essaye  de  se  consoler  des  rebuffades  de  la  Sagan^ 
Il  n'y  est  pas  allé  hier  soir,  et  il  fait  une  cour  assidue  à  Julie 
Zichy.  On  s'en  réjouit  parce  que  personne  n'est  aussi  intrigant 
que  la  duchesse  de  Sagan  et  qu'elle  lui  fait  perdre  trop  de  tempsj 
Quant  à  Julie  Zichy,  elle  est  trop  pieuse  et  trop  réellemenf 
vertueuse  pour  qu'il  réussisse  auprès  d'elle. 

1.  Albert,  duc  de  Saxe-Teschen,  veuf  de  l'archiduchesse  Marie-Chi'istine. 

2.  Chancelier  de  Bohême  de  1802  à  1810,  le  Comte  Ugarte  était  ministre 
d'Etat  et  de  Conférence  et  Oberster  Kanzler,  c'est-à-dire  ministre  de  l'In- 
térieur. 


jHk 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS       317 

Wenzel  Liechtenstein,  le  jeune  comte  de  Schulenburg, 
l'aide  de  camp  de  Schwarzenberg,  et  le  prince  Louis  de  Rohan 
sont  ceux  dont  il  se  sert  pour  les  missions  intimes  et  secrètes, 
le  premier  surtout  pour  ses  affaires  de  femmes. 

Les  amours  de  François  Palffy  et  de  la  Bigottini  tirent  à 
leur  fin.  Il  lui  a  offert  6.000  francs  de  rente  viagère.  Elle 
réclame  le  capital  ou  la  garantie  de  cette  rente  assurée,  jus- 
qu'à son  mariage,  à  sa  fille  qu'elle  adore. 

Le  comte  Ferdinand,  son  frère,  était  tout  prêt  à  le  faire  dans 
l'intérêt  du  comte  François  qui,  en  continuant  son  genre  de 
vie  actuel,  risque  fort  de  manger  toute  sa  fortune.  Mais  on  n'a 
pas  pu  arriver  à  une  solution  et  maintenant  on  se  boude  et  il 
y  a  du  froid  entre  tous  les  intéressés. 


416.  Vienne,  16  octobre  1814, F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (ea  français). 

Les  amours  de  la  princesse  Bagration  et  du  prince  Charles  de  Bavière.  Les 
bals.  Alexandre  demande  à  l'auteur  de  ce  rapport  d'en  donner  un.  Le 
voyage  de  Hongrie.  Les  flirts  de  l'empereur  Alexandre.  Marie-Louise  et 
Parme. 

La  Bagration,  qui,  malgré  sa  jalousie  contre  la  Sagan,  a  eu 
à  Baden  des  faiblesses  passagères  pour  les  jeunes  comtes 
Schœnfeld  (1)  et  Schulenburg,  a  jeté  maintenant  son  dévolu 
sur  le  prince  Charles  de  Bavière  (2)  qui  passe  de  longues 
heures  chez  elle.  La  chose  est  si  connue  qu'au  bal  chez  la 
princesse  Esterhezy^  les  deux  grandes-duchesses  (3)  en  ont 
beaucoup  ri  avec  le  grand- duc  Constantin. 

A  cause  des  différents  bals  chez  Metternich  le  18  ;  jeudi 
(le  20)  chez  Stackelberg,  samedi  le  22  chez  le  comte  Charles 
Zichy,  lundi  21  chez  Metternich,  on  ne  sait  quand  aura  lieu 
le  voyage  des  souverains  en  Hongrie. 

La  Bagration  veut  encore  en  donner  un  et  toutes  les  dames 
me  tourmentent  pour  que  j'en  donne  un.  L'Empereur 
Alexandre^  lui  aussi,  m'en  a  parié. 

Alexandre  s'occupe  de  nouveau  beaucoup  de  la  comtesse 

1.  Attaché  à  l'ambassade  d'Autriche  à  Berlin. 

2.  Second  fils  du  roi  Maximilien- Joseph. 
S.  Les  grandes  duchesses  Marie  et  Catherine. 


318  AUTOUR  DU   CONGRÈS  DE    VIENNE 

Esterhazy-Roisin,  de  Sophie  Zichy  et  de  la  princesse  Gabrielle 
Auersperg  (1).  Il  danse  et  parle  beaucoup  avec  la  princesse 
Maurice  Liechtenstein  et  la  jeune  Szechenyi.  Les  deux  pre- 
mières croient  déjà  qu'elles  l'ont  pris  dans  leur  filet;  mais 
les  autres  se  rendent  compte  que,  comme  à  Francfort  et  ail- 
leurs, il  ne  s'agit  là,  pour  Alexandre,  que  d'une  pure  affaire  de 
coquetterie. 

En  réalité,  depuis  qu'il  est  ici,  il  n'a  passé  quelques  nuits 
que  chez  la  Bagration.  Peut-être  aussi  Tchernitcheff  (j'ai  moi- 
même  entendu  ce  qu'il  disait  à  ce  propos  confidentiellement  à 
Alexandre)  lui  a-t-il  aussi  procuré  quelques  filles  de  joie. 

Je   sors  de  chez  l'impératrice    Marie-Louise  qui  m'a  reçu 
très  gracieusement.  La  Brignole  (2),  lorsque  j'ai  été  seul  avec  | 
elle,  m'a   parlé  du  désir  de  l'Impératrice  d'avoir  au    moins 
Parme.  Bausset  (3)  a  l'air  très  mécontent.   Méneval  (4)  est 
très  lié  avec  la  Brignole. 


417.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Alexandre  1"  et  la  comtesse  Esterhazy,  née  Roisin.  Mot  de  Talleyrand 
sur  l'attitude  des  souverains  à  son  égard. 

Sa  Majesté  l'Empereur  de  Russie  paraît  s'attacher  à  la 
comtesse  Esterhazy,  née  Roisin.  Elle  prétend  qu'il  n'y  a  pas 
de  prince  plus  aimable  que  ce  monarque.  «  Il  joint,  dit-elle, 
la  vivacité  française  à  la  tranquillité  russe,  ce  qui  fait  de  Sa 
Majesté  l'homme  le  plus  parfait.  » 

D'autre  part  Alexandre  trouve  que  parmi  les  dames  de  la 
haute  noblesse  il  ne  s'en  trouve  guère  d'aussi  attrayante  par 
sa  conversation  que  la  comtesse,  ce  qui  ne  manque  pas  de  cau- 
ser bien  de  la  jalousie  parmi  ces  dames. 

1.  Auersperg  (Gabrielle,  princesse,  née  Lobkowitz)  (1793-1S63).  Elle  avait 
épousé  le  prince  Vincent  Auersperg,  mort  peu  de  temps  après  son  mariage 
en  1812. 

2.  Dame  du  Palais  de  l'Impératrice,  belle-sœur  de  Dalberg,  morte  à  Schœi 
brunn  en  mars  1815. 

3.  Préfet  du  Palais  Impérial,  il  suivit  Marie-Louise  à  Vienne. 

4.  Méneval  (François-Claude,  baron  de)  (1778-185*3)  secrétaire  du  PortefeuiHj 
de  l'Empereur.  D'abord  secrétaire  de  Joseph,  il  entra  en  1802  au  cabinet 
Napoléon.  Baron   de  l'Empire  en  1812,   il   fut  nommé  maître  des  requêtes  j 
même  année. 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES    AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       319 

Talleyrand  a  dit  chez  le  prince  de  Ligue  :  «  Sa  Majesté  le 
roi  de  Prusse  me  boude,  l'empereur  de  Russie  ne  me  dit  rien 
et  Tempereur  d'Autriche  m'évite.  » 


418.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad.  3565). 

Parmi  les  nombreuses  lettres  interceptées  et  les  chiffons  ramassés  à  cette  date 
chez  Dalberg  (1)  se  trouvait,  entre  autres,  la  minute  de  la  dépêche  N°  3  bis 
des  ambassadeurs  du  Roi  au  Congrès  au  minis  re  des  Affaires  Étrangères, 
de  Vienne  le  4  octobre  1814,  publiée  depuis  par  \e  Duc  de  Broglie  {Mémoi- 
res du  Princede  Talleyrand.  T.  II,  Pages  314-317),  à  l'exception  du  dernier 
paragraphe  ci-dessous,  qui  a  du  reste  été  simplement  biffé  sur  l'Intercepta. 

«  Les  deux  lettres  ci-jointes,  n"  5  et  6,  nous  ont  été  remises 
par  S.  A,  R.  Monseigneur  le  duc  Antoine  de  Saxe  pour  être 
remises  à  S.  A.  R.  Madame  la  duchesse  d'Angoulême.  » 


419.  Vienne,  30  septembre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à  la  DUCHESSE  (2)  (Intercepta). 

Elle  ne  doit  pas  regi-etter  de  ne  pas  être  à  Vienne.  Accueil  qu'on  lui  a  fait 
et  emploi  de  son  temps. 

J'ai  reçu,  ma  chère  amie,  tes  trois  lettres  jusqu^au  19  inclus. 
Je  me  trouve  maintenant  presque  établi,  mais  je  t'assure  que 
tu  n'as  pas  à  regretter  à  ne  pas  être  ici. 

Massino  (ou  Messina)  ?  s'ennuie  à  ne  pas  savoir  remplir  sa 
Ijournée.  Il  nV  a  aucune  maison  à  Vienne  qui  accueille  les 
jétrangers  et  la  cohue  est  si  grande  qu'elles  ne  le  peuvent. 

1,  Les  pièces  qui  suivent  constituent  l'ensemble  des  prises  faites  à  ce 
Inttoment  chez  Dalberg,  tant  en  fait  d' Intercepta  que  de  Chiffons.  Je  n'ai  pas 
loru  devoir  suivre  ici  l'ordi-e  strictement  chi'onologique,  parce  qu'il  m'a  semblé 
Iplus  utile  et  plus  intéressant  de  donner  sans  interruption  toutes  les  lettres, 
|tous  les  billets  adressés  aux  mêmes  personnes  ou  provenant  des  mêmes  cor- 
respondants. 

2.  Dalberg  avait  épousé  le  27  février  1808,  Marie-Pellegrina-Thérèse-Gathe- 
ine  de  Brignole-Sale,  fille  du  marquis  deBrignole-Saleet  d'Anne-Marie  Gas- 

pde-Vincenti  Ficri,  comtesse  de  Brignole  et  de  l'Empire,  La  duchesse  de 
)alberg  était  la  sœur  du  marquis  de  Bi'ignole,  qui  fut  ambassadeur  à  Paris, 
et  de  la  comtesse  Marescaldi. 


320 


AUTOUR    DU  CONGRÈS  DE    VIENNE 


Antoine  (1)  s'occupe  beaucoup  de  ses  affaires  et  je  ne  sais 
pas  encore  s'il  j  réussira. 

Ma  vie  se  passe  encore  en  visites,  en  audiences.  Je  ne  vois 
guère  mes  parents  (2),  dont  l'accueil  n'a  pas  été... 


420. 


Vienne,  17  octobre  1814   (F.  2.  4014  ad  3565). 
DALBERG   à    la   DUCHESSE  {Intercepta). 

A  propos  des  lettres  de  Marescalchi.  Conseils  à  lui  donner, 


Je  te  joins  ici,  ma  chère  amie,  une  lettre  à  notre  excellent 
Marescalchi  (3).  Il  faut  qu'il  patiente.  Tout  dans  ce  pays-ci  ne 
se  décide  pas  promptement.  Le  meilleur  moment  sera  celui  où 
l'Empereur  ira  en  Italie.  Gela  paraît  décidé  pour  février.  L'em- 
pereur est  un  prince  si  juste  et  si  équitable  qu'il  fera  pour 
Marescalchi  ce  qui  lui  a  été  promis. 


421.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565,. 

Ghiffon  trouvé  chez  Dalberg. 

Lettre  adressée  à  Hedelhofer  (Hôtel  du  duc  de  Dalberg- 
25,  Faubourg  Saint-Honoré. 

On  désire  savoir  si  le  Duc  veut  réellement  vendre  son  hôtel 
avec  ou  sans  meubles  et  à  quel  prix. 


1.  Il  s'agit  presque  certainement  ici  du  marquis  de  Brignole,  son  beau-frère. 

2.  Probablement  une  allusion  à  ses  parents,  les  Schônborn. 

3.  A  cette  lettre,  Dalberg  avait  joint  une  lettre  quine  figure  naturellement 
pas  au  dossier,  puisqu'elle  fut  expédiée  à  la  duchesse  ;  mais  on  y  trouve  en 
revanche  à  l'état  de  Chiffons  les  deux  lettres  de  Marescalchi  qui  inspirèrent 
les  réponses  de  Dalberg, et  dont  voici  l'analyse.  La  première,  en  date  de  Bc^ 
logne  le  1»'  octobre  (F.  2.  4138  ad  3565),  est  conçue  en  termes  moins  pressant 
et  a  traitauméme  sujet  que  la  deuxième,  également  de  Bologne,  5  octobre  1814 
(F.  2.  4138  ad  3565)  (Chiffons),  dans  laquelle  Marescalchi  s'adresse  encore  ' 
IDalbei'g  et«  réclame  son  traitement  qu'on  doit  lui  envoyer  de   Vienne  et  sa 
«  lequel  il  estperdu.  Il  est  aux  abois  et  retourne  le  lendemainà  Parme  pou 

«  y  fêter  la  Saint- François  ». 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       321 

422.  Vienne,  2  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

à  DALBERG  (signature  illisible)  [Chiffon). 

D'un  ami  heureux  de  son  arrivée  à  Vienne  qui  demande 
à  venir  le  voir  entre  midi  et  une  heure,  et  se  met  à  son  entière 
disposition. 


423.  Vienne,  6  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

COMTE  DE  L/EWENHIELM  à  DALBERG  (Chiffon). 

Plus  connu  de  Dalberg  que  de  Talleyrand,  il  lui  demande  à 
quelle  heure  lui  et  Talleyrand  pourront  le  recevoir. 


424.  Vienne,  sans  date,  octobre  1814  (  F.  2.  4014  ad  3565). 

GAGERN  à  DALBERG  (Chiffon)  (en  français). 

N'ayant  pu  accepter  une  invitation  à  dîner   de  Talleyrand 
|i)Our  dimanche,  il  s'est  proposé  pour  mardi  et  désire  savoir 
*îl  est  engagé  ou  libre,    le  prince  ne    lui  ayant  dit  ni  oui  ni 
lion. 


Vienne,  7  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 
DALBERG  à...  (Chiffon). 

Difficulté  de  la  situation  de  la  Légation  de  France 
et  surtout  de  la  sienne  propi'e. 

[on  séjour  ici,  ma  Chère  Amie,  est  placé  sous  des  auspices 
agréables.  La  Légation  de  France  n'ayant  d'autre  direc- 
lon  que  celle  de  plaider  l'ordre,  la   justice  et  d'écarter  les 
ibitions,  nous  sommes  fort  maltraités. 

Les  fureurs  allemandes  se  déchaînent  contre  moi  pour  prê- 
ter une  existence  en  France  que  la  bassesse  et  la  lâcheté 
liS  princes  d'Allemagne  m'ont  forcé  de  choisir  pour  sauver 
la  fortune  et  pour  être  tranquille. 

T.  I.  21 


322  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

426.  Vienne,  7  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALHERG  à  W0YNA{1)  {Intercepta). 

Il  le  prévient  qu'il  a  reçu  sa  lettre  ici.  «  C'est  la  seule  qui 
«  me  s6it  parvenue.  Je  ne  peux  rien  faire  pour  vous  être  utile. 
«  Comme  plénipotentiaire  de  hrance,  nous  sommes  sans...  »; 


427.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4014  ad  3565). 

DALBERG  à  VITROLLES  (2)  (Chiffon), 

Il  l'assure  de  son  amitié  et  le  félicite  de  ne  pas   être 
Vienne. 

«  L'Ambassade  de  France  y  a  l'attitude  la  plus  noble  grâce 
aux  instructions  du  Roi  parce  qu'elle  prêche  la  raison  sans     j 
pouvoir  se  faire  écouter  ;  mais  tout  le  monde  nous  maltraite.  »     ^ 

M 


428.  Sans  date  (3)  (F.  2.  4014  ad  3565).  ■; 

SENFFT  à  DALBERG  (Chiffon). 

Voici,  mon  cher  Duc,  la  brochure  que  j'avais  oublié  de  vousi 
apporter  ce  matin.  J'ai  encore  oublié  de  vous  dire  que  les  offi- 
ciers saxons  dont  vous  avez  trouvé  les  noms  dans  le  Beo- 


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1.  Probablement  un  des  trois  frères  de  la  princesse  Caroline  Jablonowska, 
ou  bien  Félix  (1788-1857)  à  ce  moment  lieutenant-colonel  de  cavalerie,  l'un 
des  principaux  acteurs  du  Carrousel  du  Congi'ès  qui  devint  feld-maréchal- 
lieutfnant;  ou  Maurice  qui  quitta  le  service  comme  colonel,  ou  plutôt  Edouard, 
à  ce  moment  capitaine  de  cavalerie,  aide  de  camp  de  Schwarzcnberg,  qui 
entra  plus  tard  dans  la  diplomatie  et  qui  devint  lui  aussi  feld-maréchal-lies 
tenant.  (Voir  pour  ce  dernier  Poi  ovtsoff,  tome  I,  p.  271  et  291  et  Mémoi 
et  correspondance  du  roi  Jérôme  et  de  la  reine  Catherine.  Catherine  à  Jérôme,     {.,•  iT" 
Trieste,  31  mars  1815).  ^ 

2.  Vitrolles  (Eugène  d'Arnaud,  baron  de)  (1774-1854)  chargé  de  soulever  le     'fciai 
Midi  pendant  les  Cent-Jours,  arrêté  à  Toulouse  et  emprisonné,  délivré  après     ly:. 
Waterloo,  Ministre  d'Etat  le  19  septembre  1815. 

3.  II  s'agit  vraisemblablement  ici  du  colonel  von  Miltitz  et  du  lieutenant  von       -  illi 
Kleist,  arrivés  à  Vienne  le  11  octobre  (Cf.  Beobachter  du  12  octobre).  Le  Chif-     '  L:  n, 
fon  ci-dessus  serait  dans  ce  cas,  peut-être  du  mercredi   12,  mais   plus  pro- 
bablement du  mercredi  19  octobre.  ,.. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET  LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       323 

hachter  et  qui  sont  venus  joindre  ici  le  prince  Repnin,  sont 
les  acolytes  les  plus  zélés  du  Gouverneur  russe  et  de  M.  de 
Stein. 

Senfft. 

Mercredi. 


429.  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  3565). 

SOPHIE    SGHŒNBORN  (1)  à  DALBERG  (Chiffon), 

Je  monte  en  voiture  pour  dîner  dehors.  Je  t'ai  attendu  toute 
a  matinée.  Je  vais  ce  soir  chez  la  duchesse  de  Sagan.  Tâche 
'y  venir. 

Sophie. 


iSO.  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG  (Chiffon). 

En  rentrant,  je  reçois  ton  message,  mon  ami.  Je  suis  très 
Qnuyée  de  ne  pas  te  voir.  J'ai  couru  toute  la  matinée.  Avec 
la  jeunesse  il  faut  être  curieuse.  As-tu  le  temps  de  venir  à 

heures?  Peut-être  nous  trouveras-tu  à  notre  frugal  dîner, 
lais  tu  ne  t'en  formaliseras  pas.  Adieu,  je  t'embrasse. 


11.  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  3565). 

MARIE   SCHCENBORN  à  DALBERG 

Maman  empêchée  de  vous  répondre  me  charge  de  vous  dire 
]fc*€lle  serait  heureuse  de  voir  les  marchandises  de  votre  valet 
chambre  et  vous  prie  de  l'envoyer,  si  possible,  demain 
[in  chez  Louise  un  peu  de  bonne  heure,  étant  obligée  de 
une  toilette  pour  aller  à  la  Cour  à  midi.  Elle  est  fâchée 
\Q  pas  vous  voir  aujourd'hui. 

Comtesse  Sophie  Schônborn,  cousine  de  Dalberg. 


324  AUTOUR   DU  CONGRÈS  DE    VIENNE 

432.  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  3561). 

DALBERG  à  M"«  la  comtesse  MARIE  DE  SGHŒNBORN 
(chiffon) . 

Votre  écriture,  ma  chère  petite  cousine,  est  jolie  comme  vous.  |i 
Le  marchand, qui  vous  porte  de  quoi  vous  parer,  n'est  pas  unj| 
valet  de  chambre  à  moi,  mais   à  M"*  de  Courlande,  et  voi 
voudrez  bien  ne  point  vous  vanter  de  l'avoir  vu  pour  ne  pas-^ 
me  brouiller  avec  les  dames.  Recevez  mes  sincères  hommages. 

Dalberg. 

433.  Sans  date  (F.  2.  4014  af  3635). 

....  à  DALBERG  (chifTon). 

Je  ne  puis  me  promener  avec  toi,  mon  ami.  Je  couds  les  bro- 
deries pour  parer  ma  jolie  Sophie  que  je  vais  mener  au  bal 
du  glorieux.  Gela  m'excusera,  j'espère,  à  tes  yeux.  Viens,  si 
tu  peux,  vers  1  h.  1/2.  Je  voudrais  te  remercier  de  ce  que  tu 
fais  pour  ma  protégée. 


434.  Sans  date  (F.  2.  4014  ad  3565). 

....  à  DALBERG  (chiffon). 
Dimanche  4  heures. 


er 


Mon  cher  ami,  j'arrive  de  Schœnbrunn  où  j'ai  annoncé  votre 
visite  à  ma  mère  pour  demain  matin.  Je  ne  pourrai  aller  avec 
vous,  l'Impératrice  m'ayant  invité  pour  le  soir  à  dîner.  Mais 
vous  pouvez  y  aller  seul.  Si  cependant  vous  préférez  y  aller  irn 
avec  moi, je  serai  à  votre  disposition  mercredi  matin  à  9  h.  1/2. 
Adieu. 


37. 


435.  Sans  date.  Octobre  1914  (F.  2.  4014  ad  3565). 

MARIA  à  DALBERG  (chiffon). 

J'ai  un  dîner  à  2  heures,  mon  ami,  et  je  dois  sortir  à  midi. 
Puisqu'il  y  a  déjà  des  Messieurs  de  la  suite  du  grand-duc 
d'arrivés,  je  tâcherai  déjà  de  te  trouver,  supposant  que  tu  dînes 
chez  Sophie.  Maria. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET   LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       325 
436.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.4309  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Rapport  et  bordereau  du  19  octobre  1914. 

Résumé  des  rapports  des  agents  chargés  de  la  surveillance  de  ; 

Stein  (18  octobre)  :  ses  occupations,  ses  entretiens  avec  le 
colonel  Von  Miltitz,  ses  conférences  avec  Nesselrode  et  Wol- 
ionsky. 

Czartorysky  :  ses  nombreuses  visites  à  Talleyrand.  Il  écrit 
beaucoup  la  nuit. 

Hardenberg  (17  octobre):  ses  conférences  avec  Stein  et  le 
3olonel  von  Miltitz.  Il  travaille  avec  Staegemann  (1),  Zerboni 
li  Sposetti  et  Jordan  jusqu'à  3  heures  et  reçoit  dans  Tinter- 
/alle  deux  lettres  de  Stein. 

Wrede  (14  et  15  octobre)  :  On  a  placé  des  émissaires  chez 
ui,  chez  Rechberg  et  chez  le  secrétaire  d'ambassade  von 
5teinlein. 

Le  Prince  Eugène  (17  octobre)  :  Il  a  été  chez  Wrede,  qu'il 
l'a  pas  trouvé  et  auquel  il  a  laissé  une  lettre.  Le  soir  M''«D... 
àent  lui  rendre  visite,  mais  le  prince  était  sorti  avec  Goupy. 

Duc  de  Roccaromana  (17  octobre).  Il  devait  partir  dans  la 
mit  du  17  au  18  et  avait  dîné,il  y  a  quelques  jours,  chez  Met- 
jernich  qui  lui  a  offert  une  tabatière  ornée  de  diamants. 
I  Talleyrand  et  Dalberg  (15-17  octobre)  ;  Difficultés  que  pré- 
ente leur  surveillance.  Dalberg  a  reçu  un  fort  courrier  dans 
a  nuit  du  15  au  16.  Chez  Talleyrand,  on  dispose  maintenant 
'un  vieux  domestique  qui  a  déjà  été  au  service  de  trois  am- 
assadeurs  de  France  et  d'un  garçon  de  chancellerie  qui  a  déjà 
vré  des  chiffons  provenant  du  bureau  de  Talleyrand. 


37.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4307  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Arrivée  du  Colonel  Roberti  envoyé  en  courrier 
par  le  Roi  de  Sardaigne  à  Saint-Marsan. 

Le  Comte  Philippe...  de  Pirano,   Capitaine  d'artillerie  ita- 
5nne,  habitant  Vienne  depuis  trois  mois,  a  fait  connaître  à 

1.  Staegemann  'Frédéric- Auguste  de)  (1763-1840)  Conseiller  de  finances  de- 
lis  1806.  Homme  d'Etat  et  poète. 


ir 


326  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

tous  ses  amis  les  noms  des  agents  au  service  de  la  police  (ita- 
lienne) et  nous  a  signalé  comme  tels,  Pagliaci,  Brunacci,  le  l^;' 
marquis  Brigido,et  un  certain  Pietro  Gurtio  qu'on  avait  placé  ' 
comme  domestique  auprès  de  lui  (l'agent). 


438.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3565^ 

SIGARD  (J.  von  Schm..  )  à  HAGER  (analyse).  i 

Rapport  sur  le  départ  du  duc  de  Roccaromana  et  sur  la  mis- 
sion à  Vienne  du  prince  d'Alliano,  aide  de  camp  de  Murât  qui 
a  apporté  des  instructions  au  Prince  Cariati. 

Alliano  prétend  que  le  peuple  de  Naples  est  très  attaché  à 
Murât  qui  se  défendra  à  outrance  si  on  l'y  oblige. 


439.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3565). 

SGHMIDT  à  HAGER 

Difficultés  de  la  surveillance  de  Talleyrand   et  de  Dalberg.    Mesures  prises 
pour  l'assurer.  Rien  à  espérer  des  hôtes  de  l'ambassade. 

Quiconque  connaît  un  peu  le  caractère  de  Talleyrand  et  se 
donnera  en  outre  la  peine  de  tenir  compte  de  la  disposition 
de  sa  maison  (1),  comprendra  du  même  coup  les  difficultés  que 
présente  l'établissement  d'une  surveillance  sérieuse  du  prince 
et  de  ses  faits  et  gestes.  La  maison  n'est  rien  moins  mainte- 
nant qu'une  espèce  de  place  forte,  dans  laquelle  il  tient  garni- 
son avec  les  seuls  individus  dont  il  se  croit  sûr.  Malgré  cela, 
on  a  cependant  fini  par  pouvoir  intercepter  quelques  pièces   î 
sortant  de  ses  bureaux.  On  a  de  plus  réussi  à  gagner  un  vieux    , 
domestique  qui  a  déjà  été  au  service  de  trois  ambassadeurs  de    j 
France,  ainsi  qu'un  gardien  ou  garçon  de  chancellerie,  grâce 
auquel  on  a  pu  se  procurer  quelques  papiers  déchirés  trouvés 
dans  le  bureau  même  de  Talleyrand.  'WÊl 

1.  L'hôtel  de  l'Ambassade  était  situé  au  centre  de  la  ville  dans  la  .lohannes 
Gasse,  à  deux  pas  de  Saint-Etienne  et  de  la  Kœrntnerstrasse. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       327 

11  n'y  a  guère  rien  à  espérer  pour  la  police  du  côté  des  vi- 
siteurs ou  des  invités  du  prince.  Ce  sont,  ou  des  diplomates 
étrangers  qui  ne  sont  préoccupés  que  de  leurs  propres  inté- 
rêts, ou  bien  des  fonctionnaires  ou  diplomates  d'ici,  qui  sont 
déjà  gagnés  par  d'autres  et  complètement  à  la  discrétion  de 
ces  hauts  personnages.  En  attendant,  voici  les  principales  vi- 
sites que  Talleyrand  a  reçues  pendant  les  deux  derniers  jours  : 
le  capitaine  (russe)  Mohrenheim,  le  baron  Gagern  (qui  est 
resté  longtemps  avec  lui),  le  prince  de  Hohenlohe-Bartenstein, 
Labrador,  Machado,  les  comtes  Benzel,  Pappenheim,  Tchernit- 
cheff,  Pozzo  di  Borgo,  Castelalfer  (1)  et  Salmour,  RuPPo,  Zerle- 
der,  Wieland,  Reinhard,Montenach,  le  comte  Glarj  (2),  Schu- 
lenburg,  Gentz,  le  comte  Bethusy  (3),  lord  Stewart,  le  comte 
TrauttmansdorlT,  le  prince  Wenzel  Liechtenstein,  d'Ivernois. 

Chez  Dalberg,  on  se  heurte  aux  mêmes  difficultés  que  chez 
Talleyrand.  Il  habite  la  même  maison,  et  de  plus  il  est  alle- 
mand et  connaît  à  fond  la  ville  et  le  terrain  sur  lequel  il  opère. 


440.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3365). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

La  France,  cause  de  la  remise  du  Congrès.  Le  royaume  de  Hanovre.  Le  grand- 
duché  de  Hesse.  La  France  et  la  frontière  du  Rhin. 

La  remise  du  Congrès  a  été  causée  par  Tobstination  de  la 
France  au  sujet  des  questions  des  Pays-Bas,  de  Pologne  et  de 
Parme. 

On  dit  que  Télectorat  de  Hanovre  deviendra  un  royaume 
et  l'électorat  de  Hesse,  un  grand-duché.  Mais  on  ne  s'occu- 
pera de  l'Allemagne  qu'après  le  règlement  des  grandes  affaires. 

On  affirme  enfin  que  la  France  prétend  avoir  le  Rhin  pour 
frontière. 


1.  Castelalfer  (Carlo  Amico  di)  1758-1832)  Ministre  plénipotentiaire  à 
Naples  (1780),  à  Florence  (1793',  à  Vienne  (1774),  à  Berlin  (1814),  puis  de 
nouveau  à  Florence  (1837).  Ministre  d'Etat  (1818)  et  Grand-Croix  des  saints 
Maurice  et  Lazare. 

2.  Chambellan  de  l'Empereur  et  directeur  des  bâtiments  impériaux. 

3.  Le  comteBethusy  passait  pour  être  le  chef  de  la  police  secrète  prussienne. 


328  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

441.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

e  ©  à  HAGER 

La  France,  la  Bavière,  Bade  et  Wurtemberg...  Le  dîner  du  17  chez  Stackel- 
berg.  Signification  qu'on  lui  attribue. 

Pour  le  moment  la  France  a  réussi  à  gagner  complètement 
la  Bavière,  Bade  et  le  Wurtemberg. 

Talleyrand,  Dalberg,  Castlereagh,  Wrede,  Palmella,  Hum- 
boldt,  Razoumoffsky,  trente-six  personnes  en  tout,  ont  diné 
hier  17  chez  Stackelberg.  On  croit  voir  dans  ce  dîner  le  symp- 
tôme d'un  rapprochement  entre  les  Russes  et  les  Français. 


442.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Mécontentement  de  la  France  au  sujet  des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 
La  princesse  Bagralion  et  le  prince  Charles  de  Bavière, 

On  prétend  qu'on  s'est  mis  d'accord  sur  les  affaires  de  Po- 
logne et  de  Saxe,  et  l'ambassade  de  France  ne  serait  guère  sa- 
tisfaite de  cet  arrangement. 

On  raconte  que  la  princesse  Bagration  aurait,  il  y  a  quel- 
ques jours,  passé  toute  une  matinée  avec  le  jeune  prince 
Charles  de  Bavière  de  plus  en  plus  épris  d'elle. 


Série  de  pièces  relatives  à  l'expulsion  de  Beliio  et  à 
la  perquisition  faite  chez  lui  dans  la  nuit  du  1  7  au 

I  8  octobre 

443.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565), 

HAGER  à  METTERxNIGH  (1)  (en  allemand)  (analyse). 

II  lui  expose  de  nouveau  les  raisons  pour  lesquelles  il  croit 
nécessaire  d'expulser  Beliio,  Tagent  du  prince  de  Valachie, 

1.  Bien  que   cette  pièce  soit   datée   du  20  octobre,  j'ai  cru  bien  faire  enla^' 
plaçant  avant  les  autres  papiers  trouvés  chez  Beliio,  parce  qu'elle  fournit,  ea  j^. 
même  temps  que  les  motifs,  l'explication,  d'abord  de  cette  perquisition,  puis  de 
l'expulsion  de  l'agent  officiel  de  l'hospodar  de  Valachie. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       329 

chargé  d'expédier  les  dépêches  de  Gentz  à  l'Hospodar.  Cet 
individu  avait  fait  confectionner  un  duplicata  du  cachet  de 
Gentz,  afin  de  pouvoir  ouvrir  et  refermer  ses  lettres.  Il  en 
était  de  même  pour  les  lettres  du  prince.  Il  est  donc  probable 
qu'il  ne  procédait  de  la  sorte  que  parce  qu'il  communiquait 
les  correspondances  à  des  tiers.  Il  était  en  outre  en  possession 
d'un  Mémoire  détaillé  sur  la  Pologne  (1),  qui  contenait,  entre 
autres,  des  données  et  des  appréciations  sur  le  caractère  et  sur 
les  intentions  de  l'Empereur  Alexandre,  mémoire  qui  est  pro- 
bablement l'œuvre  de  Gentz  ou  de  quelque  haut  fonctionnaire 
du  gouvernement  autrichien. 

j  Bellio  lui  (à  Hager)  avait  déjà  inspiré  des  soupçons  lorsqu'il 
ivint  à  Prague  lui  offrir  ses  services.  Hager  insiste  en  outre 
jsur  les  relations  de  Bellio  avec  le  prince  Ypsilanti  (2),  un  de 
ises  compatriotes  faisant  partie  de  la  suite  de  l'empereur 
[Alexandre. 

;  Il  fait  encore  remarquer  que  Bellio  a  essayé,  en  se  servant 
à  cet  effet  du  mémoire  sur  la  Pologne,  de  s'aboucher  d'abord 
avec  le  prince  Wolkonsky  et  qu'un  peu  plus  tard  il  voulait 
adresser  à  cet  effet  à  la  princesse  Bagration  une  lettre  qui  a 
été  saisie  {',]). 

On  a  par  conséquent  jugé  nécessaire  de  faire  une  descente 
hez  lui  dans  la  nuit  du  17  au  18  octobre,  de  s'assurer  de  sa 
personne  et  de  saisir  ses  papiers. 

Hager  constate  à  ce  propos  que  Bellio  a  fait  preuve  à  ce 
noment  d'une  indifférence  absolue.  11  insiste  sur  le  fait  que 
e  mémoire  de  Gentz  est  très  compromettant  pour  l'Autriche 
ît  appelle  l'attention  de  Metternich  sur  une  lettre  (non  expé- 
|liée)  de  Bellio  à  Wolkonsky, en  date  du  11  octobre,  ayant  pour 
|)bjet  d'obtenir  une  audience  de  l'empereur  Alexandre.  Bellio 
e  l'avait  pas  expédiée,  parce  qu'il  croyait  plus  efficace  de 
'adresser  à  la  princesse  Bagration,  qui  est  au  service  de  la 
ussie  et  à  laquelle  il  se  disposait  à  écrire  le  19. 


]'était  le  mémoire  même  du  18  août  que  Metternich  avait  approuvé  (Cf. 

trreich's  Theilnahme,  etc.,  p.  384-399). 

[Ypsilanti  (Alexandre),  (1792-1828,  à  ce  moment  aidede  camp  d'Alexandre, 
f  Pièce  444. 


330  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

444.  Vienne,  17  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565  . 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Renseignements  sur  Bellio,  sur  las  instructions  que  celui-ci  lui  a  données, 
sur  ses  nouvelles  intentions. 

Monseigneur,  je  commence  par  demander  pardon  à  Votre 
Excellence,  de  ne  pas  avoir  annoncé  hier  que  la  rédaction  de 
la  lettre  avait  été  différée  hier  sous  différents  prétextes,  selon 
les  ordres  dont  Monseigneur  m'avait  honoré  avant-hier  soir. 

Notre  homme  a  changé  d'avis  en  tant  qu'il  croit  agir  plus 
sûrement  en  s'adressant  à  M""  la  princesse  Bagration  pour 
parvenir  par  son  canal  aux  pieds  de  l'Empereur  de  Russie.  Je 
dois  me  trouver  ce  matin  à  neuf  heures  chez  lui  pour  rédiger 
la  lettre  II  loge  au  Stock  im  Eisen  n°  613,  au  troisième  étage, 
chez  le  baron  Schloissnig  et  a  une  entrée  séparée. 


445.  Vienne,  11  octobre  1814  (F.  2.  4051  ad  3565;. 

GENÏZau  Prince  de  VALAGHIE  (I)  {Intercepta)  (en  français). 

Lettre  saisie  chez  Bellio  dans  .la  nuit  du  17  au  18. 

La  situation  politique.  La  Pologne.  La  Saxe.  La  Bavière. 

L'attitude  de  la  France. 

La  situation  politique  est  toujours  pour  le  gros  des  objets 
qui  restent  à  régler  la  même  et  la  marche  des  affaires  ne  s'est 
nullement  accélérée  et  améliorée,  comme  il  est  constaté  par 
l'acte  de  déclaration  (2),  qui  doit  émaner  sous  peu  de  jours  et 
dont  j'ai  l'honneur  de  joindre  une  copie. 

Le  sort  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe  continue  d'être  l'objet 
principal  de  l'attention  des  plénipotentiaires  des  grandes  puis- 
sances, sans  avoir  été  pour  cela  le  sujet  des  négociations  qui 
ont  eu  lieu  jusqu'ici.  La  Russie  ne  s'est   pas  encore  pronon- 

1.  Cette  pièce  semble  inédite,  ou  du  moins,  on  ne  la  trouve  ni  dans  OestfiT' 
reich's  Theilnalune,  ni  dans  les  dépêches  publiées  par  Prokesch'Osten  , 

2,  La  déclaration  du  8,  publiée  le  12  octobre. 


m 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       331 

cée  formellement  sur  la  Pologne  ;  mais  le  langage,  qu'elle 
tient  hors  des  conférences,  ne  laisse  aucun  doute  qu'elle  n'est 
nullement  disposée  à  lâcher  prise,  ni  même  à  modérer  ses  pré- 
tentions. 

Le  grand-duc  Constantin,  qui  est  ici  depuis  quelques  jours, 
vient  d'être  nommé  Gouverneur  du  Duché  de  Varsovie.  Cette 
question  n'a  pas  encore  été  traitée  officiellement,  et  on  évite 
d'en  parler  pour  laisser  venir  les  Plénipotentiaires  de  la  Rus- 
sie, qui  semblent  vouloir  laisser  l'initiative  à  l'Autriche,  où 
cet  article  arrête  la  marche  de  tout. 

La  question  de  la  Saxe,  qui  dépend  de  l'issue  de  celle  de 
la  Pologne,  n'est  pas  abordée  non  plus  et  offre  les  mêmes  dif- 
ficultés. 

Il  n'est  pas  question  en  ce  moment  de  Naples,  ni  d'aucun 
autre  objet,  tout  étant  considéré  comme  secondaire,  et  devant 
céder  aux  deux  grands  points  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe. 

On  a  également  délibéré  sur  l'agrandissement  de  la  Bavière 
et  sur  la  question  s'il  fallait  en  étendre  les  frontières  et  lui 
assigner  la  forteresse  de  Mayence, 

Il  reste  toujours  certain  que  la  France  n'acquiescera  à  aucun 
arrangement  sur  la  Pologne  et  la  Saxe,  même  dans  le  cas  que 
l'Autriche,  la  Russie,  la  Prusse  et  l'Angleterre  conviennent 
sur  les  partages  à  faire  dans  ces  pays.  Donc  l'issue  du  Con- 
grès est  toujours  fort  incertaine. 


446.  Vienne,  15  octobre  1814  (F.  2.  4309  ad  3565). 

BELLIO  au  Prince  de  VALAGHIE  (en  français). 

Dépêche  saisie  lors  de  la  perquisition  faite  chez  lui  dans  la  nuit  du  17  au  18. 
La  situation.  La  Russie  et  la  Pologne.  L'Autriche  et  la  Prusse.  L'attitude 
de  Talleyrand (?)...  La  politique  de  l'Autriche. 

Rien  de  changé  dans  la  situation  des  affaires  relativement 
aux  résultats  que  les  négociations  actuelles  devront  amener. 
La  Russie  continuant  à  témoigner  la  ferme  volonté  de  ne  pas 
se  dessaisir  de  la  Pologne,lord  Castlereagh  écrivit  avant-hier(l) 

1.  Cf.  d'ANGEBEHG,  280-288.  Lettre  de  Lord  Castlereagh  à  l'Empereur 
Alexandre,  au  sujet  de  la  Pologne.  Vienne,  12  octobre  1814  et  mémorandum 
annexé  à  la  lettre  précédente  et  Ibidem,  291-293.  Mémorandum  de  lord  Castle- 
reagh au  sujet  de  la  situation  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse  en  présence  des 
prétentions  de  la  Kussie  sur  la  Pologne.  Vienne,  14  octobre  1814. 


332  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

à  rKmpereur  de  Russie  une  lettre  pour  lui  offrir  la  médiation 
de  l'Angleterre  dans  les  négociations  qui  doivent  terminer 
cette  lutte  entre  TAutriche  et  la  Russie  et  amener  une  issue 
qui  puisse  convenir  aux  deux  parties.  L'Empereur  se  rendit  en 
personne  chez  lord  Castlereagh  (1)  et  témoigna  dans  une  ré- 
ponse verbale  la  résolution  de  ne  rien  restituer  et  de  rester 
en  possession  définitive  du  duché  de  Varsovie.  Il  espère  cepen- 
dant pouvoir,  à  la  fin,  effectuer  quelque  chose  et  voir  aban- 
donné une  partie  du  plan  d'agrandissement  que  la  Russie  s'était 
fait. 

Pour  détacher  la  Prusse  de  la  Russie  et  la  lier  à  sa  cause 
et  à  la  modération,  l'Autriche  s'est  décidée  à  consentir  que  la 
Prusse  ait  une  partie  de  la  Saxe,  et  cela  en  tout  cas. 

Le  Plénipotentiaire  de  France  ne  s'est  pas  encore  déclaré 
catégoriquement  sur  cette  cession  d'une  partie  de  la  Saxe  ; 
mais  à  en  juger  par  ses  discours, il  y  donnera  son  assentiment. 

Si  la  Russie  persistait  dans  la  résolution  d'acquérir  le  duché 
de  Varsovie  en  entier,  sans  laisser  quelque  partie  de  la  Po- 
logne à  la  Prusse  et  à  l'Autriche,  on  paraît  fixé  d'abandonner 
en  entier  la  Saxe  à  la  Prusse  et  de  s'opposer  de  tous  les  moyens 
à  la  Russie,  ce  qui  pourrait  amener  des  scènes  sanglantes. 

Si  la  Russie  rentrait  dans  les  limites  de  l'équité  et  de  la 
modération,  le  tout  se  terminerait  de  suite  à  l'amiable,  sup- 
posé même  que  la  France  s'y  opposât. 

On  a  choisi  de  la  part  de  l'Autriche  entre  deux  maux  le 
moindre,  et  on  a  préféré  voir  une  partie  de  la  Saxe  entre  les 
mains  de  la  Prusse  que  consentir  à  l'envahissement  de  toute 
la  Pologne  par  la  Russie. 

Dieu  veuille  qu'on  ne  se  trompe  pas  et  que  la  Prusse  ne 
tienne  pas  toujours  en  secret  plus  à  la  Russie,  qui  lui  offrait 
de  gré  toute  la  Saxe,  qu'à  l'Autriche,  qui  ne  consent  qu'à 
regret,  et  au  pis  aller  à  ce  sacrifice  (2). 

1.  L'Empereur  Alexandre  se  rendit  chez  lord  Castlereagh,  le  jeudi  13  oc- 
tobre. (Cf.  Gentz.  Tncfebûcher,  318).  Pour  les  détails  relatifs  à  cette  visite 
d'Alexandre  et  au  mémorandum  que  lord  Castlereagh  lui  remit,  Cf.  Tal- 
leyrand  au  roi.  Vienne,  17  octobre  1814.  (Dépêche  n"  6  dans  Pallain,  Corres- 
pondance inédite,  50-60). 

2.  Le  professeur  Fournier  ayant  publié  in  extenso  la  dépêche  que  Gentz 
adressa  à  Karadja  pour  lui  rendre  compte  de  ce  qui  venait  d'arriver  à 
Bellio,  j'ai  jugé  inutile  de  reproduire  ici  cette  dépêche  qu'on  trouvera  (tra- 
duite en  allemand)  dans  la  Deutsche  Revue  de  septembre  1912,  p.  325-327  et 
à  la  fin  du  court,  mais  fort  intéressant,  article  que  le  savant  écrivain  a  con- 
sacré à  Gentz  et  à  Bellio. 


LES  PRÉLIMOAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       333 

En  réponse  à  la  lettre  du  24  septembre  par  rapport  aux  vues 
de  la  Russie  sur  la  Moldavie  et  la  Valachie,  j'ai  l'honneur 
d'assurer  Votre  Altesse  que  la  Russie  n'a  pas  manifesté  le 
désir  d'avoir  ces  provinces,  et  qu'ici,  comme  ailleurs  et  en  tout 
temps,  elle  sera  contre-balancée  dans  ses  projets  par  l'Autriche 
qui  soutiendra  toujours  la  Porte  Ottomane.  Il  n'est  cependant 
pas  douteux  que  la  Russie  convoite  avec  ardeur  ces  pays,  et 
qu'à  la  première  occasion  elle  ne  manquerapas  de  suivre  son  plan 
pour  s'en  rendre  maîtresse,  ce  que  toute  l'acquisition  en  Po- 
logne ne  peut  que  faciliter.  Ces  différends  politiques  ne  troublent 
cependant  nullement  l'accord  personnel  qui  règne  entre  les 
souverains  assemblés  ici. 

Le  départ  des  souverains  est  toujours  fixé  au  5  novembre. 
Si  on  est  convenu  sur  les  articles  qui  concernent  la  Pologne 
et  la  Saxe  avant  ce  terme,  les  autres  affaires  se  termineront 
avec  rapidité  et  sans  difficulté. 


447.  Vienne,  20  octobre  1814  (F,  2.  4321  ad  3565). 

HAGER  à  L'ExMPEREUR 
Rapport  et  Bordereau  du  20  octobre. 

19  Octobre.  Arrivée  à  Vienne  d'un  certain  Karski,  venant  de 
Paris,  porteur  de  lettres  pour  les  Polonais  et  chaudement  re- 
commandé à  l'ambassade  de  France,  où  il  a  été  ainsi  que  chez 
Lubomirski(l). 

J'ai  su  par  le  prince  Lubomirski  que  la  France  s'opposera 
lu  partage  du  grand-duché  de  Varsovie. 


148.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

Résumé 

Rapports  sur  la  surveillance  de  Gastlereagh  (  18  octobre),  Stac- 
telberg  (dîner  du  17),  Anstett,  La  Harpe,   Stein,  Radziw^ill, 

1.  Cf.  Rapport  de  l'agent  0.  Pièce  450. 


334  AUTOUR    DU   CO>'GRÈS    DE    VIENNE 

Thurn  et  Taxis,  des  ministres  de  Bade,  du  prince  de  Tarente, 
Talleyrand,  Goupy,  du  prince  Eugène  (en  visite  le  17  chez 
Marie-Louise  à  Schœnbrunn,  chez  laquelle  il  est  resté  de  7  à 
11  heures  du  soir),  Razoumofîski,  Joséphine  Wolters  (Wol- 
konsky  continue  à  la  voir,  mais  moins  souvent.  En  revanche, 
son  aide  de  camp  Dotkhowski  est  très  assidu  auprès  d'elle). 


449.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

Analyse  de  quelques-unes  des  lettres  interceptées  de  : 

Hardenberg  à  Wessenberg  (un  gros  paquet  contenant  des 
volumes  sur  la  Prusse  sous  Frédéric  II  et  en  1807,  et  une 
brochure). 

Richards  à  Clarke,  Londres,  18  août. 

Anonyme  à  Sidney-Smith,  13  août. 

Plus  un  gros  paquet  adressé  à  Hardenberg,  contenant  des 
dépêches  chiffrées  et  des  journaux. 


450.  Vienne,  19  octobre  1814.  (F.  2.  4322  ad  3565). 

0...  à  HAGER  (en  français). 

Les  Polonais.  Le  prince  Eugène,  Gzartoryski,  Lubomirski. 
Les  bustes  d'Alexandre  et  les  perruquiers. 

Les  Polonais,  qui,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  idolâtraient  le 
prince  Eugène  Beauharnais,  sont  en  ce  moment  un  peu  irrités 
contre  lui,  parce  qu'il  a  refusé  une  audience  à  plusieurs  Polo- 
nais qui  avaient  servi  sous  ses  ordres. 

Le  prince  Adam  Gzartoryski  continue  d'être  le  soutien  de 
leurs  espérances,  mais  il  est  peu  visible  pour  ses  compatriotes. 
Geux-ci  communiquaient  avec  lui  par  le  moyen  du  prince  Henri 
Lubomirski,  qui  les  voit  et  paraît  être  très  actif. 

Un  officier  russe  de  la  suite  de  l'Empereur  a  fait  la  remarque 
que  deux  perruquiers,  dont  l'un  sur  la  place  de  Saint-Etienne, 
vis-à-vis  de  l'Eglise,  l'autre  dans  la  Schwertgasse  pour  aller 
de  la  Hohe  Brûcke  à  Maria  Stiegen,  ont  les  bustes  de  l'Em- 
pereur Alexandre  devant  leur  boutique  pour  servir  de  Per- 
rïickenstï(cke  (mannequins  pour  les  perruques).  Il  a  trouvé  que 
c'était  très  indécent. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      335 

451.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Arrivée  à  Vienne  et  surveillance,  à  la  demande  de  Spaen,  des  Belges  hostiles 
à  la  réunion  de  leur  pays  avec  la  Hollande. 

Le  Baron  Spaen,  ministre  de  Hollande,  s'inquiète  des  agis- 
sements de  Talleyrand  et  de  l'arrivée  de  quatre  nouveaux 
!  Belges,  tous  hostiles  à  la  Hollande,  dont  Stassart  (1),  le  der- 
nier préfet  de  La  Haye,  jacobin  très  exalté  pendant  la  Révo- 
lution, puis  partisan,  serviteur  et  admirateur  de  Napoléon,  de 
la  même  trempe  que  le  Procureur  général  impérial  Daniels. 

D'accord  avec  Spaen  et  sur  l'ordre  de  Hager,  on  les  fait 
surveiller  par  un  ancien  conseiller  du  conseil  de  Namur,  Per- 
son,  tout  dévoué  au  prince  d'Orange  (2). 

L'agent,  qui  adresse  ce  rapport,  a  déjà  réussi  à  nouer  des  re- 
lations avec  les  trois  autres  Belges. 

452.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4487  ad  3565) 

PIQUOT  (Conseiller  de  légation  prussien)  àX...  (à  Weimar) 
(Intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Envoi  de  la  copie  d'une  lettre  relative  à  un  incident  survenu  en  Suisse. 
Lienteur  de  la  marche  des  affaires.  La  Saxe,  les  Prussiens  et  les  Russes. 

Des  gens  de  Fribourg,  accusés  de  complot  contre  le  Gou- 
vernement arrêtés  à  Berne,  ont  été  trouvés  porteurs  de  pas- 
seports autrichiens, 

1.  Stassart  (Joseph- Auguste  Goswin,  baron  de)  (1780-1854).  Né  à  Malines,  il 
~|:tudia  le  droit  à  Paris.  Auditeur  au  Conseil  d'Etat  (1804).  Intendant  dans  le 

[■yrol  (1805),  puis  dans  la  Prusse  Orientale  et  à  Berlin,  en  remplacement  de 
lignon  (1808).  Rentré  en  France  et  d'abord  sous-préfet  d'Orange,  puis  préfet 
fce  Vaucluse  (1809)  et  des  Bouches  de  la  Meuse  (1813).  Revenu  à  Paris  après 
foccupation  de  ce  département  par  les  Alliés,  il  fut  attaché  au  service  de  Jo- 
eph.  Il  se  rendit  ensuite  en  Autriche  où  il  devint  Chambellan  de  l'Empe- 
jur  François.  Revenu  eu  Belgique  en  février  1815,  il  olTrit  ses  services  à 
ïapoléon  qui  l'envoya  auprès  de  l'Empereur  d'Autriche  porteur  d'une  lettre 
lutographe  {Correspondance,  t.  XVIII,  21753,  Paris,  1"  avril  1815),  mais  il  ne 
|ul  dépasser  Linz.  Revenu  à  Paris,  il  fut  nommé  Maître  des  Requêtes  au  Con- 
sil  d'Etat.  Il  fut  ensuite,  d'abord  député  aux  Etats  Généraux  des  Pays-Bas 
Jl821-1830;,  puis  membre  du  Congrès  National  de  Belgique  (1830),  gouverneur 
les  provinces  de  Namur  (1830)  et  du  Brabant  (1834-1839),  membre  du  Sénat 
|ëlge  (1831-1847)  et  enfin  président  de  cette  assemblée. 

2.  Guillaume  I*'  (1 772-1843)  fils  du  stathouder  perpétuel  Guillaume  V  de  Nas- 
m.  Il  abandonna  la  Hollande  envahie  par  les  Français  (1795)  et  n'y  revint 


33G  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Piquot  ajoute  :  «  Les  affaires  du  Congrès  avancent  lente- 
ment, mais  cependant  on  a  tout  lieu  d'espérer  que  tout  sera 
prêt  pour  la  date  de  son  ouverture  et  qu'alors  tout  tendra  à 
un  terme  définitif.  » 

L'agent  fait  connaître  en  outre  que  Piquot  vient  d'annoncer 
confidentiellement  à  un  de  ses  amis  que  les  Russes  évacuent  la 
Saxe  qui  va  être  occupée  par  les  Prussiens. 


453.  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

LCEWENHIELM  (1)  à  son  frère  (à  Stockholm)  {Intercepta). 

Le  Congrès  et  les  causes  de  la  déclaration.  Ce  qu'il  prévoit.  L'Empereur  et 
l'Impératrice  d'Autriche.  Le  Roi  de  Danemark.  Les  gaffes  de  Bildt  avec 
les  Rois  de  Bavière  et  de  Danemark. 

Pour  te  donner  une  petite  précision  diplomatique,  à  laquelle 
tu  as  droit  comme  frère  de  diplomate  et  diplomate  toi-même, 
je  te  dirai  que  jusqu'à  présent  le  Congrès  ne  s'est  point  assem- 
blé en  forme.  Tu  auras  vu  peut-être  une  déclaration  dans 
toutes  les  gazettes  de  l'Europe  qui  le  proroge  jusqu'au  1°'"  no. 
vembre  (2).  Cette  déclaration,  dont  je  suis  coupable,  pour  un 
huitième  ou  un  dixième  peut-être,  est  un  modèle  d'incohérence 
et  de  fausse  logique.  Mais  c'est  ainsi  qu'il  le  fallait  pour  évi- 
ter de  toucher  à  d'autres  questions  délicates  par  une  simple 
déclaration  préalable.  On  ne  Fa  pas  signée  pour  éviter  toutes 
questions  de  rang  et  de  préférence  jusqu'au  moment  terrible 
où  il  faudra  les  vider. 

Dieu  veuille  que  les  membres  du  Congrès  ne  fassent  pas 
alors  comme  les  pères  du  Concile  de  Nicée,  qui  décidèrent  la 
question  de  la  Trinité  à  grands  coups  de  poings.  Pour  moi, 

qu'en  1813.  Prince  d'Orange,  il  porta  le  titre  de  prince  souverain  des  Pro- 
vinces Unies  jusqu'au  moment  où  il  fut  déclaré  roi  des  Pays-Bas.  La  Bel- 
gique lui  échappa  en  1830. 

1.  Lœwenhieîm  (Gustave-Charles-Frédéric)  (1771-1856),  était  aux  côtés  de  Gus- 
tave III,  lorsque  ce  prince  fut  assassiné  en  1792.  Fait  prisonnier  dans  la  guerre 
de  Finlande  (1808),  aide  de  camp  de  Bernadotte,  il  quitta  en  1814  l'armée 
pour  entrer  dans  la  diplomatie  et  fut  ensuite  ambassadeur  à  Paris  jusqu'à  sa 
mort. 

2.  Cf.  d'ANGEBE«G,  I.  272.  Déclaration  du  8  octobre. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS      337 

j'ai  déjà  avisé  l'adversaire  que  je  choisis.  C'est  le  faible  et  dé- 
bile Humboldt,  aussi  faible  de  corps  que  fort  d'esprit. 

En  attendant  le  1"  novembre,  on  négocie  confidentiellement, 
et  en  dépit  des  différences  de  vues  et  de  principe,  on  finira 
par  se  rapprocher.  Ce  qui  y  contribue  beaucoup,  c'est  que  la 
puissance,  dont  les  prétentions  sont  les  plus  fortes,  a  donné 
à  ses  plénipotentiaires  400.000  hommes  prêts  à  les  aider. 

Quant  à  la  famille  impériale  d'Autriche,  elle  est  en  général 
très  affable.  L'Empereur  a  sa  bonhomie  qui  enchante  autant 
que  la  justesse  de  son  esprit.  L'Impératrice  est  belle  encore  et 
toujours  aimable. 

J'ai  été  à  l'audience  de  la  blonde  Majesté  (le  Danemark)  qui 
m'a  entretenu,  comme  de  raison,  de  la  pluie  et  du  beau  temps. 

M.  de  Bildt  (1)  y  a  été  aussi  fin  et  attentif,  comme  il  est,  à 
toujours  dire  des  choses  spirituelles.  Avec  cette  facilité  que 
tu  lui  connais,  il  rappela  au  roi  des  Danois  qu'il  y  avait  seize 
ans  qu'ils  ne  s^étaient  vus,  en  ajoutant  avec  un  soupir  tendre  : 
«  Il  s'est  passé  bien  des  événements  depuis.  » 

A  quoi,  le  roi  répondit  très  sèchement  :  «  Il  se  passe  des 
événements  tous  les  jours  ».  Etiam  S.  M.  habet  raison. 

Bildt  a  été  tout  aussi  malheureux  avec  le  roi  de  Bavière,  qui 
lui  demandait  comment  l'union  de  la  Norvège  à  la  Suède  allait 
s'effectuer.  Il  lui  répondit  spirituellement  (et  sans  aucun  fon- 
dement) :  «  Ils  auront  une  espèce  de  constitution  à  eux,  et 
cela  sera  à  peu  près  comme  le  Tyrol  et  la  Bavière.  * 

Il  est  absolument  incroyable  dans  ses  bêtises,  et  c'est  en 
vérité  un  meurtre  de  l'employer  à  d'autres  missions  qu'à  celle 
qui  remplacera  Ratisbonne  et  qu'on  croit  devoir  être  tenue  à 
iFrancfort. 


154.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

LŒWENHIELM  au  prince   Roval   de  SUÈDE  (Bernadette) 
(intercepta)  (en  français) 

jcttre  pleine  de  basses  flatteries  se  terminant  par  ces  mots  : 
[«  Le  reste  de  l'Europe  s'agite  en  ce  moment  en  tout  sens 

Ministre  résident  de  Suède  à  Vienne. 
T.  1.  22 


338 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


pour  chercher  une  assiette  dont  nous  jouissons.  De  nouveaux 
calculs  sont  substitués  aux  anciens  pour  avoir  des  bases  plus 
solides.  D'anciens  Etats  vont  disparaître.  L'Allemagne  chan- 
gera encore  de  face...  Cet  état  de  fluctuation  du  Continent  ren- 
dra la  Suède  doublement  reconnaissante  du  bonheur  qu'elle 
doit  à  votre  Altesse  Rovale.  » 


455. 


Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 


HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  journalier  et  rapport  du  21  octobre.  j 

Il  appelle  son  attention  sur  les  lettres  interceptées  de  Tcher-  f 
nitcheff  (?)  écrites  à  l'encre   sympathique  (1),  dont  l'une  est 
relative  à  une   liaison  amoureuse   qu'on  prête  à  l'Empereur 
Alexandre  avec  M""  Bethmann,  et  sur  celles  de  la  Légation  de  | 
Sardaigne  à  Londres  relatives  à  la  Savoie.  ' 


Note  en  réponse  de  l'Empereur  François,  faisant  connaître  à 
Hager  qu'il  garde  les  chiffons  et  les  pièces  pour  les  communi- 
quer à  Metternich  qui  se  chargera  de  les  lui  retourner  en  temps^ 
utile. 


'f 


m; 


456. 


Vienne,  20  octobre  1859  (F.  2.  4057  ad  3565). 
Rapports  à    HAGER 


Sur  la  surveillance  de  : 

Gariati  (18  et  19  octobre),  Aldini,  prince  Eugène  (visite  chez 
Isabey)  le  Nonce,  La  Harpe,  Anstett,  Ojarowski,  Tchernitcheff, 
Stein  (de  plus  en  plus  mécontent  de  l'échec  de  ses  projetsïÉ 
Gaertner,  Bartholdi  (qui  reçoit  des  lettres  sous  le  couvert  d' Arni 
tein  et  Eskeles  et  les  communique  au  secrétaire  d'Hardenber{ 

1.  Voir  plus  loin  le  bordereau  du  26  novembre,  une  lettre  interceptée 
date  du  23  novembre  et  un  autre  bordereau  en  date  du  14  mai  1815,  tousdeti 
ayant  trait  au  même  sujet. 


«ailé 

la!** 


LES  PRÉLI.VUNAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      339 

Hardenberg,  l'abbé  de  St-Gallen  (1),  Miltitz,  Marie-Louise  (qui 
reçut  le  18  la  visite  du  prince  Antoine  de  Saxe,  le  19  celle  du 
Palatin.  Le  même  jour  elle  a  été  voir  son  frère  et  Tarchidu- 
chesse  Béatrix.  Le  soir,  elle  a  reçu  le  roi  de  Wurtemberg  et  le 
Grand-duc  de  Bade.  Bausset  a  informé  les  domestiques  fran- 
çais qu'ils  seraient  congédiés  sous  peu  et  renvoyés  en  France). 


457.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4351  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

L'Empereur  Alexandre,  son  appréciation  sur  la  fête  militaire  (la  parade) 
du  18  octobre  et  le  bal  de  Metternich. 

Alexandre,  qui  a  été  enchanté  de  la  fête  militaire  (2)  du  18, 
dit  au  bal  de  Metternich  à  la  princesse  Paul  Esterhazy  :  «  La 
fête  est  belle,  mais  après  celle  de  ce  matin,  on  ne  devrait 
pas  en  donner  d'autre.  Le  bal  est  beau.  La  salle  est  grande 
et  belle.  Mais  il  y  a  toujours  de  la  diplomatie  là-dedans,  et 
je  n'aime  pas  ce  qui  est  faux.  » 

Il  a  dit  la  même  chose  à  Razoumoffsky  (c'est  l'archiduc  Fer- 
linand  qui  l'a  entendu)  à  propos  du  bal.   «  C'était  bien,  mais 
I  j'y  ai  vu  trop  de  diplomates,  et  ces  figures  m'ennuient.  » 
Razoumoffsky  dit  alors  :  «  Eh  bien  !  je  suis  bien  aise  de  le 
[savoir.  J'inviterai  à  mon  bal  pour  faire  plaisir  à  Votre  Ma- 
jesté une  compagnie  de  Son  Régiment.  » 


Le  prince  Abbé  de  St-Gall,  venu  pour  faire  valoir  ses  droits  à  une  in- 

lité,  obtint  par  Tart.  IX  de  la  Déclaration  insérée  au  protocole  du  Congrès 

ice  du  29  mars  1815)   Annexe  n"  11  de  l'acte  du  CoTigrès  signé  à  Vienne 

jnars  1813)  «  la  reconnaissance  pour  lui   d'une  eicistence  honorable  et 

lépendante,  garantie  par  le  payement  par  le  canton  de  St-Gall  d'une  pen- 

In  viagère  de  6.000  florins  d'Empire  et  d'une  pension  viagère  de  2  000  florins 

39  emploj'és  ». 

A  la  suite  du    Te  Deuin  et  de  la  ^ande   revue  qu'on  passa  au  Prater, 

jereur  d'Autriche  avait  offert  au  Lusthaus  un  grand  banquet  aux  Souve- 

|is,  aux  généraux  et  aux  chefs  de   corps.  Pour  les  détails  de  cette  revue, 

^BObBchler  du  20  octobre,  paçe  1596. 


340  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

458.  Vienne,  20  octobre  1804  (F.  2.  4057  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

La  durée  du  séjour  d'Alexandre  à  Vienne  dépend  des  affaires  de  Saxe  et  de 
Pologne.  L'Autriche  et  la  Saxe.  Gzartoryski  et  les  annexions  de  la  Pologne 
L'attribution  probable  d'une  partie  du  Limbourg  et  du  pays  de  Liège  à  la 
Maison  d'Orange. 

Alexandre  restera  ici  jusqu'à  ce  qu'il  ait  reconnu  l'impos- 
sibilité défaire  accepter  ses  vues  sur  la  Pologne  et  rAllemagne.' 
Il  espère  que  l'Autriche  cédera  sur  la  Saxe.  On  dit  que,  mal- 
gré la  résistance  du  cabinet  russe,  Gzartoryski  a  obtenu 
d'Alexandre  la  réunion  à  la  nouvelle  Pologne  russe  de  la  Li- 
thuanie  et  de  la  Volhynie. 

La  Prusse  et  l'Angleterre  seraient  d'accord  pour  attribuer 
à  la  Maison  d'Orange  la  portion  des  territoires  de  Liège  et  du  f 
Limbourg  situés  sur  la  droite  de  la  Meuse. 


459.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Dissolution  probable  du  Congrès.  Craintes  de  guerre.  Difficultés  an- sujet  d 
Pays-Bas,  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne.  Le  roi  de  Bavière  opposé  à  la  o 
sion  de  la  Saxe  à  la  Prusse.  L'opinion  d'Iiardenberg.  Les  Menées  de  Md 
ternich.  V/ 

f 

On  parle  de  plus  en  plus  de  la  prochaine  dissolution  m 
Congrès  et  du  départ  des  Souverains  et  de  leurs  Ministres,  f 

On  a  de  plus  en  plus  peur  de  la  guerre,  et  personne  ne  yoi$ 
comment  on  pourra  conserver  la  paix,  satisfaire  et  concilier 
tout  le  monde,  en  présence  des  divergences  de  vues  causées 
par  les  projets  de  cession  des  Pays-Bas  Autrichiens  et  du  par- 
tage de  la  Saxe,  par  les  prétentions  de  la  Russie  sur  la  Pologne 
et  par  les  appétits  de  la  Prusse.     . 

Le  roi  de  Bavière  désire  partir  et  déclare  hautement  que  le  ' 
partage  de  la  Saxe  serait  une.  infamie 

Hardenberg  pense,  lui  aussi,  que  l'exode  général  est  proche.jniio: 
Enfin,  on  dit  que  Metternich  travaille  à  augmenter  le  désordrie.rpf 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      341 

460.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

^fouvelles  militaires  de  Russie  et  de  Pologne.  La  Saxe  et  la  Pologne.  L'état 
des  esprits  d'après  le  grand-duc  Constantin.  Le  grand-duc  et  la  succession 
au  trône  de  Russie.  La  Harpe  et  le  choix  du  précepteur  du  fils  naturel  de 
Constantin. 

Le  grand-duc  Constantin  a  reçu  le  17  un  courrier  de  Var- 
ovie  ;  il  en  avait  expédié  un  la  veille.  On  n'a  pas  remarqué 
u'ils  aient  donné  lieu  à  quelque  démarche  particulière. 
l'Ukase,  par  lequel  les  généraux  russes  ne  peuvent  plus  être 
hefs  de  régiment,  a  fait  une  très  grande  impression  et  causé 
n  grand  mécontentement  en  Russie.  La  plupart  des  généraux 
e  trouvent  par  là  hors  d'état  de  vivre  convenablement. 

Le  quartier  général  de  l'armée  russe  est  toujours  à  Varsovie, 
e  général  Diebitsch  (1),  qui  était  en  semestre  à  Pétersbourg, 
reçu  l'ordre  de  rejoindre  le  quartier  général  à  Varsovie  ;  il 

est  déjà  arrivé. 

Les  Russes  et  les  Prussiens  regardent  l'affaire  de  la  Pologne 
t  de  la  Saxe  comme  terminées  sur  le  principal.  Il  n'y  a  plus 
ue  la  ligne  frontière  près  de  Gracovie  et  l'établissement  à 

nner  au  roi  de  Saxe  qui,  selon  eux,  soit  encore  un  objet  à 

gler. 

Le  grand-duc  causait  dernièrement  sur  Tesprit  révolution- 
aire  qui  caractérise  particulièrement  le  temps  actuel  et  sur 
s  progrès  qu'il  avait  faits  et  faisait  encore  dans  le  Nord  de 
(fVUemagne.  «  Les  Polonais,  me  dit-il,  surtout  les  militaires, 
ont  été  beaucoup  en  France,  sont  tellement  revenus  des 

incipes  philantrophiques  qu  ils  m'ont  dit  souvent  :  «  Vous 

rrez,  ce  sera  à  nous,  Polonais,  à  mettre  le  holà  dans  le  Nord 

TAllemagne,  dans  quelques  années  d'ici.  » 

Je  crois  ceci  intéressant  en  ce  que  cette  manière  de  parler 

la  Pologne  comme  corps  politique  montre  à  quel  degré  sont 

Diebitsch-Zabalkanski  (Frédéric,  comte)  (1785-1831),  entré  au  service  en 
^1,  se  distingua  par  son  courage,  par  son  intelligence,  par  la  part  qu'il  prit 
passage  des  troupes  d'York  du  côté  des  Russes.  Déjà  placé  à  la  tête  d'une 
kision  pendant  les  campagnes  de  1813-1814  il  commanda  en  chef  l'armée 
kse  pendant  la  guerre  de  Turquie  (1829)  et  mourut  du  choléra  au  cours  de 
Icampaguc  de  Pologne,  peu  de  temps  après  la  sanglante  bataille  d'Ostro- 
Ika. 


342  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

encore  leurs  espérances  et  que  le  grand-duc  ne  semble   pas 
avoir  été  chargé  de  les  désabuser. 

Quant  à  ce  qu'il  espère  personnellement,  dernièrement,  à 
propos  du  pas  avec  les  princes  royaux  de  Bavière  et  de  Wur- 
temberg, on  a  cherché  à  démêler  ce  qu'il  pense.  On  prétendait 
qu'il  devait  sous  tous  les  rapports  prendre  le  pas  sur  eux,  puis- 
qu'il était,  quoique  pas  déclaré,  mais  par  la  situation,  héri- 
tier présomptif,  tant  que  l'empereur  n'aurait  pas  d'enfants.  Il 
a  dit  ;  «  Non  seulement,  je  ne  désire  pas  régner,  mais  je  suis 
sûr  de  ne  jamais  monter  sur  le  trône.  J'ai  passé  ma  vie  à  m'oc-^ 
cuper  du  militaire  et  ne  connais  que  cela.  Mais,  si  même  l'Em-| 
pereur  n'avait  pas  d'enfants,  quoique  l'Empereur  Paul  ait  éta-| 
bli   le  droit    de  succession   pour  la  descendance  mâle,  nous| 
avons  dû,  au  couronnement  de  l'empereur,  mon  frère,  faire  le  » 
serment  de  reconnaître  comme  successeur  celui  de  la  famille 
qu'il  désignerait  (1).  » 

M.  de  la  Harpe  est  venu  beaucoup  chez  lui  depuis  quelques 
jours.  On  a  cherché  à  découvrir  pour  quel  motif,  et  on  a  appris 
du  Grand-duc  qu'il  lui  avait  cherché  un  gouverneur  pour  soij 
fils  naturel,  qu'il  a  eu  d'une  femme  d'une  classe  peu  distin-^l 
guée  de  la  société  et  qu'il  élève  chez  lui  (1).  La  mère  a  beau^ 
coup  d'influence  sur  son  esprit  et  le  mène  quelquefois  asse 
rondement.  M.  de  la  Harpe  lui  a  présenté  hier  un  jeune  Suiss( 
dont  on  n'a  pas  encore  pu  apprendre  le  nom. 


461.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4058  ad  3465). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Aperçus  sur  le  projet  Hardenberg-Stein  qui  diviserait  TAllemagne 
en  deux  grands  Etats,  Nord  et  Sud. 

On  affirme  que  depuis  hier  on  aurait  décidé  de  céder  à 
Prusse  la  plus  grande  partie  de  la  Saxe. 

Les  Plénipotentiaires  des  petits  Etats,  qui  ne  peuvent,  ni 
faire  écouter,  ni  même  se  faire  recevoir,  sont  de  plus  en  pi 
mécontents. 

1.  Voira  propos  de  la  renonciation  ultérieure  du  Grand-duc  la  note 
361    relative  à  son  divorce,  à   son  mariage  avec  la   comtesse  Grudzinska^ 
ses  relations  avec  M""*  Fridrichs. 


lp:s  préliminaires  et  les  ajournements  du  congrès     343 

462.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3563). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Les  Prussiens,  et  surtout  Hardenberg,  ne  sont  guère  con- 
tents des  Russes  ;  mais  ils  ne  croient  pas  cependant  que  l'on 
en  viendra  à  une  guerre  entre  les  Alliés.  On  croit  de  plus  en  plus, 
même  parmi  les  fidèles  du  roi  de  Saxe,  que  sa  cause  est  bien 
compromise. 


463.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4057  ad  3565). 

B...  à  HAGER 

Résumé  de  sa  conversation  avec  Anstett.  Le  Congrès.  La  politique  d'Alexandre. 
La  duplicité  de  Metternich.  La  question  de  Pologne  conliée  à  Gzartoryski. 
Ce  que  Scliwarzenberg  doit  penser  de  lui.  Les  griefs  persistants  d' Anstett 
contre  l'Autriche. 

Je  ne  perds  pas  une  minute  pour  vous  faire  part  de  la  con- 
versation que  je  viens  d'avoir  avec   Anstett.  Comme  je  lui 
demandais  où  en  étaient  les  affaires  du  Congrès,  en  lui  disant 
combien  je  craignais  de  leur  voir  prendre  une  mauvaise  tour- 
nure, surtout  en  raison  de  l'attitude  adoptée  et  des  difficultés 
inventées  par  la  France,  il  me  dit  :  «  La  France,  c'est  TAu- 
triche  autant  que  toutes  les  autres  puissances  qui  l'excite  et 
la  pousse  en  avant  afin  de  faire  durer  le  conflit  au  sujet  de  la 
Pologne.  Voilà  encore  un  point  sur  lequel  Metternich  n'a  pas 
conscience  nette.  En  ma  qualité  de  citoyen  du  monde,  je  ne 
)eux  d'ailleurs  pas  lui  donner  tort  à  ce  propos.  Même  comme 
)mme  d'Etat  russe,  je  ne  saurais  partager  complètement  les 
[dées  de  l'Empereur  Alexandre.  Je  l'ai  prouvé  dans  mes  tra- 
vaux et  dans  mes  notes  et  je  ne  sais  que  trop  bien  que  c'est 
[à  ce  qui  m'a  fait  perdre  la  faveur  dont  je  jouissais  auprès  de 
'Empereur.  Je  n'en  suis  du  reste  pas  autrement  désolé,  car 
ravais  déjà  pris  la  résolution  de  me  retirer  chez  moi.  Entre 
[emps,  je  ne  peux  me  dissimuler,  que,  depuis  le  jour  où  je  lui 
remis  ma  note,  dans  laquelle  je  déconseillais  le  rétablissement 
le  la  Pologne,  l'Empereur  ne  me  regarde  plus  et  ne  m'a  plus 
Ldressé  la  parole,  pas  plus  en  public  qu'au  bureau.  Au  fond, 
ne  prends  nullement  la  chose  au  tragique.  Ma  conscience 


344  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE  VIENNE 

est  en  paix,  et  j'ai  Fentière  conviction  d'avoir  fait  mon  devoir. 
L'Empereur  verra  plus  tard  que  cette  fois  encore  je  lui  ai  dit  la 
vérité,  tout  comme  à  Fribourg  où  je  lui  ai  dit  que  le  prince 
de  Metternich  le  jouerait  sous  jambe  relativement  à  la  Suisse 
(sic),  chose  qui  m'a  été  d'autant  moins  désagréable  que  cette 
opération  devait  exercer  une  influence  favorable  sur  la  marche 
de  la  campagne,  mais  qui  ne  me  contraria  que  parce  que  cette 
bonne  idée  était  sortie,  non  pas  du  cerveau  d'un  de  nos  hommes 
d'Etat,  mais  de  la  tête  d'un  ministre  autrichien. 

«  Maintenant  l'Empereur  est  tout  à  la  Pologne  et  aux  Polo- 
nais ;  mais  lorsqu'ils  lui  montreront  les  moustaches,  il  pensera 
qu'Anstett  a  encore  eu  raison. 

«  Je  travaille  encore  dans  le  cabinet,  mais  à  des  questions 
quelque  peu  étrangères  au  Congrès.  Habitué  à  l'ancien  ordre 
de  choses,  le  comte  de  Nesselrode  m'envoya  dernièrement  trois 
mémoires  en  me  priant  de  les  examiner  et  de  lui  faire  connaître 
mon  avis.  Je  répondis  par  une  note  au  verso  en  lui  disant  que, 
mes  vues  sur  la  Pologne  étant  en  opposition  absolue  avec  celles 
de  l'Empereur,  je  ne  pourrai  formuler  une  opinion  qu'après  y 
avoir  été  formellement  autorisé  par  lui.  J'attends  encore  cette  ,i 
réponse,  mais  j'ai  pu  me  convaincre  entre  temps  qu'on  avait  f 
passé  ces  mémoires  au  Prince  Czartorjski,  l'adversaire  le  plus  | 
déclaré  de  mes  opinions.  J'ai  donc  des  loisirs  en  quantité  ; 
mais  je  ne  vous  cacherai  pas  que  cela  me  laisse  parfaitement 
indifférent.  Aussi  suis-je  devenu  pour  Nesselrode  un  être  énigma  -  ^ 
tique.  Fidèle  à  ses  anciennes  habitudes,  il  m'envoie  un  tas  de  | 
pièces  à  l'examen.  Dans  le  temps  j  y  faisais  de  nombreuses  cor- 
rections. Aujourd  hui  mon  indifférence  me  fait  trouver  tout 
bien.  Nesselrode  ne  comprend  rien  à  cette  nouvelle  manière. 

«  Je  parierais  volontiers  que  le  prince  de  Schwarzenberg  est  I 
de  tous  celui  qui  juge  le  mieux  mon  état  d'esprit.  J'ai  été  le 
premier  personnage  avec  lequel  il  négocia  à  Varsovie  (1).  11  m'y 
a  pris  en  affection,  et  je  suis  certain  qu'il  ne  comprend  pas  plus 
que  moi,  comment  il  se  fait  que  je  n'ai  pas  encore  reçu  l'ordre 
de  Léopold  qu'il  demanda  à  ce  moment  pour  moi.  Je  sais  qu': 
est  revenu  à  la  charge  à  Paris.  Metternich  se  déclara  prêt 
appuyer  la  proposition,  mais  c'est  en  haut  lieu  qu'on  trouvtfl  , 
encore  de  la  résistance  ..  (Le  reste  de  la  conversation,  les  de 


4( 


1.  Allusion  à  l'armistice  qu'Anstett  signa  avec  Schwarzenberg  le  30  janvier 
1813.  --à 


ItU 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS       345 

nières  phrases  échangées  avec  l'agent  de  Hager  roulent  exclu- 
sivement sur  cette  question  de  décoration,  le  gros  grief  d'Ans- 
tett). 


464.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.4057  an  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Gagern,  son  portrait,  son  rôle,  ses   relations,  son  influence. 
Le  mouvement  constitutionnel  et  sa  portée. 

Gagern.  —  Ce  ministre  de  Nassau,  très  remuant,  tête  chaude, 
très  actif,  est  de  tous  les  plénipotentiaires  des  petits  Etats 
celui  qui  a  le  plus  d^affaires.  Il  est  très  lié  avec  Stein  qu'il  va 
voir  tous  les  jours.  Sa  maison  ne  vide  jamais.  11  donne  de 
grands  dîners  et  on  le  croit  chargé  des  affaires  du  prince  d'O- 
range, depuis  que  M.  de  Spaen  a  furieusement  baissé  et  n'est 
plus  en  état  de  rien  faire. 

On  dit  que  Gagern  s'occupe  de  Constitutions  européennes  et 
surtout  allemandes;  car  il  est  un  constitutionnel  enragé.  Je 
crois  qu'il  faudrait  se  mettre  dans  ce  mouvement  pour  le  me- 
ner et  le  diriger  plutôt  que  de  le  combattre.  Le  mouvement 
ssttrop  prononcé.  Toutes  lestâtes  intelligentes  ont  accepté  ces 
principes  et  la  Révolution,  dont  Bonaparte  n'était  que  Teffet, 
va  son  train. 


465.  Berlin,  16  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

JACKSON  (1)  à  lord  STEWARD  (Inlercepla)  (Analyse). 
L.e  langage  de  Caraman  et  la  question  de  la  Saxe.  La  gravité  de  la  situation. 

11  le  remercie  de  sa  lettre  qui  a  jeté  un  peu  de  lumière  sur 
les  faits  qu'on  lui  laissait  ignorer.  Depuis,  il  a  été  encore  un 
)eu  éclairé  par  le  langage  et  la  conduite  du  Ministre  de  France 

J.  Jackson  (Georges),  secrétaire  de  légation  à  Berlin  depuis  le  mois  de  mai 
1813. 


346  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Garaman  (1)  qui  s'exprime  sans  aucune  réserve  sur  la  ques- 
tion de  la  Saxe.  Garaman  observe  et  suit  avec  une  attention 
toute  spéciale  les  faits  et  gestes  de  la  mission  espagnole. 
«  Reste  à  savoir  si  cette  attention  vise  le  Ministre  ou  sa  fort 
jolie  femme  qui,  en  tout  cas,  y  est  bien  pour  quelque  chose.  » 
«  Vous  savez  ce  que  je  pense  de  la  situation  qui  m'inquiéte- 
rait fort,  si  nous  n'avions  pas  pour  nous  guider  un  pilote  qui 
nous  fera  arriver  à  bon  port.  » 


466.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Rapport  journalier  et  bordereau  du  22  octobre.  ^ 

Bruit  l'épandu  à  Vienne  d'une  entente  (?)  entre  les  Quatre  sur  les  questions 
de  Pologne,  Saxe  et  Allemagne.  Montgelas, 

On  prétend  que  Tentente  s'est  faite  entre  les  Quatre  sur  les  | 
questions  préjudicielles  (2)  (Saxe  et  Pologne)  et  que  pour 
l'Allemagne,  on  aurait  pris  la  résolution  de  s'inspirer  des 
principes  d'équité.  On  dit  cependant  qu'on  craint  que  le  fait 
de  mettre  un  Empereur  d'Allemagne  à  la  tête  de  ces  Etats 
ne  provoque  bien  des  jalousies. 

On  dit  que  le  comte  de  Montgelas  sera  ici  le  27  ou  le  28. 


467.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  35d5;. 

GOEHAU^EN  et  HOPFEN  à  HAGER 

Rapports  ayant  surtout  trait  à  la  surveillance  exercée  suri 
la  Députation  des  Juifs  de  Francfort,  l'Ambassade  de  Russie,j 
le  prince  Eugène,  Anstett,  Pozzo  di  Rorgo,  le  Général  Ouva- 
roff,  Stein,  Hardenberg,  Rechberg  (qui  doute  fort  de  la  venuel 
de  Montgelas),  Gaertner,  Tallejrand,  Labrador,  Goupj,  Cara- 
pochiaro,  Cariati,  etc. 

1.  Garaman  (Louis,  Charles,  Victor  Riquet,  marquis  puis  duc  de),  lieutc' 
nant-général,  diplomate,  né  en  1762,  mort  en  1839.  Nommé  ministre  à  Berlii 
en  1814,  puis  ambassadeur  à  Vienne  en  1815,  créé  duc  en  1828  après  avoir 
assisté  comme  plénipotentiaire  aux  diflFérents  Congrès  de  la  Sainte  Alliance 

2.  Il  n'en  était  malheureusement  rien. 


Il 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      347 

468.  Vienne  21  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

Liste  et  analyse  de  quelques  intarceptsi. 

Baron  Riedesel  (1)  à  Gentz  (20  octobre).  (Envoi  d'une  bro- 
chure sur  la  situation  et  la  constitution  de  l'Allemag-ne). 
Gaertner  à  Humboldt.  Stein  à  Hardenberg  (14  octobre).  Dal- 
berg  à  Corsini  (i).  Gaertner  au  prince  régnant  de  Schœnburg- 
Waldenburg  (3)  (20  octobre).  (L'occupation  de  la  Saxe  par  les 
troupes  prussiennes  est  imminente  et  la  cession  de  ce  royaume 
est  certaine,  puisque  la  Prusse  a  tout  cédé  à  la  Russie  en 
Pologne.) 


469.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

00  à  HAGER 

Dalberg  espère  qu'on  ne  rendra  pas  la  Souabe  et  le  Haut-Rhin  à  l'Autriche. 
Les  distributions  de  régiments  et  de  décorations.  Les  souverains  et  l'émis- 
sion de  cinq  cents  millions  de  florins-papier.  Alexandre,  Schwarzenberg  et 
Metternich.  Talleyrand  et  la  chute  du  monstre.  Les  bals.  La  brochure  : 
Apologie.  Gagern,  Munster,  l'ordre  de  Malte. 

Dalberg  m'a  dit  qu'il  serait  désolé  de  voir  l'Autriche  rentrer 
en  possession  de-  territoires  en  Souabe  et  sur  le  Haut-Rhin, 
parce  que  si  la  France  et  l'Autriche  ont  de  nouveau  des  fron- 
tières communes,  il  se  produira  forcément  des  collisions,  et 
alors  c^en  sera  fait  de  la  bonne  foi  et  de  la  durée  de  l'alliance 
(les  deux  pays  qui  lui  tient  si  fort  au  cœur. 

Chez  Thugut,  on  a  essayé  de  tourner  en  ridicule  l'accepta- 
tion  d'un  régiment  russe  par  notre  Empereur,  de  même  qu'on 
s'est  fort  amusé  de  la  dation  de  régiments  autrichiens  aux  sou- 
verains étrangers,  de  la  distribution  qu'on  a  faite  à  TEmpereur 
François  et  à  ses  ministres,  d'ordres  étrangers  civils  et  mili- 
taires. On  a  dit  que  Marie-Thérèse  et  l'Empereur  Joseph  II 

1.  Un  des  plus  actifs  agents  du  Tugend  band. 

2.  Cf.  Pièce  472. 

3.  Prince  Otto  Victor  de  Schœnburg-Stein-Waldenburg,  né  en   1785,  mort 
len  1859,  succéda  à  son  père  en  1800;  l'un  des  nombreux  princes  dont  Gaertner 

était  le  représentant. 


3i8  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

auraient  trouvé  fort  au-dessous  delà  dignité  de  la  Maison  d'Au- 
triche de  se  prêter  à  de  tels  enfantillages. 

Chez  Thugut  et  dans  beaucoup  d'autres  maisons,  on  dit  que 
le  seul  résultat  palpable  de  la  présence  des  souverains  étran- 
gers à  Vienne  a  consisté  jusqu'ici  dans  l'émission  de  500 mil- 
lions de  florins  de  nouveaux  Anticipation  S cheine .  Chez  Etienne 
Zichy,  chez  Hatzfeld,  chez  Schœnborn,  on  constata  à  la  fois 
les  égards  dont  l'empereur  Alexandre  combla  Schwarzenburg 
et  la  froideur  avec  laquelle  il  traita  Metternich. 

D'Ivernois  (1),  qui  vient  maintenant  souvent  chez  Puffendorf, 
a  raconté  qu'il  avait  dîné  dernièrement  avec  Sydney  Smith 
chez  Talleyrand,  qui  n'a  cessé  de  parler  du  monstre  et  de  la 
chute  du  monstre. 

Hier,  il  y  a  eu  un  petit  bal  chez  Stackelberg.  Alexandre, 
l'Impératrice  de  Russie,  les  grandes-duchesses,  nos  Archi- 
ducs, les  princes  allemands  et  le  dessus  du  panier  du  corps 
diplomatique  y  ont  assisté.  Le  26,  il  y  aura  un  second  bal 
chez  Stackelberg.  Après-demain  (le  23)  bal  chez  Schœnborn. 
Le  30,  bal  masqué  chez  Metternich,  pour  lequel  Alexandre  sera 
de  retour  de  Hongrie. 

A  en  croire  Stackelberg,  le  Congrès  ne  serait  pas  près  de 
finir.  On  a  parlé  chez  lui  de  V Apologie  (2),  de  Gagern,  que 
celui-ci  a  fait  imprimer  et  qu'il  distribue,  et  dans  laquelle  pas 
mal  de  gros  personnages  sont  assez  mal  traités. 

Le  comte  Miinster  est  fort  froissé  de  l'insistance  que  Gagern 
met  à  vouloir  prendre  pied  chez  lui.  On  a  enfin  remarqué  que 
depuis  quelques  temps  Stein  ne  se  montre  plus  nulle  part  et 
travaille  chez  lui  sans  trêve  ni  repos.  L'ordre  de  Malte  réclame 
des  indemnités  et  un  rétablissement  dans  l'état  où  il  était  le 
1"  janvier  1792.  La  réclamation  est  très  chaudement  patronnée 
par  la  noblesse  de  Vienne. 


1.  Ivernois  (Francis  à').  Expulsé  de  Genève  à  la  suite  des  troubles  de  1782, 
il  passa  une  partie  de  sa  vie  en  Angleterre  et  y  fut  créé  Sir  en  récompense 
des  services  qu'il  avait  rendus  à  ce  pays. 

2.  Mais  n'est-ce  pas  plutôt  de  la  brochure  :  Apologie  de  Frédéric-Auguste 
Roi  de  Saxe  par  un  sujet  dévoué  à  Sa  Majesté  au  mois  de  septembre  1814, 
qui  n'est  pas  de  Gagern,  dont  il  s'agit  ici  (Cf.  Gagern,  i/em  Antheil,  etc.,  etc., 
H,  71),  où  il  parle  des  mémoires  assez  bien  faits  en  faveur  du  Roi  de  Saxe' 
qui  circulent  ici:  «Apologie  da  Roi  de  Saxe  et  Sachsen  und  Preussen  suum 
cuique.  » 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       349 

470.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Le  plan  de  reconstitution  de  l'Europe  fait  par  Talleyrand  et  les  visées 
de  la  France  d'après  Dalberg.  Pourquoi  on  ne  l'acceptera  pas. 

D'après  Dalberg,  Talleyrand  a  fait  un  plan  général  d'arran- 
gement de  l'Europe  qui  est  un  vrai  monument  de  sagesse.  La 
France  ne  demande  rien  pour  elle.  Elle  ne  veut  que  la  paix 
du  monde  (1).  Le  roi  de  Saxe  garderait  son  pays.  Les  Russes 
ne  menaceraient  pas  par  et  pour  la  Pologne  la  tranquillité  de 
l'Allemagne  et  de  l'Europe  entière.  Ce  plan  a  été  présenté  à 
l'Empereur  d'Autriche  et  au  Congrès.  Il  n'y  a  rien  à  dire  contre, 
et  cependant  Dalberg  est  convaincu  qu'on  n'en  voudra  pas, 
parce  que  c'est  Talleyrand  qui  l'a  présenté.  Dieu  sait  ce  qu'on 
fera  et  cependant  tout  va  mal  et  ira  plus  mal  encore. 


471.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
Labrador,  l'Espagne,  Naples,  Murât. 

Labrador  se  plaint  de  ce  qu'on  l'ait  fait  se  placer  en  avant 
pour  demander  l'expulsion  de  Murât  et  puis  qu'on  l'ait  lâché 
ensuite  en  lui  reprochant  d'y  mettre  trop  d'animosité  et  de 
haine.  Il  a  insisté  en  même  temps  sur  les  nouvelles  défavo- 
rables à  Murât  apportées  par  un  certain  Farina  établi  à  Naples 
et  qui  serait  le  fils  d'une  fille  du  général  Lauer. 


1.  D'Angebercî,  315-316.  Réponse  de  la  France  à  la  déclaration  du  8  octobre 
pour  l'ajournement  du  Congrès  de  Vienne.  {Monileur  du  22  octobre  1814). 


350  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENiNE 

472.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4360  ad  ::-565). 

DALBERG  à  la  Duchesse  (à  Bologne)  (intereepta) 
(sous  le  couvei't  de  Gorsini)- 

Ses  démarches  en  faveur  de  Marescalchi.  Conseils  qu'il  lui  donne.  Tout  est 
arrêté  par  les  questions  de  Pologne  et  de  Saxe.  Le  Congrès  et  sa  durée 
probable.  Froideur  qu'on  témoigne  aux  Français. 

Pas  plus  tard  qu'hier,  j'ai  parlé  au  prince  de  Metternich  sur 
les  affaires  du  bon  papa  Marescalchi.  Il  m'a  dit  :  «  C'est 
arrangé.  Soyez  tranquille,  c'est  fait.»  J'ai  demandé  à  Floret  (1); 
j'ai  parlé  à  Wessenberg,  vice-président  de  la  Commission  Ita- 
lienne. Que  puis-je  faire  de  plus?  J'ai  dit  des  duretés  à  tout 
ce  monde.  Mais  qu'est-ce  qui  aide  dans  ce  pays.  Rien  n'égale 
cette  marche  d'affaires.  Floret  m'a  dit  que  ce  serait  une  honte 
de  parler  de  tout  cela  et  qu'il  rougissait  en  pensant  à  la  façon 
dont  on  avait  agi  avec  Marescalchi.  J'engage  celui-ci  à  profi- 
ter de  toutes  les  occasions  pour  rappeler  délicatement  cet  objet 
à  l'Empereur  et  à  ses  ministres  et  à  ne  plus  faire  aucune  dé- 
pense avant  qu'on  ait  réglé  ses  appointements.  Lors  du  voyage 
de  l'Empereur  en  Italie,  cela  s'arrangera  sans  faute,  si  même 
Metternich  a  de  nouveau  trahi  la  vérité.  Mais  avec  ce  monde- 
ci,  il  faut  avoir  de  la  patience. 

Nos  affaires  ici  n'avancent  point.  Tout  tient  à  la  question 
de  la  Pologne  et  de  la  Saxe.  Si  nous  quittons  le  Congrès,  cela 
sera  dans  le  courant  de  novembre.  Si  les  affaires  se  terminent, 
ce  serait  vers  la  fin  de  novembre. 

Les  fêtes  ici  sont  belles,  mais  il  n'y  a  nulle  société,  et  comme 
la  Coalition  et  l'esprit  de  la  Coalition  sont  dans  toute  leur 
force,  les  Français  sont  mal  reçus  partout,  et  tout  se  borne  à 
des  compliments  très  froids  et  à  des  réceptions  peu  aimables. 
Louez  le  ciel  de  n'être  pas  venue  ici. 


1.  Floret  (chevalier  de\  Conseiller  d'ambassade  autrichien.  C'est  lui  qui 
apporta  en  1810  à  Vienne  la  nouvelle  que  Napoléon  demandait  officiellement 
la  main  de  Marie-Louise. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU  CONGRÈS       351 
473.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.   2.  4360  ad  3565). 

HOPFEN    à    HAGER 

Renseignements  sur  la  comtesse  Defours  (1). 

La  Comtesse  Defours,  originaire  de  Linz,est  de  basse  extrac- 
tion et  tout  à  fait  dans  les  bonnes  grâces  du  grand-duc  Cons- 
tantin qui  vient  de  lui  donner  des  boucles  d'oreilles  en  dia- 
mants et  un  collier  de  perles.  Cela  ne  l'empêche  pas  de  recevoir 
d'autres  hommes  chez  elle  (2). 


474.  Vienne,  23  octobre  1819  (F.  2.  4123  ad  3365). 

HAGER    à   L'EMPEREUR  (F.  2.  4418  ad  3565) 
Boi'dereau  et  rapport  journalier  du  23  octobre. 


475.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4418  ad  3565). 

L'EMPEREUR    D'AUTRICHE    à    HAGER  (Analyse). 

Ordres  relatifs  à  la  transmission  des  pièces  pendant  la  durée 
de  son  voyage  en  Hongrie. 

Comme  il  part  le  lendemain  pour  quelques  jours  pour  Ofen, 
ordre  de  donner  en  son  absence  les  rapports  sur  le  Congrès 
au  prince  de  Metternich  qui  en  a  besoin  de  suite  et  qui  les  lui 
Iremettra  à  son  retour  à  Vienne. 

Ordre  d'adresser  les  autres  rapports  à  la  Chancellerie  deu 
son  cabinet  secret  {Geheime  Cabinets  Kanzleï). 


L76.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Alexandre  I"  déjeune  chez  la  duchesse  de  Sagan.  Dépit  de  la  princesse 
Bagration.  Bruits  de  concessions  de  la  Russie  à  propos  de  la  Pologne. 

Hier  (le  23  octobre)  l'Empereur  de  Russie  a  été  tout  seul  à 

1.  Ce  bulletin  n'avait  pas  échappé  à  l'attention  de   l'Empereur  qui,  le  24 
ftobre,  envoyait  à  Hager  (F.  2.  4135  ad  3565)  l'ordre  de  «  traiter  la  Comtesse 

)efours  en  lui  appliquant  les  prescriptions  de  la  loi  »,  c'est-à-dire  en  l'ex- 
lulsant  de  Vienne. 

2.  Entre  autres,  le  prince  de  Metternich. 


352  AUTOUR    DU    CONGRÈS     DE    VIENNE 

11  heures  du  matin  chez  la  duchesse  de  Sagan,  où  il  a  déjeuné 
en  tête-à-tête  et  où  il  est  resté  jusqu'après  1  h.  25  après  midi. 

Le  côté  gauche  (la  princesse  Bagration  qui  loge  dans  la 
même  maison)  l'attendait  toujours,  mais  hélas,  l'attend  encore. 
On  dit  que  ce  côté  a  beaucoup  perdu  ces  jours  derniers,  qu'il 
a  trop  jasé,  s'est  laissé  aller  à  la  rage  contre  l'infidèle.  On  dit 
aussi  que  les  affaires  politiques,  prenant  à  présent  une  tour- 
nure plus  rapprochante,  les  deux  côtés  de  l'hôtel  Palm  dispa- 
raîtront bientôt  et  fiât  unum  ovile  et  itniis  pastor. 

Hier  (le  22),  les  nouvelles  étaient  qu'on  s'arrangerait  sur  la 
grande  affaire  de  la  Pologne,  de  laquelle  dépendent  toutes  les 
autres.  On  disait  que  la  Russie  s'était  démise  de  ses  hautes 
prétentions  sur  ce  pays. 


i 


477.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

Rapports    à    HAGER 
Surveillance  de  Marie-Louise  et  d'autres  personnages. 

Le  20  au  soir,  Dalberg,  venu  en  visite  chez  la  Comtesse  de 
Brignole  à  H  heures,  est  resté  à  conférer  avec  elle  jusqu'à 
2  heures. 

Rapports  sur  le  prince  Eugène,  Stackelberg  (Liste  des  vi- 
sites qu'il  a  reçues),  Pozzo  di  Borgo,  La  Harpe,  Czartoryski, 
Radziwill,  Dalberg,  Stein,Hardenberg,  Gaertner,  Miltitz,  Tal- 
leyrand,  le  musicien  Neukomm,  Aldini  (le  20,  chez  Marie- 
Louise),  Goupy,  Joséphine  Wolters  (venue  le  19  et  le  20  à  l 
Burg  chez  Wolkonsky). 


478.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565  . 

Note   du  STAATSRATH    FRIESE    à    HARDENBERG 
{Intercepta). 

Mémoire  sur  la  contestation  existant  entre  les  bateliers 
Cologne  et  l'administration  de  Mayence. 


i[ 


le 


LES    PRÉLIMINAIRES   £T    LES    AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS      353 

479.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

N.  N.  à  HAGER  (analyse). 

Anxiété  terrible  des  Polonais  causée  par  l'incertitude  où  ils 
sont  sur  le  sort   de  leur  pays. 


480.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

N.  N.  à  HAGER  (analyse). 
Anstett  est  en  complète  disgrâce  auprès  du  tzar. 


481.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2,  4123  ad  3565). 

GœHAUSEN    à  HAGER  (analyse). 

On  a  dit  chez;  le  comte  Salmour  que  le  royaume  de  Saxe 
erait  rétabli  et  que,  le  prince  Antoine  de  Saxe  devenant  roi, 
omme  il  n'a  pas  d'enfants,  le  duc  de  Weimar  serait  son  hé- 
ritier. 


182.  Vienne,  22  octobre  1314  (F.  2.  4123  ad  3565). 

GŒHAUSEN   à  HAGER 

a  deuxième  conférence  chez  Gagern.Les  menées  infructueuses  de  la  Prusse. 
On  se  défie  d'elle.  Le  mot  dit  à  Gagera  dans  l'escalier  de  la  Chancellerie 
d'Etat.  Le  dîner  qu'il  donne  aux  Anglais  à  Baden. 

Les  représentants  des  petits  Etats  allemands  se  sont  réunis 
lez  Gagern,  où  Rœntgen  (Nassau),  (1)  a  pris  la  parole.  Ces 
(essieurs  continuent  à  se  retrouver  chez  le  conseiller  de  Léga- 
)n  de   Mecklembourg-Schwerin   von   Dietrich  (2)  et  s'y  oc- 

,  Secrétaire  de  la  Légation  de  Nassau. 

Comte  de  Dietrich  zu  Erbmannsthal,  conseiller  de  Légation  de  Mecklem- 
Ijrg-Schwerin. 

T.  I.  -,  23 


354  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

cupent  exclusivement  du  projet  de  proclamer  TEmpereur  d'Au- 
triche Empereur  d'Allemagne.  La  Prusse,  d'après  ce  qu'on 
m'affirme  de  façon  positive,  contrecarre  ce  projet  par  tous  les 
moyens  dont  elle  peut  disposer,  et  il  paraît  que  depuis  quelques 
jours  elle  s'applique  à  répandre  le  bruit  que,  même  dans  ce 
cas,  l'Autriche  ne  défendra  pas  les  intérêts  de  l'Allemagne, 
puisqu'elle  n'a  pas  pris  la  défense  de  la  Saxe  et  ne  partage  en 
aucune  façon  les  vues  des  princes  qui  n'ont  au  contraire  qu'à  ^ 
faire  cause  commune  avec  la  Prusse.  Ces  menées  n'ont  pas 
réussi  jusqu'à  présent,  et  Ion  se  défie  tellement  de  la  Prusse  l 
qu'il  semble  peu  probable  qu'elle  puisse  arriver  à  ses  fins. 

P. -S.  —  Ce  soir, bal  chez  Gagern  où  il  y  eut  hier  une  deuxième 
conférence,  à  la  suite  de  laquelle  il  s'est  rendu  de  suite  à  la  Chan- 
cellerie d'Etat,  où  il  rencontra  dans  l'escalier  un  inconnu  qui 
lui  dit  :  «  Je  suis  bien  heureux  de  vous  voir.  Vous  avez  fait 
un  nœud  que  personne  n'arrivera  à  délier.  » 

Le  20,  Gagern  avait  traité  à  Luxenburg  et  à  Baden  la  plu- 1 
part  des  ministres  anglais  présents  ici.  On  dîna  à  Baden.  Quel- ^ 
ques-uns  des  Anglais  avaient  tellement  bu  qu'ils  ne  purent] 
rejoindre  leur  voiture  à  pied  et  qu'il  fallut  presque  les  y  por-| 
ter.  Tout  le  monde  était  très  gai. 


483.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

Rappout  à  HAGER 

Les  causes  de  l'opposition  de  la  noblesse  russe  au  rétablissement  du  royaui 
de  Pologne.  Les  idées  du  général  Orurk  en  faveur  du  groupement  des  peupl^ 
balkaniques  et  de  la  création  d'un  royaume  gouverné  par  un  prince  ru6f' 

Maintenant  que  je  commence   à  voir  plus   clair,  voici  1< 
observations  que  j'ai  faites. 

La  noblesse  russe  est  loin  de  désirer  le  rétablissement 
royaume  de  Pologne,  et  voici  les  raisons  que  m'en  donnent  1« 
Russes  présents  ici  : 

1°  La  noblesse  russe  redoute  l'intelligence,  infiniment  su] 
Heure  à  la  leur,  des  Polonais  et  la  prépondérance  qu'ils  ne 
deraient  pas  à  acquérir. 


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11 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      355 

2"  Elle  craint  que,  même  placé  sous  la  domination  d'un  prince 
russe  déclaré  indépendant,  et  malgré  les  liens  de  parenté  qui 
l'uniraient  à  la  Russie,  ce  royaume  rechercherait  surtout  son 
propre  avantage  et  s'eîforcerait  d'attirer  à  lui  les  autres  pro- 
vinces et  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  la  nouvelle  Russie. 
3°  Elle  craint  enfin  que,  dans  le  cas  où  la  Pologne  devien- 
drait un  royaume  secondaire,  un  royaume  façonné  sur  le  modèle 
de  la  Hongrie,  qui  dépend  entièrement  de  TAutriche,  les  pré- 
férences, qu'Alexandre  témoignerait  à  ce  royaume  fraîchement 
éclos,  pourraient  aller  jusqu'à  tolérer,  jusqu'à  favoriser  l'an- 
nexion à  la  Pologne  de  la  nouvelle  Russie.  Il  en  résulterait  fata- 
lement qu'avec  le  temps,  ce  nouveau  colosse  finirait,  à  cause 
de  la  ditférence  de  religion  et  de  coutumes,  par  se  détacher 
de  la  Russie. 

Les  généraux-lieutenants  russes,  comte  Orurk  et  Zwieliniew, 
qui  sont  très  considérés  dans  l'armée,  que  l'Empereur  a  couverts 
'honneurs  et  qui  exercent  une  certaine  influence  sur  l'esprit 
e  l'armée  et  de  la  noblesse,  sont  tellement  hostiles  au  rétablis- 
ement  de  ce  royaume  qu'ils  n'ont  pas  craint  de  dire,  que  l'Em- 
ereur  n'a  pas  le  droit,  aux  termes  de  la  Constitution  du  pays, 
e  détacher  de  l'Empire  une  province  qui  lui  a  été  annexée, 
e  plus,  ces  Messieurs  pensent  que  la  portion,  dont  s'augmen- 
era  le  duché  de  Varsovie,  est  trop  petite  pour  qu'on  puisse 
aire  de  la  Pologne  un  royaume  et  que,  sans  les  provinces  prus- 
iennes  et  la  Galicie  orientale  autrichienne,  les  Polonais  ne 
eront  jamais  contents.  Le  comte  Orurk  déclare  et  fait  remar- 
uer  entre  autres  que  l'intérêt  de  la  Russie  lui  commande  de 
atisfaire  l'Autriche  et  la  Prusse  du  côté  de  la  Pologne,  de 
noncer  en  leur  faveur  aux  deux  nouveaux  cercles  de  la 
alicie  Orientale  sur  le  Dniester  et  de  ne  pas  songer  à  des 
grandissements  de  ce  côté.  La  Russie  ferait  mieux  de  songer 
l'Eglise  grecque  et,  d'accord  avec  l'Autriche,  de  former  jus- 
u'aux  Balkans  un  seul  tout  des  peuples  de  la  Moldavie,  de 
Valachie  et  de  la  Bulgarie  et  de  placer  à  la  tête  de  ce  nou- 
eau  groupement  un  prince  russe  qui  deviendrait  leur  roi. 


3o6  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

484.  Vienne,  22  octobre  1814    (F.  2.  4123  ad  3565). 

Comtesse  de  REGHBERG  au  Comte  de  GOERTZ 
(à  Ratisbonne)  {intercepta)  (en  français). 

Les  affaires  d'Allemagne.  Les  premiers  projets  de  Constitution. 
Francfort,  siège  probable  de  la  Diète. 

On  travaille  vivement  aux  affaires  d'Allemagne.  Trois  ou 
quatre  séances  ont  déjà  eu  lieu  (1).  Il  s'agit  de  fixer  un  Bun- 
destag  qui  se  rassemblera  à  des  termes  fixés,  probablement 
à  Francfort. 

L'Autriche,  ainsi  que  la  Prusse,  y  auront  deux  voix  cha- 
cune. La  Bavière,  le  Hanovre  et  le  Wurtemberg  en  auront 
chacun  une.  Les  Souverains,  qui  n'auront  pas  au  delà  de 
100.000  sujets,  seront  dans  une  chambre  basse  où  ils  pour- 
ront, avec  quelques  modifications,  énoncer  aussi  leurs  opi- 
nions. Tel  doit  être  le  plan  sur  lequel  il  y  aura  sans  doute 
encore  bien  du  travail. 


if 


485.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4321  ad  3565). 

LOEWENHIELM  à  WETTERSTEDT  (2)  (à  Paris). 
[Intercepta)  (en  français). 

Le  sort  de  la  Suède  semble  assuré.  Les  appétits  des  Puissances.   La  Polo 
gne  et  Alexandre.  Murai  et  les  Bourbons.  Parallèle  entre  Murât  et  FerdiS 
nand  IV.  Inaction  des  Huit. 


Je  vois,  grâce  à  l'indépendance  parfaite  dont  la  Suède  jo 
désormais,  d'un  œil   tranquille  et    calme  les   agitations  d 
autres  Puissances  qui  ne  s'entendent  pas  encore  sur  le  pa 
tage  du  butin.  La  moralité  qu'on  a  prêchée  est  difficile  à 
corder   avec    certains  appétits    qu'on  veut    satisfaire.    D' 
autre  côté,  tout  le  monde  convient  de  la  justice  qu'il  y    aflkiJe: 

1.  Le  Comité  des  affaires  d'Allemagne,  qui  avait  en  effet  tenu  séance  le 
le  16  et  le  20  octobre,  tint  une    quatrième    séance  le  22,  le  jour  même  où 
Comtesse  de  Rechberg  écrivait  à  son  père  (Cf.  d'ANOEBERG,  289-290,  296-3 
303-315,  320-330). 

2.  Wetterstedt  (Gustave,  baron  de),  Ministre  de  Suède  à  Paris. 


H 
iian, 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       357 

rendre  aux  Polonais  une  existence  nationale  ;  mais  on  ne  veut 
pas  les  laisser  à  l'Empereur  Alexandre  qui  est  le  seul  qui  sent 
et  qui  veut  et  celui  sans  lequel  aucune  Pologne  ne  saurait 
exister. 

L'histoire  de  Murât  est  une  autre  affaire.  Les  Bourbonnis- 
tes  veulent  récupérer  le  trône  et  ils  ont  des  gens  qui  les  sou- 
tiennent. Mais  je  ne  sais  pas  encore  s'il  est  de  l'intérêt  de 
tous  de  rendre  un  pied  à  terre  aux  Français  en  Italie,  et  on 
a  beau  dire,  il  paraît  que  Murât  est  beaucoup  plus  aimé  que 
le  légitime  Ferdinand  et  que  son  gouvernement  est  infiniment 
au-dessus  de  celui  de  l'ancienne  dynastie.  On  le  dit  très  aimé 
à  Naples.  En  tout  cas,  les  folies  et  le  cagotisme  de  l'autre  Fer- 
dinand en  Espagne  ne  sont  pas  de  nature  à  encourager  les 
Napolitains  à  désirer  leurs  anciens  maîtres. 

En  attendant  que  tout  cela  s'arrange,  nous  autres  du  Con- 
seil Préparatoire  des  Huit,  nous  ne  faisons  rien  du  tout,  et  le 
temps  se  perd  en  paroles. 


:86.       Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

REGARD  à  ENGESTRŒM  {Intercepta)  (en  français). 

,e  Congrès.  L'occupation  de  la  Saxe  par  les  Prussiens.  Le  futur  système 
fédératif  de  l'Allemagne.  Réduction  du  nombre  des  Etats  indépendants. 
Razoumoffsky  fait  don  de  son  palais  à  la  Russie. 

Les  négociations  préparatoires  se  terminent  à  peu  près  dans 

îs  mêmes  termes,  quoiqu'on  fasse  tout  pour  aplanir  les  dif- 

cultés  et  parvenir  à  un  parfait  accord. 

On  parle  beaucoup  de  l'occupation  prochaine  de  la  Saxe  par 

Is  troupes  prussiennes. 

A  ce  qu'on  assure,  la  question  s'agite  de  réduire  à  un  petit 

).mbre  les  Etats  indépendants  qui  composeront  dorénavant  le 

rstème  fédératif  de  l'Allemagne,  en  sorte  que  les  Monarchies 

^ules  jouiront  d'une  réelle  autonomie  et   les    autres   Etats 

rands-Duchés,  Principautés,  etc.,  etc.),  seront  placés  sous 

protection  et  direction  quant  aux  relations  extérieures  et 

la  disposition  de  leurs  forces  militaires  et  que  par  conséquent 

souveraineté  sera  plus  ou  moins  limitée  en  raison  de  l'im- 

krtance  de  leurs  possessions.  Il  est  évident  que  cet  arrange- 


3o8  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

ment  n'est  pas  fort  agréable  aux  Gouvernements  et  n'est  pas  1 
goûté  par  la  haute  noblesse  allemande  qui  s'était  imaginée 
qu'on  allait  rétablir  une  espèce  d'Empire  germanique,  qui  eût 
mieux  convenu  à  des  intérêts  de  famille,  qu'elle  a  d'ailleurs  de 
bonnes  raisons  pour  désirer,  mais  qui  n'est  pas  envisagé  sous 
le  même  point  de  vue  par  les  cabinets  désireux  de  mettre 
l'Allemagne  à  l'abri  des  malheurs  dont  son  ancienne  consti- 
tution était  peu  propre  à  la  garantir. 

Le  comte  Razoumofîsky  vient  de  faire  hommage  à  l'Empe- 
reur Alexandre  de  son  magnifique  palais  et  jardin  ici.  On  croit 
qu'il  va  être  nommé  Ambassadeur  à  cette  Cour. 


487.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4123  ad  3565). 

MAVROJENI  (1)  à  son  frère  (à  Jassy). 
(Analyse)  {Intercepta)  (en  français). 

Les  Quatre,  la  France,  l'Espagne  et  le  Portugal.  Conflit  de  puissance 
entre  le  Wurtemberg  et  le  Hanovre.  L'expulsion  de  Baliio. 

Les  Ministres  des  Puissances  alliés  (Autriche,  Russie,  Pruss 
et  Angleterre)  ont  des  conférences  fréquentes  entre  eux,  sans- 
que  ceux  de  France,  d'Espagne,  de  Portugal  et  de  Suède  j| 
prennent  part.  Les  derniers  n'en  cachent  pas  leur  méconten- 
tement et  ils  ne  manqueront  pas  de  protester  à  la  première  occa^: 
sion  contre  des  arrangements  qui  seraient  en  opposition  à  leur 
vues  et  que  les  plénipotentiaires  des  quatre  puissances  alliée] 
auraient  pu  concerter  entre  eux. 

Le  roi  de  Wurtemberg  demande  que  le  nouveau  roi  de  Han 
vre  ait  le  rang  après  lui.  Cette  contestation  n'est  pas  enco 
terminée,  mais   on  croit  qu'elle  le  sera  en  faveur  du  roi 
Hanovre. 

On  est  toujours  d'avis  que  le  Congrès  n'aura  pas  de  guer 
à  sa  suite  ;  que  chacune  des  parties  intéressées  rabattra  de  a 
prétentions  et  que  la  Russie  finira  par  se  contenter  d'une  p 
tie  du  Duché  de  Varsovie  et  la  Prusse  de  quelques  districts 

1.  Mavrojeni,  Chargé  d'affaires  de  Turquie  à  Vienne. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      3Ô9 

la  Saxe.  La  question  de  Murât  et  de  Naples  n'est  pas  encore 
entamée- 

Post-Scriptnm  (en  allemand). 

J'ajoute  que  Bellio,  l'agent  de  la  Valachie,  a  été  conduit  à 
la  frontière  sous  Tescorte  de  deux  soldats  par  ordre  de  la  police 
qui  a  saisi  tous  ses  papiers. 


488.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

TÛRKHEIM  à  L...  (à  Darmstadt). 
{Intercepta)  (en  allemand). 

Rien  de  préparé  pour  la  constitution  de  l'Allemagne.  Mot  du  roi  de  Prusse. 
Le  partage  de  la  Saxe.  Opposition  à  ce  projet.  Bruits  divers  au  sujet  de  la 
Saxe  et  de  la  Pologne.  Les  protestations  de  la  France. 

D'après  Wrede.  on  n'a  encore  présenté  aucun  plan  aux  con- 
férences sur  rAllemagne,  et  les  grandes  Puissances  n'ont  rien 
préparé.  Le  roi  de  Prusse  a  dit  à  la  dernière  audience  donnée 
aux  ministres  de  Suède  :  «  La  dernière  campagne  a  été  bril- 
lante et  rapide.  La  campagne  diplomatique  sera  longue  et  peu 
satisfaisante.  » 

L'Autriche  aura,  paraît-il,  une  petite  partie  de  la  malEeu- 
I  reuse  Saxe;  la  Saxe-Weimar  aura  Erfurt  et  quelques  districts 
occidentaux,  la  Prusse, tout  le  reste,  et  on  proscrira  la  branche 
Albertine.  C'est  une  honte  pour  l'Allemagne  que  de  devoir 
tolérer  pareil  agrandissement  de  la  Prusse,  si  richement  in- 
demnisée ainsi  de  la  perte  d'une  partie  de  cette  Pologne  ac- 
quise si  malhonnêtement  par  elle.  C'est  en  outre  l'obligation 
de  renoncer  à  l'établissement  d'une  forte  Confédération  ger- 
manique. C'est  un  singulier  commencement  de  l'établissement 
de  l'équilibre  européen  solennellement  promis  et  tellement 
vanté.  Hier  cependant,  on  m'a  assuré  que  la  chose  était  loin 
d'être  décidée  et  qu'on  allait  encore  tenter  de  sauver  la  Saxe. 
11  semble  aussi  qu'on  songe  à  éloigner  d'elle  le  propriétaire 
actuel,  dont  la  personne  semble  par  trop  dangereuse. 


360 


AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 


25  octobre. 

Le  Comité  travaille  en  silence.  On  dit  bien  que  la  question 
Saxe-Pologne,  dont  toutes  les  autres  dépendent,  est  loin  d'être 
tranchée.  Mais  ce  qui  est  sûr,  c'est  que  le  général  prussien 
von  Kleist  y  va  comme  gouverneur  militaire  et  le  ministre 
baron  Beck,  comme  gouverneur  civil.  Ce  dernier  sera  remplacé 
plus  tard  par  le  prince  Guillaume. 

La  France  a  protesté  vivement  contre  cette  violation  du 
droit  et  la  Bavière  ne  cache  pas  son  opposition  à  cette  occu- 
pation. 


489.  Vienne,  23  octobre  1813  (F.  2.  4129  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
L'affaire  des  officiers  au  Matschaker-Hof. 

Rapport  sur  les  indiscrétions  commises  par  des  officiers  dans 
YOffizier  Zimmer  du  Matschaker-Hof  (1),  où  leurs  propos  au- 
raient été  entendus  par  des  étrangers. 

Ordre  de  l'Empereur  de  suivre  sérieusement  cette  affaire. 

Hager  charge  en  conséquence  le  Hofrath  Siber  de  cette  affaire, 
d'ailleurs  très  grossie  et  ne  présentant  aucune  importance  (Cf. 
Ibidem.  4367  ad  3565,  6  novembre). 

Nouvel  ordre  de  l'Empereur  du  20  novembre  de  continuer 
cette  surveillance  (4685  ad  3565)  et  de  lui  fournir  les  noms 
des  officiers  qui  y  dînent  ensemble. 

Les  officiers  s'aperçoivent  de  cette  surveillance,  vont  ail- 
leurs, mais  y  sont  également  épiés  par  un  agent  du  Hofrath 
von  Braun.  On  ne  relève  rien  de  suspect  contre  eux  ;  mais 
on  impose  à  l'aubergiste  l'obligation  de  faire  «  tenir  toujours 
ouvertes  les  portes  de  la  salle  où  se  trouve  leur  table  et  d'y 
laisser  n'importe  qui  prendre  place  tant  que  cette  salle  n'est 
pas  pleine  ». 


1.  Matschaker-Hof,  un  des  plus  vieux  hôtel  de  Vienne.  Il  existe  toujours  ai 
même  endroit,  à  deux  pas  de  la  Cathédrale  (St-Etienne)  et  du  Graben,  au  cen- j 
tre  même  de  la  ville. 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      361 
490.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapports  du  24  octobre  1814. 

Notes  sur  le  prince  d'Alliano  (1),  sur  les  bruits  qui  courent 
sur  la  fin  prochaine  du  Congrès,  sur  la  probabilité  du  règle- 
ment ultérieur  (qui  se  ferait  à  Francfort)  des  questions  rela- 
tives aux  petits  princes  allemands,  sur  la  cession  de  Tlnn- 
Viertel  et  de  Salzburg  à  TAutriche,  sur  l'attribution  de  Parme 
à  l'ex-Reine  d'Etrurie  et  de  Bologne  à  Marie-Louise,  sur  le 
rétablissement  de  TEmpire  germanique,  dont  la  couronne  re- 
viendrait à  l'Empereur  d'Autriche. 


491.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Rapports  de  surveillance. 

«  Rapports  divers  sur  Marie-Louise  (22  octobre),  Anstett, 
rchernitchefî,  Pozzo  di  Borgo,  colonel  Kisseleff,  Czartorjski, 
3tein,  Hardenberg,  Linden,  Lœwenhielm,  le  Hofsekretâr 
Schlegel,  Dalberg,  Talleyrand,  Aldini,  Gariati,  Gampochiaro 
it  les  envoyés  de  la  Suisse.  » 


■B2.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Note  et  lettre  interceptées. 

Stein   à  Hardenberg   {Pro  memoria  sur  l'organisation  du 
oyaume  de  Saxe). 
Tchernitcheff  au  prince  Eugène  (Demande  d'audience). 


1.  Officier  d'ordonnance  de  Murât. 


362 


>  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


493.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 


Achat  et  troc  de  bijoux  par  le  Prince  Eugène.  Ses  relations 
avec  M"'  Orondi  (?). 


Le  Vice-Roi  a  acheté  des  bijoux  au  bijoutier  Neuling  pour 
32.000  ducats   et  les  a  payés,  partie  en  argent  et   en  traite, 
partie  en  troc  d'un  sabre  précieux,  qui  lui  avait  été  donné  par] 
Napoléon,  de  trois   diadèmes,  de   boucles   et  de  boutons  en 
diamants. 

L'idée  de  cet  échange  et  de  ces  achats  lui  aurait  été  donnée 
par  sa  maîtresse,  M""  Orondi  (?),  femme  d'un  négociant,  qu'il  4? 
a  fait  venir  de  Karlsruhe. 


494. 


Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 


à  HAGER  (Analyse). 


Nouvelle  visite  d'Alexandre  à  la  Comtesse  Esterhazy-Roisin. 
Bal  et  dîner  chez  Gagern.  Doléances  de  Wrede. 


dans 


«  Vendredi  dernier,  Alexandre  est   encore   retourné 
l'après-midi  chez  la  comtesse  Esterhazy-Roisin. 

0  ©  donne  ensuite  quelques  aperçus  sur  la  façon  dont 
Dalberg  envisage  la  situation. 

«  Il  y  a  eu  hier  22  un  grand  dîner  chez  Gagern  qui  don^ 
nera  le  24  un  bal,  dont  les  frais  sont  faits  par  les  princes  mél 
diatisés. 

«  Wrede  répète  partout  qu'on  ne  fait  rien  et  qu'on  ne  décic 
rien  dans  les  conférences  parce  qu'on  est  toujours  bien  loiî 
d'être  d'accord. 


LÉS  PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      363 
495.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

B...  à  HAGER 

Rapport  sur  Anstett.  Sa  rentrée  en  grâce  et  sa  conférence  avec  Alexandre 
le  22.  Envoi  à  Ofen  d'un  mémoire  sur  la  Pologne.  Itinéraire  projeté  par 
Alexandre  pour  son  retour  à  Pétersbourg. 

Anstett  est  rentré  en  grâce  auprès  d'Alexandre,  qui  lui  a 
envoyé  le  21  un  billet  autographe.  Depuis  la  conférence  qu'il 
a  eue  le  22  avec  l'Empereur,  Anstett  a  travaillé  à  un  gros 
mémoire  qu'un  Feldjseger  de  l'Empereur  est  venu  prendre 
aujourd'hui  et  qu'il  a  porté  à  son  Maître  à  Ofen.  Il  s'agit 
d'un  Mémoire  sur  la  Pologne.  La  Russie  n'a  rien  à  craindre 
de  qui  que  ce  soit.  Elle  dispose  de  500.000  vieux  soldats. 

Anstett  a  cherché  de  plus  à  démontrer  que  le  rétablissement 
de  la  Pologne  ne  saurait  en  aucune  façon  être  nuisible  à  l'Au- 
triche. 

Il  paraît  qu'Alexandre  se  propose  d'aller  à  Munich, 
Karlsruhe,  Weimar,  Berlin  et  de  là  à  Varsovie,  où  il  ferait  un 
long  séjour. 


496.  Vienne,  23  oct.  1814  (F.  2.  4129  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 


Confusion  générale  et  nouvelles  contradictoires  du  Congrès.  La  carte  de 
visite  du  grand-duc  Constantin  et  ce  qu'il  souhaite  à  Murât.  Ses  visites 
chez  la  Bagration.  Les  amours  du  prince  Charles  de  Bavière  avec  la  prin- 
cesse. Questions  que  la  Princesse  lui  a  posées  à  propos  d'Alexandre  et 
de  Metternich. 


Jamais  on  n'a  pu  dire  comme  à  présent  :  «  Tôt  capita,  tôt 
sensus.  »  On  ne  sait  plus  que  croire  et  à  qui  croire.  Tantôt 
c'est  la  Russie  qui  cède,  tantôt  c'est  nous  qui  cédons  en  tout. 
Tantôt  nous  sommes  fermes,  l'Europe  est  avec  nous,  et  le 
roi  de  Saxe  est  sauvé  et  la  Pologne  n'est  pas  russe  en  totalité. 
Tantôt  Murât  est  sententié  (sic),  puis  tantôt  il  est  plus  que 
jamais  sûr  de  régner.  Après  avoir  entendu  tout  cela,  on  ne 
sait  que  dire,  que  penser.  Le  fait  est  que  l'on  ne  sait  rien,  et 


364  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

on  peut  dire  au  moins  que,  si  l'on  négocie,  le  secret  est  bien 
gardé,  car  à  chaque  heure  tout  change  ;  ce  qui  prouve  que 
rien  ne  repose  sur  des  notions  sûres. 

Parmi  ces  avis  en  l'air,  je  relève  celui  du  grand-duc- Cons- 
tantin, parce  que  son  rang  peut  lui  donner  une  certaine  im- 
portance. Avant-hier,  il  s'est  fait  graver  une  planche  : 

<  Le  Grand-Duc  Constantin... 

Varsovie.  » 

Le  vide  portera  le  titre  qu'on  lui  donnera,  et  il  laissa  l'ordre 
de  lui  envoyer  la  plaque  à  Varsovie.  En  parlant  de  Murât,  il 
a  dit  :  «  Pour  celui-là,  j'espère  qu'il  la  dansera.  » 

Le  grand-duc  va  tous  les  soirs  à  10  heures  chez  la  prin- 
cesse Bagration.  Il  j  reste  trois  heures  en  petit  comité  et  il 
parle,  parle  toujours.  C'est  lui  seul  qui  parle.  Avant-hier,  il 
s'en  donna  sur  les  Anglais  qu'il  déteste. 

Le  jeune  prince  Charles  de  Bavière  va  aussi  très  assidû- 
ment chez  la  princesse  Bagration,  dont  il  est  amoureux  en 
vrai  jeune  homme.  On  se  moque  de  lui,  et  c'est  dommage. 

Hier,  en  entrant  chez  elle,  la  princesse  me  dit  :  «  Dites-moi 
un  peu,  qu'à  fait  Metternich  à  l'Empereur  qui  ne  peut  le 
souffrir.  » 

—  «  Quel  Empereur  ?  dis-je.  » 

—  «  Le  nôtre.  » 

—  «Apparemment,  il  n'a  pas  cru  devoir  se  prêter  atout  ce 
qu'il  exigeait  de  lui.  Metternich  est  ministre.  Alexandre 
est  souverain.  Le  premier  n'est  pas  le  maître  d'accorder,  et 
les  souverains  n'aiment  pas  les  refus.  » 

Ici,  une  autre  personne  est  entrée  et  la  conversation  a  pris 
fin. 


w 

497.  Vienne,  22  octobre  1814  (F.  2.  4129  ad  3565).  ^: 

i 

Rapport  à  HAGER  è 

Bade  et  Coburg  refusent  d'entrer  pour  le  moment  dans  la  Ligue  des  Princes 
imaginée  par  Gagern.  Le  déjeuner  et  la  séance  orageuse  chez  Gagern.  Les 
résolutions  du  Duc  de  Brunswick. 

Coburg  et  Bade  ne  se  sont  pas  encore  ralliés  à  la  Ligue  des| 
Princes  qui  marchent  sous  la  bannière  de  Gagern.  On  comp-  C 


■| 


LES  PRÉLIMINAIRES    El    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS       365 

tait  fermement  sur  l'adhésion  de  Bade,  parce  qu'on  ne  savait  pas 
que  Hacke,  dont  les  confidences  à  Gagern  auraient  été  la  base 
de  ce  faux-calcul,  n'y  avait  pas  été  autorisé  par  le  grand-duc. 
La  Ligue  s'était  adressée  au  conseiller  d'Etat  Sensburg  (c'est 
du  moins  ce  que  celui-ci  raconte  confidentiellement)  afin  de  le 
gagner  à  ce  projet  et  par  lui  le  grand-duc.  Mais  il  répondit 
que,  les  Souverains  n'étant  pas  venus  à  Vienne  pour  se  liguer 
entre  eux  et  que  rien  ne  permettant  jusqu'ici  de  douter  de  la 
bonne  volonté  des  Grandes  Puissances  Alliées,  il  lui  semblait 
utile  d'attendre  le  résultat  des  conférences  des  Ministres  des 
Quatre  et  que  par  conséquent  il  conseillerait  au  Grand-duc 
de  ne  pas  entrer  dans  cette  ligue.  Goburg  a  suivi  cet  exemple. 

La  Harpe  a  donné  des  espérances  aux  députés  des  Médiatisés, 
en  particulier  à  Gaertner,  et  c'est  pour  cela  qu'ils  prétendent 
que  l'empereur  Alexandre  leur  a  fait  de  belles  promesses. 
X  Hier  (le  30),  il  y  a  eu  de  nouveau  conférence,  de  11  heures 
à  3  heures,  chez  Gagern.  On  était  invité  à  un  déjeuner,  et  Ga- 
gern y  a  tenu  des  propos  des  plus  violents.  «  11  est  impossible, 
a-t-il  dit,  de  laisser  se  perpétuer  l'état  de  désordre  dans  lequel 
vivent  les  provinces  que  la  conquête  a  rendues  à  l'Allemagne 
et  l'incertitude  dans  laquelle  on  se  plaît  à  laisser  leurs  députés 
présents  à  Vienne.  » 

Plusieurs  d'entre  ces  derniers,  et,  entre  autres,  ceux  de  Nas- 
sau-Weilburg  et  de  Hesse-Darmstadt,  approuvèrent  ces  dé- 
clarations et  renchérirent  encore  en  termes  les  plus  vifs  sur  les 
paroles  de  Gagern,  manifestement  dirigées  contre  la  Prusse. 
Mais  le  reste  de  l'Assemblée,  qui  se  composait  d'une  vingtaine 
de  personnes,  désapprouva  ce  langage,  conseilla  la  modération 
et  la  patience,  et  émit  l'opinion  qu'il  convenait  de  faire  crédit 
aux  Grandes  Puissances  et  d'avoir  confiance  en  leur  loyauté. 
n  en  résulta  que,  loin  de  les  signer,  on  ne  lut  même  pas  les 
notes  préparées  par  les  enragés  et  que  la  minorité  seule  se  pro- 
nonça en  faveur  de  l'envoi  du  comte  Keller  auprès  de  Metter- 
nich  (1).  La  majorité,  au  contraire,  émit  en  chuchotant  l'avis 
que  Metternich  accueillerait  probablement  assez  mal  cette  dé- 
marche qui  leur  paraissait  intempestive. Les  députés  des  Mai- 
sons d'Anhalt,des  deux  Maisons  de  Schvvarzburg  et  de  Reuss 
se  firent  particulièrement  remarquer  au  cours  de  cette  séance 

1.  Les  agents  de  Hager,  propablement  Bartsch,  l'ami  d'Anstett,  rédacteur  de 
iViener-Zeitung,  réussirent  à  intercepter  les  rapports  que  le  comte  Keller  ré- 
ligea  au  sortir  de  ses  deux  entretiens  avec  Metternich. 


366  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


par  leur  éxl^^n|9VMI|in  ■  Le  représentant  de  Coburg  était 
également  parmi  les  présents  et  ne  cessa  de  protester  contre 
les  manifestations. 

Le  duc  de  Brunswick  a  dit  hier  au  baron   de  Wolframs- 

"iJiCJPJ'^'^le  député  d^Anhalt,  qu'il  verserait  jusqu'à  la  dernière 

goutte  de  son  sang  et  sacrifierait  jusqu'à  son  dernier  homme 

plutôt  que  de  se  laisser  arracher  la  moindre   parcelle  de  son 

territoire,  la  moindre  partie  de  ses  droits. 


498.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4135  ad  4565). 

HAGER   à  L'EMPEREUR  (Bordereau  et  rapport  journalier 
du  25  octobre). 

Rapport  sur  vm  certain  Mayer.  Exécution  des  ordres  de  l'Empereur  relatifs 
à  Joséphine  Wolter  et  à  la  surveillance  des  Belges. 

Rapport  sur  un  certain  Mayer,  ancien  officier,  reçu  chez  le 
le  baron  Hacke  et  ami  intime  du  prince  Kaunitz,  qui  fait  métier 
de  vendre  aux  princes  et  aux  grands  seigneurs  des  remèdes 
contre  les  maladies  vénériennes. 

Conformément  à  l'ordre  de  S.  M.  l'Empereur,  en  date  du  23, 
on  s'efforcera  de  se  renseigner  encore  plus  exactement,  de 
mettre  fin  aux  sorties  de  la  Joséphine  Wolters  en  habits 
d'homme  et  on  surveillera  de  près  les  Belges  Daniels,  Stas- 
sart,  Coquet  et  Wellon. 


499.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565).  ï» 

00  à  HAGER 
Marie-Louise  et  Napoléon.  Neipperg. 

La  Comtesse  Colloredo-Crenneville  (1)  trouve  que  Marie-  l 
Louise  est  devenue  bien  plus  raisonnable  qu'avant  son  voyage  % 

1.  La  comtesse  Colloredo,  Aja,  de  l'archiduchesse  Marie-Louise,  avait  pen-  J^ 
dant  dix  ans  dirigé  seule  son  éducation  et  resta,  comme  le  prouve  la  cor-  ^ 
respondance  publiée  à  Vienne  en  1887,  une  de  ses  meilleures  amies,  ainsi  que  ' 
sa  fille  du  premier  lit,  M"»  de  Pontet,  qui  devint  par  son  mariage  en  ISlffj^ 
la  comtesse  de  Crenneville. 


\ 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJI^'RiNEM^'TS    DU    CONGRÈS       367 

à  Aix.  Il  y  a  déjà  assez  longtemp9|p[u'ellè  il  a  pas  reçu  de 
lettres  de  Napoléon.  Elle  s'en  console,  et  ne  parle  presque 
plus  jamais  de  lui.  Elle  est  entièrement  revenue  et  son  père  et 
ses  frères  et  sœurs.  «J'ai  été,  a  dit  la  comtesse,  samedi  chez  elle 
avec  ma  fille  et  le  général  Neipperg,  et  nous  avons  pjassé  d'ex- 
cellents moments.  » 

On  peut  maintenant  constater  qu'elle  est  tout  à  fait  en  con- 
fiance et  en  grande  intimité  avec  Neipperg,  dont  le  choix  a  été 
excellent. 


500.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4135  ad  3565). 

Rapport  de  Lemberg  à  HAGER  (Analyse). 

Affaires  de  Pologne.  L'Autriche  et  la  Galicie  Occidentale.  Bruits   dénués  de 
fondement  qui  courent  à  Lemberg. 

On  s^y  attend  (à  Lemberg)  à  la  prochaine  prise  de  posses- 
sion de  la  Galicie  Occidentale  par  l'Autriche.  Les  Polonais 
semblent  avoir  perdu  l'espoir  d'obtenir  et  de  voir  la  reconsti- 
tution du  royaume  de  Pologne,  attendent  avec  impatience  les 
décisions  du  Congrès  et  se  plaignent  du  renchérissement  du 
tout. 

Ici  on  dit  qu'il  y  a  peu  de  jours  seulement  que  le  Tzar 
aurait  consenti  à  remettre  la  Pologne  dans  Tétat  où  elle  était 
en  1809,  qu'on  céderait  Varsovie  à  la  Prusse  et  toute  la  Gali- 
cie Occidentale  à  l'Autriche. 

On  dit  même  que  le  courrier  porteur  de  cet  arrangement  est 
déjà  parti. 


501.  Vienne,  24  octobre  (F.  2.  ad  3565). 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

La  visite  du  roi  de  Bavière  au  Cabinet  d'Histoire  Naturelle. 
Incidents  de  cette  visite. 

Le  roi  de  Bavière  a  été  hier  visiter  le  cabinet  d'histoire 
naturelle.  Le  portier,  ne  le  connaissant  pas,  l'arrêta  et  lui  enjoi- 
gnit de  déposer  sa  canne,  ce  qu'il  fît.  Il  visita  le  musée  sans 


368 


AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


être  reconnu  jusqu^au  moment  où  il  demanda  où  on  avait 
placé  certains  oiseaux  rares  à  lui  connus.  Sur  la  réponse  qu'il 
n'y  en  avait  pas  :  «  J'en  ai  deux,  dit-il,  et  dès  mon  retour  à 
Munich,  j'en  offrirai  un  au  Musée.  » 

En  sortant,  il  donna  une  fort  grosse  gratification  au  por- 
tier. 


502. 


Vienne  (sans  date,  mais  très  vraisemblablement  du  24  ou  du 
25  octobre)  (F.  2.  4121  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 


Plaisanteries  et  mots  d'esprit  des  Viennois  sur  les  Souverains  à  propos  de 
la  caricature  représentant  les  Souverains  réunis  en  Conseil  et  tournant  leurs 
regards  vers  la  porte,  d'où  Gastlereagh  les  menace  de  lâcher  Napoléon  qu'il 
tient  en  laisse. 


On  a  écrit  en  marge  et  au-dessus 


de  :  VEmpereur  de  Russie  : 

du  Roi  de  Prusse  : 

du  Roi  de  Danemarck  : 

du  Roi  de  Bavière  : 

du  Roi  de  Wurtemberg  : 

de  l'Empereur  d'Autriche  : 


Il  aime  pour  tous. 
Il  pense  pour  tous. 
Il  parle  pour  tous. 
Il  boit  pour  tous. 
Il  mange  pour  tous. 
Il  paye  pour  tous. 


503.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Variante  de  ces  plaisanteries  sur  les  Souverains. 

Ce  qu'on  dit  dans  le  public  sur  les  Souverains  : 


L'Em.pereur  de  Russie  : 
Le  Roi  de  Prusse  : 
Le  Roi  de  Wurtemberg  : 
L'Empereur  d'Autriche  : 
Le  Roi  de  Bavière  : 
La    Grande-Duchesse    d'Ol- 
denburg  : 


Tout  lui  plaît. 
Il  critique  tout. 
Il  mange  tout. 
Il  paye  tout. 
Il  touche  à  tout. 

Elle  aime  tout. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      369 

504.  Vienne,  26  octobre  1814  (P.  2.  4467  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR.  Rapport  et  bordereau  du  26  octobre. 

Rapports  divers  sur  Marie-Louise  (Restée  chez  elle  le  22 
avec  Bausset  et  M""  de  Brignole,  elle  s'est  promenée  dans 
l'après-midi  dans  le  jardin  avec  Neipperg.  A  5  heures,  elle  a 
reçu^la  visite  du  roi  de  Prusse  et  du  prince  de  Nassau.  Le  23, 
après  la  messe,  elle  s'est  rendue  en  ville  chez  l'Empereur  et  a 
fait  rechercher  toute  la  journée  à  Schônbrunn  une  lettre  cache- 
tée qu'elle  y  avait  perdue). 

Sur  le  musicien  Neukomm  (Il  ne  s'occupe  que  de  musique 
et  ne  fait  pas  de  politique)  (1). 

Sur  le  prince  Eugène,  lord  Castlereagh,  Stackelberg,  Nes- 
selrode,  Anstett,  Pozzo  di  Borgo,  Tchernitchelî,  Radziwill, 
Hardenberg,  Gaertner. 

Sur  Jomini  (toujours  soutYrant  et  soigné  par  le  D'  Franck). 
Sur  Wrede  (Il  a  beaucoup  travaillé  ces  jours  derniers,  avec 
son  homme  de  confiance,  le  baron  Koch  (2)  et  avec  son  aide  de 
amp,  le  baron  Besserer,  qui  est  spécialement  chargé  de  lui 
fournir  les  renseignements  confidentiels  dont  il  a  besoin.  Wrede 
îe  propose  d'envoyer  cet  officier  à  Ofen,  où  il  sera  utile  de  le 
surveiller). 

Sur  le  Finanzrath  Stechfuss  (3)  (envoyé  le  2H  avec  des  dépê- 
îhes  de  Stein  et  d'Hardenberg  à  Dresde,  où  il  sera  suivi  par 
e  colonel  von  Miltitz,  qui  doit  partir  le  25  à  midi.  Ces  dépê- 
îhes  (qui  ont  été  ouvertes  et  analysées)  ne  contiennent  que 
les  instructions  sur  des  questions  administratives.  Les  mili- 
aires  saxons  sont  très  excités  contre  la  Prusse). 

Sur  Stein,  Lôwenhielm,  Talleyrand,  Dalberg,  Goupy,  Labra- 
lor,  Campochiaro,  Cariati,  Aldini,  sur  Brignole  et  le  marquis 
«"errari  (A)  (qui  espèrent  encore  que  Gênes  conservera  son 
adépendance). 

1.  Voir  plus  loin  Pièce  509. 

2.  Conseiller  de  Légation  bavarois. 

3.  Il  s'agirait  ici,  d'après  la  liste  des  étrangers  de  distinction  arrivés  à 
ienne  (3°  liste),  Chronik  des  Allgemeinen  Wiener  Kongresses  123  et  124, 
u  Conseiller  saxon  des  Finances  Stechfuss. 

4.  D'après  la  4'  liste  alphabétique  des  étrangers  de  distinction  arrivés  à 
ienne  (Chronik  des  Allgemeinen  Wiener  Kongresses,  p.  182),  il  s'agirait 
u  comte  Ferrari,  de  Gènes. 

T.  I.  24 


370  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

505.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Rapports  dIvers  à  HAGER. 

Résumé  des  résultats  cîe  la  surveillance  de  : 

Hardenberg,  24  octobre  (arrivée  d'un  courrier  de  Berlin. 
Envoi  de  lettres  à  Gassel  par  le  jeune  Steinlein,  attaché  à  la 
légation  de  Prusse  à  Francfort). 

Hardenberg  est  allé  chez  lord  Gastlereagh  avec  un  gros  por- 
tefeuille. Il  y  retrouve  Metternich,  y  reste  deux  heures,  et 
écrit  ensuite  au  Colonel  von  Miltitz,  avant  de  se  rendre  chez 
le  Roi.  Entre  temps,  l'électeur  de  Hesse-Gassel,  auquel  Har- 
denberg envoie,  aussitôt  rentré  chez  lui,  le  Président  Steinlein, 
était  venu  chez  lui,  au  lieu  d'aller  le  soir  au  bal  de  l'Impéra- 
trice (1).  Hardenberg  travaille  seul  presque  toute  la  nuit. 

Mûller  (2)  (Dîner  donné  par  ce  Suisse  au  nonce,  au  Gardinal 
Consalvi,  à  Metternich,  etc.,  etc.). 

Talleyrand  (a  été  le  24  à  trois  heures  chez  Marie-Louise). 

Anstett  (qui  reçoit  vers  sept  heures  une  lettre  d'Alexan- 
dre 1"%  apportée  par  un  ofiicier  russe  auquel  il  remet  sa  ré- 
ponse. Il  va  ensuite  chez  Nesselrode  et  y  reste  jusqu'à  dix 
heures  du  soir). 

Nesselrode,  Pozzo  di  Borgo.  La  Harpe  Stein. 

Gampochiaro  (a  été  le  23  chez  Talleyrand,  puis  chez  lord 
Gastlereagh  et  de  là  chez  Gariati). 

Goupy,  comte  Solms. 

Enfin  un  rapport  sur  les  désaccords  existant  entre  le  Nonce 
et  le  cardinal  Consalvi,  «  autrement  intelligent  et  éclairé,  dit 
le  rapport,  que  Severoli  ». 

1.  Ahends  war  Kannnerhall  bei  Hof.  (Le  soir,  petit  bal  à  la  cour  ,  lit-on 
dans  le  Beobachter,  p.  1628). 

2.  Millier  von  Mûhlegçf  {Ferdinand,  baron)  chargé  d'affaires  de  la  Confédé** 
ration  S:iisse  auprès  de  la  cour  d'Autriche,  à  partir  de  1802  jusqu'à  sa  mort 
en  1824,  appartenait  à  une  famille  Zurichoise  fixée  à  Vienne  depuis  deux 
générations.  l'"ort  riche  et  jouissant  d'une  grande  considération  dans  cette 
ville  où  il  tenait  une  fort  bonne  maison  et  recevait  des  hommes  influents  de 
toutes  les  puissances,  Millier  était,  en  1801  à  Berne,  l'agent  du  Prince  Abbé 
de  Saint-Gall  dont  il  était  le  conseiller  aulique. 

Note  duc  à  l'obligeance  de  mon  savant  et  aimable  ami  Edouard  Ghapuisat, 
député  au  Grand  Conseil  de  la  ville  de  Genève,  et  extraite  de  La,  Correspon- 
dance diplomatique  de  Charles  Piclet  de  Bochemont  et  de  Francis  d'Iverno 
pendant  les  Congrès  de  Paris  el  de  Vienne  publiée  par  Edouard  Chapat 
Lucien  Crinner  et  Paul  Martin. 


iverni^^l 

J 


LES  PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      371 
506.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER. 
Résumé  de   quelques  Intercepta. 

Stackelberg  à  Ott  (23  octobre). 

Hardenberg  à  Steinlein  (sur  un  article  du  Monileur  du 
28  avril,  relatif  à  la  Saxe. 

Hardenberg  à  Repnin  (Il  lui  annonce  l'envoi  à  Dresde  de 
Vliltitz  et  de  Stechfuss  qui  lui  seront  utiles  lors  des  change- 
ments qui  vont  se  produire  en  Saxe.  Le  gouvernement  provi- 
soire de  la  Saxe  sera,  dès  qu'on  sera  d'accord  avec  TAutri- 
he  et  l'Angleterre,  confié  au  roi  de  Prusse  qui  en  chargera 
on  frère,  le  Prince  Guillaume,  auquel  on  adjoindra  le  baron 
îeck  et  le  Général  Kleist.  Cette  lettre  lui  sera  remise  par  le 
olonel  von  Miltitz,  et  le  conseiller  Reinger  suivra  de  près, 
îorteur  d'une  lettre  que  le  roi  se  propose  de  lui  adresser). 


►07.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER    - 

Analyse  de  quelques  autres  pièces  interceptées  de  : 
Stein  à  Nesselrode  (du  24,   un  Mémoire  du  Ministère  des 
nances). 

Stein  à  Pilgram  (relatif  à  une  réclamation  du  prince  de  Salm 
a'il  a  transmise  à  Hardenberg. 

Stein  à  Hardenberg  (même  sujet)  (Pièces  communiquées  par 
cart). 

Castlereagh  à  Nesselrode  (avec  une  incluse  à  Walpole  (1),  à 
int-Pétersbourg  et  relative  à  l'ouverture  du  Congrès). 
Deux  lettres  moins  marquantes,  dont  une  de  la  princesse 
irischkine  à  Woronzoff  à  Londres. 

Stewart  à  Clancarty  (Mémoire  du  comte    de  Hardenberg 
p  la  défense  de  la  Hollande). 


alpole  of  Woltertoa  (Horatio,  comte   d'Orford,  lord    Ministre  d'An- 
re  à  Saint-Pétersboiu'g. 


372  AUTOUR    DU   COiNGRÈS    DE    VIENISE 

508.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Rapport  sur  Séraphine  Lombard. 

Une  actrice  française,  Mademoiselle  Lombard,  est  actuelle- 
ment la  maîtresse  de  Narischkine.  Elle  va  à  Saint-Pétersbourff 
dans  le  but,  dit- on,  d'y  faire  la  conquête  du  Tzar. 


509.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

SCHMIDT  à  IIAGER 

Notes  sur  Neukomni 

Voici  quelques  renseignements  complémentaires  sur  le  mu- 
sicien Sigismond  Neukomm  qui  fait  partie  de  la  suite  de  Tal- 
leyrand,  qui  l'a  pris  sous  sa  protection  parce  qu'il  apprécie  son 
talent,  et  dont,  du  reste,  la  conduite  simple  et  ouverte  pro- 
duit partout  le  meilleur  effet. 

Talleyrand  commença  par  le  charger  d'écrire  la  musique  de 
la  messe  solennelle  qu'on  devait  célébrer  pour  le  retour  du  roi, 
et  grâce  à  la  protection  du  prince  on  préféra  l'œuvre  de  Neu- 
komm à  celle  de  très  grands  maîtres.  On  exécuta  sa  musique 
et  on  lui  donna  en  outre  la  croix  de  l'ordre  du  Lys. 

Neukomm,  dont  on  dit  partout  beaucoup  de  bien,  a  prié 
Talleyrand  de  l'amener  à  Vienne.  Il  a  fait  valoir  le  désir  qu'il 
avait  d'y  revoir  de  vieux  amis,  les  services  qu'il  pourrait  de 
cette  façon  rendre  à  sa  sœur,  qui  est  à  Salzburg  où  elle  a  ap- 
pris à  chanter,  qui  se  destine  au  théâtre  et  qu'il  voudrait  ame- 
ner à  Vienne  où  elle  terminerait  son  éducation  artistique.  Il 
espérait  de  plus  faire  représenter  à  Vienne,  où  il  avait  com- 
mencé ses  études  musicales,  un  opéra  qu'il  avait  achevé  à  Paris 
et  dont  il  confierait  un  des  rôles  à  sa  camarade  d'enfance, 
M"*  Milder.  Mais  avant  tout,  il  tenait  à  embrasser  sa  vieille 
mère  aveugle  qui  vivait  à  Salzburg  et  à  chercher  à  créer  uoe 
carrière  et  un  avenir  à  sa  sœur. 


LES    PRÉLLMLNAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      373 

Neukomm  espère  encore  parvenir  à  faire  représenter  ici 
son  opéra,  mais  il  a  renoncé  à  faire  engager  sa  sœur,  parce 
qu'il  est  mécontent  de  la  façon  dont  marche  l'opéra  et  dont 
il  est  dirigé  par  le  juif  Joël.  Aussi  Neukomm  retournera-t-il 
en  France  avec  Talleyrand  et  va-t-il  chercher  à  faire  entrer 
sa  sœur  au  Conservatoire  de  Paris.  Neukomm,  comme  il  le 
laisse  voir  dans  l'intimité,  n'a  aucune  sympathie  pour  la  France 
et  déconseille  aux  musiciens  d'aller  à  Paris.  Il  décrit  d'une 
façon  assez  intéressante  le  caractère  fort  original  de  Talley- 
rand,  qui  reste  quelquefois  des  journées  entières  sans  adresser 
la  parole  à  son  entourage  et  lui  demande  souvent  de  lui  jouer 
du  piano  pendant  qu'il  travaille.  Il  lui  est  arrivé  souvent  de 
devoir  faire  de  la  musique  pendant  plusieurs  heures,  et  main- 
tenant encore  il  se  demande  si  le  prince  l'a  jamais  écouté, 
pendant  qu'il  était  à  écrire  ou  à  réfléchir  assis  à  sa  table  de 
travail. 


510.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.4151  ad  3565  . 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Sur  le  mécontentement  des  Prussiens  contre  la  Bavière  et 
le  Wurtemberg,  sur  le  désaccord  existant  au  sujet  de  Mayence, 
et  sur  les  réclamations  des  petits  Princes  qui  demandent  des 
garanties  leur  assurant  leurs  Etats  et  leur  existence. 


511.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER. 

Sidney  Smith  (1)  a  dit  au  prince  Léopold  de  Sicile  qu'il  pré- 
senterait au  Congrès  un  plan  qui  débarrasserait  la  Méditerranée 
des  Barbaresques. 

1. Smith  (Sir  William  Sidney)  brûla  une  partie  de  la  flotte  française  à  Toulon 
en  1792.  Fait  prisonnier  au  Havre  en  1794,  enfermé  au  Temple,  il  s'évada  en 
1797  au  moyen  d'un  faux-ordre  du  Ministère  de  la  (îuerre.  Compromis  dans 
le  procès  de  la  princesse  Caroline,  il  mourut  ci  Paris  comblé  d'honneurs  en 
1840.  (Cf.  à  propos  de  son  projet  d'anéantissement  des  Barbaresques,  C*  Weil, 


374  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

512.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  Suède  paraît  ne  plus  vouloir  céder  la  Poméranie  au  Da- 
nemark en  échange  de  la  cession  de  la  Norvège. 


513.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rappobt  à  HAGER 

Mot  de  Pozzo  di  Borgo  sur  Murât  et  Bernadotte  au  bal  chez  Metternich. 
Le  Danemark  et  l'attitude  de  son  roi  à  l'égard  de  Murât. 

Au  bal  chez  le  Prince  de  Metternich  (1),  Pozzo  di  Borgo  a 
dit  tout  haut  :  «  Dès  que  Louis  XVIII  est  remonté  sur  le  trône, 
tous  les  faquins  créés  par  Bonaparte  doivent  cesser  d'exister. 
Je  dis  par  là  Murât  et  les  Bernadotte.  » 

M.  de  Rosencranz,  ministre  de  Danemark,  a  raconté  avant- 
hier  chez  Serra  Capriola  que  Gallo  lui  avait  écrit  trois  lettres 
pour  engager  sa  Cour  à  avoir  un  ministre  deNaples,mais  que 
le  roi  lui  avait  toujours  défendu  de  répondre. 


514.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  4466  ad  3565». 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Affaire  du  baron  Hiigel  et  enquête  à  ce  propos. 
Envoi  à  l'Empereur  d'une  dépêche  chiffrée  de  Mariotti  à  Dalberg.  » 

i 
Les  accusations  portées  contre  le  baron  Hûgel  (2)  venaient» 

Joachim  Mural.  La  dernière  année  de  règne,  t.  451  et  B.  Archivio  di  Stato, 
Florence.  Affare  Esteri.  Prot.  n"  2.)  «  La  figure  de  Sidney  Smith  n'est  pas  en 
harmonie  avec  sa  réputation  ;  car  elle  est  très  commune.  La  famille  n'est 
pas  intéressante  non  plus.  Il  a  épousé  une  veuve  Rumboldt,  d'une  naissance 
moins  qu'ordinaire.  Elle  a  une  flUe  d'un  premier  mari,  dont  ou  admire  ici  la 
beauté.  ». 

1.  Metternich  donna  à  ce  moment  deux  bals,  un  très  grand  le  mardi  18,  un 
autre  plus  intime  le  lundi  24. 

2.  11  s'agit  probablement  ici  du   baron  Hiigel,  diplomate  ambitieux  et  mé-| 
content,  dont  on  critiquait  et  condamnait  les  négociations  qu'il  avait  menées 
avec  le  roi  de  Bavière  ainsi  que   la  condescendance  qu'il  avait  cru  pouvoir 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      375 

du  général  KoUer  et  des  gens  qui  fréquentent  chez  le  baron 
Puffendorf  (I).  Je  fais  suivre  l'enquête  afin  de  voir  s'il  n'y 
aurait  pas  là  quelque  trame  et  quelque  relation  avec  la  Prusse, 
Solms  et  Stein. 

Envoi  à  l'Empereur  d'une  dépêche  chiffrée  de  Mariotti  (2) 

à  Dalberg,  que  le  duc  a  traitée  lui -même  chimiquement  à  cause 

de  son  importance  et  parce  qu'en  réalité  le  cabinet  des  Tui- 

eries  cherche  le  moyen  d'enlever  Napoléon  de  l'île  d'Elbe  (3). 

En  réponse  à  cet  envoi  l'Empereur  donne  à  Hager  en  date 
du  3  novembre  Tordre  de  se  procurer  des  détails  sur  ce  point. 

Les  pièces  qui  suivent  (n"  515  à  527  inclus)  sont  toutes  ou 
des  chiffons  ou  des  lettres  et  billets  interceptés  (mais  pour 
a  plupart  des  chiffons)  trouvés  et  ramassés  à  ce  moment  chez 
Dalberg  et  qui  figurent  au  bordereau  de  Hager  et  à  l'envoi 
qu'il  fit  à  l'Empereur  le  25  octobre.  Je  n'en  ai  supprimé  que 
deux  ou  trois  billets,  absolument  insignifiants,  comme  aussi  la 
minute  déchirée  et  recollée  soigneusement  de  la  dépêche 
n'  4  bis  des  Ambassadeurs  du  roi  au  Congrès  au  ministre  des 
A-ffaires  étrangères,  de  Vienne  le  8  octobre,  en  tous  points 
semblable  à  celle  publiée  par  le  duc  de  Broglie  {Mémoires  du 
orince  de  Tailet/rand,1 1,3 30, 3 3 5).  Cette  dépêche  ne  présen- 
ait  un  intérêt  relatif  qu'à  cause  d'un  post-scriptum  existant 
îur  cette  minute,  mais  biffé  de  la  main  de  Dalberg  et  relatif 
i  deux  lettres  du  prince  Antoine  de  Saxe,  qu'on  devait  expé- 
iier  par  ce  courrier  et  qu'on  décida  de  garder.  Ce  sont  ces 
ettres  qu'accompagnait  le  billet  suivant  : 

ivoir  en  laissant  ce  prince  occuper  le  Grand-Duché  d'Aschaffenburg.  Repré- 
entant  de  l'Autriche  à  la  diète  de  Ratisbonne  et  plus  tard  à  Francfort  le 
laron  Jean-Aloïs  Hûgel  avait  été  très  en  faveur  auprès  de  l'élection  Clé- 
aent  Wenceslas  de  Trêves. 

1.  PufTendorf,  ancien  membre  du  Wiener  Reichshofrath,  un  jurisconsulte 
les  plus  distingués,  faisant  autorité  en  tout  ce  qui  avait  trait  à  la  législation 
t  à  la  jurisprudence  du  Saint-Empire. 

2.  Mariotti  (le  chevalier)  servit  de  1778  à  1790  au  régiment  provincial  corse, 
migra,  entra  au  service  de  Gênes,  reprit  du  service  en  1800.  Exclu  de  l'avan- 
ement  à  cause  de  !a  révolte  à  Livourne  de  la  60*  demi-brigade,  dont  il  était 
î  chef  à  ce  moment  et  devenu  dès  lors  un  ennemi  acharné  de  Napoléon,  il  fut 
hoisi  par  Talleyrand  pour  remplir  les  fonctions  de  Consul  de  France  à  Li- 
ourne.  A  peine  installé,  il  organisa  autour  de  l'île  d'Elbe  et  dans  l'entou- 
age  même  de  l'Empereur  un  vaste  réseau  d'espionnage  et  recruta  grâce  à 
es  anciennes  relations  de  nombreux  agents,  dont  l'un  des  plus  remarquables 

assurément  été  le  fameux  «  Marchand  d'huile  ». 

3.  Cette  pièce,  qui  ne  ligure  plus  au  dossier  de  ce  jour,  pourrait  bien  être 
une  des  deux  lettres  interceptées  qui  font  partie  du  bordereau  et  du  rap- 
lOrt  du  28  octobre. 


376  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

515.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4467  ad  3565).  | 

'% 
POZZO  DI  BORGO  à  DALBERG  (chiffon  ramassé  chez  Dalberg).  | 

Voici,  mon  cher  duc,  deux  lettres  que  le  prince  Antoine 
de  Saxe  adresse  à  M""'  la  duchesse  d'Angoulême  et  que  le 
prince  de  Talleyrand  lui  a  offert  d'expédier  par  le  courrier 
que  vous  expédiez  aujourd'hui. 

Dès  que  je  serai  habillé,  je  viendrai  vous  voir  un  moment. 


516.  Varsovie,  28  septembre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Anonyme  à  DALBERG  (chiffon). 
Que  deviendra  la  Pologne  ? 

Il  désire  savoir  si  Dalberg  a  reçu  sa  lettre  du  14.  On  peut 
lui  écrire  sous  l'adresse  de  MM.  Landshutten,  négociants.  Il 
prie  le  duc  de  lui  donner  son  avis  sur  le  sort  futur  de  la  Po- 
logne, dont  dépend  le  sien. 


517.  (Sans  date)  (F.  2.  4151  ad  3565). 

M-^^  DE  BRIGNOLE  (1)  à  DALBERG  [intercepta). 

Mon  cher  ami  et  frère, 

Je  n'ai  pu  répondre  de  suite  à  votre  aimable  billet  parce 
que  nous  venions  de  nous  mettre  à  table.  Je  m'empresse  de 
vous  prévenir  que  ni  moi,  ni  Antoine,  ne  pourrons  profiter 
de  l'aimable  invitation  de  M.  de  Talleyrand,  attendu  que  nous 
sommes  priés  depuis  quelques  jours  chez  lord  Stewart.  Quant 

>s 

1.  11  s'agit  de  la  marquise  de   Brignole,  femme  du  marquis  Antoine,  quflt 
tenta  vainement   de  défendre  et  de   sauver  l'existence  de  la   République 
Gènes. 


LES  PRÉLIMINAIRES   ET    LES  AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       377 

à  M"'  de  G...,  je  lui  ai  fait  part  de  votre  invitation  et  elle  en 
profitera. 

Agréez,  mon   cher  et  aimable  frère,  l'expression    de  toute 
mon  amitié. 

Arthémise  de  Brignole. 


518.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4151  ad  3565). 

DALBERG  à  SOPHIE  (1)  (chiffon). 

Je  commence  ma  journée,  ma  bonne  Sophie,  par  te  dire 
que  je  t'aime  plus  que  je  ne  peux  l'exprimer  et  que  je  joins 
ici  une  lettre  de  Lips  (2)  qui  me  fait  croire  qu'il  ne  vient  pas 
ici.  Je  ne  sais  ce  que  Lips  a  découvert  à  l'égard  de  son  fils 
et  du  gros  Erwein.  Je  ne  peux  en  outre  me  mêler  de  toutes 
ces  tracasseries  qui  me  puent  au  nez.  Cela  ne  sont  pas  des 
affaires.  Demande  cependant  à  Erwein,  quand  le  séquestre  de 
Lips  sera  levé.  On  ne  s'imagine  pas  quelque  chose  de  plus 
absurde  que  de  continuer  un  séquestre  qu'on  n'avait  pas  le 
droit  d'imposer. 


519.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4121  ad  3565). 

D A LBERG  à  SOPHIE  (chiffon) . 
Billet  au  crayon. 

Si  j'avais  su  tes  projets  plus  tôt,  j'aurais  été  avec  toi.  Je  ne 
peux  actuellement.  J'espère  te  voir  ce  soir  chez  la  Duchesse 
(de  Sagan). 


1.  La  Comtesse  de  Schœnborn,  cousine  de  Dalbei"; 

2.  Professeur  à  Erlangen. 


378  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

520.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Comtesse  SCHŒNBORN  à  DALBERG 

Fanny  Z...,  sans  m'en  prévenir,  a  invité  son  gros  frère  à 
dîner.  Je  t'en  avertis,  mon  ami,  pour  que  tu  t'arranges  en  con- 
séquence. Pourquoi  n'es-tu  pas  venu  au  bal  d'hier?  J'espère 
que  tu  n'es  pas  malade.  Si  tu  pouvais  venir  dans  la  matinée, 
cela  me  ferait  grand  plaisir. 


521.       Francfort,  5  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

Anonyme  à  DALBERG  (1)  [intercepta)  (en  français). 

État  des  affaires  de  Dalberg  qu'il  désire  voir  s'entendre  au  plus  vite  avec  la 
Bavière.  Wrede,  Montgelas  et  le  Hoi.  Faux  bruits  du  Congrès.  La  Confé 
dération.  Stadion.  Nécessité  pour  les  Anglais  de  faire  la  paix  avec  les  États- 
Unis.  La  situation  à  Paris.  Beugnot  et  les  Jacobins. 

Je  t'avais  écrit  le  12  septembre,  mon  cher  ami,  sous  enve- 
loppe d'Arnstein  et  Eskeles,  et  quoique  tu  ne  m'en  accuses  pas 
réception  par  ta  lettre  du  24,  j'aime  cependant  à  croire  qu'elle 
t'est  parvenue,  puisque  M.  de  Lachmann,  aide  de  camp  de  Tet- 
tenborn,  de  retour  depuis  hier,  m'assure  d'avoir  remis  exacte- 
ment mon  paquet. 

J'espère  que  tu  auras  également  reçu  mes  lettres  du  23  et 
du  29  septembre.  Par  la  dernière,  je  te  communiquais  ce  que 
Untzschneider  m'avait  mandé  sur  sa  retraite.  Le  l"  novembre, 
je  rappellerai  à  M.  d'Allarini  le  mode  de  remboursement  pro- 
mis des  neuf  obligations  et  je  t'instruirai  des  résultats  de  cette 
affaire. 

J'aurais  mieux  aimé  que  tu  eusses  pu  terminer  ton  arran- 
gement avec  la  Bavière,  plutôt  avant  qu'après  le  Congrès.  Le 
Roi  aurait  plus  accordé  par  espoir  que  par  reconnaissance. 
Wrede  te  servira  mieux  que  Montgelas,  dont  les  intentions 
pour  toi  me  paraissent  douteuses. 

Je  te  remercie  de  tes  avis  sur  la  marche  du  Congrès,  qui 
coïncident   avec   ceux  que  j'ai  reçus  d'autres  personnes.  On^ 

1.  Probablement  d'un  certain  d'Eberstein. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       379 

m'assure  que  l'empereur  Alexandre  veut  quitter  Vienne  le  20 
comme  roi  de  Pologne,  et  qu'hier  à  sa  fête,  François  I"  aurait 
été  déclaré  Empereur  d'Allemagne.  Il  me  tarde  que  tu  me  con- 
firmes ce  dernier  fait  qui,  puisqu'il  faut  absolument  un  chef  à 
a  Confédération  Germanique  qui  possédera  Mayence,  est  impor- 
tant pour  le  sort  de  Francfort. 

La  Saxe  sera  partagée  entre  l'Autriche  et  la  Prusse.  Quel 
xemple  ! 

L'abbé  aurait  voulu  insérer  l'article  de  Stuttgart  ci-joint,  que 
3  suppose  vrai  ;  mais  Hûgel  ne  l'a  pas  permis. 

La  nomination  de  Stadion  au  Ministère  des  Finances  doit 
olaire,  pourvu  qu'on  le  laisse  agir  d'après  ses  principes. 

Malgré  les  succès  des  Anglais  en  Amérique,  ils  devront  faire 
a  paix  ;  car  la  campagne  prochaine,  les  Américains  se  battront 
éjà  mieux  et  la  dépense,  que  cette  guerre  entraîne,  épuise 
eurs  finances  et  empêche  leur  change  de  venir  au  pair. 

Le  général  Tettenborn  (1)  allant  à  Vienne,  je  lui  confie  la 
)résente  ainsi  qu'un  paquet  à  la  comtesse  Schœnborn,  conte- 
ant  la  première  partie  des  Mémoires  du  baron  des  Grieux, 
ont  tu  lui  as  fait  la  galanterie  des  deux  autres. 
Je  suppose  que  tu  conserves  toujours  les  mêmes  sentiments 
our  elle. 
Lorsque  tu  fourniras  des  traites  à  Arnstein  sur  ma  maison, 
les  recevront  le  meilleur  accueil. 
11  paraît  que  les  Jacobins  se  remuent  à  Paris. 
Crois-tu  Beugnot  assez  fort  pour  la  police  ? 
Adieu,  je  t'embrasse. 


22.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4151  ad  3505). 

Note  de  la  main  de  DALBERG  (chiffon). 

• 

Distribution  des  forces  de  l'Autriche:  Bohême, 80.000  hom- 
les  ;  Moravie,    90.000  ;   Galicie,   36.000  ;    Transylvanie, 

1.  Tettenborn  (Frédéric,  Charles,  baron),  né  en  1778,  d'abord  au  service  de 
V.utriche  de  1794  à  1812,  passé  alors  au  service  de  la  Russie  comme  lieute- 
nt-colonel,  se  distingua  par  de  hardis  coups  de  main,  d'abord  à  Vilna.puis 
1813,  à  Berlin,  à  Hambourg  et  à  Brème.  Général  pendant  la  campagne  de 
14,  il  quitta  en  1818  le  service  de  la  Russie  pour  rentrer  à  celui  du  Grand- 
iché  de  Bade  et  devint  en  1819  le  Ministre  du  Grand-Duc  à  la  Cour  de 
enne. 


380  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

20.000  ;  Basse  et  Haute-Autriche,  30.000.  Total  :  256.000 
hommes. 


f 


523.  Mannheim,  septembre  1814  (F,  2.  4151  ad  3565). 

STUMM  à  DALBERG  (chiffon)  (en  français). 

Il  fait  appel  à  sa  bienveillance  et  à  sa  protection  pour  ob- 
tenir l'exemption  des  droits  de  douane  pour  l'entrée  de 
4.000  quintaux  métriques  de  fer  forgé  et  de  fonte  provenant 
de  la  forge  de  Neunkirchen  (ancien  département  de  la  Sarre), 
dont  il  est  le  propriétaire. 


524.  Sans  lieu,  ni  date  (F.  2.  4150  ad  3563). 

(Chiffon  en  allemand). 
Motifs  de  l'annexion  des  Pays-Bas  à  la  Hollande.  Projets  sur  la  Suisse. 

L'Angleterre,  l'Autriche,  la  Russie  et  la  Prusse,  pour  garder 
les  flancs  de  l'Allemagne  contre  la  France,  veulent  annexer 
les  Pays-Bas  à  la  Hollande  et  imposer  aussi  un  nouveau -ré- 
gime à  la  Suisse. 

Revenant  sur  ce  qu'il  lui  disait  dans  sa  lettre  du  8  (par  le 
Banquier  Geymûller),  il  le  prie  de  s'occuper  des  fonds  qu'il 
désire  employer  en  fonds  d'Etat,  et  lui  parle  des  troubles  qui 
ont  éclaté  dans  le  Valais. 


525.  Sans  lieu,  8  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

X...  à  DALBERG  (chiffon)  (en  allemand)  (analyse). 

Etat  des  esprits  en  Suisse.  Dalberg  est  trop  optimiste. 
Quelle  est  la  situation  des  finances  autrichiennes  ? 

Il  se  félicite  et  le  félicite  de  son  envoi  à  Vienne,  où  il  fera  de 
bonnes  choses,  lui  signale  l'état  d'esprit  des  cantons  de  Vaud 
et  d'Argovie,  entièrement  acquis  aux  idées  françaises  et  nette- 
ment hostiles  à  la  Prusse,  et  croit  à  l'extension  de  ce  mouve- 


l::s  préliminaires  et  les  ajournements  du  congrès     381 

ment  dans  les  cantons  de  Berne,  Soleure  et  Fribourg.  Il  ne 
partage  pas  la  manière  de  voir  optimiste  deDalberg  et  le  met 
en  garde  contre  son  antagoniste  qu'il  va  trouver  à  Vienne, 
(probablement  un  des  députés  suisses)  et  dont  il  croitJp«  idées 
nuisibles  et  dangereuses  pour  la  Suisse. 

11  le  prie  de  lui  dire  ce  qu'il  pense  de  l'état  des  finances 
autrichiennes.  La  question  l'intéresse  directement,  puisqu'il  a 
déjà  une  partie  de  sa  fortune  déposée  chez  Geymiiller,  qu'il 
voudrait  l'employer  en  fonds  d'Etat  et  se  démande  s'il  ne  de- 
vrait pas  à  cet  elTet  l'envoyer  en  France. 


526.  Vienne,  19  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

MARSCHALL(l)  à  DALBERG  (chiffon). 

Je  viens  de  recevoir  une  lettre  de  notre  excellent  Primat, 
sur  laquelle  il  est  urgent  que  je  m'entretienne  avec  vous.  Vou- 
lez-vous me  faire  savoir  à  quelle  heure  je  pourrai  vous  trou- 
ver ce  soir. 


527.  Vienne,  20  octobre  1814  (F.  2.  4151  ad  3565). 

CORSINI  à  DALBERG  (analyse)  (chiffon). 

Il  le  prévient  du  départ,  samedi,  pour  l'Italie  d'une  personne 
sûre  qui  se  chargera  d'emporter  tout  ce  que  le  duc  désirera. 
Gorsini  l'adressera  à  Bologne  à  sa  sœur,  qui  remettra  Je  tout 
ï  la  Duchesse  sans  le  moindre  incident. 


528.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4137  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR. 

Bordereau  et  rapport  du  27  octobre. 
1.  Le  comte  Marschall,  représentant  du  prince  Primat. 


382  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

Vienne,  26  octobre  1814.  (F.  2.  4467  ad  3563). 
Rapports  à  HAGER. 

Rapports   sur  Marie-Louise,  le  prince  Eugène,  les  diplomates 
russes  et  prussiens. 

Le  24,  Marie-  Louise  a  reçu  à  déjeuner  deux  lettres  du 
prince  Eugène  et  a  dit  à  table  que  le  roi  de  Prusse  était  un 
bel  homme. 

«  Physiquement,  peut-être,  a  répondu  M""^  de  Brignole,  mais 
pas  moralement,  car  sans  cela  Votre  Majesté  ne  serait  pas  ici.  » 

Le  soir,  Marie-Louise  est  allée  à  Baden  où  elle  est  restée 
jusqu'au  26. 

Sur  le  prince  Eugène,  (qui  a  fait  le  24  une  visite  de  deux 
heures  à  l'Empereur  Alexandre  et  est  allé  le  soir  au  bal  chez 
Metternich.) 

Sur  Nesselrode,  Stackelberg  et  Anstett,  (qui  a  continué  à 
travailler  à  un  gros  Mémoire  pour  l'Empereur  et  a  fait  porter 
ce  gros  Mémoire  (de  quatre  feuilles)  au  prince  Czartoryski 
par  son  valet  de  chambre  avec  Tordre  de  ne  le  remettre  qu'en 
mains  propres.  Czartoryski  a  rapporté  le  soir  ce  dossier,  que 
le  même  valet  de  chambre  a  aussitôt  porté  à  Anstett,  qui  se 
trouvait  chez  Nesselrode.) 

Sjir  Pozzo  di  Borgo,  la  Harpe  et  Stein  (Le  colonel  Miltitz  et 
le  lieutenant  Kleist  ne  sont  pas  partis  hier  pour  Dresde  et 
sont  encore  ici). 

Sur  Wrede  (Besserer  ne  va  plus  en  Hongrie),  Gaertner  et  la 
députation  juive  de  Francfort. 

Sur  Talleyrand  (On  a  réussi  à  se  procurer  des  lettres  pro- 
venant de  son  bureau)  (1). 

Sur  Radziwill,  (qui  a  été  à  4  h.  1/2  chez  Hardenberg  et  lui 
a  porté  et  versé  l'argent  qui  lui  avait  été  remis  par  le  Juif 
de  la  Cour.  Ce  sac  lui  avait  été  apporté  dans  la  matinée  (2).) 

1.  Cf.  plus  loin  pièces  535  à  538  inclus. 

2.  Ha;^er  avait  complété  ces  renseignements  relatifs  à  Hardenberg  dans  un 
rapport  à  l'Empereur  en  date  du  27  octobre  (F.  2.  4137  ad  3565).  11  lui  man- 
dait que  «  Hardenberg  aurait  été  gagné  à  la  cause  du  prince  Eugène  moyen- 
nant 100.000  sequins  et  que  le  prince  Radziwill  lui  aurait  porté  un  sac  plein 
d'argent  qui  lui  avait  été  remis,  par  oi'dre  d'Alexandre,  par  le  Juif  de  la  cour  » 

Un  autre  rapport  du  25  octobre,  celui-là  en  italien,  et  venant  d'un  tout 
autre  côté,   avait  donné   encore   plus  de  poids  et   plus  de  vraisemblance  à 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      383 
529.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2,  3148  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Craintes  et  espoirs  des  Polonais. 

Le  prince  Henri  Lubomirski  a  donné  à  Goudakhowsky 
l'ordre  de  se  tenir  prêt  à  partir  pour  Varsovie.  On  croit  qu'il 
sera  porteur  de  dépêches  importantes.  Les  Polonais  sont  tou- 
jours très  inquiets  de  leur  sort  et  attendent  tout  de  l'influence 
et  de  l'action  du  Prince  Adam  (Czartoryski). 


530.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Déjeuner  chez  Turkheim.  Dîner  chez  Gagern. 

Grand  déjeuner  le  24  chez  le  baron  Turkheim.  Le  même 
jour,  grand  dîner  donné  par  Gagern  aux  princes  de  Reuss  (1) 
et  d'Anhalt  (2),  aux  Ministres  Beroldingen  (3),  Rechberg  et 
Bûhler  (4),  puis  thé  dansant,  auquel  Lady  Gastlereagli  assiste 
avec  ses  enfants. 

cette  nouvelle,  sur  laquelle  Hager  n'hésita  plus  à  appeler  Tattention  de  TEm- 
pereur. 

(a)  E  il  comte  {principe  di  Hardenherg  che  a  preso  di  certo  li  100000  Zec- 
chini  del  Principe  Beanharnais.  Ne  parlai  tutt'oggi  col  Segretario  di  Saint 
Marsan  e  tutti  ne  convengono.  Quindi  rigiiardo  qiiesto  corne  cosa  d'Evan- 
gelio.  (F.  2.  4467  ad  3565). 

(a)  C'est  le  comte  (prince  de  Hardenberg)  qui  a  reçu,  cela  est  certain,  les 
100.000  sequins  du  prince  Beauharnais.  J'en  parlai  aujourd'hui  même  avec  le 
Secrétaire  de  Saint-Marsan  et  tout  le  monde  en  est  persuadé.  Je  considère 
ionc  la  chose  comme  parole  d'Evangile. 

1.  Probablement  Henri  XIII  de  Keuss-Plauen-Gretz,  né  en  1747,  prince 
égnant  depuis  le  28  janvier  1800,  mort  en  1837  et  peut-être  aussi  son  fils  le 
irince  héritier  Henri  XIX. 

2.  Probablement  le  prince  héritier  d'Anhalt-Dessau. 

3.  Beroldingen  (Joseph-Ignace,  comte  de)  Ministre  de  Wurtemberg  et 
lide  de  camp  du  roi.  Ministre  à  Londres  en  1815,  nommé  à  ces  mêmes  fonc- 
ions à  Saint-Pétersbourg  en  1816  où  il  remplaça  Wintzingerode  rappelé  à 
Stuttgart  pour  y  occuper  le  Ministère  de  l'Intérieur  (cf.  PolovtsofT,  I,  618. 
'îoailles  à  Richelieu,  10  sept.  1816). 

4.  Diplomate  russe,  tout  à  fait  acquis  à  la  Prusse. 


384  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

L'Electeur  de  Hesse-Cassel  est  parti  le  24,  fort  mécontent 
de  la  marche  de  ses  affaires. 


531.  Vienne,  24  octobre  1914  (F.  2.  3148  ad  3565). 

©0  à  HAGER 

Léopold  de  Cobourg,  Victor  de  Rohan  et  l'Ambassade  de  France.  La  tactique 
de  Talleyrand.  Sa  réponse  à  Alexandre.  La  campagne  des  médiatisés  et  des 
nouveaux  Princes  contre  Metternich.  Le  baron  de  Mûlinen.  t? 

Je  trouve  souvent  le  matin  chez  Dalberg  le  prince  de  Co- 
bourg (1)  et  le  prince  Victor  de  Rohan  (2).  Le  premier  m'a  de 
plus  en  plus  l'air  d'être  un  des  informateurs  des  Français  et 
le  second,  qui  a  un  procès  à  Paris,  cherche  naturellement  à 
gagner  l'Ambassade  à  sa  cause. 

On  raconte  dans  les  salons  que,  toutes  les  fois  qu'il  est  ques- 
tion d'affaires  ayant  trait  à  la  politique,  Alexandre  se  retran- 
che derrière  cette  phrase  :  «  Je  ne  suis  qu'un  soldat  et  ne  com- 
prends rien  à  la  politique.  » 

On  prétend  aussi  qu'on  a  remarqué  que  Talleyrand  n'a  cher-| 
ché  qu'à  semer  la  discorde,  d'abord   entre  l'Angleterre  et  la 
Russie,  et  maintenant  entre  l'Autriche  et  la  Prusse.  On  raconte 
encore,  à  propos  de  la  fameuse  audience  de   Talleyrand  chez: 
Alexandre,  que  l'Empereur  s'étant  élevé  violemment  contre  laj 
trahison  du  roi  de  Saxe,  le  prince  lui  répondit  avec  le  plus  grand 
calme  :  «  Ce  sont  là  des  reproches  à  faire  à  toutes  les  puis- 
sances. Il  n'y  a  qu'à  rappeler  (sic)  les  dates  (3).  » 

Le  roi  de  Prusse  est,  paraît-il  de  fort  méchante  humeur.  II. 
a  hâte  d'être  rentré  chez  lui  et  trouve  que  la  solution  est  biei]|' 
longue  à  intervenir. 

La  coterie  Starhemberg  et  C"  profite  du  fait  que  les  Prus-. 
siens  déclarent  qu'il  faut  médiatiser  toutes  les  nouvelles  mai-' 
sonsprinoi..e.po„.,ep.e„drep.uséne.,i,ue.entlaca.pa,^ 

1.  Le  futur  roi  des  Belges. 

2.  Rohan  (Victor,  prince  de)  (1764-1835)  grand  Chambellan  en  1789,  éniigt 
peu  après  et  entra  dans  rarmée  autrichienne  où  il  devint  général.  Rentré  i 
France  en  1814,  il  s'expatria  de  nouveau  en  1830  et  alla  mourir  en  Autriche 

3.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n"  3.  Vienne  20  octobre  1814,  page  22. 
«  Sire,  c'est  une  question  de  dates.  » 


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LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS  DU    CONGRÈS       385 

3ontre  Metternich,  et  ils  ont  découplé  contre  lui  les  Hohen- 
îollern,  Lobkowitz,  Salm,  Dietrichstein,  Nassau,  Auersperg, 
F'ûrstenberg,  Schwarzenberg,  Liechtenstein,-  Taxis,  etc.,  qui 
;ous  sont  des  princes  de  date  assez  récente.  Ils  affectent  tous 
ie  croire  que  le  salut  de  la  maison  d'Autriche  dépend  du  main- 
tien des  médiatisés  et  déclarent  que  c'est  Metternich  quia  mis 
5on  Empereur  dans  ce  joli  guêpier. 

On  voit  maintenant  assez  fréquemment  chez  le  comte  Rech- 
Dsrg  le  baron  de  Miilinen,  de  la  Légation  du  Wurtemberg  au 
jHongrès,  un  homme  du  monde  accompli  et  qui  a  beaucoup 
^^ojagé.Le  roi  lui  paie  ses  voitures  et  ses  dépenses  ici,  à  con- 
ition  qu'il  circule  et  pénètre  partout.  C'est  un  des  agents  de 
a  police  secrète  de  Stuttgart. 


•32.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 


Les  doléances  de  Wrede.  Effet  produit  en  Allemagne 
par  la  déclaration  du  8  octobre. 


Wrede,  qui,  au  sortir  de  la  conférence  tenue  à  la  Chancelle- 
ie  d'Etat  sur  les  affaires  de  l'Allemagne,  n'est  arrivé  qu'à 
heures  pour  dîner  chez  le  Prince  B...,  y  a  dit  :  «  Rien  ne 
jiarche  dans  notre  Conférence.  On  ne  décide  rien.  On  ne  peut 
[entendre  sur  rien.  Du  reste,  quel  est  celui  d'entre  nous  qui 
Imsentira  à  ce  qu'on  lui  prescrive  ce  qu'il  convient  de  faire 
pns  son  propre  pays  !  Ajoutez  à  cela  que  les  séances  sont  trop 
pes.  Les  fêtes  continuelles,  dont  nous  avons  une  indigestion, 
j'ennent  tout  notre  temps.  Les  souverains  ne  partiront  pas 
'■ant  la  fin  de  novembre  de  Vienne,  que,  nous  autres,  nous 
1  pourrons  quitter  avant  le  nouvel  an,  et  alors  très  probable- 
mt  il  y  aura  un  Pof>t-Scriptum  à  Francfort.  Consalvi  nous 
[et  à  la  torture  avec  son  Concordat  germanique.  La  Bavière 
le  Wurtemberg  ne  se  laissent  donner  d'ordres  par  qui  que 
soit,  et  chacun  de  ces  royaumes  trouvera  bien  moyen  de  con- 
tre un  Concordat  personnel  avec  le  Saint-Père. 
iLa  Comtesse  de  Rechberg  a  dit  hier  :  «  Nous  avons  reçu  des 
luvelles  de  l'Empire.  La  déclaration  du  8  octobre  a  produit 
très  grand  effet,  mais  hélas  i  absolument  déplorable.  » 

T.  1.  25 


386  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

533.  Vienne,  25  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3565). 

B . . .  à  H AGER 

Anstett  et  Alexandre.  Conférence  du  22  chez  Alexandre.  Anstett  chargé  de 
rédiger  le  mémoire  dans  lequel  Alexandre  réclame  et  exige  toute  la  Pologne. 
La  brochure  de  Lips.  Mécontentement  des  Médiatisés.  La  Constitution  alle-^ 
mande.  Thugut  et  les  journaux  étrangers.  I 

La  disgrâce  d'Anstett  n'a  pas  l'air  d'être  bien  sérieuse.  Le 
21,  il  reçut  de  l'Empereur  un  billet  autographe  au  crayon  que 
j'ai  lu  et  dans  lequel  après  lui  avoir  dit  toutes  sortes  de  choses 
aimables  au  sujet  de  son  habileté  et  de  sa  manière  de  rédiger 
les  notes,  Alexandre  le  convoquait  pour  le  lendemain. 

«  Je  sais  bien  de  quoi  il  en  retourne,  me  dit-il.  L'Empereur 
a  des  idées  essentiellement  différentes  des  miennes.  Je  vaist 
donc  une  fois  de  plus  être  obligé  de  le  contredire  et  de  luj; 
déplaire.  Je  resterai  fidèle  à  ma  manière  de  voir.  Mais  en  fin 
de  compte,  il  me  faudra  faire  ce  que  veut  mon  Empereur, 
quelque  pénible  que  puisse  être  pour  moi  de  travailler  contre 
mes  convictions.  » 

Le  22  après-midi,  il  j  eut  une  conférence  chez  l'Empereur, 
Anstett  revint  au  bout  de  quelques  heures,  et  depuis  ce  mo- 
ment jusqu'à  aujourd'hui  après-midi,  il  a  travaillé  et  écrit  sans 
arrêter.  Son  mémoire  se  composait  de  plus  de  trente  feuilles 
et  a  été  envoyé  à  l'Empereur  à  Ofen  par  un  Feldjœger  parti 
cet  après-midi. 

Bien  qu' Anstett  ait  pendant  ce  temps  défendu  sa  porte  aux 
visiteurs,  j'ai  eu  l'occasion  de  le  voir  et  de  m'entretenir  avec 
lui  pendant  ses  heures  de  répit  et  de  repos.  Tout  plein  du  tra- 
vail qu'il  faisait,  il  me  dit  qu'il  travaillait  à  la  réponse  défini- 
tive de  la  Russie  ;  que  l'Empereur  maintenait  ses  prétentions 
sur  la  Pologne,  réclamait  la  Vistule  dont  le  cours  entier  devait 
être  libre,  refusait  de  renoncer  aussi  bien  à  Thorn  qu'à  Cra- 
covie.  Qu'il  allait  faire  présenter  ses  propositions  et  qu'il  fau- 
drait, ou  les  accepter,  ou  en  venir  à  une  rupture. 

Je  continue  à  rencontrer  chez  Arnstein  et  chez  Eskeles  tous 
les  fonctionnaires  prussiens,  Staegemann,  Heim,    Grosse  (1) 


)3^ 


1.  Grosse,  conseiller  prussien. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       387 

et  Krug  (!).  On  y  désire  de  plus  en  plus  de  pouvoir  lire  la 
brochure  saisie  par  la  Censure  viennoise  du  professeur  Lips, 
d'Erlangen,  sur  le  Congrès  de  "Vienne  (2).  dont  peu  de  per- 
sonnes ont  pu  prendre  connaissance. 

Le  comte  Schenk  von  Castell  et  ses  semblables  se  plaignent 
de  ce  qu'on  empêche  les  Médiatisés  de  répandre  à  Vienne  les 
brochures  qu'ils  ont  rédigées  et  dans  lesquelles  ils  attaquent 
si  vivement  les  souverains.  Ils  disent  qu'il  y  a  trop  de  fêtes, 
trop  de  distractions  à  Vienne  ;  que  les  affaires  sérieuses  n'y 
occupent  qu'une  place  secondaire  et  qu'il  eût  bien  mieux  valu 
tenir  le  Congrès  à  Prague,  à  Francfort,  ou  n'importe  où  ailleurs. 

Le  baron  Linden  a  raconté  hier  que  le  comité  des  affaires 
allemandes  avait  tenu  ce  jour-là  sa  cinquième  séance,  qu'on 
en  a  fini  avec  la  question  de  la  Constitution  fédérale  et  que 
c'est  probablement  au  mois  de  janvier  et  à  Francfort  qu'on 
réglera  les  détails  de  l'organisation  de  l'Union  allemande  et 
jue  d'ici  au  15  novembre  tout  sera  terminé  à  Vienne. 

Je  rencontre  maintenant  dans  quelques  salons,  chez  la  com- 
tesse Schônburg,  par  exemple,  nn  beau  parleu?',  un  aventurier, 
m  certain  Salins  (3),  (si  je  ne  me  trompe)  qui  raconte  lui-même 
^ue  Napoléon  qu'il  voulait  assassiner,  la  fait  enfermer  pendant 
luit  mois  à  Vincennes. 

Le  baron  Thugut  et  quelques  autres  viennent  de  reprendre 
les  abonnements  à  des  journaux  étrangers,  seul  moyen  pour 
ux  de  savoir  ce  qui  se  passe  au  Congrès,  dont  la  Wiener  Zei- 
ung  ne  peut  rien  dire. 


34.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.  3148  ad  3365). 

GOEHAUSEN  à  HAGER. 

Notes  et  jugements  sur  La  Harpe. 

Le  lieutenant  Klauss,  chez  lequel  habite  Gaertner,  est  un  ami 
e  La  Harpe  et  a  offert  de  nous  renseigner  de  son  mieux  sur 

1.  Fonctionnaire  prussien. 

2.  Elle  avait  pour  titre  :  Der  Wiener  Congress   oder  was  miiss  (/eschehen 
n  DeulschlandifOii  seinem  Untergang  zu  retten.  (LeCongrès  de  Vienne,  ou 

fl'aut-il  faire  pour  sauver  l'Allemagne  de  sa  perte  . 
Le  baron  Sala,  celui  qui  essaya  en  effet,  en  février  1810,  d'attenter  à  la 


388  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENIS'E 

ses  faits  et  gestes.  Il  a  fait  la  connaissance  de  La  Harpe  en 
se  rendant  à  Paris  et  celui-ci  lui  a  offert,  ce  que  Klauss  a  re- 
fusé, d'entrer  au  service  de  la  Russie.  D'après  lui,  La  Harpe 
est  un  homme  d'une  rare  intelligence,  ennemi  déclaré  de  Bo- 
naparte, dont  depuis  longtemps  il  considérait  la  chute  comme 
nécessaire,  cette  chute  qu'il  avait  prédite  déjà  lorsque  les  ar- 
mées alliées  marchaient  sur  Langres.  Mais  d'autre  part,  il  n'aime 
guère  le  gouvernement  actuel  de  la  France  et  encore  moins 
ses  ministres.  Il  déteste  Tallejrand,  un  véritable  Caméléon, 
d'après  lui,  sauf  cependant  qu'il  lui  est  désormais  impossible 
de  rougir.  Pour  ce  qui  est  de  la  Suisse,  il  appartient  au  nou- 
veau parti  en  faveur  duquel  il  travaille  activement  ici.  Il  dé- 
clare que  l'ancien  gouvernement  de  la  Suisse  est  suranné  et 
ne  répond  plus  aux  besoins  de  l'époque.  Il  est  par  conséquent 
loin  d'être  d'accord  avec  Montenach  et  C"  et  déclare  carré- 
ment que  la  Suisse  se  refusera  catégoriquement  à  accepter 
toute  Constitution  qu'on  voudrait  lui  imposer. 

La  Harpe  s'exprime  avec  le  plus  profond  respect  sur  le 
compte  de  notre  Empereur  et  de  sa  famille.  Il  a  d'ailleurs  ma- 
nifesté ses  sentiments  dans  l'entretien  qu'il  a  eu  récemment 
avec  l'archiduc  Jean. 


535.  Vienne,  12  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 
FLORET  à  TALLEYRAND  (chiffon)  (1). 
Remise  d'exemplaires  imprimés  des  déclarations. 

J'ai  l'honneur  d'envoyer  à  Votre  Altesse  quelques  exem- 
plaires de  la  déclaration,  imprimés  sur  un  papier  tant  soit  peu 
meilleur  que  ceux  qui  ont  été  remis  ce  matin  par  M.  de  Gentz. 

J'en  aurai  demain  un  plus  grand  nombre  d'exemplaires  à 
votre  disposition.  

536.  (Sans  date,  mais  écrit  peu  de  jours  après  l'arrivéede  Talleyrand) 

F.  2.  4467  ad  3565). 

TALLEYRAND  au  Duc  de  CAMPOGHIARO  (chiffon)  (2). 
Des   rendez-vous,    indispensables  lorsqu'on    arrive,  m'ont 

1.  Chiffons  trouvés  et  ramassés  chez  Talleyrand  le  26  octobre. 

2.  Chiffons  trouvés  et  ramassés  chez  Talleyrand  le  26  octobre. 


Pen 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      389 

privé  jusqu'à  présent  du  plaisir  de  voir  M.  le  due  de  Gampo- 
chiaro.  Si  demain  lundi  lui  convient,  je  le  recevrai  avec  plaisir 
vers  4  heures. 


537.  Vienne,  19 octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

TALLEYRAND  au  Baron  LOUIS  (chiffon)  (1). 

Il  lui  recommande  M.  Navara  et  le  prie  de  lui  donner  la  place 
vacante  de  receveur  principal  des  droits  réunis  à  Toul  (Ci- 
joint  une  lettre  de  M""'  Navara  à  Talleyrand). 


538.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

TALLEYRAND  à...  (2)  (Fragment  de  chiffon)  (3). 
Les  dotations  des  Maréchaux.  Le  Monte-Napoléone. 

Prince  (2),  je  fais  valoir  dans  toutes  les  circonstances  les 

ustes  réclamations  qui  sont  faites  par  nos  généraux.  Mais 

^ous  connaissez  l'accord  fait  par  les  Souverains  à  leur  entrée 

In  France.  Ils  nous  Tont  notifié  à  Paris,  se  réservant  seule- 

Inent  d'accorder  des  indemnités  à  quelques  personnes.  Leur 

langage  nous  permettait  de  croire  que  leur  nombre  serait  con- 

idérable. 

Depuis  que  je  suis  ici,  j'ai  parlé  du  Monte-Napoleone .  On 
l'a  fait  à  cet  égard  la  même  réponse.  M.  de  Metternich  m'a 
it  que  l'Empereur  était  décidé... 


39.  Vienne,  26  octobre  1814  {F.  2.  4467  ad  3565). 

DALBERG  à  WESSENBERG  (chiffon)  (3)  (en  français). 

1  lui  demande  d'agir  auprès  de  Metternich  et  de  l'intéresser  à  son  affaire 
des  domaines  de  Ratisbonne  que  Montgelas  a  tranchée  contre  lui. 

Permettez-moi,  mon  Cher  Ami,  que  je  réclame  votre  inter- 

[.  Chiffons  trouvés  et  ramassés  chez  Talleyrand  le  26  octobre. 

î.  Pourrait  bien  être  le  Prince  Eugène,  Masséna,  Ney  ou  Davout,  mais  il 

Ktlus  probable  que  la  lettre  ait  été  adressée  au  Vice  Roi. 
Intercepté  et  saisi  chez  Dalberg  le  26  octobre.  Cf.  plus  loin  d'autres  pièces 


390  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

vention  personnelle  pour  soumettre  au  prince  de  Metternich 
une  affaire  de  la  plus  haute  importance  pour  moi  et  dans  la- 
quelle il  m'a  prorais  son  appui. 

Il  s'agit  du  rapport  des  domaines  de  Ratisbonne  dont  je 
vous  ai  entretenu  hier  au  soir.  M.  de  Montgelas  a  soumis  la 
question  à  un  travail  de  bureau  et  me  fait  connaître  que  je 
n'ai  plus  de  titre. 

J'ignore  la  logique  dont  il  fait  usage,  mais  elle  ne  peut  être 
que  mauvaise.  L'article  décret  nV  est  pas  applicable. 

Indépendamment  de  la  justice  qui  appuie  ma  réclamation, 
le  prince  de  Metternich  et  M.  de  Nesselrode  sont,  au  nom  de 
leurs  souverains,  intervenus  dans  cette  affaire  à  Paris.  Je  n'ai, 
plein  de  confiance  en  leurs  assurances,  fait  aucune  autre  dé- 
marche et  je  ne  m'attendais  pas  à  une  telle  réponse. 

Je  vous  prie,  mon  cher  ami,  d'engager  le  prince  de  Met- 
ternich à  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  feuilles  ci-jointes  et  à  s'en 
occuper  un  moment.  Ne  peut-on  pas  rattacher  cette  question 
à  la  pension  et  aux  arrangements  qui  régiront  l'affaire  d'As- 
chaffenburg. 

Il  serait  fort  dur,  mon  cher  ami,  de  me  voir  privé  de  pro- 
priétés acquises  avec  autant  de  droit  que  celles  données  par 
tous  les  changements  que  le  temps  a  opérés  et  d'en  être  privé, 
malgré  l'appui  que  m'ont  assuré  les  puissances  auxquelles  je 
crois  rendre  des  services  importants.  Bonjour,  mon  cher  Wes- 
senberg.  Vous  connaissez  l'amitié  et  l'attachement  que  je  vous 
ai  voués  depuis  longtemps. 


540.  Vienne,  24  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

DALBERG  à  JAUGOURT  (1)  [intercepla)  (chiffon). 

État  des  affaires.  Russie  et  Pologne,  Prusse  et  Saxe.  Attitude  de  l'Autriche 
et  de  l'Angleterre.  La  réponse  de  Metternich  à  la  Prusse,  l'occupation  pro- 
visoire de  la  Saxe  et  ses  conséquences. 

(Fragment  de  la  minute  de  la  dépêche  n°  8  bis  des  Ambas- 
sadeurs du  Roi  au  Département.) 

ramassées  chez  Dalberg  le  27  octobre,  entre  autres  les   pièces  n°"  568,  569, 
570,  571,  572. 

1.  J'ai  cru  utile  de  reproduire  et  de  publier  ce  chiffon,  ce  fragment  de  'a 
minute  de  la  dépêche  N"  8  bis  des  Ambassadeurs  du  Roi,  parce  que,  comme 
on  pourra  s'en  convaincre  aisément,  la  rédaction  définitive  ne  ressemble 
guère  à  ce  premier  projet  de  dépêche. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       391 

«  Nous  ne  pouvons  pas,  Monsieur  le  Comte,  vous  annoncer 
que  les  alTaires  générales  aient  pris  une  meilleure  direction. 
Tout  encore  est  intrigue,  mystère  et  incohérence  dans  la  marche 
et  le  système  général. 

L'Empereur  de  Russie  insiste  sur  le  Grand-Duché  de  Var- 
sovie, sauf  quelques  parcelles  qu'il  consent  à  céder  à  la  Prusse. 
Il  veut  y  régénérer  la  Pologne. 

La  Prusse  persiste  à  s'indemniser  de  cette  perte  en  s'appro- 
jriant  la  Saxe.  L'Empereur  de  Russie  dit  qu'il  y  a  consenti  ; 
que  c'est  un  arrangement  personnellement  pris  par  le  roi  de 
Prusse  et  qu'il  n'y  a  rien  à  y  changer. 

L'Autriche,  à  laquelle  la  Prusse  avait  exprimé  cette  velléité, 
ae  s'y  oppose  que  faiblement.  Elle  cherche  à  louvoyer,,  à  s'ai- 
der par  l'effet  du  temps,  à  se  fortifier  de  l'impression  que  cet 
acte  d'injustice  provoque  dans  tous  les  esprits,  à  nous  faire 
entendre  qu'elle  nous  prendra  comme  second,  lorsqu'elle  sera 
trop  pressée  par  ses  adversaires. 

L'Angleterre  poursuit  son  système  et  cherche  dans  la  Prusse, 
e  Hanovre  et  la  Hollande  une  barrière  impénétrable  contre 
es  agressions  futures  de  la  France. 

Le  l"""  novembre  approche,  et  on  ne  sera  d'accord  sur  rien. 
\.ucune  conférence  n'a  eu  lieu  (lacune  dans  le  chiffon){i). 

Le  prince  de  Metternich  a  donné  (2),  à  ce  qu'on  nous  dit, 
me  réponse  écrite  aux  Ministres  prussiens  sur  la  demande 
jue  ceux-ci  ont  faite  d'occuper  la  Saxe.  Il  ne  nous  en  a  pas 
)arlé  et  ne  nous  a  pas  consultés. 

Cette  réponse  est  plutôt  une  discussion  élevée  sur  la  ques- 
ion  même.  Elle  ne  déciderien  et  ne  consent  à  rien.  Elle  oppose 
ependant  que  la  réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse  ne  peut  se 
raiter  qu'après  que  les  limites  des  trois  puissances  de  la  Po- 
3gne  seront  réglées  et  lie  ainsi  une  question  à  l'autre.  Dans 
et  état  de  choses,  l'occupation  provisoire  de  la  Saxe  par  les 
rmées  prussiennes  va  avoir  lieu,  et  cette  condescendance  de 
\  part  de  la  Cour  de  Vienne  est  déjà  un  événement  très  fâcheux 
t  qui  laisse  la  Russie  maîtresse  de  soutenir  l'affaire  du  Grand- 
)uché  de  Varsovie  comme  elle  le  voudra...  » 
Tout  le  reste  de  la  dépêche  manque. 

1.  Manquent  deux  phrases. 

2.  Note  du  prince  de  Metternich  en  date  du  22  octobre  1814  portant  con- 
intement  avec  conditions  à  la  prise  de  possession  de  la  Saxe  par  la  Prusse, 
t  note  du  prince  de  Metternich  à  lord  Castlereagh  du  22  octobre  1814  lui  en- 
oyant  copie  de  sa  note  de  ce  jour  au  prince  de  Hardenbei'g. 


392  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

541.  Vienne,  sans  date  (F.  2.  4467,  ad  3565). 

DALBERG  à  SOPHIE  (Chiffon)  (Ramassé  chez  Dalberg  | 

le  25  ou  le  26  octobre). 

Tu  es  cruelle,  ma  Sophie,  et  tu  ne  veux  plus  de  moi.  Vois 
par  le  billet  que  tu  m'as  privé  d'une  bonne  petite  heure  de 
bonheur.  Je  ne  compte  à  Vienne  les  bons  moments  que  par  ■: 
ceux  où  mes  yeux  revoient  ma  Sophie,  qui  pour  moi  est  tout 
dans  ce  monde  et  dont  le  destin  me  sépare,  je  ne  sais  pour  quel 
péché.  É 


542.  Vienne  ('sans  date)  (F.  2.  4467  ad  3565). 

SOPHIE  à   DALBERG  (chiffon  ramassé  chez  Dalberg 
en  même  temps  que  le  précédent). 

Nos  plaisirs  d'hier  ont  duré  jusqu'à  minuit,  mon  cher  Ami. 
Je  suis  rentrée  morte  de  faim  et  de  fatigue.  Cependant  je  me 
suis  bien  amusée  et  la  fête  a  été  charmante.  Je  suis  fâchée 
que  tu  ne  l'aies  pas  vue.  Te  verrai-je  un  moment  ce  matin  ? 

Aie,  je  te  prie,  la  bonté  d'envoyer  le  gant  à  Paris  et  de 
presser  l'envoi  d'une  douzaine  de  paires. 


543.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4467  ad  3565). 

MAMAN  à  DALBERG  (fragment  de  chiffon). 

Je  recommande  à  votre ci-jointe 

en  attendant  un qui j'enverrai  par 

le  courrier  de  mercredi. 

Je  donne  pleine  faculté  à  toutes  les  polices  de  lire  ce  que  je 
vous  envoie  :  mais  ce  que  je  désire,  c'est  que  mes  lettres  vous 
parviennent. 

Adieu,  mon  ami,  offrez  tous  mes  devoirs  à  M™«  de  Périgord 
et  mes  excuses  de  ne  pas  avoir  été  la  voir. 

Je  vous  embrasse  parce  que  je  vous  aime  tendrement 
comme  amie  et  comme 

Maman. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      393 

544.  Vienne  (sans  date)  (F.  2.  4467  ad  3565). 

SCHULENBURG  à DAtBERG (Chiffon  à  moitié  brûlé)  {Résumé). 
Samedi  à   5  heures. 

Il  s*excuse  d'avoir  été  empêché  de  venir  chez  lui  et  chez 
Talleyrand  par  raugmentation  de  ses  douleurs. 

«  Si  vous  trouvez  un  moment  dans  la  matinée  de  demain 
pour  venir  me  voir,  vous  me  ferez  grand  plaisir.  » 


545.  Vienne,  13  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

CORSINI  à  DALBERG  (chiffon). 

Il  le  prévient  qu'il  pourra  différer  de  deux  jours  Tenvoi  à 
'aire  à  la  duchesse.  M.  de  Buol  (1)  ne  partira  qu'au  commen- 
cement de  la  semaine  prochaine. 


>46.  Vienne,  26  octobre  1814  ;F.   2.  4137  ad  3565). 

LCËWENHIELM  à  ENGESTRÔM  {Intercepta)  (en  français). 

e  voyage  des  souverains.  Lenteur  et  complications  des  opérations  du  Con- 
grès. L'occupation  provisoire  de  la  Saxe.  Gratifications  et  décorations  don- 
nées par  le  roi  de  Prusse  à  Repnin.  L'attitude  de  Talleyrand.  Un  mot  de 
lui  à  propos  des  prétentions  de  la  Russie. 

L'état   des    négociations   continue  à   être  le    même et 

absence  des  Souverains  (2)  ne  permet  pas  de  prévoir  de  déci- 
ion  avant  leur  retour  qu'on  dit  fixé  au  30.  Cet  état  de  sta- 
nation  amène  des  complications  fâcheuses  pour  l'ouverture 
u  Congrès  fixée  d'après  notre  déclaration  au  1""  novembre. 

Indépendamment  des  grandes  questions  politiques,  il  s'en 
résente  une  foule  d'autres  qui  sont  toutes  préalables  et  néces- 
lires  pour  régler  l'ordre  et  la  marche  des  travaux  du  Gen- 
res, fixer  le  rang  des  Puissances   entre  elles,  considérer  les 

1.  Ministre  d'Autriche  à  Florence. 

2.  Voyage  des  deux  Empereurs  et  du  roi  de  Prusse  à  Pesth. 


394  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

objets  qui  doivent  être  soumis  à  la  décision,  etc.,  etc.  Toutes  ces 
questions  ne  sont  pas  encore  entamées  et  le  Conseil  prépara- 
toire des  Huit-Puissances  signataires  du  traité  de  Paris,  qui  f 
doit  en  décider,  ne  peut  se  rassembler  que  lorsque  les  bases 
des  grands  intérêts  politiques  seront  fixées. 

L'occupation  militaire  de  la  Saxe  parles  troupes  prussiennes, 
qui  relèvent  le  corps  du  prince  Repnin,  a  dû  être  portée  à  la 
connaissance  de  Votre  Excellence  par  le  Ministre  du  Roi  à 
Berlin. 

Cette  occupation  n'est,  d'après  les  explications  que  j'ai 
demandées  au  Comte  de  Nesselrode  et  au  prince  d'Hardenberg, 
que  provisoire  et  un  pur  mouvement  militaire,  comme  celle  de 
la  Belgique  par  l'armée  anglo-hollandaise,  sans  que  cela  pré- 
juge en  rien  le  sort  futur  de  la  Saxe.  La  nature  des  ques- 
tions mises  en  avant  par  la  Russie  et  le  besoin  d'indemniser 
la  Prusse  de  ce  qu'elle  perd  en  Pologne  laissent  néanmoins 
peu  de  doutes  à  cet  égard.  On  dit  ici  que  Sa  Majesté  Prus- 
sienne a  fait  cadeau  au  prince  Repnin  de  100.000  écus  de 
Saxe  et  son  ordre  de  l'Aigle  Noir  en  témoignage  de  sa  satis- 
faction de  son  administration  en  Saxe.  Cette  récompense  géné- 
reuse, si  elle  est  effectivement  donnée,  décèle  sans  doute  le 
Souverain  futur  de  la  Saxe. 

Le  prince  de  Talleyrand  ne  manque  aucune  occasion  de  prê- 
cher au  nom  de  son  souverain  la  modération  et  une  juste  ba- 
lance en  Europe.  Il  a  dit  l'autre  jour  qu'  «  à  juger  des  pré- 
tentions de  la  Russie,  il  paraissait  que  c'était  plutôt  aux  succès 
de  Bonaparte  qu'à  ses  principes  qu'on  avait  fait  la  guerre  et 
qu'il  ne  fallait  pas  abattre  un  colosse  pour  en  rétablir  un  au- 
tre ». 


547.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.  4137  ad  3565). 

HEGARDT  à    ENGESTRCËM  {Intercepta)  (en  français). 

Considérations  sur  l'occupation  provisoire  de  la  Saxe.  Singulières  préten- 
tions prêtées  à  Alexandre,  La  Russie,  la  Turquie  et  les  troubles  en  Ser- 
bie. 

L'occupation  provisoire  de  la  Saxe  par  les  troupes  prussien^?  , 
nés  fait  beaucoup  de  sensation  et  est  envisagée  comme  de  , 
mauvais  augure  pour  la  décision  du  sort  définitif  de  ce  royaume.^ 


LES  PRÉLIMINAIRES  ET  LES  AJOURNEMENTS  DU  CONGRÈS   395 

Cette  occupation  rend  encore  moins  probable  qu  il  ne  semble 
être  en  tout  cas  ce  qu'on  a  raconté  dernièrement,  savoir  :  «  Que 
l'Empereur  Alexandre,  en  offrant  de  se  désister  de  ses  pré- 
tentions sur  le  Duché  de  Varsovie,  eût  réclamé  comme  dédom- 
magement à  la  Couronne  de  Saxe  une  influence  directe  dans 
les  Affaires  d'Allemagne.  » 

Hegardt  parle  dans  la  suite  de  sa  dépêche  de  troubles  qui 
auraient  eu  lieu  en  Servie  (1)  (sic),  de  leur  répression  par  la 
Porte  et  des  protestations  de  la  Russie  contre  ce  qu'elle  consi- 
dère comme  une  atteinte  à  l'amnistie  accordée  par  la  Porte 
aux  Serviens. 


548.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.4137  ad  3565). 

Comtesse  de  RECHBERG  au  Comte  de  GOERTZ 
(Intercepta)  (en  français). 

La  question  de  la  Saxe.  L'attitude  des  princes  des  différentes  maisons  de 
Saxe  et  l'abstention  du  duc  de  Saxe-VVeimar.  Les  affaires  de  la  Constitu- 
tion de  l'Allemagne.  Durée  indéterminée  du  Congrès.  La  Poméranie.  Hesse- 
Darmstadt. 

Le  17,  les  Russes  ont  remis  au  prince  de  Metternich  une  note 
relative  à  la  Saxe  (2).  Les  uns  assurent  qu'il  n'y  a  pas  de  ré- 
ponse donnée.  Les  autres  veulent  savoir  qu'une  réponse  a  été 
faite  et  qu'on  consent  à  ce  que  la  prise  de  possession  militaire 
se  fasse  provisoirement,  dans  le  but  de  montrer  par  là  le  désir 
de  la  bonne  intelligence  entre  les  deux  Puissances.  Je  crois, 
moi,  à  la  première  version. 

Le  Maréchal  Wrede  a  remis  hier  une  note  en  faveur  de  ce 
nalheureux  pays  (3). 

1.  Les  hostilités  entre  les  Turcs  et  les  Serbes  conduits  par  Czernyi-George 
Karageorgevitch)  avaient  cessé  à  la  fin  de  juillet  1314  après  la  défaite  que 
^zernyi  infligea  aux  Turcs  le  24  juillet  sur  les  bords  de  la  Drina.  Mais  en 
nésence  des  haines  qu'il  avait  suscitées  partout  parmi  les  grands  de  la  Ser- 
)ie,  Czernyi,  sentant  qu'il  ne  pouvait  plus  tenir  contre  ses  sujets  et  contre 
es  Turcs,  sollicita  l'intervention  de  la  Russie  qui  rétablit  la  paix  avec  la 
*orte  et  se  retira  immédiatement  à  Saint-Pétersbourg.  Le  pays  était  cepen- 
ant  loin  d'être  pacifié  et  tranquille  et  les  Turcs  réprimèrent  sévèrement 
outes  les  tentatives  partielles  de  soulèvement. 

2.  Je  n'ai  pu  retrouver  trace  de  cette  note. 

3.  A  défaut  de  la  noie  de  Wrede  que  je  n'ai  pas  réussi  à  retrouver.  Cf.  Tal- 


396  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Talleyrand  a  eu  un  entretien  avec  le  roi  de  Prusse  (1). 

Les  Princes  saxons  (2)  ont  voulu  se  réunir  pour  transmettre 
dans  une  note  leurs  vœux  pour  la  conservation  du  roi.  Le  duc 
de  Weimar,  qui  s'était  toujours  si  fortement  prononcé,  n'a  pas 
voulu  s'y  joindre.  Quelque  espoir  conserve  encore  le  public 
qui  s'intéresse  bien  généralement  à  cette  cause. 

Cependant  il  y  a  des  individus  qui,  avec  infiniment  d'esprit, 
prouvent  la  justesse,  la  nécessité  et  le  bonheur  qui  y  oblige 
et  en  résultera.  Ce  sont  eux  aussi  qui  ont  influencé  le  roi  de 
Prusse,  si  juste,  si  bon  d'ailleurs.  Ils  l'ont  porté  à  dire  des 
choses  bien  sensibles  à  ce  malheureux  prince  Antoine. 

On  continue  à  travailler  sur  les  affaires  de  l'Allemagne.  La 
Prusse  et  l'Autriche  ont  consenti  à  n'avoir,  sur  ce  qui  les  con- 
cerne dans  le  Congrès,  qu'une  voix,  de  manière  que  l'égalité 
est  établie. 

Vous  parler  de  la  durée  qu'aura  le  Congrès  est  une  impos- 
sibilité. 

Dans  ce  moment,  je  fus  interrompu  par  le  frère  de  Xavier. 
Il  n'eut  que  peu  de  nouvelles  à  me  donner. 

Votre  habit  noir  n'a  pas  été  porté  en  vain,  et  la  seconde 
version,  dont  je  vous  ai  parlé  et  qui  y  a  rapport,  n'est  que 
trop  fondée  (3).  La  plus  vive  agitation  règne  dans  tous  les 
esprits. 

Sous  peu,  vous  entendrez  parler  d'un  grand  changement, 
d'une  chose  désirée,  et  cependant  pas  telle  qu'on  la  désirait. 
Je  ne  puis  et  n'ose  vous  en  dire  davantage  aujourd'hui. 

La  Poméranie  paraît  perdue. 

Ce  que  je  voulais  vous  dire  concerne  le  grand-duc  de  Hesse- 
Darrastadt  et  ses  héritiers.  Vous  me  comprendrez  peut-être. 
Une  élection,  qui  n'en  sera  plus  une  par  la  suite. 


LEYRAND.  Correspondance  inédite,  page  67.  Dépêche  n"  7  du  19  octobre.  «  Le 
roi  de  Bavière  ordonnait  encore  hier  à  son  ministre  de  faire  de  nouvelles 
démarches  pour  la  Saxe  et  il  disait  :  «  Le  projet  est  de  toute  injustice  et  m'ôte 
tout  repos.  » 

1.  Dans  aucune  de  ses  dépêches  Talleyrand  ne  fait  allusion  à  cet  entretien| 

2.  Cf.  Talleyrand.  Correspondance  inédite,  page  67,  note  1,  dépêche  n» 
du  19  octobre,  la  lettre  du  duc  régnant  de  Saxe-Gobourg  à  lord  Gastlereaghj 

3.  Allusion  à  Toccupation  de  la  Saxe  par  les  Prussiens. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      397 
549.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565), 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  à  l'Empereur  du  28  octobre  (analyse). 

Il  lui  signale  une  lettre  interceptée  du  général  Dupont  à 
Talleyrand  (1),  une  de  Mariotti  à  Dalberg  (2)  relatives  au 
projet  du  gouvernement  français  d^enlever  Napoléon  de  l'île 
d'Elbe,  les  chiffons  provenant  de  l'Ambassade  de  France(l  et  2), 
les  rapports  et  dépêches  de  Talleyrand  et  de  Dalberg  sur  la 
marche  du  Congrès  et  la  question  de  Saxe. 

Hager  rend  compte  que,  conformément  aux  ordres  laissés 
])ar  TEmpereur,  il  envoie  à  Metternich  tout  ce  qui  a  trait  au 
Congrès  et  appelle  Tattention  sur  deux  Intercepta^  l'une  de 
Wintzingerode  (de  Saint-Pétersbourg)  au  roi  de  Wurtemberg, 
l'autre  de  Maistre  à  Saint-Marsan  (3). 


550.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Rapport    à    HAGER 
{Intercepta^  pris  et  résumés  faits  par  le  Cabinet  noir). 

Gaertner  à  la  Comtesse  Wimpfen,  née  Princesse  d'Anhalt- 
Bernburg  (envoi  d'un  Mémoire  sur  la  question  d'hérédité  de 
cette  principauté). 

Gaertner  à  Wessenberg  (sans  importance). 

Jordan  à  Anstett  (25  octobre)  (Hardenberg  désire  qu'on  lui 
rappelle  l'affaire  de  Rayonne  et  invite  Anstett  à  dîner  afin 
d'épuiser  cette  question). 

Roi  de  Wurtemberg  (deux  billets,  l'un  au  comte  Schenk, 
l'autre  au  feld-maréchal  lieutenant  Wodniansky,à  Lemberg). 

6  paquets  à  lord  Cathcart  (lettres  particulières  et  journaux). 

1.  Plus  loin  pièce  no  561. 

2.  Plus  loin  pièce  n"  563.  L'agent  qui  transmet  ces  copies  à  Hager  lui  rend 
compte  qu'il  a  profité  de  l'absence  de  Talleyrand,  qui  dînait  le  27  octobre 
(cf.  Gentz  Tagehûcher,  l,  324)  chez  la  princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  pour 
prendre,  emporter,  faire  copier  et  ensuite  remettre  en  place  les  pièces  sur 
lesquelles  il  avait  réussi  à  mettre  la  main. 

3.  Plus  loin  pièce  n°  577. 


398  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

6  paquets  à  la  comtesse  Clare  (affaires  d'argent  et  de  fa- 
mille, de  Londres,  1"  octobre). 

Wintzingerode  (de  Saint-Pétersbourg)  à  Linden  (peu  im- 
portant). 

De  Maistre  à  Saint-Marsan  (Saint-Pétersbourg)  (8  octobre) 
(Il  lui  envoie  une  lettre  pour  le  Comte  de  Vallaise  auquel  il 
se  plaint  de  manquer  d'argent). 

Grande-duchesse  d'Oldenburg  (demandes  d'audience,  dont 
celles  du  prince  de  Neuwied  et  du  prince  de  Lœwenstein). 
Plus  un  certain  nombre  de  lettres  insignifiantes  et  à  divers. 


551.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

©©à  HAGER(en  français). 
Le  Congrès,  Hardenberg,  l'influenc'e  de  Jordan. 

C'est  avec  une  impatience  fébrile  qu'on  attend  la  déclaration 
du  1"  novembre  et  l'ouverture  du  Congrès.  Entre  temps  voici 
ce  qu'a  dit  devant  moi  le  conseiller  intime  prussien  Jordan,  le 
plus  influent  et  le  plus  écouté  des  collaborateurs  d'Hardenberg. 

Le  Congrès  doit  avoir  pour  but  de  constituer  de  grosses 
unités,  des  masses  importantes  au  point  de  vue  militaire,  po- 
litique et  économique.  Pour  ce  qui  est  plus  particulièrement 
de  l'Allemagne,  en  s'inspirant  de  l'esprit  et  de  la  lettre  de  l'ar- 
ticle 6  du  traité  de  Paris,  on  tend  à  reconstituer  solidement  le 
Corps  Germanique,  à  coaguler  les  atomes,  à  former  des  masses 
de  toutes  ces  parcelles  aussi  innombrables  qu'insignifiantes,  à 
simplifier  cet  organisme  et  à  arriver  à  faire  de  tous  ces  comi- 
tés un  corps  capable  de  jouer  le  rôle  qui  lui  appartient  dans 
lapolitique  européenne.  Les  Médiatisés  entendent  naturellement 
rester  les  atomes  qu'ils  sont.  Ils  s'opposent  à  tout  ce  qui  pour- 
rait les  uniformiser,  les  souder,  les  unifier.  La  France  les  sou- 
tient encore  aujourd'hui,  comme  elle  l'a  toujours  fait.  La  Bavière 
et  le  Wurtemberg  sont  également  hostiles  et  nettement  oppo- 
sés à  l'unification  du  Corps  Germanique.  Ces  deux  Etats  son' 
et  seront  toujours  soutenus  par  la  France. 

La  cour  d'Autriche  elle-même  aura  encore  besoin  de  pas  mal 
de  temps  pour  se  familiariser  avec  des  idées  et  des  théories  qui"!^ 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       399 

s^imposent  désormais.  La  politique  générale  de  l'Europe  doit 
tendre  à  rendre  impossible  le  renouvellement  d'un  système 
continental  aussi  nuisible  pour  les  Puissances  continentales 
que  pour  l'Angleterre,  car  un  pareil  système  suppose  avant 
tout  la  destruction  de  l'équilibre  européen  et  la  résurrection  de 
la  suprématie  d'un  seul  Etat. 

La  France  et  la  Russie  sont  les  seuls  Etats  qui  peuvent 
caresser  l'idée  d  un  retour  à  un  pareil  système.  La  France 
encore  plus  que  la  Russie.  11  importe  donc  de  prendre  des  pré- 
cautions contre  la  France,  et  il  faut  l'empêcher  de  prendre 
pied  en  Belgique,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  en  Suisse  et  en 
Italie.  Du  côté  de  la  Russie,  on  a  un  peu  moins  à  craindre 
maintenant,  par  suite  du  développement  de  l'influence  anglaise 
dans  la  Baltique,  résultant  de  l'échange  projeté  entre  le  Dane- 
mark et  le  Hanovre.  L'agitation,  toujours  à  craindre  en  Polo- 
gne, sera  facilement  étouffée  par  l'action  de  l'Autriche  et  de  la 
Prusse  qui  opposeront  également  une  barrière  aux  visées  am- 
bitieuses de  la  Russie.  En  un  mot,  l'équilibre  européen  repose 
surtout  sur  l'accord  et  l'union  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse. 


552.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4135  ad  3565). 

0©  à  HAGER  (en  français). 

La  grande  duchesse  Catherine  et  Alexandre.  L'impératrice  de  Russie,  le 
prince  Eugène  et  le  grand-duc  Constantin.  L'itinéraire  d'Alexandre  à  son 
départ  de  Vienne.  La  Harpe  et  RazoumofTsky. 

La  grande-duchesse  Catherine  est  la  seule  qui  ait  de  l'in- 
fluence sur  son  frère.  Alexandre  persiste  à  vouloir  avoir  tout 
le  grand-duché  de  Varsovie,  y  compris  Varsovie,  moins  les 
districts  cédés  à  l'Autriche  en  1809,  et  veut  prendre  le  titre 
de  roi  de  Pologne. 

On  a  beaucoup  remarqué,  lors  du  bal  donné  par  Stackel- 
berg  (1),  que  l'Impératrice  de  Russie  a  dansé  plusieurs  fois 
avec  le  prince  Eugène,  dont  le  grand-duc  Constantin  s'est,  lui 
aussi,  beaucoup  occupé. 

Un  des  attachés  à  la  Chancellerie  de  Hardenberg  affirme 
qu'on  s'efforce  de  ce  côté  de  détourner  Alexandre  de  passer 

1.  Bal  donné  la  veille  (le  26  octobre)  (Cf.  Gentz,  Tagehûcher,  I,  323). 


400  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

par  Munich  avant  d'aller  à  Berlin.  On  paraît  craindre  la  pres- 
sion hostile  à  TAutriche,  et  surtout  à  la  Prusse  qu'exerce- 
raient sur  lui  Montgelas  et  ses  collègues,  tout  acquis  aux 
idées  et  aux  principes  de  la  France.  On  espère  bien  qu'il  ira 
de  Vienne  droit  à  Berlin. 

On  a  beaucoup  remarqué  le  long  entretien  que  La  Harpe  a 
eu  avec  Razoumoffsky  chez  Stackelberg. 


553.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

GOËHAUSEN  à  HAGER 

Envoi  d'un  rapport  de  Weyland  sur  les  démarches  faites 
par  la  députation  juive  de  Francfort. 


554.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4178  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruits  relatifs  aux  remaniements  territoriaux  de  certains  États  allemands,  à 
des  échanges  entre  le  Danemark  et  la  Grande-Bretagne,  à  la  création  d'un 
royaume  d'Helvétie. 

On  disait  hier  que  les  Etats  du  Grand-duc  de  Bade  pour- 
raient bien  être  partagés  entre  la  Bavière  et  le  Wurtemberg  ; 
que  le  grand-duc  serait  créé  roi  d'Helvétie;  que  Genève  serait 
incorporée  à  la  France  ;  que  le  prince  de  Beauharnais  aura  le 
duché  de  Francfort;  que  Hambourg,  Brème  et  Lûbeck  feront 
partie  du  royaume  de  Hanovre,  qui  sera  donné  au  roi  de  Dane- 
mark en  échange  du  Danemark,  qui  sera  possédé  par  l'Angle- 
terre sous  les  conditions  de  la  possession  actuelle  du  Hanovre, 
par  un  prince  anglais,  c'est-à-dire,  sous  la  clause  que  l'Angle- 
terre ne  possédera  pas  directement  le  Danemark. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMEiNTS    DU   CONGRÈS      401 

555.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Le  roi  de  Wurtemberg,  mécontent  de  Metternich,  parle  de  partir.  Disgrâce 
de  Linden.  L'Angleterre,  la  Russie  et  la  Turquie.  La  France,  l'Espagne, 
l'Angleterre  et  Murât,  Confiance  de  Gampochiaro.  L'Angleterre  d'accord 
avec  l'Autriche. 

Le  roi  de  Wurtemberg  et  Wintzingerode  sont  fort  mécon- 
tents de  l'attitude  prise  par  Metternich  dans  les  affaires  d'Al- 
lemagne. Le  roi  parle  même  de  partir  le  2  novembre.  Linden 
est  en  pleine  disgrâce,  et  le  roi  travaille  à  la  nouvelle  constitu- 
tion avec  Feuerbach  qu'il  a  fait  venir  de  Stuttgart. 

On  prétend  que  lord  Castlereagh  et  l'Angleterre  sont  loin 
d'adhérer  au  projet  de  la  Russie  à  Tégard  de  la  Turquie. 

Quant  à  Murât,  si  la  France  et  l'Espagne  l'attaquent,  l'An- 
gleterre laissera  faire.  Gampochiaro  paraît  cependant  assez 
satisfait  du  résultat  de  ses  conférences  avec  Metternich.  En 
somme,  l'Angleterre  semble  vouloir  marcher  d'accord  avec 
l'Autriche. 


556.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3365). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Démenti  de  la  déclaration  de  Guerre  de  l'Espagne  à  Murât. 

D'après  ce  que  Los  Rios  a  afiirmé  à  un  agent  en  relation 
lavec  lui,  la  nouvelle  de  la  déclaration  de  guerre  de  TEspagne 
K  Murât  est  controuvée  et  en  tout  cas  prématurée. 


>57.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

^comtesse  Callenberg.  Ce  qu'elle  dit  de  Naples,  de  Murât,  de  Caroline, 
îs  intentions  de  l'Autriche.  La  Callenberg  n'est-elle  pas  un  agent  de 
lurat  ? 

>'après  ce  que  raconte  partout  la  comtesse  Callenberg,  on 
fit  à  Naples  ,au  retour  de  Ferdinand  IV.  Murât  est  person- 

T.   I.  26 


402  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

nellement  très  aimé,  mais  la  reine  Caroline  est  fort  impopu- 
laire. On  affirme  à  Naples  que  l'empereur  d'Autriche  est  favo- 
rable à  Murât  et  résolument  décidé  à  respecter  le  traité  qui 
le  lie  avec  lui.  La  comtesse  Gallenberg  ne  doit  pas  tarder  à 
retourner  à  Naples.  Ne  serait-elle  pas  un  émissaire  envoyé  ici 
par  Murât  (1)  ? 


( 


559.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 

Talleyrand  et  Alexandre,  Leur  entretien   sur  la  Saxe.  Une  appréciation 
prince  de  Ligne  et  sa  conversation  avec  le  roi  du  Danemark. 

Il  m'est  revenu  de  chez  le  prince  de  Ligne  que  Talleyrai 
s'est  ménagé  avec  l'Empereur  Alexandre  un  entretien  (2)  que 

1.  Vingt-quatre  heures  plus  tôt,  Hager  (F.  2,  4137  ad  3565)  avait  fait  donner 
à  0  0  l'ordre  de  faire  surveiller  la  «  comtesse  Gallenberg,  née  Guicciardi, 
venant  de  Naples  ».  La  comtesse  Giulietta  Guicciardi  était  élève  de  Beethoven, 
qui  lui  avait  voué  une  aflfection  toute  particulière  et  lui  dédia  la  Deuxième 
Sonate  en  ut  dièse  mineur.  Elle  avait  épousé  le  comte  de  Gallenberg  (1783- 
1839),  grand  mélomane  et  compositeur  de  ballets. 

2.  Audience  du  23  octobre.  Cf.  Talleyrand  au  roi,  n°  8.  Dépêche  du  25  « 
tobre  1814  (Pallain  Correspondance  inédite,  p.  75-78). 


558.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

0  0  à  HAGER  (en  français)  (Analyse).  ] 

Découragement  des  fidèles  du  Roi  de  Saxe.  Déclaration  du  prince  Antoine. 
La  mission  de  Filangieri.  Ce  qu'il  dit  du  cabinet  de  Vienne. 

Mécontentement  et  découragement  des  fidèles  du  Roi  de  ' 
Saxe.  Ils  n'espèrent   plus  que  dans    la   fermeté  de    leur  roi 
et  dans  l'appui  de  la  France.  Le  prince  Antoine  a  déclaré  que 
si  le  roi,  son  frère,  refusait  toute  compensation  ou  indemnité, 
il  suivrait,  lui  aussi,  son  exemple. 

Le  général  Filangieri,  chargé  d'une  mission  par  Murât,  a  dé- 
claré «  qu'il  n'était  content  d'aucune  Cour  à  l'exception  de 
la  nôtre,  qui  était  sans  aucun  doute  de  toutes  la  plus  honnête 
et  la  plus  loyale  ». 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CO.>CGRÊS      403 

Nesselrode  n'a  pas  tenu  secret.  Talleyrand,  que  Von  dit  d'ac- 
cord avec  Metternich  surtout  ce  qui  a  trait  à  la  Saxe,  a  déve- 
loppé avec  énergie  l'opinion  que  l'agrandissement  de  la  Prusse, 
maîtresse  de  la  Saxe,  serait  extrêmement  nuisible  et  prouvé 
que  l'influence  de  la  Prusse  en  Allemagne  serait  dans  ce  cas 
plus  grande  que  celle  de  l'Empereur  d'Autriche,  ce  qui  ne 
pourrait  être  regardé  avec  indifférence  par  la  Bavière  et  le 
Wurtemberg. 

Alexandre  aurait  répondu  que  le  roi  de  Saxe  a  prouvé,  par 
une  conduite  contraire  au  sentiment  et  à  l'opinion  de  l'Alle- 
magne, qu'il  fut  cause  de  bien  des  malheurs  en  soutenant 
Napoléon  et  que  c'est  là  ce  qu'on  ne  peut  lui  pardonner. 

Le  prince  de  Ligne  a  fait  à  ce  sujet  l'observation  suivante  : 
«  Combien,  dit-il,  le  discours  de  l'Empereur  Alexandre 
donne-t-il  de  matière  à  réfléchir  ?  On  se  rappelle  l'époque  de 
l'entrevue  si  fameuse  d  Erfurt,  on  se  rappelle  les  discours 
tenus  à  Baden  en  1809  par  le  Conseiller  Ott  et  tant  d'autres 
Russes,  qui  voyaient  déjà  la  seconde  capitale  de  leur  empire 
i placée  au  cœur  de  l'Allemagne.  Ne  prenons  pas  le  change 
dans  les  manœuvres  de  ce  qui  nous  environne  et  ne  nous  lais- 
sons pas  entraîner  par  des  politesses  dont  nous  deviendrions 
les  dupes.  » 

Le  prince  de  Ligne  a  eu  une  conversation  intéressante  avec 
le  roi  de  Danemark.  Ce  monarque  fît  l'ouverture  au  prince 
de  sa  sollicitude  pour  ses  Etats.  Il  lui  dit  ;  «  J'ai  été  invité  à 
me  rendre  à  l'Assemblée  des  personnages  les  plus  justes,  et 
je  me  trouve  encore  au  milieu  d'un  labyrinthe.  Je  n'entre- 
v^ois  ni  mon  sort  futur,  ni  la  justice  rendue  à  mes  sentiments, 
i  ma  conduite  et  aux  cruels  embarras  dont  je  fus  tourmenté, 
fe  suis  vraiment  comme  l'oiseau  sur  la  branche.  » 


^60.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4467  ad  3565). 

©©  à  HAGER   (en  français)  (analyse). 


ralleyrand,  ses  instructions,  la  raison  de  sa  désignation.  Motifs  de  la  venue 
de  Dalberg  et  de  Mme  de  Périgord.  Les  Médiatisés  et  les  mécontents  chez 
Talleyrand.  Espoirs  des  ennemis  de  Talleyrand.  Le  parti  français  à  Franc- 
fort. 

Sur  Talleyrand,  les  instructions  qu'on  lui  a  données  et  les 
laisons  du  choix  dont  il    a   été  l'objet.  «  Les  émigrés  et  les 


404  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

royalistes  vont  chez  le  Ministre  de  Louis  XVIII  ;  les  révolu- 
tionnaires et  les  bonapartistes  chez  M.  de  Talleyrand.  » 

Rapport   sur    ses    relations   avec    Salmour,  Solms  et  Cas- 
telalfer. 

Talleyrand  s'est  fait   adjoindre   Dalberg  à  cause  de  sa  pa-] 
rente  avec  les   Schœnborn  et  les  Stadion,  tout  comme  il  a 
amené  sa  nièce,  M"®  de  Périgord,  parce  qu'elle  a  ses  sœurs 
établies  à  Vienne  (les  Gourlande). 

Rapport  sur  la  Besnardière  (1). 

Les  princes  médiatisés  se  groupent  autour  de  Talleyrand,! 
ainsi  que  les  mécontents,  Bavière,  Wurtemberg,  Bade,  qui  sont 
en  relations  secrètes  avec  lui. 

Les  ennemis  de  Talleyrand  espèrent  qu'il  échouera  au  Con-' 
grès  et  que  son  échec  entraînera  sa  chute.  Talleyrand  n'a  dans 
toute  la  mission  française,  à  Vienne,  qu'un  véritable  ami,  Dal- 
berg. 

Le  parti  français  est  fortement  représenté  à  Francfort  au 
Comité  exécutif. 


561.       Paris,  15  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Général  DUPONT   au  Prince   de  TALLEYRAND 

Analyse  d'une  lettre  interceptée  et  des  passages  relatifs  à  l'organisation  de 
l'armée.  Reproduction  littérale  du  passage  relatif  à  Napoléon  à  l'Ile  d'Elbe 
et  aux  lettres  ci-dessous  (Pièces  562  et  563)  de  Mariotti. 

Il  lui  rend  compte   des  progrès  faits  par  l'organisation  et 
par  l'administration  de  l'armée  qui  est  en  bon  état. 

«  D'après  tous  les  rapports  reçus  de  Porto-Ferrajo,  il  serait 
très  difficile  d'enlever  Napoléon  qui  a  pris  une  foule  de  me- 
sures de  précautions,  et  peut  compter  sur  ses  troupes.  »  Ma- 
riotti espère  pourtant  y  réussir.  «  Napoléon  va  souvent  sur 
son  brick  à  l'île  de  Pianosa  et  couche  à  bord,  faute  d'instal- 
lation possible  à  terre.  Taillade,  qui  commande  ce  brick,  e^ 
pauvre.  Napoléon  a  diminué  sa  solde.  Il  est  donc  mécontenBl 

1.  La  Besnardière  (Jean-Baptiste  de  Gouy,  comte  de)  (1765-1839),  entré  en 
1796  au  Ministère  des  relations  extérieures  comme  simple  commis.  Directeur 
de  la  première  division  politique  en  1807,  il  garda  ces  importantes  fonctions 
jusqu'en  1814.  Conseiller  d'Etat  en  1826,  il  se  retira  de   la  vie  publique  en  |j|iigti 
1830). 


I 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      405 

et  il  semble  qu'on  pourrait  le  gagner.  »  Et  Mariotti  ajoute  en 
terminant  :  «  Je  m'occupe  de  trouver  la  personne  qui  s'en 
chargera  (1).   » 


563.  Livourne,  3  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

Chevalier  MARIOTTI  à  DALBERG  (chiffon). 

Lettre  ostensible  desLinée  à  donner  le  change  en  cas  de  saisie 
et  jointe  à  la  suivante. 

J'apprends  de  Paris  que  votre  Excellence  est  partie  pour 
Vienne  et  je  prends  la  liberté  de  lui  adresser  la  présente  pour 
me  rappeler  à  son  souvenir  et  lui  réitérer  TolTre  de  mes  ser- 
vices dans  cette  place. 

Je  n'ai  pas  oublié  la  commission  des  vins  d'Espagne.  Aus- 
sitôt qu'il  en  arrivera  de  très  vieux,  je  m'en  procurerai  quel- 
ques pipes  et  je  vous  les  ferai  parvenir  en  double  futaille  par 
la  voie  de  Marseille. 

Je  vous  prie,  M.  le  Duc,  d'agréer  la  nouvelle  assurance  du 
profond  respect  avec  lequel  j'ai  l'honneur  d'être  de  V.  E. 

Le  très  humble  et  très  dévoué  serviteur. 

Le  Chevalier  Mariotti. 


563.  Livourne,  le  5  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565. 

MARIOTTI  à  DALBERG  (au  citron)  (chiffon). 
Projet  d'enlever  Napoléon  de  lîle  d'Elbe. 

M.  le  Duc,  j'ai  adressé  le  28  à  Paris  et  le  30  à  Vienne  (2) 
un  projet  pour  enlever  le  voisin.  Le  projet  est,  à  mon  avis,  le 
seul  qui  puisse  réussir  dans  le  moment.  Si  le  capitaine  du 
brick  entre  dans  nos  intérêts,  le  coup  est  fait.  J'ai  proposé 

1.  Cf.  Jung.  Lucien  Bonaparte  et  ses  mémoires  (221-222),  dépêche  de  Ma- 
riotti à  Talleyrand,  de  Livourne,  28  ôeptembre  1814. 

2.  Lettre  de  Mariotti  à  Talleyrand. 


406  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

les  moyens  à  prendre  pour  le  sonder  et  le  séduire.  Quant  à 
moi,  je  fais  à  présent  partir  quelqu'un  de  Gênes  avec  des  co- 
mestibles et  de...,  et  de  Florence  pour  Piombino  une  femme 
avec  des...  de  modes. 

Tout  ce  qui  part  d'ici  est  tellement  suspect  qu'on  ne  leur 
permet  de  rester  que  trois  jours.  Je  fais  tout  pour  réussir  ; 
mais  je  suis  écrasé  de  frais  et  n'ai  pas  encore  reçu  une 
obole  (1)  ! 

Quand  on  veut  attraper  quelqu'un,  il  faut  lui  inspirer  de  la 
coniîance,  et  nous  avons  fait  le  contraire  parce  qu'il  ne  paraît 
pas  même  que  la  France  reconnaisse  le  prince  de  l'île  d'Elbe, 
mais  elle  a  redoublé  lès  obstacles  en  rendant  très  difficiles  nos 
relations  avec  l'île. 

J'ai  des  agents  sur  toutes  les  côtes,  et  de  ce  côté-là  je  suis 
tranquille.  Le  Gouvernement  toscan  n'a  pas  de  repos.  Les 
prisons  sont  pleines  d'individus  suspects. 

Je  désire  savoir  si  cet  essai  réussit  à  votre  gré  et  si  je  dois 
continuer  à  m'en  servir. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Le  Chevalier  Martotti. 


564.  Vicnn3,  29  oclobrj  ou  septembre  (F.  2.  4138  ad  3565). 

TALLEYRAND  à  la  Duchesse  de  SAGAN  (chiffon)  (2) 

Ne  voilà-t-il  pas  qu'un  roi  me  prend  encore  quelque  chose. 
Ce  n'est  plus  un  ancien  électorat,  mais  une  bonne  place  entre 
vous  et  le  prince  (Metternich).  C'est  le  Danemark  (2)  qui 
vient  et  moi,  après  son  départ,  je  serai  à  vous  de  corps,  et  en 
vérité,  d'âme  aussi.  Car  je  vous  aime  bien. 


1.  Cf.  à  ce  propos  la  dépèche  de  Jaucourt  à  Talleyrand,  de  Paris,  9  ne 
vembre  1814  (Jaucourt,  Correspondance  avec  Talleyrand,  p.  78),  relative  ai 
réclamations  de  Mariotti  et  aux  envois  d'argent  qu'on  lui  a  faits. 

2.  Ce  chiffon  sans  date,  ramassé  chez  Talleyrand,  dut  être  écrit  vers  la  fl^ 
de  septembre,  peut-être  bien  le  27  septembre,  puisqu'il  y  est  question  à 
fois  du  roi  de  Danemark  et  du  prince  de  Talleyrand.  Or  Talleyrand  arrii 
à  Vienne  le  23  septembre  au  soir  et  le  roi  de  Danemark  l'y  avait  précédé 
vingt-quatre  heures» 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       407 
i  565.  Vienne,  21  octobre  1814  (F.  2.  4J38  ad  3565  . 

TALLEYRAND  à  SIDNEY  SMITH  (chiffon). 

J'ai  lu  la  lettre  que  The  Right  Honi''<î  sir  Sidney  Smith  a 
bien  voulu  m'envoyer  pour  M.  de  Rivière  (1).  Elle  part  au- 
jourd'hui.,T'y  ai  retrouvé  toutes  les  vues  d'humanité  qui  carac- 
térisent sir  Sidney  Smith  et  qui  font  de  lui  un  des  hommes 
les  plus  honorés  de  son  temps. 


566.  Vienne,  sans  date  (2)  (F.  2.  4138  ad.  3565). 

TALLEYRAND   à  METTERNIGH  (chiffon). 

Je  vois,  d'après  ce  que  M.  de  Dalberg  vient  de  me  dire,  que 
nous  sommes  bien  près  des  mêmes  opinions  pour  avancer  les 
choses  sans  rien  compromettre  et  rester  dans  les  principes 
que  nous  avons  adoptés.  Il  est  dans  ma  position  de  remettre, 
avec  le  caractère  le  moins  officiel  possible,  la  note  dont  je  vous 
envoie  copie  et  que  je  vous  prie  de  me  renvoyer.  Elle  s'appel- 
lera note  verbale,  afin  de  lui  ôter  de  la  raideur  que  vous  n'ai- 
mez pas. 

1.  Rivière  (Charles-François  de  RifTardeau,  marquis,  puis  duc  de)  (1763- 
182S).  Sous-lieutenanl  aux  Gardes  françaises,  émigré  avec  le  Comte  d'Ar- 
tois, chargé  par  ce  prince  d'une  mission  en  Vendée,  il  y  fut  arrêté  et  prit 
part  en  1804  au  complot  de  Cadoudal.  Condamné  à  mort,  sa  peine  fut  sur  les 
instances  de  Joséphine  commuée  en  prison  perpétuelle.  Rendu  à  la  liberté 
par  la  Restauration,  il  fut  nommé  Maréchal  de  camp,  Pair  de  France  en  1815, 
puis  Ambassadeur  en  Turquie  (1816-1820),  et  Gouvei-neur  du  duc  de  Bor- 
deaux (1826).  Cf.  pour  les  relations  entre  Rivière  et  Sidney  Smith  la  dépê- 
cha de  Talieyrand  à  Jaucourt  de  Vienne,  le  3  mars  1815.  Talleyrand  est 
loin  d'être  à  ce  moment  un  admirateur  de  Sidney  Smith. 

-'.  11  me  parait  difficile  de  penser  que  le  chiffon  ramassé  le  27  octobre  chez 
Talleyrand  ait  Irait  aux  correspondances  qu'il  échangea  peut-être  avec  Met- 
teinich  dans  les  derniers  jours  de  septembre  (le  30)  et  les  tout  premiers  jours 
d'octobre,  au  moment  où  il  allait  remettre,  d'abord  sa  note  du  1"  octobre, 
puis  celle  du  3  et  enfin  sa  lettre  à  Castlereagh  en  date  du  5.  J'inclinerai  plu- 
tôt à  croire  qu'il  écrivit  ce  billet  avant  d'arrêter  les  quatre  propositions  qu'il 
communiqua  aux  Huit  lors  de  la  Conférence  du  31  octobre.  Il  est  utile  de 
remarquer  à  ce  propos  qu'il  eut  le  25  et  le  27  octobre  d'assez  longs  entretien- 
avec  Gentz  (Cf.  Gentz,  Tagehûcher,  I,  323-324).  Peut-être  même  Talleyrand  a-t- 
il  écrit  ce  billet  à  la  suite  de  l'entretien  dont  il  parle  au  roi  dans  sa  dé- 
pèche n"  8  du  25  octobre.  «  J'ai  vu  ce  soir  M.  de  Metternich  qui  reprenait  un 
peu  de  courage.  Je  lui  ai  parlé  avec  toute  la  force  dont  je  suis  capable.  »  Peut- 
être  même  ce  qui  ne  devait  être  qu'une  note  verbale  pourrait  bien  n'être 
rien  autre  que  le  Mémoire  raisonné  sur  le  sort  de  la  Saxe. 


408  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

567.  Vienne,  sans  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SCHWARZENBERG  à  DALBERG  (chiffon). 

Je  vous  ai  écrit  deux  mots,  mon  cher   ami,  qui  vous  disent 
que  mon  incommodité  m'empêche  de  sortir.  Munster  vient  me  il 
voir  à  sept  heures  et  demie,  et  plus  tard  une  autre  visite,  que  i 
je  ne  puis  refuser,  s'est  annoncée.  Je  réclame  donc  l'effet  de^ 
votre  bienveillance  amicale  pour  demain  matin  et  suis  on  ne 
peut  plus  sensible  à  votre  aimable  souvenir. 


568.  Francfort,  18  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

D'EBERSTEIN  à  DALBERG  (en  français) 
(Chiffon  provenant  de  chez  Dalberg)  (Analyse). 

11  demande  justice  pour  lui  et  ses  compagnons  d'infortune.  Renseignements 
qu'il  donne  à  Dalberg  sur  le  comté  de  Rieneck  et  le  bailliage  de  Lohr. 

Il  ne  demande  pas  de  faveur  à  son  cher  ami,  mais  seule- 
mentqu'on  lui  accorde  à  lui  et  à  ses  compagnons  d'infortune  (1) 
ce  qui  ne  pourrait  être  refusé  par  le  Congrès  qu'en  violant 
toutes  les  lois  de  l'honneur  et  de  l'équité. 

Il  répond  à  Dalberg  sur  le  Comté  de  Rieneck  et  son  revenu, 
sur  le  mode  de  consolidation  de  ces  sommes,  sur  l'extinction 
de  la  famille  de  Rieneck  en  1560,  la  réunion  du  bailliage  de 
Lohr  à  la  Principauté  d'Aschaffenburg.  En  1673,  l'électeur  de 
Mayence  donna  une  partie  du  Comté  en  fief  à  la  famille  Nos- 
titz  qui  resta  en  possession  jusqu'en  1806.  A  ce  moment,  ce 
fief  fut  attribué  par  note  de  la  Confédération  du  Rhin  au 
Prince-primat,  qui  acheta  en  1809  à  Nostitz  pour  la  somme  de 
100.000  livres  ce  qui  lui  restait  encore  de  ce  fief. 

On  estime  le  revenu  de  ce  fief  à  5.000  florins.  Le  nombre 
des  feux  était  en  1812  de  322. 


1.  Il  s'agit  évidemment  ici  du  sort  des  anciens  fonctionnaires  du  Grand- 
Duché  de  Francfort. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      409 
569.  Vienne,  octobre  181i  sans  date(F.2,  4138  ad  3565). 

DALBERG  à  WESSENBERG  (en  français) 
(Chiffon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre). 

Montgelas  rejette  sa  réclamation. 

M.  le  Maréchal  Wrede,  mon  cher  Baron,  que  j'ai  rencontré 
hier  soir,  m'a  annoncé  que  M.  de  Montgelas  lui  a  fait  connaître 
que  ma  réclamation  a  été  repoussée  par  les  rapporteurs  et 
qu'il  ne  me  reviendra  que  des  arrérages  et  que  vous  étiez  chargé 
de  m'en  instruire. 

Vous  sentez,  mon  cher  ami,  que  cette  communication  m'a 
singulièrement  frappé  et  pour  le  fond  et  pour  la  forme. 


570.  Vienne,  sans  date  (octobre  1814)  (F.  2.  4138  ad  3565). 

DALBERG   à  WESSENBERG  (en  français) 
(Chiffon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre). 

Même  sujet  que  la  pièce  précédente.  Arguments  que  Dalberg 
invoque  en  sa  faveur. 

Mon  Cher  Ami, 

Vous  connaissez  mes  réclamations  pour  les  domaines  de  Ra- 
tisbonne.  Le  prince  de  Metternich  et  le  Cosaque  Nesselrode 
ont,  dans  le  temps  et  au  nom  de  leurs  souverains,  exprimé  au 
Maréchal  Wrede  qu'on  désirait  que  cette  affaire  ne  fût  pas 
contestée.  En  effet,  elle  ne  peut  l'être  et  elle  est  de  nature  à 
être  respectée  comme  un  grand  nombre  de  celles  qui  ont  résulté 
des  changements  opérés  en  Allemagne.  Montgelas  se  cabre 
derrière  un  rapport  de  ses  référendaires  pour  (1)... 


1.  ChifTon  incomplet.  Le  reste  manque. 


410  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

571.  Vienne,  23  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

DALBERG  au   PRINCE-PRIMAT 

(Chiffon  ramassé  et  transmis  le  27  octobre). 

liaisons  pour  lesquelles  il  l'a  prié  de  lui  communiquer  son  acte  d'abdication. 
Les  principes  posés  par  la  France  et  les  droits  du  primat  sur  Aschaffen- 
burg. 

M.  de  Vrints  m'a  fait  remettre  la  lettre  que  vous  avez  bien 
voulu  m'adresser  en  date  du  10.  La  demande  qui  vous  a  été 
faite,  mon  cher  Oncle,  de  votre  acte  d'abdication  n'a  été  moti- 
vée que  pour  connaître  Tesprit  dans  lequel  cet  acte  a  été  fait 
et  pour  ramener  le  rapport  qui  concerne  le  Grand-Duché  de 
Francfort  dans  les  éléments  d'un  droit  public  qu'on  paraît  vou- 
loir méconnaître. 

La  France,  qui  ne  cherche  ici  qu'à  concilier  les  affaires,  a 
dû  établir  pour  principe,  que  le  droit  de  conquête  ne  donne  pas 
droit  de  propriété,  que  le  souverain  doit  renoncer  à  ses  droits 
pour  le  perdre,  que  le  souverain  fait  bien  de  renoncer  si  aucun 
moyen  ne  reste  pour  assurer  sa  position,  etc.,  etc.  Cette  logique 
nous  a  conduits  à  soutenir  que  vous  devez  être  reconnu  souve- 
rain d' Aschaffenbur  g  et  que  le  principe  étant  établi  de  n'avoir 
aucune  principauté  ecclésiastique,  la  suppression  peut  en  avoir 
lieu,  sauf  à  régler  votre  subsistance  d'après  les  principes  du 
recès  de  l'Empire  de  1803. 


572.  Vienne,  sans  date  (octobre  1814)  (F.  2.  4138  ad  3565). 

DALBERG  à  TASCHER  (chiffon). 

]\Ion  Cher  Tascher, 

Voici  le  Prince  Wrede  qui  a  reçu  des  lettres  de  Montgelas^ 
Il  lui  annonce  que  ses  rapporteurs  dans  nos  affaires  ont  conclu 
contre  nous.  Il  n'en  dit  pas  plus  et  consent  cependant  à  nous 
faire  toucher  les  intérêts  arriérés.  Je  n'entends  rien  à  cette 
marche  ni  à  cette  décision  à  laquelle  j'étais  loin  de  m'attendre. 


LES    PRÉLLMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      411 
573.  Sans  lieu  ni  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG 

Chiffon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre. 

Dis- moi,  Cher  Ami,  pourquoi  je  n'entends  plus  parler  de 
toi  depuis  quatre  jours.  Cela  commence  à  m'inquiéter.  Serais-tu 
malade?  Ce  serait  bien  mauvais  de  ne  pas  me  faire  avertir. 
Gela  me  prouverait  que  tu  ne  veux  pas  me  voir.  Ecris-moi 
quelques  mots,  je  t'en  conjure.  Je  vais  à  1  heure  chez  la  reine 
de  Bavière  présenter  mes  filles. 


574.  Sans  lieu  ni  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG 

Chiffon  ramassé  chez  Dalberg  le  27  octobre. 

Ton  billet  me  rassure,  Cher  Ami.  J'étais  inquiète  de  toi. 
Oa  t'a  dit  malade.  D'autres  que  tu  t'étais  battu.  Dieu  sait 
avec  qui  !  Enfin  il  n'est  rien  ni  de  l'un,  ni  de  l'autre.  Je  suis 
bien  contente.  Je  t'attends  demain  matin.  N'y  manque  pas. 
.l'espère  que  tu  viendras  souper  demain  chez  moi.  Je  t'avertis 
que  c'est  un  grand  souper.  Ainsi  ne  te  gêne  pas. 


575.  Sans  lieu  ni  date  (F.  2.  4138  ad  3565). 

SOPHIE  à  DALBERG  (chiffon). 

Voici,  mon  ami,  de  quoi  être  bien  poli.  Je  suppose  que  cette 
provision  te  suffira.  Que  fais-tu  aujourd'hui?  J'espère  bien  ne 
pas  passer  la  journée  sans  te  voir.  Fais-moi  savoir  si  tu  es 
reposé  de  tes  fatigues.  Je  t'embrasse. 


412  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

576.  Munich,  17  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

FANNY  à  DALBERG  (Analyse). 
Chiffon  ramassé  comme  les  précédents  chez  Dalberg  le  27  octobre. 

Elle  s'excuse  d'avoir  fait  une  erreur  dans  l'expédition  de  ses 
lettres.  Elle  le  sait  très  occupé. 

«  J'espérais  que  notre  Sophie  (4)  me  parlerait  de  toi  ;  mais, 
d'après  ce  que  txi  me  dis,  le  charme  réciproque  de  votre  com- 
merce est  sinon  rompu,  du  moins  altéré  par  les  circonstances 
du  moment.  Voilà  comme  tout  cède  à  was  die  Welt  grosse 
Verhœltnisse  nennt  (2).  Le  bonheur  réel  ne  gagne  pas  tou- 
jours. » 

Elle  lui  parle  ensuite  de  l'inquiétude  et  de  l'impatience  gé- 
nérales, croit  que  «  la  duchesse  de  Dalberg  a  bien  fait  de  rester 
à  Bologne,  au  lieu  de  venir,  comme  elle  le  voulait  d'abord, 
l'attendre  à  Munich  où  elle  se  serait  par  trop  ennuyée  ». 

Elle  lui  demande  encore  s'il  «  a  écrit  à  Maman,  à  laquelle  cela 
ferait  si  grand  plaisir  »,  lui  dit  quelques  mots  à  propos  du  roi 
de  Bavière  et  de  Wrede  et  espère  enfin  que  tout  finira  bien. 


577.  Saint-Pétersbourg,  8  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

DE    MAISTRE  (3)  à  SAINT-MARSAN  {Intercepta). 

D'accord  avec  lui    pour  Gênes.    Ce  qu'il  a  fait.  Pourquoi    il  faut  Gênes  au 
Piémont.  La  France  et  son  roi.  La  France  et  le  gâteau  des  Rois. 

Il  n'y  a  rien  de  plus  consolant  dans  notre  carrière  que  de  se 
trouver  d'accord  à  des  distances  immenses,  c'est  ce  qui  nous 
est  arrivé  à  l'égard  de  Gênes.  J'ai  fait  ici,  sans  avoir  reçu 
votre  lettre  du    17  août,  les  mêmes  démarches  qui  ont  été 

1.  La  Comtesse  Schœnborn. 

2.  «  Ce  que  le  monde  appelle  les  grandes  conjonctures.  »  (Traduction  lit- 
torale qui  ne  donne  cependant  qu'une  idée  fort  approximative  du  jeu  de  mot, 
assez  méchant,  mais  fort  spirituel,  de  Fanny,  puisque  c'est  par  ce  mot  de 
Verhaeltniss  qu'on  désigne  en  allemand  les  liaisons.) 

3.  Maistre  (Joseph-Marie,  comte  de)  (1753-1821),  ministre  de  Sardaigne  à 
Saint-Pétersbourg  de  1802  à  1816.  Ministre  d'Etat  et  Chef  de  la  Grande  Chaiv 
cellerie  d'Etat  en  1817. 


i 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      413 

faites  à  Londres  et  à  Vienne.  J'ai  beaucoup  insisté  dans  ma 
note  sur  une  idée  que  vous  ne  pouviez  guère  toucher  à  la  place 
où  vous  êtes  :  c'est  la  liberté  politique  du  roi  qui  me  paraît 
absolument  nulle  dans  l'état  actuel.  Supposant  de  nouvelles 
brouilleries,  Sa  Majesté  serait  à  la  merci  du  premier  qui  se 
présenterait,  et  celui-ci  serait  maître  de  la  brouiller  avec  son 
i^rand  Protecteur,  l'Empereur  de  Russie.  A  cette  bizarre 
époque,  tout  est  possible  et  il  faut  être  prêt  à  tout.  Le  Roi, 
une  fois  appuyé  à  Gênes,  pourrait  dire  :  «  je  ferai  ce  que  je 
voudrai.  »  Ce  qui  vaut  beaucoup  mieux  que  :  <Je  ferai  ce  que 
vous  voudrez  »  (1). 

Il  est  bien  difficile  de  savoir  ce  qui  arrivera.  Beaucoup  de 
gens  se  flattent  d'une  paix  durable.  Je  ne  suis  pas  du  nombre. 
On  eut  mieux  pourvu  au  bonheur  universel  en  se  prévalant 
moins  des  circonstances  à  l'égard  de  la  France.  Son  roi  se 
conduit  admirablement. 

Etouffer  subitement  l'esprit  révolutionnaire,  comme  on 
éteint  une  bougie,  c'était  l'entreprise  d'un  fou  ;  mais  s'empa- 
rer de  cet  esprit  et  le  tourner  à  sa  façon,  c'est  la  solution  sage 
du  problème.  Je  crois  que  la  France  est  ou  sera  incessamment 
en  état  de  faire  valoir  ses  prétentions  assez  naturelles.  Les 
autres  nations  se  partageant  l'Europe  à  volonté,  c'est  bien  en 
vain  qu'on  voudra  condamner  la  France  à  ne  pas  manger  son 
morceau  du  gâteau  des  rois.  Il  n'y  aura  point  de  paix  à  moins 
que  les  Grandes  nations  ne  déploient  au  Congrès  beaucoup 
plus  de  modération  et  de  sagesse  que  nous  n'avons  le  droit 
d'en  attendre. 

Je  vous  remercie  infiniment  des  détails  intéressants  que 
vous  me  donnez  de  la  Savoie,  ou  de  ce  qu'on  appelle  ainsi,  car, 
dans  le  fond,  ce  malheureux  pays  n'est  qu'un  cadavre  écartelé. 
L'état  actuel  des  choses  paraît  absolument  contre  nature.  Ou 
la  France  engloutira  la  Savoie,  ou  toute  la  Savoie  sera  de  nou- 
veau réunie  sous  le  sceptre  de  son  ancien  maître. 


1.  Cette  première  partie  de  la  dépêche  de  de  Maistre  ne  figure  pas  dans  sa 
Correspondance  diplomatique,  dans  laquelle  on  trouve  en  revanche  l'autre 
moitié,  que  nous  avons  néanmoins  cru  utile  de  reproduire  ici. 


414  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

578.  Saint-Pétersbourg,  7  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

WINTZINGERODE  (1)  au  roi  de  WURTEMBERG  (en  français). 

(Sous  couvert  à  Linden)  [intercepta) 

Ignorance  complète  de  tout.  Départ  de  6.000  hommes  de  la  garnison  de  Pé- 
tersbourg.  La  censure.  On  parle  de  la  grossesse  de  rimpératrice  Elisabeth 
et  de  l'abdication  du  roi  de  Saxe. 

Nous  sommes  sans  nouvelles  ici.  Le  départ  de  6.000  hommes 
de  notre  garnison  a  confirmé  l'opinion  de  ceux  qui  croient  à 
la  guerre.  L'ordre  en  a  été  donné  par  TEmpereur  de  Pulawy. 
On  nous  tient  dans  une  ignorance  si  parfaite  de  tout  ce  qui 
se  passe  à  Vienne,  que  les  Gazettes  mêmes  de  cette  capitale 
ne  se  distribuent  plus  depuis  trois  jours  de  poste  et  hier  on  a 
encore  retenu  celles  de  Paris.  Celles  de  Londres  parlent  d'une 
abdication  du  roi  de  Saxe. 

Il  y  a  quelques  jours  que  le  bruit  s'est  répandu  que  Tlmpé- 
ratrice  Elisabeth  (2)  se  trouvait  enceinte. 


579.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4138  ad  3565). 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

Tugend-Bund  (3).  Extension  qu'il  prend  et  son  centre  d'action. 

Rapport  sur  l'extension  prise  par  le  Tugend-Bund  qui  tra- 
vaille partout  les  esprits  en  Prusse  et  dont  font  partie  avec 
Schelling  (4),  secrétaire  général  de  l'Académie  des  Sciences 

1.  Wintzingerode  (Henri-Charles-Frédéric  Levin,  comte  de)  1778-1856). 

Le  9  septembre  1814,  Noailles  écrivait  de  Saint-Pétersbourg  à  Talleyrand  : 
«  M.  de  Wintzingerode,  Ministre  du  roi  de  Wurtemberg  est  aussi  dans  cette 
ville  ainsi  que  le  comte  de  Maistre,  Ministre  du  roi  de  Sardaigne.  Le  Duc  de 
Serracapriola,  Ministre  du  roi  des  deux  Siciles,  est  en  route  pour  Vienne...  » 

(Cf.  POLOVTSOFF,  t.    I,   37). 

2.  L'Impératrice  de  Russie. 

3.  J'ai  pensé  bien  faire  en  publiant  ici  quelques  pièces  relatives  au  Tu 
gend-Bund  que  j'ai  cru  devoir  analyser.  11  me  parait  cependant  utile  de  fair&j 
remarquer  que  de  peur  de  me  laisser  entraîner  trop  loin,  j'en  ai  laissé  ua 
grand  nombre  de  côté,  et  honnête  de  signaler  ce  fait  à  ceux  qui  pourraient 
avoir  l'intention  d'aller  travailler  aux  Archives  du  Ministère  I.  et  R.  de  l'in 
térieur  en  les  prévenant  qu'ils  y  trouveront  nombre  de  pièces  relatives  au 
Tugend-Bund. 

4.  Schelling   (Frédéric,    Guillaume,   Joseph  von)  (1775-1854),    l'un  des  plus 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       415 

de  Munich,  Feuerbach,  Président  à  Bamberg-,  le  Prince  royal 
de  Wurtemberg,  et  dont  les  principaux  centres  d'action  sont 
les  Universités  de  Halle,  Gôttingen,  Jena,  Heidelberg  et  Erlan- 
gen. 


580.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  2.  4137  ad  3565). 

R.  N°  115  à  HAGER 

Stein  est  un  des  plus  ardents  partisans  et  un  membre  très 
actif  du  Tiiqend-Biind. 


581.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  2.  4037  ad  3565). 

R.  NM15  à  HAGER 

Rapport  sur  quelques  membres  du  Tugend-Bund. 

Sur  Cari  MûUer  (1),  le  Steuerrath  prussien  von  Borbstaedt 
et  le  poète  Arndt,  membres  actifs  du  Tugend-Bimd  à  surveil- 
ler de  près.  On  croit  même  que  sous  un  faux  nom  Arndt  fait 
partie  de  la  suite  de  Nesselrode.  Quant  à  MûUer,  il  a  dit  bien 
haut  que  le  Tugend-Bund  est  si  fort  qu'aucun  prince  allemand 
ne  saurait  ni  le  détruire,  ni  même  lui  résister. 


grands  diplomates  et  savants  allemands.  Associé  de  l'Académie  des  Sciences 
morales  et  politiques, 

1.  MûUer  (Cari  Christian),  né  à  Klebitz  en  1778,  mort  en  1857,  fameux  agi- 
tateur et  patriote  allemand,  agent  et  émissaire  de  Bliicher  d'aboi  d,  puis  de 
Stein,  arrêté  une  première  fois  en  1811  à  la  requête  du  représentant  de  la 
Westphalie,  von  Linden,  il  s'échappa  et  s'enfuit  à  Berlin.  Emprisonné  une 
deuxième  fois  et  remis  en  liberté,  il  remplaça  Gruner  à  la  tête  de  la  police  de 
Berlin.  Il  rejoignit  en  1813  Koutousoft"  à  Kalisch,  lui  apporta  des  instructions 
écrites  et  lança  son  fameux  appel  daté  du  25  mars  1813. 11  fit  alors  un  moment 
partie  du  corps  volant  du  colonel  Fiiger,  fut  de  nouveau  attaché  par  Stein  à 
sa  personne,  mais  ne  tarda  pas  à  reprendi-e  du  service,  et  se  distingua  à  Baut- 
zen  et  à  Dennewitz.  Hepnin  l'emmena  avec  lui  à  Dresde  eq^'anvier  1814.  11 
accompagna  ensuite  Hardenberg  au  Congrès  de  Vienne.  Mais  une  fois  l'Al- 
lemagne délivrée,  il  considéra  son  rôle  actif  comme  terminé.  Conseiller  au- 
lique  prussien  en  1817,  il  ne  tarda  pas  à  être  nommé  Conseiller  intime.  Cf. 
Varnhagen  von  der  Ensb,  Karl  Mûller's  Leben. 


41G  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

582.  Vienne,  11  octobre  1811  (F.  2.  4019  ad  3565). 

R.  à  HAGER 
Millier  et  Gruner.  Leur  but  et  leurs  menées.  Gruner  protégé  par  Alexandre. 

Rapport  sur  les  agissements  de  Mûller  et  du  Conseiller 
d'Etat  baron  Gruner  (1)  qui  cherchent  à  faire  des  prosélytes 
pour  le  Tuge7id-Bund,  et  leurs  menées  révolutionnaires  et  hos- 
tiles aux  membres  du  Tugend-Bund  appartenant  à  la  Noblesse. 

La  Russie  soutient  Mûller,  et  ceux  qui  portent  Tuniforme 
russe  circulent  partout  librement.  Ce  qu'ils  veulent,  c'est  ame- 
ner le  roi  de  Prusse  à  donner  à  ses  Etats  une  constitution  libé- 
rale qui  s'étendra  rapidement  aux  Etats  voisins  et  portera  le 
coup  de  grâce  au  cléricalisme  et  au  catholicisme. 

L'empereur  Alexandre  les  protège,  et  la  preuve  en  est  qu'il 
a  envoyé  à  Gruner  avec  la  croix  de  Sainte-Anne  de  première 
classe  en  brillants  une  lettre  des  plus  flatteuses.  Une  centaine 
de  libraires  allemands  font  partie  du  Tugend-Bund  tels  que 
Bertuchj  de  Weimar  ;  Herger,  de  Giessen  ;  Cotta,  de  Stutt- 

1.  Gruner  (Charles-Juste),  né  à  Osnabriick  en  1777,  se  lia  de  bonne  heure 
avec  Stein,  alors  Ober-President  à  Minden  et  avec  Blucher,  entra  au  service 
de  la  Prusse  en  1802  et  aurait  été  peu  après  et  jusqu'en  1805  employé  à  des 
missions  secrètes  en  France.  Directeur  de  la  Chambre  de  guerre  et  des  do- 
maines à  Posen,  il  faillit  y  être  arrêté  par  les  Français  et  se  réfugia  d'abord  à 
Kônigsberg,  puis  dans  la  Poméranie  Suédoise.  Président  de  Chambre  intéri- 
maire à  Golberg,  puis  à  Treptow,  il  ne  tarda  pas  à  devenir  vers  la  fin  de  1809 
Président  de  police  à  Berlin  et  travailla  activement  à  la  reconstitution  du 
Tugend-Bund  et  aux  préparatifs  du  major  Schill.  Ecarté  des  affaires  sur 
l'ordre  de  Napoléon,  mais  rien  qu'en  apparence,  il  quitta  la  Prusse,  à  la  fin 
de  mars  1812,  se  rendit  en  Bohème  soutenu  par  l'Angleterre  et  la  Russie  et 
continua  à  organiser  et  à  étendre  le  Tugend-Bund.  Alexandre  l'avait  fait  Con- 
seiller d'Etat  et  l'Angleterre  lui  fournissait  de  riches  subsides.  Ses  menées 
finirent  par  devenir  trop  éclatantes  et  trop  dangereuses  et  l'Autriche,  au  lieu 
de  consentir  à  son  extradition  qui  lui  était  demandée  par  la  Prusse  l'enferma 
à  la  requête  de  Napoléon  à  Peterwardein,  où  il  resta  jusqu'en  octobre  1813. 
Nommé  peu  après  Gouverneur  des  provinces  du  Haut  et  Bas-Rhin  où  il  ren- 
dit les  plus  grands  services  aux  alliés  en  môme  temps  qu'il  satisfit  la  haine 
qu'il  portait  à  la  France,  il  y  organisa  le  gouvernement  provisoire  et  résida 
à  Diisseldorf  jusqu'après  Waterloo.  Envoyé  alors  à  Paris  pour  y  faire  pour 
le  compte  de  la  Prusse  sa  part  de  la  haute  Police,  il  mérita  le  titre  d'embal- 
leur de  la  Sainte-Alliance.  Le  roi  de  Prusse,  qui  l'avait  déjà  anobli  et  fait  '^ 
baron,  reconnut  ses  services  en  lui  confiant  les  fonctions  de  Ministre  de  ; 
Prusse  près  la  Confédération  helvétique.  Tombé  en  disgrâce  et  déjà  fort  ma- 
lade, il  quitta  Berne  au  commencement  de  janvier  en  1819  et  se  rendit  à  _. 
Wiesbaden  où  il  mourut  le  8  février  1820. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       417 

gard,etc.,  etc.,  qui  sont  tous  venus  à  Vienne  pour  y  travailler 
en  faveur  du  Tugend-Bund. 


583.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4037  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  d'un  dossier  relatif  au  Tugend-Bund. 

A  ce  dossier  est  jointe  une  analyse  assez  détaillée  du  Précis 
de  V abrégé  du  Mémoire  pour  servir  à  l'histoire  du  Jacobinisme 
par  VAbbé  Barueil{^) 


584.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4291  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  le  Tugend-Bund  et  ses  tendances  vers  la  franc- 
maçonnerie,  à  signaler  entre  autres  une  dépêche  de  Hager,  en 
date  du  7  septembre,  à  l'Oberst-Burggraf,  comte  Kolowrat,  à 
Prague,  l'invitant  à  surveiller  avec  soin  les  adhésions  fort  nom- 
breuses que  le  Tugend-Bund  recueille  à  Prague  et  en  Bohême. 


585.  Vienne,  16  octobre  1814  (F.  2.  4037  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Millier  et  Borbstaedt  à  surveiller. 

Millier  et  Borbstaedt  arrivés  à  Prague  le  10  octobre  ont 
2ontinué  le  même  jour  sur  Vienne,  où  Mûller  ne  compte  rester 
{ue  peu  de  temps. 

Rapport  de  Lilienau,  Stadt-hauptmann  de  Prague,  au  comte 
Kolowrat  du  13  octobre. 

Kolowrat  signale  à  Hager  ce  voyage,  dont  l'objet  lui  paraît 
îUspect  et  dangereux. 

T.  I.  27 

'il 


418  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

586.  Vienne,  17  octobre  1814  iF.  2.  4019  ad  3565). 

H... à  HAGER 

Rapport  sur  les  relations  existant  entre  le  Tiigend-Bund  et 
les  grands  libraires  allemands^  sur  la  campagne  qu^ilsfont  en 
faveur  de  la  liberté  de  la  presse. 

Deuxième  rapport  en  date  du  24  contenant  des  renseigne-] 
ments  sur  Cari  MûUer  et  Borbstaedt,  sur  l'organisation  et  les 
tendances  du  Tugend-Bund^  et  enfin  l'indication  de  certains 
francs- maçons  de  marque,  tels  que  rArchiduc  Charles  (depuis 
1798  ou  1799)  les  généraux  von  Grûnne,  Lindenau,  Langenau, 
le  comte  Schœnfeld  et  Humboldt. 


587«  Vienne,  18  octobre  1814  (F.  2.  4019  ad  3565). 

RATOLISKA   au  Comte  LOBKOWITZ  (à  Prague)  (analyse). 

En  réponse  à  sa  lettre  du  12,  il  croit  qu'il  est  plus  que  ja- 
mais nécessaire  de  surveiller  le  Tiigend-Bund,  et  ses  tendances, 
ne  serait-ce  qu'à  cause  des  nombreux  adhérents  que  le  Bund  a 
dans  l'Allemagne  du  Nord  et  en  Prusse.  Il  lui  recommande  de 
ne  pas  laisser  venir  à  Vienne  le  nommé  Garl  Mûller,  qui  pré- 
tend être  un  ancien  capitaine  du  corps  de  Lûtzow. 


588.  Vienne,  octobre-novembre  1814  (F.  2.  4019  ad  3565). 

Analyse  de  différents  rapports  à  HAGER 

Sur  la  surveillance  de  Mûller  et  de  Borbstaedt,  sur  les  dé- 
marches de  Borbstaedt  afin  d'obtenir  du  roi  de  Prusse  l'auto- 
risation de  créer  des  Sociétés  de  Secours  pour  les  Vétérans. 

Rapports  divers  sur  l'appui  donné  à  ces  Sociétés  par  Har- 
denberg  et  Humboldt,  sur  le  rôle  politique  que  ces  Sociétés 
tendent  à  jouer  de  plus  en  plus  et  sur  leurs  tentatives  d'inter- 
vention dans  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 


LES   PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS   DU    CONGRÈS      419 

589.  Vienne,  4  novembre  1814  (1)  (F.  2.  4019  ad. 3565). 

Agent  K.  (KUGLER)  à  GŒHAUSEN 

Rapport  sur  Borbstaedt  et  l'état  des  loges  maçonniques  au- 
trichiennes. 

M.  de  Willié,  le  médecin  de  l'Empereur  Alexandre,  est  un 
ardent  franc-maçon. 


590.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4468  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Le  Tugend-Bund  et  les  francs-maçons  prussiens. 

L'Agent  K.  a  obtenu  communication  pour  huit  jours  de  la 
liste  des  francs-maçons  de  toutes  les  loges  prussiennes. 

On  (la  police  autrichienne)  surveille  et  recherche  les  princi- 
paux d'entre  eux  et  on  s'est  procuré  les  appels  lancés  par  les 
Loges  prussiennes  à  leurs  Frères. 


[591.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4619  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  Tugend-Bund  se  rapproche  de  plus  en  plus  des  francs- 
laçons  qui  travaillent  activement  au  renversement  des  Bour- 
ms. 


Vienne,  6  novembre  1814  (F,  3.  4468  ad  3565). 

GOËHAUSEN  à  HAGER 

Personnages  de  Francfort  désormais  au  service  de  la  Polizei  Hofstelle. 
Les  francs-maçons  de  Francfort. 

Il  lui  rend  compte  qu'il  s'est  assuré  les  services  gratuiU  du 
pcrétaire  général  de  la  Police  de  Francfort  Leverev  (ou  Seve- 

J'ai  cru  pouvoir  me  départir  de  la  règle  que  je  me  suis  imposée,  et  en- 
Bindre  exceptionnellement  l'ordre  chronologique  en  plaçant  ici,  en   même 
ips  queces  deuxpièces,  les  trois  suivantesquicomplèteutlesreuseigneraents 
blatifs  au  Tugend-Bund  et  à  la  franc-maçonnerie. 


420  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

rey)  et  lui  indique  les  adresses  données  pour  correspondre  sû- 
rement. Il  lui  fait  savoir  qu'on  a  également  réussi  à  s'attacher 
dans  les  mêmes  conditions  le  Comte  (?)  Weyland  et  le  baron 
von  Vrints  Berberich,  que  le  Hofrath  von  Galler,  qui  appar- 
tient à  la  loge  de  Francfort,  est  également  entré  au  service  et' 
qu'il  l'a  mis  en  rapport  avec  le  baron  von  Vrints. 

Leverey  lui  a  envoyé  la  liste  (ci-jointe  à  son  rapport)  des  F.' . 
F.-,  de  la  Loge  l'Aurore  Naissante,  de  Francfort,  à  laquelle  ¥ 
appartient  entre  autres  Salomon  Mayer  Rothschild,  banquier  1 
de  la  Cour. 


593.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4170  ad  3565). 

HAGER    à    l'ExMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  du  29  octobre. 

Rapports  des  27  et  28  octobre  des  agents  chargés  de  la  sur- 
veillance de  : 

Prince  Eugène,  Nesselrode,  Stackelberg,Razoumoffsky,  Pozzo 
di  Borgo,duc  de  Richelieu,  La  Harpe,  Czartoryski,  Stein,  Har- 
denberg,  (qui  confère  le  26  au  matin  pendant  deux  heures  avec 
Pozzo  di  Borgo,  travaille  ensuite  avec  ses  conseillers  et  surtout 
avec  le  conseiller  intime  Krûger,  qui  part  pour  Dresde  à  quatre 
heures.  A  une  heure,  il  se  rend  chez  Metternich,  à  une  confé- 
rence qui  dure  jusqu'à  quatre  heures  et  à  laquelle  assistent 
Talleyrand,  Dalberg(i),  Wrede,  Castlereagh,  Munster,  Wint- 
zingerode,  le  comte  de  Hardenberg,  Nesselrode,  Humboldt, 
Linden  et  Martens. 

A  dîner,  la  chaise  du  comte  de  Hardenberg,  l'un  des  invités 
du  prince,  se  casse  ;  le  comte  tombe  et  Humboldt  de  dire  au    \ 
prince  :  «  Voyez,  Prince,  voilà  le  Hanovre  à  vos  pieds).  » 

De  Marie-Louise  (revenue  le  25  au  soir  de  Baden  à  Schœn 
brunn,  elle  a  reçu  le  26,  ainsi  queM"°  de  Brignole,  des  lettre 
d'Aix  et  de  Genève). 

Du  Duc  de  Richelieu.  (H  a  passé  le  27  deux  heures  chez 
Grand-duc  Constantin). 

1.  Cf.  D'Angeberg,  337-341.  Sixième  Protocole  du  Comité  des  Affaires  all« 
mandes.  Séance  du  26  octobre  à  laquelle  assistèrent  en  effet  tous  ces  pei^ 
Bonnages  à  l'exception  toutefois  de  Talleyrand  et  de  Dalberg. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      421 

De  Hardenberg  (de  nouveau  en  conférence  le  28  au  soir,  de  9 
à  11  heures,  chez  Metternich  avec  Castlereagh). 

Et  de  Talleyrand.  (On  a  ramassé  sur  son  bureau  la  pièce  par 
laquelle,  conformément  à  l'article  2  {secret)  du  traité  du  30  mai 
1814,  il  informe  Reinhard  que  Dalberg  a  été  désigné  par  le  Roi 
pour  conférer  avec  les  commissaires  suisses). 


594.  Vienne,  27-28  octobre  1814  (F.  3.  4170  ad  3565). 

{Cabinet  noir)  {Intercepta  divers) 
Analyse  faite  par  la  Manipulation. 

Stein  à  Munster  (21  octobre).  Lettre  de  recommandation. 

Stein  au  Prince  de  Salm-Kyrburg  (27  octobre),  (Il  a  trans- 
mis ses  réclamations  à  Hardenberg). 

Liston  à  Sidnej  Smith  (Gonstantinople  10  octobre).  (11  veut 
quitter  son  poste,  comme  il  le  lui  a  déjà  écrit  et  le  lui  fait 
savoir  une  fois  de  plus  en  lui  répétant  qu'il  l'avait  désigné  au 
Gouvernement  comme  son  successeur.) 

Dalberg  au  baron  Hacke  (28  octobre).  (Je  vous  envoie  le 
Mémoire  sur  la  question  de  la  Saxe  (1).  Vous  pouvez  en  pren- 
dre copie  et  même  le  répandre,  mais  sans  nous  nommer.) 


|595.  Vienne,  27  octobre  1814  (F.  3,  4170  ad  3565). 

DALBERG  au  Marquis (2)  (chiffon) 


II  l'informe  qu'il  a  remis  sa  lettre  à  Sidney-Smith  et  lui 
iransmet  sa  réponse.*  Smith  suit  auprès  du  Ministre  de  Suède 
,*idée  favorite,  dont  il  vous  parle  comme  à  un  de  ses  amis  et 
îomme  à  un  Ministre  du  Roi  à  Gonstantinople. 


1.  11  s'agit  ici  du  Mémoire  raisonné  sur  la  Saxe  que  Talleyrand  présenta  £a 
Jongrès  à  la  date  du  2  novembre. 

2.  Presque  certainement  le  Marquis  de  Rivière.  Cf.  Pièce  565. 


422  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

596.  Vienne,  28  octobre  1814  (F,  3.4170  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 
Sommes  touchées  par  les  Rois  de  Prusse  et  de  Bavière. 

On  prétend  que  le  Roi  de  Prusse  n'a  pris  chez  Fries  que  | 
36.000  florins,  le  Roi  de  Bavière  que  24.000  florins  en  papier,/ 
et  qu'aucun  d'eux  n'a  rien  touché  en  espèces. 

Le  Roi  de  Bavière  n'a  pu  s'empêcher  de  dire  à  une  personne] 
de  sa  suite:  «  Notre  existence  ici  est  fort  agréable;  mais  nous 
ignorons  complètement  ce  qui  se  passe  et  ce  qu'il  adviendra  dt 
nous.  Le  Cabinet  de  Vienne  agit  avec  nous  tout  comme  le  fai- 
saient jadis  les  Français.  On  ne  nous  dit  absolument  rien.» 


597.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  3.  4170  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 

Wrede  et  Montgelas. 

D'après  le  dire  du  Hofagent  Moosthall,  Montgelas  ne  vien- 
drait à  Vienne  qu'après  le  départ  de  Wrede,  avec  lequel  il  est 
en  fort  mauvais  termes. 


598.  Vienne,  28  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Appréciations  sur   l'Ambassade  de  Russie  et  sur  les  scènes  qui  ont  eu  lieu 
avec  Metternich  avant  le  voyage  en  Hongrie. 

Les  rois  et  les  princes  présents  à  Vienne,  leurs  Ministres 
et  leur  suite  sont  tous   d'accord   pour  dire  que   l'Empereur 
Alexandre  aurait,  dans  son  propre  intérêt,  beaucoup  mieux  fait 
de  rester  chez  lui.  Sa  considération,  que  ses  inconséquence^? 
ont  fortement  comprise,  y  aurait  assurément  beaucoup  gagné. 

Les  Ministres  russes  ne  sont  guère  plus  favorablement  jugé 
que  leur  Maître.  On  constate  avec  plaisir  qu'à  l'exception 
Anstett  qui  seul  a  du  talent  et  de  la  valeur,  l'Ambassade  russ 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      423 

au  Congrès  ne  se  compose  que  de  médiocrités  et  que  le  plus 
insignifiant  de  tous  est  le  comte  Nesselrode.    . 

Les  Prussiens  ne  se  gênent  pas,  lorsqu'ils  sont  entre  eux 
ou  avec  des  intimes,  pour  se  moquer  des  Membres  du  Cabinet 
russe  et  de  l'Ambassade  envoyée  au  Congrès. 

La  police  secrète  russe,  qui  opère  à  Vienne  et  dont  font 
partie,  à  mon  avis,  le  duc  d'Acerenza  Pignatelli  et  toute  la 
bande  du  baron  Bûhler  (1),  m'a  l'air  de  s'occuper  bien  plus 
d'intrigues  qui  peuvent  leur  rapporter  personnellement  quelque 
chose  que  des  questions  qui  intéressent  leur  souverain  et  leur 
pays. 

Partout  où  je  vais,  je  n'entends  depuis  avant-hier  parler 
que  des  deux  scènes  qu'avant  le  départ  pour  la  Hongrie  Metter- 
nich  a  eues  avec  l'Empereur  de  Russie  et  avec  notre  Empereur. 
On  me  répète  partout  qu'Alexandre  veut  absolument  la  chute 
de  Metternich  et  qu'il  profitera  du  voyage  en  Hongrie  et  des 
tête-à-tête  avec  l'Empereur  François  pour  arriver  à  ses  fins. 
Les  ennemis  de  Metternich  se  croient  sûrs  du  succès,  et  c'est 
là  même  une  preuve  manifeste  des  intrigues  auxquelles  on  se 
livre  tant  à  la  Cour  qu'au  Congrès.  Ils  font  des  gorges  chaudes 
sur  le  choix  qu'on  a  fait  de  Vienne  pour  réunir  le  Congrès. 

Les  Saxons,  les  Polonais,  les  Médiatisés  crient  Haro  sur 
Metternich  et  sa  politique.  La  Russie  aura  sa  Pologne  ;  la 
Prusse  gardera  la  Saxe  ;  les  souverains  partiront  de  Vienne  ; 
le  Congrès  sera  dissous  et  l'Autriche  aura  la  guerre  avec  la 
Russie,  voilà  ce  qu'on  entend  dire  chez  les  Starhemberg  et 
les  Stadion. 


599.  Vienne,  28  octobre  1814  (F,  3.  4170  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Le  Congrès  et  l'opinion  publique.  Les  questions  d'Allemagne,  de  Saxe  et 
de  Pologne.  Castlcreagh  et  Gènes.  La  faveur  de  Pozzo  di  Borgo  et  la  cour 
de  Russie, 

On  perd  de  plus  en  plus  l'espoir  de  voir  le  Congrès  finir 
comme  on  le  voudrait  et  comme  on  le  croyait  d'abord.  On  dit 
que  le  Congrès  n'a  pas  de  principes  et  que  s'il  en  a,  s'en  sont 

1.  Conseiller  d'Etat  Russe. 


424  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  bien  mauvais.  Loin  de  donner  à  chacun  ce  qui  lui  est  dû, 
on  va  prendre  à  d'autres  ce  qui  leur  appartient  légitimement. 

La  Russie  va  se  pousser  sur  l'Allemagne.  La  Prusse  veut 
en  dominer  le  Nord,etrAutriche,le  Midi.  Les  petits  Etats  alle- 
mands en  frémissent,  s'agitent  et  se  désespèrent.  Une  Confé- 
dération de  l'Allemagne  paraît  un  rêve,  une  impossibilité  qu'on 
cherche  et  qu'on  ne  trouvera  pas.  En  général  tout  le  monde 
frémit  du  partage  de  la  Saxe.  On  observe  partout  un  croise- 
ment fatal  de  vues  et  d'intérêts  et  une  mésintelligence  pro- 
noncée, même  parmi  ceux  qui  demandent  et  désirent  la  même 
chose.  J'en  citerai  un  seul  exemple  : 

La  France  demande  la  conservation  de  la  Saxe  à  son  roi  et 
que  la  Pologne  ne  soit  pas  toute  à  la  Russie.  Nous  demandons 
la  même  chose,  et  nous  nous  plaignons  de  la  France  «  qui 
veut  se  mêler  de  ce  qui  ne  la  regarde  pas  I  » 

Tout  ceci  fait  que,  quand  on  parle  du  Congrès  et  de  son 
issue,  on  sourit  d'un  air  de  compassion,  et  tout  le  monde  dit  : 
«  Gela  finira  par  une  nouvelle  paix  d'Amiens.  On  se  séparera 
en  amis  en  ayant  la  guerre  en  projet.  » 

Gastlereagh  a  répondu  sèchement  à  la  Députation  de  Gênes 
qui  invoquait  son  appui  :  «  Qu'ils  n'avaient  qu'à  s'adresser  au 
roi  de  Sardaigne  et  à  tâcher  d'obtenir  de  bonnes  conditions  et 
privilèges.  »  En  dépit  de  cela,  Brignole  espère  toujours. 

Pozzo  di  Borgo  est  le  héros  du  moment  pour  les  honnêtes 
gens.  Il  parle  comme  Démosthènes,  pense  et  raisonne  comme 
Caton.  11  tonne  en  faveur  de  la  justice,  du  droit  et  des  véri- 
tables intérêts  des  têtes  couronnées  et  coalisées.  On  est  surpris 
de  son  audace,  vu  que  les  principes  qu'il  proclame  ne  s'accor- 
dent pas  avec  ce  que  fait  et  prétend  le  Cabinet  auquel  il  est 
attaché.  Aussi  l'on  croit,  ou  que  la  Cour  de  Russie  deviendra 
plus  modérée  et  plus  sage,  ou  qu'elle  se  défera  de  lui,  et  alors, 
étant  né  en  Corse  et  sujet  français,  il  rentrera  au  service  de 
son  ancien  Roi  qui  lui  doit  déjà  tant,  puisqu'il  est  remonté  sur 
son  trône  en  dépit  de  toutes  les  apparences  et  toutes  les  com- 
binaisons. 


600.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  35651. 

HAGER    à   L'EMPEREUR 
Rapport  et  bordereau  du  30  octobre. 


j  LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      425 

Vienne,  27-29  octobre  1814  iF.  3.  4178  et  4183  ad  3565). 
Rapport  à  HAGER 
Rapport  de  surveillance  sur  Marie-Louise. 

Marie-Louise  reçoit  le  27  une  visite  de  deux  heures  du  car- 
dinal Gonsalvi,  et  aune  heure,  celle  de  la  Comtesse  Lazanski  (1) 
qui  apporte  de  Targent. 

A  deux  heures,  on  apporte  une  lettre  de  Talleyrand.  Elle  fait 
appeler  Bausset  pour  y  répondre  avant  de  faire  une  prome- 
nade à  cheval. 

Le  soir  à  table,  elle  se  plaint  du  pain  «  qui  est  si  mauvais 
,j  qu'elle  finira  par  faire  venir  un  boulanger  de  Paris».  Le  même 
i  soir,  on  expédie  un  courrier  qui  repart  pour  la  Suisse. 

Le  29  au  matin,  Marie-Louise  a  fait  expédier  par  Bausset 
une  lettre  au  Cardinal  Consalvi. 

Après  une  sortie  à  cheval  à  deux  heures,  elle  a  reçu  la  visite 
des  Impératrices  d'Autriche  et  de  Russie  et  du  prince  de  Saxe- 
(^obourg.  Le  soir,  elle  a  donné  l'ordre  de  préparer  ses  voitures 
de  voyage. 


601 .    .  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565  . 

à  HAGER 

Rapport  de  surveillance. 

Sur  Radziwill.  Les  deux  Juifs  de  la  Cour,  Dillen  et  Sonnen- 
berg,  lui  ont  remis  le  20  deux  nouveaux  sacs  d'argent. 


602.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565;. 

Rapport  à  HAGER 

Radziwill  et  l'argent  qu'on  lui  a  remis. 

Les  Juifs  de  la  Cour,  Dillen  et  Sonnenberg,  remettent  le  28 
1.000  pièces  d'or  (ducats)  à  Radziwill. 

1.  Grande  Maîtresse  de  la  Cour. 


426  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

603.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

Rapport  sur  HUMBOLDT 

On  a  réussi  à  placer  un  agent  chez  lui  ;  mais  Humboldt  est 
extrêmement  méfiant  et  surveille,  enregistre,  expédie  et  porte 
lui-même  ses  lettres. 


604.  Vienne,  29  octobre  1814  (F,  3.  4178  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  colonel  von  Miltitz  et  le  lieutenant  Kleist  sont  partis 
le  29  au  matin  pour  Dresde,  où  l'administration  russe  prendra 
fin  sous  peu. 

605.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

©  0  à  HAGER 

La  comtesse  Gallenberg.  Farina,  Peschiera.  Sa  liaison  avec  le  comte 
de  Schulenburg.  Ses  relations  avec  la  comtesse  Fuchs. 

La  Comtesse  Gallenberg  a  eu  pour  compagnon  de  route  un 
certain  Farina  qui  est  un  émissaire  envoyé  par  Murât,  au  ser- 
vice duquel  se  trouve  aussi  un  certain  Peschiera  (Pescara). 

La  Gallenberg  aurait  été  et  serait  encore  la  maîtresse  de 
Schulenburg.  Elle  est  très  liée  avec  la  Gomtesse  Fuchs,  qui 
fréquente  chez  la  Sagan  et  chez  Metternich,  et  par  laquelle 
elle  apprend  bien  des  choses. 


!>*■' 


^bP 


606.  Vienne,  29  octobre  1S14  (F,  3.  4178  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 

AUiano  et  le  maintien  de  Murât.  Date  de  son  départ,  -;- 

Le  prince  d'Alliano,  arrivé  il  y  a  quinze  jours  avec  des  àé^i^ 
pêches,  doit  repartir  demain  pour  Naples. 


LES    PRÉLIMINAIRES   ET    LES   AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS      427 

Alliano  paraît  convaincu  que  Murât  conservera  son  trône 
et  que  l'Autriche  est  décidée  à  rester  fidèle  au  traité  qu'elle 
a  signé  avec  son  roi.  Il  attend  aujourd'hui  un  courrier  de 
Naples,  et  c'est  alors  seulement  qu'il  saura  s'il  doit  partir  ou 
prolonger  son  séjour. 


607.  Vienne,  29  octobre  1814  (F,  3.  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
La  journée  du  Prince  de  Hardenberg. 

Hardenberg  a  eu  de  8  heures  à  10  heures  1/2  du  soir  une 
conférence  chez  Metternich  avec  le  Comte  de  Munster,  le 
Comte  Wintzingerode,  le  Comte  Hardenberg,  Humboldt  et 
Wessenberg. 


608.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

e  ©  à  HAGER. 

Les  intrigues  contre  Metternich.  Les  nouvelles  qu'on  répand  dans  les  salons 
politiques.  Les  renseignements  fournis  par  Stackelberg  au  comte  Schœn- 
i'eld  sur  la  question  de  la  Saxe  et  la  marche  générale  des  affaires. 

On  est  de  plus  en  plus  convaincu  dans  la  coterie  Puffendorf 
que  tout  cet  imbroglio  ne  peut  finir  que  par  un  changement 
de  Cabinet  ou  une  guerre  avec  la  Russie. 

Voilà  maintenant  la  riposte  des  partisans  de  Metternich  : 
«  Rien  de  plus  honorable  et  de  plus  beau  que  de  quitter  le 
Ministère  ;  d'abord  parce  qu'on  se  refuse  à  apposer  sa  signa- 
ture sur  un  papier  par  lequel  on  cède  tout  le  Duché  de  Var- 
sovie à  la  Russie  et  on  laisse  prendre  à  l'Empereur  de  Russie 
le  titre  de  roi  de  Pologne,  ensuite  parce  qu'on  ne  voit  pas  de 
raison  de  se  brouiller  avec  la  Bavière  pour  les  beaux  yeux  des 
médiatisés,  rien  qu'afin  d'empêcher  l'Allemagne  de  devenir  un 
corps  solide  capable  d'échapper  désormais  à  l'influence  fran- 
çaise et  aux  épreuves  qu'elle  vient  de  traverser. 

Chez  le  comte  de  Rechberg,  où  l'on  parlait  d'une-tension  des 


428  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

rapports  entre  les  Ministres  russes  et  prussiens,  la  comtesse  a 
dit  devant  moi  :  «  Tant  que  je  verrai  le  roi  de  Prusse  accom- 
pagner et  suivre  partout  TEmpereur  Alexandre,  je  ne  croirai 
pas  à  cette  brouillerie.  » 

Hier,  vers  midi,  alors  que  j'étais  chez  le  comte  Schœnfeld 
(l'ancien  Ministre  de  Saxe  à  Vienne),  je  vis  le  comte  Stackel- 
berg  se  glisser  chez  lui.  Il  est  entièrement  acquis  aux  intérêts 
de  la  Saxe  et  rapporte  fidèlement  à  Schœnfeld  tout  ce  qui  se 
dit  et  se  fait  dans  le  Cabinet  russe  par  rapport  à  la  Saxe. 

Schœnfeld  se  désolait  sur  la  situation  extrêmement  critique 
de  l'Autriche  et  de  Metternich  ;  il  finit  par  dire  :  «  L'Empereur 
François  ne  consentira  pas  et  ne  peut  consentir  à  laisser  tomber 
Metternich.  Lord  Gastlereagh  interviendra,  agira  auprès 
d'Alexandre,  lui  arrachera  une  concession  et  soutiendra  Met- 
ternich. Quant  aux  affaires  d'Allemagne,  il  n'y  a  plus  rien 
d'autre  à  faire  qu'à  se  rejeter  du  côté  de  la  Prusse.  En  admet- 
tant même,  ce  qui  serait  peu  probable,  qu'on  redonne  le  por- 
tefeuille des  affaires  étrangères  au  comte  Stadion,  les  affaires 
n'en  iraient  que  plus  mal.  Stadion  sacrifierait  les  intérêts  de 
l'Autriche  à  ses  chers  Médiatisés  et  se  brouillerait  du  coup 
avec  la  Bavière  et  le  Wurtemberg.  L'Empereur  François  n'a 
donc  qu'à  garder  Metternich  et  à  lui  conseiller  de  s'inspirer 
des  conseils  et  de  l'exemple  de  Thugut.  Mais,  même  à  la  Chan- 
cellerie d'Etat,  Metternich,  si  on  en  excepte  le  baron  Binder 
et  le  comte  de  Mercy,  ne  peut  compter  sur  personne,  surtout 
pas  sur  Hudelist  et  même  pas  sur  Hoppe  et  sur  Bretfeld. 

Les  étrangers,  comme  les  Viennois,  ont  une  véritable  indi- 
gestion des  fêtes  et  du  Congrès. 


609.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  2.4178  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Gentz  défenseur  de  Murât.  Jugement  sur  Gentz.  La  Bagration  et  le 
prince  Eugène.  Metternich  toujours  en  disgrâce  auprès  d'elle. 

Anstett  a  dit  chez  la  princesse  Bagration  que  Gentz  sou- 
tient que  pour  le  repos  de  l'Europe,  il  faut  que  Murât  reste 
roi  de  Naples.  Ce  propos  a  été  trouvé  digne  de  l'homme  qui 


m 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET   LES   AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      429 

n'a  jamais  eu  une  opinion  à  lui  et  qui  les  a  eues  toutes  à  me- 
sure qu'on  les  lui  a  fournies. 

La  princesse  Bagration  se  déclare  à  présent  pour  Beau- 
harnais.  Elle  le  trouve  bien  préférable  au  prince  Charles  de 
Bavière. 

11  ne  m'a  pas  paru  que  le  Prince  de  Metternich  ait  repris 
dans  cette  maison  tout  l'ascendant  qu'il  y  avait.  La  princesse 
parle  de  ne  pas  accorder  de  pardon.  Nesselrode  est  en  faveur 
du  prince,  et  Pozzo  di  Borgo  a  été  pris  pour  juge.  La  sentence 
n'est  pas  encore  prononcée.  On  la  rendra  à  portes  closes.  Stein 
y  entre  aussi  comme  opinant. 

J'ajoute  qu'Anstett  est  un  ennemi  déclaré  de  Pozzo. 


610.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

GENTZ    à    KARADJA  (1)  (in<erce/)/a)  (en  français) 

Depuis  le  départ  de  ma  lettre  du  20,  je  n'ai  plus  rien  appris 
de  l'affaire  de  M.  Bellio.  Le  prince  de  Metternich  m'a  cepen- 
dant parlé  à  plusieurs  reprises  de  la  peine  que  lui  cause  cette 
affaire.  Une  circonstance  qui  m'inquiète  beaucoup,  c'est  Fin- 
certitude  dans  laquelle  je  suis  sur  les  lettres  et  les  réponses 
que  Votre  Altesse  pourrait  m'avoir  adressées  par  M.  Bellio. 


611.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565), 

HAGER    à   L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  3l  octobre  1814. 

Il  lui  transmet  les  rapports  sur  Goupy,  agent  de  la  Reine 
d'Etrurie  et  ses  démarches  auprès  des  ministres  des  Bourbons. 

Sur  le  grand-duc  de  Bade  et  sur  son  ministre,  le  Conseiller 
d'Etat  Sensburg,  bien  disposé  pour  l'Autriche,  et  pour  le  mo- 
ment tout  puissant  sur  l'esprit  du  Grand-duc. 

Sur  l'aggravation  soudaine  du  change  (rapport  demandé  par 
Stadion). 

1.  Cette  dépêche  de  Gentz  ayant  été  publiée  par  Klinkowstrœm,  Oester- 
reich's  Theilnahme,  etc.,  etc.,  452-455,  je  me  suis  contenté  de  reproduire 
ici  le  premier  paragraphe  qu'il  n'a  pas  jugé  nécessaire  de  faire  connaître  à 
ses  lecteurs. 


4iî0  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIEiNNE 

612.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565). 

Relevé  de  quelques  pièces  interceptées  et  analysées 
par  le  cabinet  noir  le  30  octobre, 

Stein  à  Nesselrode  (à  propos  d'une  réclamation  du  prince 
Joseph  Dietrichstein  contre  le  roi  de  Wurtemberg). 

Stein  à  Hardenberg  (sur  les  prébendes  en  Allemagne). 

Stein  au  même  (pour  l'informer  que  n'ayant  plus  besoin  du 
Staatsrath  Friese,  il  le  remet  à  sa  disposition). 

Stein  au  Comte  de  Munster.  (Il  l'informe  d'un  arrangement 
intervenu  avec  le  prince  d'Orange  et  relatif  aux  revenus  de  la 
poste  pendant  la  période  de  l'occupation  provisoire.) 

Stein  à  la  direction  des  postes  à  Francfort  (Même  sujet). 

Dalberg  à  la  duchesse  à  Bologne  (28  octobre)  (peu  intéres- 
sante). 

Sontheim  à  Wintzingerode  (29  octobre).  (Paquet  contenant 
des  numéros  du  Moniteur  et  des  Débals). 

Heilmann  à  son  père  (à  Bielle)  de  Vienne,  17  octobre  (sur 
les  affaires  de  Suisse). 

Lind  au  comte  de  Bentinck.,La  Haye,22  octobre  {par  la  po- 
lice). (Il  voudrait  servir  avec  Bentinck  et  retourner  dans  le 
voisinage  d'Oldenburg.  Il  a  servi  dans  les  troupes  d'Olden- 
burg  qu'il  n'a  quittées  qu'à  la  suite  d'une  injustice  dont  il  a 
été  victime.) 

613.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER 

Dalberg.  Emploi  de  sa  journée  du  28  octobre.  Vernégues,  son  passé, 
ses  relations  avec  Anstett. 

Dalberg  est  resté  le  28  de  11  heures  du  matin  à  2  heures 
chez  la  Comtesse  Schœnborn  et  a  travaillé  le  soir  avec  la  Bes- 
nardière  avant  d'aller  souper  chez  la  Sagan  On  n'a  pas  trans- 
mis ses  chiffons  parce  qu'ils  étaient  insignifiants. 

Le  Chevalier  de  Vernégues,  agent  français,  quoiqu'ayant  le 
titre  de  Conseiller  d'Etat  Russe,  est  celui  qui,  arrêté  dans  le 
Midi  de  la  France,  a  été  emprisonné  pendant  deux  ans  au 
Temple.  Il  a  de  fréquents  entretiens  avec  Anstett,  chez  lequel 
il  est  encore  resté  dernièrement  pendant  plus  de  3  heures. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES    AJOURNEMENTS   DU   CONGRÈS      431 

614.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3,  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Arrivée   de  TimiriasofT  en   courrier  de  Varsovie. 

M.  Timiriasoff,  aide  de  camp  du  Grand-duc,  est  arrivé  hier 
en  courrier  de  Varsovie  porteur  de  dépêches  ayant  toutes  trait 
à  l'organisation  de  l'armée  polonaise  qui  progresse  rapidement. 


615.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565). 

SIGARD  à  HAGER 

Arrivée  d'un  courrier  napolitain  et  rappel  du  prince  d'AIliano. 

Le  Courrier  napolitain  Baraini,  parti  de  Naples  le  19,  est 
arrivé  cette  nuit  et  Cariati  a  aussitôt  invité  Alliano  à  se  tenir 
prêt  à  partir,  d'abord  dans  l'après-midi,  puis  demain  soir  parce 
que  les  dépêches  n'étaient  pas  prêtes. 


616  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565). 

MAILATH  à  HAGER  (en  français). 
Alexandre  et  la  comtesse  Orczy. 

Alexandre  a  fait  à  Pesth  une  cour  assidue  à  la  Comtesse 
Orczy  (1),  mais  sans  résultat  puisqu'il  lui  a  dit:  «  Je  suis  bien 
fâché  qu'il  n'y  ait  pas  pour  moi  l'occasion  d'emporter  un  re- 
mords de  conscience  ;  mais  j'espère  bien  vous  voir  à  Vienne.  » 


617.  Vienne,  30  octobre  1813  (F.  3.  4173  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français) 

Convention  entre  l'Angleterre,  la  Russie  et  la  Hollande 
au  sujet  de  la  dette  de  la  Russie  à  la  Hollande. 

Je  viens  d'apprendre  à  la  Légation  Hollandaise  qu'il  s'est 
fait  tout  récemment,  par  l'entremise  de  Castlereagh,  une  con- 

1.  Bien  probablement  la  comtesse  Thérèse  Batthyanyi  (1790-1861)  qui  avait 
épousé  le  comte  Lorenz  Orczy. 


432  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

vention  entre  la  Russie,  l'Angleterre  et  la  Hollande  au  sujet 
de  la  dette  passive  de  la  Russie  aux  Hollandais,  L'Angleterre 
en  prend  un  tiers  à  sa  charge,  la  Hollande  un  tiers,  de  sorte 
que  la  Russie  n'est  plus  responsable  que  du  dernier  tiers  (1). 


618.  Vienne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4183  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

La  Tour  du  Pin  Gouvernet.  —  M""  de  la  Tour  du  Pin. 
L'Ambassade  française  mal  vue  à  Vienne. 

A  l'occasion  de  la  petite  partie  de  chasse  donnée  à  Hietzing 
par  le  comte  François  Pallfy,  j'ai  fait  parler  les  gens  de  la 
maison  de  l'Impératrice  Marie-Louise.  Ils  m'ont  dit  que  La 
Tour  du  Pin  était  le  beau-frère  du  général  Rertrand  (i.)  qui 
est  à  l'île  d'Elbe  avec  Bonaparte.  A  peine  de  retour  à  Vienne, 
je  cherchai  le  baron  de  Fierlant,  cousin  de  M.  de  Liedekerke, 
gendre  de  La  Tour  du  Pin.  11  m'a  confirmé  ce  que  j'avais  ap- 
pris et  m'a  dit  que  toute  la  Société  Belge  ne  comprenait  pas 
comment  Talleyrand  avait  fait  choix  de  La  Tour  du  Pin  pour 
le  placer  à  Vienne.  Il  a  ajouté  que  la  femme  de  La  Tour  du 
Pin  j  viendrait  bientôt  et  que  c'était  une  personne  très  intri- 
guante. 

Le  baron  de  Fierlant  (3)  m'a  dit  que  les  Français  de  l'Am- 
bassade sont  très  mal  vus  à  Vienne  et  le  seront  encore  davan- 
tage quand  M'"°  de  la  Tour  du  Pin  y  sera. 

1.  Cf.  pour  plus  de  détails  G.  Labouchère,  Pierre-César  Laboachère  dans 
la  Revue  d'Histoire  Diplomatique.  N"  3,  1913  et  n"  1,  1914. 

2.  Le  général  Bertrand  avait  en  effet  épousé  Fanny  Dillon,  fille  du  Généra! 
Arthur  Dillon  guillotiné  en  1794  et  sœur  cadette  de  la  Marquise  de  la  Tour^ 
du  Pin  Gouvernet.  Cf.  F.  Masson,  Napoléon  à  Sainte-Hélène  et  Marquise  d| 
LA  ïouR  DU  Pin,  Journal  d'une  femme  de  cinquante  ans. 

3.  Fierlant  (Antonin,  baron  de),  fils  de  Goswin,  Anne-Marie  Félix  de  Fier 
lant  (président  du  Grand  Conseil  de  Malines,puis  président  du  Conseil  d'Aj 
pel  de  Bruxelles,  et  ensuite  chef  président  du  Conseil  Privé  des  Pays-Bas 
de  juin  1793  à  l'invasion  française)  et  de  Marie-Thérèse,  fille  de  Patrice  comt 
de  Nény.  MM.  de  Fierlant  et  de  Nény  furent  des  soutiens  dévoués  et  opil 
«iâtres  de  la  politique  autrichienne  des  Pays-Bas.  Leur  fils  et  petit-fils  fil 
probablement  attiré  à  Vienne  par  le  sentiment  de  loyalisme  qui  y  retil 
nombre  de  Belges  au  commencement  du  xix*  siècle.  Antonin  de  Fierla 
hérita  du  titre  de  baron  en  1820  à  la  mort  de  son  oncle  JeanFrançois-Josef 
de  Fierlant,  conseiller  honoraire  de  la   Cour  des  Comptes  du  royaume  de 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJ0URNE3IENTS    DU   CONGRÈS      433 
619.  Vienne,  29  octobre  1814  (F.  3.  4178  ad  3565).' 

B...  à  HAGER 

Anstett  et  l'état  de  la  question  de  Pologne. 

«  Mon  maître,  m'a  dit  Anstett,  auquel  je  demandais  sMl 
était  vrai  qu'on  se  fût  mis  d'accord  sur  la  question  de  la  Po- 
ogne,  est  plus  entêté  que  jamais  et  cherche  à  se  retrancher 
derrière  des  arguments  plus  spécieux  les  uns  que  les  autres, 
même  avec  moi  et  bien  qu'il  sache  que  je  suis  resté  inébran- 
lablement  fidèle  à  mes  idées.  Le  plus  singulier  en  tout  ceci, 
c'est  que  lorsqu'il  se  sent  par  trop  pressé  par  les  autres,  c'est 
moi  qu'il  appelle  à  la  rescousse.  G^est  dimanche  passé  (le  23) 
qu'il  s'est  pour  la  dernière  fois  entreténu  avec  moi.  11  avait 
l'air  de  vouloir  à  la  fois  et  se  réconcilier  avec  moi  et  me  con- 
vertir. Il  a  été  assez  dur  et  assez  amer  et  m'a  dit  entre  autres 
choses  :  «  Quand  on  a  autant  de  talent  que  vous,  on  s'applique 
à  travailler  de  toutes  ses  forces  dans  le  sens  voulu  par  son 
souverain,  ou  si  l'on  ne  peut  s'y  résoudre,  on  donne  sa  démis- 
sion et  on  se  met  en  règle  avec  sa  conscience  en  faisant  son 
devoir  et  en  conseillant  à  son  souverain  ce  qu'on  croit  lui  être 
réellement  utile.  »  Cela  dit,  il  m'accabla  de  nouveau  de  besogne 
et  depuis  qu'il  est  parti  pour  la  Hongrie,  j'ai  déjà  dû  lui 
envoyer  deux  courriers.  » 

Moi  :  «  Mais  vous  m'avez  dit  qu'il  vous  avait  retiré  toutes 
les  affaires  relatives  à  la  Pologne  pour  les  confier  au  prince 
[Czartoryski.  » 

Lui  :  «  Rien  ne  doit  vous  surprendre  de  la  part  d'un  carac- 
llère  aussi  changeant,  surtout  quand  il  se  sent  acculé.  11  n'a 
•as  une  confiance  illimitée  dans  la  façon  dont  Czartoryski 
l'acquitte  de  la  besogne.  Moi,  il  me  connaît  et  lors  de  la 
lernière  audience  qu'il  me  donna,  il  me  dit  que  je  connaissais 
les  affaires  bien  mieux  que  les  autres.  Voilà  ce  que  sont  les 
ids  de  la  terre.  » 

rs-Bas,  créé  baron  avec  réversibilité  sur  la  tête  de  son  neveu  par  le  roi 
llaume.  Le  baron  Antonin  de  Fierlant  n'occupa  aucun  emploi  public  et 
irut  à  Vienne  le  1"  mars  1830.  11  était  parent  des  Liedekerke  par  les 
|y.  La  marquise  Desandrouin,  grand'mère  maternelle  de  M.  de  Liede- 
Ce,  était  la  fille  aînée  du  comte  de  Nény  et  la  sœur  de  M°"  de  Fierlant  (Ren- 
iement dû  à  l'obligeance  de  M.  le  Comte  de  Villermont). 

ï  1.  28 


434  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Moi  :  «  Il  y  a  donc  encore  lieu  d'espérer  qu'on  finira  par  se 
mettre  d'accord  et  j'ai  l'intime  conviction  que  dans  ces  condi- 
tions vous  pourrez  puissamment  contribuer  à  modifier  la  ma- 
nière de  voir  votre  Maître.  » 

Lui  :  «  Gomme  vous  pouvez  le  voir,  je  suis  déjà  en  train  de 
préparer  sur  cette  question  un  nouveau  rapport  queje  lui  des- 
tine et  qui  serait  déjà  parti  si  toute  la  besogne  ne  retombait 
pas  sur  mes  épaules. 

C'est  ainsi  qu'il  m'a  demandé  de  lui  fournir  de  suite  un  état 
des  possessions  territoriales  de  la  France  avant  la  Révolution. 
Nesselrode  et  tout  son  monde  n'ont  même  pas  été  capables 
de  le  renseigner  sur  une  chose  cependant  aussi  connue.  Je  lui 
en  ai  dressé  au  galop  un  tableau  (qu'il  me  montra).  Si  les 
autres  puissances  tiennent  bon,  je  ne  sais  vraiment  pas  com- 
ment cela  finira.  En  tout  cas,  ce  sera  une  affaire  de  longue  du- 
rée et  qui  provoquera  de  sérieuses  discussions,  et  dans  ce  cas 
votre  congrès  n'est  pas  près  de  finir.  » 

Nous  en  étions  là  lorsque  nous  fûmes  interrompus  par  le 
Chevalier  de  Vernègues,un  agent  du  roi  de  France  qui  a  jus- 
qu'ici porté  le  titre  de  Conseiller  d'Etat  russe,  a  été  arrêté  en 
France  en  1804  et  emprisonné  pendant  deux  ans  au  Temple. 
Il  vient  fréquemment  chez  Anstett  avec  lequel  il  a  eu  tout  der- 
nièrement un  entretien  qui  dura  trois  heures.  | 

Anstett  viendra  demain  prendre  de  nouveau  le  café  chez  moi. 
Moi,  je  ne  peux  aller  chez  lui  qu'une  ou  deux  fois  par  semaine. 


620.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4104  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

BoDEREAu  et  Rapport  journalier,  Vienne,  l^'^  novembre 
(F.  3.  4453  ad  3565). 

Lord  Stewart  et  sa  rixe  avec  un  cocher. 

Sur  l'affaire  entre  lord  Stewart  et  un  cocher.  Lord  Stewarj 
se  bat  avec  un  cocher,  et  il  aurait  été  rossé  par  lui  sans  rinl 
tervention  opportune  de  la  police.  La  rixe  a  eu  pour  cause  pref 
mière  un  coup  donné  sur  la  tête  d'un  des  chevaux  du  cochef 
par  un  Anglais  qui  accompagnait  lord  Stewart  et  ensuite  rin! 
tervention  un  peu  brutale  de  ce  dernier. 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET   LES  AJOURNEMENTS    DU   CONGRÈS      435 

621.  Vienne,  30-31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Relevé  de  quelques  pièces  interceptées  parle  Cabinet  noir. 

Lôwenhielm  à  la  comtesse  Schônborn  (30  octobre). 

Gaertner  à  Martens  (Envoi  d'un  mémoire  adressé  à  Munster 
30ur  la  levée  d'un  séquestre). 

Hardenberg  à  Radziwill  et  à  Wittgenstein. 

Stein  au  comte  de  Solms-Laubach. 

Gastlereagh  à  Glancarty,  Stewart  et  Gathcart  (pour  les  pré- 
enir  qu'il  y  aura  le  31,  à  11  heures  du  soir,  une  conférence 
ihez  Metternich). 

»22.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Rapport  de  surveillance  sur  LA  HARPE 

La  Harpe  a  affirmé  que  la  Russie  prendra  le  Grand-duché 

e  Varsovie  et  que  la  Prusse  recevra  comme  indemnité  la  plus 

Irande  partie  de    la  Saxe.  La  Harpe  est  très  mécontent  et 

uelque  peu  inquiet  de  ce  qu'on  paraît  méditer  à  l'égard  de 

Suisse. 


'23.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4212  ad  3565). 

L'EMPEREUR  à  HAGER  et  HAGER  à  SGHMIDT 

(dre  de  surveiller  trois  Polonais  et  surtout  Vernègues.  Note  sur  ce  dernier. 

Après  avoir  examiné  les  rapports  que  Hager  lui  a  transmis, 
Timpereur  lui  donne  Fordre  de  faire  surveiller  de  très  près 
irnègues  à  cause  de  ses  relations  avec  Anstett  et  de  prendre 

mesures  analogues  à  l'égard  des  Polonais  Szimiakowski, 
[ohojewski  et  Szaniawski,  mais  surtout  à  l'égard  du  pre- 
1er. 

[ager  donne  le  même  jour  des  ordres  en  conséquence  au 

imidt  et  lui  communique  un  rapport  sur  Vernègues  fait  par 
Ibaron  Bûhler. 

în  1800,  Vernègues  était  agent  de  Louis  XVIII  à  Rome  et 
Ipoléon  se  le  fit  livrer  par  le  Pape  et  le  fit  emprisonner.  En 


436  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1801,  le  Pape  obtint  sa  délivrance.  Vernègues  se  rendit  alors 
à  Saint-Pétersbourg  et  y  fut  employé  par  le  Département  des 
Affaires  étrangères,  tout  en  continuant  à  rester  un  des  agents 
de  Louis  XVIII.  A  Vienne,  il  a  maintenant  ses  grandes  et 
petites  entrées  chez  Talleyrand  et  est  très  considéré  par 
Alexandre,  auquel  il  sert  d'intermédiaire  avec  Talleyrand,  avecJ 
lequel  il  retournera  à  Paris  après  le  Congrès. 


624  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Hardenberg  est  allé  le  30  chez  son  roi  qu'il  ne  trouva  pas^ 
chez  lui,  et  de  là  chez  Metternich  à  une  conférence  qui  dura 
de  1  h.  1/2  à  4  h.  1/2  et  à  laquelle  assistèrent  Castlereagh, 
Nesselrode,  Humboldt,  Wessenberg  et  Gentz. 


625.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  a  recommandé  si  chaudement  à  un  des  députés  suisses  P 
à  Heilmann,  Tagent  Borw^itz,  qu'il  va  le  prendre  pour  secré-f 
taire. 

Talleyrand  a  été  le  29  au  soir  chez  Metternich,  mais  n'a  pal 
réussi  à  le  voir.  4j| 


626.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 
L'altercation  entre  les  trois  souverains  à  Buda  d'après  Palmella. 


D'après  ce  que  m'a  déclaré  et  confié  Palmella,  il  y  aura 
eu  une  dispute  longue  et  vive  dans  l'appartement  même  c 
l'Empereur  d'Autriche  à  Bude. 

Le  roi  de  Prusse  est  sorti  le  premier.  Après  quelques  m<B„'*^ 


LES    PRÉLIMINAIRES    ET    LES   AJOURNEMENTS    DU  CONGRÈS      437 

ments,  il  a  été  rejoint  par  TEmpereur  de  Russie  et  tous  deux 
se  retirèrent  dans  l'appartement  de  ce  dernier.  L^Empereur 
d'Autriche  fît  appeler  à  l'instant  le  Palatin  qui  passa  peu 
après  en  messager  de  paix  chez  les  deux  souverains.  Le  sujet 
de  ce  démêlé  n'est  pas  connu,  mais  le  fait  est  incontestable.  Il 
ne  faut  pourtant  pas  s'en  effrayer  et  en  tirer  des  conséquences 
fâcheuses.  Le  bien  naît  souvent  du  mal. 


627.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

La  redoute.  Alexandre  et  la  Comtesse  Esterhazy  Roisin. 

J'ai  été  cette  nuit  (le  30)  à  la  Redoute.  Elle  a  été  honorée 
par  l'Empereur  de  Russie  et  les  rois  de  Prusse  et  de  Dane- 
mark. On  a  beaucoup  plaisanté  sur  les  liaisons  récentes  de 
l'Empereur  de  Russie  avec  la  comtesse  Esterhazy-Roisin.  Tout 
le  monde  avait  les  yeux  tournés  sur  cette  dame  qui  excitait 
la  jalousie  de  toutes  les  autres. 


628.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

La  redoute  masquée.  Alexandre,  le  prince  Eugène,  le  Domino  Noir, 
la  Bigottini,  la  Morell  et  le  Grand-duc  de  Bade. 

Alexandre  a  eu,  à  la  Redoute  masquée,  une  longue  conver- 
sation avec  un  domino  noir  qui  causa  ensuite  longuement  avec 
le  prince  Eugène. 

La  Bigottini  en  domino  rose  a  serré  de  près  Alexandre. 
La  belle  M""'  Morell  a  fait  sensation  ;  elle  s'est  démasquée 
à  une  heure  et  a  été  très  admirée  par  le  grand-duc  de  Bade, 
qui  lui  a  tenu  compagnie  tout  le  temps. 

Le  prince  Auguste  de  Prusse  (1)  et  le  prince  Charles  de 

1.  Prince  Auguste  de  Prusse,  frère  du  prince  Louis-Ferdinand,  tué  à  Saal- 
feld,  fait  prisonnier  le  6  octobre  1806  au  combat  de  Prentzlow  par  le  vicomte 


438  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

Bavière  ont  été  très  empressés  auprès  de  certains  dominos. 
Le  roi  de  Prusse,  au  contraire,  a  été  glacial,  et  s'est  promené 
seul  pendant  presque  tout  le  temps. 


629.  Berlin,  26  octobre  1814  (F.  3.  4153  ad  3565).  } 

P...  à  GRIÈSINGER  (1)  (à  Vienne)  {Intercepta). 

Le  roi  de  Saxe,  la  Pologne  et  le  Grand-duc  Constantin, 
La  part  de  la  Prusse  et  du  duc  de  VVeimar. 

i 

...  On  a  dit  aujourd'hui  à  la  Bourse  que  le  roi  (de  Saxe)  au-- 
rait  la  Pologne  et  devrait  adopter  le  grand-duc  Constantin  ; 
que  la  Saxe  jusqu'à  la  Saale  tomberait  en  partage  à  la  Prusse 
et  que  le  reste  serait  donné  au  duc  de  Weimar.  Mais,  dites- 
moi,  l'Autriche  n'a-t-elle  pas  honte  de  nous  trahir  de  la  sorte? 
Et  cette  Angleterre,  qui  va  s'enrichir  à  nos  dépens,  ne  rou- 
gira-t-elle  pas  ? 

Je  Tai  toujours  appréhendé  et  cependant  cela  m'avait  paru 
impossible. 


630.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3.  4194  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Les  conseils  de  Talleyrand  à  la  Bavière,  au  Wurtemberg  et  à  Bade.  L'occu- 
pation imminente  de  la  Saxe  et  de  toute  la  Pologne.  La  position  critique 
de  TAutriche. 

«  Talleyrand  nous  invite  assez  souvent,  me  dit  le  baron  de 
Tûrkheim.  Il  cherche  à  nous  attirer  chez  lui  et  de  préférence 

de  Reiset  et  conduit  en  France  (voir  sur  son  projet  de  mariage  avec  M"*  Ré- 
camier  en  1887,  Herriot,  M'°'  Récamier  et  ses  amis).  Né  en  1779,  mort  en  1843, 
second  fils  du  prince  Auguste-Ferdinand,  frère  de  Frédéric  II,  il  devint  par 
l'héritage  de  son  père  et  de  son  frère  le  possesseur  de  la  plus  grande  fortune 
privée  des  États  Prussiens,  fortune  qui  fit  retour  à  la  Couronne,  le  prince 
ayant  contracté  un  mariage  qui  ne  fut  pas  accepté  par  la  famille  royale. 

1.  Conseiller  de  la  Légation  de  Bade  à  Vienne,  chargé  d'affaires  de  Bade. 
Auteur  de  la  brochure  :  Apologie  de  Frédéric  Auguste,  roi  de  Saxe,  par, 
sujet  dévoué  à  Sa  Majesté  au  mois  de  septembre  1814. 


LES    PRÉLIMINAIRES  ET    LES    AJOURNEMENTS    DU    CONGRÈS       439 

f  tout  ce  qui  est  Saxon,  Bavarois,  Wurtembergeois,  Badois,  Hes- 
)i  sois.  Nous  y  allons  sans  enthousiasme,  parce  que  ces  visites 
I  sont  mal  vues  par  l'Autriche,  la  Prusse  et  la  Russie.  Le  pro- 
I  jet  prussien  de  doter  l'Allemagne  de  cinq  régents  n'est  pas 
I  goûté  par  Talleyrand  qui  donne  à  tous  les  petits  Etats  aile- 
i  mands  le  conseil  de  refuser  la  constitution  fédérale,  si  toute- 
Ifois  on  se  décide   à  nous  la  proposer.  C'est  ce  qui  arrivera. 
Nous  voulons  un  Empereur,  mais  nous  n'accepterons  jamais 
cinq  régents  et  quant  a  l'Empereur,  ce  ne  peut  être  que  l'Em- 
pereur d'Autriche. 

«  Il  paraît  certain,  d'après  ce  que  disent  les  Italiens  présents 
à  Vienne,  d'après  ce  qu'on  lit  dans  les  lettres  venues  d'Italie, 
enfin  d'après    un  article   du  Moniteur,  sur  lequel  Thugut  a 
appelé  mon  attention  et  d'après  ce  que  Wessenberg  lui-même 
avoue  dans  l'intimité  :  Que  le  1"  novembre,  jour  de  l'ouver- 
ture du   Congrès,  la  Russie  occupera  militairement  toute  la 
Pologne  et  menacera  la  Galicie;  Que  la  Prusse  en  fera  autant 
en  Saxe   et  menacera  la  Bohême;  Que  dans  l'Allemagne  du 
Sud  nous  prétendrons  imposer  à  la  Bavière  et  au  Wurtemberg 
une  Constitution  dont  ces  deux  Etats  ne  veulent  pas  et  qu'ils 
rejettent  carrément;  Qu'en  Italie  nous  sommes  forcés  d'entre- 
:enir  une  forte  armée  qui  nous  coûte  fort  cher  et  dont  Tentre- 
ion  a  eu  pour  conséquence  l'aggravation  du  cours  du  change 
în  nous  obligeant  d'acheter  sur  le  marché  de  Vienne  le  numé- 
raire qu'il  nous  faut  envoyer  en  Italie,  où  dans  toutes  les  pro- 
rinces    que  nous  occupons,  on   crie  bien  haut  :  Nous  étions 
i/Urement  heureux  du  temps  de  Napoléon  que  sous  la  dotni- 
talion  autrichienne.  » 
Aussi  tout  le  monde  sent,  voit  et  dit  que  la  présence  des 
^ouverains  étrangers  nous  vaut  l'émission  de  500  millions  de 
orins  de  nouveaux  bons  d'anticipation  ;  QyxQ  Stadion  est  un 
>artisan  du  système  de  multiplication  du  papier-monnaie  pra- 
iqué  et  préconisé  par  le  comte  Charles  Zichy  ;  Qu'il  faudra 
>ourtant  mettre  un  de  ces  jours  un  terme  à  cette  fabrication 
u  papier  et  faire  une  nouvelle  loi  de  finance  ;  Que  la  situa- 
ion  des  affaires  dans  l'Allemagne  du  Sud,  en  Saxe,  en  Pologne, 
n  Italie  même  conduira  fatalement,  et  en  moins  de  deux  ans,  à 
ne  guerre  ;  Que  même  après  le  Congrès  l'Autriche  ne  pourra 
las  désarmer,  parce  qu'il  faut  qu'elle  monte  la  garde  en  Italie, 
n  Galicie,  en  Bohême,  sur  l'Inn  et  que  ces  gros  effectifs  achè- 
eront  de  ruiner  complètement  les  finances  de  la  Monarchie. 


440  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Quant  au  Congrès,  il  n'est  rien  autre  chose  qu'un  entr'acte 
dans  la  grande  tragédie  de  l'histoire  universelle,  qu'un  armis- 
tice dans  le  hélium  omnium  contra  omnes.  Il  permet  de  plus 
aux  autres  Etats  d'étudier  et  d'observer  de  près  nos  ministres, 
nos  finances,  notre  administration  et  c'est  pour  ce  beau  résul- 
tat que  nous  venons  encore  d'émettre  500  millions  de  florins 
de  papier-monnaie.  Telles  sont  les  jérémiades  qu'on  entend 
partout  exprimer  aujourd'hui  à  la  veille  de  l'ouverture  du 
Congrès. 


CHAPITRE  II 

L'ouverture  du  Congrès  et  les  questions 
de  Saxe  et  de  Pologne 

(2  Novembre  1814.  —  3  Janvier  1815) 


631.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4461  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (2  novembre  1814). 
(Bordereau  et  rapport  journalier) 


Vienne,  !•'  novembre. 
Rapport  à  HAGER 

Marie-Louise,  Hardenberg,  Talleyrand.  Scène  violente  chez  Metternich. 

Rapport  sur  l'emploi  fait  par  Marie-Louise  de  la  journée 
du  31,  sur  les  occupations  de  Bausset  et  de  M"*  de  Brignole. 

Rapport  sur  Hardenberg  et  la  conférence  orageuse  qui  a  eu 
lieu  le  31  à  8  heures  du  soir  chez  Metternich,  conférence  si 
agitée  qu'Hardenberg  se  retira  presque  de  suite  et  rentra  chez 
lui  à  9  h.  1/2  (1). 

Même  remarque  faite  pour  Talleyrand  et  annonce  de  l'envoi 
de  chiffons  de  la  comtesse  de  Périgord,  de  Talleyrand  et  de 
Dalberg. 


1.  Cf.  Gentz.  Tagebilcher,  I,  325,  lundi  31  octobre.  «  Agitation  et  affaires 
sans  nombre.  Chez  Castlereagh,  chez  Talleyrand,  etc.  Dîné  chez  Humboldt 
avecun3  partie  du  Congrès  et  beaucoup  de  monde.  A  8  heures  grande  con- 
férence. Rentré  à  10  h.  1/2.  Travaillé  jusqu'à  1  heure.  » 


442  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

632.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4461  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Aldini  a  fait  le  31  une  longue  visite  d'abord  à  Marie-Louise, 
puis  au  Prince  Eugène. 

AUiano  est  parti  pour  Naples  le  30  octobre. 

Inquiétudes  des  Ministres  Napolitains  sur  le  sort  de  Murai, 
qu'ils  disent  décidé  en  tout  cas  à  défendre  son  trône  à  outrance. 


633.  Vienne,  31  octobre  1814  (F.  3,  4523  ad  3563). 

ee  à  HAGER 

Rapport  sur  les  conciliabules,  le  mécontentement  et  les 
idées  de  résistance  des  petits  princes  Allemands  qui  se  réu- 
nissent à  cet  effet  chez  Gagern. 


634.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  356  >). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Conspirations  mondaines  contre  Metternich.  La  Sagan  et  la  Bagration,  Le 
dîner  du  31  chez  Humboldt  et  les  projets  de  la  Prusse.  Le  prince  Auguste 
de  Prusse,  le  prince  Eugène  et  Miss  Rumbold. 

Chez  Crenneville,  la  princesse  Bagration,  la  duchesse  de 
Sagan,  Tallejrand  et  Rechberg  ont  fait  des  gorges  chaudes 
sur  Metternich. 

La  Sagan  et  la  Bagration  vont  si  loin  que,  pour  le  décorum 
le  maintien  de  l'ordre  et  le  respect  des  convenances,  la  police 
devrait  les  expulser. 

Il  y  avait  le  31  à  dîner  chez  Humboldt,  Talleyrand,  Flassan  (  1  ), 
Bogne  de  Faye,  Wrede,  Rechberg,  Hacke,  Munster  et  Har- 

1.  Flassan  (Gaëtan  Raxis,  comte  de\né  en  1770,  émigré  pendant  la  Révo- 
lution, servit  à  l'armée  de  Gondé.  Professeur  d'histoire  sous  l'Empire  à 
l'école  de  Saint-Germain,  historiographe  du  Ministère  des  Affaires  Etran- 
gères en  1814  et  attaché  à  l'Ambassade  de  France  à  Vienne  pendant  le  Con- 
grès, dont  il  publia  plus  tard  l'histoire. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   443 

denberg.  La  Prusse  a  l'air  de  vouloir  se  rapprocher  de  la 
France. 

Le  prince  Auguste  de  Prusse  et  le  prince  Eugène  sont 
tous  deux  très  épris  de  Miss  Rumbold,  la  belle-fille  de  Sidney 
Smith,  chez  lequel  il  y  a  grand  thé  ce  soir. 


635.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4461  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français) 

Alexandre  et  la  duchesse  de  Sagan.  Sa  rupture  momentanée  avec  Metter- 
nich.  Les  relations  de  la  duchesse  avec  un  Anglais.  Metternich,  la  com- 
tesse Julie  Zichy  et  Alexandre  I".  Un  mot  de  Talleyrand  sur  Metternich 
et  la  façon  dont  il  sert  son  souverain.  Pourquoi  Montgelas  ne  vient  pas- 
Bruits  de  démission  de  Metternich. 

La  duchesse  de  Sagan  a  la  plus  grande  partie  de  sa  for- 
lune  en  Russie.  L'Empereur  Alexandre,  jaloux  de  Metternich, 
lui  a  créé  un  tas  de  difficultés. 

La  Sagan  voulut  alors  obtenir  d'Alexandre  une  audience 
qu'il  lui  refusa.  Entre  temps,  la  situation  s'aggravant  de  plus 
en  plus,  Alexandre  lui  fit  dire  par  un  tiers  qu'il  ne  consen- 
tirait à  faire  quelque  chose  en  sa  faveur  que  si  elle  rompait 
avec  Metternich.  Elle  s'y  prêta,  profita  de  toutes  les  occasions 
pour  faire  des  avances  à  Alexandre  et  le  marqua  d'autant 
mieux  qu'elle  affecta  d'ignorer  Metternich,  Peu  de  temps  après, 
elle  eut  soin  de  demander  en  présence  de  Metternich  une 
audience  à  Alexandre  qui  s'écria  :  «  //  ne  peut  pas  être  queS' 
tion  d'une  audience^  je  viendrai  chez  vous  demain.  » 

Metternich  a  été  furieux,  a  voulu  aller  faire  chez  elle  des 
reproches  à  la  Sagan  qui  refusa  de  le  recevoir.  Maintenant  il 
est  un  peu  calmé,  parce  qu'on  lui  a  dit  que  la  Sagan  accor- 
dait aussi  ses  faveurs  à  un  Anglais  (1).  Il  a  rompu  totalement 
avec  elle  et  Alexandre  en  jubile (i). 

1.  Il  s'agit  probablement  de  Lamb,  Ministre  plénipotentiaire  par  intérim 
à  Vienne  jusqu'à  l'arrivée  de  lord  Stewart,  peut  être  bien  aussi  de  ce  même 
lord  Charles  Stewart  lui-même,  qui  devint  un  peu  plus  tard  au  vu  et  au  su  de 
tout  le  monde  l'amant  en  titre  de  la  duchesse. 

2.  Cette  rupture  ne  fut  pas  aussi  définitive  qu'Alexandre  le  désirait  et  que 
Gentz  le  croyait,  à  en  juger  du  moins  d'après  ce  que  ce  même  agent  consta- 
tait dans  un  rapport  du  4  novembre  et  aussi  par  ce  que  Gentz  lui-même 
écrivait  à  Wessenberg  un  peu  plus  tard  le  9  avril  1816. 


444  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Autre  histoire  avec  la  comtesse  Julie  Zichy.  Alexandre  lui 
a  dit  qu'il  savait,  par  Metternich  lui-même,  qu'elle  lui  avait 
accordé  ses  faveurs.  La  comtesse  a  versé  un  torrent  de  larmes, 
n'a  pas  voulu  écouter  les  protestations  de  Metternich  et  l'a 
formellement  congédié. 

Ces  histoires  sont  connues  et  le  jeune  comte  deHochberg'(l), 
un  prince  badois,  a  dit  au  comte  Schenk.  «  Enfin  Metternich 
«  va  avoir  du  courage  et  par  haine  pour  Alexandre  il  contre- 
«  carrera  ses  funestes  projets.  » 

Talleyrand,  parlant  de  Metternich,  a  dit  devant  le  comte 
Senfft-Pilsach,le  baron  Ried  et  quelques  autres  :  «  Cet  homme- 
«  là  ne  me  fait  pas  i effet  d'être  le  premier  Ministre  de  la 
«  Maison  d'Autriche,  car  il  détrône,  T un  après  r autre,  tous  les 
«  Membres  de  la  Famille  Impériale, et  il  finira  par  son  Maître 
4a  même.  » 

Et  il  ajouta  :  «  Il  prêtera  la  main  pour  dépouiller  la  sœur  de 
«  son  Maître  (2)  de  son  héritage  légitime.  » 

Le  comte  Senfft-Pilsach  a  dit  avant-hier  au  baron  Ried  : 
«  J'espère  qu'on  ouvrira  enfin  les  yeux  et  qu'on  sera  persuadé 
«  que  Metternich  n'a  jamais  su  tirer  avantage  des  moments 
«  favorables  pour  l'intérêt  de  la  Maison  d'Autriche,  qu'il  les 
«  a  laissé  passer  plutôt  maladroitement  et  qu'il  n'a  pas  imposé 
«  assez  aux  autres  Ministres.  On  reviendra  à  Stadion.  Au  moins 
«  celui-ci  est  un  honnête  homme.  » 

Le  roi  de  Bavière  a  dit  ces  jours-ci  :  «  Montgelas  a  le  nez 
fin.  Il  ne  vient  pas.  Il  sent  quïl  n'y  a  rien  à  faire  ici.  » 

Les  Prussiens  disent  depuis  hier  que  Metternich  va  rendre 
son  portefeuille.  Ce  serait  un  grand  malheur  pour  l'Autriche 
et  pour  l'Allemagne. 


l.Il  s'agit  vraisemblablement  ici  du  Margrave  Gharles-Léopold-Frédéric  de 
Hochberg,  né  en  1790  du  second  mariage  (morganatique)  du  grand-duc  Char 
les  Frédéric  de  Bade  avec  Louise  Caroline  Geyer  von  Geyersberg,  à  laquell 
il  conféra  le  titre  de  Comtesse  de  Hochberg.  Le  Margrave  succéda  en  1830 
son  demi-frère  le  grand-duc  Louis-Guillaume-Auguste,  décédé  sans  enfants 
Le  Comte  de  Hochberg  épousa  en  1819  l'aînée  des  filles  de  Tex-roi  de  Suède 
Gustave  IV. 

2.  L'archiduchesse  Thérèse,  femme  du  prince  Antoine  de  Saxe. 


i 

I 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   445 

636.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  3565  1814). 

Nota  à  HAGER  (en  français) 

Le  congrès  et  l'opinion  publique.  La  guerre  probable.  La  Saxe,  Murât,  Ale- 
xandre, Metternich,  Talleyrand.  Terrain  gagné  par  les  Français.  Respon- 
sabilité de  Metternich  et  conséquences  de  la  politique  autrichienne.  Juge- 
ment sévère  qu'on  porte  sur  Alexandre.  Les  maladresses  de  lord  Stewart 
chez  la  duchesse  de  Sagan.  Ce  qu'on  pense  de  la  Confédération  et  du  Con- 
grès. Gravité  de  la  situation  pour  l'avenir  et  la  solidité  des  dynasties  et  des 
trônes.  Les  arrière-pensées  du  roi  de  Prusse.  La  princesse  de  Galles  et 
son  séjour  à  Milan, 

L'opinion  publique  est  toujours  mauvaise  par  rapport  au 
Congrès.  Partout  on  dit  qu'on  n'est  pas  d'accord,  qu'il  ne  s'agit 
plus  de  rétablir  l'ordre  et  la  justice,  mais  de  forcer  la  main, 
prendre  chacun  le  plus  qu'il  peut  et  qu'on  se  prépare  à  une 
guerre  générale  qui  ne  tardera  pas  à  éclater. 

L'affaire  de  la  Saxe  blesse  tout  le  monde.  Celle  de  Murât, 
qu'on  croit  que  notre  Cour  veut  conserver,  ne  déplaît  pas 
moins.  On  dit  ouvertement  qu'Alexandre  ne  peut  pas  souffrir 
Metternich; que  Talleyrand  est  le  seul  qui  parle  raison  à  pré- 
sent et  que  l'Evangile,  s'il  était  prêché  par  le  diable,  ne  cesse- 
rait pas  d'être  l'Evangile  et  c'est  le  cas  ;  car  «  Talleyrand  ne 
demande  rien  pour  la  France.  Il  ne  veut  que  justice,  équilibre, 
modération,  tranquillité  sur  les  saintes  bases  du  droit  et  de  la 
raison.  » 

En  général,  le  public,  et  celui  de  Vienne  par  excellence,  a 
un  certain  bon  sens  qui  le  porte  à  bien  juger  les  choses  et  à 
éviter  toute  passion  dans  ses  jugements.  Cela  fait  que  les  Fran- 
çais gagnent  à  présent  dans  les  sociétés  et  dans  la  classe  du 
milieu  et  que  les  Russes  et  les  Prussiens  et  notre  Ministère 
lui-même  perdent  dans  l'opinion  publique.  On  est  fatigué  de 
tant  d'amusements,  peiné  de  tant  de  dépenses,  après  lesquelles 
nous  aurons  attiré  les  Russes  dans  l'oreille  de  la  Hongrie  et 
perdu  dans  peu  d'années  notre  Galicie,  détrôné  le  plus  ancien 
roi  de  l'Allemagne  et  établi  à  perpétuité  une  haine  irréconci- 
liable entre  les  Saxons  et  les  Prussiens,  mis  ceux-ci  irrévoca- 
blement à  la  merci  de  la  Russie  qui,  maîtresse  de  la  Pologne, 
peut  en  quatre  jours  arriver  à  Berlin  et  attaquer  quand  elle  le 
voudra  le  cœur  de  l'Allemagne. 

Au-dessus  de  cela,  nous  aurons,  si  nous  le  pouvons,  sanc- 


446  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

tionné  l'usurpation  de  Naples,  récompensé  en  Murât  les  crimes 
que  nous  avons  punis  en  Bonaparte,  scandalisé  le  monde  par 
la  plus  infâme  politique  qu'on  ait  jamais  faite  et  que  les  Russes, 
Anglais,  Prussiens,  Français,  Espagnols,  Italiens,  enfin  toute 
l'Europe  mettra  exclusivement  sur  notre  compte  et  spéciale- 
ment sur  celui  du  seul  prince  de  Metternich  qui,  je  suis  fâché 
de  le  dire,  perd  tous  les  jours  de  plus  en  plus  la  faveur  de 
l'opinion  publique,  et  cela  au  point,  que  j'ai  dû  moi  même 
prendre  son  parti  entre  desgens  qui  le  disaient  acheté  par  Murât, 
ce  qui  prouve  à  quel  point  on  est  irrité  contre  lui. 

Pour  Alexandre,  on  peut  dire  qu'on  le  connaît  bien  à  pré- 
sent à  Vienne.  On  le  croit  un  fourbe  qui  fait  le  philanthrope 
avec  les  honnêtes  gens,  mais  qui  veut  bien  aussi  s'attacher  la 
canaille,  pour  avoir  tout  le  monde  pour  lui.  On  le  croit  faux, 
sans  morale  pratique,  tout  en  parlant  religion  comme  un  saint 
et  en  conservant  avec  affectation  toutes  les  apparences.  Ce 
monarque  non  seulement  n'est  pas  aimé  ici,  mais  méprisé  et 
détesté. 

Les  Prussiens  n'ont  pas  de  lui  une  autre  idée  que  les  Vien- 
nois, mais  ils  cachent  leurs  sentiments  au  public  et  parlent 
très  clair  dans  les  petites  coteries. 

Vendredi  dernier,  le  28,  l'ambassadeur  d'Angleterre  était  chez 
M"'  de  Sagan  le  soir.  Tout  d'un  coup  cet  original  s'adressa  à  elle 
et  lui  dit  :  «  Que  pensez-vous  d'Alexandre  ?  Pour  moi  je  le  crois 
«  un  fou,  ambitieux,  imposteur.  Voilà  mon  opinion.  Et  vous, 
«  qu'en  dites-vous?  » 

La  duchesse,  frappée  de  ce  propos  tenu  devant  dix  personnes 
et  très  embarrassée,  commença  par  sourire,  puis  elle  lui  dit  : 
«  Je  trouve,  Mvlord,  que  vous  prenez  le  mors  aux  dents  comme 
«  le  cheval  que  vous  avez  donné  ce  matin  à  ma  sœur  Dorothée  (1  ) 
«  qui  a  manqué  de  se  casser  le  cou  au  Prater.  » 

Puis  elle  se  leva  et  alla  causer  avec  un  autre. 

Je  tiens  cette  anecdote  de  quelqu'un  qui  était  présent. 

On  n'espère  plus  trop  non  plus  de  cette  Confédération  d'Al- 
lemagne sans  chef.  On  dit  d'avance  qu'elle  n'ira  pas,  enfin  que 
le  Congrès  finira  parce  qu'il  faut  finir,  mais  qu'il  laissera  les 
choses  plus  embrouillées  qu'elles  ne  l'étaient  à  son  ouverture. 

Ce  qui  me  blesse  au  cœur,  c'est  que  les  peuples  qui,  par  les 
succès,  la  sincérité  et  la  noblesse  dé  cette  belle  coalition  avaient 

1.  La  comtesse  Edmond  de  Talleyrand-Périgord. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA   SAXE    ET    LA    POLOGNE      447 

conçu  tant  d'estime  et  d'attachement  pour  leurs  chefs,  voyant 
comme  ils  oublient  ce  qu'ils  avaient  promis  solennellement  :  la 
justice,  l'ordre,  la  paix  fondée  sur  l'équilibre  et  la  légitimité 
des  possessions,  finiront  par  ne  plus  aimer  leurs  chefs  et  ne 
plus  avoir  confiance  en  leurs  principes  et  leurs  promesses,  et 
alors,  où  irons-nous  ? 

Le  tableau  est  bien  triste.  La  loyauté,  la  fermeté,  la  justice 
peuvent  seules  encore  nous  sauver. 

Les  Prussiens,  de  leur  côté,  tâchent  de  sauver  leur  roi  et 
disent  partout  à  Toreille  que  le  roi  est  très  fâché  de  devoir 
prendre  la  Saxe  ;  que  cela  lui  coûte  infiniment  de  peine  ;  qu'il 
aimerait  mieux  reprendre  sa  Pologne,  quoiqu'il  n'ait  pas  de 
raison  d'aimer  les  Polonais. 

Tel  est  le  résultat  de  ce  que  j'entends  dire,  du  matin  au  soir, 
à  présent  que  je  suis  assez  poussé  dans  le  monde  et  au  point 
que  je  ne  vois  pas  moins  d'une  centaine  de  personnes  de  diffé- 
rentes classes  et  nations  dans  la  journée. 

...  La  princesse  de  Galles  a  été  très  généreuse  et  très  pro- 
digue de  sa  figure  à  Milan,  mais  très  économe  de  sa  bourse. 
Elle  n'a  rien  donné  à  personne,  malgré  qu'elle  ait  gêné  bien 
du  monde  et  visité  tous  les  endroits  où  tout  étranger  donne 
quelque  chose  aux  gens. 


637.  Bucharest,  19  octobre  1814  (F.  3.  4453  ad  3565). 

Prince  de  VALAGHIE  (Karadja)  à  GENTZ 
{Intercepta)  (en  français). 

Indications  relatives  à  l'expédition  de  la  correspondance. 
Promesse  de  discrétion  absolue. 

J'ai  lu  avec  avidité  votre  dépêche  du  6  de  ce  mois  que  vous 
avez  bien  fait  de  m'envoyer  par  voie  extraordinaire.  J'ai  or- 
donné à  mon  agent  (1)  d'avoir  des  personnes  sûres  pour  me 
les  expédier  en  courrier  autant  de  fois  que  vous  jugerez  con- 
venable de  les  employer. 

Ayant  de  tels  moyens,  mon  cher  M.  Gentz,  je  vous  prie  de 

1.  Bellio  dont  Karadja  ignorait  encore  les  aventures  et  l'expulsion.- 


448  "      AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

m^écrire  toujours  ouvertement,  comptant  sur  ma  discrétion, 
ma  circonspection  et  ma  très  vive  gratitude.  Si  vous  me  con- 
naissez du  dévouement  pour  la  Cour  de  Vienne,  de  la  recon- 
naissance pour  son  ministre  et  de  la  délicatesse  que  je  dois 
avoir  pour  des  affaires  aussi  intéressantes  et  d'une  si  haute 
importance,  je  crois  que  vous  devez  me  rendre  justice  en  me 
parlant  toujours,  sous  le  sceau  du  secret  le  plus  inviolable, 
avec  toute  la  cordialité  que  l'intimité  exige. 

En  attendant  je  suivrai  vos  conseils  et  regarderai  en  tout 
cas  votre  dernière  dépêche  comme  une  clef  pour  celles  que 
j'aurai  l'honneur  de  recevoir  de  votre  part. 


638.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4461  ad  3565). 

GENTZ  au  Prince  de  VALAGHIE  (Intercepta)  (en  français). 

Cette  dépêche  a  été  publiée  in  -extenso  en  Allemand  dans  Oes- 
terreich's  Theilnahme,  pages  456  457,  à  l'exception  du  premier 
paragraphe,  dans  lequel  Gentz,  après  avoir  accusé  réception  à 
l'hospodar  de  la  lettre  qui  précède,  insiste  sur  l'ennui  que  lui 
cause  l'affaire  Bellio  et  ajoute  qu'il  n'a  pu  encore  parler  au 
prince  de  Metternich,  écrasé  de  travail,  des  choses  qui  intéres- 
sent le  prince  de  Valachie. 

Il  en  est  de  même  pour  le  paragraphe  par  lequel  se  termine 
la  dépêche  de  Gentz. 

«  Comme  je  n'ai  aucune  idée  de  ce  que  M.  Bellio  est  devenu 
depuis  son  départ  d'ici,  je  renvoie  à  Votre  Altesse  la  lettre 
qui  contenait  l'assignation  et  je  me  servirai  d'une  autre  voie 
pour  réaliser  les  intentions  gracieuses  de  Votre  Altesse.  » 


639.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4475  ad  3565). 

HAGER    à   L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  3  novembre  1814. 

Rapports  relatifs  aux  différents  incidents  qui  se  sont  pro- 
duits pendant  le  séjour  des  Souverains  en  Hongrie. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      449 
640.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4234  ad  3565). 

EMPEREUR  FRANÇOIS  à  HAGER 

Ordre  de  surveiller  le  général  Steigentesch,  attaché  à  la 
suite  du  Roi  de  Danemark,  son  ancien  aide  de  camp,  le  lieu- 
tenant autrichien  Klaus  et  le  grand  Echanson  du  grand-duc 
de  Bade,  le  Baron  Ende. 


641.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4234  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (I). 

On  n'a  encore  rien  remarqué  de  suspect  dans  la  conduite  du 
Général  Steigentesch.  Quant  à  Klaus,  je  l'emploie  pour  les 
affaires  du  Congrès  et  je  fais  surveiller  le  Baron  Ende. 


[2.  Vienne,  3  novembre -1814  (F.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  1"  novembre,  Alexandre,  sc  promenant  seul  à  pied,  ren- 
[ontra  le  Prince  Eugène,  lui  serra  très  chaudement  la  main  et 
l.t  une  assez  longue  promenade  avec  lui. 


Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français) 

Les  affaires  du  Prince  Eagène  en  bonne  voie.  Arrivée  de  Fava 
et  de  Squarzoni. 

Les  affaires  du  prince  Eugène  sont  en  bonne  voie  et  on  lui 
)nnera  une  compensation  territoriale. 

Cette  pièce  étant  la  réponse  aux  ordres  de  l'Empereur,  j'ai  cru  devoir  la 
^cer  immédiatement  après  le  billet  impérial. 

T.  L  29 


450  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

Fava  et  Squarzoni  (1)  viennent  d'arriver  à  Vienne,  porteurs 
d'une  adresse  des  habitants  des  Légations  qui  demandent  à 
être  rendus  au  Pape. 

D'Arnay  a  fait  connaître  à  Tagent  les  principales  questions 
qui  furent  la  base  des  travaux  du  Congrès. 


644.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
La  journée  de  Hardenberg  le  1"  novembre. 

Hardenberg  a  eu,  le  1"  novembre,  de  2  à  5  heures,  une  coDi"^ 
férence  chez  Humboldt  avec  Metternich,  Razoumoffsky,  Nes- 
selrode,  Stackelberg  et  Gastlereagh  (2). 

Le  soir,  autre  conférence,  de  8  heures  à  1 1  heures,  chez  Met- 
ternich, à  laquelle  assistent  la  plupart  des  plénipotentiaires  des 
princes  de  l'Empire  et  Wrede. 


645.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
i  •  —  La  surveillance  du  Comte  de  Rechberg. 

Détails  sur  Torganisation  du  service  de  Fagent  placé  chez 
comte  de  Rechberg.  Il  n'a  encore  rien  fourni  parce  que  Rech- 
berg n'a  encore  rien  fait.  Mais  il  sait  où  on  placera  les  papien 
et  comme  c'est  lui  qui  sera  chargé  de  leur  réception  et  de  lei 
expédition,    il  lui  sera  facile   de  donner  toute   satisfaction  à 
Hager. 

(Cet  agent  vient  du  service  du  Conseiller  Steinlein.) 

1.  Le  comte  Fava-Ghislieri,  de  Bologne  et  le  comte  Squarzoni,  de  Ferra 
s'étaient  chargés  de  faire  signer  dans  ces  deux  villes  et  dans  les  environs  une 
adresse  en  faveur  du  retour  des  Légations  au  Saint-Siège  (cf.  Rinieri.  IlCon- 
gresso  di  Vienna  e  la  Santa  Sede  et  Corrispondenza  inedita  dei  Cardinali 
Consalvi  e  Pacca. 

2.  Gentz.  Tagebûcker,!,  325. 


;?i 


l'ouverture   du   congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      451 

646.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4309  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Le  général  Filangieri  se  prépare  à  partir  pour  Naples  {i)t 


647.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4209  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER  (en  français). 

Renseignements  fournis  par  les  conseillers  des  légations  d'Espagne  et  de  Por- 
tugal. Ouverture  du  Congrès  le  3.  La  France,  la  Hollande,  la  Prusse.  Re- 
maniements de  la  carte  d'Allemagne.  Dangers  résultant  de  l'agrandisse- 
ment de  la  Prusse.  L'Autriche,  la  Russie,  la  Pologne,  le  Pape,  Murât,  les 
Légations. 

On  a  décidé  d'ouvrir  le  Congrès  le  3,  de  renfermer  la  France 
dans  les  limites  du  traité  de  Paris,  d'attribuer  à  la  maison 
d'Orange  les  Pays-Bas,  à  la  Prusse  les  places  de  Mayence  et 
de  Cologne,  les  duchés  de  Berg  et  de  Juliers  et  la  principale 
partie  de  la  Saxe. 

La  Prusse  sera  tellement  forte  qu'avec  le  temps  elle  pourra 
devenir  funeste  à  l'Allemagne  et  notamment  à  TAutriche.  Ces 
deux  maisons  ont  pu,  dans  le  malheur,  faire  taire  leurs  riva- 
lités, mais  elles  se  réveilleront  dans  la  prospérité  et  ensan- 
glanteront encore  les  champs  de  l'Allemagne. 

L'Autriche,  outre  ses  possessions  d'Italie,  aura  la  Brisgovie 
{sic)f  une  partie  de  la  Souabe  et  Kehl,  moyennant  des  arran- 
gements avec  la  Bavière,  à  laquelle  on  cédera  le  duché  de 
Bade,  dont  le  souverain  a  fait  un  contrat  avantageux  et  ira 
finir  ses  jours  à  Paris,  au  Palais-Royal. 

1.  Filangieri  ne  partit  que  le  6  novembre  (cf.  Dépêche  de  Metternich  à  Mier 
du  6  novembre  dans  Commandant  Weil,  Joachim.  Murât.  La  dernière  année 
du  règne,  II,  9. 

Filangieri  (Carlo-Cesare)  i  1784-1867).  Passé  au  service  de  la  France  le  17  juin 
1800,  rentré  au  service  de  Naples,  devenu  aide  de  camp  généi'al  de  Joachim,  le 
26  avril  1814,  grièvement  blessé  au  combat  du  Panaro,  il  continua  à  servir 
les  Bourbons  jusqu'en  1822.  Réintégré  en  1831,  il  commanda  en  chef  le  corps 
expéditionnaire  de  Sicile  en  1848,  bombarda  Meskine,  pacifia  l'île  et  reçut  le 
titre  de  duc  de  ïaormina.  Mis  à  la  retraite  le  12  février  1855,  il  fut  en  1859 
après  la  bataille  de  Magenta,  appelé  par  François  II  à  remplir  pendant  peu 
de  temps,  les  fonctions  de  président  du  Conseil  des  Ministres.  Mort  à  Portici 
le  14  octobre  1867. 


^mt.'^-^i» 


452  AUTOUR  DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

La  Russie  dispose  de  la  Pologne  et  par  conséquent  domine 
en  Europe. 

Les  dépouilles  du  Pape  indemniseront  différents  princes  en 
Italie,  et  Murât,  en  récompense  de  son  honteux  marché, 
ajoute  la  marche  d'Ancône  à  son  Royaume. 

On  ignore  encore  si  les  trois  Légations  viendront  au  Roi 
d'Etrurie  ou  au  grand-duc  de  Toscane. 


648.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

Rapport  n°  16  à  HAGER  (en  français). 

Le  prince  de  Ligne  sur  le  Congrès.  Les  fautes  commises, 
Naples,  Saxe,  Danemark,  Talleyrand. 

Le  prince  de  Ligne  disait  aujourd'hui  :  «  Voilà  le  Congrès 
commencé  et  fini  en  un  même  jour.  » 

Il  fut  prié  de  s'expliquer.  Il  observa  que  rien  n'était  encore 
décidé  et,  disait-il  :  «  Puisqu'on  a  pris  le  parti  de  ne  point  se 
«  battre,  chacun  occupera  et  tiendra  ce  qu'il  aura  occupé.  Les 
«  Ministres  se  disputent,  les  grands  personnages  s'amusent  ; 
<  l'armée  est  impatiente  et  le  public  est  mécontent,  A  quoi 
«  faut-il  attribuer  la  pierre  d'achoppement  ?  Est-ce  à  Naples 
«  qui  cause  le  plus  d'embarras  ?  L'Autriche  n'a  qu'à  dire  aux 
«  autres  Puissances  :  «  Je  m'en  lave  les  mains.  Faites  ce  que 
«  vous  voudrez  ».  Est-ce  la  Saxe  ?  Je  pourrai  bien  demander 
«  pourquoi  l'on  n'a  pas  retenu  le  roi  à  Prague  ?  Si  même  on 
«  eut  dû  donner  un  demi-million  à  son  médecin  pour  lui  faire 
«  comprendre  que  le  roi  était  dangereusement  malade.  Mais 
«  la  faute  est  commise,  comment  la  réparer  ?  Ce  que  l'on  fait 
«  avec  le  Roi  de  Saxe  est  une  atrocité.  Je  n'aime  pas  Talley- 
«  rand,  mais  j'aime  à  voir  qu'il  prend  le  parti  de  ce  Mo- 
«  narque.  Je  ne  puis  de  même  regarder  le  Roi  de  Danemark 
«  sans  avoir  le  cœur  serré.  On  lui  en  veut  tant  par  rapport  à 
«  Hambourg,  et  après  tout  les  Hambourgeois  étaient  des  Car- 
«  magnols  enragés.  Ils  ont  mérité  d'être  punis.  » 


«*•,-»;-'" 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      453 

649.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4475  ad  3565). 

KLAUS  à  ZWAGH  à  (Francfort)  (intercepta)  (en  allemand). 
Ouverture  du  Congrès.  L'Autriche  et  la  couronne  impériale  d'Allemagne. 

Le  Congrès  a  été  ouvert  hier.  Aujourd'hui  on  a  su  que 
l'empereur  d'Autriche  accepterait  la  couronne  impériale  d'Al- 
lemagne. On  croit  que  les  souverains  réunis  à  Vienne  sont 
d'accord.  La  Prusse  même  aurait  consenti  en  mettant  pour 
condition  le  maintien  de  l'élection. 

Gaertner  vient  d'être  appelé  chez  Metternich  probablement 
pour  cela. 


650.  Vienne,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4475  ad  3565). 

MAVROJENI  au  Prince  de  MOLDAVIE  (Intercepta)  (en  français). 

La  déclaration  du  2  novembre.  Les  intentions  d'Alexandre.  Le  Beobachter 
et  l'article  du  Moniteur  du  22  octobre.  Causes  de  la  remise  de  l'ouverture 
réelle  du  congrès.  La  question  de  Pologne.  Gravité  de  la  situation.  Atti- 
tude et  armements  de  la  France. 

L'ouverture  du  Congrès,  annoncée  pour  aujourd'hui,  n'a  pas 
lieu  et  elle  ne  se  fera,  selon  les  uns,  que  demain  ou  après- 
demain  ;  selon  d'autres  que  le  6  ou  le  10.  Rien  ne  prouve 
mieux  que  ce  renvoi  et  ce  vague,  qu'on  n'est  pas  encore  d'ac- 
cord sur  plusieurs  points  principaux. 

Les  plénipotentiaires  s'étaient  proposé  de  profiter  de  l'ab- 
sence des  souverains  pour  avancer  dans  leur  travail.  Ils  avaient 
en  effet  plus  de  calme  et  l'influence  directe  de  leurs  Maîtres 
les  gênait  moins.  Effectivement,  les  séances  n'ont  pas  discon- 
tinué le  30  et  le  31  octobre.  Il  y  eut  même  des  Assemblées  des 
Ministres  des  Huit  qui  forment  le  Comité  de  propositions  (1). 

Dans  une  audience  que  l'Empereur  Alexandre  a  accordée  au 
*rince  de  Metternich,  Sa  Majesté  ne  doit  avoir  témoigné 
lucune  disposition  de  renoncer  à  son  projet  de  garder  la  ma- 

1.  Cf.  d'Angebbhg,  358-362.  Premier  protocole  de  la  Conférence  du  30  oc- 
>bre  1814  des  Plénipotentiaires  des  Huit  puissances  signitaires  du  Traité 
le  Paris  et  deuxième  protocole  de  la  Conférence  du  31  octobre  des  mêmes 
j^lénipotentiaires. 


454  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

jeure  partie  du  duché  de  Varsovie.  Sa  Majesté  s'est  même 
servie  de  la  phrase  catégorique  :  «  Je  le  veux  !  qiCon  vienne 
m'en  déposséder  I  » 

Dans  une  autre  occasion,  Sa  Majesté  répliqua  au  Prince  de 
Talleyrand  qui  observait  que  le  Roi  de  Saxe  n'abdiquerait 
pas:  «  Qu'est-ce  que  cela  fait?  Il  ne  sera  pas  le  premier  Roi  de 
Pologne  mort  en  Russie.» 

Qu'on  juge  d'après  ces  données  confuses  combien  il  faut 
de  prudence,  de  tact  et  de  fermeté  pour  conduire  les  négo- 
ciations de  manière  à  satisfaire  les  différents  partis  et  à  réunir 
leurs  suffrages. 

La  cour  de  Vienne  a  fait  publier  dans  les  gazettes  d'ici  les 
remarques  que  fait  le  Moniteur  du  22  octobre  sur  l'esprit  de 
sagesse  et  de  modération  qui  doit  animer  les  Puissances 
assemblées  au  Congrès. 

On  cite  un  propos  du  prince  de  Talleyrand  qui  prouverait 
que  la  France  trouve  outrées  les  prétentions  de  quelques 
puissances.  Il  aurait  dit  :  «  Je  crois  qu'on  fait  jusqu'ici  plutôt 
«  la  guerre  aux  succès  de  Bonaparte  qu'à  ses  principes.  » 


651.  Vienne,  2  novembre  1814  (F.  3.  4475  ad  3565). 

MAVROJENI  au  Prince  de  MOLDAVIE  {Iiilercepla)  (en  français). 
Envoi  de  la  déclaration.  Considérations  sur  la  situation.  Attitude  de  la  France. 

Ci-joint  par  estafette  la  déclaration  qui  vient  de  paraître  et 
qui  confirme  que  les  grandes  questions  n'ont  pu  être  portées 
jusqu'ici  au  point  de  maturité  pour  commencer  le  Congrès  (1). 

La  vérification  des  pleins  pouvoirs  n'est  qu'une  formalité 
qui  aurait  pu  se  faire  il  y  a  longtemps. 

Les  plénipotentiaires,  qui  en  sont  chargés,  ont  été  tirés  au 
sort  et  ce  sont  ceux  d'Angleterre,  de  Russie  et  de  Prusse.  Ils 
constateront  seulement  l'authenticité  des  documents  qui  leur 
seront  présentés  par  les  Ministres  des  différentes  Puissances, 
sans  énoncer  lesquels  de  ces  ministres  seront  admissibles  ou 

1.  Cf.  d'Angeberg,  361-362,  Annexe  B  au  premier  protocole  de  la  Confé- 
rence du  30  octobre  1814.  Projet  de  Déclaration,  etc.,  etc.,  et  deuxième  pro- 
tocole de  la  Conférence  du  31  octobre. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      455 

non.  De  cette  manière  l'ouverture  du  Congrès  est  renvoyée  à 
un  terme  peut-être  même  assez  éloigné. 

L'obstacle  principal  de  ce  renvoi  vient  de  la  Russie  qui  per- 
siste à  vouloir  garder  la  presque  totalité  du  duché  de  Varsovie 
et  à  former  un  Royaume  de  Pologne.  Cette  idée  est  vivement 
combattue  par  l'Autriche  et  l'Angleterre,  et  si  toutes  les  trac- 
tations, qui  ont  été  faites  pour  se  rapprocher  sur  ce  point,  res- 
taient sans  succès,  le  Congrès  pourrait  bien  ne  commencer 
jamais  et  il  pourrait  en  résulter  un  état  de  statu  qiio  de  l'Eu- 
rope très  fâcheux  pour  les  pays  dont  le  sort  est  laissé  indéter- 
miné, nommément  la  Saxe,  les  provinces  de  la  rive  gauche  du 
Rhin  et  celles  de  l'Italie  conquises  sur  la  France. 

Les  plénipotentiaires  français  s'opposent  également  à  l'agran- 
dissement de  la  Russie,  et  l'ordre  de  mettre  100.000  hommes 
sur  pied  a  été  donné  depuis  peu  en  France.  Cependant  la  France 
est  d'avis,  que  c'est  d'abord  à  l'Autriche  de  se  prononcer  contre 
les  prétentions  russes,  cette  puissance  étant  la  plus  intéressée 
à  ce  qu'elles  ne  se  réalisent  pas. 

L'état  actuel  des  choses  est  un  état  de  crise  qui  peut  tour- 
ner en  bien  ou  mal  et  sur  l'issue  duquel  il  est  impossible  de 
rien  déterminer  en  ce  moment. 


652.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

HAGER    à   L'EMPEREUR 

Rapport  journalier  et  bordereau  du  4  novembre. 

Il  appelle  son  attention  sur  les  rapports  relatifs  à  l'état  de 
l'esprit  public  en  France  et  en  Angleterre  et  sur  les  projets 
d'annexion  du  Luxembourg  à  la  Hollande. 


653.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4168  àd  3565). 

L'EMPEREUR    à    HAGER 

Ordres  qu'il  lui  donne  relativement  à  la  surveillance  à  exer- 
cer sur  Goupy  (Réponse  à  la  question  posée  par  Hager  dans 
son  bordereau  du  31  octobre). 


456  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

654.  Vienne,  3  novembre  1814  {F.  3.  4523  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER  [Intercepta  divers). 
Bordereau  de  la  Manipulation. 

Greuhm  (1)  à  Hardenberg  (Londres  22  octobre)  (sur  les  évé- 
nements d'Amérique  et  la  défaite  des  Anglais  au  lac  Gham- 
plain). 

Jomini  à  Herzog  et  G'*,  à  Aarau  (contenant  une  lettre  pour 
sa  femme,  à  laquelle  il  conseille  d'aller  à  Munich,  d'y  descendre 
au  Schwarzer  Adler,  où  il  espère  pouvoir  la  rejoindre  du  20  au 
25.  Le  long  entretien,  qu'il  a  eu  la  veille  avec  l'Empereur  de 
Russie,  le  décide  à  ce  voyage). 

Talleyrand  (avec  lettre  incluse  à  Noailles,  à  Saint-Péters- 
bourg, en  chiffre  que  les  agents  de  Hager  n'ont  pu  déchiffrer). 

Stackelberg  à  Ott  (lettres  particulières,  plus  quantité  de 
lettres  à  divers,  mais  sans  aucun  intérêt  politique). 


655.  Vienne,  3  novembre  1814  (F,  3.  4231  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance   de  Marie-Louise.   Lettre   qu'elle   reçoit  de    Talleyrand. 
Sa  réponse.  Lettres  apportées  par  Noailles.  Visite  du  Prince  Eugène. 

M"»'  de  Brignole  a  reçu,  le  2,  une  lettre  de  Talleyrand  qu'elle 
a  aussitôt  portée  à  Marie-Louise.  La  réponse  en  a  été  à  l'ins- 
tant même  transmise  à  Talleyrand  par  un  homme  à  cheval. 

Marie-Louise  a  reçu  de  plus  deux  lettres  apportées  par  le 
comte  de  Noailles. 

On  affirme  qu'il  y  a  encore  au  service  de  Marie-Louise  un 
domestique  et  un  palefrenier  qui  sont  d'anciens  soldats  fran- 
çais. 

Le  prince  Eugène  a  fait,  le  3,  à  Marie-Louise  une  visite  qui 
a  duré  de  1  heure  à  2  heures. 

1.  Conseiller  de  la  Légation  de  Prusse.  Il  était  en  1825  (d'après  les  Sou- 
venirs du  Chevalier  de  Cussy,  p.  133-134)  ministre  à  Berlin  d'un  tas  de 
petites  principautés  allemandes. 


I 


M 


l'ouverture    du   congrès.   —   LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      457 

656.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Effet  produit  par  la  déclaration  des  Quatre.  Doutes  sur  l'issue  du  Congrès. 

Mauvaise  impression  produite  par  la  publication  faite  au- 
jourd'hui de  la  Nouvelle  déclaration  des  Quatre  (1). 

On  a  de  plus  en  plus  des  doutes  et  des  craintes  sur  le  suc- 
cès de  rissue  du  Congrès  et  on  s'étonne  du  choix  fait  des  Mi- 
nistres d^Angleterre,  Russie  et  Prusse  pour  la  vérification 
des  pleins  pouvoirs  des  autres  Ministres. 


657.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Affaire  de  Saxe.  Hardenberg  et  les  Princes  allemands  chez  Metternich. 
Chiffons  pris  chez  Gaertner. 

Retard  apporté  au  départ  du  Conseiller  d^Etat  (prussien) 
Friese  pour  la  Saxe,  la  prise  de  possession  de  ce  pays  par 
la  Prusse  n'étant  pas  encore  absolument  décidée. 

Hardenberg  n'est  resté  qu'un  instant  à  la  Conférence  que 
les  princes  allemands  ont  tenue  chez  Metternich. 

Envoi  de  trois  chiffons  (peu  intéressants)  pris  chez  Gaert- 
ner. 


(58.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565:. 

Rapport  à  HAGER 

j'opinion  des  Princes  allemands  sur  le  Congrès.  La  Russie  et  la  Prusse  d'ac- 
cord pour  pousser  l'Autriche  sur  l'Italie  et  avoir  les  mains  libres  en  Saxe 
et  en  Pologne.  Mot  de  Talleyrand  au  prince  Eugène.  Le  Prince  royal  de 
Bavière  chez  Talleyrand.  L'altercation  entre  Alexandre  et  Metternich  et  le 
mot  de  Tettenborn. 

Les  princes  allemands,  forts  mécontents  de  Metternich  dont 

1.  Cf.  d'Angeberg,  376,  Avertissement  relatif  à  la  présentation  et  à  la  véri- 
àtion  des  pleins  pouvoirs   des  Ministres  Plénipotentiaires  au  Congrès  de 
fienne  en  date  du  !•'  novembre  1814. 


458  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

ils  se  méfient,  croient  tous  qu'on  se  séparera  sans  avoir  rien  ■ 
fait  d^utile.  On  pense  en  général  que  la  Prusse  et  la  Russie  | 
se  sont  mises  d'accord  pour  aiguiller  la  politique  de  l'Autriche 
vers  l'Italie  où  les  troubles  qui  y  ont  déjà  éclaté  et  les  diffi- 
cultés certaines  avec  Naples  lui  donneront  du  fil  à  retordre, 
pendant  que  les  deux  Puissances  mettront  à  exécution  leurs 
programmes  et  leurs  projets  en  Saxe  et  en  Pologne. 

Talleyrand  a  dit  ces  jours-ci  au  prince  Eugène  ;«  Le  dîner 
sera  bientôt  fini  et  je  crains  fort  qu'il  n'y  ait  des  coups  de 
canon  au  dessert.  » 

Les  Bavarois  partagent  ses  idées  et  ses  craintes.  Le  Prince^ 
Royal  a  eu  hier  avec  Talleyrand  un  entretien  qui  a  porté  sur  'f 
l'explication  violente  qui  a  eu  lieu  entre  Alexandre  et  Metter- 
nich(l). 

Tettenborn  a  dit  :  «  Mon  Empereur  ne  peut  pas  souffrir 
Metternich.  11  lui  a  dit  son  fait  et  a  réglé  son  compte  avec 
lui.  » 


659.  Vienne,  2  et  3  novembre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

0©  à  HAGER 

La  campagne  contre  Metternich.  La  situation  de  l'Autriche.  Les  délégués 
suisses  mécontents  de  l'intervention  d'Alexandre  dans  leurs  afl'aires.  Ce 
qu'on  raconte  dans  les  salons  sur  l'Empereur  François,  Metternich,  Stadion 
et  Talleyrand. 

D'après  ce  qu'on  dit  chez  Starhemberg,  on  néglige  complè- 
tement les  intérêts  que  l'Autriche  a  en  Saxe,  en  Pologne  et 
en  Allemagne,  et  l'Autriche  se  compromet  avec  les  Médiati- 
sés. Ceux-ci  cherchent  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir  à 
provoquer  une  crise  ministérielle  et  à  ramener  le  comte  Sta- 
dion au  pouvoir,  parce  qu'ils  le  savent  tout  acquis  à  leur  cause, 
bien  vu  par  la  Russie  et  en  opposition  d'idées  complète  avec 
Metternich.  Wessenberg,  quoique  très  estimé  et  protégé  pa^. 
Metternich  et  très  avant  dans  sa  confiance,  tient  lui  aussi  poi 
Stadion. 

A  en  croire  les  Médiatisés,  Metternich  ne  peut  manquer 

1.  Allusion  à  la  scène  qui  eut  lieu  le  24  octobre  au  matin  avant   le  dépa 
d'Alexandre  pour  la  Hongrie. 


l'ouverture    du  congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      459 

perdre  son  poste.  Le  rôle  que  l'Autriche  joue  au  Congrès, 
l'état  des  affaires  en  Pologne,  en  Saxe,  en  Bavière,  en  Italie, 
la  nature  des  relations  avec  la  France  et  les  Médiatisés,  tout 
cela  doit  ouvrir  les  yeux  de  l'Empereur  et  lui  montrer  que, 
même  en  1809,  la  situation  de  la  monarchie  était  moins  pré- 
caire qu'aujourd'hui. 

Quel  spectacle  plus  singulier  que  celui  qu'on  voit  aujourd'hui  ! 
On  va  conserver  leurs  possessions  aux  princes  d'Isenburg- 
Birstein  et  de  Neuwied  et  détrôner  le  Roi  de  Saxe  I 
I  La  plupart  des  députés  suisses  sont  fort  peut  satisfaits  de 
Ivoir  que  c'est  en  somme  l'Empereur  de  Russie  qui  va  régler 
les  affaires  de  la  Confédération  Helvétique.  Grâce  à  l'influence 
Iqu'exercent  sur  lui  Stein  et  La  Harpe,  il  va  évidemment  favo- 
jriser  le  parti  démocratique. 

On  a  raconté  chez  Puffendorf  que  l'Empereur  François  a 
été  dernièrement  chez  la  Grande-duchesse  Catherine  pour  lui 
demander  conseil  ;  qu'il  confère  secrètement  avec  Stadion  et 
^ue  Metternich  a  raconté  à  tous  les  archiducs,  et  jusque  dans 
ses  moindresdétails,  la  fameuse  scène  qu'il  a  eue  avec  Alexandre . 

La  note  sur  la  Déclaration  du  8  octobre  que  Talleyrand  a 
ait  insérer  au  Moniteur  du  22  a  fort  déplu  à  Metternich.  Il 
s'en  est  plaint  à  Paris,  mais  Louis  XVIII  n'a  pas  osé  faire  des 
représentations  à  Talleyrand  qui  a  rempli  de  ses  créatures  le 
Ministère  des  Affaires  Etrangères. 

Le  baron  de  Linden,  le  porte-paroles  de  Humboldt,  dit  que 
K  le  Congrès  est  une  mauvaise  pièce  dont  l'auteur  est  sifflé  ». 
;i  ajoute  que  «  si  on  lui  donnait  son  congé,  il  ne  l'aurait 
îertes  pas  volé  ;  mais  que  si  on  met  Stadion  à  sa  place,  la 
confusion  ne  fera  que  croître  parce  que  Stadion  n'a  autre 
ïhose  en  tête  que  les  Médiatisés.  > 

Comme  on  demandait  à  Talleyrand  ce  à  quoi  il  s'était  oc- 
!Upé  depuis  le  passage  du  Rhin  jusqu'à  l'abdication  de  Napo- 
éon,  il  répondit  «  J'ai  boité.  » 


>60.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3. 4523  ad  3565  . 

....  à  HAGER 

Découragement  d'Anstett. 

Anstett  m'a  déclaré  qu'à  cause  de  l'entêtement  plus  grand 
~|[ue  jamais  d'Alexandre,  il  devenait  absolument  impossible  de 


460  AUTOUR    DU    CONGRÈS  DE    VIENNE 

croire  à  une  heureuse  issue  du  Congrès.  Il  a  vainement  essayé  S 
de  le  convaincre,  il  a  tout  mis  en  jeu,  même  sa  carrière,  et 
m^a  déclaré  sur  son  honneur   qu'il  avait,  il  y  a  deux  jours, 
remis  sa  démission  écrite   à  son  Empereur  qui  n'en  tint  au- 
cun compte  et  l'accabla  plus  que  jamais  de  besogne. 

J'ai  vainement  essayé  de  savoir  par  lui  quelles  étaient  les 
intentions  de  la  Prusse.  Il  s'est  borné  à  me  répondre  :  «  Ce 
sont  là  des  Seigneurs  d'un  tout  autre  acabit  ».  Et  il  a  aussi- 
tôt ajouté  :  «  Si  seulement  Metternich  voulait  me  laisser  en 
paix.  Hier  encore  il  m'a  fait  dire,  par  un  de  ses  hommes  de 
confiance,  «  qu^il  rendait  pleinement  justice  à  tout  ce  que  je| 
faisais  pour  la  bonne  cause  ».  Je  lui  ai  fait  dire  que  je  ne  pre- 
nais conseil  que  de  ma  conscience  et  me  souciais  fort  peu 
d'agir  dans  un  sens  qui  pût  lui  être  agréable,  à  lui  qui  n'a 
rien  fait  pour  moi,  si  ce  n'est  de  me  payer  de  belles  promesses 
qu'il  n'a  jamais  tenues.  » 


661.  Vienne,  3  novembre  1814  {F.  3.  4523  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Alexandre  et  la  princesse  Bagration.  Ce  qu'il  lui  dit  de  La  Harpe,  des  rois  de 
Bavière  et  de  Wurtemberg,  de  Metternich,  de  l'Empereur  d'Autriche.  Ses 
idées  sur  la  Pologne.  Ce  que  Pozzo  di  Borgo  lui  en  a  dit.  Stein  et  la  Saxe. 
Alexandre,  Talleyrand,  la  Sagan,  le  Prince  Eugène.  Ce  qu'Eugène  pour- 
rait dire  de  Murât.  Le  bal  chez  Razoumolîsky  et  l'absence  de  l'Ambassade 
de  France. 

Avant-hier  (1"  novembre)  Alexandre  est  allé  seul  chez  ht 
princesse  Bagration,  à  10  h.  1/2  du  soir  et  y  est  resté  jus-^^/ 
qu'à  2  heures  après  minuit. 

Voici  ce  qu'elle  m'a  dit  ;  «  Elle  ne  l'aime  pas,  elle  l'adore.  !K 

Elle  m'a  ensuite  raconté  à  bâtons  rompus  les  sujets  de  co 
versation  qu'elle  a  eus  aveclui.  Je  les  répéterai  ici  avec  le  mê 
désordre. 

On  a  parlé  de  La  Harpe.  Alexandre  a  dit  :  «  Je  lui  doi 
d'être  devenu  un  homme.  Un  prince  n'est  ordinairement  qu'u 
prince.  Il  a  fait  de  moi  un  homme  et  je  lui  en  serai  recoa 
naissant  toute  ma  vie .  » 

Alexandre  se  moque  des  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberj 


I    l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   461 

iqui  ont  l'air  de  vouloir  être  autant  que  lui  et  qui  ont  envers 
lui  des  prétentions  d'égalité. 

Il  déteste  Metternich,  le  connaît  et  ne  le  craint  pas.  Il  ob- 
tiendra de  lui  tout  ce  qu'il  voudra.  11  estime  l'Empereur  d'Au- 
Iriche  et  l'aime. 

La  princesse  Bagration  prétend  qu'elle  a  eu  le  courage  de 
ic  disputer  avec  lui  sur  la  Saxe  et  la  Pologne  en  soutenant 
me  opinion  tout  autre  que  la  sienne.  «  Mais,  dit-elle,  c'est 

<  inutile.  Il  n'entend  pas  raison  là-dessus.  Il  croit  son  hon- 

<  neur  engagé  et  dit  qu'il  a  donné  sa  parole  aux  Polonais  et 

<  qu'il  se  doit  à  lui-même  de  la  tenir,  que  le  monde  tombe- 
(  rait  sur  lui,  qu'il  n'en  démordrait  pas  ;  qu'il  irait  à  Munich, 
;  puis  à  Berlin,  puis  à  Varsovie,  se  faire  proclamer  roi  de  Po- 
;  logne,  qu'il  était  en  mesure  si  on  voulait  s'y  opposer.  » 

Elle  ajouta  que  Pozzo  di  Borgo  lui  avait  dit  la  veille  que  la 
^ologne  convenait  à  la  Russie  qui  l'aurait,  bon  gré,  mal  gré, 
•ersonne  n'étant  en  force  de  se  mesurer  en  ce  moment  avec 
i  Russie. 

Elle  ajoute  encore  qu'Alexandre  ne  voulait  là-dessus  céder 
n  rien,  pas  un  pouce  de  terrain  autour  de  Gracovie,  qu'il  vou- 
ait le  Grand-Duché  tel  qu'il  était  quand  il  le  conquit  sur  les 
''rançais. 

Elle  dit  encore  que  l'usurpation  de  la  Saxe  est  une  horreur, 
■lais  qu'on  la  doit  à  ce  coquin  de  Stein  qu'elle  ne  peut  souffrir 
t  qui  souffle  là-dedans  et  qui  veut  se  venger  du  pauvre  roi  de 
jtaxe. 

!!    Alexandre  déteste  également  Talleyrand,  mais  en  revanche 

\  aime  beaucoup  le  prince  Eugène.  Il  lui  a  dit  :  «  Le  prince 

i  Eugène  n'est  pas  seulement  un  excellent  militaire,  c'est  un 

I  parfait  honnête  homme.  S'il  voulait  entrer   à   mon  service 

i  je  le  prendrais  bien  volontiers.  » 

Le  prince  Eugène  a  dîné  le  même  jour  chez  elle  et  lui  avait 

nfîé  qu'il  avait  refusé  deux  couronnes  et  qui,  plus  est,  qu'il 

avait  jamais  songé  à  devenir  Roi  d'Italie,  que  l'affaire  de  Mi- 

n  et  du  Sénat,  qui  avait  voulu  le  demander  pour  Roi,  a  été 

lenée  sans  son  consentement.  Sur  quoi,  je  dois  ajouter  que  le 

énateur  Guicciardi,  à  qui  j'en  ai  parlé,  m'a  dit  hier  au  soir 

ue  depuis  longtemps  le  Vice-Roi  débite  cela  et  qu'à  Mantoue 

eut  le  courage  de  le  lui  dire  à  lui-même  et  qu'il  lui  répon- 

it  ;  «  Après  votre  proclamation  et  les  discours  de  Méjan  et 


462  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  Melzi,  vous  ne  réussirez  pas  à  persuader  les  Milanais  de  cette 
assertion.  » 

Et  le  même  Guicciardi,  en  m'assurant  que  Beauharnais  est 
un  fourbe,  m'a  de  nouveau  confirmé  tout  à  fait  le  contraire  de 
ce  que  ce  drôle  voudrait  faire  accroire,  c'est-à-dire  il  m'a  con- 
firmé que  toute  cette  conspiration  pour  être  souverain  de  Milan 
était  menée  par  lui-même  et  poussée  par  les  belles  paroles  de 
Metternich  et  de  Bellegarde,qui  alors  avaient  cru  de  lui  faire 
espérer  cet  appât  pour  l'engager  à  nous  livrer  Venise. 

La  princesse  a  encore  dit  que  pour  ce  qui  est  du  départ  de 
Vienne,  Alexandre  avait  dit  :  «  Le  plus  tôt  et  le  plus  tard 
«  dépendra  des  affaires.  Mais  je  crois  qu'il  se  dépêcheront, 
«  Car  la  dépense,  que  nous  leur  causons,  commence  à  les  gè~À 
«  ner  ».  ■■ 

Je  ne  répéterai  pas  ici  les  propos  qu'elle  dit  qu'Alexandre 
lui  a  tenus,  sur  la  Sagan,  parce  que  je  sais  qu'en  cela  on  ne 
peut  pas  se  fier  à  elle. 

Ici  finit  la  conversation  avec  Alexandre. 

Elle  m'a  encore  dit  que  le  prince  Eugène  lui  avait  parlé  de 
Murât,  lui  affirmant  qu'il  avait  en  main  de  quoi  prouver  à 
l'Autriche  que  ce  coquin  la  trompe,  qu'il  a  des  lettres  de  lui 
sur  cela,  mais  qu'il  ne  veut  pas  les  montrer  parce  qu'il  ne  lui 
sied  pas  de  pousser  sa  vengeance  jusque-là. 

«  Tout  le  monde  sait  que  nous  ne  sommes  pas  bien  ensemble 
et  c'est  plus  noble  de  ne  pas  se  mêler  de  cette  question  que 
de  lui  faire  une  guerre  ouverte  qui  le  perdrait  à  coup  sûr.  » 

On  a  remarqué  qu'au  bal  de  Razoumoffsky  il  n'y  avait  per- 
sonne de  la  légation  française. 

Cela  et  la  déclaration  d'hier  sur  le  Congrès  rapportée  par 
les  gazettes  ne  mettront  pas  le  public  de  bonne  humeur. 


662.  Paris,  23  octobre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

GROTE  (1)  au  Comte  de  MUNSTER 

(Inlercepta)  (en  français)  (analyse).  ? 

L'opinion  publique  et  le  mécontentement  en  France. 

L'esprit  public  ne  s'est  pas  amélioré  en  France  depuis  la 

1.  Grote  (Charles-Auguste  Otto,  comte  de)  (1747-1830).  D'abord  au  service 
de  Hanovre  (1768-1775),  puis  conseiller  intime  de  l'électeur  de  Cologne, 
passé  en  1804  après  la  sécularisation  de  Cologne  au  service  de  Prusse.  Mi- 


l'ouverture    du    congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      463 

lettre  du  18.  Au  contraire,  le  mécontentement  augmente  même 
parmi  les  personnes  qui  n'ont  jamais  eu  d'idées  subversives, 
même  parmi  d'anciens  émigrés  qui  n'ont  rien  appris,  ne  veu- 
lent pas  se  rendre  compte  de  la  difficulté  de  la  situation  faite 
à  Louis  XVIII,  se  flattent  au  contraire  qu'on  annulera  la  vente 
des  biens  nationaux  et  voudraient  remettre  tout  sur  l'ancien 
pied,  tout  comme  parmi  ceux  qui,  ayant  été  partisans  des 
idées  nouvelles,  tremblent  à  la  pensée  de  représailles  possibles 
et  qui  protestent  énergiquement  contre  la  violation  de  la 
Charte  qui  a  proclamé  le  pardon  et  l'oubli. 


663.  Paris,  24  octobre  1814  (F.  3.  4523  ad  3565). 

Anonyme  à  GAGERN  [intercepta)  (en  français). 

Wellington  partisan  de  l'annexion  du  Luxembourg  à  la  Prusse.  État  inquié- 
tant de  l'esprit  public  en  France.  Étonnement  que  lui  cause  l'attitude  de 
Talleyrand  et  des  diplomates  français. 

M.  Fagel(l)  a  reçu  la  nuit  dernière  un  courrier  de  La  Haye 
avec  des  dépêches  relatives  à  l'objet  dont  Votre  Excellence 
m'a  écrit  le  8.  Il  en  a  été  itérativement  parlé  à  lord  Welling- 
ton qui  persiste  à  croire  que  Luxembourg  etc.,  etc.,  possédés 
par  les  Prussiens,  seraient  d'une  meilleure  défense  pour  les 
Etats  d'Orange  que  s'ils  appartenaient  à  ces  Etats. 

Il  est  difficile  de  discuter  avec  un  maître  tel  que  lord  W^el- 
lington.  Il  veut  que  les  Etats  d'Orange  s'étendent  de  Dinant 
jusque  sur  le  Rhin  à  Coblence.  Au  moyen  de  cela,  le  Luxem- 
bourg, département  prussien,  serait  séparé  des  autres  Etats 
prussiens  et  il  faudrait  leur  accorder  une  route  militaire  à  tra- 
vers les  Etats  d'Orange  et  les  nôtres.  Je  vois  que  dans  tout 
cela  il  y  a  encore  beaucoup  de  vague  et  beaucoup  de  matières 
inflammables. 

nistre  auprès  du  duc  de  Holstein  en  1806  après  l'occupation  de  Hambourg, 
où  il  est  de  nouveau  accrédité  de  1807  à  1809.  Fait  comte  en  1809.  Commis- 
saire général  des  Départements  de  l'Elbe,  du  Weser  et  de  l'Ems  en  1812.  Mi- 
nistre de  Prusse  à  Dresde  en  1813,  puis  de  nouveau  à  Hambourg  a);rès  un 
séjour  à  Paris  en  1814. 

1.  Fagel  iRobert,  baron  de,  1772-1858  d'une  vieille  famille  de  Hollande, 
entra  fort  jeune  dans  l'armée,  fit  contre  la  France  les  campagnes  de  1793  et 
1794,  s'expatria  lors  de  la  chute  de  la  maison  d'Orange,  et  ne  revint  en  Hol- 
lande qu'en  1813.  Nommé  Ministre  à  Paris  en  1814,  il  y  resta  jusqu'en  1854. 


464  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Celle-cî  allant  par  une  occasion  sûre,  je  puis  ajouter  Tobser- 
vation  qu'en  France  l'esprit  public  est  loin  d'être  amélioré.  Le 
militaire  et  le  civil  ne  respirent  que  guerre  et  vengeance  et 
portent  une  haine  indélébile  aux  étrangers,  surtout  aux  An- 
glais. Il  est  douteux  que  le  Gouvernement  partage  ces  dispo- 
sitions. On  croit  qu'il  se  juge  encore  trop  peu  affermi  ;  qu'il 
craindrait  pour  sa  propre  sûreté,  s'il  se  laissait  aller  à  suivre 
cette  impulsion  générale.  Le  nombre  des  mécontents  augmente 
depuis  quelque  temps.  D'imprudents  amis  des  Bourbons  et 
surtout  de  perfides  journalistes  en  sont  la  cause. 

J'avoue  que  le  langage  et  la  conduite  des  diplomates  fran- 
çais, j  compris  M.  de  Talleyrand  et  notre  brave  L.  T.  (1), 
m'ont  paru  depuis  plusieurs  mois  fort  suspects  et  que  les  obser- 
vations ajoutées  dans  le  Moniteur  du  22  à  la  Déclaration  du 
8  octobre,  ainsi  que  ce  qu'on  dit  d'une  Note  de  M.  de  Talley- 
rand du  4  octobre  (2),  m'ont  confirmé  dans  cette  opinion. 


664-  Londres,  18  octobre  1814  iF,  3.  4523  ad  3565). 

GREUHM  à  HARDENBEBG  [intercepta)  en  français) 
(Sous  le  couvert  de  Munster). 

Affaires  d'Amérique.  Polémique  entre  les  journaux  de  Londres  et  de  Paris. 
Le  pavillon  couvre  la  marchandise. 

Il  paraît,  d'après  les  lettres  particulières  reçues  d'Amérique, 
que  le  Congrès  s'assemblera  à  Lancaster  (3)  et  que  la  résidence 
du  Président  sera  provisoirement  établie  dans  cette  ville. 

Ces  lettres  communiquent  que  le  général  Armstrong,  Mi- 
nistre de  la  Guerre,  a  donné  sa  démission  et  les  observations 
qu'elles  ajoutent  font  croire  que  la  retraite  de  ce  personnage 
suffirait  pour  apaiser  le  mécontentement  que  la  destruction  de 
Washington  et  la  conduite  des  affaires  militaires  avaient  ré- 
pandu dans  les  Etats  voisins. 

On  mande  que  les  villes  de  Philadelphie  et  de  New- York 

1.  La  Tour  du  Pin  Gouvernet. 

2.  Doit  être  la  lettre  de  Talleyrand  à  Gastlereaghdu  5  octobre  sur  la  marche 
et  les  principes  à  suivre  dans  les  occupations  du  Congrès. 

3.  Ville  située  dans  l'Etat  de  Pensylvanie. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   4Go 

ont  chacune  voté  un  million  de  dollars  pour  être  employés  à 
leur  défense. 

L'animosité  des  journaux  de  Londres  contre  ceux  de  Paris 
a  beaucoup  augmenté  par  les  observations  que  ceux  ci  ont  faites 
sur  la  destruction  de  Washington  et  par  l'intérêt  qu'on  paraît 
prendre  en  France  à  la  cause  des  Etats-Unis. 

Le  Courier,  journal  ministériel,  répond  à  un  article  de  la 
Gazette  de  France,  annonçant  que  la  Russie  et  la  France 
allaient  au  nom  de  l'humanité  stipuler  sur  les  droits  maritimes, 
que  chaque  proposition,  tendant  à  vouloir  établir  que  le  pa- 
villon couvre  la  cargaison,  serait  re jetée  avec  fermeté  et  indi- 
gnation par  lord  Castlereagh  et  que  l'Angleterre  clouerait  plu- 
tôt son  pavillon  au  grand  mât  et  coulerait  à  fond  ses  vaisseaux 
qu'elle  n'accéderait  à  de  telles  propositions. 


665.  Vienne,  3  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). 

ROSENGRANZ  (1)  à  SGHlMxMELMANN  (2)  (à  Copenhague) 
[Intercepta)  (en  français). 

Les  Conférences  des  ministres.  Castlereagh  chez  Alexandre  et  son  entretien 
avec  lui  au  sujet  de  la  Pologne.  La  crise,  cause  du  retard  apporté  à  l'exé- 
cution des  promesses  faites  au  roi  de  Danemark  par  Alexandre. 

Les  ministres  des  principales  Cours  ont  eu,  ces  jours- 
ci,  de  fréquentes  conférences,  et  il  est  permis  de  se  persuader 
que  la  crise  du  moment  aura  incessamment  un  résultat.  Pour 
y  parvenir  plus  sûrement,  lord  Castlereagh  a  dû  avoir  hier  une 
audience  de  l'Empereur  Alexandre  pour  lui  faire  des  représen- 

^1.  Rosencranz  (Niels,  baron)   1757-1824)  d'une  vieille  famille  danoise.  Page 
prince  royal  Frédéric  (1773),   oflicier  de  cavalerie  (1776),  passé  dans  la 
Iploraatie  (1783 1,  secrétaire  pendant  quatre  ans  aux  législations  de  la  Haye 
»int-Pétersbourg  et  Stockholm,  ministre  résident  à  Varsovie  (1787),  envoyé 
ttraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire  à  Saint-Pétersbourg  (1790),  il  n'y 
Uta  que  peu  de  temps  à  cause  de  la  santé  de  sa  femme  (née  princesre  Via- 
(»msky;  qu'il  dut  emmener  en  Italie,  ministre  à  Berlin  (1796),  au  Congrès 
Rastatt  (1798-1799),  à   Saint-Pétersbourg  (1799-1801),  il  y  revint  en  1802 
y  resta  jusqu'en   février  1804.  Ministre  à  Berlin   il  alla  deux  fois  à  Paris 
tmme  envoyé  extraordinaire.  Nommé  le  27  avril  1810,  ministre  des  affaires 
rangères,  il  resta  en  fonction  jusqu'à  sa  mort  ^grano  duc  Nicolas  Mikhaï- 
j>viTCH.  Portraits  Russes,  IV,  3,  172). 

[2.  Schimmelmann  (Ernest-Henri,  comte)  (1747-1831),  ministre  des  Finances 
du  Commerce  de  1784  à  1814.  Ministre  des  Affaires  étrangères  en  1814. 

T.  I.  30 


466  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

talions,  au  nom  aussi  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse^  relative- 
ment à  la  Pologne  (1),  ou  plutôt  au  duché  de  Varsovie  que  ce 
souverain  prétend  garder  pour  soi. 

Ce  point  décidé,  les  autres  questions,  à  ce  que  l'on  prétend, 
seront  décidées  sans  beaucoup  de  difficultés.  La  crise  actuelle 
dans  les  négociations  est  sans  doute  la  seule  cause  qu'il  n'a 
pas  encore  été  donné  suite  à  la  promesse  que  l'Empereur  de 
Russie  donna  au  Roi  avant  de  partir  pour  la  Hongrie  (2). 


666.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4336  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  journalier  et  Rapport  du  5  novembre. 

Ce  que  Binder  a  dit  chez  la  Bagration.  Ordres  donnés  par  Hager  à  la  suite 
du  billet  de  Hacke  à  Dalberg. 

Il  appelle  son  attention  sur  ce  que  le  baron  Binder  a  dit  chez  la 
princesse  Bagration  et  sur  le  billet  du  baron  Hacke  à  Dalberg. 
Tout  cela  ne  facilitera  pas  l'action  de  la  police  qui,  grâce  aux 
agents  placés  par  elle  à  la  Légation  de  France,  s'est  procuré 
déjà  un  certain  nombre  de  papiers  et  a  su  ainsi,  que  Hacke 
avait,  sur  la  demande  de  l'Ambassade  de  France,  fait  une  note, 
dans  laquelle  il  s'élève  contre  la  prise  de  possession  de  la  Saxe 
par  la  Prusse.  Hacke  s'est  aperçu  de  cette  surveillance  en  exa- 
minant le  cachet  d'une  de  ses  lettres. 

Hager  a,  en  conséquence,  donné  des  ordres  au  Cabinet  noir 
[Geheime  Behœrde)et  aux  agents  placés  à  la  Mission  française 
pour  que  la  Manipulation  se  fasse  avec  encore  plus  de  soin. 


1.  Lettre  de  lord  Castlereagh  à  l'Empereur  Alexandre,  du  4  novembre,  en 
réponse  au  Mémorandum  russe.  (Cf.  Gentz,  Tagebûcher,  1,326.  Mercredi  2  no- 
vembre... chez  lord  Castlereagh  qui  m'a  lu  la  réponse  de  l'Empereur  de  Rus- 
sie et  une  partie  de  sa  réplique...) 

1.  Promesse  évidemment  relative  à  l'exécution  des  clauses  du  traité  de  pan 
entre  la  Russie  et  le  Danemark,  signé  à  Hanovre  le  8  février  1814.  L'article  VJ 
de  ce  traité  décidait  que  les  troupes  russes  ne  pourraient  frapper  le  Holsteir 
d'aucune  contribution  et  «  à  la  mi-octobre  Alexandi'e  n'avait  pas  encore  donm 
l'ordre  de  retirer  son  armée  qui  occupait  et  dévorait  le  Holstein  »  (Cf.  lei 
Ambassadeurs  de  France  à  Jaucourt.  Vienne,  16  octobre  1814). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   467 

667.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). 

(Extraits  d'Inlercepla  divers)  (analyse  du  cabinet  noir). 

Heilmann  à  son  père  (2  novembre).  (Malgré  toutes  les  diffi- 
cultés qui  restent  à  vaincre,  l'ouverture  du  Congrès  est  cepen- 
dant un  grand  pas  de  fait.  Il  lui  semble  que  l'horizon  est  plus 
clair  et  croit  qu'on  a  dû  trouver  un  moyen  de  s'entendre  sur 
la  Saxe  et  la  Pologne). 

Salmour  à  La  Tour  du  Pin  (avec  une  lettre  particulière  à 
faire  parvenir  à  Paris  à  la  princesse  Poniatowska). 


668.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad 3565). 

Rapport  à  HAGER 

Nesselrode  a  défendu  sa  porte  à  tout  le  monde  ce  matin 
pour  travailler  avec  Anstett. 

Pozzo  di  Borgo  a  dîné,  le  3,  chez  la  princesse  Bagration  avec 
le  prince  royal  de  Wurtemberg,  Potocki  et  Anstett. 


669.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). , 

Rapport  à  HAGER 

On  a  organisé  un  service  de  surveillance  chez  Noailles. 
On  n'a  pas  pu  se  procurer  aujourd'hui  des  papiers  chez  Tal- 
leyrand,  mais  on  a  ramassé  quelques  chiffons  de  la  comtesse 
Périgord  et  du  secrétaire  de  Talleyrand. 


Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3  4231  ad  3565). 
Rapport  à  HAGER 

-.e    Cardinal    Gmsalvi    est    très    satisfait    de    l'audience 
l'Alexandre  lui  a  donnée  le  'A  au  matin. 


468  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

671.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

D'Arnay  est  manifestement  inquiet  parce  qu'on  n'a  encore 
rien  décidé  pour  le  Prince  Eugène,  mais  il  ne  croit  pas  que 
Consalvi  réussira  à  faire  rendre  les  Légations  au  pape. 


672.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  Dalberg.  Pourquoi  on  n'a  pas  ramassé  de  chiffons 
chez  Dalberg. 

Dalberg  est  resté  pendant  trois  heures  ce  matin  chez  la 
comtesse  Schœnborn. 

Le  baron  Hacke,  ayant  conseillé  à  Talleyrand  et  à  Dalberg 
d'avoir  l'œil  ouvert  sur  les  affiliés  à  la  police  qu'ils  ont  chez 
eux,  l'agent  a  cru  prudent  de  ne  pas  ramasser  de  chiffons  dans 
le  bureau  de  Dalberg. 


673.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  France  et  les  projets  d'agrandissement  de  la  Bavière.  Montgelas  e 
Wrede  hostiles  aux  idées  préconisées  par  la  France.  Les  partisans  du  rc 
de  Saxe  reprennent  confiance. 

On  prête  à  la  Bavière  (1)  le  projet  de  vouloir,  avec  l'appuP 
de  la  France,  devenir  la  troisième  puissance  en  Allemagne  e' 
y  jouer  un  rôle  à  part.  Ce  serait  le  résultat  du  séjour  fait 
Munich  par  Dalberg  avant  son  arrivée  à  Vienne. 

1.  Cf.  d'Angebkrg.  Séance  du  20  octobre  1814.  Déclaration  au  Comité  d'A 
lemagne,  p.  307.  Projet  relatif  aux  objets  sur  lesquels  le  Comité  militai 
devra  délibérer,  présenté  par  la  Bavière.  Séance  du  22  octobre,  page  32 
326  et  Déclaration  supplémentaire  du  Roi  de  Bavière,  pages  326-327.  Propj  ^ 
sition  supplémentaire  de  la  Bavière.  Séance  du  24  octobre  1814, p.  335.  Pr  i 
position  de  la  Bavière  concernant  le  9*  article  des  12  points  de  délibératic 
Séance  du  26  octobre,  page  341. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      469 

D'autre  part  on  dit  que  Montgelas,  qui  a  été  assez  froide- 
ment traité  à  Paris,  et  Wrede  sont  hostiles  aux  idées  préconi- 
sées par  la  France. 

Les  amis  du  roi  de  Saxe  se  reprennent  à  espérer  et  sont 
plus  confiants  qu'il  y  a  quelques  jours. 


674.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

l^robabilité  d'une  guerre  entre  l'Autriche  et  la  Russie.  Biuits  d'une  entente 
secrète  entre  Alexandre  et  Louis  XVIII.  Metternich,  laBagration,  la  Sagan. 
Le  Congrès.  La  comtesse  Callenberg.  La  Grande-Duchesse  Catherine  et 
la  Prusse.  Munster  et  la  Comtesse  Lippe. 

Dans  la  coterie  Stadion,  on  croit  fermement  que  l'Autriche 
sera  l'an  prochain  en  guerre  avec  la  Russie. 

D'après  une  lettre  de  Saint-Priest  (1)  remise  à  Stackelberg 
par  Noailles,  on  travaillerait  à  une  entente  secrète  entre 
Louis  XVill  et  la  Russie. 

Metternich  va  très  rarement  chez  la  princesse  Bagration.  Il 
retourne  assidûment  chez  la  Sagan  à  la  suite  de  la  grande  ex- 
plication qu'il  a  eue  avec  elle  à  cause  de  la  fameuse  phrase 
contenue  dans  une  lettre  où  elle  disait  de  lui;  «  Un  Ministre  des 
Affaires  étrangères  qui  a  perdu  la  confiance  des  Puissances 
étrangères  ne  peut  guère  rester  en  place.  » 

L'opinion  publique  n'est  pas  en  faveur  de  Metternich  que 
^ouis  XVIII  et  la  Russie  voudraient  voir  remplacé  par  Stadion. 

Chez  Arnstein,  Keller,  le  baron  Bildt,  los  Rios  et  les  Prus- 
iens  ont  encore  répété  que  le  (>ongrès  ne  marche  pas. 

On  se  demande  ce  que  la  comtesse  Callenberg,  chez  laquelle 
voit  beaucoup  d'Italiens,  fait  à  Vienne,  et  si  elle  est,  comme 
^alberg  l'affirme,  au  service  de  Murât. 

On  a  dit  hier  chez  Eskeles  que  la  Grande-duchesse  d'Olden- 

irg  marchait  pour  la  Prusse  qui  comptait  absolument  sur  elle. 

On  dit  enfin  qu'après  le  Congrès  Munster  épousera  la  com- 

îsse  Lippe  (2). 

1.  Saint-Priest  (Emmanuel-Louis-Marie  Guignard,  Vicomte  de)  Colonel  au 
Brvice  de  la  Russie, qui  rentrait  à  ce  moment  en  France  et  devint  gentilhomn>e 
Ifhonneur  du  duc  d'Angoulême. 

[2.  VVilhelmine-Charlotte,  sœur  du  prince  régnant  de  Schaumburg-Lippe, 
Se  en  1783,  épousa  en  effet  Miinster  le  7  novombie  1815. 


470  AUTOUR  DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

675.  Vienne,  4  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Singuliers  propos  tenus  à  dîner  chez  la  princesse  Bagration  par  Pozzo  di 
Borgo,  Anstett  et  Binder.  Louis  XVIII  et  la  France.  Portrait  du  [rince 
royal  de  Wurtemberg. 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg,  Pozzo  di  Borgo,  le  baron 
Binder  et  Anstett  ont  dîné  hier  chez  la  princesse  Bagration. 

Deux  choses  m'ont  surpris  à  ce  dîner.  L'une  est  la  manière 
franche  et  loyale  avec  laquelle  Pozzo,  secondé  par  Anstett,  a 
parlé  à  ce  dîner.  Les  deux  ministres  ont  émerveillé  par  les  opi- 
nions qu'ils  ont  émises,  sans  y  être  forcés. 

Pozzo  a  dit  que  la  ruine  des  Empires  vient  de  leur  rage  de 
trop  s'étendre  et  que  la  fable  des  géants  s'explique.  Ils  ont 
voulu  être  si  grands  qu'ils  ont  touché  au  ciel  et  Jupiter  les  a 
rendus  fous  et  ils  ont  été  écrasés. 

Anstett  a  soutenu  qu'il  fallait  la  justice  en  tout,  rien  que  la 
justice  et  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  est  dû. 

Ces  vérités  dans  la  bouche  des  Ministres  de  celui  qui  veut 
la  Pologne  en  entier  pour  lui  et  ôter  un  royaume  au  roi  de 
Saxe  pour  le  donner  à  son  allié  n'ont  pas  été  sans  me  surprendre. 
Mais  un  autre  propos  me  frappa  bien  davantage,  celui  de  Bin- 
der, qui  déclara  à  deux  reprises  et  avec  force,  que  l'idée  d'éta- 
blir une  régence  en  France  avec  Marie-Louise  était  l'idée  la 
plus  folle  et  la  plus  ridicule  qu'on  ait  jamais  pu  concevoir.  Si 
tout  autre  que  Binder  avait  émis  cette  appréciation,  on  aurait 
peut-être  été  de  son  avis  et  nullement  frappé.  Mais  Binder  (1), 
un  de  nos  Ministres,  un  des  favoris  de  Metternich,  qui  sait 
que  cette  idée  était  celle  du  Cabinet  qu'il  sert,  il  y  a  là  plus  que 
de  lelïronterie.  Il  faut  croire  qu'il  a  voulu  attaquer  Metter- 
nich,  ou  qu'il  le  croit  ébranlé,  ou  qu'il  est  très  fâché  contre  lui. 
Tout  ce  qu'a  dit  Pozzo  sur  la  France  et  Louis  XVIII  était 
parfait.  Il  l'a  en  outre  très  loué,  parce  qu'il  met  son  armée  sur 
le  pied  de  paix   et  a  critiqué  les  autres  qui  se  ruinent  à  tenir 
les  leurs  sur  le  pied  de  guerre. 

1.  Gf  Gentz,  Tagebûcher,  I,  73.  Jeudi  29  juin  1809...  J'ai  eu  avec  lui  (Bin- 
der) qui  arrivait  de  Pétersbourg  où  il  avait  précédé  Schwarzenberg,une  con- 
versation de  quatre  heures,  une  des  plus  intéressantes  que  je  puisse  imaginer.  Bj;; 
C'est  un  homme  de  beaucoup  de  moyens,  d'excellents  principes,  d'une  âme'  Bii 
forte  et  élevée...  Hll 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      471 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg  a  de  l'esprit.  Il  doit  être  un 
bon  militaire,  mais  il  est  critiqueur,  malin,  envieux,  et  pour 
le  cœur  il  doit  en  avoir  un  à  peu  près  semblable  à  celui  du 
roi  son  père. 


676.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4231  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  6  novembi'e  (Analyse). 

A  propos  du  projet  du  Gouvernement  français  d'enlever  Napoléon  de  Tîle 
d'Elbe.  Il  demande  à  l'Empei^eur  l'autorisation  de  compléter  ses  moyens 
insuffisants  d'informations.  (J'ai  cru  devoir  joindre  à  cette  demande  la 
réponse  de  Bellegarde  (de  Milan,  22  novembre)  à  la  lettre  de  Hager  du  5 
novembre  et  l'approbation  de  l'Empereur  en  date  du  23  novembre.) 

Hager  a  fait  remarquer  à  l'Empereur,  à  propos  du  projet 
conçu  par  le  Gouvernement  français  d'enlever  Napoléon  de 
l'île  d'Elbe  qu  il  n'a  à  sa  disposition,  comme  éléments  d'in- 
formations que  les  intercepta,  les  chiffons,  ses  agents  à 
Vienne  et  Bellegarde  (1)  et  Strassoldo,  (2)  en  Italie,  dont  les 
communications  mettent  longtemps  à  lui  parvenir.  Il  prie  en 
conséquence  l'Empereur  de  faire  compléter  ses  renseignements 
par  les  voies  plus  sûres  et  plus  rapides  du  grand-duc  de  Tos- 
cane, de  Marescalchi  et  de  Magawly  Cerati  (3)  à  Parme  et  par 
les  consuls  de  Livourne  et  de  Gênes. 

Cette  proposition  reçut  le  23  novembre  l'approbation  de 
l'Empereur. 

Le  même  jour,  5  novembre,  Hager  s'adressait  directement 
à  Bellegarde  et  à  Strassoldo  et  le  22  novembre,  Bellegarde  lui 
^  expédiait  la  dépêche  suivante  (en  français). 

«  J'ai  reçu  la  lettre  de  V.  E.  du  5  courant  par  laquelle  elle 

1.  Bellegarde  (Henri,  comte  de)  (1756-1845),  Feld-Maréchal,  était  à  ce  moment 
Commissaire  général  Impérial  en  Italie. 

2.  Strassoldo  (Jules-Joseih,  comte  de/  (1771-1830),  Commissaire  Impérial  à 
Parme,  Adjoint  au  Commissaire  Impérial  de  Lombardie,  pjis  Directeur  des 
Postes  et  un  peu  plus  tard,  en  1818, Président  du  Gouvernement  de  la  Lombardie. 

3.  Magavvly  Cerati  (Henri,  comte  de),  d'origine  irlandaise.  Depuis  le  6  août 
1^14,  Ministre  d'Etat  des  duchés  de  Parme,  Plaisance  et  Guastalla. 


472  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

«  me  communique  le  plan  qu'on  suppose  au  cabinet  français 
«  d'enlever  Napoléon.  Mais,  comme  je  n'ai  aucune  connais- 
«  sance  des  personnes  y  impliquées,  je  ne  suis  pas  à  même  de 
«  donner  sur  cela  à  V.  E.  aucun  éclaircissement.  Peut-être 
«  pourrai-je  lui  en  fournir  sous  peu  quand  j'aurai  le  rapport 
«  de  ce  qu'un  homme  très  adroit  (1)  aura  pu  découvrir  en 
«  général  dans  un  voyage  qu'il  a  fait  à  l'île  d'Elbe  et  dont  il 
«  m'a  promis  de  me  rendre  compte,  et  je  n'omettrai  sûrement 
«  pas  de  porter  à  la  connaissance  de  V,  E.tout  ce  que  l'homme 
«  en  question  pourra  me  communiquer  d'intéressant.  » 


677.  Vienne,  4-5  novembre  1814  (F,  3.  4453  ad  3565). 

Iiilercepta  divers  analysés  par  le  Cabinet  Noir 
Extraits  du  bordereau 

Prince  Frédéric  de  Prusse  (2)  à  la  princesse  Golloredo 
Mannsfeld  (3  novembre)  (Lettre  de  condoléance). 

Stackelberg  au  cardinal  Gonsalvi  (Ordre  d'Alexandre  de 
régler  avec  lui  les  questions  pendantes  en  Russie  entre  les 
cours  de  Rome  et  de  Pétersbourg.) 

Noaiiles  au  général  Olsufieff  (5  novembre),  (lettre  peu 
curieuse). 

Gayl  (3)  à  la  comtesse  Brignole.  (Il  fera  parvenir  la  lettre 
à  la  reine  de  Westphalie  et  la  remettra  au  baron  Malsburg.)  Il 
la  remercie  de  ce  que  grâce  à  elle  il  a  pu  saluer  le  roi  de 
Rome,  et  viendra  la  voir  avant  de  partir. 

Stackelberg  au  colonel  Genzowski.  (11  a  reçu  sa  lettre  que 
Wolkonsky  remettra  à  l'empereur.) 

1.  Il  s'agit  là  d'Ettori. 

2.  Il  doit  y  avoir  là  un  lapsns  calaini  de  la  Manipulation.  Le  prince  royal, 
plus  tard  Frédéric  Guillaume  IV,  était  resté  à  Berlin  et  je  ne  crois  pas  qu'il 
puisse  s'agir  ici  du  prince  Frédéric,  né  en  1794,  petit-fils  du  roi  Frédéric  Guil- 
laume II,  le  neveu  et  successeur  du  grand  Frédéric.  Il  s'agit  plus  probable- 
ment d'une  lettre  du  prince  Guillaume  ou  du  prince  Auguste. 

3.  Le  baron  de  Gayl  et  le  baron  de  Malsburg  faisaient  tous  deux  partie  de 
la  suite  de  Jérôme  et  de  l'ex-reine  de  Westphalie.  «  Gayl,  homme  de  con- 
fiance du  couple  ci-dessus  allait  et  venait,  écrit  M.  Frédéric  Masson,et  Mals- 
burg faisait  les  commissions  à  Vienne.  »  Malsburg  avait  été  à  Cassel  le  grand 
écuyer  du  roi. 


l'ouverture  du    congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA  POLOGNE      473 

Gaertner  au  comte  de  Munster (3  novembre).  («  Veuillez  jeter 
un  coup  d'œil  sur  le  journal  officiel  que  je  vous  envoie  [Rhei- 
nischer  Mercur,  n"  138  du  25  Octobre  1814).  Il  faudrait  faire 
connaître  à  l'empereur  Alexandre  «  die  Bûrger-Bauern  und 
Sau  Hetze  »  qui  se  fait  en  Wurtemberg  et  en  Bade.  Ces  deux 
gouvernements  sont,  comme  le  montrent  ces  articles,  bien 
dignes  de  leur  créateur  Napoléon.  ») 

Envoi  à  quatre  heures  à  Talleyrand  d'un  billet  de  Harden- 
berg  (intercepté  et  communiqué  au  cabinet  noir). 


678.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3563). 

Rapport  à  HAGER  1 

Marie-Louise,  emploi  de  la  journée  du  4  novembre. 

Marie-Louise  a  reçu  la  visite  du  prince  Eugène  et  du  prince 
Antoine  de  Saxe.  Elle  a  été  voir  l'empereur  et  a  failli  avoir  un 
accident  de  voiture.  Le  soir,  elle  a  écrit  des  lettres  avec  M"*  de 
Brignole  jusqu'à  minuit. 


679.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

D'après  le  dire  du  Grand-duc  Constantin,  la  Russie  ne  re- 
nonce en  rien  à  ses  prétentions  sur  le  duché  de  Varsovie  dont 
le  Grand-duc  a  la  promesse  d'être  nommé  vice-roi.  Il  aurait 
près  de  lui  le  prince  Adam  Czartorjski. 


680.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

On  parle  dans  le  monde  d'un  duel  qui  aurait  eu  lieu  entre 
Dalberg  et  un  officier  russe,  et  dans  lequel  le  duc  aurait  été 
légèrement  blessé. 


474  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

681.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad.  3565). 

@©  à  HAGER  (en  français). 

Explications  aigres-douces  entre  le  Grand-duc  de  Bade  et  Hacke.  Concours 
de  la  France  et  de  la  Bavière  en  cas  de  guerre  à  cause  de  la  Saxe.  L'Au- 
triche refuse  le  concours  de  la  France  contre  Murât. 

Le  grand-duc  de  Bade  aurait,  dit-on,  reproché  à  son  Mi- 
nistre le  baron  Hacke  d'être  trop  français  et  trop  lié  avec  Dal- 
berg  et  Talleyrand. 

Le  grand-duc  a  été  mis  en  garde  par  ses  sœurs,  Timpéra- 
trice  de  Russie  et  la  reine  de  Bavière.  Hacke  ne  s'est  pas 
laissé  intimider  et  a  vertement  répondu  au  grand-duc. 

On  dit  maintenant  que  la  France  mettrait  120.000  hommes 
et  la  Bavière  60.000  à  la  disposition  de  l'Autriche,  en  cas  de 
guerre  à  cause  de  la  Saxe.  La  France  aurait  en  outre  offert  à 
l'Autriche,  qui  l'aurait  refusé,  de  faire  marcher  50.000  hommes 
contre  Murât.  On  craint  que  cette  marche  des  Français  contre 
Naples  ne  fasse  éclater  une  révolution  en  Italie. 


682.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français)  (analyse). 

Rapport  sur  la  requête  des  maréchaux  de  France  deman- 
dant le  maintien  des  possessions  qui  leur  ont  été  données  par 
l'Usurpateur  dans  différents  pays. 

Bresson  de  Valensole,  porteur  d'une  lettre  du  maréchal  Ney 
relative  à  cette  question,  a  été  reçu  par  Alexandre. 

On  continue  à  mener  une  campagne  acharnée  contre  Met- 
ternich. 

Alexandre  a  déclaré  que  les  affaires  ne  pourraient  prendre 
une  bonne  tournure,  tant  que  le  prince  de  Metternich  sera  à  la 
tête  du  département  des  Affaires  Etrangères. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      475 
683.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4558  ad  3565). 

LŒWENHIELM  à  ENGESTRÔM  (inlercepta)  (en  français). 

Le  congrès  défini  par  Metternich  et  Gastlereagh.  Protestation  de  la  France 
et  de  l'Espagne.  Difficultés  qui  en  résultent  et  causes  de  ces  embarras. 

Le  prince  de  Metternich  et  lord  Gastlereagh  ont  manifesté 
leur  opinion  que  le  Congrès  n'est  à  considérer  que  comme  une 
réunion  de  toutes  les  puissances  de  l'Europe  en  un  même  lieu, 
non  pas  pour  multiplier  les  difficultés  des  combinaisons  poli- 
tiques, mais  pour  les  faciliter,  abréger  les  distances  qui  séparent 
les  Etats  et  par  conséquent  rendre  les  communications 
promptes  et  décisives,  et  qu'ils  ne  voyent,  dans  le  Congrès, 
aucun  autre  but,  ni  rien  qui  constitue  une  Assemblée  qui, 
comme  telle,  aurait  un  droit  délibératif  sur  aucune  question 
particulière. 

Les  plénipotentiaires  de  France  et  celui  de  l'Espagne  ont 
formellement  et  vivement  protesté  contre  cette  conception. 
Ils  ont  demandé  alors  ce  qu'était  ce  Congrès,  puisqu'on  n'y 
voyait  aucun  but  dans  son  assemblée  générale  et  ont  trouvé 
une  contradiction  manifeste  entre  l'appel  fait  dans  le  traité  de 
Paris  pour  la  formation  du  Congrès  et  la  déclaration  anté- 
rieure du  8  octobre  pour  son  ouverture  le  1"  novembre. 

Il  est,  selon  ce  qu'il  me  paraît,  impossible  de  sortir  de  ces 
difficultés  avec  les  honneurs  d'une  logique  ordinaire.  Le  mal 
vient  de  ce  qu'on  a  imprudemment  à  Paris  proclamé  le  Con- 
grès en  lui  donnant  le  nom,  sans  réfléchir  alors  aux  difficultés 
que  cela  aurait  dans  la  pratique. 

Je  ne  puis  nier  que  les  plénipotentiaires  français  ne  puissent 
avoir  pour  eux  le  principe  des  anciens  Congrès  et  celui  qui 
semble  découler  de  la  nature  même  d'une  pareille  réunion  de 
plénipotentiaires.  Mais  d'un  autre  côté,  les  grandes  puissances, 
savoir  le  comte  de  Nesselrode  pour  la  Russie  et  le  baron  de 
Humboldt  pour  la  Prusse,  ont  déclaré  dans  notre  dernière 
séance  (1)  qu'ils  ne  comptaient  pas  soumettre  leurs  arrange- 
ments au  jugement  d'aucune  assemblée  quelconque,  ni  celle 
du  conseil  préparatoire,  ni  celle  du  Congrès  en  général.  La 
seule  démarche,  à  laquelle  les  plénipotentiaires  russes,  prus- 

1.  Cf.  d'ÂNOBBBRG  361.  La  séance  des  Huit  du  31  octobre. 


476  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

siens,  anglais  et  autrichiens  se  soumettent  vis-à-vis  du  Con- 
grès, est  la  connaissance  qu'ils  veulent  donner  à  toute  TEurope 
de  leurs  arrangements  respectifs  en  demandant  sa  sanction, 
mais  sans  que  cela  oblige  aucune  des  autres  puissances  à  sanc- 
tionner implicitement  ces  mêmes  arrangements. 

La  différence  des  opinions  vient  de  ce  que  les  plénipoten- 
tiaires français  entendent  le  mot  Congrès  dans  son  acception 
ordinaire,  et  que  les  ministres  des  autres  puissances  ne  veulent 
pas  s'en  tenir  à  cette  notion  connue,  mais  le  considèrent  sim- 
plement comme  une  réunion  de  toutes  les  puissances  sur  un 
même  point  afin  de  faciliter  leurs  arrangements. 

Les  puissances  signataires  se  fondent  sur  le  traité  de  Paris 
qui  exclut  la  France  de  toute  voix  délibérative  dans  les  arran- 
gements à  faire  par  les  alliés  quant  à  la  distribution  des  pavs 
conquis,  tandis  que  la  France,  qui  ne  peut  y  être  indifférente, 
cherche  à  prendre  toute  la  connaissance  à  laquelle  elle  croit 
avoir  droit  par  sa  place  parmi  les  puissances  de  l'Europe.  Voilà 
ce  qui  constitue  le  fond  de  la  question  que  le  prince  de  Tal- 
lejrand  cherche  à  gagner  en  faisant  adopter  des  formes  qui  y 
ramènent  toujours,  en  dépit  du  traité  de  Paris  et  en  dépit  de 
premières  décisions  du  conseil  préparatoire.  On  ne  saurait  se 
dissimuler  l'embarras  où  l'on  se  trouve  pour  sortir  de  cette 
question. 

D'un  côté  l'iiurope,  qu'on  a  appelée  à  un  Congrès  et  à  la- 
quelle on  a  récemment  annoncé  son  ouverture,  a  droit  à  le  voir 
commencer,  et  l'Europe  ne  conçoit  l'idée  d'un  Congrès  que 
comme  une  Assemblée  où  tous  les  intérêts  seront  discutés  et 
sanctionnés, d'autant  plus  qu'il  n'en  est  aucun  qui  n'alfecte  le 
bien-être  de  toutes  les  autres  puissances.  C'est  ce  sentiment 
qui  est  vivement  soutenu  par  la  France.  D'un  autre  côté,  la 
Russie  et  surtout  l'Angleterre,  de  même  que  la  Prusse  et 
l'Autriche  ne  veulent  pas  soumettre  leurs  arrangements  aux 
délibérations  des  autres  puissances.  Il  faut  donc  chercher  des 
faux-fuyants,  en  attendant  que  les  puissances,  étant  d'accord 
sur  leurs  grands  intérêts,  puissent  en  donner  à  connaître  le 
résultat,  et  faire  ainsi  de  la  première  séance  du  Congrès  la  der- 
nière. 

Dans  la  dernière  séance  du  Conseil  préparatoire  aucune  dé- 
cision n'a  été  prise  (1)    Lord  Castlereagh,  pour  calmer  la  dis- 

1.  Cf.  d'ANGEBHRG  361.  Protocole  de  la  séance  du  31  octobre  1814. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      477 

cussion,  a  observé  qu'il  valait  mieux  rejeter  à  la  fin  du  Con- 
grès tout  ce  qui  tendait  à  le  définir  et  tâcher  d'arriver  au  but 
qu'on  s'était  proposé  par  la  réunion  actuelle  des  plénipoten- 
tiaires, en  mettant  tout  de  suite  en  activité  les  différents  comi- 
tés, en  les  composant  toujours  des  puissances  intéressées.  Lord 
Gastlereagh  pensait  qu'on  n'avait  besoin  pour  cela  d'aucun  exa- 
men théorétique  sic)  sur  les  attributions  du  Congrès  général 
et  du  Conseil  préparatoire.  Il  observa  que,  sans»  aucune  dis- 
cussion, il  s'était  déjà  formé  deux  comités,  celui  des  affaires  de 
Pologne  (?)  et  celui  de  la  Constitution  de  TAUemagne  et  qu'il 
n'y  avait  donc  qu'à  former  de  mâme  la  commission  pour  la 
Suisse  et  celle  pour  l'Italie. 

Le  prince  de  Metternich  se  déclara  volontiers  du  même  avis, 
mais  observa  que,  quant  à  l'Italie,  la  multiplicité  de  ses  diffé- 
rents intérêts  exigerait  peut-être  plusieurs  comités  séparés. 

Comme  aucun  des  autres  plénipotentiaires  des  huit  puissances 
n^était  prêt  à  s'expliquer  sur  cette  dernière  considération,  la 
séance  fut  levée  sans  qu'aucune  décision  formelle  ne  fût  prise, 
ni  aucun  jour  fixé  pour  la  prochaine  réunion  du  Conseil  pré- 
paratoire (1).  En  attendant,  on  s'occupe  confidentiellement  de 
la  manière  de  former  les  commissions  qui  doivent  traiter  les 
affaires  d'Italie,  mais  cet  objet,  tenant  à  une  décision  majeure 
relative  au  Royaume  de  Naples,  ne  sera  probablement  de  sitôt 
réglée. 


684.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4358  ad  3565). 

MAVROJENY  au  Prince  de  MOLDAVIE  {infercepla)  (en  français). 

La  Pologne  et  la  note  de  Gastlereagh,  Sympathies  de  Gastlereagh  pour  la 
Prusse.  L'occupation  provisoire  de  la  Saxe.  Repnin. 

Jusqu'ici  on  n'a  traité  au  Congrès  que  la  question  de  la 
Pologne. 

Lord  Gastlereagh  a  combattu  dans  une  note  l'idée  du  réta- 
blissement d'une  Pologne  (2)  indépendante. 

1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  6  novembre,  n"  10  et  les  ambassadeurs 
du  Roi  au  Congrès  du  Département,  dépêche  n"  11  bis. 

2.  Cf.  d'Angeberg,  I,  350.  Lettre  de  l'Empereur  Alexandre  à  lord  Gastle- 
reagh en  réponse  à  sa  lettre  du  14  octobre  (Vienne,  30  octobre  avec  mémo- 
randum annexé  et  Ibidem,  393-394.  Lettre  de  lord  Gastlereagh  à  l'Empereur 


478  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Quant  aux  affaires  d'Allemagne,  ce  plénipotentiaire  paraît 
y  prendre  un  intérêt  moins  direct  et  il  semble  plutôt  favoriser 
l'agrandissement  de  la  Prusse,  le  croyant  nécessaire  à  sa  cause 
d'ajouter  à  la  force  de  cette  puissance  pour  la  mettre  à  même 
de  résister  conjointement  avec  l'Autriche,  d'un  côté  à  l'exten- 
sion de  la  Russie,  de  l'autre  à  une  invasion  de  la  part  de  la 
France. 

L'occupation  provisoire  de  la  Saxe  par  les  Prussiens  aura 
lieu  incessamment.  Il  est  déjà  parti  d'ici  plusieurs  employés 
chargés  de  l'administration  civile.  Il  a  été-déclaré  à  la  Prusse 
que  cette  occupation  ne  devrait  porter  aucun  préjudice  à  la 
décision  définitive  du  sort  de  la  Saxe... 

On  croit  que  le  prince  Repnin,  qui  jusqu'ici  était  gouver- 
neur en  Saxe,  aura  le  gouvernement  de  la  Grimée  à  la  place  du 
duc  de  Richelieu,  qui  se  trouve  aussi  à  Vienne. 


685.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565. 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  7  novembre. 


686.  Vienne,  6  novembre. 

à  HAGER 

Surveillance  du  prince  Eugène,  de  Stein,  de  Gaertner  et  de  Noailles. 

Après  le  théâtre  du  Kaerntnerthor,  le  prince  Eugène  a  été  362 
Faerbergasse  chez  une  M""«  Suzanne,  qui  a  une  très  jolie  fille. 

Stein  est  allé  à  deux  heures  chez  l'Empereur  de  Russie, 
après  avoir  envoyé  à  Hardenbergun  paquet  qu'on  a  pu  d'abord 
transmettre  à  la  manipulation. 

Gaertner.  Les  plénipotentiaires  des  princes  allemands  et  des 
princes  médiatisés   veulent  aussitôt  après  la  vérification  de 

Alexandre  sur  la  Pologne,  et  deuxième  mémorandum  de  lord  Castlereagh  sur 
la  Pologne  en  réponse  au  mémorandum  russe  du  20  octobre.  Vienne,  4  no- 
vembre. 


l'ouverture    du   congrès.  —   LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      479 

leurs  pouvoirs  renouveler  leur  proposition  ou  se  placer  sous  la 
protection  de  l'Autriche  (1). 

Noailles.  On  a  trouvé  dans  sa  voiture  de  voyage  une  lettre 
au  Général  Olsufîelï  et  une  autre  peu  intéressante  adressée  au 
prince  Jean  Liechtenstein. 


687.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565. 

Rapport  à  HAGER 

Incident  causé  par  l'arrêt  à  la  douane  d'un  courrier  et  de  dépêches 
de  Talleyrand. 

Un  courrier  de  Talleyrand  est  arrivé  le  5.  La  Douane  a  re- 
tenu, non  seulement  ses  effets,  mais  ses  dépêches.  Dalberg, 
informé  du  fait,  court  chercher  Talleyrand  chez  Zichy.  On  se 
rend  aussitôt  chez  Metternich  et  après  l'avoir  vu,  Talleyrand 
alla  lui-même  assister  à  la  délivrance  de  ses  dépêches. 


688.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad   3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  Polonais  sont  pleins  de  confiance  et  croient  de  plus  en 
plus  à  la  reconstitution  de  la  Pologne. 


689.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

00  à  HAGER 

La  partie  de  chasse  offerte  par  le  comte  Almasy.  Les  talents  de  l'Empereur 
Alexandre  comme  siffleur.  La  campagne  contre  Metternich.  La  Bagration 
et  la  Sagan. 

Le  4,  après  la  chasse  offerte  à  l'Empereur  de  Russie  par  le 

1.  Cf.  d'Angeberg,  p.  329-330.  Mémoire  adressé  à  l'Empereur  d'Autriche 
par  une  députation  des  Etats  médiatisés,  présenté  dans  l'audience  de  ce  jour 
32  octobre.  Ibidem.  P.  441-447.  Note  des  plénipotentiaires  de  29  princes  sou- 
verains et  villes  libres  d'Allemagne  aux  princes  de  Metternich  et  de  Harden- 
berg  et  au  Comte  de  Munster,  16  novembre   1814.  Ibidem,  498-500.  Note  de 

«Gaertneraux  plénipotentiaires  d'Autriche,  de  Prusse  et  de  Hanovre  (Vienne, 

H  décembre  1814). 

P 


480  AUTOUR    DU   COiNGRÈS   DE   VIENNE 

comte  Almasy  (1),  les  dames  des  familles  Almasy  et  Zichy 
chantèrent  dans  le  salon  et  le  tzar  les  accompagna  en  sifflant. 
Il  paraît  qu'il  a  pour  cela  un  talent  particulier. 

Les  intrigues  contre  Metternich  continuent.  Ses  amis  et  ses 
défenseurs  affirment  que  toute  cette  brouillerie  ne  serait  pas 
arrivée,  si,  dès  le  mois  d'août,  la  police  avait  fait  partir  la  Ba- 
gration  et  la  Sagan. 

690.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Le  grand'duc  de  Bade  a  choisi  pour  ses  plénipotentiaires  au 
Congrès,  non  pas  le  baron  Hacke,  mais  le  baron  Marschall  (2), 
frère  du  ministre  de  Nassau,  et  le  baron  de  Berckheim.  Hacke  a  | 
répondu  aux  reproches  plus  ou  moins  mérités  du  grand-duc  en 
lui  disant  ses  vérités  et  en  demandant  sa  retraite. 


691.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  4565). 

Rapport  à  HAGER 

La  Duchesse  de  Sagan,  Alexandre  et  Metternich. 

La  duchesse  de  Sagan,  paraissant  très  occupée  dans  une  con- 
versation avec  Metternich,  Alexandre  lui  dit  :  «  Madame  la 
duchesse  ^n'occupez  pas  le  prince  de  Metter?iich  d'objets  pareils, 
il  en  a  de  bien  plus  essentiels  en  tête.  » 


692.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Les  Grecs  et  le  voyage  d'Alexandre  en  Hongrie.  Consalvi  et  Rechberg.  Les 
différentes  opinion  sur  Metternich.  Les  Prussiens  et  son  bal  masqué. 

On  avait  eu,  d'après  ce  qu'on  a  dit  devant  moi  chez  Puffen- 
dorf,  quelques  appréhensions  au  sujet  du  voyage  de  l'Empe- 

1.  Voir  pour  plus  de   détails  sur  cette  chasse,  le   N"   311  du   Beobachter, 
7  novembre  1814,  page  1705. 

2.  Marschall  (Charles-Guillaume  baron  de),  ministre  d'Etat,  envoyé  extra- 
ordinaire et  ministre  plénipotentiaire  de  Bade  près  la  Cour  de  Wurtemberg. 


I 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA    SAXE   ET  LA    POLOGNE      481 

reur  Alexandre  en  Hongrie  à  cause  des  manifestations  russe- 
philes  auxquelles  on  craignait  de  voir  se  livrer  la  grosse  colonie 
grecque  qui  est  en  Hongrie.  Mais  l'Empereur  s  est  conduit  en 
Hongrie  de  façon  à  rassurer  tout  le  monde.  Il  ne  s'y  est  occupé 
que  des  jolies  femmes,  a  à  peine  regardé  les  hommes  et  a  com- 
plètement ignoré  les  vieux,  si  bien  que  le  clan  masculin  est 
loin  d'être  chaud  pour  Sa  Majesté  Russe. 

Le  comte  Rechberg,  auquel  Consalvi  vient  de  rendre  visite, 
dit  partout  que  le  futur  pape  a  été  chez  lui,  et  déclare  que  le 
cardinal  ne  saurait  manquer  d'être  acclamé  par  le  conclave 
lors  de  la  prochaine  vacance  du  trône  pontifical. 

Acerenza-Pignatelli,  parlant  au  baron  Bûhler,  lui  a  dit  que 
son  archiduchesse  (l'archiduchesse  Béatrix)  avait  une  piètre 
idée  des  talents  politiques  et  de  l'habileté  ministérielle  de  Met- 
ternich. 

Aucun  des  membres  de  la  Légation  de  Prusse  ne  paraîtra 
au  bal  masqué  chez  Metternich  à  cause  des  trop  grosses  dépenses 
qu'occasionne  l'acquisition  d'un  domino  blanc  ou  d'un  costume. 

On  a  remarqué  chez  Etienne  Zichy  que,  lors  de  la  dernière 
réception,  Alexandre  a  affecté  de  s'entretenir  longuement  et 
aimablement  avec  Metternich.  Il  y  a  du  reste  bien  des  maisons, 
chez  Esterhazy,  chez  Charles  Liechtenstein  entre  autres,  où 
l'on  défend  hautement  le  prince  et  où  on  approuve  nettement 
l'attitude  qu'il  a  prise  à  l'égard  d'Alexandre  et  sa  résolution 
de  s'opposer  au  rétablissement  du  royaume  de  Pologne. 


693.  Sans  lieu  (1),  25  octobre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

Anonyme  à  la  Comtesse  Douairière  GOLLOREDO  {Intercepta) 
(en  français). 

La  France  est  tranquille.  Le  seul  danger  vient  de  l'île  d'Elbe. 
Faute  qu'on  a  commise  en  y  mettant  Napoléon. 

La  France  est  assez  tranquille,  mais  elle  le  serait  davantage 
sans  le  voisinage  de  l'île  d'Elbe,  dont  le  propriétaire  et  sa  famille 

1.  Plus  que  probablement  de  Paris,  puisque  Noailles  en  partit  ce  même  jour, 
mystérieusement,  comme  le  prouve  le  passage  suivant  de  la  dépèche  de  Jau- 
court  à  Talleyrand,  en  date  du  25  octobre.  «  Monsieur  de  Noailles  n'a  dit  que 
ce  matin  son  départ;  il  ne  l'a  pas  même  dit  à  toute  sa  famille.  On  n'en  par- 
lera pas.  » 

T.  I.  31 


482  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

intriguent  tant  qu'ils  peuvent  et  cherciient  à  soulever,  soit  les 
personnes  qui  leur  sont  dévouées,  soit  ceux  qui, n'ayant  aucune 
propriété,  ne  se  plaisent  que  dans  l'anarchie  et  dans  la  discorde. 
Il  est  bien  étonnant  que  les  souverains,  qui  ont  tant  fait  pour 
le  bonheur  et  la  tranquillité  de  l'Europe,  ont  laissé  subsister 
au  milieu  d'eux  un  foyer  qui  pourrait  tôt  ou  tard  rallumer  l'in- 
cendie si  les  circonstances  sont  favorables.  Tous  les  honnêtes 
gens  sont  au  comble  de  leurs  vœux  et  les  coquins  sont  mécon- 
tents. On  ne  peut  croire  que  c'est  par  politique  que  les  puis- 
sances ont  laissé  subsister  près  de  nous  un  foyer  de  discorde 
qui  peut  devenir  dangereux.  C'est  le  comte  Alexis  de  Noailles 
qui  vous  fera  parvenir  cette  lettre.  J'ai  à  peine  le  temps  d'écrire 
ne  prévoyant  pas  qu'il  partirait  si  tôt. 


694.  Vienne,  5  novembre  1814  (F.  3.  4583  ad  3565). 

DALBERG  à  MARESGALGHI  (à  Parme)  [Inlercepla)  (en  français). 

il  le  félicite  de  son  admission  au  service  de  l'Autriche.  C'était  là  son  propre 
désir.  Raisons  pour  lesquelles  il  est  entré  au  service  de  la  France.  Il  ne 
sait  s'il  y  restera.  Pourquoi  il  est  à  Vienne.  11  prendra  son  parti  après  le 
Congrès.  L'Espagne  réclame  Parme.  Les  Légations  et  Rome. 

Votre  affaire,  mon  cher  ami,  est  finie.  Vous  devez  en  avoir 
reçu  la  nouvelle.  Je  vous  félicite  maintenant  de  servir  d'une  ma- 
nière si  honorable  l'Empereur  d'Autriche.  Depuis  dix-sept  ans, 
c'était  l'objet  de  mon  ambition.  La  cession  de  la  rive  gauche 
du  Rhin,  le  devoir  d'y  conserver  l'héritage  de  mes  pères,  la 
menace  de  ce  diable-homme  qui  nous  a  fait  tant  de  mal,  le 
mariage  de  cette  bonne  Impératrice  Marie-Louise  et  le  destin, 
qui  voulait  que  je  concourusse  aux  événements  du  jour,  me 
fixèrent  en  France.  Je  ne  sais,  mon  ami,  si  j'y  resterai.  Les  ins- 
tructions, si  saines  et  si  nobles,  que  le  roi  de  France  a  données 
à  ses  ministres,  m'ont  déterminé  à  paraître  ici  et  à  travailler 
avec  zèle  au  bien  général.  Vous  savez  qu'il  est  dans  mes  prin- 
cipes et  mon  caractère  de  ne  pas  composer  avec  la  vérité  et  la 
justice.  Lorsque  le  Congrès  sera  fini,  je  verrai  quel  parti  j'au- 
rai à  prendre.  Je  voyagerai  peut-être  quelques  années  et  je 
mourrai  en  homme  de  bien  sous  le  soleil  de  votre  patrie  que 
j'aime. 


l'ouverture   du   congrès.   —   LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      483 

Vous,  VOUS  voilà  fixé,  je  vous  en  félicite.  Les  Espagnols 
demandent  fermement  le  pays  où  vous  êtres.  On  pourrait  aisé- 
ment compenser  cette  possession  avec  les  Lég-alions.  L'admi- 
nistration des  Romains  n'est  pas  la  plus  éclairée. 


695.  Vienne,  26  octobre  1814  (F.  3.  4589  ad  356  J). 

SGHWARZ  au  général  baron  REUTER  (à  Stuttgart). 
{Intercepla  du  6  novembre)  (en  allemand). 

Lenteur  des  affaires.  Pas  de  changemants  dans  les  esprits. 
Défaveur  des  Anglais.  Progrès  et  vogue  des  Français. 

Ici  tout  marche  son  petit  train.  On  raisonne  beaucoup,  on  a 
écrit  beaucoup  mais  on  n'avance  guère.  L'esprit  public  est  le 
même  qu'il  y  a  quatre  mois.  On  veut  qu'il  y  ait  tous  les  jours 
quelque  chose  de  neuf.  On  ne  peut  s'habituer  à  une  vie  calme, 
dépourvue  de  grands  événements.  Les  Anglais,  dont  on  a  si 
fort  apprécié  la  générosité  pendant  la  Coalition,  commencent 
à  perdre  de  leur  prestige  et  on  profite  de  chaque  occasion  pour 
les  ridiculiser.  En  revanche,  on  montre  tous  les  jours  aux  Fran- 
çais combien  on  s'intéresse  à  leur  bonheur  et  à  leur  pros- 
périté. 


696.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

HAGER  à  L'ExMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  8  novembre  1814. 

JLa  redoute  du  6.  Alexandre  I"  et   le  Domino  noir.  Le  grand-duc  de    Bâde 

et  la  Morel. 

Alexandre  s'est  beaucoup  amusé  à  la  Redoute.  Il  s'est  énor- 
mément occupé  d'un  masque  avec  un  grand  chapeau  à  plume 
noire  qu'on  crut  être  la  comtesse  Esherhazy-Roisin.  De  2  heures 
là  3  h.  1/2,  deux  dominos  noirs  l'ont  intrigué,  lui  et  le  roi  de 
!  Prusse.  La  beauté  de  M"*  Morel  a  cette  fois  encore  produit  un 


484  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

grand  effet.  Elle  a  causé  avec  le  comte  Schœnfeld  et  le  prince 
Narischkine.  Puis  ce  fut  le  prince  de  Ligne,  qui  la  prit  sous 
sa  protection  et  resta  longtemps  auprès  d'elle.  Le  grand-duc 
de  Bade  n'a  pas  osé  se  montrer  avec  elle  dans  la  salle,  mais 
il  n'a  pas  cessé  de  rôder  autour  d'elle  et  ne  l'a  jamais  perdue 
de  vue  un  instant. 

Le  prince  Charles  de  Bavière  a  papillonné  partout  sans  se 
fixer  nulle  part. 


697.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

L'agent  fournit  les  noms  des  deux  Français  qui  ne  sont  pas 
entrés  au  service  de  Marie-Louise,  mais  qui  cherchent  une  place 
et  auxquels  elle  a  donné  de  l'argent  pour  rentrer  en  France. 

On  dit  que  Bausset  ira  le  mois  prochain  en  Italie  et  on  pense 
que  l'île  d'Elbe  est  le  but  de  son  voyage. 


698.  Vienne,  7  novembre  au  soir  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  grand-duc  Constantin  est  parti  ce  soir  de  bonne  heure  de 
chez  la  princesse  Bagration  pour  aller  rejoindre  une  très  belle 
actrice  française  engagée  à  Saint-Pétersbourg,  Séraphine  Lam- 
bert. 


699.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4604  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Il  a  été  jusqu'à  ce  jour  impossible  de  rien  intercepter  ou 
saisir  chez  le  général  Jomini  parce  que,  dès  qu'il  s'absente 
pour  se  promener  ou  aller  au  théâtre,  il  y  a  toujours  chez  lui, 
ou  son  aide  de  camp,  ou  le  serviteur  de  confiance  qui  lui  a  été 
donné  par  Alexandre.  ^Mj! 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      485 

700.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4604  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Adam  Gzartoryski  expédie  lui-même  ses  lettres 
ou  les  fait  expédier  par  son  domestique  dont  il  est  absolument 
sûr.  II  détruit  et  brûle  lui-même  avec  soin  toutes  les  lettres 
qui  lui  arrivent. 


701.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Autant  les  Russes  envisagent  sans  appréhension  l'éventualité 
d'un  conflit  armé  avec  l'Autriche,  autant  au  contraire  les  Prus- 
siens la  redoutent  et  font  des  vœux  pour  le  maintien  de  la 
paix  en  Allemagne. 

Le  comte  de  Rechberg,  de  son  côté,  prêche  l'entente  entre 
la  Bavière  et  l'Autriche  qui  n'ont  que  des  intérêts  communs. 

Wrede  a  dit  tout  haut  ces  jours-ci  :  «  On  ne  peut  laisser 
la  Prusse  prendre  la  Saxe  et  mon  Roi  ne  le  permettra  pas, 
même  si  l'Autriche  ne  bougeait  pas.  » 


I 


702.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

....  à  HAGER 

La  déclaration  de  Munster  et  les  espérances  des  petits  Princes  et  des 
Médiatisés.  L'opinion  et  les  espérances  des  membres  de  la  légation  de  Prusse. 

La  publication  de  la  note  du  comte  de  Munster,  relative  à 
l'acceptation  de  la  couronne  royale  par  le  Hanovre,  a  augmenté 
encore  l'espoir,  caressé  par  les  petits  princes  allemands  et  par 
les  Médiatisés,  du  rétablissement  du  Saint  Empire  Allemand 
et  delà  reconstitution  du  Corps  germanique. 

On  rencontre  tous  les  soirs  chez  la  vieille  comtesse  douai- 


486  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

rière  Pergen  Groschlag,  les  comtesses  Schœnborn,  Colloredo, 
la  Landgrave  Fûrstenberg(l),  les  comtesses  Groschlag,  Ghotek, 
Hoyos,  Gobenzl  et  Gallenberg  et  la  princesse  Batthianyi  (2), 
peu  d'hommes,  à  Texception  des  comtes  Gallenberg,  Kûnigl, 
Marschall,  Bentheim  (3)  et  de  M.  de  Spaen.  Ges  vieilles  dames 
colportent  toutes  les  anecdotes  qu'elles  peuvent  ramasser  sur 
le  compte  des  souverains  et  de  leurs  suites  et  déblatèrent  de 
leur  mieux  contre  Metternich. 

Les  personnes,  faisant  partie,  à  différents  titres,  de  l'ambas- 
sade de  Prusse,  ne  cessent  de  dire  cliez  Arnstein  que  leur  Roi 
est  si  honnête  et  si  loyal  qu'il  désire  et  espère  que  l'empereur 
Alexandre,  qui  tient  tant  à  sa  réputation  de  loyauté  et  de 
magnanimité,  finira  par  constituer  au  profit  de  la  Maison  de 
Saxe  une  sorte  de  royaume  de  Pologne,  ce  qui  lui  permettrait 
de  se  tirer  d'affaire  et  de  tenir  la  parole  qu'il  a  donnée  à  Paris. 
Dans  ce  cas,  le  roi  de  Prusse  gardera  la  Saxe,  qu'il  prendrait 
à  contre-cœur,  s'il  en  était  différemment,  à  cause  du  caractère 
particulièrement  odieux  qu'aurait  alors  cette  absorption.  Ils 
disent  que  le  Hanovre  doit  cesser  défaire  partie  de  l'Allemagne, 
dans  le  sein  de  laquelle  il  convient  au  contraire  d'admettre  le 
Danemark,  et  que  jusqu'à  présent  l'entrée  des  Prussiens  en 
Saxe  ne  doit  être  considérée  que  comme  une  opération  con- 
sistant à  y  relever  les  troupes  russes. 

A  l'heure  qu'il  est,  la  Pologne  est,  à  leur  sens,  la  seule  question 
préjudicielle.  Si  Alexandre  cède  sur  ce  point,  si  la  Maison  de 
Saxe  obtient  la  Pologne,  si  la  Saxe  est  attribuée  à  la  Prusse  pour 
l'indemniser  de  la  cession  de  ses  provinces  polonaises,  si  l'on 
donne  le  Hanovre  au  Danemark,  tout  s'arrangera  facilement 
et  rapidement  et  on  aura  établi  en  Europe  un  équilibre  qui 
devra  assurer  au  moins  quinze  à  seize  ans  de  paix  profonde. 


1.  11  s'agit  ici  ou  bien  de  la  princesse  Thérèse  Schwarzenberg,  mariée  en 
1801  au  landgrave  Frédéric  Egon  Fûrstenber^^  ou  plus  probablement  de  sa 
belle-mère  la  comtesse  Sophie-Thérèse  d'Oettingen-Wallerstein,  mariée  en 
1772  au  landgrave  Joachim-Egon  de  Fiirstenberg. 

2.  Probablement  la  princesse  Louis  Batthianyi,  née  comtesse  Elisabeth 
Pergen. 

3.  Très  probablement  le  comte  Alexandre-Frédéric  de  Benlheim-Steinfurt 
(1781-1866). 


m  l'ouverture   du   congrès.  —   la    saxe   et   la  POLOGNE      487 

703.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

....  à  HAGER 

A  en  croire  le  prince  Koglowski  (1),  Alexandre  désirerait 
ardemment  la  fusion  des  Eglises  grecques  et  romaines,  parce 
qu'il  médite  de  vastes  projets  et  que  de  plus,  il  se  sert  pour 
le  moment  des  Jésuites  afin  de  gagner,  grâce  à  eux,  les  Polo- 
nais. On  dit  que  les  Russes  n'ont  en  aucune  façon  désiré  voir 
Schwarzenberg  et  Stadion  prendre  part  aux  discussions  du 
Congrès  (2). 


704.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4594  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

.  Les  Saxons  sont  pleins  d'espoirs  et  d'autre  part,  les  Prus- 
siens prétendent  que  l'occupation  de  la  Saxe  par  leurs  troupes 
sera,  non  pas  provisoire,  mais  définitive. 


705.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  note  apportée    par  Noailles    (3)   et   relative  à  la  Saxe 
semble  avoir  produit  de  l'effet  et  avoir  causé  ainsi  la  remise 
fde  l'exécution  des  mesures  projetées. 

1.  Kozlowski  !  Pierre-Borissovitch,  prince)  (1783-1840),  Ministre  de  Russie  à 

^Turin. 

2.  Cf.  d'Angeberg,  381.  Metternich  à  Hardenberg.  Note  du  2  novembre  1814 
, relative  à  la  frontière  de  la  Vistule. 

3.  Dépêche  11  bis.  Les  Plénipotentiaires  du  roi  au  Département.  Vienne, 
[«  novembre.  «  Les  instructions  supplémentaires  du  roi  apportées  par  M. de 
iNoailles  avaient  mis  les  plénipotentiaires  dans  la  possibilité  de  faire  des 
^insinuations  sur  la  part  active  que  la  France  prendrait  pour  arrêter  un  équi- 
:  libre  réel  et  durable  et  pour  empêcher  que  la  Russie  ne  s'empare  du  Grand- 
Duché  de  Varsovie  et  la  Prusse  de  la  Saxe.  » 


488  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

706.  Vienne,  7  novembre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

Nota  à  H AGER  (en  français). 

Les  questions  de  Saxe,  de  Pologne,  de  Belgique  et  des  Légations  toujours 
en  suspens.  Le  mémoire  de  la  France  sur  le  sort  de  la  Saxe. 

Il  y  a  encore  eu  des  disputes  au  Congrès  sur  le  sort  de  la 
Saxe,  de  la  Pologne,  et  de  la  Belgique,  et  rien  n'est  décidé,  pas 
plus  quant  aux  Légations  qu'au  sujet  du  prince  Eugène. 

11  paraît  certain  que  la  France  a  présenté  au  Congrès  une 
note  (1)  très  raisonnée  sur  la  Saxe  et  l'équilibre  politique,  qu'à 
présent  on  s'occupe  de  réformer  et  de  modifier  en  ce  qui  avait 
été  préparé  d'après  les  mesures  précédemment  adoptées. 


707.  Paris,  27  octobre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

FAGEL  à  SPAE?>  {iiiiercepUi)  (en  français). 

Wellington  et  l'extension  à  donner  aux  Etats  du  Prince  d'Orange. 
Attribution  du  Luxembourg  à  la  Prusse.  Liège  et  le  duché  de  Nassau. 

Je  crois  bien  faire  d'envoyer  à  Votre  Excellence  la  copie  de 
la  lettre  que  j'expédie  à  la  Haye. 

«  Messieurs,  m'étant  rendu,  suivant  vos  ordres,  chez  le  duc 
de  Wellington,  voici  à  peu  près  le  résultat  de  l'entretien  qu'il 
m'a  accordé. 

«  Wellington  écrira  à  lord  Castlereagh  (2)  pour  insister  sur 
la  nécessité  de  donner  aux  nouveaux  Etats  du  prince  d'Orange 
une  frontière  qui,  ne  raccourcissant  pas  la  ligne  de  défense 
contre  la  France,  n'en  étende  pas  trop  le  front.  Sous  ce  rap- 
port, le  Luxembourg  ne  conviendrait  pas,  puisque,  comme  le 
dit  Wellington,  les  Etats  du  Prince  deviendraient  toute  fron- 
tière. La  forteresse  de  Luxembourg,  devant  être  attribuée  aune 
puissance  militaire  autre  que  la  France,  doit  pour  cette  raison 
être  donnée  à  la  Prusse. 

1.  Cf. d'Angeberg, 376-378.  Mémoire  raisonné  sur  le  sort  delà  Saxe.  Vienn;;, 
2  novembre  1314. 

2.  Cf.  Letters  and  Despatches  of  lord  Castlereagh,  t, X,  176-178.  The  Duke 
of  Wellington  to  lord  Castlereagh.  Paris,  October  27-1814. 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       489 

«  Wellington  désapprouve  la  cession  de  ce  duché  à  la  Bavière 
hostile  à  l'Angleterre.  Il  trouve  qu'il  y  a  pour  le  prince  d'O- 
range avantage  à  ce  que  le  duché  soit  à  la  Prusse  qui  appuye- 
rait  ainsi  la  gauche  des  Etats  de  ce  prince.  » 

Wellington  ayant  fait  encore  remarquer  qu'on  a  omis  de  re- 
parler du  projet  de  Hardenberg,  l'échange  du  pays  de  Liège 
contre  le-  Nassau,  Fagel  lui  a  fait  observer  que  cela  venait  de 
ce  que  le  prince  d'Orange,  tenant  par-dessus  tout  à  ses  Etats 
héréditaires,  s'opposera  de  toutes  ses  forces  à  un  pareil 
échange. 


708.  Paris,  21,  rue  de  l'Université,  31  octobre  1814  (F.  3. 4064 ad 3565). 

Anonyme  à  SPAEN  (à  Vienne)  (analyse). 

Même  sujet  que  la  pièce  précédente.  L'auteur  de  la  lettre  ne   partage  pas 
l'avis  de    Wellington  sur  Luxembourg.  Le  pacte  de  famille  et  Murât. 

L'auteur  de  cette  lettre  est  curieux  de  connaître  l'effet  pro- 
duit par  la  lettre  de  Wellington  à  lord  Gastlereagh  (1).  Il  ne 
partage  pas  du  reste  les  idées  de  Wellington  sur  la  place  et  le 
duché  de  Luxembourg. 

Il  ajoute  en  Post  scriphim  : 

«  Quelques  personnes  prétendent  que  la  Cour  de  France  veut 
faire  une  union  étroite  entre  les  différentes  branches  des  Bour- 
bons. Si  cela  se  fait,  cela  pourait  devenir  dangereux  pour 
Murât.  » 


709.  Stuttgart,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4064  ad  3565). 

KÙSTER  (2)  au  roi  de  PRUSSE  (intercepta)  (en  français). 

Projet  d'une  nouvelle  constitution  de  la  Confédération  germanique.  La  Confé- 
rence du  19  octobre  et  les  observations  du  roi  de  Wurtemberg.  Ses  vues  et 
ses  projets.  Il  désire  voir  régner  la  discorde  au  Congrès.  Ses  idées  sur  le 
Hanovre.  La  constitution  wurtembergeoise. 

Le  roi  de  Wurtemberg  a  dernièrement  communiqué   à  ses 
Ministres  ici  le  plan  de  la  nouvelle  constitution  de  la  Confédé- 

1.  Voir  note  précédente. 

2.  Ministre  de  Prusse  à  Stuttgart. 


490  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

ration  Germanique,  tel  qu*il  doit  avoir  été  concerté  à  Vienne 
entre  les  Minisires  de  l'Autriche,  de  la  Prusse  et  de  l'Angle- 
terre-Hanovre,  dans  la  conférence  du  19  octobre  (1). 

Les  remarques,  écrites  de  la  main  du  Roi  pour  accompagner 
cette  communication,  ont  fait  voir  que  Sa  Majesté  Wurtem- 
bergeoise  n'est  rien  moins  que  satisfaite  de  ce  plan,  d'abord 
parce  qu'il  a  été  fait  par  les  puissances  sans  le  concours  de  la 
Bavière  et  du  Wurtemberg  et  de  manière  à  ne  laisser  à  ces 
deux  Corps  que  le  rôle  secondaire  d'y  accéder,  mais  ensuite 
parce  qu'au  dire  de  Sa  Majesté  il  n'épuise  pas  la  matière  et  que 
ses  idées  principales  ne  s'accordent  pas  entièrement  avec  les 
vues  de  Stuttgart. 

Les  négociations  de  cette  Cour  auprès  du  Congrès  se  diri- 
gèrent constamment  vers  le  double  but,  et  de  conserver  pour 
l'administration  intérieure  la  souveraineté  la  plus  illimitée  pos- 
sible, et  d'étendre  pour  l'extérieur  aussi  loin  que  possible  son 
influence  dans  les  affaires  générales  de  l'Allemagne. 

C'est  pour  cela  que  le  roi  de  Wurtemberg  avait  d'abord  ap- 
puyé l'idée  d'un  sénat  de  Rois  à  établir  dans  la  Confédération 
Germanique  et  à  composer  de  l'Autriche,  Prusse,  Bavière, 
Wurtemberg,  Hanovre  même,  avec  une  double  voix  pour  cha- 
cune des  deux  premières  puissances  afin  de  décider  en  dernier 
ressort,  sans  le  concours  des  autres  Etats  allemands,  non  seu- 
lement les  affaires  militaires,  mais  toutes  les  affaires  générales 
et  majeures  de  l'Alllemagne  entière. 

Il  paraît  même  que  le  Roi  avait  ajouté,  il  y  a  quelque  temps, 
l'idée  de  partager  le  Corps  Germanique  dans  le  Nord  et  le  Sud, 
parce  qu'alors  les  intérêts  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse  auraient 
été  divisés  ;  que  l'activité  du  Sud  pour  balancer  le  Nord  se- 
rait devenue  plus  importante,  et  que  le  Wurtemberg  aurait  eu 
plus  de  poids  dans  les  affaires  séparées  du  Sud. 

Il  est  certain  que  dans  le  principe,  le  roi  a  pris  dans  ce  sens 
quelques  ouvertures  vagues  du  prince  de  Metternich  et  donné 
en  conséquence  des  Mémoires  détaillés  en  régalant  de  ceux-ci, 
sinon  le  Congrès  même,  du  moins  ses  ministres  ici,  auxquels 
en  général  il  écrit  maintenant  beaucoup  sur  les  négociations  de 
Vienne,  sous  le  sceau  du  plus  grand  secret,  et  quelquefois 
même  avec  ordre  de  brûler  ses  dépêches  après  lecture. 

1.  D'Angeberg.  310-315.  20  octobre  1814.  Déclaration  du  roi  de  Wurtem- 
berg au  comité  des  affaires  d'Allemagne  de  ce  jour  sur  les  douze  points  pré- 
sentés comme  bases  de  la  constitution  allemande. 


l'ouverture  du  congrès,  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   491 

Je  ne  saurais  passer  ici  sous  silence  que  dans  le  même  es- 
prit, le  Roi,  écrivant  à  ses  Ministres  d'ici,  s'attache  souvent  à 
relever  tout  ce  qui  pourrait  marquer  quelques  discussions  entre 
les  Grandes  Puissances.  Il  l'a  fait  nommément  lors  de  la  pro- 
rogation du  Congrès  au  1"  novembre  qu'il  attribuait  d'abord 
à  des  discussions  avec  la  Russie  au  sujet  de  la  Pologne,  et  il 
ne  demanderait  peut-être  pas  mieux  que  de  voir  en  général 
régner  la  discorde  là  où  maintenant  la  plus  belle  harmonie  réu- 
nit les  souverains  alliés  pour  le  salut  de  l'Europe. 

Quant  à  la  nouvelle  dignité  royale  de  Télectorat  de  Hanovre, 
le  roi  de  Wurtemberg  l'avait  tout  de  suite  annoncée  par  un 
billet  de  quatre  lignes  à  la  reine  comme  un  événement  fort 
agréable  pour  eux  deux.  Personne  n'a  pu  douter  de  ceci,  vu 
que  par  la  nomination  d'un  nouveau  roi,  dont  les  Etats  alle- 
mands se  trouvent  de  plus  être  inférieurs  à  ceux  du  roi  de 
Wurtemberg,  celui-ci  pourrait  se  flatter  de  n'avoir  plus  à  jouer 
le  dernier  rôle  parmi  les  têtes  couronnées.  Mais  on  a  parlé 
dernièrement  à  la  cour  de  discussions  entre  les  ministres  du 
nouveau  royaume  de  Hanovre  et  ceux  de  Wurtemberg  sur  le 
rang  des  deux  rois,  discussions  qui  ont  dû  afîecter  le  roi  à  tel 
point  qu'il  en  a  été  quelque  temps  malade,  mais  qui  s'aplani- 
ront à  la  satisfaction  générale,  comme  on  l'espère  ici. 

Un  autre  sujet  de  mécontentement  lui  vient  des  justes  soins 
que  prend  le  Congrès  à  donner  aux  Etats  allemands  une  bonne 
Constitution  intérieure.  Le  roi,  soit  sur  une  sommation  quel- 
conque faite  de  la  part  des  souverains  alliés,  soit  pour  avoir 
l'air  de  les  avoir  prévenus  à  légard  de  son  propre  royaume, 
a  déjà  enjoint  il  y  a  quelques  semaines,  à  son  ministre  d'Etat, 
Mandelslohe  de  faire  dresser  un  plan  de  Constitution  Wur- 
tembergeoise,  et  ce  ministre  en  a  chargé  le  conseiller  de  jus- 
tice Georgi,  homme  très  versé  dans  les  affaires  de  ce  pays  et 
qui  était  autrefois  au  service  des  Etats  de  Wurtemberg.  Cette 
constitution  doit  comprendre  deux  Chambres,  la  première 
composée  des  nobles,  la  deuxième,  des  représentants  des  villes 
et  des  propriétaires  de  biens  ruraux  et  leur  assigner  une  part 
décisive  à  la  législation  et  aux  impositions  publiques. 


710.  Vienne  6  novembre  1814  (F.  3.  4601  ad  3555). 

HAGER  à  L'ExMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  9  novembre. 


492  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIENNE 

Vienne,  8  novembre  1814. 

Rapport  à  L'EIMPEREUR 

Envoi  de  chiffons  provenant  de  chez  Talleyrand  et  Dalberg, 
ramassés  chez  ce  dernier  pendant  qu'il  était  au  Théâtre. 
Dalberg  avait  eu,  le  6,  un  entretien  secret  avec  Reinhard(l), 


1 

711.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4604  ad  3565).  * 

Rapport  à  HAGER 

Ilumboldt  remplace  Hardenberg  à  la  conférence  du  7.  Lettre  de  Hardenberg 
à  Nesselrode  interceptée  par  l'agent. 

Hardenberg  a  confié  le  7  son  portefeuille  à  Humboldt,  qui 
le  remplaça  à  la  conférence  chez  Metternich  à  laquelle  assis- 
tèrent Munster,  le  comte  Hardenberg,  Wrede,Wintzingerode, 
Wessenberg  et  Martens.  Humboldt  est  rentré  à  quatre  heures, 
et  Hardenberg  envoya  aussitôt  à  Nesselrode  une  lettre  (que 
l'agent  a  pu  envoyer  en  communication). 


712.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4313  ad  3565). 

{I  nier  cep  la). 

Nesselrode  a  reçu  le  8  une  longue  lettre  de  Hardenberg 
qu'on  a  réussi  à  intercepter. 

Interceptés  56  lettres  et  paquets  adressés  à  Castlereagh. 


713.  Vienne,  8  novembre  1913  (F.  3.  4604  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français)  (analyse). 

Le  duc  de  Weimar  continue  d'exposer  au  prince  de  Ligne 
son  «désir  de  jouir  tranquillement  de  ses  petits  Etats.  Il  dément 

1.  Jean  de  Reinhard,  bourguemestre  de  Zurich,  l'un  des  trois  délégués  de  l«r 
Diète  helvétique  au  Congrès. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   493 

tous  les  projets  qu*on  lui  prête  et  déclare  qu'il  ne  veut  se  mê- 
ler de  rien. 

Il  prétend  même  que  jamais  l'avidité  de  l'Empereur  de  Rus- 
sie ne  s'est  mieux  dévoilée  qu'à  présent  et  considère  Oit  comme 
l'un  des  plus  dangereux  parmi  ceux  qui  inspirent  des  idées  à 
Alexandre. 


714.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 


Ceque  lesViennoispensentd'Alexandre,des  rois  de  Prusse  et  de  Danemark. 
La  conduite  d'Alexandre  en  Hongrie. 


Alexandre  n'a  pas  su  se  rendre  aussi  sympathique  qu'il  l'au- 
rait pu  et  dû.  On  constate  en  général  qu'il  était  plus  populaire, 
plus  apprécié  avant  qu'on  ait  pu  le  connaître.  On  lui  reproche 
de  n'avoir  aucun  intérêt  pour  les  choses  de  TArt.  On  est  en- 
core à  attendre  de  lui  un  trait  témoignant  de  sa  part  quelque 
originalité  ou  quelque  mouvement  spontané.  Les  dames,  qui 
exercent  une  action  si  considérable  sur  l'opinion,  ne  lui  sont 
en  général  pas  favorables.  Elles  se  l'étaient  figuré  tout  autre 
qu'il  ne  leur  est  apparu.  Elles  s'attendaient  à  voir  un  Apol- 
lon et  à  n'avoir  qu'à  admirer  sa  conduite  et  ses  manières.  Elles 
ont  été  profondément  déçues. 

Le  roi  de  Prusse  est  peut-être  personnellement  préféré  à 
Alexandre,  mais  il  porte  le  poids  des  faussetés  et  des  préten- 
tions de  son  gouvernement  et  de  son  entourage  qui  affecte  de 
professer  un  certain  mépris  à  l'adresse  des  Autrichiens. 

Le  roi  de  Danemark  est  le  seul  qui  ait  beaucoup  gagné  dans 
l'opinion.  On  le  plaint  et  on  s'intéresse  vivement  à  lui. 

Lors  de  la  présentation  qu'on  fit  à  Alexandre  de  la  noblesse 
hongroise, il  afficha  le  plus  parfait  dédain,  daigna  à  peine  leur 
parler  et  adressa  tout  au  plus  quelques  mots  à  de  jeunes  offi- 
ciers. Au  bal  donné  par  la  comtesse  Sandor,  il  n'échangea  pas 
un  mot  avec  elle,  il  n'y  resta  que  quelques  minutes  pour  se 
rendre  à  la  Redoute  où  il  passa  le  reste  de  la  nuit  à  danser 
avec  la  fille  d'un  apothicaire.  Il  a  mis  le  comble  à  tout  cela  en 
laissant  libre  cours  à  sa  colère  lors  de  la  visite  qu'il  fit  au 


494  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

tombeau  de  sa  sœur  à  Urœm?  (1  ),  parce  que  la  liturgie  n'était  pas 
la  même  que  celle  qu'il  avait  l'habitude  d'entendre  à  Saint- 
Pétersbourg. 


715.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

à  HAGER  (en  français). 

Le  7  au  soir,  Czartoryski,  en  rentrant  du  théâtre  an  der' 
Vrfe;z, reçut  un  paquet  du  Grand-duc  Constantin.  Après  Tavoir 
lu,  il  fit  atteler,  se  rendit  chez  Capo  d'Istria,  qu'il  fit  réveiller, 
resta  une  heure  avec  lui,  et  de  là  alla  chez  lord  Stewart,  chez 
lequel  il  resta  jusqu'à  3  heures  du  matin. 


716.  Vienne,  8  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Analyse  d'une  conversation  que  l'agent  a  eue  le  8 
avec  le  lieutenant  colonel  prussien  Von  R...  (2)  attaché  à  Stein. 

Très  violent  et  très  dur  pour  le  Congrès,  le  colonel  croit  que 
si  cet  état  de  choses  ne  change  pas  à  bref  délai,  on  va  au-devant 
d'événements  d'une  extrême  gravité. 

Le  colonel  affirme  qu'avant  de  partir  pour  Varsovie  le  grand- 
duc  Constantin  a  eu,  la  veille  encore,  de  longues  conférences 
avec  La  Harpe  et  Gzartorysky.  11  n'a  pas  fait  mystère  du  mé- 
contentement et  du  dépit  de  Stein. 


717.  Stuttgart,  6  novembre  1814  (F.  4.4464  ad  3565).  jf 

La  REINE  de   WURTEMBERG  au  ROI  (à  Vienne)  {Intercepta) 

(en  français.) 

Le  divorce  et  le    nouveau   mariage  de  Marie-Louise.  Le  Roi  de  Prusse.  La  % 
Grande-duchesse  Catherine.  Les  espérances  et  les  visées  de  Bade. Avidité 
de  la  Bavière  et  de  la  Prusse.  Mécontentement  du  grand-duc  de  Hesse. 

1.  La  grande-duchesse  Alexandra  Pawlovvna,  morte  en  1801,  et  qui  avait 
épousé  l'archiduc  Palatin. 

2.  Au  lieu  du  lieutenant-colonel  von  Riihl  indiqué  par  l'agent  il  s'agit  pro-l 
bablement  du  lieutenant-colonel  von  Thiele. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   495 

On  assure  qu'avant  peu  il  y  aura  des  changements  inatten- 
dus, que  l'Impératrice  Marie-Louise  sera  séparée  et  remariée. 
Mais  à  qui  ?  C'est  le  secret  de  la  comédie. 

Toute  l'Europe  veut  donner  une  épouse  au  roi  de  Prusse. 
Mais  il  ressemble  à  la  Grande-duchesse  Catherine,  à  qui  on  ne 
manque  pas  de  donner  tous  les  jours  un  mari. 

A  Carlsruhe,  on  se  flatte  d'obLenir  Fulde  au  lieu  du  Pala- 
tinat  qu'on  s'imagine  devoir  vous  retomber.  Enfin  cela  fait  hon- 
neur au  secret  des  cabinets  que  rien  ne  soit  connu  des  négo- 
ciations qui  ont  lieu  à  Vienne. 

Après  la  Prusse,  personne  n'est  plus  avide  que  la  Bavière, 
et  cela  m'amuse  à  lire  les  louanges  qu'elle  se  donne  à  tout 
moment  touchant  la  sagesse  de  son  gouvernement.  Je  crois 
que  ses  sujets  ne  sont  pas  du  même  avis. 

Je  ne  vois  pas  avec  autant  d'indifférence  son  avidité  et  sous 
mille  vœux,  mon  cher  ami,  je  souhaite  aussi  que  vous  soyez 
à  même  d'y  mettre  des  bornes. 

Le  Grand  duc  ou  Electeur  de  Hesse  ne  doit  pas  avoir  été 
fort  enchanté  de  son  séjour  à  Vienne. 


718.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

HAGhlR  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  Rapport  journalier  du  10  novembre 

Le  grand-Duc  de  Bade  et  Joséphine  Morel  que  Hager 
a  dû  renoncer  à  faire  partir. 

Il  lui  fournit  des  indications  sur  Joséphine  Morel,  la  maî- 
resse  du  grand-duc  de  Bade,  née  en  Hongrie,  élevée  en  France 
(t  revenue  à  Vienne  où  elle  a  eu  une  liaison  avec  le  comte  G... 
Elle  n'a  par  tardé   à  faire  la  connaissance  du  grand-duc  de 

ide  et  peu  de  temps  après  elle  a  fait  venir  son  mari. 

Hager  a  voulu  la  faire  partir.  Il  a  dû  renoncer  à  ce  projet 
levant  l'intervention  indirecte  du  grand-duc,  qui  lui  a  envoyé 

cet  effet  le  prince  Trauttmansdorfî. 


496  AUTOUR  DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

719.  Vienne,  9  octobre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  a  dîné  le  7  chez  Marie-Louise,  et  le  8,  il 
a  fait  une  longue  visite  à  Séraphine  Lambert. 


720.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

Rapport   à  HAGER  (en  français). 

Appréciations  de  Labrador  sur  le  Congrès.  L'Europe  ne  fera  que  changer 
de  maître,  Alexandre  au  lieu  de  Napoléon/Nécessité  d'une  nouvelle  crise. 

Labrador  prétend  que  les  autres  monarques  n'ont  pas  d'aussi 
nobles  pensées  que  son  roi  ;  ils  n'ont  pour  but  que  leur  agran- 
dissement et  non  le  bien-être  général. 

L'Europe  n'aura  gagné  dans  cette  terrible  lutte  que  de  chan- 
ger de  maître.  Au  lieu  de  Napoléon,  elle  aura  Alexandre. 

Labrador  croit  à  la  dissolution  du  Congrès  et  que  ce  sera 
seulement  une  nouvelle  crise  qui  pourra  faire  renaître  en]Eu- 
rope  un  nouvel  ordre  de  choses,  une  ère  de  justice, de  calme 
et  de  paix. 


721.  Vienne,  9  novembre  (F.  3.  4641  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  roi  de  Prusse  personnellement  aurait  consenti  au  réta- 
blissement et  au  maintien  de  la  Saxe,  mais  Hardenberg  et 
surtout  Humboldt  s'opposent  de  toutes  leurs  forces  à  cette 
concession  et  insistent  sur  l'annexion  de  ce  royaume. 


722.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

L'Empereur  d'Autriche,  le  Prince  Antoine  et  la  Saxe.  Les  notes  de  Castle- 
reaghet  de  Noailles.  Bruit  de  départ  de  la  duchesse  de  Sagan.  Les  salons] 
Stadion  et  Pergen.  Convention  secrète  entre  la  Pritsse  et  la  Russie.  Alexan- 
dre et  l'enterrement  du  Congrès   Les  médiatisés, lord  Stewart  et  le  prince] 
Eugène.  Alexandre  et  le  Prince  Jean  de  Liechtenstein. 


l'ouverture    du    congrès.  —     LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       497 

Après  avoir  signalé  les  menées  de  la  famille  Zichy  contre 
Metternich,  il  lui  mande  que  ; 

L'Empereur  d'Autriche  a  dit  ces  jours-ci  au  prince  Antoine 
de  Saxe  :  «  Les  affaires  de  Saxe  vont  mieux.  Le  roi  se  tire 
d'affaire  en  cédant  la  Lusace  et  Wittenberg  à  la  Prusse.  » 

Gastlereag'h  et  Noailles  ont  remis  des  Mémoires  en  faveur 
de  la  Saxe  (1). 

La  Sagan  partira,  dit-on,  de  Vienne  le  29  et  irait  dans  ses 
terres  de  Bohème. 

Tous  les  soirs,  aux  thés  de  la  comtesse  Stadion,  femme  du 
Ministre,  tous  les  Schônborn,  tous  les  Stadion,  Isenburg,  Er- 
bach,  Solms,  Linden,  Lœwenstein,  tous  les  princes  médiati- 
sés, le  général  Steigentesch. 

La  Prusse  proteste  contre  les  pouvoirs  donnés  par  la  Saxe 
à  Schulenburg  qui  doit  représenter  son  roi  à  Vienne.  Elle  a 
signé  une  convention  secrète  avec  la  Russie  (2). 

On  dit  aussi  qu'Alexandre  laissera  à  Vienne  Nesselrode  et 
Anstett  pour  enterrer  le  Congrès. 

Montgelas  doit  arriver  aujourd'hui,  dit-on.  Le  Congrès  ne 
marche  pas. 

Les  Médiatisés  ont  l'air  de  devenir  un  peu  plus  raisonna- 
bles. Quelques-uns  d'entre  eux  reconnaissent  déjà  qu'il  est 
ipresque  impossible  de  revenir  à  l'ancienne  Constitution  de 
ll'Empire,  et  par  conséquent  de  leur  rendre  leur  ancien  statut. 

On  continue  de  raconter  les  histoires  les  plus  incroyables 

le  compte  de  lord  Stew^art.Se  trouvant  avec  le  Vice-Roi, 

lui  dit  :  «  J'ai  bien  du  plaisir  à  faire  votre  connaissance  per- 

melle  après  avoir  été  vis-à-vis  de  vous  et  vous  avoir  battu 

Espagne.  » 
[Le  Vice-Roi  lui  répondit  :  «  Peut-être  avez-vous  combattu 

Espagne  ?  Mais  moi,  Beauharnais,  je  n'ai  jamais  été  en  Es- 

jne.  Mais  je  me  flatte  peut-être,  et  je  crois  que,  si  j'avais 
l'honneur  d'être  vis-à-vis  de  vous,    Mylord,  j'aurais  eu 

mneur  de  vous  battre.  » 

Cf.  d'Angeberg.  Mémoire  raisonné  sur  le  sort  de  la  Saxe  et  de  son  sou- 
lin  présenté  au  point  de  vue  français.  Vienne,  4  novembre,  376-379  et  lettre 
îrdCastlereagh  à  l'Empereur  Alexandre  avec  mémorandum  annexé.  Vienne, 
svembre  393-401. 

2,  Il  s'agit  probablement  de  la  convention  du  28  septembre  1814  (Cf.  Mxn- 
W.  Recueil  des  traités  conclus  par  la,  Russie,  t.  VII,  158  et  suivantes.  Cf. 
ue  729,  allusion  à  une  convention  passée  à  Paris  entre  la  Prusse  et  la  Rus- 

T.  I.  32 


498  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

On  se  moque  également  beaucoup  de  lord  et  de  ladj  Castle- 
reagh  qu'on  voit  partout  dans  les  rues,  dans  les  boutiques  se 
promener  en  se  donnant  le  bras,  qui  entrent  dans  tous  les 
magasins,  se  font  montrer  tout  ce  que  contient  l'établissement, 
puis  s'en  vont  sans  jamais  rien  acheter. 

On  s'est  également  fort  amusé  aux  dépens  de  lady  Castle- 
reagh  qui  s'est  taillée  un  certain  succès  en  paraissant  au  bal 
masqué  d'hier  chez  Metternich  avec  le  ruban  de  l'Ordre  de  la  ' 
Jarretière  dans  sa  coifïure.  I 

L'Empereur  Alexandre   traite    si  particulièrement  mal  le] 
prince  Jean  de  Liechtenstein,  auquel  il  ne  pardonne  pas  le  rôle' 
qu'il  joua,  lors  de  la  signature  des  traités  de  1805  et  de  1809, 
que  le  prince  n'osa  pas  donner  suite  à  son  projet  d'offrir  une 
fête  à  l'Empereur. 


723.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4311  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

L'inconduite  des  Russes   logis  à  la  Burg.  Les  grossièretés  et  les  brutalités 
du  Grand-Duc  Constantin. 

L'agent  D...  rend  compte  que  les  Russes  logés  à  la  Burg 
ne  se  contentent  pas  d'y  être  fort  malpropres,  mais  s'y  con- 
duisent fort  mal  et  y  reçoivent  constamment  des  filles. 

Les  cours  de  Russie  et  d'Angleterre  ont,  paraît-il,  offert  il 
l'Empereur  de  l'indemniser  de  ses  énormes  dépenses,  mai;| 
l'Empereur  a  décliné  cette  offre. 

On  est  de  plus  en  plus  mécontent  de  l'attitude  du  Grandi 
duc  Constantin.  On  raconte  que  tout  dernièrement,  chez  l[ 
comte  Stackelberg,  il  aurait  pris  pour  plastron  un  coratl 
Esierhazy  et  se  serait  si  fort  moqué  de  lui  à  cause  de  la  perj 
ruque  que  le  comte  persiste  à  porter,  que  celui-ci  ne 
s'empêcher  de  dire  tout  haut,  qu'il  était  bien  triste  de  devoij 
constater  combien  on  avait  négligé  l'éducation  du  Grand-du(| 

Tout  dernièrement  aussi,  comme  il  se  promenait  à  cheval 
par  un  fort  mauvais  temps  dans  le  parc  de  Schœnbrunn, 
répondit  par  des  jurons  et  des  grossièretés  aux  observatioij 
des  gardes  et  des  jardiniers  qui  le  priaient  de  ménager  M 
allées. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      499 

V24.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  {Inlercepta){en  français). 

Difficultés  croissantes  des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  La  représentation 
des  petits  princes  allemands  au  Congrès.  Les  fêtes  et  les  bals.  Le  dey 
d'Alger  et  Napoléon. 

Nous  sommes  toujours  dans  l'attente  d'apprendre  la  déci- 
sion de  cette  importante  question  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe, 
qui  forme  le  principal  obstacle  à  l'ouverture  du  Congrès  et 
qui  semble  devenir  plus  épineuse  et  plus  difficile  à  résoudre, 
à  mesure  qu'elle  est  plus  discutée  et  considérée  sous  plusieurs 
points  de  vue. 

Le  bureau  de  vérification  a  reçu  un  grand  nombre  de  pleins 
pouvoirs  dont  la  validité  va  être  examinée.  Le  duc  de  Campo 
Chiaro  et  le  prince  Gariati  en  ont  présenté  comme  plénipo- 
tentiaires de  Naples.  Les  petits  princes  et  les  dynasties  de 
TAllemagne,  se  cotisant  par  douzaine  et  vingtaine,  ont  aussi 
envoyé  leurs  fondés  de  pouvoirs  au  Congrès. 

11  y  a  des  gens  qui  se  sont  formé  une  idée  du  Congrès, 
comme  s'il  était  un  tribunal  devant  lequel  toutes  sortes  de 
prétentions  et  de  réclamations  puissent  être  portées.  En  at- 
tendant le  dénouement  de  tant  de  discussions  très  sérieuses, 
les  fêtes  et  les  divertissements  se  succèdent  sans  interruption 
tous  les  jours. 

Le  Consul  d'Autriche  à  Civita  Vecchia  a  annoncé,  dit-on, 
que  le  Dey  d'Alger  ne  reconnaît  pas  le  pavillon  de  l'île  d^lbe 
et  a  même  ordonné  à  ses  corsaires  de  se  saisir  de  la  personne 
de  Napoléon,  s'il  y  avait  moyen,  et  de  l'amener  à  Alger. 


725.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4312  ad  3565). 

LŒWENHIELM    à    ENGESTRŒM   [Intercepta)   (en    français) 

(analyse). 

La  réunion   de  la  Norvège  à  la  Suède.  Gravité  de  la  situation  à  cause 
des  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 

Il  lui  annonce  que  Nesselrode  et  Castlereagh  lui  ont  fait 
part,  le  8  au  soir,  de  la  réunion  détinitivement  elîectuée  de  la 
Suède  et  de  la  Norvège. 


500  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

«....  Les  affaires  éprouvent  encore  une  grande  stagnation 
motivée  par  l'extrême  difficulté  d'allier  les  vues  de  la  Russie 
sur  la  Pologne  avec  la  sécurité  de  F  Aile  magne,  de  la  Prusse 
et  de  TAutriclie. 

«  Cette  dernière  surtout  se  plaint  de  la  frontière  militaire 
qui  serait  le  résultat  des  cessions  à  faire  à  la  Russie.  » 


726.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4313  ad  3565). 

Comtesse  de  REGHBERG  au  Comte  de  GŒIRTZ  (Intercepta) 

(en  français). 

La  Russie  finira  par  céder  sur  la  question  de  Saxe.  La  note  de  Castlereagh 
du  4  novembre  à  l'Empereur  Alexandre.  L'attitude  de  la  France.  Tension 
des  rapports  entre  Alexandre  et  Metternich. 

Oui,  mon  adoré  Père,  il  n'est  plus  douteux  que  vous  ne 
puissiez  quitter  bientôt  vos  habits  de  deuil.  Tous  ceux  qui 
l'avaient  adopté  ont  des  figures  rayonnantes  de  joie  et  d'es- 
pérance. On  croit  généralement  que  lEmpereur  Alexandre 
finira  par  céder  et  on  prétend  qu'il  y  a  des  arrangements  pris 
entre  l'Autriche  et  la  Prusse  en  faveur  de  la  Saxe. 

Lord  Castlereagh  a  remis  une  note  très  forte  à  l'Empe- 
reur Alexandre  relativement  à  la  Pologne  (1).  La  France  s'ex- 
prime avec  l'énergie  des  temps  de  Napoléon.  On  tient  ferme 
ici.  Trois  fois,  l'Empereur  Alexandre  a  fait  demander  au  prince 
de  Metternich  de  se  rendre  chez  lui,  et  trois  fois,  il  a  fait 
répondre  que  cet  entretien  ne  pourrait  apporter  des  change- 
ments à  ce  qu'il  avait  eu  l'honneur  de  lui  exprimer  antérieu- 
rement ;  qu'il  avait  remis  à  son  Conseil  tous  les  différends  de 
la  Pologne  et  que  sans  être  traître  à  la  Patrie,  il  ne  pourrait 
céder  sur  aucun  point  (1). 


727.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4645  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  11  novembre. 

Envoi  de  divers  intercepta  parmi  lesquels  à  signaler  : 

1.  Conférence  du  28  octobre  à  laquelle  prirent  part  StadionfDukajSchwar- 
zenberg,  Metternich  et  Wessenberg. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   501 

Kisseleff  à  Zakrzewitzki  (en  russe).  (Lettre  particulière). 

Stewart  à  Castlereagh  (8  nov.).  (Envoi  d'un  mémoire  mili- 
taire de  Knesebeck.) 

Sontheim  au  baron  Triebenfeld  (9  nov.  )  (A  propos  des  dettes  du 
duc  Louis  de  Wurtemberg  (1)  que  le  roi  n'entend  pas  payer). 

H...  à  Lamb  (Naples,  15  août).  (Demande  à  servir  dans  la 
marine  autrichienne.) 

Gaertner  à  Munster  (9  novembre).  (Mémoires:  1"  du  duc  de 
Groy  relatif  au  comté  de  Dulmen  ;  2*  du  comte  de  Solms  Wil- 
denfels  relatif  au  fief  de  Wildenfels.  Plus  un  paquet  de  jour- 
naux et  une  lettre  privée  au  conseiller  Feuerbach). 

Anonyme  à  Ruffo,  (contenant  une  lettre  privée  de  Lucchesi  (2) 
(de  Palerme)  à  son  frère  à  Vienne  sur  le  service  funèbre  pour 
le  repos  de  Tâme  de  la  reine  Marie-Caroline). 


728.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

GOËHAUSEN  à  HAGER 
Objet  de  la  Mission  de  Malczewski  à  Vienne. 

Le  major  Malczewski,  aide  de  camp  de  Murât,  n'a  pas  caché 
à  l'agent  Auguste  von  Wolfersdorf  qu'il  était  venu  à  Vienne 
par  ordre  de  Murât  afin  de  savoir  de  la  bouche  de  Metternich 
de  Schwarzenberg  ce  que  l'Autriche  comptait  faire  à  son 

ard  et  alin  de  leur  faire  connaître  ses  intentions  absolument 

mnêtes  et  loyales. 

(Malczewski  est  arrivé  à  Vienne  le  30  octobre.) 


11.  Wurtemberg  (Louis,  duc  de)  ffère  du  duc  Eugène  et  de  l'Impératrice 
Birie  Fedorowna,  neveu  de  la  landgrave  de  Hesse-Gassel,  née  princesse  de 
àndebourg-Schwedt,  sœui*  de  la  princesse  de  Montbéliard,  marié  en  1784 
BC  la  princesse  Marianne  Gzartoryska,  sœur  du  prince  Adam,  divorcé  en 
|2  et  remarié  plus  tard  avec  une  duchesse  de  Nassau-Weilburg.  Il  avait 
de  son  premier  mariage  un  fils,  le  prince  Adam  de  Wurtemberg,  mort 
itenant  général  au  service  de  Russie  (Barohnb  d'Oberkirch.  Mémoires.  I. 
•  et  note  142). 

.Lucchesi  (duc)  fut  à  plusieurs  reprises  ministre  de  Ferdinand  IV.  Il  mou- 
à  Palerme  peu  de  temps  avant  le  départ  du  roi  pour  Naples. 


502  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE  VIENNE 

729.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

e  0  à  HAGER 

Pourquoi  Montgelas  ne  vient  pas  à  Vienne.  L'attitude  des  différentes  puis- 
sances dans  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  Rôle  attribué  à  Schwar- 
zenberg  et  à  Stadion. 

Montgelas,  qui  est  en  très  mauvais  termes  avec  le  prince 
royal  de  Bavière,  ne'  viendra  pas  à  Vienne. 

L'Angleterre,  l'Autriche  et  la  France  refusent  de  recon- 
naître la  convention  secrète  passée  entre  la  Prusse  et  la  Russie 
à  Paris,  par  rapport  à  la  Saxe  et  à  la  Pologne  et  qui  a  été 
suivie  d'une  alliance  offensive  et  défensive.  Elles  ne  s'occupe- 
ront de  quoi  que  ce  soit  avant  le  règlement  définitif  des  affaires 
de  Saxe  et  de  Pologne. 

On  prétend  que  l'Empereur  d'Autriche  se  sert  de  Schwar- 
zenberg  et  de  Stadion,  tous  deux  très  en  grâce  auprès  d'A- 
lexandre, pour  arranger  les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe. 


730.  Vienne,  10  octobre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

à  HAGER 

Pourquoi  on  n'a  rien  ramassé  la  veille  chez  Dalberg. 

Dalberg  étant  resté  presque  toute  la  journée  avec  Talleyrand, 
il  a  été  impossible  de  rien  se  procurer  chez  lui. 


731.  Vienne,  10  novembre  (F.  3.  4641  ad  356ô). 

FREDDI   à  HAGER  (en  français)  (Rapport  de   chez  le  Noncell^ 


Opinion  de  La  Harpe  sur  la  Pologne.  La  Saxe  et  Metternich. 
Le  Roi  de  Prusse  et  la  Saxe 

La  Harpe  et  Miranda  étaient  parmi  les  convives  invités  pai|  | 
le  Ministre  de  Suisse  Mûller  au  dîner  qu'il  donna  avant-hier  |:  § 
La  Harpe,  selon  les  assertions  de  Miranda  (1),  fît  des  obseri 

1.  Miranda  (Chevalier  de),  Chargé  d'affaires  de  Portugal  à  Vienne. 


m 


l'ouverture    du    congrès.  LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       503 

valions  très  judicieuses  sur  Tétat  actuel  des  choses  et  sur  le 
besoin  impérieux  de  réformer  et  de  constituer  sur  d'autres 
bases  le  système  politique  de  l'Europe,  et  après  avoir,  avec 
une  saine  logique  appuyé  ses  raisonnements  et  avoir  dit  que 
«  la  Politique  a  des  yeux  et  point  d'entrailles  »,  il  assura  que 
le  sort  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe  était  irrévocablement  fixé, 
bon  gré  ou  malgré  les  autres  puissances  du  parti  de  l'oppo- 
sition. 

La  Harpe  jugea  aussi  la  conduite  et  les  talents  de  M.  de 
Metternich,qui  selon  lui,  n'était  pas  en  état  de  se  mesurer  avec 
les  Hardenberg,  Talleyrand,  Stein,  etc.,*etc.,  et  qu'il  croyait, 
attendu  les  bruits  dont  la  ville  était  pleine,  qu'il  touchait  à  la 
fin  de  son  Ministère.  «  Les  qualités  brillantes  du  prince  de 
Metternich  et  ses  dehors  gracieux,  son  penchant  à  la  plaisan- 
terie le  rendent  plus  propre  à  la  place  d'ambassadeur  que  de 
premier  Ministre.  On  l'enverra  probablement  à  Paris  où  il  a 
des  liaisons  assez  distinguées.  C'est  absurde  en  politique,  et 
c'est  en  outre  dangereux  pour  la  cause  de  l'Autriche,  que 
d'avoir  un  Ministre  qui  est  méprisé  par  les  nationaux  et  haï 
par  les  étrangers.  C'est  une  chose  bien  étonnante  que  d'en- 
tendre l'opinion  publique  aussi  prononcée  contre  le  Ministre.  » 

M.  de  Mirande  m'a  répété  mot  pour  mot  cette  conversation 
de  M.  de  La  Harpe.  Il  m'a  aussi  parlé  hier  au  soir  d'avoir  en- 
tendu confusément  dire  qu'un  courrier  français  venant  de 
Paris  fut  arrêté  avant  hier  aux  Lignes  (1)  pour  cause  de  contre- 
bande et  conduit  à  la  douane  pour  les  inspections  prescrites 
par  les  lois,  ce  qui  avait  donné  lieu  à  des  plaintes  de  ?»L  de 
Talleyrand.  Il  m'a  demandé  des  nouvelles  sur  cette  affaire,  sur 
quoi  je  lui  répondis  que  j'ignorais  entièrement  le  fait. 

Le  comte  Zicliy,  ministre  à  Berlin,  actuellement  ici,  ayant 
été  faire  sa  cour  avant-hier  au  roi  de  Prusse,  celui-ci  lui  dit 
qu'avant  le  15  décembre  il  ne  pourrait  pas  partir,  et  il  lui  an- 
nonça que  dans  le  même  temps  il  s'arrêterait  en  route  à  Dresde 
pour  régler  les  affaires  de  ses  nouveaux  Etats. 


1.  On  appelait  lignes  les  limites  et  barrières  de  l'octroi  de  Vienne  qui 
n'ont  disparu,  pour  être  reportées  plus  loin,  que  tout  récemment,  lors  de 
Textension  donnée  à  la  capitale. 


504  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

732.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

H...  à  HAGER  (en  français). 

Conséquences  probables  du  Congrès.  Probabilités  de  guerre.  Agrandisse- 
ments et  échanges.  Le  Palatin  et  la  Grande-duchesse  Catherine.  Les  bruta- 
lités et  les  originalités  du  Grand-duc  Constantin. 

Des  spéculateurs  ou  des  gens  mal  pensants  répandent  le 
bruit  que  le  Congrès  durera  fort  longtemps  à  cause  des  dis- 
sentiments entre  les  Plénipotentiaires  et  que  la  guerre  avec 
la  France  recommencçra  au  prinlemps. 

D'autre  part,  on  dit  que  l'Autriche  s'agrandira  en  Italie,  en 
Autriche  antérieure,  en  Pologne,  en  Silésie;  que  la  Prusse 
s'agrandira,  mais  moins  qu'on  ne  le  croit,  et  qu'une  partie  de 
la  Saxe  sera  attribuée  à  Weimar. 

Le  Danemark  cédera  le  Seeland  à  l'Angleterre  et  recevra  en 
échange  des  territoires  du  côté  du  Hanovre. 

A  la  Cour,  on  a  remarqué  que  le  Palatin  de  Hongrie  re- 
cherche la  société  de  la  duchesse  d'Oldenburg,  et  que,  lors  de 
son  départ  pour  Varsovie  le  Grand-duc  Constantin  a  fait  at- 
tendre les  voitures  jusqu'à  une  heure  de  l'après-midi.  On  lui 
prête  pas  mal  d'actes  de  brutalité  et  d'immoralité. 


733.  Gènes,  24  octobre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

DALRYMPLE  au  Marquis  BRIGNOLE 
{Intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Doléances  sur  le  sort  probable  de  Gènes. 
Expédient  qui  pourrait  la  sauver  momentanément. 

Dalrymple  (1)  regrette  que  les  négociations  ne  marchent 
pas  mieux.  Il  s'efforce  d'adoucir  le  sort  de  Gênes  qui,  de  toute 
façon,  n'aurait  pas  conservé  longtemps  son  indépendance,  me- 
nacée et  convoitée  par  la  France  et  par  le  Piémont.  Le  seul 
moyen  de  se  sauver,  pour  le  moment,  serait  de  tenir  à  Gênes 
une  garnison  anglaise  jusqu'au  règlement  définitif  des  affaires 
de  l'Europe.  L'Angleterre  est  intéressée  en  effet  à  veiller  sur 
le  sort  et  le  commerce  de  Gênes. 

1.  Dalrymple  (sir  John  Hamilton  Macgill,  Huitième  comte  Stair)  (1771- 
1853),  à  ce  moment  brigadier  et  commandant  les  troupes  anglaises  en  garni- 
son à  Gênes. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      505 

734.  Gènes,  1"  novembre  1814  (F.  3.  4641  ad  3565). 

DALRYMPLE  au  Marquis  BRIGNOLE  [lalercepta)  (en  français). 

Il  ne  faut  pas  encore  désespérer.  The  chapter  of  accidents  y 
comme  on  dit  en  anglais,  pourra  produire  quelque  chose. 


735.  Vienne,  12  novembre  (F.  3.  4657  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  12  novembre. 


736.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Surveillance  de  Stein.  Papiers  interceptés  chez  lui  et  envoi 
de  chiffons  ramassés  chez  Dalberg. 

Stein  a  reçu,  le  10  à  dîner,  deux  lettres  de  Hardenberg  et 
un  gros  paquet  destiné  au  Conseiller  d'Etat  prussien  Stœge- 
mann.  Ces  pièces  ont  été  communiquées  à  qui  de  droit  {am 
gehœrigen  Ort,  c'est-à-dire  «  Le  Cabinet  Noir  »). 

On  a  trouvé  le  10  dans  le  cabinet  de  Dalberg  un  certain 
nombre  de  chiffons  à  peine  déchirés  et  qu'il  a  été  facile  de 
reconstituer. 


737.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Ordre  de  savoir  ce  qui  s'est  passé  à  Schœnbrunn  entre  Marie-Louise 
et  un  officier  français. 

On  prétend  que  Marie-Louise  a  reçu  le  9  à  Schœnbrunn  un 
officier  français  revenant  de  captivité  nommé  Areldi.  Ordre  a 
été  donné  de  se  renseigner  exactement  sur  ce  point  et  de  sur- 
veiller cet  individu. 


506  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

738.  Vienne,  11  novembre  18U  (F.  3.  4657  ad  3')65). 

Rapport  à  HAGER 

Bruit  de  brouille  entre  le  Grand-duc  de  Bade  et  la  Morel, 
le  Grand-duc  et  la  Comtesse  Festetics. 

Le  bruit  court  que  le  grand-duc  de  Bade  serait  presque  com- 
plètement brouillé  avec  la  Morel  (dont  le  mari  et  les  enfants 
sont  à  Baden)  à  cause  des  infidélités  qu'elle  lui  aurait  faites 
par  trop  ouvertement.  En  revanche,  il  est  très  assidu  chez  la 
Comtesse  Festetics. 


739.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  IIAGER 

Objet  du  voyage  du  Grand-Duc  Constantin  en  Pologne.  Agrandissements  pro- 
bables de  l'Autriche  et  de  la  Prusse.  La  censure  et  une  brochure  sur  la 
Central  Verwaltung. 

On  m'assure  que  le  grand-duc  Constantin,  parti  pour  Var- 
sovie par  ordre  de  l'Empereur,  serait  chargé  d'y  former  deux 
nouveaux  régiments  de  cavalerie. 

On  prétend  que  l'Autriche  recevra  au  Congrès  un  accrois- 
sement de  plusieurs  millions  de  sujets,  qu'on  lui  donnera 
Alexandrie  en  Piémont,  et  qu'au  lieu  de  huit  millions  de  sujets 
la  Prusse  en  aura  désormais  onze. 

G.  signale  la  publication  d'une  brochure  sur  la  Central 
Verwaltung . 

On  est  curieux  de  voir  ce  qu'en  dira  la  Censure.  Il  paraît 
que  la  brochure  est  assez  dure  pour  Stein. 


740.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

SCIIMIDT  à  HAGER 

Zerboni  di  Sposetti.  Les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  Les  conférences  B 
du  5  et  du  6  entre  le  roi  de  Prusse  et  Hardenberg.  La  supprématie  en  Aile-  t 
magne.  if 

rf 
Zerboni, d'après  ce  que  me  raconte  l'agent  H...,  se  tient  sur    ;t 

la  plus  extrême  réserve  sur  toutes  les  questions  politiques  et    i  t 


l'ouverture;  du  congrès.  —  la  saxe  et  la  POLOGNE   507 

affecte  d'en  savoir  plus  long  et  de  les  connaître  mieux  que  tout 
le  monde.  Tout  ce  que  j'ai  pu  tirer  de  lui  se  borne  à  peu  de 
chose,  puisque  d'après  lui,  l'affaire  de  la  Saxe  est  si  peu  réglée 
que  la  Pru<;se  maintient  encore  ses  prétentions  sur  la  Pologne. 
Gomme  ses  collègues,  il  affirme  que  rien  n'est  encore  décidé 
et  qu'il  y  a  eu  samedi  et  dimanche  deux  grandes  conférences 
à  ce  propos  entre  le  roi  de  Prusse  et  Hardenberg. 

Ce  fait  a  été  confirmé  à  l'agent  H...  par  les  Conseillers  d'Etat 
von  Klewàtz  et  Staegemann.  Du  reste  tous  ces  Messieurs 
disent  qu'en  fin  de  compte  il  faudra  qu'on  se  prononce  sur  la 
question  de  la  suprématie  en  Allemagne,  suprématie  qui  ne 
peut  appartenir  qu'aux  Habsbourg  ou  aux  Hohenzollern.Pour 
le  moment,  la  balance  semble  pencher  en  faveur  des  Habs- 
bourg, 


741.  Vienne,  10  novembre  1814  (F.  3.  4657  ad  3565). 

0  e  à  HAGER. 

Les  singuliers  propos  tenus  par  les  Médiatisés. 
Le  sort  probable  de  la  Pologne. 

Voici  les  singuliers  propos  qu'ont  tenus  chez  la  Comtesse 
d'Orsay,  veuve  du  Comte  François  Zichy,  née  Lodron,  le 
prince  de  H&henlohe-Bartenstein  (1)  et  quelques  princes  Mé- 
diatisés :  «  Ne  va-t-on  pas  transférer  en  Suisse  la  Maison  de 
Wurtemberg  et  se  servir  du  territoire  Wurtembergeois  pour 
rendre  aux  Médiatisés  en  Souabe  leur  statimi  pristinum  {sic), 
pour  donner  à  la  Bavière,  à  Bade,  à  la  Hesse,  au  Nassau  des 
équivalents  en  échange  de  ce  qu'ils  auront  à  rétrocéder  aux 

1.  Hohenlohe  (Waldenburg-Bartenstein,  Louis-Alexis-Joachim,  prince  de) 
(1765-1829),  quitta  le  service  palatin  pour  faire  les  campagnes  de  1792-1794  à 
l'armée  de  Condé, passa  ensuite  d'abord  auservicedela  Hollande,  puis  en  1795 
au  service  de  l'Autriche  et  fit  en  qualité  de  colonel  les  campagnes  de  1796  à 
1799.  Général-major  en  1799,  feld-maréchal  lieutenant  en  1806,  il  céda  ses 
possessions  en  novembre  de  cette  même  année  à  son  fils  aîné.  Napoléon  lui 
fit  à  plusieurs  reprises  des  offres  de  lui  conserver  ses  Etats,  qui  furent  an- 
nexés au  Wurtemberg,  s'il  consentait  à  entrer  dans  la  Confédération  du  Rhin, 
offres  qu'il  refusa.  Après  avoir  fait  avec  les  Autrichiens  les  campagnes  de 
1813  et  1814,  il  entra  en  1815  au  service  de  Louis  XVIII  en  qualité  de  lieu- 
tenant général  pour  prendre  rang  du  28  février  1806  d'inspecteur  d'infanterie. 
Hohenlohe,  qui  commanda  une  division  à  la  campagne  d'Espagne  en  1823,  reçut 
en  1827  le  bâton  de  maréchal  à  la  mort  de  M.  de  Vioménil. 


508  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Médiatisés  ?  C'est  là  le  seul  moyen  de  venir  en  aide  et  de 
rendre  justice  aux  Médiatisés.  Si  l'on  ne  s'y  décide  pas,  il  y 
aura  un  soulèvement  général  en  Souabe,  en  Franconie,  sur  le 
Rhin.  La  France  et  la  Belgique  s'en  mêleront  et  une  nouvelle 
guerre  générale  sortira  de  tout  cela. 

Si  au  contraire,  on  prête  Toreille  à  ce  que  dit  le  libraire 
Hurter,  de  Fribourg,  qui  vient  d'arriver  à  Vienne,  on  entend 
un  tout  autre  son  de  cloche.  D'après  lui,  la  Souabe  ne  veut 
à  aucun  prix  pas  plus  du  retour  des  Médiatisés  que  se  voir 
incorporée  au  Wurtemberg  et  à  Bade,  et  désire  être  attribuée 
à  l'Autriche. 

On  affirmait  ces  jours-ci  chez  la  vieille  comtesse  Lubomirska 
que  la  Pologne,  constituée  en  royaume,  mais  ayant  une  Cons- 
titution propre,  sera  incorporée  à  la  Russie.  L'Empereur  de 
Russie  deviendra  roi  de  Pologne  et  il  existera  à  l'avenir  entre 
la  Russie  et  la  Pologne  un  statut  analogue  à  celui  entre  l'Au- 
triche et  la  Hongrie. 

742.  Vienne,  13  novembre  '814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  Rapport  joui-nalier  du  13  novembre  {Intercepta). 

Extrait  du  bordereau  des  pièces  passées  â"  la  manipulation. 

Comte  de  Rechteren-Limpourg  au  Comte  de  Munster  (Ei- 
nersheim,  25  octobre); (brochures  sur  le  comté  établissant  sa 
parenté  avec  Munster). 

Stein  au  Président  de  Régence  von  Burg  (11  novembre). 
(Mémoires  sur  la  Constitution  de  la  Confédération  Germa- 
nique). 

743.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565  . 

©©à  HAGER 

On  assure  que  les  affaires  de  Saxe  et  de  Pologne  vont  s'ar- 
ranger et  que  l'Empereur  Alexandre  est  plus  disposé  à  faire 
des  concessions. 


l'ouverture    du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       509 

On  espère  qu'Alexandre  ne  tardera  pas  à  partir  et  qu'alors 
on  commencera  à  travailler  sérieusement. 


744.  Presbourg,  12  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565,'. 

G.  G.  à  HAGER  (en  français). 

La  question  de  Pologne  et  le  Congrès.  Alexandre  et  Metternich. 
Inquiétude  et  mécontentement  qui  régnent  en  Hongrie. 

Les  nouvelles  arrivées  ici  de  Vienne  affirment  que  le  désac- 
cord, qui  règne  au  Congrès,  vient  de  ce  qu'Alexandre  réclame 
toute  la  Pologne  dont  le  Grand-duc  Constantin  deviendrait  le 
Roi.  Metternich  lui  ayant  représenté  que  c'était  chose  impos- 
sible, contraire  aux  traités  signés  à  Paris  et  à  l'équilibre  euro- 
péen, Alexandre  répondit  qu'il  insisterait  sur  ce  point,  qu'il 
ne  connaissait  pas  d'autre  équilibre  que  celui-là  (en  frappant 
sur  son  épée  (1). 

On  est  très  inquiet  ici  où  Ton  croit  savoir  qu'ordre  va  être 
donné  aux  Comitats  de  fournir  au  plus  vite  les  conscrits  encore 
laissés  dans  leurs  foyers.  La  hausse  du  change  et  le  renchéris- 
sement des  vivres  augmentent  les  craintes  et  le  mécontentement 
du  peuple  qui  est  furieux  contre  la  Prusse  et  la  Russie. 


745.  Vienne,  11  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

e  0  à  HAGER 

68  renseignements  d'Elkam.  Le  Roide  Bavière.  Alexandre,  Le  prince  Eugène.. 

Le  banquier  Elkam  est  certainement  mieux  informé  que  per- 
mne  au  monde  sur  tout  ce  qui  se  passe  chez  le  roi  de  Ba- 
vière. Il  sera  bon  de  ne  pas  perdre  de  vue  le  conseiller  bava- 
)is  von  Ringel,  arrivé  depuis  peu  de  jours,  qui  habite  tout  à 
^té  de  son  roi  et  qui  est  le  véritable  faiseur  (sic)  et  le  fac- 
Hum  de  Montgelas. 
On  en  raconte  de  toutes  sortes  sur  le  compte  d'Alexandre  qui 
'assied  bien  rarement  à  son  bureau,  passe  toutes  ses  matinées 
ses  journées  à  assister  au  exercices  et  aux  manœuvres  des 

1.  Cf.  Pallain.  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII. 
Palleyrand  au  roi.  Vienne,  31  octobre  1814.  Dépèche  N"  9.   Pages  86-87. 


510  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

troupes,  à  se  promener  à  cheval  ou  en  voiture,  à  aller  à  la 
chasse,  à  faire  des  visites,  et  toutes  ses  soirées  jusqu'après 
minuit  à  danser.  On  a  été  très  étonné  de  le  voir  aller  à  trois 
reprises  chez  le  prince  Eugène  qui  aurait  fait  sa  conquête  grâce 
aux  louanges  dont  ill  a  comblé.  Les  Autrichiens  et  les  étran- 
gers disent  à  l'envi  qu'Alexandre,  qui  s'était  déjà  rendu  ridi- 
cule à  Paris  où  il  avait  laissé  une  assez  mauvaise  réputation, 
se  rend  plus  ridicule  encore,  presque  méprisable  même,  à 
Vienne  où  il  laissera  un  détestable  souvenir. 

De  ce  qu'on  n'a  pas  renouvelé  hier  les  contrats  de  location 
faits  parla  Cour,  on  veut  en  conclure  que  d'ici  au  16  décembre 
au  plus  tard,  l'Empereur  Alexandre  nous  aura  quittés. 


746.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4643  ad  3565). 

....  à  HAGER 

L'opinion  d'Anstett.  Alexandre.  La  Pologne.  La  {guerre  et  ses  dangers  pour 
l'Autriche.  Avantages  pour  l'Autriche  d'une  attitude  expectante. 

Anstett  était  encore  aujourd'hui  dans  les  mêmes  dispositions 
d'esprit  que  lors  de  notre  dernier  entretien.  Il  avait  été  souf- 
frant pendant  trois  jours  et  affirmait  que  ce  malaise  n'avait 
d'autre  cause  que  la  bile  qu'il  ne  cesse  de  se  faire.  Comme  je 
faisais  à  ce  propos  allusion  au  bruit,  qui  courait  depuis  quelques 
jours  et  d'après  lequel  on  se  serait  mis  d'accord  sur  la  Polo- 
gne, à  l'exception  toutefois  de  Cracovie  et  de  quelques  points 
à  céder  à  la  Russie,  il  me  dit  : 

«  On  ne  s'est  mis  d'accord  sur  rien.  On  est  encore  plus  loin 
de  s'entendre  que  jamais. Peu  nous  importe  d'ailleurs  que  vous 
et  vos  amis  et  complices,  vous  cédiez  ou  non.  Nous  sommes 
décidés  à  garder  ce  qui  est  à  nous,  et  tel  est  le  cas  pour  la 
Pologne.  Nous  l'avons  et  nous  la  garderons,  y  compris  même 
Cracovie  et  autres  points,  parce  que  sans  cela,  quelle  valeur  i 
aurait-elle  pour  nous.  Cela  ne  peut  vous  contrarier  au  point 
de  vue  militaire,  parce  que  vous  êtes  maîtres  de  l'autre  rive  de 
la  Vistule  et  nous  sommes  dans  l'impossibilité  de  fortifier  la 
nôtre  de  façon  à  vous  empêcher  de  bombarder  et  de  détruire 
quand  bon  vous  semblera  les  ouvrages  que  nous  y  élèverions.»  ? 

Moi  :  «  C'est  donc  pour  prendre  possession  du  pays  que  le  i 
grand-duc  Constantin  est  parti  d'ici  en  toute  hâte?  »  ' 


l'ouverture    du    COxNGRÈS.   LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE       511 

Lui  :  «  Son  départ  a  été  motivé  bien  moins  par  cette  prise 
de  possession  que  par  d'autres  considérations  militaires.  Son 
départ  est  encore  une  de  ces  manifestations  brusquées  dont 
nous  sommes  coutumiers  et  j'avais  appelé  l'attention  de  l'Em- 
pereur sur  le  mauvais  eiîet  que  cela  ne  manquerait  pas  de  pro- 
duire et  sur  les  inquiétudes  qui  en  seraient  la  conséquence. 
D'autres  hommes,  qui  poussent  l'Empereur  à  faire  des  avances 
aux  Polonais,  ont  réussi  à  faire  accepter  leurs  idées.  Le  temps 
montrera  à  quoi  ces  avances  auront  servi.  » 

Moi  :  «  Dans  ces  conditions,  la  guerre  me  semble  à  la  fois 
prochaine  et  inévitable.  » 

Lui:  «  Mais  non  !  Votre  souverain  a  solennellement  déclaré  et 
promis  à  mon  Maître  que  tant  qu'il  vivrait  il  ne  ferait  jamais 
la  guerre  à  la  Russie.  Je  ne  saurais  vous  dire  comment  il  s'y 
prendra  pour  tenir  sa  parole  dans  quelques  années.  Mais  pour 
le  moment,  il  fera  bien  de  ne  pas  la  violer.  Vous  avez  laissé 
passer  le  moment  opportun.  Votre  Metternich  aurait  dû  parler 
haut  et  ferme  à  Paris.  Il  aurait  pu  alors  faire  prévaloir  sa  vo- 
lonté, mais  il  lui  aurait  fallu  à  cette  heure  imposer  silence  à 
l'insinuant  Talleyrand. 

«  Actuellement,  vous  ne  pouvez  nous  faire  la  guerre.  Vos 
armées  ne  sont  pas  concentrées  et  nous,  nous  avons  cinq  cent 
mille  hommes  en  première  ligne  à  peu  de  distance  de  votre 
frontière. 

«  Notre  cavalerie  est  réunie  et  bien  mieux  montée  que  la 
vôtre.  Notre  artillerie  est  deux  fois  plus  nombreuse  et  autre- 
ment bonne  que  la  vôtre  et  nos  soldats  marchent  mieux  et  plus 
vite  que  les  vôtres.  La  supériorité  de  vos  généraux  ne  saurait 
compenser  toutes  ces  causes  de  faiblesse,  toutes  ces  lacunes. 
Ah  1  si  vous  aviez  les  mains  libres  en  Italie,  si  vous  pouviez 
compter  sur  l'appoint  et  le  concours  de  200.000  Français,  qui 
après  avoir  traversé  l'Allemagne  pourraient  dans  une  quinzaine 
de  jours  être  rendus  sur  notre  frontière,  si  encore  vous  pou- 
viez compter  sur  l'Allemagne  !  Ce  qui  n'est  pas  le  cas,  puisque 
V opinion  y  est  encore  en  notre  faveur  et  que  nous  avons  la 
^gesse  de  l'entretenir  dans  ces  sentiments.  Ah,  alors  !  vous 
pourriez  vous  flatter  d'obtenir  quelque  chose  en  nous  mena- 
çant de  la  guerre.  Mais  pour  le  moment  vous  avez  trop  de 
points  faibles.  Nous  vous  aurons  envahi,  inondé  de  troupes, 
écrasé  avant  que,  sans  faire  entrer  en  ligne  de  compte  vos 
auxiliaires  éventuels,  vous  ayez  concentré  votre  armée.  Au 


512  AUTOUR    DU    CO>'GRÈS    DE    VIENNE 

premier  mot  de  guerre,  c'ea  est  fait  de  votre  Galicie.  Les  habi-; 
tants  n'auront  rien  de  plus  pressé  que  de  saisir  l'occasion  au 
vol.  Nous  entrerons  aussi  en  Transylvanie,  nous  soulèverons 
l'Italie  où  le  feu  couve  encore  sous  la  cendre  et  nous  travaille- 
rons en  outre  la  Hongrie.  » 

Je  lui  rappelai  à  ce  moment  que  dans  un  de  nos  derniers 
entretiens,  il  m'avait  affirmé  qu'en  cas  de  guerre  la  Russie  ne 
recourrait  pas  à  ce  moyen. 

«  Un  homme  comme  mon  Empereur,  me  dit-il,  ne  néglige 
rien  lorsqu'on  rompt  avec  lui  ou  lorsqu'on  veut  s'opposer  à  lui. 
Le  cabinet  sera  modifié.  Je  n'en  fais  plus  partie,  car  j'insiste 
sur  ma  demande  de  mise  à  la  retraite,  et  si  l'on  vient  à  la 
rupture,  on  fera  feu  de  tout  bois.  On  n'abandonnera  pas  l'idée 
qu'on  a  caressée  depuis  si  longtemps  de  faire  de  la  Hongrie  un 
royaume  indépendant.  Mon  maître  est  d'avis  que  l'Autriche 
devrait  s'estimer  heureuse  si  on  offrait  la  couronne  au  Palatin. 
Songez-y.  C'est  à  tout  cela  que  vous  vous  exposeriez  dans  ce 
cas  et  de  plus,  je  vous  le  répète,  nous  vous  créerions  de  ter- 
ribles difficultés  en  Italie. 

«  Aussi,  en  admettant  que  notre  Empereur  constitue  et  pro- 
clame le  royaume  de  Pologne,  n'essayez  pas  de  protester,  cela 
ne  servirait  à  rien.  Vous  le  savez,  mon  cher,  bien  des  gens  le 
savent,  et  mon  Empereur  le  sait  mieux  que  personne,  que  je 
me  suis,  dans  son  intérêt  même,  opposé  de  toutes  mes  forces 
à  ce  projet.  Maintenant  je  suis  un  homme  mort,  puisque  je 
persiste  dans  mes  idées  de  retraite,  et  vous  devez  considérer 
mes  paroles  comme  des  voix  d'outre-tombe.  L'Autriche,  la 
France,  l'Allemagne  ne  veulent  pas  que  la  Pologne  soit  à  la 
Russie.  Elle  va  donc  l'acquérir  dans  des  conditions  des  plus 
défavorables.  L'orgueil  des  Polonais,  toujours  avides  de  nou- 
veautés, est  flEîtté  par  cette  combinaison  ;  mais  ce  que  je  puis 
vous  affirmer  sur  mon  honneur,  c'est  que  tous  les  Russes  sont 
hostiles  à  cette  idée,  et,  comme  je  connais  la  situation  à  fond, 
j'ai  grand  peur  que  la  réalisation  de  ce  programme  ne  coûte, 
avant  qu'il  soit  longtemps,  la  vie  à  l'Empereur. 

«  Il  ne  faudra  pas  beaucoup  plus  d'un  an  pour  que  les  Polo- 
nais mécontents  ne  recommencent  à  s'agiter.  Si  la  guerre  vient 
à  éclater  maintenant  à  ce  propos,  la  Russie  tout  entière,  qui 
me  se  rendra  pas  un  compte  exact  du  but  réel,  de  la  cause  vé- 
ritable de  ce  conflit,  soutiendra  de  toutes  ses  forces  son  Empe- 
reur, autour  duquel  elle  se  massera,  tandis  que  vous,  vous  res- 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      513 

terez  seuls,  ou  à  peu  près  seuls.  Si  au  contraire  vous  manœu- 
vrez de  telle  façon  qu'aucun  traité  ne  vienne  consacrer  la  prise 
de  possession  de  la  Pologne,  si  vous  commencez  petit  à  petit 
une  campagne  tendant  à  faire  croire  aux  Polonais  que  vous 
voulez  les  arracher  à  la  domination  russe  pour  les  rendre  in- 
dépendants, vous  les  aurez  tous  de  votre  côté,  ou  tout  au  moins 
vous  provoquerez  des  discussions  si  vives,  que  les  Russes  eux- 
mêmes  refuseront  d'appuyer  et  de  soutenir  leur  Empereur.  » 
Ces  déclarations,  et  d'autres  du  même  genre  que  la  mau- 
vaise humeur  et  le  dépit  arrachèrent  à  Anstett,  me  prouvèrent 
qu'il  était  toujours  aussi  monté  contre  Nesselrode  et  les  deux 
autres  plénipotentiaires  russes.  Je  vous  ai  répété  fidèlement 
ce  qu'il  m'a  dit  et  laisse  à  votre  haute  sagesse  le  soin  de  voir 
si  ces  déclarations  vous  paraissent  réellement  dictées  par  une 
juste  appréciation  des  conjonctures  actuelles,  ou  si  au  con- 
traire Anstett  a  essayé  d'abuser  de  ma  confiance  et  de  ma 
crédulité  et  de  se  servir  de  moi  pour  répandre  et  vous  sou- 
mettre un  tissu  de  fausses  considérations. 


747.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565;. 

....  à  HAGER  (en  français). 

Pourquoi  Anstett  demande  à  rentrer  en  Russie.  Son  opposition  aux  vues 
d'Alexandre  sur  la  Pologne.  La  guerre  lui  semble  inévitable  parce  qu'A- 
lexandre ne  cédera  pas. 

w  Anstett,  désolé  de  voir  que  l'Empereur  Alexandre  se  refu- 
Iftait  à  écouter  ses  conseils,  lui  a  écrit  pour  lui  demander  la 
permission  de  rentrer  chez  lui. 

L'Empereur  très  contrarié  a  essayé  de  le  faire  renoncer  à 

[cette  idée,  et  lui  a  fait  toutes  sortes  d'avances  ;  mais  Anstett 

m'a  pas  encore  cédé.  Son  amour-propre  est  froissé,  et  de  plus 

•y  a  une  trop  grande  divergence  de  vues  et  d'opinions  entre 

îux,  et  Anstett  ne  peut  guère  aller  jusqu'à  admettre  les  prin- 

îipes  qu'on  paraît  avoir  adoptés. 

Anstelt  n'en  continuait  pas  moins  jusqu'ici  à  faire  une  foule 

travaux    qu'Alexandre  lui  avait  envoyés,  mais  il  n'en  est 

ylvLS  ainsi  depuis  cinq  ou  six  jours. 

;  D'après  ce  qu'il  m'a   encore  dit,  Anstett  continue   à  être 
|)pposé  à  la  reconstitution  du  royaume  de  Pologne.  Il  croit  la 
ï.  I.  ^  33 


514  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENiNE 

chose  impossible,  parce  qu'Alexandre  devrait  alors  faire  pour 
la  Pologne  plus  qu'il  ne  fait  pour  la  Russie  et  favoriser  les 
Polonais,  qui  ont  cependant  combattu  dans  les  rangs  des  Fran- 
çais, au  détriment  des  Russes  qui  ont  versé  leur  sang  pour  lui. 
Anstett  semble  croire  du  reste  qu'Alexandre  restera  inébran- 
lable sur  la  question  de  la  Pologne  et  croit  par  conséquent  à 
la  guerre  entre  les  deux  Empires. 


748.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4643  ad  3565). 

e  0  à  HAGER 

Les  sommes  dépensées  à  Vienne  par  les  souverains  et  les  missions.  Les 
prouesses  cynégétiques  et  l'impopularité  du  Roi  de  Wurtemberg.  Les  avan- 
tages deFAvent. 

Le  banquer  Elkam  a  dit  hier  à  la  soirée  que  le  Conseiller 
d'Etat  Russe  Ott  donne  tous  les  vendredis,  que  jusqu'à  ce 
jour,  y  compris  les  Anglais,  les  souverains  et  les  hommes 
d'Etat  n'ont  guère  dépensé  qu'un  million  de  florins.  L'Empereur 
de  Russie  n'a  pris  jusqu'ici  que  100.000  florins  en  papier  et 
6.000  ducats  en  or,  les  Bavarois,  60.000  florins  papier.  Quant 
au  roi  de  Wurtemberg,  il  a  apporté  du  numéraire,  et  il  paraît 
qu'il  spécule  sur  le  change.  Gomme  le  fait  très  justement  re- 
marquer Elkam,  on  ne  s'aperçoit  que  bien  peu  à  Vienne  de 
cet  apport  et  de  ce  mouvement  d'argent. 

Les  souverains  étrangers,  les  secrétaires  d'Etat  et  leurs 
suites  sont  les  hôtes  de  l'Empereur  et  entièrement  défrayés 
par  lui.  Les  ambassades  envoyées  au  Congrès,  Talleyrand, 
Hardenberg,  Labrador,  Castlereagh,  Lœwenhielm  n'ont  pas^ 
de  vrai  train  de  maison  et  ne  donnent  pas  de  fêtes.  A  Paris, 
le  séjour  des  souverains,  qui  y  vivaient  à  leur  compte  per- 
sonnel, a  rapporté  à  la  ville  20  millions. 

On  a  parlé  de  la  chasse  au  sanglier  d'avant-hier.  Le  roi  de- 
Wurtemberg  à  lui  seul  en  a  tué  32.  «  C'est,  à  dit  à  ce  propos- 
le  baron  Linden,  à  cette  malheureuse  passion  pour  la  chasse- 
que  mon  roi  doit  son  impopularité.  > 

«  Dieu  merci  »,  a-t-on  encore  dit  ce  soir-là,  «  nous  voilà  en 
plein  Avent.  On  ne  dansera  plus.  L'Empereur  de  Russie  devra  , 
rester  chez  lui,  et  peut-être  pourra-t-on  enfin  travailler  un 
peu  ». 


l'ouverture  du    COxNGRÈS.   LA    SAXE    ET    LA   PULOG.NE       515 

749.  Bologne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

^•LISA  BAGIOCGHI  au  Comte  ALmNl{In(.ercepla)  (on  français). 

Elle  demande  la  restitution  de   sa  fortune   particulière,  fait  appel  à 
Alexandre  et  à  Pozzo  di  Borgo  et  renonce  au  duché  de  Piornbino. 

M.  le  comte  Aldini,  je  reçois  votre  lettre  du  21.  Vous  de- 
vez sentir  combien  je  désire  que  Ton  me  rende  mes  eiïets  et 
mes  propriétés  particulières  avant  Thiver.  Je  n'attends  que 
cette  décision  pour  acheter  une  maison  et  m'établir  définiti- 
vement à  Bologne. 

Le  prince  a  eu  autrefois  des  relations  d'amitié  avec  le  comte 
Pozzo  di  Borgo.  Je  joins  ici  une  lettre  pour  lui.  Dans  le  cas 
où  vous  jugeriez  qu'elle  serait  utile  à  la  réussite  de  mes  de- 
mandes, remettez-la  lui.  Lorsque  l'Empereur  de  Russie  était 
à  Paris,  il  m'avait  fait  assurer  qu'il  s'intéressait  à  ce  qu'on 
me  rétablît  dans  ma  principauté  de  Lucques.  Tous  les  droits 
sont  pour  nous.  Tâchez  qu'il  prenne  ma  défense.  L'Empereur 
Napoléon  ne  pouvait  pas  renoncer  pour  mon  mari,  pour  qui  il 
n'a  rien  stipulé  dans  le  traité  de  Fontainebleau.  Quant  à  la 
principauté  de  Piombino,  je  l'abandonne  et  vous  autorise  à  le 
dire  au  Congrès.  Cette  principauté  m'ayant  été  donnée  par  un 
sénatus-consulte  de  l'Empereur  Napoléon,  je  me  regarde 
comme  indemnisée  par  les  300.000  francs  que  m'accorde  le 
traité. 

Faites  valoir  mes  droits  avec  la  chaleur  dont  vous  êtes  ca- 
pable, et  si  vous  ne  parvenez  pas  à  obtenir  ce  que  je  regarde 
comme  un  droit,  je  n'en  conserverai  pas  moins  une  éternelle 
reconnaissance  de  tous  vos  soins  et  de  la  grâce  que  vous  avez 
mise  à  défendre  ma  cause  dans  un  moment  où  la  moindre  pi- 
tié pour  ma  famille  peut  être  dangereuse. 


>0.  Bologne,  30  octobre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

ÉLISA  BAGIOCGHI  à  POZZO  DI  BORGO 
(sous  le  couvert  d' Aldini  {Intercepta)  (en  français). 

Droits  du  prince  Félix  sur  Lucques.  Elle  fait  appel  à  la  protection 
qu'Alexandre  lui  a  promise. 

Ayant  appris  que  votre  Excellence  était  arrivée  à  Vienne, 


516  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

je  charge  M.  le  comte  Aldini  de  lui  remettre  cette  lettre.  Il 
a  bien  voulu  se  charger  de  défendre  les  droits  du  prince,  mon 
époux,  à  la  principauté  de  Lucques.  Ce  pays  s'est  donné  vo- 
lontairement à  lui,  et  pour  sortir  de  l'anarchie,  où  il  vivait 
depuis  si  longtemps.  Lucques  a  été  pendant  dix  ans  exemptée 
de  conscription.  Elle  n'a  donné  ni  un  seul  homme,  ni  un  sou 
contre  la  Coalition.  Lord  Bentinck  nous  a  chassés  dans  le  mo- 
ment où  nous  avions  la  plus  grande  confiance  dans  les  Puis- 
sances Alliées.  Je  me  suis  adressée,  il  y  a  six  mois,  à  Sa  Ma- 
jesté l'Empereur  de  toutes  les  Russies.Tous  les  jours,  j'entends 
citer  des  traits  de  générosité,  de  grandeur  d'âme  de  cet  illustre 
monarque.  Je  mets  sous  sa  protection  les  droits  du  prince  de 
Lucques  et  de  mon  fils. 

Je  sais  combien  Votre  Excellence  est  appréciée  de  l'Empe- 
reur Alexandre.  Elle  peut,  en  plaidant  ma  cause  et  en  intéres- 
sant son  souverain  en  ma  faveur,  rendre  à  la  tranquillité  et 
au  bonheur  une  personne  qui  sera  toujours  reconnaissante  des 
bienfaits  qu'Elle  aura  répandus  sur  sa  famille. 


751 .  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

Princesse  BAGRATION  au  Comle  LITTA  (son  beau-père) 
(Analysée  par  Nota)  {Intercepta). 

Le  Congrès.  Les  souverains.  Leurs  ministres.  Résultats  et  conséquences 
du  Congrès  pour  Alexandre. 

Lettre  sans  grand  intérêt  d'après  Nota,«  mais  écrite,  dit-il, 
avec  esprit  et  qui  ferait  honneur  à  qui  que  ce  soit  »  et  qu'il 
résume  en  ces  termes  : 

La  princesse  commence  par  dire  que  :  «Le  Congrès  n'avance 
pas  ;  que  dans  le  temps  que  les  souverains  sont  très  bien  en- 
semble et  samuseat,  leurs  ministres  se  disputent  et  mai- 
grissent de  chagrin.  Ils  ont  l'air  de  ne  pas  s'entendre,  parce 
qu'ils  ne  se  comprennent  que  trop.  Chacun  des  coalisés  veut 
s'agrandir.  Ils  semblent  s'être  donné  le  mot  de  montrer  du 
caractère  et  de  tenir  ferme  et  ils  n'en  démordent  pas.  Cela  ne 
peut  pas  durer  longtemps,  car  tous  tirent  de  leur  côté.  » 

La  princesse  ajoute  que  :  «  Si  on  prophétise,  elle  croit  que 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   517 

son  Empereur  finira  par  emporter  la  pièce,  pour  la  raison  qu'il 
est  le  plus  fort.  Mais, ajoute-t-elle,  Dieu  veuille  que  ce  soit  pour 
son  bonheur  et  celui  de  ses  sujets.  Car  Dieu  sait  quelles  peu- 
vent être  pour  nous-mêmes  les  conséquences  de  ce  triomphe 
auquel  il  tient  si  fort.  » 

752.  Vienne,  12 novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565  . 

Duc  de  BRUNSWICK  à  la  MARGRAVE  de  BADE  [Intercepta) 

(en  français)  (1). 

Stagnation  des  affaires  du  Congrès.  Les  exigences  de  la  Russie.  Pologne,  Saxe 
et  Murât.  Les  princes  allemands,  le  projet  de  constitution  et  les  résolutions 
des  Princes. 

Les  affaires  du  Congrès  n'avancent  pas.  On  en  est  où  on  en 
était  au  commencement.  Les  grands  objets  de  l'Europe  sont 
indécis  (sic). 

La  Russie  tient  à  ses  volontés.  Elle  demande  toute  la  Polo- 
gne pour  elle,  la  Saxe  pour  la  Prusse  et  Murât  restera  proba- 
blement en  place,  comme  il  dit  et  doit  avoir  une  armée  de 
80.000  hommes  et  qu'elle  s'augmente  de  jour  en  jour  par  les 
mécontents  italiens  et  français. 

Les  princes  allemands  n'ont  pas  reçu  de  communications 
des  cinq  souverains  qui  ont  voulu  traiter  sur  la  Constitution 
Germanique,  probablement  ne  sachant  que  leur  dire  et  étant 
aussi  peu  d'accord  sur  les  principes  que  les  Hauts  Alliés.  Une 
vingtaine  de  princes  allemands  se  sont  conséquemment  joints  et 
nous  avons  adopté  pour  principe  de  ne  pas  accéder  à  des  pro- 
positions sur  la  Constitution  sans  l'aveu  de  tous.  Voilà  où  nous 
sommes  après  deux  mois. 


753.  Vienne,  12  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROËM (/nferce/)fa)  (en  français). 

Tension  et  dangers  de  rupture  entre  la  Russie  et  l'Autriche  à  la  suite  de  la 
scène  du  24  octobre  entre  Alexandre  et  Metternich.  Départ  du  grand-duc 
Constantin  pour  la  Pologne.  Le  projet  autrichien  de  Constitution  de  TAUe- 
magne.  Causes  de  l'opposition  qu'il  rencontre.  Craintes  et  bons  mots  des 
Viennois. 

La  froideur  et  la  mésintelligence  entre  la  Russie  et  l'Autri- 

1. 11  s'agit  très  probablement  ici  de  la  Margrave  Amélie-Frédérique,  fille  de 
..ouis  IX,  landgrave  de  Hesse-Darmstadt,  née  le  30  juillet  1754,  veuve  le 
14  décembre  1801  du  prince  héréditaire  Charles-Louis  de  Bade. 


518  AUTOUR    DU    COiNGRÊS    DE    VIENNE 

che  sont  sur  le  point  de  faire  naître  l'appréhension  d'une  rup- 
ture prochaine  que  l'on  tâchera  de  prévenir,  s'il  est  possible 
pour  la  moment,  ou  du  moins  d'en  éviter  l'éclat. 

Je  crois  que  le  prince  de  Metternich  a  manifesté  avec  beau- 
coup de  franchise  à  l'Empereur  Alexandre  que  la  cour  de 
Vienne  ne  pouvait  prévoir  les  projets  du  Cabinet  de  Saint-Pé- 
tersbourg relativement  à  la  Pologne,  comme  étant  incompatibles 
avec  l'équilibre  de  l'Europe  et  la  sûreté  de  l'Autriche,  et  qu'on 
croit  par  conséquent  que  la  Russie  s'en  désistera,  si  elle  veut 
maintenir  la  bonne  intelligence  avec  les  autres  puissances. 

L'Empereur  Alexandre,  irrité  de  ces  représentations,  ré- 
pondit au  prince  de  Metternich  en  lui  demandant  si  on  vou- 
lait lui  dicter  des  lois  et  le  frustrer  de  ce  qu'il  possédait,  ajou- 
tant que,  «  si  c'était  pour  cela  qu'on  l'avait  invité  à  Vienne, 
on  s'y  tromperait  fort  ;  qu'on  n'avait  qu'à  envoyer  quelqu'un 
en  Pologne  compter  les  forces  russes  et  qu'ensuite  on  juge- 
rait peut-être  prudent  de  lui  parler  sur  un  autre  ton  ». 

Celui  qui  m'a  raconté  cet  entretien  prétend  que  le  prince 
de  Metternich  fut  tellement  déconcerté  de  la  réponse  brusque 
et  énergique  de  l'Empereur  de  Russie  quen  se  retirant  il  a 
eu  de  la  peine  à  trouver  la  porte  (1). 

On  apprend  qu'à  la  suite  de  cette  scène  il  fut  proposé  d'ad- 
joindre le  prince  de  Schwarzenberg  et  le  comte  Stadion  au 
prince  de  Metternich  pour  traiter  avec  la  Russie  ;  mais  tous 
deux  s'en  sont  excusés  en  prétendant  divers  empêchements,  et 
on  soupçonne  maintenant  que  le  départ  du  grand-duc  Cons- 
tantin pour  la  Pologne  a  été,  m'assure-t-on,  motivé  par  cette 
crise,  et  que  ce  prince  est  chargé  d'organiser  une  armée  polo- 
naise. 

Le  public  de  Vienne,  si  avide  de  spectacles  et  de  divertis- 
sements, commence  cependant  à  se  lasser  des  fêtes  continuelles, 
et  celle  du  départ  des  Augustes  étrangers  lui  serait  peut-être 
la  plus  agréable,  d'autant  plus  qu'il  attribue  à  leur  séjour 
prolongé  dans  cette  capitale  la  cherté  excessive  qui  augmente 
journellement  ici  et  qu'il  craint  que  la  dépense  extraordinaire, 
que  l'Empereur  fait  pour  régaler  ses  hôtes,  ne  soit  reprise  sur 
ses  sujets  moyennant  des  contributions  qu'on   appelle  ironi- 


1.  «  Alexandre,  parti  le  24  au  soir  pour  la  Hongrie,  avait    eu  ce  jour  même  II 
une  scène  des  plus  orageuses  avec  Metternich.  »  (Cf.  Talleyraniau  roi,  Vienne, 
31  octobre  et  Ge.ntz,  Tagebûcher,  I,  323). 


l'ouverture   du    congrès.  —    LA   SAXE   ET    LA    POLOGNE      519 

quement  «  Burgeinquartierimgs  Sleiier  »  (Impôt  du  caserne- 
ment à  la  Burg).  11  est  à  supposer  que  l'Empereur  lui-même 
serait  bien  aise  de  voir  partir  aussi  tous  ces  souverains  qui, 
avec  leurs  familles  et  des  suites  nombreuses,  vivent  ici  à  ses 
frais  et  qui  du  reste  le  gênent  par  le  soin  qu'il  faut  prendre 
de  les  amuser  et  en  l'obligeant  lui-même  à  mener  un  train  de 
vie  auquel  il  n^est  pas  accoutumé  et  qui  n'est  pas  de  son  goût. 

C^est  l'Autriche  qui  a  proposé  au  Comité  Allemand  les  12  ar- 
ticles pour  servir  de  base  à  la  nouvelle  Constitution  de  l'Alle- 
magne (1).  Mais  elle  trouvera  de  l'opposition,  tant  de  la  part  de 
quelques  puissances  étrangères  que  de  celle  de  plusieurs  princes 
allemands,  surtout  des  souverains  de  Bade  et  de  Hesse,  qui  se 
trouvent  préjudiciés,  en  ce  que  le  rang,  qu'on  leur  destine  dans 
la  nouvelle  Confédération  Germanique,  serait  subordonné  à 
celui  des  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  qui  eux-mêmes  ne 
regardent  pas  l'honneur  d'être  membres  du  Directoire  exécutif 
de  la  Confédération  comme  une  compensation  des  sacrifices 
qu'ils  doivent  faire  d'une  partie  de  leurs  droits  de  souverai- 
neté, nommément  de  ceux  qui  concernent  leurs  relations  avec 
les  Puissances  hors  de  l'Allemagne,  et  effectivement  ils  seraient 
à  cet  égard  moins  souverains  comme  Rois  qu'ils  ne  l'étaient 
jadis  comme  Electeurs  et  Etats  du  Saint  Empire  Romain. 

On  croit  que  l'Autriche  et  la  Prusse,  ayant  quatre  voix  au 
Directoire,  décideront,  aussi  souvent  qu'elles  seront  d'accord, 
de  la  politique  générale,  de  la  paix  ou  de  la  guerre  de  la  Con- 
fédération Germanique. 


754.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  14  novembre. 

Il  lui  rend  compte  que,  conformément  aux  ordres  que  Sa 
Majesté  lui  a  donnés  le  jour  même,  il  a  fait  cesser  la  surveil- 
lance du  duc  de  Richelieu,  qui  n'a  rien  à  voir  avec  les  affai- 

1.  Cf.  d'Angeberg,  382-392.  Huitième  protocole  du  Comité  des  afTaires 
d'Allemagne.  Séance  du  3  novembre  1814.  Notes  et  propositions  relatives  aux 
12  points  de  délibération. 


520  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIENNE 

res  du  Congrès,  mais  qu'il  a  donné  à  la  poste  l'ordre  de  sai- 
sir la  lettre  que  le  Major  Malezewski  a  envoyée  à  Varsovie. 


755<  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Anstett  s'est  mis  le  H  dans  une  grande  colère,  parce  qu'on 
a  quelque  peu  tardé  à  lui  remettre  une  lettre  de  la  princesse 
Bagration  apportée  chez  lui  pendant  qu'il  était  sorti. 


756.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4563  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Gomme  de  coutume,  on  a  brûlé  le  11  chez  Hardenberg  en 
présence  de  Jordan  et  de  l'homme  de  confiance  du  prince  tous 
les  papiers  de  la  Chancellerie.  Malgré  cela,  on  a  pourtant  pu 
parvenir  à  en  ramasser  des  fragments  lisibles  et  utilisables. 


757.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Ste;n  a  envoyé  le  12  à  la  poste  prussienne  de  campagne  un 
gros  paquet  de  pièces,  adressé  au  Kammergerichtsrath  Eich- 
horn,  qu'on  a  cependant  pu  communiquer  préalablement  à  qui 
de  droit,  ainsi  que  deux  lettres,  l'une  de  Vrints,  l'autre  de 
Solms  reçues  ce  matin. 


758.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565^ 

Rapport  à  HAGER 
Arrivée  à  Vienne  du  comte  Etienne  San  Vitale,  de  Parme, 


l'ouverture  du  congrès,  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   521 

qui  va  prendre  possession  de  ses  fonctions  dé  Grand  Cham- 
bellan de  Marie-Louise  (1). 

La  Suisse  fait  actuellement  l'objet  de  toutes  les  conjectures; 
on  prétend  qu'elle  sera  partagée. 


759.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4663  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (on  français). 

La  Harpe  a  dit,  le  12,  que  si  la  Pologne  causait  des  embarras, 
les  Anglais  en  faisaient  naître  bien  d'autres  avec  l'Amérique, 
et  qu'eux  aussi  sont  causes  du  retard  qu'on  éprouve  dans  les 
affaires. 

Les  Polonais  espèrent  beaucoup  du  voyage  du  grand- 
duc  Constantin  qui  deviendrait  le  commandant  en  chef  de 
toutes  les  troupes  russes  et  polonaises  stationnées  dans  le 
grand-duché  et  s'élevant  à  plus  de  200.000  hommes. 


760.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

L'mpératrice  de  Russie  et  la  reine  de  Bavière.  Dettes  du  Grand-duc  Constantin. 
Ce  qu'Humboldt  dit  de  Metternich  et  sur  le  Congrès. 

Quand  l'Empereur  Alexandre  dîne  dehors,    l'Impératrice 
dîne  avec  sa  sœur,  la  reine  de  Bavière. 

Le  grand-duc  Constantin  est  parti  en  laissant  des  dettes 

1.  Cf.  MÉNEVAL,  Mémoires,  III,  350.  Marie-Louise  à  Méneval,  15  août  1814... 
«  Mon  père  a  aussi  nommé  M.  de  San  Vitale  mon  grand  chambellan,  sans  me 
consulter.  Cela  me  peine  et  me  fâche...  »  Ibidem,  377.  «  La  présentation  à 
Marie-Louise  du  comte  San  Vitale  comme  grand  chambellan  de  la  duchesse 
de  Parme  eut  lieu  dans  le  courant  de  novembre  ».  Le  comte  Etienne  San  Vi- 
tale avait  épousé  en  1787  la  princesse  Louise  (morte  en  1818),  fille  unique  du 
prince  Jean  de  Gonzague,  issu  des  Marquis  de  Luzarra.  (Cf.  de  Courcblles, 
Histoire  Généalogique,  etc.  Tome  VIII).  San  Vitale,  d'abord  garde  du  Corps, 
puis  gentilhomme  de  la  chambre  du  duc  Ferdinand  de  Parme,  devint,  lors 
de  l'établissement  de  la  domination  française,  dans  le  duché,  membre  de  la 
commission  de  liquidation  de  la  dette,  podestat  de  Parme  en  1806,  président 
de  la  députation  municipale  en  1813,  fut  créé  baron  de  l'Empire  en  1814  et 
nommé  conseiller  privé  par  Marie-Louise  en  1816. 


522  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

chez  tous  les  fournisseurs  et   sans  donner  un  sou  aux  gens 
attachés  à  son  service. 

Humboldt  a  dit  chez  Eskeles  que  Metternich  est  plus  bran- 
lant que  jamais,  qu'il  ne  pourra  se  maintenir,  que  le  Congrès 
finira  sans  qu'on  ait  rien  fait,  mais  qu'il  n'y  aura  pas  de  guerre. 


761.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4344  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  roi  de  Wurtemberg  fait  dire  partent  qu'il  a  l'intention 
de  rentrer  dans  ses  Etats  le  20  ou  le  21  de  ce  mois. 


762.  Vienne,  13  novembre  1314  (F.  3.  4374  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Humboldt  et  la  situation.  Les  résultats  probables  du  Congrès.  Ce  qu'on  dit 
chez  Rechberg.  Bade,  Nassau  et  Hesse-Darmstadt  mécontents  des  projets 
de  constitution  allemande  de  Steln. 

«  Humboldt  a  dîné  hier  chez  moi,  m'a  raconté  hier  soir 
M"'  d'Eskeles.  Il  m'a  dit  que  la  situation  de  Metternich  est 
fort  compromise  et  qu'il  lui  semblait  peu  probable  qu'elle 
puisse  se  raffermir  ;  que  le  Congrès  s'achèverait  sans  grandes 
secousses  et  qu'il  n'y  avait  aucune  crainte  de  guerre.  Dans  le 
public  on  s'était  mis  dans  la  tête  que  le  Congrès  devait  finir, 
à  peine  commencé  ;  mais  les  gens  sensés  avaient  compris  qu'il 
durerait  forcément  longtemps,  parce  qu'il  faut  du  temps  pour 
faire  du  bon  ouvrage. 

Le  roi  de  Prusse  réclame  la  Saxe,  non  pas  pour  satisfaire  sa 
soif  de  conquêtes,  mais  parce  que  seul  ce  royaume  peut  l'in- 
demniser de  la  cession  de  la  Pologne  prussienne.  Il  perd  plu- 
sieurs provinces,  ne  reçoit  pas  la  Poméranie  Suédoise  (1),  qu'on 
laisse  à  Bernadotte,  parce  qu'il  lui  a  fallu  conquérir  la  Nor-; 
vège,  qu'on  avait  espéré  pouvoir  céder  à  l'amiable  à  la  Suède. 
L'Empereur  de  Russie  soutient  ces  demandes  de  Bernadotte  i 

t.  La  Poméranie  suédoise  finit  par  échoir  au  Danemark  qui  ne  tarda  pas, 
à  la  rétrocéder  à  la  Prusse  contre  le  Lauenburg  et  une  assez  forte  somme] 
d'argent. 


l'ouverture  du  congrès,  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   523 

et  garantit  aux  Danois  une  compensation  en  Allemagne  en 
échange  de  la  Poméranie  Suédoise  qu'on  a  pu  leur  attribuer. 
En  renonçant  à  ses  provinces  polonaises,  la  Prusse  perd  une 
assez  grande  étendue  de  territoire,  que  peut  seule  lui  compenser 
l'attribution  de  la  Saxe,  mais  de  la  Saxe  tout  entière.  11  lui 
est  impossible  de  se  contenter  de  la  Lusace. 

L'Empereur  de  Russie  est  faux  et  entêté  et  on  ne  saurait 
prendre  trop  de  précautions  quand  on  traite  avec  lui. 

J'ai  entendu  dire  chez  le  comte  de  Rechberg  que  la  Russie 
avait,  il  est  vrai,  cédé  lors  de  la  séance  d'avant-hier  (1)  Gracovie 
à  l'Autriche  et  Thorn  à  la  Prusse,  mais  qu'en  somme  cela  ne 
servait  à  rien  et  que  cela  ne  suffisait  pas  pour  se  permettre  de 
dire  que  les  affaires  du  Congrès  allaient  mieux. 

D'autre  part,  les  représentants  au  Congrès  de  Nassau,  de 
Hesse-Darmstadt  et  de  Bade  sont  loin  d'être  satisfaits  des 
mesures  proposées  par  Stein,  qui  élabore  un  projet  d'organi- 
sation intérieure  des  différents  Etats  de  l'Allemagne,  et  d'ap- 
prouver les  idées  et  les  principes  qu'il  veut  mettre  en  pratique. 


r63.  Vienne,  13  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  (Intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Aucun  grand  changement.  Apparence  toutefois  d'un  rappro- 
chement sur  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne.  On  laisserait 
au  roi  de  Saxe  environ  1.500.000  sujets. 

Mémoire  remis  à  la  Prusse  et  à  l'Autriche  par  les  Plénipo- 
tentiaires des  princes  allemands,  qui  n'ont  pas  pris  part  aux 
conférences  du  Comité  (2)  chargé  de  préparer  les  affaires  d'Al- 
lemagne, et  par  lequel  ils  entendent  réserver  leurs  droits  et 
demandent  que  la  confection  du  Pacte  fédératif  soit  confié  au 
Congrès  général  des  Etats  Allemands.  D'après  le  projet  qu'ils 
comptent  soutenir,  la  Prusse  et  l'Autriche,  au  lieu  d'être 
membres  de  la  Diète  fédérale,  ne  seraient  plus  que  les  garants 
de  la  Constitution. 

1.  Séance  du  11  novembre,  ou  plutôt  une  conférence  entre  Metternich,  Har- 
denberg  et  Nesselrode. 

2.  Cette  note  des  Plénipotentiaires  de  vingt-neuf  princes  souverains  et 
villes  libres  d'Allemagne,  ne  fut  remise  à  Metternich,  à  Hardenberg  et  à 
Munster  que  le  16  novembre  (Cf.  d'Angebbro,  441-449). 


524  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

764.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  15  novembre) 
(F.  3.  4669  ad  3565). 

Surveillance  de  Marie-Louise.  Cornacchia.  Neipperg. 

La  personne,  que  Marie-Louise  a  reçue  le  10  et  qu'on  disait 
être  un  officier  nommé  Aroldi,  n'était  autre  que  le  baron 
Cornacchia  (1),  gouverneur  de  Plaisance. 

On  a  dit  ces  jours-ci  pendant  le  dîner  à  Schœnbrunn  que 
Neipperg  allait  être  envoyé  en  mission  à  Turin. 


765.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4373  ad  3565). 

EMPEREUR  à  HAGER 

Ordre  de   continuer  de  surveiller  de  près  le  Hofsekretser 
Schlegel  qui  travaille  avec  et  chez  Gagern. 


766.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  4363  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Effectif  des  troupes  russes  et  polonaises  en  Pologne.  Célébration 
de  l'anniversaire  de  la  mort  de  Poniatowski. 

On  peut  évaluer,  sans  crainte  de  se  tromper,  à  200.000  hom- 
mes le  chiffre  total  des  troupes  polonaises  et  russes  du  grand- 
duché,  qui  doivent  être  placées  sous  les  ordres  du  grand-duc 
Constantin. 

Pour  obvier  au  manque  de  vivres,  les  Russes  en  ont  tiré 
des  grands  magasins  de  l'intérieur  de  l'Empire.  On  affirme 
qu'ils  ont  un  parc  d'artillerie  de  200  pièces  à  TormassofF  (fron- 
tière de  Galicie). 

Pour  ménager  l'amour-propre  et  l'orgueil  des  Polonais,  tous 

1.  Cf.  Annexe  XXI. 


il 


l'ouverture    du    congrès.  —    LA  SAXE   ET    LA    POLOGNE      525 

les  généraux  russes  ont  assisté  en  grande  tenu.e  à  la  cérémo- 
nie funèbre  célébrée  le  18  octobre,  anniversaire  de  la  mort  de 
Poniatowski,  et  toute  la  garnison  a  rendu  les  honneurs. 


767.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

©  0  à  HAGER 

Lettre  du  Prince  régent  à  Alexandre  relative  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe. 
Grand  effet  produit  sur  Alexandre  par  les  paroles  de  Talleyrand  lors  de 
son  audience. 

Lord  Cathcart  vient  de  remettre  à  Alexandre  une  lettre  du 
prince  régent  relative  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe,  dans  laquelle 
il  adjure  l'Empereur  de  renoncer  à  ses  projets.  Alexandre  a 
cédé.  Il  rend  Gracovie  à  TAutriche,  Thorn  et  Posen  à  la 
Prusse.  La  Russie  se  contentera  de  la  gauche  de  la  Vistule, 
mais  la  Prusse  aura  toute  la  Saxe. 

Dans  la  nouvelle  audience  que  Talleyrand  a  eue  chez  Alexan- 
dre, audience  dans  laquelle  il  a  protesté  vivement  contre  les 
intentions  de  la  Russie  et  a  parlé  même  de  recourir  s'il  le 
fallait  à  la  force,  Alexandre  a  dit  «  Soit,  vous  aurez  la 
guerre(l)...  »  et  Talleyrand  de  répondre  :  «  Sire  vous  perdrez 
votre  gloire  de  pacificateur  du  monde,  la  seule  gloire  à  laquelle 
vous  prétendiez  aspirez  à  Paris.  » 

On  dit  que  ces  paroles  ont  fait  un  grand  effet  sur  Alexandre. 


763.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

0  ©  à  HAGER 

Le  bal  chez  Palffy  décommandé.  La  dansomanie  d'Alexandre.  Un  calembour 
du  prince  de  Ligne.  Bruit  de  disgrâce  de  Binder.  Le  Carrousel.  Les  dé- 
penses des  dames  pour  leurs  toilettes.  Les  intrigues  du  duc  de  Weimar  et 
le  mécontentement  des  Médiatisés. 

11  devait  y  avoir  aujourd'hui  chez  François  Palffy  un  bal, 
auquel  l'Empereur  de  Russie  et  son  valet  de  chambre  (c'est  le 

1.  L'agent  de  Hager  est  quelque  peu  en  retard  puisqu  il  fait  ici  allusion  à 
la  première  audience  qu'Alexandre  accorda  à  Talleyrand  et  dont  celui-ci  ren- 
dit compte  au  roi  dans  sa  dépêche  n'  3  de  Vienne,  4  octobre  1814.  (Pallain, 
Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII,  page  22.) 


526  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

nom  qu'on  a  donné  au  rei  de  Prusse)  avaient  promis  d'assis- 
ter. Palfîy  avait  décidé  de  n^y  convier  aucun  des  archiducs. 
11  voulait  de  cette  façon  faire  pièce  à  la  Cour  d'Autriche  et  se 
venger  de  Taffront  que  l'Empereur  lui  avait  fait  en  rayant  son 
nom  de  la  liste  des  chambellans  désignés  pour  assurer  le  ser- 
vice d'honneur  auprès  des  souverains  étrangers.  Or,  on  vient 
de  faire  connaître  qu'il  y  aurait  ce  soir  réception  à  la  Cour.  Le 
bal  de  Palfîy  n'auia  donc  pas  lieu,  et  on  se  moque  et  on  rit  à 
l'euvi  du  pauvre  Pallîy. 

L'Empereur  de  Russie  est  un  enragé  danseur  et  les  Vien- 
nois disent  de  lui  qu'il  est  atteint  de  la  dansomanie. 

Un  calembour  qu'on  prête  au  prince  de  Ligne  :  «  Comment 
avez-vous  trouvé  tous  ces  bals,  Prince  ?  » 

«  Gomme  ça,  répondit-il,  partout  on  se  trouve  dans  une 
pluie  de  Sires  (cires).  » 

Le  comte  Ossolinsky  racontait  hier  que  Stcin  et  La  Harpe 
venaient  assez  souvent  à  la  bibliothèque  de  la  Cour,  qu'on  y 
avait  souvent  parlé  de  la  Pologne  et  qu'il  s'était  étonné  avec 
eux  de  la  singulière  idée  de  l'Empereur  de  Russie,  qui  veut 
augmenter  l'importance  des  bourgeois  et  des  paysans,  ou  plutôt 
créer  des  classes  qui  n'existent  pas. 

D'après  le  dire  de  M.  de  Hammer,  le  baron  Binder  serait  en 
disgrâce  et  ce  serait  à  Floret  qu'on  aurait  confié  la  rédaction 
des  Procès-verbaux  du  Congrès.  Toujours  d'après  le  même, 
Hudelistjle  baron  Kruft  (1)  et  le  baron  Hope,  trois  personnages 
que  Metternich  a  comblés  de  ses  faveurs,  ne  se  gênent  guère 
pour  critiquer  et  censurer  la  politique  du  prince. 

On  s'occupe  et  on  parle  beaucoup  du  carrousel  (i)  dans  les 
salons.  Il  paraît  que  la  moindre  des  écharpes,  que  les  dames 
donneront  à  leurs  cavaliers,  coûtera  LOOO  florins.  Les  dames 
et  toute  la  haute  société  ne  font  que  gémir  des  dépenses 
énormes  que  leur  occasionnent  la  présence  des  souverains  et 
les  fêtes  incessantes.  On  entend  dire,  de  tous  côtés  et  sur  tous 
les  tons,  que  les  dames  n'arrivent  plus  à  se  suffire  avec  leur 
budget  ordinaire  et  que  leurs  maris  en  sont  déjà  réduits  à 
combler  le  déficit  déjà  assez  sensible  de  leur  caisse. 

Le  duc  de  Weimar  intrigue,  paraît-il,  par  le  canal  des  deux 
grandes-duchesses,  en  faveur  de  la  Prusse  et  contre  la  maison 
royale  de  Saxe.  Pour  la  peine,  on  lui  donnera  Erfurt. 

1.  Un  des  Conseillers  du  Ministères  des  Affaires  étrangères. 
Le  Carrousel  du  23  novembre. 


l'ouverture   du   congrès.   —   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      527 

Les  représentants  de  Bade,  de  Nassau  et  de  Hesse-Darms- 
tadt   au  CongTès    sont,  comme    les    Médiatisés,  très   montés 
contre  la  Prusse.  Le  baron  de  Tûrkheim,  ministre  de  Hesse- 
Darmstadt,  fait  partout  l'éloge  de .  la  brochure  politique  que^ 
le  baron  de  Gagern  va  publier  dans  quelques  jours. 


769.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  3565). 

Rapport  à  IIAGER  (en  français). 

La  Hollande  et  l'Angleterre.  L'empereur  Alexandre. 
Le  refus  d'une  dame  anglaise  de  danser  avec  lui. 

L'Ambassade  hollandaise  ne  paraît  pas  pressée  dans  ses 
affaires.  La  lenteur  qu'elle  y  apporte  fait  supposer  que  le  prince 
d'Orange  craint  des  changements  de  la  part  des  Anglais.  Ceux- 
ci  disent  que  pour  les  Indes  les  Hollandais  demandent  trop  et 
qu'après  tout,  c'est  bien  à  eux  à  dicter  la  loi,  puisque  l'Angle- 
terre atout  fait  et  que  le  prince  d'Orange  n'est  que  son  lieute- 
nant. 

Dans  un  bal  non  officiel,  l'Empereur  de  Russie  offrit  son 
bras  à  une  dame  anglaise  pour  danser  et  reçut  un  refus.  Une 
demoiselle,  qui  se  trouvait  près  de  la  dame,  lui  dit  :  «  Mais, 
madame,  ne  reconnaissez- vous  pas  l'Empereur?  On  ne  refuse 
jamais  un  souverain.  » 

L'Anglaise  répondit  :  «  Chez  nous,  mademoiselle,  on  a  la 
liberté  de  refuser  le  Roi  et  les  Princes,  et  les  Anglaises  portent 
cette  liberté  partout  où  elles  vont.  » 


770.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  3.  4374  ad  35Ô5). 

CASTLEREAGH  à  SAINT-MARSAN  (intercepta)  (en  français) 

(analyse). 

Il  le  prévient  qu'il  a  désigné  Clancarty  pour  représenter 
l'Angleterre  dans  la  commission  qui  doit  discuter  les  affaires 
de  Gênes  et  lui  fait  savoir  qu'il  désire  que  cette  commission 
commence  ses  séances  aussitôt  que  possible.  Brignole  n'écrira 

Ià  Gênes  que  d'accord  avec  eux  deux  et  il  lui  propose  d'envoyer 
leurs  trois  dépêches  par  le  même  courrier. 


Ô28  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

771.  Vienne,  16  novembre  1814   F.  3.  4362  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  16  novembre  1814. 
Vienne,  15  novembre  1814.  Rapport  à  Hager  (F.  3  4362  ad  3565). 

Pièces  interceptées  chez  Castlereagh  le  14  une  lettre  de  Saint 
^larsan  et  une  à  Stratford. 

Envoyé  à  la  manipulation  un  paquet  adressé  à  lord  Stewart 
€t  à  lord  Cathcart  et  qui  m'a  été  apporté  par  mon  secrétaire. 
(Note  de  Hager). 

Communiqué  le    14  à  qui  de  droit  deux  lettres  du  cabineti 
du  roi  de  Wurtemberg  au  comte  Wintzingerode  et  au  conseil- 
ler intime  von  Hartmann. 

Pris  chez  Talleyrand  un  billet  insignifiant  adressé  à  Castle- 
reagh. 

Pris  chez  Dalberg  tout  ce  qu'il  y  avait  dans  son  cabinet  et 
chez  Noailles,  une  seule  pièce. 

Pozzo  di  Borgo  à  Stein(13  novembre).  Mémoire  de  7  feuilles 
sur  la  Suisse  et  l'intégrité  nécessaire  de  ce  pays. 

Pozzo  di  Borgo  à  Solms-Laubach  et  à  Vrints  (Lettres  peu 
importantes). 


772.  Vienne,  15  novembre  (F.  3.  4362  ad  3565  . 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Le  14,  Hardenberg  envoie  deux  paquets  de  papiers,  l'un  à 
10  heures  à  Talleyrand,  l'autre  à  11  heures  à  Wrede.  Tous 
deux  ont  été,  avant  d'être  remis  à  leurs  destinataires,  trans- 
mis d'abord  à  qui  de  droit. 

Zerboni  di  Sposetti  est  parti  le  14  pour  Varsovie. 


773.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français^- 

On  prétend  que  le  Pape  va  prononcer  la  nullité  du  mariage 
de  Marie -Louise  et  de  Napoléon. 


l'ouverture  du  congrès.  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   529 

Le  major  Malczewski  proclame  partout  la  grande  popula- 
rité dont  jouit  Murât  et  le  réel  attachement  que  les  Napoli- 
tains auraient  pour  lui. 

Il  affirme  également  que  Joachim  ne  s'est  jamais  et  en 
aucune  façon  rapproché  de  Napoléon. 


774. 


Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 
Rapport  à  HAGER  (en  français). 


«  La  Sérénissime  République  de  Gênes  a  enfin  péri  sous^les 
coups  meurtriers  (sic)  de  l'ambition  et  de  la  révoltante  injus- 
tice des  Monarques  co-partageant  l'Europe  (1)  »,  ainsi  s'est 
exprimé  hier  soir  Gallesio  (2). 


775. 


Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 
Rapport  à  HAGER 


Nombreux  rapports  sur  les  conférences  de  Gagern  ave  3  les 
[princes  médiatisés  et  les  plénipotentiaires  des  petits  Etats  al- 
lîemands  du  11  au  15  et  sur  ses  entretiens  avec  les  Ministres 
let  Plénipotentiaires  de  France. 


16.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

Von  L...  à  HAGER 
Notice  sur  Kiister. 

|Le  conseiller  intime  von  Kûster,  ministre  de  Prusse  auprès 
Cours  de  l'Allemagne  du  Sud,    est,  après    Humboldt,  le 
psonnage  le  plus  marquant  parmi  les  hommes  d'Etat  prus- 
ms. 

.Cf.  dAngeberg,  424-427.  Troisième  protocole  de  la  séance  du  13  novembre 
:de3  Pléuipotentiaires  des  huit  puissances  signataires  du  traité  de  Paris. 
>tocole  de  la  séance  sur  la  cession  de  Gènes  à  la  Sardaigne). 
Gallesio  di  Finale  (Georges),  secrétaire  du  marquis  Antoine  de  Brignolc- 


T.  I. 


34 


530  AUTOUR    DU   CONGRÈS    BE   VIENNE 

Elève  des  Dohm  (1),  Bischoffswerder  (2),  Lncchesini  (3|  et 
iïaugwitz  (4),  il  fut  l'un  des  instruments  dont  ils  se  servirent 
pour  provoquer  des  mouvements  révolutionnaires  à  Liège  et 
dans  les  Pays-Bas,  y  remplit  êes  missions  se.crètes-  pendant 
plusieurs  années  et  commença  sous  leurs  auspices  so'H  éduca- 
tion diplomatique.  Pendant  toute  cette  période  de  préparation 
de  la  révolution  des  Pays-Bas,  il  se  rendit  à  plusieurs  reprises 
à  Bruxelles,  y  fit  de  longs  séjours  et  y  épousa  une  jeune  fille 
d'Aix-la-Chapelle,  dont  l'oncle  était  un  riche  bourgeois  bruxel- 
lois et  qui  s'appelait,  je  crois,  Obermana. 

Serviteur  dévoué  et  actif,  Kiister  fut  l'un  des  fondateurs  des 
sociétés  secrètes  prussiennes  à  l'étranger  et  sans  faire  le 
moindre  bruit  dans  le  monde,  différant  en  cela  de  Stein  etd© 
Gruner,il  contribua,  au  moins  autant  qu'eu's,  à  l'organisation 
de  ces  groupements  et  à  leur  diffusion  au  dehors.  Tant  comme 
membre  de  ces  sociétés  que  comme  chargé  d'affaires  à  Cas- 
sel,  il  réussit  à  organiser  ces  sociétés  dans  le  royaume  de 
Westphalie,  et  c'est  en  somme  à  lui  qu'est  due  en  réalité  la, 

f 

1.  Dohm  (Ghristian-Gonrad-Guillaume)  (1757-1825),  d'abord  précepteur  en 
1772  des  pages  du  prince  Ferdinand  de  Prusse,  frère  de  P'rédéric  le  Grand, 
conseiller  intime  des  archives  et  de*  guerre  au  département  des'  Affaires-  Etran- 
gères de  Berlin  (1779),  puia  Ministre  ajiprès  des  cei-cles  de,  Westphali-e  ek.dfl 
Bas-Rhin  et  auprès  de  rélecteur  de  Gologne,  chargé  en  1792  de  surveiller  lea 
négociations  secrètes  de  l'Autriche  avec  la  Révolution  française,  anobli  pari 
Frédéric  Guillaume  II,  troisième  plénipotentiaire  de  Pi-usse  au  Congrès  d^( 
Rastatt  (1797),  président  de  la  chambre  des  Domaines  en  1804,  passé  au  ser- 
vice de  Westphalie  après  ïilsit,  Miniatre  du  roi  Jérôme  à  la  Cour  de  Saxe,  il| 
rentra  dans  la  vie  privée  en  1810. 

2.  Bischoffswerder  (Jean-Rodolphe  von)  (1737-1S03),  Général,  Ministre  d«l 
Frédéric  Guillaume  II,  dont  il  était  l'inséparable  et  le  favori,  l'un  des  artisarrf| 
de  la  décadence  de  la  Prusse. 

3.  Lucchesini  (Jérôme,  marquis)  (1752-1825?,  b-ibLiothécaire  et  lecteur  de  Fré-I 
déric  II,  chargé  de  différentes  missions  diplomatiques  par  Frédéric  Guillaume  III 
Ministre  plénipotentiaire  au  Congrès  de  Reicbenbach  (1791),  Ministre  de  Prussil 
à  Vienne  (1793-1797),  Ambassadeur  extraordinaire  à  Paris  (1803),  il  signa  eil 
1805  àCharlottenburg  avec  Napoléon  un  amoistice  que  le  roi  refusa  de  ratiOerj 
Il  prit  alors  sa  retraite  et  devint  un  peu  plus  tard  chambellan  d'ElisaBonapartej 

4-  Haugvvitz  (Ghristian-Henri-Ch»Fles,  comte  de)  ,1752-1832),  Ministre- d[ 
Prusse  à  Vienne  (1792)  et  la  même  année  Ministre  de  cabinet  à  Berlin,  l^lwj 
des  auteurs  et  des  signataires  du  traité  de  Bâle  (1795).  Ministre  des  Affairai 
Etrangères  (1802),  il  se  retira  dans  ses  terres  en  août  1804,  découragé  et  désefj 
péré  parla  politique  de  Napoléon,  avec  lequel  il  dut  cependant,  sur  les  instance! 
de  aon  roi,  consentir  à  aller  négocier,  et  fut  ainsi  appelé  à  apposer  sa  signaturij 
d'abord  sur  le  traité  de  Schonbrunn,  puis  sur  le  traité  signé  à  Paris  le  15  jail 
vier  1806.  Il  ne  parvint  pas  néanmoins  à  détoumerla  Prusse  de  la  guerre  etscf 
licita  et  obtint  sa  retraite  en  novembre  180€.  A  partir  de  ce  moment,  il  ra8| 
définitivement  éloigné  des  affaires. 


l'ouverture   du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      53É 

chute  de  ce  royaume.  Envoyé  à  la  fin  de  1811  ou  au  com- 
mencemeit  de  18 î^  à  Bruxelles  par  le  gouvernement  prus- 
sien sous  le  prétexte  d'y  rendre  visite  aux  parents  de  sa  femme, 
mais  en  réalité  pour  se  rendre  un  compte  exact  de  l'état  des 
esprits,  il  y  fut  mal  reçu  en  sa  qualité  de  Prussien,  n'y  put 
rien  faire  et  rédigea  à  son  retour  un  rapport  naturellement  pea 
favorable  aux  pays  qu'il  venait  de  visiter. 

En  1813,  on  l'envoya  en  Bohême,  apparemment  pour  y  li- 
quider les  comptes,  en  réalité  pour  renseigner  son  gouverne- 
ment et  y  préparer  les  esprits  en  vue  d'une  union  avec  l'Al- 
lemagne. 

Kiister  appartient,  en  raison  même  de  ses  idées  et  de  ses 
aspirations,  au  parti  ultra-prussien.  Ennemi  de  Hardenberg  il 
est  tm  ardent  partisan  et  admirateur  de  Humboldt  (i).  Pen- 
dant son  séjour  en  Bohême,  il  proposa  au  roi  de  relever  le 
comte  de  Goltr  de  ses  fonctions  et  de  les  confier  à  Humboldt, 
le  seul  homme  capable,  à  son  aris»,  d'agir  sur  Tesprit  de  l'Em- 
pereur de  Russie,  de  faire  aboutir  les  projets  et  les  vues  de 
la  Prusse,  grâce  à  la  confiance  qu'il  réussirait  à  inspirer,  et 
d'assurer  à  la  Prusse  la  place  qu'elle  doit  avoir  et  l'influence 
qu'elle  doit  exercer  en  Russie. 

Lorsqu'on  apprit  à  Prague  que  le  roi  avait  confié  à  Bûlow 
le  ministère  des  Finances,  Kùster  ne  put  dissimuler  la  décep- 
tion que  lui  causait  cette  nouvelle.  11  ne  craignit  pas  de  dire 
à   ses    subordonnés  qu'on  avait   trompé  le  roi,    que    Bûlow 
méritait  tout  au  plus  de  reprendre  à  Magdebourg  les  fonc- 
ions   de   président   de  Chambre  qu'il  occupait  en    180G.    Il 
jouta  que  Biilow,   passé  au  service  de  Westphalie,  n'avait 
missionné  que  parce  qu'il  avait  su  qu'on  était  sur  le  point  de 
mettre  à  pied.  Ce  fut  à  ce  moment  seulement  que  Bûlo^w 
devint  prussien,  et  qu'entré  dans  les  sociétés  y  rendit  des 
rvices  qui   auraient  été  largement  payés  par  l'oubli  de  sa 
jéfection  et  la  restitution  de  ses  anciennes  fonctions  de  prési- 
ent  de  Chambre  à  Magdebourg.  Mais  les  choix  du  chancelier 
aient  exclusivement  dus  à  la  faveur,  à  la  protection  et  ins- 
rés  par  sa  cupidité  et  ses  besoins  d'argent.  11  voulait  avoir 
ns  le  poste  une  personne  sûre  et  qui  se  garde  bien  de  ré- 

1.  Gagern  semble  n'avoir  pas  été  de  cet  avis.  Ekîrivant  au  Statiiouder  de 
Hollande  aussitôt  après  ran-ivée  de  Kiister,  il  lui  disait:  «  On  lui  suppose  l'in- 
tention de  rectifier  les  erreurs  de  M.  de  Humboldt».  G-agbhn,  Meirt  Antheil 
an  dsr  Politik.,  II,  89. 


532  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

vêler  au  roi  ses  tripotages  avec  les  Juifs  et  les  fournisseurs. 
Pour  mieux  prouver  ses  dires,  Kûster  racontait  que,  lors  de 
la  première  guerre  entre  la  France  et  de  la  retraite  au  delà 
du  Rhin,  le  chancelier  avait  fait  tort  à  son  gouvernement  de 
rien  moins  que  de  130.000  sacs  d'avoine  qui  n'avaient  jamais 
été  livrés  et  qui,  grâce  à  de  fausses  déclarations,  passèrent  pour 
avoir  été  pris  par  l'ennemi.  On  l'avait  à  ce  moment  accusé  de 
ce  détournement,  mais  la  Lichtenau  (1)  et  les  ministres  d'alors, 
dont  il  était  la  créature  et  le  protégé,  l'avaient  tiré  d'affaires 
en  démontrant  au  roi  que  cela  ne  concernait  en  rien  la  Prusse, 
que  ces  livraisons  étaient  à  la  charge  de  l'Angleterre  qui  serait 
forcée  de  payer  et  qu'ainsi  cet  incident  profiterait  à  la  Prusse. 

Kûster  proposa  au  roi  de  témoigner  par  des  cadeaux  en  ar- 
gent sa  gratitude  à  Metternich,  Stein  et  Gentz.  Celui  qu'on 
aurait  fait  à  Metternich  aurait  été  d'un  demi-million  de  thalers. 
Kûster  affirmait  qu'en  raison  de  leur  situation  particulière  assez 
embarrassée  ces  trois  personnages  auraient  accepté  ces  présents 
avec  joie,  et  que  liés  ainsi  à  la  Prusse,  il  leur  serait  impossible 
de  contrecarrer  ses  projets.  C'eut  été  un  million  placé  à  gros 
intérêts  et  qu'on  aurait  largement  récupéré  à  la  paix.  La  propo- 
sition plaisait  au  roi,  mais  on  ne  put  y  donner  suite  à  cause  de 
l'épuisement  du  trésor.  Kûster  proposa  alors  au  roi  de  pren- 
dre cette  somme  sur  sa  cassette  particulière,  mais  on  se  garda 
bien  de  lui  répondre. 

Kûster  avait  conseillé  encore  à  son  gouvernement  de  se  ser- 
vir du  prétexte  de  l'épuisement  de  la  Silésie  et  de  l'impossibi- 
lité d'y  recruter  les  régiments  que  cette  province  devait  four- 
nir, soit  pour  demander  l'autorisation  de  lever  au  moins  quatre 
régiments  en  Saxe,  soit  encore  pour  exiger  la  cession  immédiate 
de  la  Lusace,  en  ajoutant  qu'étant  désormais  en  possession  de  ces 
territoires,  il  serait  bien  autrement  simple  de  régler  définitive- 
ment cette  question  lors  de  la  conclusion  de  la  paix. 

Kûster  est  un  de  ces  réformateurs  qui  veulent  l'union,  l'unité 
absolue  de  la  Prusse  et  la   disparition  radicale  du  provincia-, 
lisme.  Il  a  collaboré  à  tous  les  projets  qui  tendent  à  ce  but  et 
qu'on  se  propose  d'appliquer.  Il  diffère  cependant  sensiblement 

1.  Lichtenau(\Vilhelmine, comtesse  de)(17.ï4-1820),  filJe  de  M.  Euke,la  mal- 
tresse de  Frédéric  Guillaume  II.  Frédéric  Guillaume  III  la  traîna  devant  lesj 
Tribunaux,  la  fit  emprisonner  et  ne  lui  rendit  la  liberté  qu'après  une  captivité  1 
de  trois  ans  et  en  échange  d'une  renonciation  aux  biens  qui  lui  avaient  ét.él 
donnés  et  dont  Napoléon  lui  rendit  une  partie  en  1811. 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       533 

SOUS  un  rapport  de  tous  ses  compatriotes.  Il  est  calme,  a  une 
excellente  tenue,  est  d'un  abord  facile,  aimable  et  poli.  Il  parle 
peu  et  à  voix  basse,  mais  il  possède  au  plus  haut  degré  l'art  de 
poser  des  questions.  Il  est  ce  que  les  Français  appellent  «  un 
bon  entendeur  ». 

Un  fait,  dont  j 'ai  été  témoin,  permettra  de  se  rendre  un  compte 
exact  de  ses  sentiments  à  l'égard  de  TAutriche.  Le  conseiller 
provincial  von  Zastrow^,  un  vrai  Poméranien,  était  venu  à 
Prague  ;  il  se  trouva  à  table  à  côté  de  moi  le  2  octobre  1813. 
J'étais  assis  entre  lui  et  le  conseiller  d'Etat  prussien  Scharnwe- 
ber  qui, comme  j'avais  un  vêtement  bleu  et  comme  je  causais 
intimement  avec  Zastrow,  qui  était  mon  voisin  de  chambre,  me 
prit  pour  un  Prussien.  Après  s'être  félicité  avec  nous  des  heu- 
reux événements  des  dernières  semaines,  Zastrow  proposa  de 
célébrer  par  une  illumination  et  un  banquet  la  fête  de  l'Empe- 
reur d'Autriche  (1),  afin  de  lui  mieux  témoigner  la  reconnais- 
sance générale  et  bien  lui  prouver  que  c'est  à  lui  que  nous  devons 
d'être  là. 

Scharnweber  combattit  cette  idée  en  disant  qu'augmenter  le 
prestige  de  l'Empereur  d'Autriche  équivalait  à  une  diminution 
correspondante  de  celui  du  roi  de  Prusse. Il  ajouta  qu'on  ne  lui' 
devait  aucune  reconnaissance,  qu'on  était  parfaitement  quitte, 
puisque  c'étaient  les  Prussiens  qui  avaient  sauvé  la  Bohême. 
Kûster  alla  plus  loin  encore.  Il  recommanda,  ce  qui  arriva,  du 
reste,  à  tous  ceux  qui  étaient  au  théâtre  de  s'abstenir  de  joindre 
leurs  applaudissements  à  ceux  du  public  (2).  Il  redonna  les 
mêmes  instructions  lors  de  l'anniversaire  de  l'Impératrice. 


777.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français)- 

Les  désirs  des  Polonais  et  les  belles  paroles  d'Alexandre. 
Le  prince  Eugène  et  Gastlereagh.  Alexandre  et  les  Viennois, 

[Hier  la  comtesse  Waldstein,  née  Rzewuska,  a  assuré  avoir 
rlé  à  bien  des  militaires  polonais,  et  entre  autres  au  général 
^eissenwolf,et  que  ces  Messieurs  sont  bien  loin  d'être  du  parti 

Le  9  octobre. 
Le  13  décembre. 


534  AUTOUR    DU    CONGRÈS  DE    VIENNE 

russe,  qu^ils  voudraient  avoir  un  prince  autrichien  pour  roi, et 
notamment  l'archiduc  Ferdinand,  frère  de  rimpératrice  qui  est 
un  bon -et  brave  soldat  et  qui  s'est  fait  aimer  de  tout  le  monde 
quand  il  a  été  en  Pologne  (1). 

La  comtesse  Waldstein  a  ajouté  que,  s'étant  présentée  à 
Alexandre  comme  sujette  russe  à  cause  de  sa  famille  qui  a 
presque  toutes  ses  terres  en  Pologne  russe,  Alexandre  lui  a 
dit  :  «  Vous  n',êtes  pas  ma  sujette.  Les  Polonais  sont  mes 
compatriotes.  Nous  ne  sommes  qu'une  nation,  nous  avons  la 
même  langue,  les  mêmes  usages,  les  mêmes  intérêts.  »  Elle 
assure  cfu'il  a  tenu  les  mêmes  propos  à  tous  les  Polonais  qu'il 
a  vus  à  Vienne  et  ailleurs  depuis  six  mois. 

Le  vice-roi  va  invariablement  tousles  soirs  chez  Castlereagh 
qu'il  cajole  autant  qu'il  peut,  et  on  m'a  assuré  qu'il  est  très 
bien  reçu. 

Alexandre  perd  tous  les  jours  davantage  dans  l'esprit  des 
Viennois.  J'ose  dire  que  si  son  entêtement  ambitieux  nous  for- 
çait à  la  guerre,  elle  serait  pour  nous  et  pour  presque  toute 
rAllemagne  une  guerre  nationale.  Ses  belles  phrases  n'attrap- 
pent  plus  personne,  tout  comme  sa  philanthropie  qui  n'est 
qu'une  ambition  sans  borne  et  qui  perd  son  masque  à  force  de 
s'y  enfoncer. 


77S.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  3,  4362  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Un  mot  malheureux  d'Alexandre.  Désenchantement  des  Polonais,  Revire- 
ment de  l'opinion  publique  en  faveur  de  Metternich.  L'opinion  publique  se  j 
rassure. 

«  Je  déteste  les  scribes,  je  suis  militaire,  je  n'aime  que  les! 
militaires  »,  voilà  ce  que  l'Empereur  de  Russie  répète  à  tousf 
les  échos,  et  c'est  là  ce  que  les  Viennois,  ce  que  tout  particu- 
lièrement le  comte  Charles  Zichj  et  sa  si  nombreuse  familkj 
considèrent  comme  une  injure  à  l'adresse  de  tous  les  ministresj 
qui  ne  sont  pas  militaires. 

1.  En  1809, 


l'ouverture    du    C0N€JIÈS. LA    &AXfi  lET    LA   POLOGNE      535 

Les  Polonais  n'ont  pas  l'air  d'être  fort  enthousiasmés  par 
le  projet  d'Alexandre  de  devenir  roi  de  Polog-ne.  Ils  craignent 
rinfluence  par  trop  démocratique  de  La  Harpe  et  de  Stein. 

Bien  des  gens,  qui  étaient  jusqu'ici  les  adversaires  de  Met- 
ternich,  approuvent  la  fermeté  de  caractère  dont  il  a  fait  preuve 
avec  l'Empereur  de  Russie.  «  Si  Metternich  disait  Amen  à 
toTit  ce  que  la  Prusse  et  la  Russie  demandent,  proposent  et 
prescrivent,  le  Congrès  serait  fini  demain.  Mais  montrer  les 
dents  à  la  Russie  et  à  la  Prusse,  leur  résister  et  leur  imposer 
des  modification^?,  c'est  là  le  fait  d'un  grand  ministre.  » 

Le  roi  de  Danemarck  commence  à  paraître  au  thé  dans  les 
salons  particuliers,  par  exemple  chez  la  princesse  Marie  Es- 
terhazy  (1). 

Depuis  trois  ou  quatre  jours  le  public  esst  un  peu  plus  ras- 
suré et  comprend  qu'on  ne  pouvait  pas  précipiter  les  choses 
et  brusquer  les  solutions.  Dalberg  m'a  >dit  hier  à  l'oreille  : 
«  Nos  aiîaires  marchent  bien,,  quoique  lentement.  » 


779.  Berlin,  8  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

GAR.AJVLVN  à  TALLEYRAND  [Intercepta)  (analyse). 

Emploi  qu'il  a  fait  du  crédit  de  50.000  francs.  Il  serait  bon  de  recommander 
-au  g-énéral  Dupont  ceux  qui  ont  secouru  les  blessés  français . 

Après  lui  avoir  accusé  réception  de  ses  dépêches  et  l'avoir 
remercié  des  mesures  prises  p^r  la  France  il  lui  parle  de  l'em- 
ploi qu'il  a  fait  du  crédit  de  50.000  francs  qui  lui  a  été  ouvert. 
;11  le  prie  ensuite  de  recommander  au  général  Dupont  les 
demandes  qu'il  lui  a  déjà  adressées  et  cellics  qu'il  fera  «n  fa- 
tjireur  de  ceux  qui  se  sont  distingués  par  leur  charité  et  leur 
Itftenveillaace  envers  les  blessés  et  les  malades  français*  Leur 
îonduite  est  d'autant  plus  méritoire  qu'au  moment  où  ils  l'ont 
Itenue,  l'animosité  faisait  un  crime  de  paraître  humain  envers 
tout  ceux  qui  portent  le  nom  de  Français. 


■1. Esterliazy  (princesse   Marie-Josépliine,  ntie  Liechtenstein),  née  en  1766, 
lariée  en  1783  à  Nicolas,  prince  Esterbazy  do  GalanLa,  feldzeugmeister  au-, 
Uri  chien. 


536  AUTOUR  DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

780.  Berlin,  9  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565;. 

CARAMAN  à  TALLEYRAND  (1)  (Intercepta)  (analyse). 

Il  lui  fait  part  des  réclamations  vaines  qu'il  a  adressées  au 
gouvernement  prussien  contre  les  mesures  vexatoires  dont  a 
été  l'objet  de  la  part  du  conseiller  Frank  à  Magdebourg  le 
commissaire  des  guerres  Nogarède,  adjoint  au  commissaire  du 
roi  pour  la  remise  de  cette  place,  et  qu'on  y  retient  prison- 
nier. Caraman  le  prie  de  saisir  Hardenberg  de  cette  affaire. 


781.  Vienne,  6  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

Prince  ANTOINE  DE  SAXE  au  Roi  de  SAXE 

{Intercepta)  (en  français). 

Amélioration  de  leur  situation.  L'opinion  publique.  L'Autriche  et  la  France 
leur  sont  favorables.  Le  changement  de  résidence  du  Roi  et  l'Empereur 
d'Autriche . 

J'ai  l'honneur  de  vous  écrire  ces  lignes  par  une  occasion  sûre. 
Je  vois  par  votre  gracieuse  lettre,  que  le  courrier  Seipt  m'a 
remise,  que  vous  êtes  surpris  de  ce  que  je  vous  écrivais  dans 
ma  dernière.  Je  puis  cependant  vous  assurer  que  tout  ce  que 
je  vous  disais  dans  ma  précédente  n'est  que  trop  conforme  à 
la  vérité.  Cependant,  grâce  à  Dieu,  il  paraît  que  les  choses  ont 
dliangé  en  notre  faveur  et  que  l'opinion  générale  fortement 
prononcée  fera  un  bon  effet  pour  nous.  L'Autriche  remue  ciel 
et  terre  en  notre  faveur  et  la  France  s'est  déclarée  hautement. 
Je  m'empresse  de  vous  marquer  cette  lueur  d'espoir,  désirant 
pouvoir  vous  la  confirmer  bientôt.  En  attendant,  si  les  choses 
sont  telles,  les  questions  que  je  vous  ai  faites  dans  ma  der- 
nière seront  inutiles,  mais  ce  que  je  vous  dis  aujourd'hui  ne 
date  que  de  peu  de  jours. 

P.-S.  —  Quant  au  changement  d'habitation  il  y  a  longtemps 
que  j'en  ai  parlé  à  mon  beau-frère  (2),  il  ne  tient  certainement 

1.  Ces  deux  pièces  existent  aux    Archives  des  Affaires  Etrangères,  mais 
portent  toutes  deux  la  date  du  8  novembre. 

2.  L'Empereur  d'Autriche. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      537 

pas  à  lui  que  cela  ne  se  fasse  et  que  cela  ne  soit  fait  depuis 
longtemps. 


782.  Vienne,  9  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3565). 

PIQUOT  (1)  à  S...  A...  (Intercepta)  (en  français). 

La  vérification  des  pouvoirs.  Comité  des  affaires  d'Allemagne.  Vues  opti- 
mistes sur  les  grandes  questions  et  l'accordprobablesur  la  Pologne.  Voyage 
projeté  des  souverains  à  Graz,  Trieste  et  Venise.  Départ  possible  des  rois 
de  Bavière  et  de  Wurtemberg.  Noailles,  quatrième  plénipotentiaire  de  la 
France. 

Je  n'ai  eu  aucune  notion  à  mander  à  Votre  Altesse  par  la 
dernière  poste.  Aujourd'hui  encore,  je  ne  puis  asseoir  un  juge- 
ment sur  la  nature  et  Tissue  du  Congrès. 

Mes  lettres  précédentes  ont  mandé  à  Votre  Altesse  qu'à  la 
suite  de  la  déclaration  du  premier  de  ce  mois,  on  allait  s'occu- 
per de  la  vérification  des  pouvoirs  des  ministres  accrédités  au 
Congrès.  On  s'en  occupe  encore,  et  après  qu'on  les  aura  véri- 
fiés, on  procédera  à  la  formation  d'un  protocole  dans  lequel  les 
ministres  de  Russie,  de  Prusse  et  d'Angleterre  feront  rapport 
au  comité  des  autres  puissances  de  la  vérification  achevée.  Après 
quoi,  on  décidera  sur  l'admission  des  plénipotentiaires  d'Au- 
triche, Prusse,  Bavière,  Hanovre  et  Wurtemberg. 

On  m'assure  même  que  la  cour  de  Bade,  qui  a  voulu  faire 

partie  de  ce  comité,  n'ayant  pu  y  parvenir,  vient  d'en  créer  un 

sous  sa  présidence   et   composé  des  cours  de  Hesse,  Saxe  et 

Anhalt.  On  croit  que  ce  comité  veut  délibérer  sur  les  affaires 

demandes  ;  mais  la  cour  de  Bade   ne  prendra  pas  part  à  ces 

[élibérations.  On  ignore  en  attendant  pour  quel  parti  le  grand- 

c  de  Bade  se  déclarera  après  l'arrivée  des  nouveaux  pléni- 

itentiaires  qu'il  vient  d'appeler  au  Congrès. 

Quant  aux  affaires  qui  regardent  l'Europe  en  général,  elles 
sont  guère  plus  avancées  quoiqu'on  ait  raison  de  croire  que 

inion  parfaite,  qui  existe  entre  les  cours  de  Russie,  Vienne  et 

irlin,    ne  pourra   que  contribuer  à  leur  prochain  aplanisse- 

[ent.  On  ne  paraît  pas  être  d'accord  sur  les  affaires  de  la  Po- 
ne,  mais  l'intimité  parfaite  entre  les  trois  souverains  ne  sau- 

fl.  Piquot,  Conseiller  d'ambassade  à  la  légation  de  Prusse  à  Vienne. 


538  AUTOUR    DU    CONGRÈS  DE   VIE?i?{E 

rait  faire  douter  qu'on  ne  se  mette  Lientôt  d'aeeord  sur  ce 
point  important. 

Les  empereurs  d'Autriche  et  de  Russie  et  le  roi  de  Prusse 
vont  se  rendre  à  Graz  (1)  et  pourraient  même  aller  jusqu'à 
Trieste  et  Venise. 

Le  grand-duc  Constantin  est  Tetourné  à  Saint-Pétersbourg, 
et  on  croit  que  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg  pour- 
raient bien  quitter  Vienne  pendant  l'absence  des  souverains. 

Le  comte  Alexis  de  Noailles  vient  d'arriver  ici,  il  y  a  quel- 
ques jours,  en  qualité  de  quatrième  plénipotentiaire  de  France. 
Les  trois  autres  sont  le  prince  de  Talleyrand,  le  duc  de  Dal- 
berg  et  le  comte  de  la  Tour  du  Pin. 


783.  Copenhague,  1"  novembre  1814  (F.  3.  436.2  ad  3565). 

Marquis  de  BONNAY  (2)  au  Comte  de  la  TOUH  DU  PIN 

(à  Vienne)  [Intercepta)  (analyse  i. 

La  France  et  le  Congrès.  Ce  qu'il  aurait  dû  être  et  ce  qu'il  sera. 
Les  souverains  n'ontrien  appris. 

Après  l'avoir  félicité  du  rôle  que  la  France  va  jouer  ei  joue 
déjà  au  Congrès  il  lui  dit  :  «  Si  l'expérience  du  passé,  que 
dis-je,  du  présent  n'était  pas  perdue  pour  les  rois,  comme  pour 
d«  reste  des  hommes,  on  aurait  pu  croire  que  le  Congrès  allait 
poser  les  bases  d'un  ordre  public  solide  et  durable;  on  aurait 
pu  s'attendre  à  en  voir  sortir  une  seconde  paix  de  Westpha- 
lie.  Je  crains  bien  qu'il  n'en  résulte  autre  chose  que  la  triste 
certitude  que  les  troubles  de  l'Europe  ne  touchent  pas  à  leur 
fin.  Il  a  fallu  près  de  vingt  ans  pour  ouvrir  les  yeux  des  sou- 
verains par  rapport  à  la  France  révolutionnaire.  Combien  en 
faudra- t-il  pour  les  désabuser  de  la  sottise  et  des  malheurs  de 
leurs  ambitions  rivales? 


1.  Ce  voyage  n'eut  pas  lieu. 

2.  l^onnay  (Charles-François^  marquis  de),  laé  à  la  Grange  (Nièvre)  te 
22  juin  1750,  mort  à  Paris  le  25  mai  1825,  page  de  la  petite  écurie,  merabneet 
président  de  la  Constituante,  Emigré,  Ministre  à  Copenhague  en  1814,  Pair 
de  France  et  Heutenant-généràl  en  IslS.  M""*  de  Staël  disait  de  lui  (en  lej 
voyant  pendant  l'été  de  1811)  qu'  «  il  avait  l'air  du  spectre  de  l'ancien  ré- 
gime »  (Babonke  du  Montet.  Souvenirs,  57). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   539 

784.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565), 

Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4688  ad  3565). 

HAGER  à  UEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  17  novembre. 

11  lui  signale  les  fréquentes  conférences  que  le  grand-duc 
de  Bade  a  tenues  avec  ses  Ministres  pendant  les  derniers  jours 
et  annonce  que  M"*  Morel  a  été  introduite  secrètement  chez 
le  prince  le  14  au  matin. 


735-  Vienne,  1«  novembre  1814  (F.  3.  4362  ad  3563). 

©  ©  à  HAGER 

Pendant  le  bal  que  Gagern  a  donné  le  IT),  il  s'est  retiré  dans 
son  cabinet  et  j  est  resté  assez  longtemps  en  conférence  seul 
avec  Munster.  11  a,  aussitôt  après  cet  entretien,  écrit  pendant 
près  de  deux  heures. 

Le  bal  a  fini  à  3  heures  du  matin. 


786.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  4376  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Anstett  est  allé  le  13  au  soir  chez  la  princesse  Bagration 
qui,  quoique  souffrante  et  couchée,  Ta  reçu  ainsi  que  le  prince 
de  Ligne  et  le  comte  Gameville. 


787.  Vienne,  16  novembre  1815  (F.  4.  4376  ad  3565). 

GOEHAUSEN  à  HAGER 

Envoi  d'un  rapport  de  Weyland  sur  le  tort  que  fait  à  la 
Prusse  sa  politique  à  l'égard  de  la  Saxe.  On  approuve  en  gé- 


540  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

néral,  même  en  Prusse  la  brochure  :  Sachsen  und  Preussen. 
M.  von  Uhde,  secrétaire  du  prince  Auguste  de  Prusse,  a  lui- 
même  dû  reconnaître  que  cette  brochure  (qui  fut  saisie  par  la 
police)  était  en  somme  l'expression  de  la  vérité. 

L'Autriche  gagne  de  plus  en  plus  la  confiance  des  princes 
allemands,  jadis  tout  acquis  à  la  Prusse. 


788.  Vienne,  15  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  nouveau  plénipotentiaire  badois,  baron  Marschall,  frère 
du  plénipotentiaire  de  Nassau-Weilburg,  est  tout  acquis  aux 
idées  de  la  Prusse.  Lors  de  la  réunion  des  plénipotentiaires 
des  princes  allemands  chez  Tûrkheim  la  semaine  dernière,  on 
a  voulu  faire  prendre  et  signer  l'engagement  de  ne  pas  con- 
clure de  conventions  particulières  et  séparées.  On  a  remis  la 
décision  à  la  prochaine  réunion,  mais  il  n'en  a  plus  été  question. 


789.  Vienne.  16  novembre  1814  (F.  4.  437Ô  ad  3565). 

Rappobt  à  HAGER  (en  français). 

Joie  et  espoirs  des  Polonais.  L'Autriche  cédera  ou  ce  sera  la  guerre. 
Disgrâce  de  Nesselrode.  Faveur  et  influence  de  Gzartoryski. 

Les  Polonais  sont  au  comble  de  la  joie.  Ils  disent  que,  grâce 
à  Alexandre,  la  cause  de  leur  patrie  va  enfin  triompher  et  ils 
ajoutent  que,  si  l'Autriche  continue  à  s'opposer  à  la  recons- 
titution de  la  Pologne,  la  guerre  est  inévitable. 

D'après  eux,  Nesselrode  serait  en  disgrâce  et  ce  serait  Gzar- 
toryski qui  dirigerait  en  réalité  la  politique. 

Il  paraît  en  effet  certain  que  Gzartoryski  ne  quitte  presque 
jamais  Alexandre,  et  les  Russes  eux-mêmes  disent  que  c'est 
par  sa  protection  qu'on  obtient  les  grâces  de  l'empereur. 


l'ouverture    du    congrès.  LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      541 

790.  Vienne,  16  novembre  1814. 

0  0  à  HAGER  (en  français). 
Conversation  du  prince  de  Ligne  avec  Alexandre  sur  la  Saxe  et  la  Pologne. 

Le  prince  de  Ligne  s'est  ménagé  une  conversation  avec 
l'empereur  de  Russie  relativement  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe. 
Sa  Majesté  lui  fît  observer  que,  quant  à  la  Pologne  occupée 
par  ses  troupes,  cela  entrait  tout  à  fait  dans  le  système  d'ar- 
rondissement, comme  on  pourrait  s'en  convaincre  en  jetant  les 
yeux  sur  les  cartes. 

Le  prince  voulut  alors  présenter  ses  objections  contre  la 
réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse.  Sur  cela,  Sa  Majesté  lui  dit  : 
4C  Je  ne  peux  continuer  la  conversation,  car  on  m'attend  »,et  il 
quitta  ainsi  le  prince. 


791.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Ce  que  Dalberg  a  dit  le  14  sur  le  Roi  de  Prusse;  la  Saxe,  la  Pologne,  la  Prusse, 
l'Autriche.  Ce  qui  résultera  de  l'attitude  de  Metternich.  Question  que  Dal- 
berg lui  pose  sur  la  police,  sur  Hager,  sur  Sickingen.  Ses  réponses.  Dalberg 
n'a  pas  de  soupçons  sur  lui.  Le  prince  Eugène  et  la  Bigottini. 

Voici  en  quelques  mots  ce  que  Dalberg  a  dit  la  veille  devant 
moi  :  «  Il  nous  est  absolument  impossible  d'avoir  confiance 
dans  les  Russes,  les  Prussiens  et  les  Autrichiens.  » 

Le  roi  de  Prusse  est  évidemment  à  la  discrétion  d'Alexandre, 
et  bien  plus  que  cela  ne  convient  à  ses  Ministres  et  que  cela 
16  correspond  à  l'intérêt  même  de  la  Prusse. 

Après  m'avoir  montré  la  proclamation  de  Repnin  à  Dresde 
lu  31  octobre,  Dalberg  m'avoua  que  l'affaire  de  la  Saxe  sem- 
blait décidée.  Les  Russes  disent  :  «  Nous  avons  la  Pologne. 
Nous  verrons  bien  qui  nous  la  prendra  »,  et  les  Prussiens 
disent  la  même  chose  pour  la  Saxe. 

La  Bavière  déclare  de  son  côté  qu'elle  ne  signera  rien  qui 
ait  rapport  au'  Corps  Germanique,  avant  qu'on  n'ait  rendu  la 
Saxe  à  son  roi.  La  nouvelle  Confédération  allemande  ne  peut 


54.2'  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

pourtant  pas  garantir  à  la  Prusse  la  possession  de  la  Saxe  vo- 
lée à  son  roi.  Les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe  arrêtent  Ibb 
affaires  d'Allemagne.  La  Bavière  a  fait  au  mois  de  mai  une 
grosse  faute  à  Paris,  celle  de  ne  pas  apposer  sa  signature  sur 
le  traité.  La  Bavière  siégerait  maintenant  au  Congrès,  et  bien 
des  choses  marcheraient  autrement. 

Dalberg  alla  même  plus  loin  et  me  dit  :  «  Ce  qui  manque  au 
cabinet  autrichien,  c'est  un  systèmey  de  la  suite,  du  caractère 
et  des  principes.  Si  Metternich  marche  avec  nous,  la  Prusse 
devra  céder,  se  contenter  du  tiers  de  ses  prétentions,  et  noua 
rétablirons  le  roi  de  Saxe  en  lui  restituant  Les  deux  tiers  de 
son  royaume.  Si  non,  on  va  droit  à  la  guerre.  Cet  état  de 
choses  et  la  mise  sur  pied  de  guerre  de  l'armée  française  nous 
coûtent  déjà  40  millions.  Nous  avons  tenu  quatre  séances  au 
Comité  des  Huit.  Nous  avons  donné  Gênes  au  Piémont.  Nous 
allons  maintenant  nous  occuper  de  la  dotation  de  Marie- 
Louise.  » 

lime  faut  maintenant  appeler  l'attention  de  Votre  Excellence 
sur  ce  que  je  vais  avoir  Thonneur  de   lui  communiquer.  De- 
puis la  réception  de  l'avis   confidentiel  de  Votre  Excellenca 
du  17  octobre,  me  faisant  savoir  que  l'Ambassade  de  France 
m'avait  démasqué  et  m'induisait  volontairement  en  erreur,  je 
m'étais  rigoureusement  tenu  à  l'écart.  Or,  le  30  octohre,  Dal- 
berg me  rechercha  chez  Stackelberg,  puis  vint  à  moi  dans  le 
jardin  chez  Metternich  et  me  fît  de  telles  avances  que  je  l'allai 
voir  hier  matin  et  qu'il  me  retint  avec  lui  pendant  deux  gran- 
des heures.  Au  cours  de  cette  longue  conversation,  il  me  de- 
manda, entre  autres,  sur  quel  pied  le  comte  Sickingen(l)  était  | 
avec  l'empereur  d'Autriche  et  avec  Metternich.  Le  comte  Sr- 
ckingen  est-il  un  des  agents  de  la  police  secrète  autrichienne ?^j 
La  police  secrète  de  Vienne  a-t-elle,  comme  celle  de  Paris,  des| 
Agents  et  des  affiliés  dans  le  grand  monde,  qui  sont  reçus  parH 
tout  et  fréquentent  la  haute  Société?  Qui  est  le  chef  de  la  polics'^i 
secrète  de  Vienne? Quelle  espèce  d'homme  est  le  baron  de  Ha-j 
ger  ?  Peut-on  vivre  avec  sa  famille  à  Vienne  avec  50.000  francs 
de  rente? 

Je  lui  ai  répondu  :  «  D'après  ce  que  j'en  sais,  le  comte  Si- 

1.  Sickmgen(cointe  de);de  la  famille  du  célèbre  capitaine  allemand  Franz 
de  Sickingen  (1481-1523).  Cf.  à  propos  de  son  rôle  auprès  de  l'Empereur  et  da 
Metternich,  Talleyrand  au  roi,  Vienne  31  octobre,  dépêche  n"  9  et  Vienm» 
17  novembre, dépêche  n»  12(Pah,ain,  Correspondance  inédite.  Pages  88  etl29). 


l'ouverture    du    congrès.   LA    &AXE   ET    LA    POLOGNE       543 

ckingen  est  très  en  grâce  auprès  de  TEmpereur  et  de  Metr 
ternich  et  jouit  de  leur  confiance.  Il  n'est  pas  un  agent  de  la 
police  secrète  de  Vienne  et  je  ne  l'ai  jamais  entendu  dire.  Je 
n'ai  pas  davantage  entendu  dire  que  cette  police  ait  des  agents 
dans  la  haute  Société.  On  ignore,  quel  est  le  chef  de  la  police 
secrète.  Il  n'en  est  fait  aucune  mention  sur  le  Staats  Kalender, 
Le  baron  Hager  est  le  chef  de  la  police  et  de  la  censure  de  la 
Cour,  et  figure  comme  tel  dans  l'Annuaire.  Je  ne  connais  le 
baron  Hager  que  de  vue,  parce  que  je  le  rencontre  dans  le 
monde  et  le  vois  dans  les  salons  ;  mais,  il  se  montre  très  rare- 
ment dans  la  haute  Société.  11  jouit  d'rine  excellente  réputation 
dans  le  public,  passe  pour  un  homme  foncièrement  loyal  et 
honnête,  et  je  n'ai  jamais  entendu  dire  qu'il  s'occupe  d'espion- 
nage, etc.,  etc.  > 

«  Je  comprends  fort  bien,  m'a  dit  Dalberg,  que  vous  n'ayez 
pas  à  Vienne  ces  choses-  dont  nous  ne  pouvons  nous  passer  à 
Paris.  Vous  n'en  avez  pas  besoin  avec  vos  braves  Autrichiens. 
Vous  n'avez  pas,  comme  nous  à  Paris,  à  craindre  à  toute  mi- 
nute une  révolution.  » 

Nous  nous  séparâmes  dans  de  telles-  conditions  qu'il  m'est 
impossible  de  croire  que  Dalberg-  puisse  avoir  l'ombre  d'un 
soupçon  sur  mon  compte. 

Hier  soir,  grande  et  nombreuse  assemblée  chez  Arnstein.  Il 
y  avait  le  comte  Bernstorff,  le  baron  Kaiserstein,  M"""  de  Bildt, 
le  prince  de  Mecklemburg,  lord  Stewart,  le  baron  Sinclair  (1), 
le  comte  Gapo  d'Istria,  le  vieux  prince  Metternich,  des  Russes, 
des  Prussiens,  Rutfo,  Medici,  le  duc  d'Acerenza-Pignatelli,  le 
comte  Solms,  le  comte  Degenfeld,  les  Dietrichstein.  On  y  a 
dit  qa' Alexis  de  Noailles  était  un  homme  d'une  rare  piété,  un 
visiteur  assidu  des  églises. 

Le  prince  Eugène  a,  à  l'occasion  de  la  représentation  à  son 
bénéfice,  donné  une  magnifique  bagne  à  la  Bigottini,  qui  avant 
son  mariage,  a  été  sa  maîtresse  à  Paris. 


t  Conseiller  intime  de  (lesse-Hombourç. 


544  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

792.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  3.  4376  ad  3565). 

@  ©  à  HAGER  (en  français). 

Jugement  sévère  porté  sur  Alexandre  par  des  personnes  de  son  entouragCi        §| 
sur  le  roi  de  Prusse  par  l'opinion  publique  de  Vienne.  .cl 

Des  personnes,  qui  touchent  de  près  à  l'Empereur  de  Rus- 
sie et  qui  ont  pu  l'étudier  à  fond,  persistent  à  dire  qu'Alexandre 
a,  lui  aussi,  le  cerveau  un  peu  dérangé  et  qu^il  finira  comme 
son  père.  Le  genre  de  vie,  qu'il  a  mené  à  Paris,  en  France  et 
en  Autriche,  à  Londres  et  à  Vienne,  l'a  déconsidéré  partout 
et  le  bruit  de  la  mauvaise  réputation,  qu'il  s'est  acquise,  est 
parvenu  jusqu'en  Russie.  Ces  personnages  vont  même  jusqu'à 
dire,  que  ni  les  ministres,  ni  l'armée,  ni  même  la  population, 
que  nul, en  un  mot,  n'a  confiance  en  Alexandre,  que  personne 
ne  l'aime,  ni  l'estime.  On  lui  reproche  Tilsit,  l'incendie  de 
Moscou,  et  toutes  les  sottises  qu'il  a  faites  à  Paris  avec  sa 
Constitution  et  qu'il  se  dispose  à  renouveler  à  Varsovie.  On 
les  entend  répéter  à  tout  propos  que  :  «  Les  événements  de 
1813  et  1814  prouvent  qu'Alexandre  n'est  ni  un  général,  ni 
même  un  soldat,  mais  un  simple  brouillon,  un  homme  sans 
caractère  qui  passe  sans  transition  et  sans  motif  d'un  extrême 
à  l'autre,  un  homme  qu'on  ne  saurait  craindre  d'avoir  pour 
ennemi  et  qui  ne  mérite  aucune  considération  personnelle.  » 
Ils  ajoutent  que  la  Russie  est  pour  le  repos  et  la  liberté  du 
Continent  un  danger  bien  autrement  grand  que  la  France  ;  que 
le  roi  de  Bavière,  le  grand -duc  de  Bade,  le  roi  de  Wurtemberg, 
ainsi  que  les  princes  et  ministres  allemands  présents  à  Vienne, 
détestent  Alexandre  et  n'aiment  pas  plus  la  Russie  que  son 
empereur. 

Le  roi  de  Prusse  et  ses  ministres  n'ont  pas,  eux  non  plus, 
gagné  du  terrain  depuis  qu'ils  sont  ici.  L'opinion  publique 
n'a  pas  confiance  en  eux  et  ne  leur  accorde  aucune  considéra- 
tion. Le  roi  s'est  rendu  méprisable  par  la  servilité  dont  il  fait' 
preuve  à  l'égard  de  l'empereur  de  Russie,  En  revanche,  on 
approuve  l'amitié  qu'il  témoigne  à  la  princesse  de  Thurn  et 
Taxis.  On  constate  du  reste  que  le  roi  manque  absolument  de  i 
caractère  et  dépend  entièrement  de  son  entourage  et  de  ses 
ministres. 

Le  ministre   russe  Stein,  qui  travaille  de  concert  avec  La' 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      545 

Harpe,  qui  au  mois  de  mai  a  perpétré  à  Paris  la  malheureuse 
Constitution,  qui  pousse  à  l'établissement  en  Pologne  d'un 
gouvernement  représentatif,  qui  cherche  à  introduire  dans  les 
Etats  de  la  Confédération  germanique  une  organisation  par- 
lementaire, a  peut-être  plus  d'influence  dans  le  cabinet  prus- 
sien que  Jacobi,  Staegemann,  Jordan, etc.,  etc., que  Hardenberg 
et  que  Humboldt.  Le  comte  Solms  ne  s'est  pas  gêné  pour 
dire  plus  d'une  fois  en  ma  présence  que  le  prince  Hardenberg 
était  un  bien  pauvre  Sire.  A  l'appui  de  ces  dires,  on  invoque 
des  proclamations  déjà  anciennes,  toutes  imprimées,  du  baron 
Stein,  dans  lesquelles  il  proclame  la  nécessité  de  fondre  toutes 
les  petites  nationalités  allemandes  en  une  seule  nation,  tous 
les  différents  Etats  en  une  seule  monarchie  allemande. 


793.  Vienne,  14  novembre  1814  (F.  4.  4376  ad  3565). 

GOUPY  à  la  reine  d'ETRURIE  (1)  Intercepta)  (en  français) 
(par  la  police). 

Première  séance  du  Congrès  le  13  pour  les  affaires  d'Italie.  Cession  de  Gênes 
au  Piémont.  Impossibilité  d'avoir  la  Toscane.  Conférence  avec  Castlereagh. 
Reconnaissance  des  droits  de  la  Reine  sur  Parme  et  de  la  légitimité  d'une 
compensation  qui  ne  pourra  être  que  les  Légations.  Démarches  qu'il  fera 
pour  obtenir  Lucques  et  Massa  Carrara.  On  ne  rendra  pas  les  Légations 
au  Pape. 

Je  me  hâte  de  répondre  à  la  lettre,  dont  Votre  Majesté  a 
daigné  m'honorer  le  29  du  mois  passé,  en  L'instruisant  de  ce 
qui  a  été  décidé  hier  dans  une  session  des  Ministres  qui  com- 
Iposent  le  Congrès. 

La  première,  la  seule  question  qui  ait  été  traitée  jusqu'à  ce 
[our  relativement  à  l'Italie,  a  été  celle  qui  regarde  la  répu- 
ïlique  de  Gênes,  et  malheureusement  la  décision,  qui  a  été 
)rise  à  son  égard,  nous  prive  entièrement  de  l'espérance  de 
)Ouvoir  obtenir  ce  territoire  pour  indemnité,  puisqu'il  y  est 
)rononcé  qu'il  fera  partie  du  royaume  de  Sardaigne  auquel 
)n  le  réunit. 

l.Etrurie  (La  reine  d'infante  Marie-Louise)  (1782-1824), fille  du  roi  Charles  IV 
li'Espagne,  duchesse  de  Parme  puis  reine  d'ELrurie,  veuve  le  17  mai  1803, 
jlevint  duchesse  de  Lucques  en  ISlT.lille  avait  A  Vienne  un  fondé  de  pouvoirs 
nommé  Goupil  des  Hautes  Bruyères,  qu'assistait  l'ambassadeur  d'Espagne 
Labrador.  (Cf.  PALL.vI^J.  Correspondance  inédite  de  Talleyrand,  839.) 

T.  I.  35 


546  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

J'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  à  Votre  Majesté  que 
j^étais  convaincu  qu'il  nous  serait  impossible  d'obtenir  la  res- 
titution de  la  Toscane,  et  cela  est  aujourd'hui  démontré.  Ainsi 
nous  n'avons  plus  à  opter  qu'entre  les  objets  de  compensa- 
tion sur  lesquels  nous  pourrions  jeter  nos  vues  et  diriger  nos 
démarches. 

La  conférence,  que  je  viens  d'avoir  avec  lord  Castl'ereagh, 
m'a  confirmé  dans  l'opinion  où  je  n'ai  jamais  cessé  d'être  qiie 
Ses  droits  aux  d'uchés  de  Parme,  Plaisance  et  Guastalla  étaient 
reconnus  et  qu'ils  seraient  rendus  sans  difficulté.  J'ai  su  de 
plus  qu^on  ne  pouvait  contester  à  Votre  Majesté  une  com- 
pensation quelconque  pour  la  différence  qui  existe  entre  les  il 
revenus  de  ces  Etats  et  ceux  de  la  Toscane.  Mais  j'ai  Fhon- 
neur  de  lui  répéter  que,  puisqu'il  faut  renoncer  à  trouver  cette 
compensation  dans  le  territoire  de  Gênes,  M.  de  Labrador  et  \ 
moi,  nous  serons  très  embarrassés  pour  les  moyens  d'en  ob- 
tenir une,  s'il  faut  absolument  exclure  les  Légations.  Je  me 
propose  de  faire  céder  à  Votre  Majesté  le  duché  de  Massa 
Carrara  et  la  république  de  Lucques  en  donnant  l'équivalant 
à  la  duchesse  de  Modène  dans  les  Légations  que  Votre  Ma- 
jesté refuse.  Mais  je  crois  qu'il  serait  bien  plus  avantageux 
pour  Elle  de  les  avoir  que  d'en  laisser  disposer  en  faveur  de 
tout  autre  souverain. 

En  dernière  analyse,  il  faut  que  Votre  Majesté  sache  que,  1î 
quelque  chaleur  que  le  Cabinet  de  Sa  Sainteté  puisse  apporte  r^p 
dans  la  réclamation  qu'il  fait  de  ces  Légations,  elles  ne  lui'Pii 
seront  pas  rendues,  qu'EUe  a  donc  à  examiner  d'après  cettejF 
assurance  s'il  Lui  convient  d'y  renoncer.  Je  La  supplie  de  me]  ki 
donner  sur  ce  point  la  réponse  la  plus  prompte.  JlFâi 


i 


794.  Vienne..  16  novembi-e  1814  (F.  4.  4376  ad  3565  . 

MAVROJENI  au  Prince  de  MOLDAVIE  {Intercepta}  (en  français)! 

La  cession  de  Gènes.  La  Russie  intraitable  sur  la  Pologne.  Gravité  de  la  situa- 
tion. Repnin  et  la  déclaration  de  cession  provisoire  de  la  Saxe.  Mémoire  dVi 
14  octobre  du  duc  de  Coburg  à  Gastlereagh  sur  la  nécessité  du  maintien  de 
la  Saxe. 

Par  une  convention  avec  les  cours  alliées,  qui  fut  jusqu'ici 
tenue  secrète,  l'acquision  du  pays  de  Gênes  a  été  assurée  auj 


l'ouverture  du  congrès.  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   547 

oi  de  Sardaig-ne  (1).  Cet  arrangement  va  s'exécuter  ;  car  il 

st  parti  d'ici,  il  y  a  quelques  jours,  des  courriers  pour  Gênes 

t  Turin,  qui  portent  l'avis  de  l'incorporation  du  pays  de  Gênes 

lUX  Etats  du  Piémont.  Gênes  aura  son  Sénat  et  une  consti- 

ution  particulière.  Gomme  de  tout  temps,  le  Piémont  a  servi 

[e  boulevard  pour  l'Italie  contre  la  France,  il  paraît  qu'on  a 

âgé  nécessaire  de  donner  plus  de  force  au  Piémont  pour  pou- 

oir  soutenir  ce  rôle  aussi  à  l'avenir. 

Les  tentatives  de  ramener  la 'Russie  de  ses  projets  sur  la 

ologne  sont  restées  jusqu'ici  sans  succès.  Les  Russes  disent 

u'ils  ont  fait  une  guerre  juste  en  poursuivant  un  ennemi  qui 

Jt  venu  les  attaquer  chez  eux,  que  leur  pays  a  été   dévasté, 

a'ils  ont  conquis  le  duché  de  Varsovie  par  la  valeur  de  leurs 

mes,  et  que  c'est  eux  qui  ont  donné  à  l'Europe  le  signal  de 

révolter  et  de  courir  sus  à  Napoléon,  l'ennemi  commun; 

l'en  conséquence,  ils  peuvent  prétendre  à  être  indemnisés  de 

ors  pertes  et  récompensés  de  leurs  services  par  une  province 

leur  portée,  telle  que  le  Duché  de  Varsovie. 

L'Angleterre,  qui  est  encore  intéressée  par  son  commerce 

e  tout  le  cours  de  la  Vistule  ne  dépende  pas  de  la  Russie 

aie,  n'applaudit  pas  à  ces  arrangements,  ainsi  que  la  France. 

Prusse,  qui  ne  peut  pas  manquer  d'en    sentir  la  force,  se 

ne  à  demander  qu'elle  soit  restituée  dans  létat  où  elle  se 

uvait  en  1803,  et  elle  regarde  le  royaume  de  Saxe  comme  un 

livalent  très  à  sa  convenance  contre  la  perte  de  ses  anciennes 

vinces  polonaises. 

pe  part  et  d'autre,  on  s'est  presque  épuisé  en  paroles  et  en 

jonnements  pour  pouvoir  se  convaincre,  et  la  crainte  n'est 

vaine  que  ce  conflit  d'opinions  n'entraîne  un  refroidisse- 

et  même  plus.  En  attendant,  les  Prussiens  s'emparent 

ministration  de  la  Saxe  et  le  prince   Repnin  (^)  a  fait 

,er  {sie}  aux  autorités  la  circulaire  qui  se  trouve  dans 

elle  de  Francfort. 

utriche  et  l'Angleterre  n'ont  cependant  donné  leur  adhé- 

u'à  l'administration  provisoire  de  la  Saxe  par  la  Prusse. 

de  Goburg  a  présenté  à  lord  Gastlereagh  un  M.émoire(â), 

d'Ar<GEBERG,  171.  Articles  séparés  et  secrets  du  traité  de  Paris. 

d'ANGEBERG,  I,  413.  Déclaration  du  prince  Repnin,  de  Dresde,  8  no- 

aux  autorités  saxonnes. 

d'ANGEDERG,  I,  293-295.  Lettre  du  duc  régnant  de  Saxe-Coburg-Saal- 
jrd  Gastlereagh,  examinant  la  question  du  droit  vis-à-vis  de  la  Saxe 
lestioa  générale.  Vienne,  14  octobre  1814. 


548  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

dans  lequel  il  prouve  que  la  suppression  de  la  Saxe  serait  con- 
traire autant  au  droit  qu'à  l'intérêt  général  de  l'Europe. 

Il  dit  entre  autres  (1)  :  «  Vous  voulez,  Mylord,  que  la  Prusse 
<  soit  forte!  C'est  l'affaiblir  que  lui  donner  une  population, 
«  qui  d'un  siècle  n'oubliera  pas  ses  sentiments  pour  son  ancienne 

«  dynastie Vous  voulez  unir  l'Autriche  à  la  Prusse.  La  Saxe 

«  donnée  à  cette  dernière  suffirait  seule  pour  les  diviser Vous 

«  voulez  diviser  la  Prusse  et  la' Russie.  Vous  n'y  parviendrez 
«  pas.  [1  y  a  entre  ces  deux  souverains  des  liens  personnels 
«  qu'il  n'est  au  pouvoir  de  personne  de  rompre.  L'affection 
«  à  part,  vous  unissez  leurs  intérêts,  quand  vous  pensez  les 
«  séparer.  Car  la  Prusse  sera  appuyée  par  la  Russie  dans  say 

«  projets  d'agrandissement   en  Allemagne et  la    Prussl 

«  appuyera  de  son  côte  les  desseins  de  la  Russie  sur  l'empin 
«  Ottoman  renversé,  la  paix  de  l'Europe  ébranlée,  et  ton 
«  cela  par  suite  de  votre  plan.  » 


795.  Vienne,  18  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR.  (F.  4.  4699  ad  3565). 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  18  novembre  1814).     j. 

Résumé  des  rapports  sur  les  perquisitions  faites  chez  Vernègues 
et  chez  le  comte  Bethusy. 

La  perquisition  secrète  faite  chez  le  conseiller  d'état  r 
Vernègues  en  relations  suivies  avec  Anstett,  Talleyrandf 
Gzartoryski  a  donné  peu  de  résultats.  On  y  a  trouvé  beaucc»| 
de  papiers  en  russe  que  les  commissaires  adjoints  à  l'a 
n'ont  pu  lire.  On  la  recommencera  avec  une  personne  conna 
sant  cette  langue. 

Rapport  sur  le  comte  Bethusy,  que  Metternich  croit  êt__ 
chef  de  la  police  secrète  prussienne.  La  surveillance  n'a™»". 
encore  donné  les  résultats  désirés. 


1.  Cf.  d'ANGEBERG,  page  294. 


l'ouverture   du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      549 
796.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 
Perquisition  chez  Vernègues. 

Détails  sur  la  perquisition  faite  chez  Vernègues  d'après  les 
ndications  du  Hofkammer  Kanzellisten  Desclairs.  D'après 
)esclairs,  le  chevalier  Butassy  (?)  serait  le  frère  de  Vernègues. 

Rapport  de  Schmidt  sur  les  différentes  opérations  de  la 
)erquisition  faite  par  lui-même,  le  protocoliste  Fino  et  les  ser- 
uriers  de  la  Police.  On  y  a  trouvé, entre  autres,  une  clé, dont 
>n  a  pris  l'empreinte  et  qu'on  a  copiée,  et  un  certain  nombre 
e  papiers  qu'on  a  pu  lire  et  dont  on  fournit  copie.  Il  reste 
me  foule  de  papiers  en  russe  qu'on  n'a  pu  déchiffrer. 


97.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Renseignements  sur  le  comte  Bethusy. 

Le  comte  Bethusy,  supposé  être  le  chef  de  la  police  secrète 
ussienne  et  venu  de  Berlin  avec  ses  deux  fils,  parle  d'aller 
3US  peu  à  Graz  et  serait  un  grand  favori  de  Louis  XVIII  et 
Alexandre.  Il  expédie  lui-même  ses  lettres  (énumération  des 
isites  qu'il  a  reçues  et  des  mesures  prises,  tant  pour  le  sur- 
eiller  de  près  que  pour  examiner  les  papiers  qu'il  a  chez  lui). 


J8.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565  . 

Rapport  à  HAGER 

Intercepté  chez  Hardenberg  les  lettres  qu'il  a  écrites  le  16, 
[prince  Auguste  de  Prusse,  à  Kûster,  Gagern,  et  Humboldt. 
Chez  Stackelberg  :  deux  lettres,  l'une  au  général  Tschaplitz, 
lUtre  à  Piquot. 

Lettres  interceptées,  la  plupart  relatives  à  des  affaires  privées 
luf  une  de  Planta  à  Clancarty  (16  novembre)  réclamant  le 


SSO  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

renvoi  de  la  lettre  de  lord  Gastlereagh  à  Hardenberg  au  sujet 
de  la  Saxe,  et  qui  lui  a  été  transmise  il  y  a  trois  semaines, 
et  une  de  Mme  de  Kùster  à  son  mari,  lui  signalant  l'indiffé-; 
rence  manifestée  par  le  public  à  la  représentation  de  galai 
donnée  à  l'occasion  de  la  fête  du  roi  (de  Wurtemberg).  : 

Envoi  avec  le  rapport  du  17  d'un  pçiquet  de  lettres  et  de 
mémoires    reçus  pendant  la   nuit   et  qn'on  vient  de  tirer  du] 
bureau  de  Dalberg. 


799.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3065). 

Rapport  à  HAGER 

1 

Surveillance  du  duc  de  Brunswick  très  mécontent  de  la  toiir- 
nure  prise  par  les  affaires  d'Allemagne. 


800.  Vienne,  17  novembre  1814  (F,  4.  4405  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Noailles  et  l'expédition  de  ses  lettres. 

Noailles  expédie  ses  lettres  'de  chez  Talleyrand  où,  comm^ 
on  l'a  déjà  dit,  il  est  d'autant  plus  difficile  de  les  intercepter, 
même  momentanément,  que  la  surveillance  est  exercée  par 
Français  qui  note  sur  un  registre  les  heures  des  expéditions 
des  arrivées  des  pièces.  On  doit  donc  se  borner,  comme 
vient  de  le  faire,  avec  succès,  à  ramasser  des  chiffons. 


801.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  44iff5  ad  3565). 

GŒHAUSENà  HAGER 

Note  de  protestation  des  petits  Etats  allemands  rédigée  par  Gagern, 
en  date  du  16  novembre. 

Les  représentants  des  petits  Etats  allemands,  à  l'exeeptio  1  ,^ 
de  la  Bavière,  du  Wurtemberg  et  de  Bade,  ont  signéhier  soîI  :,] 


l'ouverture  du  congrès.  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   531 

à  ruaaammité  nue  note,  qu'ils  firent  remettre  à  Metternich  et 
dans  laquelle  ils  protestent  contre  tout  ce  qui  a  été  fait  et  se 
fera  pour  l'Allemag-ne  et  exposent  leurs  vues  et  leurs  désirs. 

Holstein,  Brunswick,  Mecklembourg,  Hesse-Cassel,  Hesse- 
Darmstadt,  Maisons  de  Saxe  et  de  Reuss,  Nassau,  Lippe,  les 
villes  libres,  etc.,  etc.  (Note  rédigée  par  Gagera)  (1). 


802.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Propos  tenus  par  Dalberg  et  La  Tour  du  Pin  sur  la  Saxe,  la  Pologne  et 
l'Italie,  etc.  Trauttmansdorff  et  la  comtesse  de  Ïalleyrand-Périgord.  Rad- 
ziwill  et  la  Pologne.  Repnin  et  la  Saxe. 

La  France,  ont  dit  Dalberg  et  La  Tour  du  Pin,  ne  permettra 
jamais  que  l'Empereur  Alexandre  soit  roi  de  Pologne,  le  roi 
de  Prusse,  roi  de  Saxe  et  l'Empereur  d'Autriche,  roi  d'Italie. 
Voilà  les  points  principaux,  d'où  dépend  le  rétablissement  de 
l'équilibre  européen.  La  France  s'occupera  aussi  du  droit  mari- 
time et  de  la  traite  des  nègres. 

Le  Grand  écuyer  (2)  Trauttmansdorff  fait  une  cour  assidue 
à  la  comtesse  de  Tallejrand-Périgord. 

Radziwill  croit  que  la  Russie  insistera  sur  la  question  de 
Pologne.  Au  fond,  il  reste  personnellement  toujours  très  Prus- 
sien, quoique  sujet  russe  et  malgré  la  restitution  de  ses  biens, 
faite  au  prince  Dominique  Radziwill. 

Pour  la  Saxe,  Repnin  doit  venir  à  Vienne  après  avoir  fait 
la  remise  de  son  Gouvernement  aux  Prussiens.  Radziwill 
doute  fort  cependant  que  la  Prusse  garde  la  Saxe,  dont,  dans 
ce  cas,  le  prince  Guillaume  de  Prusse  deviendrait  le  vice-roi. 


|803.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4405  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

L'opinion  du  aonce  sur  la  faveur  imméritée  de  Metternich 
et  de  l'injuste  disgrâce  de  Stadion. 

C'est  une  chose  bien  étonnante,  m'a  dit  le  nonce,  de  voir 

1.    Cf.   d'ANGEBERG,    441-445. 

^2.  Il  s'agit  ici  du  comte  ïrauttmansdorff. 


552  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Metternich  comblé  d^honneurs  et  de  dons, tandis  que  Stadion, 
qui  a  été  le  premier  instrument  de  l'heureuse  issue  de  la 
guerre,  n'a  rien  obtenu.  L'Empereur  aurait  au  moins  dû 
racheter  les  biens,  que  le  comte  de  Stadion  possédait  eri  Wur- 
temberg et  qui  lui  furent  confisqués  par  ordre  du  tyran,  et  par 
ce  trait  de  générosité,  récompenser  tant  d'éminents  et  d'avan- 
tageux services  que  le  comte  de  Stadion  avait  rendus  pour  le 
bien  de  la  monarchie  autrichienne  et  même  de  l'Europe 
entière. 


804.  Paris,  5  novembre  1814  (F.  4.4405  ad  3565). 

FAGEL  à  GAGKRN  [intercepta]  (en  français). 

On  augure  naal  du  Congrès.  On  s'attend  au  retour  prochain  de  Taileyrand.  Il 
espère  que  le  prince  d'Orange  deviendra  roi.  Les  arrestations  à  Paris  et 
l'état  des  esprit  en  France. 

Je  suis  peu  enchanté  de  ce  que  Votre  Excellence  me  dit  du 
Congrès  et  de  la  politique.  Nous  ne  savons  pas  grand'chose 
ici  ;  mais  tout  le  monde  s'accorde  à  regarder  comme  très  em- 
brouillées les  affaires  les  plus  importantes.  Allemands,  Anglais 
et  Français  voient  également  en  noir.  Ces  derniers  assurent 
que  Taileyrand  sera  de  retour  ici,  rébus  infactis,  avant  quinze 
jours.  Ce  que  je  désirerais,  rébus  sic  stantibus,  pour  nous  autres 
ducaux,  c'est  que  comme  il  y  a  cinq  rois,  (sonst  hatte  man  an 
den  Heiligen  drei  Kœnigen  schon  zu  viel){[)  il  pût  y  en  avoir 
six  et  que  le  sixième  (Orange)  fût,  comme  les  autres,  agrégé 
à  la  Confédération  Germanique. 

J'apprends  avec  plaisir  que  le  prince  n'est  pas  contraire  à 
un  tel  plan,  et  je  le  crois  fait  pour  obtenir  l'approbation  de 
Votre  Excellence. 

On  a  fait  ici  ces  jours-ci  des  arrestations  (2).  On  parlait 
de  conjuration.  Le  fait  est  qu'un  officier  supérieur  s'est 
avisé  de  vouloir  enrôler  des  volontaires  pour  les  mener  à 
Sa  Majesté  Haïtienne  et  que,  comme  de  raison,  on  a  trouvé 

1.  Jusqu'ici  on  trouvait  déjà  beaucoup  d'avoir  les  Trois  Rois.  ; 

2.  Cf.  dans  Polovtsof,  Correspondance  diplomatique,  etc.,  t.  1,  p.  113,  Dé- 
pèche n°  105.  Boutiaguine  au  comte  de  Nesselrode,  Paris,  8   novembre  1814,   li^ 
à  propos  des  arrestations  et  du  général  Dufour.  IsgpQ 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   553 

Je  procédé  fort  incongru  et  qu'on  a  coffré  l'aventurier.  Cela 
n'empêche  pas  que  le  mécontentement  aille  toujours  son  train. 
Je  ne  pense  pas  que  cela  puisse  avoir  des  suites  dangereuses. 
On  parle  trop  haut  pour  cela.  Les  Français  n'ont  cessé  d'être 
mécontents,  ou  de  se  dire  tels,  que  sous  Bonaparte,  parce 
queBicêtre  ou  Vincennes  leur  fermaient  la  bouche.  Du  moment 
qu'on  les  laisse  parler,  (et  Dieu  sait  qu'ils  en  ont  la  pleine 
faculté  à  présent)  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  rien  à  craindre. 
Ce  qui  me  paraît  plus  dangereux,  c'est  leur  animosité  contre 
les  étrangers.  Que  ce  sentiment  violent  et  haineux  soit  par- 
tagé par  le  gouvernement  ou  non,  il  me  paraît  également 
menaçant  et  dangereux,  car  il  ne  peut  aller  qu'en  croissant. 


805.  Londres,  23  octobre-4  novembre  1814  (F.  4.4405  ad  3565). 

LIEVEN  (1)  au  comte  de  NESSELRODE  (intercepta)  (en  français). 

Suspension  du  licenciement  d'une  partie  de  l'armée  anglaise  et  des  milices. 
Causes  de  cette  mesui'c.  Satisfaction  causée  par  la  création  du  Royaume 
de  Hanovre.  Retrait  de  la  garnison  anglaise  de  Madère. 

Le  gouvernement  a  suspendu  le  licenciement  des  régiments 
de  milice  et  des  seconds  bataillons  dans  l'armée.  Le  prétexte, 
qu'il  donne  pour  cette  mesure,  est  fondé,  pour  la  milice  sur 
la  situation  toujours  précaire  des  affaires  en  Irlande,  et  quant 
aux  seconds  bataillons,  sur  la  guerre  d'Amérique. 

Quelque  plausibles  que  paraissent  ces  raisons,  je  croirais, 
d'après  mes  propres  observations,  pouvoir  en  donner  une  à 
votre  Excellence  qui  semble  l'emporter  sur  toute  autre.  C'est 
l'état,  incertain  encore,  des  affaires  de  l'Europe,  à  côté  duquel 
le  gouvernement  britannique  ne  perd  pas  de  vue  l'esprit  in- 
quiet de  la  nation  Française,  tout  en  rendant  justice  aux  dis- 
positions pacifiques  de  son  Souverain  et  de  ses  ministres.  En 
effet,  les  relations  entre  les  deux  cabinets  sont  celles  d'une  par- 
faite amitié  et  deviennent  plus  intimes  tous  les  jours. 

l.Lieven  i Christophe  Andreiévvitch'i,  Major  Général  russe,  d'abord  protégé 
par  Paul  I",  nommé  par  Alexandre  I»"^  en  1810  ministre  à  Berlin  puis  en  1812 
d'abord  ministre  et  peu  après  ambassadeur  de  Russie  à  Londres.  Il  y  resta 
Jusqu'en  1834  Rappelé  par  l'Empereur  Nicolas,  il  devint  gouverneur  du  futur 
empereur  Alexandre.  Fait  prince  en  1826,  Lieven  mourut  à  Rome  en  1838. 


554  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

M'étant  trouvé  à  Brighton  lors  de  l'arrivée  des  dépêches 
de  Vienne  relatives  à  l'adoption  du  nouveau  titre  de  Roi  de 
Hanovre,  j'ai  été  téiAoin  de  la  satisfaction  que  le  Prince  Régent 
a  éprouvée  à  cette  occasion. 

Le  gouvernement  britannique  s'occupe  peu  à  peu  de  l'exé- 
cution de  ses  engagements  dans  les  traités  de  paix.  En  consé- 
quence, il  vient  de  retirer  de  l'île  de  Madère  la  garnison  an- 
glaise qui  loccupait  depuis  plusieurs  années. 


8C6.  Vieime,  19  novembre  1814  (F.  4.  4773  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier.  Vienne,  19  novembre  1814. 
Envoi  des  pièces  et  rapports  du  18. 

Il  lui  rend  compte  qu'en  attendant  qu'on  puisse  fouiller  chez 
le  comte  Bethusy  et  ouvrir  ses  lettres,  on  a  pris  l'empreinte    ? 
de  son  cachet. 


807.  Vienne,  18  novembre  1814  (F.  4.  743  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  {Intercepta). 

Stein  à  Humboldt,  auquel  il  envoie  la  note  de  protestation, 
qui  lui  a  été  remise  par  les  ministres  Wurtembergeois  Wint- 
zingerode  et  Linden  (1),  contre  la  façon  dont  le  Congrès  pré- 
tend régler  les  affaires  d'Allemagne. 


808.  Vienne,  18  novembre  1614j(F.  4.  4743  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER. 

Le  prince  Eugène  a  rendu  visite  d'abord  à  M"*  Susane,  pi 
à  Séraphine  Lambert,  avant  d'aller  chez  la  princesse  Bagration., 

1.  Cf.  D'Angébehg,  439-440.  Note  du  comte  de  Wintzingerode  et  du  baroaV 
de  Linden,  Plénipotentiaires  du  Wurtemberg  aux  divers  membres  du  Comité 
cliargé  des  affaires  Allemandes  en  date  de  Vienne  le  16  novembre  1S14. 


V) 


l'ouverture   du   congrès.   —  LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      555 

809.  Vienne,  18  novembre  1814  <F.  4.  4743  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe  sont  stationnaires.  Tal- 
leyrand  ménage  la  résistance  de  la  Bavière.  Les  Prussiens 
sont  plus  irrités  contre  Hudelist  que  contre  Metternich  et  af- 
firment que  c'est  Hudelist  qui  tient  tous  les  fils  de  la  politi- 
que autrichienne. 


810.  Vienne,  18  novembre  18U  (F.  4.  4743  ad  3565% 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Talleyrand  a  dit  à  Alexandre  et  au  roi  de  Prusse,  qui  s'éle- 
vaient vivement  contre  la  conduite  du  roi  de  Saxe  en  1813  : 
«  Vous  êtes  dans  le  même  cas.  Vous  n'avez  fait  la  guerre 
qu'aux  succès  de  Napoléon,  mais  non  à  ses  intentions  (1).  » 

On  prétend  que  Stein,  qui  ne  désapprouve  nullement  la  bro- 
chure Preussen  and  Sachsen  pourrait  bien  y  avoir  collaboré 
ou  l'avoir  inspirée. 


811.  Vienne,  16  novembre  1814  (F.  4.  4745  ad  S565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Pourquoi  l'Angleterre  favorise  l'agrandissement  de  la  Prusse. 
L'aveuglement  de  la  Russie. 

Les  Anglais  persistent  toujours  à  soutenir  que  la  politique 
exige  l'agrandissement  de  la  Prusse  dans  la  plus  grande  éten- 
due possible.  C'est  la  seule  puissance,  disent-ils,  que  nous 
pouvons  énergiquement  opposer  à  la  Russie.  Celle-ci,  par  son 
entêtement  sur  la  Pologne,  entre  aveuglément  dans  toutes  les 

2.  Cf.  Pièce  650.  Talleyrand  aurait  tenu  un  propos  à  peu  près  semblable, 
non  pas  dans  un  entretien  avec  les  souverains,  mais  au  cours  d'une  confé- 
rence aT«c  les  ministres  des  alliés.  Voir  la  lettre  de  Mavrojeni  au  prince  de 
Moldavie,  en  date  du  1"  novembre. 


556  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

concessions  qu'on  propose  en  faveur  de  la  Prusse  et  ne  voit 
pas  qu'il  se  forme  ainsi  un  colosse  formidable  contre  elle.  Mais 
notre  politique  est  plus  prudente  que  la  sienne,  et  si  la  Russie 
conserve  la  Pologne,  nous  trouverons  d'autres  moyens  de  la 
balancer. 


812.  Vienne,  17  novembre  1814  (F.  4.  4743  ad  3565). 

L...  à  HAGER 

Alexandre,  son  entêtement,  l'indisposition  de  l'empereur  d'Autriche  et  la 
tension  des  rapports  entre  les  deux  empereurs.  Le  roi  de  Prusse.  L'affaire 
de  Saxe.  Hardenberg  et  Stackelberg. 

L'empereur  Alexandre,  vient  de  me  dire  le  major  prussien 
comte  Reichenbach,  a  tranché  le  Nœud  Gordien.  Il  ne  rendra 
rien  à  l'Autriche,  pas  même  Cracovie,et  persiste  à  dire  que,  si 
on  veut  lui  reprendre  la  Pologne,  il  s'y  opposera  par  tous  les 
moyens  dont  il  dispose  et  ne  reculera  pas  devant  la  guerre.  Ces 
propos  ont  tellement  contrarié  l'empereur  d'Autriche  qu'il  en 
est  tombé  malade,  et  c'est  là  la  raison  pour  laquelle  le  voyage 
en  Styrie  n'a  pas  eu  lieu.  Alexandre  a  même  un  moment  songé 
à  quitter  la  Burg  et  à  aller  habiter  l'hôtel  de  Razoumofîsky. 
Il  aurait  sans  aucun  doute  donné  suite  à  ce  projet  s'il  n'en 
avait  été  dissuadé  par  les  dames  russes  (1). 

La  façon  dont  la  Berliner-Zeitung  a  annoncé  la  prise  de 
possession  de  la  Saxe  par  la  Prusse  a  fortement  déplu  au  roi. 
«  C'est,  a-t-il  dit,  une  absurdité,  puisque  je  n'ai  pas  encore  la 
Saxe.  Il  faut  donner  une  bonne  leçon  au  Censeur  pour  lui  ap- 
prendre à  ne  pas  aller  plus  vite  que  les  violons.  » 

Le  chancelier  (Hardenberg)  a  eu  plusieurs  explications  fort 
vives  avec  le  roi,  qui  a  cédé  aux  conseils  du  général  Knese- 
beck.  Le  général  a  dit  au  roi,  que  Hardenberg  avait  assuré- 
ment des  sympathies  et  des  faiblesses  pour  l'Autriche,  mais 
que  d'autre  part  le  roi  ne  pouvait  dans  ce  moment  se  passer 
d'un  homme  qu'il  lui  serait  impossible  de  remplacer.  La  nation 
tient  à  Hardenberg,  a  confiance  en  lui  et  n'accepterait  pas  son 

1.  11  s'agit  là  bien  probablement  de   l'intervention  des  deux  grandes-du- 
chesses, sœurs  d'Alexandre. 


'  l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      557 

remplacement  par  quelque  obscur  conseiller  d'Etat.  Humboldt 
lui-même  est  encore  trop  neuf  et  n'est  connu  que  depuis  la 
guerre.  On  n'a  pas  encore  oublié  qu'il  avait  fait  assez  triste 
figure,  lorsqu'il  était  à  la  tête  de  l'Instruction  et  des  Cultes  et 
qu'on  avait  dû  le  relever  de  ses  fonctions.  De  pareils  collabo- 
rateurs rendraient  le  roi  impopulaire  et,  dans  le  cas  d'une 
guerre  provoquée  par  de  semblables  ministres,  il  risquerait 
fort  d'être  abandonné  par  son  peuple.  Rien  n'empêchait  du 
reste  le  roi  de  prendre  conseil  de  ces  personnes,  afin  de  diriger 
et  de  modifier  de  cette  façon  les  propositions  et  les  vues  du 
chancelier,  et  le  général  aurait  de  la  sorte  obtenu  que  le  roi,  qui 
signait  dans  le  temps  sans  autre  forme  de  procès  les  pièces 
que  lui  présentait  le  chancelier,  ne  le  fait  plus  maintenant 
qu'après  avoir  pris  son  avis  et  consulté  ces  personnes. 

Reichenbach  commence  du  reste  à  se  rallier  lui-même  au 
chancelier,  parce  qu'il  est  en  bons  termes  avec  le  général,  avec 
lequel  il  a  été  jadis  en  Silésie  et  parce  qu'il  dépend  mainte- 
nant du  conseil  d'Etat  Beguelin,  une  créature  du  chancelier, 
auquel  ce  dernier  appartient  corps  et  âme.Hardenberg  aurait, 
paraît-il,  dit  à  Beguelin  :  «  On  me  malmène,  mais  c'est  moi 
qui  ai  sauvé  le  roi  et  le  pays.  Je  ne  me  laisserai  mettre  de- 
hors que  lorsque  mon  œuvre  sera  achevée.  » 

Reichenbach  m'a  encore  dit  que  le  roi  a  donné  ordre  de 
répondre  à  la  brochure  Sachsen  und  Preussen.  Cette  réponse 
paraîtra  sous  peu  (i). 


813.  Vienne,  18  novembre  1814  (F  4.  4765  ad  3565). 

@©  à  riAGER  (en  français). 
Jugement  des  Viennois  sur  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse. 

L'empereur  Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  sont  devenus 
l'objet  du  mépris  général.  Le  libertinage  outré  du  premier  et 
le  maintien  sévère  du  second  ont  armé  la  satire  contre  eux. 
Leurs  démarches  ont  été  épiées  et  leur  conduite  privée  soi- 

1.  11  s'agit  de  la  brochure  Preussen  und  Sachsen,  dont  l'auteur  serait  le 
conseiller  intime  prussien  Hoffmann.  L'autre  brochure  également  anonyme 
aui'ait  été  rédigée  par  un  bavarois,  le  baron  von  Ar  jtin.  i 


5o8 


AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 


gneusement  observée;  la  manière  dont  ils  se  sont  conduits  aux 
redoutes  publiques,  tout  a  contribué  à  les  faire  juger  avec 
sévérité,  de  sorte  qu'on  ne  parle  d'Alexandre  que  comme  d'un 
honteux  libertin,  de  Frédéric-Guillaume  que  comme  d'un 
rusé  fripon. 


814. 


Vieans,  20  novembre  1814  (F.  4,4441  ad  3565). 


HAGER  à  L^EMPEREUR  (F.  4.  4773  ad  3565) 


(Bordereau  et  rapport  journalier  du  20  novembre). 

Liste  et  envoi  le  19  novemJ>re  (F.  4.  4441  ad  3565)  de  let- 
tres expédiées  par  Stein  et  Stackelberg  et  de  quelques  autres 
reçues  par  Wrede,  Recbberg,  Besserer  (sans  grand  intérêt). 

Liste  et  analyse  des  principaux  papiers  trouvés  et  dépouillés 
chez  le  chevalier  Bresson  de  Valensole  :  (Lettre  de  Bresson 
aux  maréchaux  du  18  octobre,  dans  laquelle  il  rend  compte 
de  son  entretien  avec  Tallejrand  et  une  autre  du  â9  octobre, 
sur  son  entretien]  avec  Nesselrode.  Lettre  à  Nesselrode,  au 
sujet  des  datations  du  maréchal  Ney,  dont  il  est  le  manda- 
taire. Lettre  à  Nesselrode,  pour  les  biens  du  duc  d'Albuféra. 
Note  en  faveur  des  maréchaux  adressée  à  Metternich.  Note  à 
Hardenberg  pour  Davout.) 


815. 


Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4451  ad  3565). 


Rapport  à  HAGER 


Intercepté,  le  18,  deux  paquets  envoyés  par  Stein  à  Hedem- 
mann 

Annonce  de  la  perquisition  qui  sera  faite  chez   le    comte 
Bethusy. 

On  a  fouillé  le  bureau  de  Noailles  et  communiqué  les  pa-      Hlj 
piers  qu'on  y  a  trouvés  et  dont  on  a  fait  prendre  copie. 


l'ouverture   du   congrès.   —    LA   SAXE   ET    LA   POLOGNE      359 

816.  Vienu€,  19  novembre  1814  (F".  4.  44il  ad  3565). 

Rapport  à  ITAGER 

L'agent  0,  qui  renseigne  sur  le  ministre  de  Suède,  Bîldt, 
sur  La  Harpe,  Radziwill  et  Ott,  a  réussi  à  se  donner  chez  exix 
l'air  d'un  patriote  Polonais  militant. 

Un  autre,  qui  n^a  plus  pour  le  renseigner  M.  Szuyski,  a 
gagné  la  confiance  de  Godakowski  (1)  et  de  quelques  autres, 
en  leur  prouvant  qu'il  avait  encore  une  partie  de  sa  fortune 
dans  le  district  de  Tarnopol  cédé  en  1809,  à  la  Russie. 


817.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

San  Vitale  et  les  craintes  de  Marie-Louise  au  sujet  de  Parme 
et  des  intentions  du  Congrès.  Les  désirs  des' Parmesans. 

Le  comte  de  San  Vitale  n'est  pas  encore  en  activité  de  ser- 
vice auprès  de  Marie-Louise,  qui  lui  a  manifesté  ses  craintes 
sur  son  sort  et  les  doutes  qu'elle  a  sur  la  décision  du  Congrès, 
qui  ne  lui  a  pas  encore  attribué  Parme,  quoique  ce  duché  lui 
ait  été  reconnu  par  traité. 

San  Vitale  a  ajouté  que,  malgré  les  rapports  optimistes  du 
ministre  Magawly  Gerati,  les  Parmesans  désirent  en  réalité 
voir  revenir  dans  le  duché  le  petit-fils  du  feu  duc. 


|818«  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

©©  cà  HAGER 

Un  mot  de  la  duchesse  de  Sagan  sur  ses  maris.  Ce  qu'on  pense 
chez  la  Bagration. 

^La  duchesse  de  Sagan  a  dit  à  sa  digne  amie,  la  comtesse 

Patriotes  et  hommes  politiques  Polonais  qui  gravitaient  autour  de  Czar- 
toryski  et  de  Lubomirski  et  qui  fréquentaient  les  salons  polonais,  tels  que 
îelui  du  comte  Skarbek  par  exemple. 


560  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

Fuchs  (i)  :  «  Je  me  ruine  en  maris  (faisant  ainsi  allusion  aux 
rentes  qu'elle  sert  à  Louis  de  Rohan  et  à  Troubetzkoï).  Je  ne 
me  passerai  plus  cette  fantaisie  et  jamais  je  ne  prendrai  plus 
de  mari  (2).  » 

A  l'une  des  dernières  soirées  de  la  Bagration,  à  laquelle 
assistait  avec  ses  parents  une  des  filles  du  prince  Starhemberg, 
on  jouait  aux  jeux  innocents,  aux  gages,  aux  petits  papiers. 
Pendant  ce  temps  la  jeune  fille  s'en  alla  dans  le  salon  le  plus 
éloigné  avec  un  Russe  qui  ferma  la  porte  à  clef.  Le  prince 
s'en  aperçut  et  fit  sauter  la  serrure.  Une  fois  de  plus,  on  a 
répété  que  la  maison  de  la  Bagration  était  un  B,..  et  qu'on 
s'étonnait  de  voir  une  mère  j  conduire  sa  fille. 


819.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruits  de  départ  de  Gastlereagh  et  d'Alexandre.  Diatribe  de  Kozlowski  sur  ^Jo 
l'Autriche,  Langenau,  la  Prusse  et  la  Saxe  ;  ce  qu'en  dirait  Napoléon.   La 
retraite  de  RoumiantsofT  et  la  situation  faite  à  Nesselrode.  Préparatifs  mi- 
litaires de  la  Prusse.  Un  mot  du  prince  royal  de  Bavière. 


On  parle  de  plus  en  plus  du  départ  d'Alexandre,  qui  aurait  ï 
lieu  le  12  ou  le  13  et  de  celui  de  lord  Gastlereagh,  qui  va  avoir 
un  vilain  moment  à  passer  avec  le  Parlement, qui  le  rend  res-    | 
ponsable  de  tout  ce  qui  se  passe  et  des  difficultés  actuelles.       J 

Le  prince  Kozlowski  a  dit  à  ce  propos,  hier  chez  Naris-  j 
chkine,  en  s'adressant  à  moi  :  «  Vous,  messieurs  les  Autri-;j 
chiens,  vous  commencez  à  être  les  plus  difficiles.  G'est  votreÉ 
Langenau  qui,  par  haine  personnelle  contre  les  Prussiens,  et 
parce  qu'il  s'agit  de  sa  patrie,  cherche  à  embrouiller  les  choses. 
11  paraît  qu'il  cherche  l'occasion  de  déployer  ses  talents  et 
c'est  pour  se  faire  un  grand  nom^  qu'il  brouille  tout  le  monde 
et  échauffe  les  têtes.  » 


1.  La  belle  comtesse  Laure   de  Fuchs,  dont  le  salon  était  alors   l'un  d 
plus  brillants  et  des  plus  recherchés  de  Vienne, 

2.  La  duchesse  ne  se  tint  pas  parole,  puisque  cinq  ans  plus  tard  elle  épousa 
Schluleabourg. 


h 


i     '• 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   561 

Puis  il  dit  au  comte  Golovkine  (1).  «  Connaissez-vous  le 
libelle  Preussen  und  Sachsen,  On  dit  que  c'est  par  le  fameux 
avocat  du  roi  de  Saxe,  traitre  à  la  chose  sacrée  de  l'Europe  et 
surtout  de  l'Allemagne.  » 

Comme  j'essayais  de  calmer  le  prince,  il  me  dit  :  «  Je  sou- 
haite que  vous,  les  Autrichiens,  vous  n'ayez  pas  à  vous  en  re. 
pentir.  Je  donnerais  quelque  chose  pour  entendre  à  présent 
Napoléon  donner  son  opinion.  Il  a  eu  raison  de  dire  :  «/'ai  tel- 
lement embrouillé  les  choses  que  je  suis  curieux  de  voir  com- 
ment ils  s'arrangeront.  » 

Un  peu  plus  tard,  comme  on  parlait  de  la  retraite  de  Rou- 

miantsoff  (2  ,  Golovkine  a  dit  en  français  à  Kozlowski  :  «  Ce 

a'est  pas  Nesselrode  qui  a  pris  la  place  de  Roumiantsoff,  c'est 

'Empereur  lui-même  qui  fait  tout  ;  il  est  capitaine  étant  mi- 

listre  de  la  Guerre,  ministre  des  Affaires  Etrangères  ;  Nessel- 

ode  n'est  que  son  secrétaire  privé  ». 

Des  discours  tenus  dans  l'entourage  du  roi  de  Prusse  par 
e  lieutenant-colonel  Thiele,  chef  du  bureau  militaire,  et  le  major 
îedemann,  il  résulte  manifestement  qu'ils  considèrent  la  rup- 
ure  avec  l'Autriche  comme  inévitable  et  qu'on  prend  en  se- 
îret,  en  Prusse,  des  mesures  pour  s'y  préparer.  Mais  l'opinion 
mblique,  et  même  celle  de  l'armée,  y  est  nettement  opposée. 
En  visitant  hier  le  bureau  topographique,  le  prince  royal  de 
iavière  n'a  pu  s'empêcher  de  donner  le  conseil  d'envoyer  des 
fficiers  faire  des  levés  en  territoire  russe. 


|20.  Vienne,  t9  novembre  1814  (F,  4.  4441  ad  3565). 

LŒIWENHIELM  à  ENGESTROEM  [intercepta) 
(en  français)  (analyse). 

Proposition  faite  par  Metternich  à  Labrador  relativement 
aux  affaires  de  Toscane. 

iDans  la  dernière  séance,  le  prince  de  Metternich  a  proposé 

Ministre   de   Russie  à  Stuttgart,   Golovkine  ( Georges- Alexandrovitch, 
|mte)  conseiller  privé  actuel  avait  été  appelé  à  Vienne  ;  il  y  resta  pendant 
itela  durée  du  Congrès. 

Roumiantsolî  (Nicolas-Petrovitch,  comte)  (1750-1826',  débuta  dans  la  di- 

|>matie  en  1791.  Successivementchambellan  à Tavènement d'Alexandre,  séna- 

r,  ministre  du  Commerce, puis  des  Affaires  Etrangères,  partisan  de  l'alliance 

içaiseet  de  Napoléon,  en  disgrâce  en  1812,  il  quitta  les  affaires  et  se  consa- 

aux  sciences  et  à  la  littérature. 

T.  I.  '  36 


562  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

au  plénipotentiaire  d'Espagne  d'entrer  avec  lui  en  négociations 
relativement  aux  affaires  de  Toscane, àlapossession de  laquelle 
la  reine  d'Etrurie  veut  faire  valoir  ses  droits.  Metternich  et 
Labrador,  ne  se  reconnaissant  pas  mutuellement  comme  plé- 
nipotentiaires de  la  Toscane,  dont  la  possession  est  en  litige, 
convinrent  de  traiter  en  leurs  qualités  de  ministres  et  de 
plénipotentiaires  d'Autriche  et  d'Espagne,  afin  de  n'être  pas 
arrêtés  par  le  refus  de  reconnaître  leurs  pleins  pouvoirs  res- 
pectifs. 

Le  prince  de  Metternich,  ayant  proposé  de  s'adjoindre  les 
ministres  des  Puissances  dont  ils  réclamaient  l'intervention 
officieuse,  l'Autriche  a  appelé  l'Angleterre  de  son  côté  et  La* 
brador,  les  plénipotentiaires  de  Russie.  Il  fut  convenu  égale-» 
ment  que  M.  de  Labrador  donnerait  aujourd'hui  au  prince  de 
Metternich  le  Mémoire,  dans  lequel  il  établit  les  droits  de  la 
reine  d'Etrurie. 

Le  prince  de  Metternich  ayant  déclaré  au  Conseil  prépara?! 
toire  qu'il  n'avait  aucune  autre  proposition  à  lui  faire,  le  GonI 
seil  leva  la  séance.  !] 

m 

821.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  (intercepta)  en  français). 

Bruits  de  concessions  de  la  part  de  la  Russie  et  espérance  d'un  règlement  de? 
questions  de  Pologne  et  de  Saxe. 

Les  négociations  préparatoires  sont  à  peu  près  dans    le? 
mêmes  termes.  Hier  cependant  on  a  dit  qu'il  y  avait  quelque 
apparences  d'un  rapprochement  et  d'un  aplanissement  des  dj 
férends  au  sujet  de  la  Pologne,  et  que  la  Russie  paraissait 
posée  à  borner  ses  prétentions  sur  le  duché  de  Varsovie 
partie  qui  est  située  sur  la  rive  droite  de  la  Vistule.  Co 
la  Prusse,  moyennant  cette  modération  de  la  Russie,  recou 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  500-503,  4'"'  protocole  de  la  séance  du  9  décembi 
S""  protocole  de  la  séance  du  10  décembre  des  plénipotentiaires  des  Hi 
Puissances  signataires   du  traité  de  Paris.  11  n'est  fait  aucune  mention 
affaires  de  Toscane  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  du  13  novembre  (/j 
425),  et  ce  fut  seulement  dans  la  séance  du  10  décembre  qu'on  adopta  la  pn 
position  d'inviter  la  France,  la   Russie    et  l'Angletei-re  à  intervenir  dans  j; 
discussion  de  la  question  de  la  Toscane  et  qu'on  désigna  comme  plénipote  |  iv  *l 
tiaires  Labrador,  Wessenberg,  Noailles,  Glancarty  et  Nesselrode.  h  ,'^ 

■in, 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       563 

'ait  une  partie  considérable  de  ses  provinces  polonaises  cédées 
3ar  le  traité  de  Tilsit,  on  croit  qu'elle  se  contentera  des  deux 
Lusaces  avec  une  population  de  4  à  500.000  âmes,  et  que  la 
5axe  proprement  dite,  à  quelques  cessions  près  pour^faire  une 
■routière  plus  convenable  à  la  Prusse,  pourrait  être  conservée 
kson  roi,à  qui  il  resterait  pourtant  environ  1.500.000  sujets. 


522.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

CAMPOCHIARO  à  GALLO  {intercepta)  (en  italien)  (analyse). 

Il  Pentretient  de  la  déclaration  faite  par  Roccaromana  en 
lassant  par  Ancône  (1),  où  il  aurait  annoncé  que  Murât  avait 
té  reconnu  par  le  Congrès.  Il  lui  fait  remarquer  que  la|Rus- 
ie  et  la  Prusse  n'ont  pas  caché  qu'elles  l'avaient  reconnu,  que 
Angleterre  n'avait  pas  nié  qu'elle  avait  eu  des  relations  offî- 
Lelles  avec  le  Chef  du  Gouvernement  de  Naples.  Mais  qu'à 
m  avis,  il  serait  sage  de  ne  rien  publier  à  ce  propos  dans  le 
)yaume.  Il  espère  du  reste  que  cet  incident  ne  donnera  pas 
BU  à  des  réclamations. 


J3.       Vienne,  19  octobre  1814  (F.  4.  4441  ad  3565). 

BRESSON  de  VALENSOLE  aux  maréchaux  de  France 
{intercepta)  (en  français)  (analyse). 

Talleyrand,  auquel  il  s'est  adressé  avant  de  faire  aucune 
jtre  démarche,  lui  a  répondu  :  «  Le  principe  des  dotations  a 
!  abandonné.  Nous  ne  pouvons  plus  obtenir  que  des  excep- 
is  particulières.  J'ai  l'ordre  du  roi  et  je  travaille  de  cœur 
ir  Messieurs  les  Maréchaux. 

Te  suis  fort  aise  que  vous  veniez  pour  le  prince  de  la  Mos- 
wa  et  autres.  Ce  n'est  pas  inutile.  Agissez.  Je  vous  appuye- 
de  tout  mon  pouvoir.  Nous  marcherons   ensemble.  Vous 
ivez  compter  sur  moi.  » 

F*ai  dit  au  prince  que  j'ai  une  lettre  pour  M.  de  Metternich 
Isujet  du  Monte  Napoleone  :  «  C'est  au  mieux,  m'a-t-il  dit  ; 

Cf.  pour  plus  de  détails  sur  la  déclaration  faite  à  Ancône  par  Roccaromana 
général  Carrascosa  et  sur  ses  conséquences,  G'  Weil,  Joaçhim  Murât,  La 
lière  année  de  tègne,  l,  363-365. 


564 


AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


insistez,  insistez,  sur  ce  Monte  Napoleone.  Je  lui  en  ai  parlé, 
mais  attaquez-le  vivement  là-dessus.   » 

Bresson  ajoute  qu'il  est  allé  chez  Metternich,  mais  n'a  pu 
le  joindre,  qu'Alexandre  l'a  reçu  quelques  heures  avant  l'ex- 
pédition de  cette  lettre.  «  Sa  Majesté,  écrit-il,  me  dit  qu'EUe 
fera  ce  qui  est  juste  en  autorisant  Nesselrode.  » 


824. 


Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  21  novembre  1814. 


Vienne,  20  novembre  1814. 
Rapport  à  HAGER 

Le  19  après-midi  F...  a  examiné  les  papiers  du  Gomt 
Bethusy  sans  y  rien  trouver.  Il  ne  reste  plus  à  dépouiller  qî 
f  on  copie  de  lettres. 


825.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad.  3565). 

Rapport    à  HAGER 
Analyse  de  quelques  intercepta. 

Anonyme  à  la  princesse  Louise  de  Wurtemberg. 

Radziwill  à  Trembinsky  (1)  (à  Minsk),  19  novembre.  (Ilj 
conseille  de  se  trouver  à  Varsovie  lors  du  retour  de  TEi 
reur.  Radziwill  accompagnera  Alexandre   afin    qu'on  pi 
délibérer  sur  diverses  combinaisons.) 

Anonyme  (2)  au  prince  de  Schœnburg-Waldenburg.  (Il 

1.  Gentilhomme  polonais,  mari  d'une  prmeesse  Radziwill,  fille  du  ps 

2.  Probablement    Gagern    qui    représentait  aussi  à  Vienne    le    prit 
Schœnburg-Waldenburg. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      565 

envoie  copie  des  articles  discutés  ce  jour  (1)  dans  la  conférence 
des  ciiiq  Etats  allemands.) 


826.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  3863). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Nouvelles  politiques  coatradictoires  recueillies  dans  les  salons  politiques. 

On  affirme  dans  le  grand  monde  que  Parme  fera  retour  à  la 
Reine  d'Etrurie,  que  Marie-Louise  résidera  à  Prague,  que  l'Au- 
triche aura  les  trois  Légations,  que  le  roi  de  Prusse  se  char- 
gera du  sort  de  la  Maison  de  Saxe,  que  Luxembourg  sera 
donné  au  prince  d'Orange  et  que  Murât  sera  pensionné  par 
l'Angleterre. 

On  racontait  d'autre  part  qu'Alexandre  (2),  obligé  de  renon- 
ler  à  ses  projets  sur  la  Pologne,  en  serait  tombé  malade,  que 
a  Prusse  renonçait  à  la  Saxe,  que  le  roi  de  Bavière  était  plus 
uonté  que  jamais  contre  la  Prusse.  Il  paraît  positif  qu'A- 
exandre  a  promis  aux  Suisses  qu'on  ne  toucherait  pas  à  leur 
)ays,  ni  à  leurs  institutions.  Les  provinces  rhénanes  sont  très 
nécontentes  des  résolutions  du  Congrès  à  leur  égard. 


J27.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.4781  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

La  Russie  semble  modérer  ses  exigences  sur  la  Pologne.  En 
evanche,  le  prince  Antoine  de  Saxe  a  bien  peu  d'espoir  pour 
on  pays,  si  peu  même  qu'il  songe  à  venir  s'établir  à  Prague. 
|ln  vient  de  recevoir  la  protestation  que  le  roi  de  Saxe  a  rédi- 
ée  à  Berlin  (3)  et  on  espère  qu'elle  sera  publiée  par  le  Beo- 
achter. 

1.  16  novembre.  Cf.  d'ANOEBBRG,  438-449.  Treizième  protocole  des  afîaires 
'Allemagne  et  remise  de  notes  par  Wintzingerode  et.  Linden,  les  plénipo- 
mtiaires  de  29  princes  souverains  et  villes  libres,  les  plénipotentiaires  du 
oc  de  Bfunswick,  de  Bade,  du  prince  de  la  Leyen,  etc. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  450-456,  lettre  de  l'Empereur  Alexande  en  réponse  à  la 
ttre  du  4  novembre  de  Lord  Gastlereagh.  Vienne,  9-21  novembre  1814. 

3.  Cf.  d'ANGEBERG,  401-403,  protestation  du  roi  de  Saxe.  Friedrichsfeld, 
novembre  1814. 


566  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

828.  Vienne,  20  novembre  1814;(F.  4.  4781  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Le  mot  du  prince  de  Ligne  et  sa  réponse  à  Alexandre.  Mot  de  la  Tour 
du  Pin  sur  Metternich.  Le  Congrès  et  le  Code  Napoléon. 

«  Le  Congrès  ne  marche  pas,  il  danse  »,  a  dit  ces  jours-ci  le 
prince  de  Ligne,  et  comme  Alexandre  le  lui  reprochait,  il 
ajouta  :  «  Oui  Sire,  il  se  peut  bien  que  j'aie  fait  cette  plaisan- 
terie. Mais  il  me  paraît  qu'il  en  est  bien  ainsi.  » 

La  Tour  du  Pin  a  dit  hier  soir  :  «  Le  Prince  de  Metternich  ^ 
«  n'est  entreprenant  qu'avec  les  femmes.  D'après  ce  qui  se  | 
«  passe  avec  la  Pologne  et  la  Saxe,  il  ne  peut  plus  y  avoir  1 
«  d'équilibre  sur  le  Continent.  L'Autriche  y  passera  avant  la  " 
«  France.  Elle  sera  enveloppée  à  la  fois  par  la  Prusse  en 
«  Bohème  et  parla  Russie  en  Hongrie  et  en  Galicie.  »  :  ji 

On  prétend  qu'on  va  proposer  au  Congrès  l'abrogation  géné-^ 
raie  du  Code  Napoléon.  4 


829.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  5565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Caractère  politique  de  la  chasse  chez  le  prince  Esterhazy.  Aggravation      | 
et  gravité  de  la  situation  d'après  Gaertner. 

Je  reviens  de  la  chasse  donnée  à  Eisenstadt  par  le  princ( 
Esterhazy.  Elle  a  eu  un  caractère  nettement  politique,  puis- 
qu'il n'y  avait  là  ni  Prussiens,  ni  Russes.  Mais  lord  Castle- 
reagh,  Wrede,  le  duc  de  Saxe-Weimar,  etc. 

Gaertner,  que  j'ai  rencontré  aujourd'hui  à  Laxenburg,  a  ei 
la  même  impression  que  moi. 

Il  m'a  dit  de  plus  que  les  affaires  lui  semblaient  se  gkU 
fortemetit.  L'Autriche  renforçait  son  armée.  La  Prusse  venait 
d'envoyer  à  Berlin  un  colonel  chargé  d'y  porter  des  ordre 
analogues.  Hardenberg  est  très  monté  contre  Metternich,  par* 
que,  bien  qu'il  ait  réussi^  non  sans  peine,  à  amener  son  roi| 
s'éloigner  de  la  Russie  et  à  se  rapprocher  de  l'Autriche,  ' 
prince  de  Metternich  n'en  avait  pas  moins  cru  devoir   tenir 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   567 

!  une  conférence  secrète  avec  la  France,  la  Bavière  et  l'Angle- 
!  terre.  La  Prusse  n'a  donc  plus  autre  chose  à  faire  qu'à  se  lier 
iplus  étroitement  que  jamais  avec  la  Russie. 


830.  Vienne,  20  novembre  1814  (F.  4.  4781  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

Les  fiançailles  Gobourg-Kohary.  Les  embarras  delà  Cour  d'Autinche  au  sujet 
des  tableaux  vivants.  Imminence  d'un  soulèvement  général  en  Italie. 

Il  paraît  que  le  second  des  Cobourg,  le  prince  Ferdinand, 
qui  est  au  service  de  l'Autriche,  va  épouser  M""  Kohary  (1) 
qui,  on  le  sait,  est  une  riche  héritière. 

On  raconte  qu'on  est  danslesplus  grands  embarras  à  propos 
des  tableaux  vivants  qu'on  veut  représenter  à  la  Cour  pendant 
l'Avent.  L'Empereur  de  Russie  s'oppose  à  ce  qu'on  figure  des 
tableaux  de  sainteté,  donc  pas  de  Madones,  pas  de  Madeleines, 
t  le  Roi  de  Prusse  n'admet  pas  qu'on  choisisse  une  scène 
;irée  de  l'Ancien  ou  du  Nouveau  Testament. 

On  parle  beaucoup  des  Mémoires  de  la  Reine  d'Etnirie  écrits 
oar  elle-même  qui  viennent  de  paraître.  Le  comte  Antonelli, 
jueje  crois  être,  —  et  j'ai  de  bonnes  raisons  pour  cela,  — un 
igent  secret  bavarois,  a  dit  hier  devant  moi  que  l'Italie  était 
>ien  plus  près  d'un  soulèvement  général  qu'on  ne  le  sait,  et  sur- 
tout qu'on  ne  le  croit. 


531.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.4442  ad  3368). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (F.  4.  4795  ad  3565). 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  22  novembre. 

Envoi  de  nombreux  intercepta,  mais  pour  la  plupart  sans 
:rand  intérêt. 

1.  Marie  Antonia,  comtesse,  puis  princesse  Kohary,  épousa  en  effet  Ferdi- 
and  de  Cobourg,  mais  un  peu  plus  tard,  dans  les  premiers  mois  de  1816. 

Saxe-Goboupg  (Ferdinand-Georges-Auguste,  duc  de»  (1785-1851),  Irère  du 
VC  régnant  Ernest,  marié  à  la  princesse  de  Kohary.  Il  en  eut  trois  enfants 
ont  l'un,  Ferdinand,  épousa  dona  Maria  II,  reine  de  Portugal,  et  l'autre  le 
rince  Auguste,  la  princesse  Glémentine,  fille  de  Louis-Philippe.  Sa  fille  Vic- 
jria  épousa  en  1840  le  duc  de  Nemours.  Le  duc  Ferdinand  est  le  grand-père 
u  Cobourg  de  Sofia. 


568  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

On  peut  tout  au  plus  signaler  les  pièces  suivantes  :  Tchernit- 
cheff  à  Kozlowski  ;  anonyme  à  Noailles  ;  anonyme  à  Capo  d'Istria. 

Paquets  interceptés  chez  lord  Gastlereagh. 

Stein  à  Capo  d'Istria  (envoi  de  deux  mémoires  manuscrits  et 
d'un  mémoire  imprimé). 

Stein  à  La  Harpe  (Mémoire  sur  la  Suisse,  avec  prière  de  le  lui 
retourner). 

832.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad  3565). 

EMPEREUR  D'AUTRICHE  à    HAGER 

Analyse  de  ses  ordres  en  date  de  ce  jour. 

Approbation  des  mesures  proposées  par  Hager  et  de  celles 
contenues  dans  son  rapport  du  18  novembre. 

Ordre  de  faire  surveiller  le  major  Malczew^ski,  de  mettre 
Schwarzenberg  au  courant  de  ses  relations  avec  le  lieutenant 
Zalokovsky  (du  régiment  de  uhlans  Schwarzenberg)  (1)  et  du 
projet  de  cet  officier  d'aller  à  Varsovie  (2)  et  enfin  de  surveil- 
ler de  près  le  comte  Bethusy  pendant  son  séjour  à  Graz  et  pen- 
dant tout  le  temps  qu'il  restera  en  Autriche. 


833.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

FREDDl  à  HAGER  (en  français). 

Rapport  de  chez  le  Nonce.  Bruit  persistant  de  Tannulation 
du  mariage  de  Marie-Louise. 

On  ne  révoque  plus  en  doute  que  le  Pape  ait  frappé  de  nul-^| 
lité  le  mariage  de  Bonaparte  avec  l'archiduchesse  Marie-Louise.' 
On  donnait  pour  certain  que  la  Cour  de  Vienne  avait  déjà  pris- 
des  dispositions  pour  éluder  les  anathèmes  du  Vatican  et  qu'ellei 
venait  de  faire  partir  les  deux  généraux  KoUer  et  Neipperg 
pour  l'île  d'Elbe  et  pour  Rome  (3). 

1.  Cf.  Ibidem,  4  décembre  1814  (F.  5.  4927  ad  3565).  Hager  à  l'Empereurî 
(Bordereau  et  rapport  journalier).  Il  lui  mande  que  :  «  l'officier,  dont  on  a.* 
signalé  les  rapports  avec  le  major  Malczewski,  s'appelle  Sologowski.  Il  est  en| 
congé  et  appartenait  au  régiment  de  uhlans  Merveldt.  Avis  de  ces  faits  a  ét^ 
donné  à  Schwarzenberg.  »  | 

2.  Voir  à  cet  effet,  une  note  de  Hager  au  prince  de  Schwarzenlerg  en  date  du  . 
24  novembre. 

3.  Aucun  de  ces  deux  généraux  ne  reçut  semblable  commission.  , 


1 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   569 

834.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 
Mot  d'Alexandre  à  la  comtesse  Szechenyi  au  bal  de  chez  Palffy, 

Au  bal  chez  le  comte  François  Palffy,  Alexandre,  qui  admire 
beaucoup  la  beauté  de  la  comtesse  Szechenyi-Guilford,  lui  dit  : 
«  Votre  mari  est  absent.  Il  serait  bien  agréable  d'occuper  pro- 
visoirement sa  place.  » 

La  comtesse  lui  répondit  :  «  Est-ce  que  Votre  Majesté  me 
prend  pour  une  province.  » 

On  a  raconté  chez  Bartenstein  que  l'Empereur  Alexandre 
ne  désarme  pas  contre  Metternich  et  qu'il  a  dit  à  l'Empereur 
François  avant  son  indisposition  :  «  Votre  Metternich  veut  nous 
brouiller  ensemble.  » 

Tous  les  soirs,  excepté  le  lundi,  il  y  a  maintenant  souper 
ouvert  chez  Castlereagh  à  11  heures  du  soir.  Y  reste  à  souper 
qui  veut.  On  y  rencontre  toujours  tous  les  Anglais  et  Anglaises, 
la  Jablonowska,  la  Waldstein-Rzewuska,  la  Lubomirska  et 
un  petit  nombre  d'autres  personnes. 

Dalberg  a  dit  hier  chez  Trauttmansdorff,  qu'il  ne  croit  pas 
que  l'Empereur  de  Russie  veuille  risquer  de  s'engager  dans 
une  nouvelle  guerre  et  que  l'Autriche  n'avait  qu'à  tenir  bon 
et  à  augmenter  ses  préparatifs  et  ses  démonstrations.  Linden, 
;Tûrkheim  et  quelques  autres  ont  tenu  le  même  langage. 


835.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Le  prince  Charles  de  Bavière.  Le  grand-duc  de  Bade  et  M™"  Morel. 
Le  prince  Eugène  et  les  dominos  noirs. 

Le  prince  Charles  de  Bavière  a  été  très  réservé  à  la  redoute 
le  Sainte-Catherine.  On  prétend  que  cette  réserve  lui  a  été 
imposée  par  son  état  de  santé.  Il  ne  serait  pas  tout  à  fait  remis 
l'une  petite  anicroche  amoureuse. 

Le  grand-duc  de  Bade  y  est  resté  jusqu'à  4  h.  1/2,  mais  il 
le  s'est  occupé  que  de  sa  Morel. 


570  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Le  prince  Eugène  a  eu  une  conversation  des  plus  animées 
avec  deux  dominos  noirs. 


836.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  442  ad  3565). 

©e  à  HAGER 

La  partie  de  chasse  d'Eisensladt  et  le  mot  de  Wrède  à  Castlereagh. 
Craintes  et  espoirs  des  Polonais. 

A  la  chasse  donnée  par  le  prince  Esterhazy  à  Eisenstadt, 
Wrede  a  dit  à  lord  Castlereagh  :  «  Oui,  Mjlord,  nous  avons 
«  terrassé  un  monstre.  Mais  il  faut  prendre  garde  de  ne  pas 
«  lui  en  substituer  un  autre.  11  faut  mettre  une  digue  à  Tam- 
«  bition  de  la  Russie  et  de  la  Prusse.  » 

...  On  dit  généralement  parmi  les  Polonais  que  depuis  deux 
jours  TEmpereur  de  Russie  se  montre  plus  flexible  aux  vues 
de  l'Autriche  (1).  Mais  ils  ne  désespèrent  pourtant  pas  de  la 
réussite  de  leurs  souhaits  patriotiques,  disant  que  cela  ne  sera 
pas  possible  tout  d'un  coup  et  ne  voulant  qu'une  espèce  de 
constitution  en  nation,  qui  leur  permettra  de  parvenir  un  jour 
à  l'accomplissement  de  leurs  désirs. 


837.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Anstettsur  Alexandre  et  la  Pologne.  Les  préparatifs  et  les  armements.  Pro- 
jets d'Alexandre  en  cas  de  guerre.  L'Autriche  et  la  France.  Causes  de  la 
disgrâce  d'Anstett  et  son  départ  prochain. 

D'après  ce  qu'Anstett   m'a   dit   en  confidence,   Alexandre 
persiste  dans  ses  vues  et  ses  idées  sur  la  Pologne  comme  dans 
ses  préparatifs.  Le  menacer  d'une  guerre  à  ce  propos,  ce  serait  ; 
jouer  son  jeu.  Il  presse  les  armements  et  l'incorporation  desi 
Polonais  (il  y  en  a  72.000  denrégimentés).  En  cas  de  guerreJ 
il  soulèvera  la  Galicie  et  la  Hongrie.  Malgré  le  mystère  qu'on j 


1.  Allusion  à  la  lettre  d'Alexandre  à  lord  Castlerei^gh.  Cf.  d'ANGEBERG,  450- 
456. 


Il 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      571 

en  fait,  il  sait  que  TAutriche  arme  et  approvisionne  ses  places... 
Il  sait  aussi  que  pour  rester  bien  avec  la  France  et  avoir  son 
concours,  l'Autriche  est  toute  disposée  à  abandonner  Murât. 

Anstett  ne  m'a  pas  caché  qu'il  a  encouru  la  disgrâce 
d'Alexandre  pour  avoir  essayé  de  le  dissuader  de  ses  projets 
sur  la  Pologne. 

Anstett  compte  réellement  partir  sous  peu,  puisqu'il  ne  peut 
pas  prendre  part  aux  séances  et  aux  travaux  du  Congrès. 


838.  Vienne,  19  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

HARDENBERG  à  lord  GASTLEREAGH(mferce/)/a)  (en  français). 

Le  Soussigné  s'empresse  de  répondre  à  la  note  de  Mylord 
Castlereagh  en  date  du  11(1).  Il  se  fait  un  devoir  de  renouveler 
par  écrit  la  déclaration  qu'il  a  déjà  faite  que  :  «  Loin  d'avoir 
autorisé  l'insertion  de  la  pièce,  dont  il  est  question  dans  cette 
note,  dans  les  gazettes  étrangères,  il  n'en  avait  pas  même  la 
moindre  connaissance.  » 

11  vient  d'ordonner  des  recherches  exactes  sur  ce  sujet  et  aura 
l'honneur  de  faire  part  des  résultats  à  Son  Excellence.  En  at- 
tendant, il  est  charmé  de  pouvoir  le  prévenir  que  la  pièce  sus- 
mentionnée n'a  pas  para  dans  les  gazettes  de  Berlin  et  que  le 
Censeur  en  a  même  défendu  l'impression. 


839.  Stuttgart,  4-16  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

BOUTINIEFF  (2)  à  NESSELRODE  (intercepla)  (en  français). 

Préparatifs  pour  la  réception  du  tzar.  Appel  à  Vienne  de  diplomates  wur- 
temburgeois.  Satisfaction  causée  au  roi  par  la  célébration  de  sa  fête  à 
Vienne. 

Tous  les  prépara  tifs  pour  la  réception  de  l'Empereur  devaient 
[être  achevés  pour  la  lin  du  mois,  quoique  le  courrier,  arrivé 

1.  Cf.  Pallain.  Correspondance  inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII, 
iTalleyrand  au  roi,  Vienne,  17  novembre  1814,  dépêche  n°  12,  pages  130-131. 
iNote  relative  à  une  note  confidentielle  de  lord  Castlereagh  au  prince  de  Har 
Idenberg  en  date  du  11  octobre  1814,  et  dans  laquelle  il  répondait  à  une  de- 
[iltande  d'occupation  de  la  Saxe  par  l'administration  prussienne. 

2.  Secrétaire  de  la  Légation  à  Stuttgart  (1814),  plus  tard  Ministre  de  Russie 
là  Constantinople. 


S72  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

avant-hier  de  Vienne,  n^ait  encore  rien  apporté  de  positif  même 
sur  le  départ  du  Roi,  qui  doit  précéder  de  quelques  jours  Sa 
Majesté  Impériale,  On  parlait  hier  du  voyage  prochain  du  comte 
Zeppelin(l)  à  Vienne,  qui  doit  y  avoir  été  demandé  à  la  suite  du 
peu  de  succès  des  plénipotentiaires  du  roi  à  Vienne  jusqu'ici. 
On  dit  aussi  que  la  comte  Wintzingerode  (2)  fils  avait  été  aussi 
appelé  à  Vienne.  Le  comte  de  Dillen  croit  que  le  roi  a  été  ex- 
trêmement sensible  et  satisfait  de  l'attention  avec  laquelle  on  a 
fêté  son  jour  de  naissance  à  Vienne. 


840.  Vienne,  21  novembre  1814  (?.  4.  4442  ad  3563). 

GORSINI  au  grand-duc  de  TOSCANE  (intercepta)  (analyse). 
Son  appréciation  sur  la  question  de  la  Toscane. 

Il  croit  et  a  dit  à  Metternich  que  la  restitution  de  la  Tos- 
cane au  grand-duc  n'est  pas  une  question  qui  doive  entrer 
dans  les  attributions  du  Congrès,  pas  plus  du  reste  qu'aucune 
question  d'indemnité. 

De  son  côté,  Metternich  lui  a  déclaré  la  veille,  que  la  recon- 
naissance du  souverain,  qui  régnera  sur  la  Toscane,  n'est  en 
effet  pas  une  question  qui  soit  du  ressort  du  Congrès,  puisqu'elle 
est  basée  sur  des  traités  déjà  anciens.  Il  lui  a  dit  de  plus,  qu'il 
se  proposait  de  rédiger  et  de  remettre  une  note  conçue  dans 
ce  sens,  mais  qu'il  attendrait  pour  faire  cette  manifestation 
d'avoir  reçu  la  note  que  Labrador  lui  a  annoncée. 


841.  Vienne,  23  nov.-mbre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  23  novembre 
(F.  4.  4828  ad  3.565). 

Intercepta  et  projets  de  l'ex-roi  Jérôme.  Envoi  de  chiffons  venant  de  chez 
Dalberg  et  Nesselrode.  Les  affaires  de  Saxe. 


I 


Il  appelle  son  attention  sur  la  pièce  interceptée  contenant  J 

1.  Ministre  plénipotentiaire  de  Wurtemberg  à  Paris. 

2.  Wintzingerode  (Ghirles-Frédèric-Levin,  comte),  né  en  1778,  fils  du  mi- 
nistre d'état  du  roi  de  Wurtemberg.  Il  avait  été  ministre  successivement  à 
Karlsruhe,  Munich,  Paris,  Saint-Pétersbourg,Vienne,  puis  au  quartier  général 
des  Souverains  Alliés  en  1814. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   573 

l'exposé  des  projets  de  rex-roi  de  Westphalie,  qui  voudrait  se 
rendre  par  Ferrare  à  Bologne.  Comme  le  montre  ce  document, 
Jérôme  voulait  d'abord  aller  à  Rome,  où  son  frère  Lucien  l'in- 
vitait à  venir  le  rejoindre. 

Hager  signale  ensuite  les  Chiffons  venant  de  chez  Dalberg 
et  Nesseirode. 

«  Sa  Majesté,  écrit-il,  verra  ensuite  \  que  l'état  des  affaires 
en  Saxe  inquiète  Stein  et  que  le  colonel  von  Miltitz,  qui  vient 
d'en  revenir,  en  rapporte  une  mauvaise  impression. 


842.  Trieste,  14  novembre  1814  (F.  4.4462  ad  3565). 

JÉRÔME  NAPOLÉON  à  FÙRSTENSTEIN(l) 
[Intercepta]  (en  français). 

L'insécurité  et  la  saisie  des  correspondances  par  la  poste.  A  cause  du  pape, 
il  s'établira  à  Bologne.  Il  lui  conseille  de  faire  sa  cour  à  Marie-Louise  et  au 
roi  de  Rome. 

Le  comte  de  Malsbourg  est  arrivé  hier  soir.  Je  ne  puis  m'ex- 
pliquer  comment  il  se  fait  qu'étant  parti  le  8  au  soir,  vous 
n'eussiez  pas  reçu  les  lettres  que  je  vous  ai  écrites  sous  le  cou- 
vert de  MM.  Arnstein  et  Eskeles,  en  date  du  28  et  31  du  mois 
dernier.  Priez  ces  Messieurs  de  les  réclamer.  Je  vous  ai  égale- 
ment écrit  le  5  et  le  7  et  dans  cette  dernière,  deux  lettres  pour 
le  baron  de  Gayl  se  trouvaient  incluses.  Je  connaissais  déjà 
la  curiosité  des  postes,  mais  je  pensais  qu'une  fois  satisfaite,  on 
ne  pousserait  pas  l'indiscrétion  jusqu'à  arrêter  la  correspon- 
dance si  longtemps. 

D'après  ce  que  j'apprends  du  pape,  je  préfère  m'établir  à 
Bologne  et  j'irai  avec  plaisir  par  eau  jusqu'à  Ferrare,  si  par 
ce  moyen  il  y  avait  possibilité  d'obtenir  mes  passeports  plus 
tôt.  Sinon,  j'attendrai  jusqu'à  la  fin  du  Congrès,  s'il  le  faut 
absolument. 

1.  Fiirstenstein  (Le  Camus, comte  de).  Ministre  secrétaire  d'Etat  aux  Affai- 
res Etrangères  du  royaume  de  Westphalie,  envoyé  à  Paris  par  la  reine  Cathe- 
rine pour  obtenir  la  restitution  des  objets,  bijoux  et  valeurs  volés  parMau- 
breuil,  revenu  à  Graz  par  ordre  de  la  reine  le  15  septembre  1814  (cf.  Afe'moires 
et  correspondance  du  roi  Jérôme  et  de  la  reine  Catherine,  t.  VL  Cf.  Wel- 
VERT.  Napoléon  et  la  Police,  pages  200-311). 


574  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Je  VOUS  autorise  à  avancer  à  M.  Lebon  (1)  une  somme  de 
2.000  francs.  Dites  à  M.  R...  que  ni  moi,  ni  la  reine,  n^avons 
reçu  la  lettre  qu'il  dit  avoir  écrite  avant  celles  qu'il  a  remises 
au  comte  de  Malsbourg. 

Je  vous  engage  à  demander  à  faire  votre  cour  à  l'impératrice 
Marie-Louise  et  au  roi  de  Rome,  si  toutefois  vous  n'y  voyez 
pas  d'inconvénient.  Mais  pour  peu  que  cela  puisse  donner  le 
moindre  ombrage,  n'en  faites  rien.  Vous  me  donnerez  seulement 
des  nouvelles  de  leurs  santés. 

N'oubliez  pas  de  numéroter  vos  lettres  à  commencer  de 
celles  que  vous  m'écrirez  en  réponse  à  celle-ci. 


843.  Vienne,  21  novembre  1814  (F.  4.  4442  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Les  conséquences  des  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe.   Regrets  tardifs 
de  l'Angleterre.  La  perfidie  de  la  Russie  et  de  la  Prusse. 

«  En  formant  un  royaume  du  Duché  de  Varsovie  et  de  la 
Lithuanie,  a  dit  ces  jours-ci  Talleyrand  au  prince  de  Ligne, 
et  en  leur  donnant  une  Constitution,  les  Russes  ne  pensent 
pas  qu'ils  auront  en  Lithuanie  tous  les  nobles  entre  eux,  parce 
que  dans  ce  pays,  ils  ont  depuis  longtemps  joui  des  privilèges 
de  la  noblesse  russe  envers  leurs  paysans.  D'un  autre  côté,  la 
Saxe  produira  une  révolution  et  la  révolution  de  la  Saxe  ne 
sera  pas  une  petite  explosion  ;  elle  aura  bien  des  partisans  et 
du  soutien  en  Allemagne. 

Le  cabinet  anglais  voit  à  présent  sa  faute.  En  criant  qu'il 
fallait  punir  le  roi  de  Saxe  et  en  donnant  la  Saxe  à  la  Prusse, 
l'Angleterre  a  agi  contre  ses  intérêts.  Il  est  vrai  de  dire  que 
la  Russie  et  la  Prusse  ont  trompé  les  autres  coalisés.  L'as- 
tuce de  leurs  cabinets  est  connue  à  présent.  La  Russie  et  la 
Prusse  ont  placé  des  armées  dans  les  pays  que  ces  puissances 
voulaient  conserver  par  la  suite.  Les  autres  ont  été  aveuglés 
là-dessus.  A  présent,  qui  réparera  les  choses  ?  C'est  trop  tard. 
Il  faut  leur  dire  comme  à  Georges  Dandin  :  «  Tu  l'as  voulu.  » 


1.  Intendant  et  homme  de  confiance  d'Elisa  Bacciochi. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA  SAXE   ET    LA    POLOGNE      575 
844.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

STEIN  à  HARDENBERG  {intercepta)  (en  français). 

Je  vous  renvoie,  mon  Prince,  les  papiers  sur  l'affaire  des 
conseillers  saxons.  Dans  l'instant  entre  chez  moi  Miltitz,  me 
donnant  tous  les  détails  importants.  Veuillez  me  dire,  je  vous 
conjure,  quand  vous  pourrez  le  voir  chez  vous. 


845.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Alexandre  a  fait  appeler,  le  20,  Gzartorjski  par  un  feldjœ- 
gei\  qui  lui  porta  Tordre  d'apporter  à  l'Empereur  tous  les  pa- 
piers qu'il  doit  avoir  préparés. 

Gzartoryski  est  resté  deux  heures  chez  l'Empereur. 


846.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

Rapport   à    HAGER 
Lettres  interceptées  dans  le  Cabinet  d'Alexandre  et  chez  Stein. 

On  a  intercepté  et  envoyé  à  la  manipulation  deux  lettres 
du  Cabinet  de  l'Empereur  adressées  à  Tchernitchelf  et  à  Gapo 
d'Istria,  et  quatre  lettres  prises  chez  Stein. 

On  n'a  rien  trouvé  dans  les  papiers  de  Bethusy. 


847.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

Rapport    à     HAGER 

On  lui  signale  les  visites  presque  journalières  du  prince  Eu- 
gène chez  Séraphine  Lambert. 


576  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

848.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.4462  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Craintes  de  Gornacchia  au  sujet  de  Parme  et  de  Marie-Louise  à  laquelle  on 
donnerait  les  Légations.  Les  fautes  de  la  cour  de  Vienne  et  la  réapparition 
de  Napoléon. 

Gornacchia,  l'envoyé  de  Parme,  tremble  pour  la  destinée  de 
Parme  et  de  Plaisance  qu'il  craint  de  voir  attribuer  au  petit 
roi  d'Etrurie,  pendant  que  Marie-Louise  aurait  les  Légations. 

«  Les  conseils  des  rois,  a  dit  à  ce  propos  Guicciardi,  sont 
un  sanctuaire  dont  le  temps  seul  ôte  les  voiles.  Nous  verrons 
alors  les  fautes  que  le  cabinet  autrichien  a  commises  dans  les 
négociations  qui  ont  préparé  et  accompagné  le  Congrès.  La 
guerre  en  sera  le  résultat,  et  vous  verrez  alors  Bonaparte  re- 
paraître sur  la  scène  du  monde.  » 


849.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Les  soirées  de  la  princesse  Bagration.  Metternich.  Le  langage  de 
l'ambassade  de  France  sur  la  Saxe  et  la  Pologne. 

La  princesse  Bagration  donne  tous  les  jeudis  et  tous  les 
dimanches  des  soirées  à  ses  amis. 

Metternich  n'est  pas  venu  chez  elle  depuis  plusieurs  se- 
maines. 

L'Ambassade  de  France  continue  à  tenir  le  même  langage 
sur  la  Pologne  et  la  Saxe.  Elle  espère  que  le  prince  de  Met- 
ternich ne  montrera  pas  dans  sa  tâche  la  même  négligence 
que  dans  sa  vie  privée. 


850.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.4462  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER 

Le  prince  royal  de  Wurtemberg  continue  de  passer  presque 
tout  son  temps  chez  la  princesse  Bagration,  dont  il  serait  de- 


l'ouverture   du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      577 

venu  ramant.  Il  y  est  tous  les  jours  et  tous  les  soirs,  en  part 
le  dernier  et  rentre  chez  lui  vers  les  trois  heures  du  matin. 


851.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad  3565). 

HAGER  à   l'EMPEREUR 
(Bordereau  et  Rapport  journalier  du^24  novembre). 

Sur  la  surveillance  du  prince  Repnin  et  la  liaison  du  feld- 
maréchal  prince  de  Wrede  avec  M"'  Ripp  qu'il  a  connue  lors 
d'un  précédent  séjour  à  Vienne.  Il  y  va  maintenant  tous  les 
soirs. 


|852.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.54.  4823  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

Envoi  de  chiffons  et  ds  papiers  pris  et  ramassés  chez   Tal- 
leyrand  et  chez  Dalberg. 

Il53.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad  3565).'^ 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

e  qu'au  dire  de  d'Arenberj  Tallsyrand  pense  ds  la  gravité  de  la  situation 
de  l'Europe.  Critiques  que  lui  inspire  la  conduite  des  alliés. 

Le  prince  Philippe  d'Arenberg  (1),  qui  fréquente  beaucoup 
ambassade  de  France,  a  dit  hier  chez  lui,  à  un  ami,  que  Tal- 

1.  Philippe-Josiph,  prince  d'Arenberg,  né  le  4  octobre  1794,  troisième  frère 
u  duc  Prosper-Louis.  Le  prince  Philipps  mourut  quelques  mois  plus  tard,  le 
mars  1815,  à  Vienne  d'une  chute  de  cheval. 

s  Etats  des  ducs  d'Arenberg  avaient  été  en  partie  réunis  à  la  France  par 

aité  de  Luaéville,  et  ceux-ci  avaient  reçu  en  échange  le  comté  de  Meppen 

fort  de  Rechlinghausen.  En  1803,  le  duc  régnant,  Louis  Angelbert  abdiqua 

veurde  son  fils  Prospar-Louis,   né  en  1785.  Celui-ci  devint  en  1806  sé- 

ur  de  l'Empire  Français,  entra  dans   la  Confédération  du  Rhin  en  1807, 

en  1808  un  régiment  do  chasseurs,  avec  lequel  il  fut  envoyé  en  Espagne, 

t  fait  prisonnier  et  conduit  en  Angleterre.  En  1810,  Napoléon  disposa  de 

8  Etats  qui  furent, en  partie  annexés  à  la  France,  ea  partie  réunis  au  grand- 

iché   de  Berg.  En  1815,  les  Etats  du  duc  d'Arenberg    furent  attribués  au 

anovre  et  à  la  Prusse  et  le  duc  devint  membre  de  la  Chambre    Haute  du 

anovre  (Talleyrand,  Mémoires  II.  Note  219). 

T    I  37 


578  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

leyrand  s'était  e  xprimé  de  la  façon  suivante  sur  les  affaires  de 
l'Europe. 

«  Les  alliés  ont  voulu  se  débarrasser  de  Bonaparte.  Ils  ont 
déclaré  que  les  choses  seraient  remises  sur  le  pied  de  janvier 
1792,  et  loin  de  tenir  parole,  ils  menacent  TEurope  d'un  bou- 
leversement pire  encore  que  celui  que  la  France  avait  à  craindre 
sous  Napoléon. 

«  La  France  voit  avec  inquiétude  qu'on  lui  prépare  un  voi- 
sin dont  la  force  lui  permettra  peut-être  un  jour  de  dicter  la 
loi  aux  Français.  »  Et  il  a  conclu  en  disant  que  «  les  Pays- 
Bas  étaient  en  ce  moment  la  pomme  de  discorde,  et  que,  si 
ces  pays  n'appartenaient  plus  à  l'Autriche,  ils  ne  pouvaient 
être  qu'à  la  France  » . 


854  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  4823  ad3565). 

GŒHAUSExN    à    HAGER 

On  affirme  que  le  général  Koller  part  décidément  pour  Tile  ' 
d'Elbe  et  qu'il  a  reçu  la  mission  de  décider  Napoléon  à  consen- 
tir à  l'annulation  de  son  mariage. 


i^ï, 


855-  Naples,  8  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565).  | 

MERCEY  au  chevalier  GUIBOURD  (à  Vienne) 
Sous    couvert  du  comte   de  MIER  (à  Blumenburg)  {intercepta)^ 

Caroline  attend  impatiemment  le  retour  de  Filangieri.  Effet  produit  par 
départ  de  Tuyll.  La  reine  désire  le  retour  de  Guibourd.  L'accord  est  coi 
plet  entre  Murât  et  Caroline.  Départ  de  Pauline.  Arrivée  de  la  princes 
de  Galles. 

Sa  Majesté   me  donne  l'aimable  commission  de  vous  écri: 
Prévenue  trop  tard  du  départ  du    baron   de   Tuyll  (1),  Eï 
n'a  pu  le  faire  Elle-même.  Elle  attend  impatiemment  l'arrivé  ( 
du  général  Filangieri,  par  qui  Elle  espère  recevoir  de  bonnes  j 

1.  Tuyll  van  Seroskerken  (Fédor-Wassiliévitch,  gfénéral  baron),  chargé|| 
par  la  Russie  d'une  mission  diplomatique  à  Naples,  plus  tard  ministre  deii 
Russie  à  Rio  de  Janeiro.  ffl 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA  SAXE    ET    LA    POLOGNE      579 

louvelles.  Elles  viendraient  à  point  en  ce  moment  puisqrj'elles 
létruiraient  TefTet  fâcheux  que  peut  produire  sur  Fesprit  des 
Sfapolitains  le  départ  subit  du  baron  de  Tuyll. 

Sa  Majesté  a  voulu  plusieurs  fois  vous  envoyer  des  modèles 
le  verre  pour  Lui  en  faire  faire  de  semblables,  mais  toujours 
1  y  a  eu  des  obstacles  et  toujours  Elle  l'a  regretté. 

Elle  souhaite  votre  retour,  cela  est  naturel.  Je  le  souhaite 

)our  vous  (1).  Je  voudrais  ne  pas  le  désirer  pour  moi,  car  c'est 

vec  une  impression  bien  triste  que  vous  me  reviendrez  détrôné, 

t  je  conçois  par  expérience  combien  il  en  doit  coûter  pour 

jandonner  son  trône. 

Dans  une  lettre  reçue  dans  le  temps,  il  semblait  qu'il  y  eût 
e  l'orage  dans  le  ménage.  C'est  une  erreur.  Quelques  nuages 
bscurcissent  parfois  momentanément  le  ciel,  mais  le  moindre 
ouffle  les  dissipe  et  le  calme  revient  en  peu  d'instants.  L'opi- 
ion  qu'on  avait  à  cet  égard  est  donc  loin  de  la  vérité  et  Ton 
t  disposé  à  tout  pour  conserver  cette  précieuse  tranquillité, 
ont  l'apparence  serait  nécessaire,  même  si  elle  n'existait  pas 
éellement. 

P. -S.  —  La  princesse  Pauline  est  repartie  il  y  a  huit  ou  dix 
lurs.  La  princesse  de  Galles  (2)  arrivera  demain  à  Naples. 
le  loge  à  Ghiaja  dans  le  palais  qu'habitait  Saliceti. 


>6.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  ad  3565). 

LESPINE  au  Marquis  CAVAGNA  (à  Paris)  {intercepta) 
(en  français). 

iL'opinion  générale  paraît  se  prononcer  au  Congrès  contre 
prétentions  de  la  Russie,  et  on  dit  depuis  hier  que,  crai- 
lant  de  se  brouiller  avec  les  autres  puissances,  l'Empereur 
lexandre  a  adopté  ou  va  adopter  des  idées  plus  générales  et 
le  les  choses  paraissent  s'arranger. 


Guibourd  ne  revint  à  Naples  que  le  28  février  1815. 
Caroline  de  Brunswick,  femme  du  Prince-Régent,  célèbre  surtout  par  ses 
atures,  ses  dissentiments  conjugaux  et  par  les  deux  procès  que  son  mari 
lintenta. 


580  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

857.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  4562  ad  3565). 

Comtesse  de  REGHBERG  au  Comte  de  GŒRTZ 
(intercepta)  (en  français). 

Alexandre  ne  semble  pas  disposé  à  céder.  Ton  de  sa  réponse  à  la  note  an- 
glaise du  4  et  sa  conversation  avec  Hardenberg.  Trisiesse  des  fêtes  au  mi- 
lieu de  ces  inquiétudes.  On  croit  que  le  Roi  de  Prusse  n'approuve  pas 
Alexandre. 

Le  ciel  politique  s'obscurcit  de  plus  en  plus.  Les  deux  par-ïj 
tis  paraissent  également  fermes  et  inébranlables.  L'Empereur! 
Alexandre  a  répondu  par  un  style  poli  à  la  note  anglaise  dul 
4  de  ce  mois,  (1)  mais  de  manière  à  ne  pas  faire  espérer  qu'il 
céderait  sur  aucun  point. 

Les  espérances  du  public  se  fondent  sur  une  conversation 
qu'Hardenberg,  généralement  considéré  et  estimé  ici,  doit  avoif 
eue  avec  Alexandre  (2).  Les  personnes  les  mieux  instruites 
doutent  cependant  qu'elle  réponde  à  leurs  souhaits. 

La  Providence,  qui  a  tout  miraculeusement  conduit,  ne  novLfk 
abandonnera  pas,  et  des  événements  inattendus  peuvent  encoref 
tout  conduire  au  bien  et  concilier  les  esprits.  Combien  son' 
tristes  toutes  ces  fêtes  que  nous  voyons  préparer,  quand  l'espr; 
et  le  cœur  ne  sont  pas  libres  ! 

On  croit  généralement  dans  le  public  que  mon  compatrio 
(le  roi  de  Prusse)  n'approuve  pas  les  idées  de  son  ami,  qu 
lui  manque    seulement   la  force  et  le  courage  de   s'expliq 
vis-à-vis  de  lui. 

858.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  4502  ad  3565). 
HEGARDT  à  ENGESTRŒIM  (intercepta)  (en  français). 

Légère  diminution   de  la  tension.  Lord  Castlereagh  et  Alexandre.  Ce  qt 
fera  de  la  Pologne.  Désillusion  que  causeront  les  résultats  du  GongrèsJ 
protestation  des  Etats  de  Saxe  et  ses  conséquences  probables. 

Il  y  a  quelques  jours  le  Congrès  de  Vienne  parut  aboi 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  450-456.  Lettre  de  l'Empereur  Alexandre  en  répor 
la  lettre  du  4  novembre  de  lord  Castlereagh  et  deuxième  mémorandum  rt 
Vienne,  21  novembre  1814.  Cf.  Ibidem,  394-401.  Deuxième  Memorandur 
lord  Castlereagh  sur  la  Pologne.  Vienne,  4  novembre. 

2.  11  doit  s'agir  ici  de  la  conversation  qu'Hardenberg  eut  avec  Alexai 
le  23  novembre  ;  il  lui  remit  ce  jour-là  son  Mémoire. 


l'ouverture    du    congrès.   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       581 

plutôt  à  rallumer  la  guerre  qu'à  consolider  la  paix  générale. 
Maintenant  on  est  plus  rassuré  à  cet  égard,  vu  qu'on  croit  pou- 
voir espérer  que  TEmpereur  Alexandre  laissera  diriger  tant 
soit  peu  ses  prétentions  au  gré  des  cabinets  de  Vienne  et  de 

.ondres  et  consentira  à  en  faire  un  objet  de  négociations  au  con- 
seil préparatoire.  On  se  flatte  qu'il  renoncera  à  ériger  un  royaume 
de  Pologne  à  sa  convenance  et  se  contentera  de  la  frontière 
de  la  Vistule,  abandonnant  le  reste  du  duché  de  Varsovie  à  la 

russe  et  à  l'Autriche.  C'est,  dit-on,  lord  Castlereagh  (1)  qui 
a  réussi  à  persuader  l'Empereur  de  Russie  à  faire  ce  sacrifice 
à  la  tranquillité  de  l'Europe.  Il  est  cependant  fort  incertain  si 
Alexandre  a  fait  autre  chose  que  laisser  entrevoir  la  possibi- 

ité  de  quelques  modifications  afin  d'éviter  une  rupture  ouverte 
avec  les  Cours  de  Vienne  et  de  Londres  qui  semblent  d'accord 
sur  les  moyens  de  se  prémunir  contre  la  prépondérance  de  la 
Russie. 

Les  grandes  espérances,  que  l'on  avait  conçues  du  congrès 
Je  Vienne,  se  sont  presque  évanouies.  On  s'en  promet  encore 

n  accommodement  momentané  et  pour  les  circonstances,  des 
îxpédients  pour  réprimer,  mais  non  pour  éteindre  le  feu  qui 

îouve  sous  la  cendre. 
On  m'a  parlé  d'une  protestation  des  Etats  de  la  Saxe  contre 

e  dépouillement  de  leur  roi,  dans  laquelle  ils  ont  réclamé  la 

protection  de  l'Autriche.  L'opinion  générale  est  que  ce  ne  sera 

las  en  vain  et  que  le  roi  de  Saxe,  en  se  prêtant  à  la    cession 

,e  la  Lusace,de  Wittemberg  et  de  Torgau,  pourrait  bien  sau- 

er  le  reste  de  son  royaume. 


i59.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPEREUR  (F  4.  4502  ad  3562).^ 

Bordereau  et  Rapport  journalier  du  25  novembre  1814 

Il  lui  soumet  le  programme  des  fêtes  préparées  pour  la  ré- 
iption  des  souverains  à  Graz. 

1.  Cf.  d'ANGEnERG,393-i01.  Lettre  de  lord  Castlereagh  à  l'Em;  ereur  Alexan- 
|e,  4  novembre.  Deuxième  mémorandum  de  lord  Castlereagh  sur  la  Pologne 
4  novembre.  Ibidem,  418-419.  Note  de  Metternich  à  Hardenberg  au  sujet 
propositions  à  faire  à  la  Russie,  12  novembre.  Ibidem,  450-456.  Lettre 
Llexandre  en  réponse  à  la  lettre  du  4  novembre  de  lord  Castlereagh  et 
kuxième  mémorandum  russe,  21  novembre.  Cf.  Talleyrand  au  roi.  Dépêche 
12,  Vienne,  17  novembre  1814.  (Pallain.  Correspondance  inédite,  page  118.) 


582  AUTOUR    DU  CONGRÈS  DE    VIENNE 

860.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

HAGER  àl'EMPEREUR 

Bordereau  d'envoi  d'm/crcepia  et  de  chiffons. 

Il  lui  rend  compte  qu'il  a  fait  envoyer  à  la  Manipulatioii| 
une  lettre  de  l'Empereur  de  Russie  au  Kastellanvon  Génie  et 
une  du  roi  de  Prusse  au  baron  de  Maltzahn,  plénipotentiaires 
d'Oldenburg,  ainsi  que  des  chiffons  provenant  du  bureau  du 
duc  de  Dalberg  et  une  invitation  à  dîner  pour  le  25  de  Tal- 
leyrand  à  Saint-JVlarsan  (1).  ] 


861.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

I 

Rapport  à  HAGER  j 

Quelques  extraits  de  la  longue  liste  des  pièces  interceptées,  déchiffrées, 
copiées  ou  analysées  par  le  cabinet  noir. 

Le  comte  Bethusy  au  colonel  baron  von  Ende  (2)  (envoi  d 
lettres  suivantes  à  transmettre).  Bethusy  à  Platzmann  et 
Leipzig  ;  Betiiusy  au  D'  Heyme.  bourgmestre  de  Dresde  ; 

Baronne  Marschall  à  son  mari  ; 

M""  Kuster  à  son  mari  (Stuttgart  15  et  16  nov.):  toutes 
lettres  d'ordre  absolument  privé. 

Stein  à  Hardenberg  (13 nov.) (Envoi  d'une  lettre  de  Repnin.] 

Stein  à  Capo  d'Istria  (Envoi  d'une  note  relative  à  l'adm: 
sion  de  la  France  aux  séances  de  la  Commission  des  affai 
de  la  Suisse). 

Stratford  à  Glancarty  et  lord  Bathurst  au  même  :  peu 
téressantes. 

Leblanc  au  duc  de  Brunswick  (Londres,  11  novembre 
n'a  pas  encore  pu  retrouver  les  lettres  qui  manquent). 


1.  On  lit  en  effet  à  cette  date  dans  le  Diario  de  Saint-Marsan.  «  Le  25, 
chez  Talleyrand.il  s'habille  parce  que  Trauttmansdorffet  Wrbna  viennent  l 
billes.  Soirée  dansante  chez  Stackelberg.  Effet  que  produit  que  tous  les  S( 
verains  soient  tous  les  jours  en  frac  en  société.  Joué...  Perdu  280  florins 

2.  De  la  suite  du  grand-duc  de  Bade. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA   SAXE   ET    LA    POLOGNE      583 

832.  Vienne,  24  nov.  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Intercepté  et  envoyé  à  la  manipulation  une  grosse  lettre 
adressée  à  Hardenberg  et  un  fort  paquet  destiné  à  Capo  d'Is- 
tria  (le  23  novembre) . 


863.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Une  nouvelle  perquisition  faite  chez  le  comte  Bethusy  le  22 
n'a  rien  donné. 


864.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Intercepté  et  communiqué  deux  lettres  de  Linden  au  baron 
von  Marchai  et  à  Kûster. 


865.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Intercepté  une  lettre  anonyme  (peu  intéresssante)  de  Vienne 
.  24  novembre  à  M"*  de  la  Chaux,  chez  la  Reine   de  Suède  à 
Karlsruhe. 


866*  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Intercepté  chez  Noailles  deux  lettres,  une  au  baron  Sala,   à 
Botzen,  l'autre  à  l'évêque  de  Bàle. 


584  AUTOUR    DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

867.  Vienne,  22  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

...   à  HAGER 

Rapport  sur  les  nombreuses  conférences  qui  se  sont  tenues 
chez  le  grand-duc  de  Bade,  les  19,  20  et  21  novembre.  K 

868.  Vienne,  24  novembre  1844  (F.  4.  4834  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Jomini  va  tous  les  jours,  au  moins  une  fois,  souvent  deux, 
chez  Alexandre,  et  chaque  fois  il  lui  porte  des  papiers.  Il  en 
est  de  même  pour  La  Harpe. 


869.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

î 

...   à  HAGER  I 

L'attitude,  le  découragement  et  les  avances  des  Prussiens.  Quelques  motsl: 
d'appréciation  du  prince  Guillaume.  Hardenberg  et  Humboldt  impatients  de  ; 
quitter  Vienne.  Départ  pruchain  et  découragement  de  Jomini.  Le  carrou- 
sel et  les  bijoux  des  dames  de  Vienne. 

Dès  que  le  baromètre  politique  oscille,  je  m'en  aperçois  à  la/^^;, 
nature  des  entretiens  que  j'ai  avec  mes  amis  étrangers  et  à  la:|| 
fréquence  de  leurs  visites.  Depuis  trois  jours,  mes  Prussiens-' 
viennent  à  tout  propos  et  à  tout  instant  chez  moi,  à  l'exception' 
naturellement  du  colonel  Braun,  qu'on  a  expédié  à  Neisse  avecf 
l'ordre  de  mettre,  à  tout  événement  et  en  cas  de  rupture,  les  for- 
teresses de  Silésie  en  état  de  défense.  Ce  qui  m'a  le  plus  frappé 
sous  ce  rapport,  c'est  le  soin  qu'a  pris  le  major  Hedemann  de 
rejeter  sur  les  Russes  la  responsabilité  de  tout  ce  qui  pourrait 
arriver.  En  un  mot,  les  Prussiens  tiennent  de  nouveau  exacte-, 
ment  le  même  langage  que  celui  auquel  ils  nous  avaient  habi 
tués  pendant  les  premiers  temps  de  leur  séjour  ici.  Ce  sont  lefl  Ini 
Russes,  qui  leur  gâtent  un  temps  qui  sans  cela  aurait  été  pie: 
de  charmes  pour  eux.  Ce  sont  ces  imbéciles,  qui  leur  gâtent 
leur  empoisonnent  tout  ici. 

Mais  ce  qui  est  encore  plus  significatif,  c'est  que,  dep 


L^OUVERTURE  DU   CONGRÈS.   —    LA    SAXE    ET    LA    PvOLOGNE      585 

quelques  jours,  ils  semblent  s'être  donné  le  mot  pour  nous  faire 
croire,  que  leur  roi  désire  ardemment  que  l'Empereur  d'Au- 
triche redevienne  Empereur  d'Allemagne.  «  Ce  n'est  que  de 
cette  façon,  disent-ils  maintenant,  que  les  esprits  se  calmeront 
en  Allemagne  et  qu'un  rapprochement  réel  et  sérieux  pourra  se 
faire  entre  l'Autriche  et  la  Prusse,  désormais  affranchies  de  la 
tutelle  de  la  Russie.  »  Telles  sont  actuellement  les  paroles  du 
prince  Guillaume  de  Prusse,  qui  ne  songe  plus  qu'à  une  seule 
chose,  la  vice-royauté  de  la  Saxe,  et  qui  rumine  déjà  dans  sa 
tête  tout  ce  qu'il  compte  faire  dans  ce  pays.  Je  communique- 
rai sous  peu  à  Votre  Excellence  ce  que  je  saurai  de  ses  pro- 
jets. Pour  le  moment,  je  puis  affirmer  une  seule  chose,  c'est 
qu'il  est  triste  et  découragé. 

Le  prince  de  Hardenberg  a  dit  mardi  dernier  chez  Anstett, 
qup  le  séjour  à  Vienne,  qui  lui  avait  toujours  fort  déplu,  lui  de- 
venait de  jour  en  jour  plus  intolérable.  C'est  là  ce  que  le  duc 
d'Acerenza  a  raconté  devant  la  maîtresse  de  la  maison  et  plu- 
sieurs personnages,  parmi  lesquels  se  trouvait  Serracapriola 
qui  ajouta  :  «  Humboldt  m'a  dit  exactement  la  même  chose.  » 

Jomini  part  dans  quelques  jours,  très  découragé  et  très  dé- 
pité. Son  aide  de  camp  m'a  affirmé  que  la  grande  armée  russe 
avait  reçu  l'ordre  de  rentrer  en  Russie. 

Tous  les  étrangers  ont  été  émerveillés  du  Carrousel  d'hier 
et  stupéfaits  de  la  splendeur  des  bijoux  des  dames.  Les  Prus- 
siens m'ont  dit  :  «  Avec  cela  il  y  a  de  quoi  couvrir  les  frais  de 
trois  campagnes.  » 

Un  banquier  de  Florence,  grand  connaisseur  en  bijoux  et 
quia  vu  les  pierreries  des  dames  des  différentes  capitales'de 
l'Europe,  a  déclaré  qu'il  lui  était  impossible  d'estimer  la  valeur 
de  ceux  qu'on  lui  a  exhibés  hier. 


870.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

0  ©  à  HAGER  (en  français). 

Craintes  des  Polonais.  Refroidissement  des  rapports  entre  Alexandre  et  le 
Roi  de  Prusse.  Concentration  autrichienne  en  Galicie.  Ce  qu'on  pense  du 
Congrès. 

Les  Polonais  craignent  qu'Alexandre  ne  cède  à  la  fin.   Ils 
lont  surtout  décontenancés  par  le  bruit  qui  court  que  la  bonne 


586  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

intelligence  entre  les  Monarques  de  Russie  et  de  Prusse  serait 
quelque  peu  troublée  par  les  aifaires  de  Saxe. 

On  a  remarqué  que  le  roi  de  Prusse,  qui  venait  jusqu'ici  deux 
ou  trois  fois  par  jour  chez  Alexandre,  avait  laissé  passer  deux 
jours  entiers  sans  le  voir.  Ils  en  augurent  mal. 

Au  reste  tout  le  monde  croit  que  le  Congrès  de  Vienne  aura  _ 
le  même  sort  que  celui  de  Rastatt,  c'est-à-dire  qu'on  en  finira  m 
par  avoir  recours  aux  armes. 

La  nouvelle  de  l'ordre  donné  de  concentrer  les  troupes  au- 
trichiennes en  Galicie  a  produit  beaucoup  d'effet  sur  les  Po- 
lonais. 


871.  Paris,  4  novembre  1814  (F.  4  4834  ad  3565). 

WELLINGTON  à  TALLEYRAND  (en  français). 

Il  le  prie  de  faciliter  au  chevalier  Mackintosh(l)  ses  recher 
ches  historiques  au  dépôt  des  Affaires  Etrangères,  où  on  lui  |î 
fait  des  difficultés. 


872.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

DALBERG  à  son  oncle  (le  Prince  Primat)  {chiffon). 

Impossible  d'avoir  pour  Adalbert  le  poste  de  La  Haye  déjà  donné  à  la  Tour 
du  Pin  ;  Compliments  de  M""  Edmond  de  Périgord.  Le  Congrès.  Rôle  de 
la  France.  Solution  donnée  à  l'affaire  de  Gênes  et  à  la  succession  de  Sar- 
daigne. 

Mon  cher  oncle,  j'ai  reçu  en  même  temps  que  la  lettre  qu^i 
vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire,  celle  par  laquelle  Adal-- 
bert  me  témoigne  le  désir  d'obtenir  la  Légation  de  La  Haye, 
qu'on  lui  avait  assurée  être  vacante.  Le  roi  en  a  disposé  depuis 
plusieurs  mois.  Elle  est  donnée  à  M.  de  La  Tour  du  Pin,  qui 
doit  se  rendre  en  Hollande,  aussitôt  que  le  Congrès  de  Vienne, 
où  il  est  un  des  ambassadeurs  du  roi,  sera  terminé. 

1.  Cf.  pour  Mackintosh  les  dépêches  de  Jaucourt  à  Talleyrand,  de  Paris,  j 
le  22  nov.  et  le  27  novembre,  à  propos  des  difficultés  de  d'Hauterive  avec 
Mackintosh  et  des  exigences  de  ce  dernier. 


I/'OUVERTURE   DU   CONGRÈS.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      587 

Je  viens  d'écrire  à  Adalbert(l)pour  lui  demander  de  me  faire 
connaître  ce  qui  pourrait  lui  convenir.  Je  regrette  qu'il  ne  lui 
ait  pas  été  possible  de  revenir  plutôt.  Cependant  je  ferai,  vous 
n'en  pouvez  douter,  mon  cher  oncle,  tout  ce  qui  dépendra  de 
moi  pour  lui  être  utile. 

M"'  Edmond  (la  Comtesse  de  Périgord)  est  bien  reconnais- 
sante de  votre  souvenir  et  me  charge  de  vous  présenter  ses 
compliments  respectueux.  Les  bals  et  fêtes  n'ayant  pas  dis- 
continué, elle  est  une  des  personnes  les  plus  occupées  du  Con- 
grès. 

Notre  Congrès  avance  bien  peu.  Cependant  je  crois  que  la 
fermeté,  avec  laquelle  nous  soutenons  les  principes  de  toute 
équité,  finira  par  avoir  un  heureux  résultat  ?  Déjà  la  ville  de 
Gênes  et  son  territoire  viennent  d'être  réunis  au  royaume  de 
Sardaigne,  et  la  succession  de  cette  couronne  est  assurée  dans 
la  branche  de  la  Maison  de  Carignan. 


873.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

DALBERG  à  son  cousin  AI) ALBERT  (1)  {chiffon). 

Reproduction  presque  littérale  de  la  lettre  précédente  jus- 
qu'à ces  mots  :  «  M'""  Edmond  ». 


874.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4   4834  ad  3565). 

Chiffon  pris  chez  DALBERG 
Relevé  de  sa  main  de  diverses  menues  dépenses. 

Du  20  au  30  septembre.     .     .     .     .     .  120  florins 

Du  1"  au  81  octobre 372  » 

Autres  abonnements  en  octobre  et  béné- 
fices    139  » 

Bénéfice  de  Deshayes 100  > 

Mde  Bigottini 180  » 

Total.     .     .     .  "911        r 

1.  Je  n'ai  malheureusement  pas  pu  parvenir  à  découvrir  qui  était  cet  Adal- 
bert,  cousin  de  Dalberg. 


583  AUTOUR    DU  CONGRÈS    DE    VIENNE 

875.  Stuttgart,  19  novembre  1814  (F.  4.  48U  ad  3565). 

BOUTINIEFF  à  GOLOVKINE  [intercepta)  (en  français) 

Causes  du  retard  du  retour  du  Roi  de  Wurtemberg.  Préparatifs  pour  la 
réception  d'Alexand:e.  Enormes  dépenses  occasionnées  par  ces  fêtes  et 
surtout  par  les  chasses. 

Je  sors  dans  ce  moment  de  chez  le  comte  Mandelsloh,  qui 
m^a  confié  que  le  retour  du  Roi  paraissait  encore  très  éloigné. 
Sa  Majesté  a  désigné  elle-même  les  officiers  qui  doivent  être 
expédiés  à  tour  de  rôle  à  Vienne.  Cette  désignation  va  jus- 
qu'au 11  décembre,  et  Mandelsloh  ne  doute  pas  que  cela  soit 
prolongé  jusqu'à  Noël,  vu,  a-t-il  dit,  que  l'Empereur  Alexandre 
ne  quittera  probablement  pas  Vienne,  avant  d'avoir  consolidé 
le  grand  œuvre  de  pacification  universelle  qu'il  a  si  glorieuse- 
ment commencé,  et  que,  de  son  côté,  le  Roi  de  Wurtemberg  ne 
paraît  pas  vouloir  s'en  retourner  sans  savoir  à  quoi  s'en  tenir 
sur  la  Constitution  future  de  l'Allemagne  et  de  celle  de  chaque 
Etat  en  particulier. 

En  attendant,  les  préparatifs  pour  la  réception  de  l'Empe- 
reur se  continuent  avec  activité.  J'ai  entendu  assurer  à  des 
gens  informés  qu'ils  pourront  coûter  au  delà  d'un  million  de 
florins,  dont  ceux  de  la  chasse  formeront  les  trois  quarts. 

On  est  généralement  révolté  des  charges  rigoureuses  que 
les  préparatifs  de  cette  chasse  causent  au  pays,  d'autant  plus 
qu'on  est  d'opinion  que  S.  M.  l'Empereur  de  Russie  (outre 
qu'EUe  n'a  pas  le  goût  de  la  chasse)  ne  saurait  applaudir  aux 
sacrifices  qu'elle  occasionne. 


876.  Paris,  17  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

GOLTZ  au  Prince  HARDENBERG  [iatecerpta)  (en  français) 

L'Opposition  de  l'Espagne  au  maintien  de  Murât  à  Naples. 
L'affaire  Casa  Flores.  Retard  apporté  au  départ  du  comte  de  Laval, 

Je  profite  du  départ  d'un  courrier  anglais  pour  transmettre 
à  Votre  Altesse  un  rapport  qui  vient  d'arriver  du  baron  Wer- 
ther. D'après  une  dépêche  du  Chargé  d'Affaires  d'Autriche  à 


l'ouverture    du  congrès.  —   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      389 

Madrid,  que  le  général  Vincent  (1)  a  bien  voulu  me  faire  lire, 
ce  rapport  doit  contenir,  avec  quelques  notions  intéressantes 
sur  les  affaires  intérieures  de  l'Espagne,  la  nouvelle  que,  par 
suite  d'un  Mémoire  que  l'Ambassadeur  de  Sicile  a  remis  au 
roi  Ferdinand,  ce  souverain  vient  de  donner  à  Labrador  l'or- 
dre le  plus  positif  de  déclarer  au  Congrès  qu'il  ne  reconnaîtrait 
jamais  le  roi  Joachim  et  d'insister  sur  la  réintégration  du  roi 
des  Deux-Siciles  dans  tous  ses  Etats. 

Quoique  la  réponse  de  la  Cour  de  Madrid  à  la  Cour  de 
France  relative  au  renvoi  du  comte  de  Casa  Flores  (2)  soit,  à 
ce  que  m'avait  assuré  le  duc  de  Wellington,  conçue  dans  des 
termes  modérés,  elle  doit  cependant  avoir  laissé  entrevoir  assez 
de  mécontentement  pour  décider  cette  dernière  Cour  à  retar- 
der encore  le  départ  du  comte  de  Laval  (3). 

(Le  reste  étant  écrit  avec  un  nouveau  chiffre  n'a  pu  être 
mis  au  clair). 


877.  Madrid,  2  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  3565). 

WERTHER  (4)  au  Prince  de   HARDENBERG  [inlercepta) 

(analyse). 

Dépêche  relative  à  l'arrestation  d'Espoz  y  Mina  (5)  et  au  ren- 
voi de  Casa- Flores,  ainsi  qu'aux  plaintes  et  observations  de  la 
Cour  de  France. 


1.  Vincent  (Charles-Nicolas,  baron  de),  ni  à  Florence  en  1757,  chambellan, 
conseiller  intime,  feld-maréchal  lieutenant,  ambassadeur  d'Autriche  à  Paris, 
mort  à  Biencourt  (Lorraine)  en  1834. 

2.  Casa  Flores  (Juan- Antonio,  comte  de)  (1760-1823),  prisonnier  de  guerre 
en  France  jusqu'en  1814,  Chargé  d'Affaires  d'Espagne  à  Paris  lors  de  la  Res- 
tauration jusqu'à  l'arrivée  du  comte  de  Perelada. 

3.  Laval  (Anne- Adrien-Pierre  de  Montmorency,  duc,  puis  prince  de),  Pair 
de  France,  né  à  Paris  le  29  octobre  1768,  mort  le  14  juin  1837.  Fait  prince 
par  Louis  XVIII  en  1814.  Ambassadeur  en  Espagne,  il  y  resta  pendant  les  Cent 
Jours. 

4.  Werther  (Henri-Auguste-Alexandre,  baron)  (1772-1859),  quitta  l'armée 
comme  capitaine  en  1807.  Entré  en  1810  dans  la  diplomatie,  Ministre  à  Ma- 
drid, mais  résidant  presque  tout  le  temps  à  Berlin,  à  Londres  (1819-1824),  à 
Paris  (1824-1837),  Ministre  des  Affaires  Etrangères  à  la  mort  d'Ancillon,  de 
1837  à  1841. 

5.  Espoz  y  Mina  (Francisco)  (1784-1835),  chef  de  partisans  espagnols,  prit 
en  1814  les  armes  contre  Ferdinand  VII,  essaya  de  s'emparer  de  Pampelune 
(25  septembre  1814)  et  dut  se  réfugier  en  France. 


590  AUTOUR  DU    CONGRÈS    DE    VIENKE 

Werther  mande  en  outre  que,  d'après  des  lettres  de  Flo- 
rence émanant  d'un  des  ministres  du  grand-duc,  on  a  arrêté 
dans  cette  ville  des  agents  de  Napoléon,  qui  recrutaient  pour 
lui  et  étaient  porteurs  de  lettres  adressées  à  des  personnes  de 
sa  famille. 


878-  Londres,  11  novembre  1814    F.  4.  4834  ad  3565). 

FERNAN-NUNEZ  (1)  au  Chevalier  CAMILLE  DE  LOS  RIOS 

Je  te  conseille,  malgré  les  belles  paroles  que  Labrador  te  pro- 
digue, de  ne  pas  trop  te  fier  à  lui.  Je  sais,  pour  l'avoir  éprouvé 
par  moi-même,  ce  qu'il  vaut.  Quand  il  est  devenu  ministre, 
il  m'a  écrit  les  choses  les  plus  flatteuses,  mais  il  a  agi  tout 
autrement  à  mon  égard.  Gomme  ton  ami  et  ton  frère,  je  te 
conseille  de  faire  attention. 


879.  Londres,  11  novembre  1814  (F.  4.  4834  ad  356&). 

GREUHM  à  HARDENBERG  {inlercepta)  (analyse). 
Sous  couvert  Munster. 

Il  lui  annonce  que  le  prince  Régent  du  Brésil  s'est  décidé  à 
y  rester  au  moins  provisoirement  et  va  publier  une  proclama-     :\ 
tion  dans  laquelle  il  exposera  les  motifs  de  sa  résolution. 


880.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  26  novembre  1814. 

Il  signale  à  l'Empereur  une  lettre  écrite  à  l'encre  sympa- 
thique que  Te  hernitcheff  a  envoyée  à  M^^®  Idzstein  (2)  à  Francfort. 

1.  Fernan-Nunez  (Carlos  Guttierez  de  los  Rios,  comte  de,  duc  de  Montei- 
lano)  (1778-1821),  ambassadeur  ^'Espagne  à  Londres,  chargé  d'une  négociation 
à  Paris  où  il  devint  ambassadeur  en  1817. 

2.  Probablement  une  des  personnes  appartenant  à  la  famille  de  von  Idzs- 
tein, directeur  de  la  police  du  temps  du  prince-primat. 


l 


l'ouverture    du   congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      591 

Il  est  hors  de  doute  que  cette  lettre,  comme  celles  écrites 
précédemment  de  la  même  façon  et  à  la  même  adresse,  est  de 
l'Empereur  Alexandre  et  a  pour  destinaire  M""  Bethmann. 


881.  Vienne,  le  23  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

Anonyme  (Empereur  ALEXANDRE) à  LOUISE 

(M-»»  BETFIMANN)  (I) 

[intercepta  à  l'encre  sympathique). 

Sous  le  couvert  de  M''*  Idzstein,  à  Francfort-sur-le-Main. 

Enfin  j'ai  eu  de  tes  nouvelles,  ma  bien  aimée. 

Mes  yeux  privés  de  te  lire  depuis  si  longtemps  ont  eu  le 
bonheur  de  contempler  cette  écriture  chérie,  dont  la  vue  seule 
me  prouve  combien  tu  m'es  chère,  combien  tout  dans  l'univers 
s'efface  à  mes  yeux  lorsqu'il  me  vient  quelque  chose  de  toi.  Et 
ce  qui  met  le  comble  à  mon  bonheur,  c'est  la  certitude  que  tu 
te  portes  bien,  que  le  seul  petit  être,  dont  tu  prétends  si  in- 
génieusement que  tu  puisses  être  chalouse^  en  un  mot,  l'objet 
de  tes  tendres  affections (2)  bien. 

Aussi,  comment  après  de  telles  nouvelles  t'exprimer  tout  ce 
qui  s'est  passé  au  fond  de  mon  cœur.  Il  me  faut  tous  les  sen- 
timents de  mon  devoir,  toute  1 (2)  l'imprudence  que  je  com- 
mettrais si  je  précipitais  les  choses,  pour  ne  pas  voler  dans 
tes  bras  et  y  expirer  de  bonheur. 

J'avais  hasardé  de  t'écrire  deux  fois,  même  avant  d'avoir 
eu  de  tes  noiivelles.  Je  t'ai  adressé  mes  lettres,  toujours  comme 
par  le  passé,  sous  le  couvert  de  notre  amie,  et  tu  ne  m'en  dis 
pas  un  mot,  ce  qui  me  fait  craindre  que  le  tout  ne  se  soit 
égaré. 

La  manière,  dont  tu  m'as  fait  parvenir  la  tienne,  est  très 
bonne  et  très  sûre.  Je  te  conjure  à  genoux  de  m'écrire  encore. 
Adieu,  mon  unique  aimée. 

Le  23  novembre  1814.  Je  te  prie  de  mettre  la  date  sur  tes 
lettres. 

1.  Louise-Frederique  Boode,  d'Amsterdam,  avait  épousé  en  1810  Simon- 
Maurice  de  Bethmann. 

2.  Mots  effacés  dans  le  texte  et  qu'on  n'a  pu  faire  revenir  sur  la  feuille 
écrite  à  l'encre  sympathique. 


592  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE  VIENNE 

882.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Intercepta  divers. 

Stein  à  Staegemann  (comptes  de  postes). 

Nesselrode  à  Keller  (Il  veut  conférer  avec  lui  et  a  une  com- 
munication à  lui  faire  de  la  part  d'Alexandre)  et  à  Struwe  (1) 
(à  Hambourg)  (le  remercie  de  ses  rapports). 

Lettres  (pour  la  plupart  peu  importantes)  apportées  par  cour- 
rier à  Castlereagh  et  aux  Anglais  de  marque  à  ce  moment  à 
Vienne,  de  Stackelberg  au  conseiller  Strat,  à  Hambourg  et  au   M 
général  Keller. 

Tchernitcheff  à  M"'  Idzstein. 

Gaertner  (Mémoire  relatif  à  la  maison  d'Anhalt-Bernburg 
Schaumburg). 


883.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Envoi  de  chiffons  ramassés  chez  Dalberg,Talleyrand,  Noailles 
et  La  Tour  du  Pin. 

L'agent  rend  en  outre  compte  qu'un  voleur  a  essayé  de  for- 
cer le  secrétaire  du  baron  Thugut  (2). 


884.  Vienne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

On  prétend  que  Marie -Louise_,  accompagnée  parla  comtesse 
GoUoredo^a  assisté  masquée  à  la  Redoute  de  la  Sainte-Cathe- 

1.  Struwe  (Henri-Antonovitch'K  1770-1851!.  Secrétaire  de  Légation  à  Ham- 
bourg (1796),  à  Brunswick  (1798),  à  Gotha  (1800),à  Stuttgart  (1801-1805). Con- 
seiller de  Légation  à  Gassel  (1809-1811).  Envoyé  par  Roumiantzofî  à  Athènes 
pour  y  recueillir  des  nouvelles  sur  les  intentions  da  Napoléon,  les  mouve- 
ments de  son  armée  et  les  tendances  de  l'esprit  public  en  Allemagne;  placé 
en  1814  auprès  du  prince  Repnin  en  Saxe.  Chargé  d'affaires  de  Russie  à 
Hambourg  (1815).  Ministre  résident  auprès  des  villes  hanséatiques  (1820).  ,. 
Conseiller  d'Etat  (1821).  Conseiller  intime  (1843).  Rentré  dans  la  vie  privée: 
en  1850,  il  resta  à  Hambourg  et  y  mourut  en  janvier  1851.  ' 

?.  L'ancien  ministre  des  Affaires  Étrangères  d'Autriche  (1734-1818). 


I 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      503 

rine.  On  dit  aussi  qu'elle  a  régulièrement  assisté  aux  répéti- 
tions du  Carrousel. 


885.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

0  e  à  HAGER 

On  approuve  en  général  dans  le  monde  diplomatique  la  net© 
parue  dans  le  Beobachter  du  24  (1). 


886.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565), 

0  0  à  HAGER 

La  note  du  grand-duc  de  Bade.  Schulenburg  et  son  admission  iau  Congrès. 

La  note  (2),  dans  laquelle  le  grand-duc  de  Bade  expose  ses 
griefs  et  ses  réclamations,  a  été  faite  sur  son  ordre  par  Hacke. 

On  dit  que  Schulenburg  sera  admis  au  Congrès  comme  re- 
présentant et  envoyé  du  roi  de  Saxe  (3).  Les  Prussiens  en  sont 
naturellement  furieux. 


887.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

0  0  à  HAGER  (en  français). 
Gapo  d'Istria  sur  Mural  et  l'Italie.  La  Suiste.  Dalberg. 

«Croyez, m'a  dit  Gapo  d'Istria,  qu'il  y  a  beaucoup  de  fermen- 
iation  en  Italie.  Nous  en  avons  des  informations  très  sûres.  Que 
fait  donc  le  Gouvernement  d'ici?  Veut-il  mettre  encore  ce  pays 

feu  et  à  sang  ?  On  se  fie  à  Murât,  parce  qu'il  a  offert  son 
irmée  à  l'Autriche.   Mais,  croyez-moi,  Murât  est  le  chef  des 

1.  Note  sur  le  Congrès  parue  dans  la  Prager  Zeilung  du  22  et  reproduite 
lans  VOesterreichischer  Beobachter  du  24  novembre  (Pages  791-792). 

2.  Cf.  Angeberg,  456-458.  Note  des  Plénipotentiaires  des  grands-ducs  de 
Jade  et  de  Hesse  et  du  duc  de  Nassau  au  baron  de  Stein  au  sujet  de  la  li- 
quidation des  frais  de  la  guerre.  Vienne,  21  novembre  1814. 

3.  Cf.  Gbntï.  Tagebucher,  I.  332-333. 

ï.  I.  38 


s  94  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

'Maçons  et  des  Indéppidentistes  d' Italie ^^i  vous  n'avez  qu'à 
lire  attentivement  ce  qui  sort  de  sa  boutique  et  vous  y  verrez 
toujours  ces  mots  à' Unité,  à' Indépendance  et  àe  force  natio- 
nale, par  lesquels  il  essaie  de  chauffer  les  Italiens  pour  grossir 
son  parti  en  Italie.  Il  faut  être  aveugle  pour  ne  pas  le  voir. 
Votre  Cour  s'entête  dans  cette  politique.  Elle  s'en  repentira.» 
Il  me  parla  ensuite  de  la  Suisse  et  de  la  convenance  de  faire 
venir  la  France  dans  cette  négociation,  mais  il  regrettait  qu'on 
ait  choisi  pour  cela  Dalberg. 


888.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4613  ad  3565). 

GENTZ  au  Prince  de  VALAGHIE  (l)  {intercepta)  (en  français). 

.......Je  vous  supplie  de  ne  pas  croire  que  d'autres  occupations, 

quelqu'intéressantes  ou  nécessaires  qu'elles  fussent,  pourront 
jamais  m'empêcher  de  remplir  mes  devoirs  envers  Votre  Altesse. 

J'ai  toujours  eu  soin  de  mettre  sous  vos  yeux  toutes  les 
parties  du  tableau  politique  de  l'Europe,  et  je  crois  qu'il  n'y 
a  pas  aujourd'hui  une  Cour  en  Europe  qui  soit  plus  exactement 
informée  de  l'état  des  choses  que  Votre  Altesse. 

Si  mes  rapports  ne  sont  pas  plus  fréquents,  ce  n'est  abso- 
lument que  la  marche  des  événements  que  vous  devez  en 
accuser. 

Je  vous  ai  fait  entrevoir  dans  toutes  mes  dépêches  que  les 
affaires  du  Congrès  marcheraient  lentement.  Tout  ce  que  je 
vous  ai  annoncé  est  arrivé.  Le  Congrès  a  duré  deux  mois. 
Jusqu'ici  il  n'y  a  qu'une  seule  question  qui  soit  décidée,  celle 
de  la  réunion  de  Gênes  au  Piémont... 

La  question  de  la  Saxe,  celle  des  autres  arrangements  ter- 
ritoriaux en  Allemagne,  celles  qui  regardent  l'Italie  sont  toutes 
dans  la  même  position  dans  laquelle  je  vous  les  ai  présentées 
dans  mon  n°  71. 

Depuis  le  15,  il  n'y  a  pas  eu  de  conférence  générale.  Je  ne  î^ 
crois,  pas  qu'il  y  en  aura,  avant  que  les  négociations  particUî?  I  ' 
lières  aient  fait  quelque  progrès  sensible.  ™F^ 

1.  Il  m'a  semblé   inutile  de  reproduire  ici   les  deux  paragraphes  de  cette  ' 
dépêche  qui  ont  été  publiés  par  Klinkowstroem  dans  Oesterreich's  Theil- 
nahme,  etc.,  etc.  (p.  481-482). 


l'ouverture   du    congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      S9o 

889.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  41^  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  27  novembre. 

Il  lui  signale,  entre  autres,  la  lettre  interceptée  adressée  par 
le  roi  de  Prusse  à  Marie-Louise  et  l'appui  que  le  Nonce  veut 
donner  à  la  réclamation  formulée  par  des  moines  des  Pays-Bas 
au  sujet  de  fonds  déposés  dans  une  banque  de  Vienne. 

I 

890.  Vienne,  23  novembre  1814 (F.  4.  4549  ad  3565). 

Le  Roi  de  PRUSSE  à  S.  M.  l'IMPÉRATRIGE  MARIE-LOUISE 
(intercepla)  (en  français). 

Madame  Ma  sœur, 

J'ai  eu  l'honneur  de  recevoir  Votre  lettre  du  21  de  ce  mois(l) 
~\X  je  suis  extrêmement  flatté  de  la  confiance  que  Votre  Majesté 
Impériale  veut  bien  me  témoigner. 

Je  vous  prie  de  croire,  Madame  ma  Sœur,  que  je  serai  tou- 
burs  très  pressé  d'y  répondre  et  de  concourir  de  tous  mes 
jioyens  à  ce  qui  pourra  contribuer  à  Votre  satisfaction. 

Les  liens  d'alliance  et  de  bonne  amitié  qui  m'unissent  à  Vo- 
ire Auguste  Père  seront  pour  moi  un  nouveau  motif  à  soutenir 
|js  intérêts  de  Votre  Majesté  Impériale. 


Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 
Rapport  à  HAGER  {intercepta){en  français). 

Note  sur  le  moine  de  labbaye  de  Grimberge, prèsde  Bruxeî- 

J,  qui  a  rédigé  une  note  dans  laquelle,  partant  de  ce  fait  que 

abbayes  et  les  couvents  allaient  être  rétablis  en  Belgique, 

[réclame  les  sommes  déposées  à  leur  nom  dans  les  banques 

]..  Lettre  dans  laquelle  elle  invoquait  le  Traité  de  Fontainebleau  et  faisait 
loir  ses  droits  et  ceux  du  roi  de  Rome-  sur  Parme  et  Plaisance. 


596  AUTOUR   DU    CO^'GRÈS   DE   VIENNE 

de  Vienne.  Le  même  moine  travaille  aussi  en  faveur  du  réta- 
blissement de  l'Université  de  Louvain. 


892.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Intercepta  divers  du  25  au  26  novembre,  peu  importants, 
sauf  :  1°  un  paquet  du  grand-veneur  von  Lassberg  (contenant 
la  protestation  du  roi  de  Saxe);  2^  la  copie  du  Mémoire  remis 
à  Metternich  et  à  Hardenberg  et  signé  par  les  plénipoten- 
tiaires allemands  (1)  qui  demandent  à  prendre  part  aux  séances 
de  la  commission  des  affaires  d'Allemagne  et  exposent  uney 
partie  de  leurs  vues  sur  ces  affaires  et  3°  une  dépêche  de 
Planta  (2)  à  Clancarty  (le  priant  de  lui  renvoyer  les  pièces  re- 
latives à  la  Pologne,  à  l'exception  de  celle  qu'il  vient  de  lui 
transmettre,  ce  matin  25  novembre). 

Intercepta  de  2  paquets  envoyés  à  la  Manipulation  le  24  et 
pris  chez  Stackelberg,  dont  l'un  est  adressé  au  conseiller  de 
Légation  prussien  Piquot. 


893.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

...   à  HAGER 

Le  comte  de  Schulenburg  paraît  complètement  rassuré  par 
l'attitude  de  l'Autriche  sur  l'issue,  favorable  à  son  roi,  de  la 
question  de  Saxe. 


894.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 


Sur  les  visites  du  prince  Eugène  à  Séraphine  Lambert  et  à  p 
la  princesse  Bagration  et  sur  la  continuation  des  conféi;enccs  r 
de  La  Harpe  avec  Alexandre.  jh 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  441-444. Note  des  plénipotentiaires  de  29  princes  souve-»- 
rains  et  villes  libres  d'Allemagne  aux  princes  de  Metternich  et  de  Harden- 
berg. Vienne,  16  novembre  1814.  f-<'<ii 

2.  Planta  (Joseph)  (1787-1747)  entré  au  Foreign  Office  comme   commis  «s I^Cjjj 
1802,  remarqué  en  1807  jar  Canning  qui  fit  de  lui  en  1809  son  secrétaire  par-i:    j|j 


l'ouverture   du   congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      597 

895.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

En  faisant  une  nouvelle  perquisition  le  25  chez  le  comte 
Bethusy,  on  a  trouvé  une  note  autobiographique  dont  on  n'a 
encore  pu  copier  que  le  commencement. 


896.  Vienne,  23  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

0  K.  à  HAGER 

Les  uns  affirment  que  dans  deux  jours  Alexandre  sera  réta- 
,d\i,  tandis  que  les  autres  prétendent  qu'il  en  a  au  moins  pour 
lix  à  quinze  jours  (1). 


{97.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4,  4550  ad  3565). 

STACKELBERG  à  BENAKY  (-2)  (à  Venise)  (intercepta) 
(en  français). 

Indisposition  de  l'Empereiir.  Rien  de  fixé  pour  le  départ 
de  l'Empereur  et  des  souverains. 

S  M.  TEmpereur,  notre  Auguste  Maître,  ne  fait  guère  que 
remettre  d'une  indisposition  qui  l'avait  obligé  pendant 
lelques  jours  de  garder  la  chambre.  Rien  n'annonce  que  le 
^part  de  Sa  Majesté,  ainsi  que  celui  des  autres  souverains  réu- 
dans  cette  capitale,  soit  très  prochain  et  on  s'y  livre  même 
'espoir  que  le  moment  en  est  éloigné.  Les  feuilles  publiques 

ilier,  il  devint  en  1813  le  secrétaire   de  Gastlereagh   qu'il    accompagna  à 

pis  et  à  Vienne,  et,  en  1818  à  Aix-la-Chapelle.  Après  avoir  été  de  1827  à 

|0  l'un   des    joint   secretaries  of  ihe   Treasary,  il  fut  nommé   conseiller 

ré  en  18  i4.  Membre  du  Parlement  dès   1827,  il  ne  renonça  au  mandat  de 

électeurs  pour  cause  de  santé  qu'en  1844. 

On  avait  parlé  d'un  érysipèle.  Dans  sa  dépêche  n"  12  du  17  novembre, 

lleyrand  mandait  au  roi;  «  L'Empereur  de  Russie  est  indisposé  assez  pour 

lir  gardé  le  lit  ;  mais  ce  n'est  qu'une  indisposition.  »  El  il  ajoutait  dans  sa 

féche  n"  14  'iu  30  novembre  :  «  L'Empereur   est  rétabli  et  sort.  »  Voir  plus 

dans  un  rapport  du  2  décembre  la  version  donnée  par  un  des  agents  qui 

veillent  la  princesse  Bagration. 

Consul  de  Russie  en  Pouille  et  aux  Iles  Ioniennes. 


S98  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  Vienne,  qui  vous  parviendront  sans  doute,  offrant  un  aperçu 
exact  et  de  ce  qui  se  passe  ici  et  des  événements  politiques 
en  général,  je  m'abstiens  de  vous  en  rien  marquer. 


898.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

Rai'Port  à  HAGER  (en   français). 

La  note,  d'ailleurs  très  bien  faite,  publiée  par  le  Beobachter 
et  destinée  à  satisfaire  la  légitime  curiosité  du  public  sur  les 
travaux  du  Congrès,  a  produit.un  effet  diamétralement  opposé. 

Le  prince  Eugène,  alité  depuis  deux  jours,  a  reçu  le  25  la 
visite  du  Cardinal  Consalvi.  D'Arnay  prétend  que  le  vice-roi 
aura  les  Légations,  tandis  que  chez  Aldini  on  croit  au  contraire 
que  l'Autriche  les  gardera. 


899.  Vienne,  26  novembre  1814  (F   4.  4549  ad  3565). 

Rappokt  à  riAGER 

La  Bavière  refuse  de  rendre  Salzbourg  et  rinn-Viertel,tant 
que  l'Autriche  tiendra  garnison  à  Mayence. 

L'auteur  de  la  hvochuve.  :  Preussen  und  Sachsen,  serait,  dit- 
on,  le  conseiller  aulique  Gentz  (1). 

Metternich  a  fait  un  coup  de  maître  en  gagnant  à  ses  vues 
sur  la  Saxe  Wrede,  Wintzingerode,  et  surtout  le  roi  de 
Bavière. 


900.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565).  ™ 

9 

...    à  HAGER  (en  français).  ' 

Découragement  et  projets  de  démission  de  Hardenberg.  Humboldt,  cause  de 
la  crise.  La  France,  l'Autriche  et  la  Bavière  favorables  à  la  Cour  de  Saxe. 
Causes  de  la  résistance  de  la  Bavière,  décidée,  s'il  le  faut,  à  la  guerre  e^ 
qui  sera  soutenue  par  la  France  le^cas  échéant,  ^ 

Hardenberg  est  tellement   mécontent  de  la  tournure  prise 

1.  Gentz  n'était  pour  rien  dans  la  confection  de  cette  brochure  publiée  ano- 
nymement, mais  faite  par  ordre  du  gouvernement  prussien,  probablement 
par  le  conseiller  intime  Hoffmann,  en  réponse  à  l'autre  brochure  anonyme  : 
Sachsen  und  Preussen. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   599 

par  les  affaires  qu'il  a  été  sur  le  point  de  démissionner.  Oa 
m'a  aftirmé  de  bonne  source  qu'Humboldt  est  cause  de  la  scis- 
sion qui  s'est  produite,  surtout  parce  qu'il  pousse  Alexandre 
à  ne  pas  céder  sur  la  question  de  Pologne  et  qu'il  compte 
ainsi  assurer  la  Saxe  à  la  Prusse.  La  France,  l'Autriche  et  la 
Bavière  s'y  opposent  énergiquement. 

J'ai  su  par  le  comte  Charles  de  Rechberg,  le  confident  du 
roi  de  Bavière,  que  ce  prince  ne  se  prêtera  à  aucune  négocia- 
tion et  qu'il  exigera  le  maintien  intégral  des  conditions  qui  lui 
garantissent  lintégralité  de  son  territoire  et  qu'il  a  posées  lors 
de  son  entrée  dans  la  coalition  (1). 

Wrede,  qui  n'est  certes  pas  un  diplomate  et  qui  n'est  que 
le  porte-parole  de  Montgelas,  considère,  du  reste  tout  comme 
Alontgelas  lui-même,  la  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse  comme 
le  précurseur  de  la  perte  inévitable  de  la  Bavière,  qui  est  en 
dernier  ressort  décidée  à  la  guerre  qu'elle  fera  de  concert  avec 
la  France.  Le  roi  compte  en  conséquence  partir  d'ici  avant  la 
mi-décembre.  On  fait  déjà  emballer  les  tableaux  et  les  objets 
d'art  qu'il  a  achetés  ici. 

Le  prince  royal  de  Bavière,  que  Rechberg  a  accompagné 
dans  ses  voyages,  partage  entièrement  et  en  toutes  choses  les 
idées  du  roi.  Mais  malgré  cela  on  espère  que  tout  se  terminera 
et  se  réglera  à  l'amiable,  surtout  en  présence  du  ton  énergie 
que  de  notre  Cour. 


901.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

©e  à  IIAGER 

iLes  Prussiens  et  la  note  du  Beobachter.  Les  Médiatisés.  L'opinion  du  public 
viennois  sur  les  principaux  hommes  d'Et  >t  du  Congrès.  La  Sainte-Cathe- 
riae. 

Les  Prussiens  ne  sont  que  médiocrement  satisfaits  de  l'arti- 
île  du  Beobachter  du  24.  D'après  eux  cette  note  aurait  pour 

1.  Cf.  ïalleyrand.  Dépêche  n»  12.  Vienne,  17  novembre, page  133  :  «  La  cir- 
îulaire  du  prince  Repnin  a  été  le  signal  que  la  Bavière  attendait  pour  dé- 
ilarer  qu'elle  ne  souscrirait  à  aucun  arrangement  et  n'entrerait  dans  aucune 
igue  allemande  que  la  conservation  du  royaume  de  Saxe  n'eût  été  préalable- 
oent  assurée...  »  Cf.  Ibidem    Dépèche  n"  13.  Vienne,  25  novembre  (page  148) 

On  a  même  déjà  fait  un  plan  de  campagne  à  la  chancellerie  de  guerre.  Le 
•rince  de  Wrede  en  a  fait  un  de  son  côté.  L'Autriche,  la  Bavière  et  autres 


600  AUTOUR  DU   CONGRÈS  DE    VIENNE 

effet  de  faire  croire  aux  Médiatisés  qu'eux  aussi,  les  maisons 
de  Nassau,Darmstadt,  Hesse-Cassel,  Anhalt,  Reuss,  Mecklem- 
bourg,  etc.,  etc.,  ne  tarderont  pas  à  siéger  au  Congrès.  Ces 
princes  ne  se  gênent  pas  pour  dire:  «  Nous  aussi, nous  avons 
fourni  nos  contingents  aux  souverains  alliés  ;  nous  avons  si- 
gné des  conventions  d'alliance,  tout  comme  la  Bavière,  le  Wur- 
temberg, et  Bade.  Nous  avons,  nous  aussi,  le  droit  de  siéger 
au  Congrès,  de  réclamer  une  indemnité  et  le  remboursement 
de  nos  dépenses.  » 

Les  Français  continuent  à  déblatérer  tout  haut  contre  les 
Russes  et  contre  Alexandre.  Ils  vont  jusqu'à  dire  que  loin  de 
s'agrandir,  la  Russie  devrait  au  contraire  restituer  quelques- 
imes  de  ses  acquisitions. 

Talleyrand,  Humboldt  et  Stein  sont  considérés  dans  le  pu- 
blic comme  des  hommes  éminents,  tandis  qu'on  n'a  qu'une 
assez  piètre  idée  des  talents  de  Razoumoffskv,  de  Nesselrode 
et  de  Stackelberg. 

Le  monde  élégant  s'est  retrouvé  le  soir  chez  la  Bagration 
pour  la  Sainte-Catherine  (le  25).  Malgré  cela,  la  princesse  Ja- 
blonowska,  le  prince  royal  de  Wurtemberg,  le  cardinal  Con- 
salvi,  Wrede,  le  prince  de  Nassau,  le  jeune  prince  de  Reuss  ', 
le  commandeur  Ruffo  et  pas  mal  d'Anglais  ont  passé  la  soirée 
chez  Castlereagh. 

Le  même  jour,  le  prince  Rosenberg  a  donné,  en  l'honneur  de 
saKatinkaBuchvvieser,un  dîner  auquel  avaient  été  conviés  Pe- 
tite Aimée  (2)  avec  le  grand  écuyer,  le  comte  Trauttmansdorff 
et  le  comte  Rechberg  avec  sa  danseuse  de  Munich.  La  mère 
Buchwieser  a  dit  ces  jours-ci  :  «  Ma  fille  a  fait  une  bêtise  en 
se  mettant  avec  le  prince  Rosenberg.  Elle  aurait  dû  rester  avec 
le  prince  Ghika  (3j.  Il  payait  mieux.  » 


Etats  Allemands  feraient  marcher  32.000  honvnes...  »  Et  un  peu  plus  loin, 
pag^e  150  :  «  Les  affaires  de  l'Allemagne  sont  suspendues  par  le  refus  de  la 
Bavière  et  du  Wurtemberg,  de  prendre  part  aux  délibérations  jusqu'à  ce  que 
le  sort  de  la  Saxe  soit  fixé.  » 

l.Le  prince  héréditaire  Henri  XIX  de  Reuss-Greitz,  né  en  1790  et  qui  épousa 
une  princesse  de  Rohan-Rochefort,  ou  le  prince  héréditaire  de  Reuss-Schleitz 
Henri  LXII,  né  en  1785. 

2.  La  Buchwieser  était  une  danseuse  du  ballet  de  Vienne.  Petite  Aimée, 
était  une  des  danseuses  venues  de  Paris. 

3.  Il  s'agit  ou  de  Grégoire  Ghika  qui  devint  prince  de  Valachie  en  1821 
ou  de  son  frère  cadet  Alexandre. 


l'ouverture   du    congrès.   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       GOl 

902.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565.  ' 

0©  HAGKR  (en  français). 

I/Angleterre  et  son  attitude  par  rapport  à  l'agrandissement  de  la  Prusse. 
Cause  de  ses  ménagements  envers  cette  puissance.  Un  mot  du  l'rince  de 
Ligne. 

J'ai  parlé  hier  avec  l'anglais  Park  et  l'ai  questionné  sur  les 
sentiments  de  ses  compatriotes  relativement  à  la  Prusse.  Il  m'a 
dit  :  «  Quand  l'Angleterre  a  consenti  à  l'agrandissement  de  la 
«  Prusse,  elle  n'a  pas  supposé  que  la  Prusse  embrasserait  le 
«  parti  de  la  Russie  contre  les  intérêts  de  l'Allemagne.  Mais 
«  cela  ne  trouble  pas  beaucoup  les  Anglais.  Tout  bien  consi- 
<^  déré,ils  feront  bien  comprendre  raison  aux  Prussiens,  qu'il 
«  s'agissait  de  s'opposer  à  l'agrandissement  de  la  Russie. Quant 
«  à  l'Allemagne,  si  elle  veut  se  brouiller  par  rapport  à  la 
«  Prusse  et  se  liguer  même  avec  la  France  pour  cela,  les  An- 
«  glais  ne  s'en  mêleront  pas  et  resteront  spectateurs  pour  ne 
«  pas  froisser  la  Prusse,  qui  peut  être  la  plus  utile  à  l'Angle- 
♦>  terre  sur  le  Continent.  Car  les  animosités  entre  nations  ne 
«  seront  pas  éteintes.  Le  Français  sera  toujours  le  rival  de 
«  l'Anglais,  le  Prussien,  de  l'Autrichien,  le  Russe,  du  Turc. 
«  D'après  cela,  le  Prussien  est  plus  à  craindre  pour  la  France 
«  que  les  autres  Puissances  et  la  position,  que  l'Angleterre  a 
«  donnée  à  la  Prusse,  la  met  en  état  de  soutenir  les  Anglais 
«  contre  les  Français.  Ce  qui  pour  ma  patrie  est  le  principal.  » 

Le  Prince  de  Ligne  a  dit  hier  :  «  J'ai  bien  peur  que  cela  ne 
«  finira  pas  dans  un  jeu  de  piquet,  et  si  l'Angleterre  ferme  sa 
«  bourse  aux  Prussiens  et  aux  Russes,  on  peut  prédire  qui 
«  gagnera.  » 


' 


03.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3365). 

L...  à  HAGER  (en  français). 


La  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse  promise  par  un  article  secret  du  traité  de 
Kalisch  en  échange  de  la  Pologne  à  la  Russie.  L'ignorance  primitive  de 
l'Autricha  et  l'attitude  subséquente  de  Metternich  Les  mesures  prises  par 
Alexandre  avant  l'ouverture  du  Congrès.  Dissentiments  d'IIardenberg  avec 
«es  collègues    Le  roi  refuse  sa  démission. 


La  cession  de  la  Saxe  a  été,  d'après  ce  qu'on  m'affirme,  pro- 


li 


602  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

mise  à  la  Prusse  par  un  article  secret  du  traité  de  Kalisch  (l)en 
échange  de  l'attribution  de  la  Pologne  à  la  Russie,  et  cet  article 
n'avait  pas  été  communiqué  dans  toute  sa  teneur  à  TAutriche, 
lors  de  son  entrée  dans  la  Coalition.  Plus  tard  sur  le  Rhin,  Met- 
ternich  a  eu  vent  de  la  chose,  mais  il  a  cru  plus  sage  de  la  tirer 
en  longueur,  parce  qu'il  craignait  de  voir  la  Prusse  rentrer 
chez  elle.  On  en  parla  à  Paris  et  à  Londres,  mais  sans  conclure. 
On  dit  même  qu'Alexandre  a  pour  cette  raison  été  sur  le  point 
de  ne  pas  aller  à  Vienne  et  ne  le  fît  qu'après  avoir,  de  Paris, 
donné  l'ordre  de  masser  des  troupes  dans  le  grand-duché  de 
Varsovie,  où  il  envoya  son  frère  Constantin.  Telle  était  la  si- 
tuation lors  de  l'ouverture  du  Congrès. 

Dès  le  début,  Hardenberg,  qui  naturellement  aurait  voulu 
céder,  a  trouvé  de  Topposilion  de  la  part  de  Stein,  Humboldt, 
Knesebeck  et  Jordan.  Mais  l'Empereur  Alexandre,  qui  ne  veut 
pas  entendre  raison,  se  flattait  encore  de  pouvoir, par  un  coup  de 
force,  donner  la  Saxe  à  la  Prusse.  Mais  comme  de  leur  côté  les  ^ 
Puissances  déclaraient  nettement  qu'elles  ne  céderaient  pas, 
même  devant  la  menace  d'une  guerre,  la  situation  est  devenue 
si  grave  qu'Hardenberg,  fort  malmené  par  Alexandre,  a  offert 
sa  démission  à  son  roi  qui  la  refusa  sur  le  conseil  de  Knese- 
beck. Celui-ci  insista  en  effet  sur  l'impopularité  qu'une  guerre 
vaudrait  au  Roi,  et  le  Roi  se  résigna  à  garder  Hardenberg, 
bien  qu'il  le  sache  tout  acquis  aux  vues  de  l'Autriche.  Aussi 
les  Russes  et  ceux  des  Prussiens,  qui  croyaient  déjà  tenir  la 
Saxe,  sont-ils  pour  le  moment  fort  découragés.  Au  lieu  de  l'an- 
nexion de  la  Saxe,  ils  sentent  qu'on  devra  se  contenter  d'une 
occupation  provisoire. 

On  dit  que  Humboldt,  qui  se  croyait  déjà  chancelier,  quit- 
tera Vienne  le  6  décembre,  ira  à  Berlin  et  de  là  à  Paris  comme 
ambassadeur  (Renseignements  de  l'agent  H...  basés  sur  les 
documents  qui  lui  ont  été  fournis  par  les  Prussiens  et  par  ceux 
qu'il  a  ramassés  chez  eux). 


1.  Article  2  secret  du  traité  de  Kalisch,  16-28  février  1S]3...  «  S.  M.  l'Em- 
pereur de  toutes  les  Russies  garantit  à  S.  M.  le  Roi  de  Prusse  avec  ses  pos- 
sessions actuelles,  plus  particulièrement  la  vieille  Prusse,  à  laquelle  il  sera 
joint  un  territoire  qui,  sous  les  rapports  tant  militaires  que  géographiques, 
lie  cette  province  à  la  Silésie.  »  Cf.  d'ANGEBBRO,  p.  2. 


l'ouverture   du   congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      603 
904.  \'icnne,  24  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

V.  L...  à  HAGER 

Autres  renseignements  de  l'agent  II...  sur  la  Pologne  et  la  Saxe. 

Quoiqu'on  dise  que  la  Pologne  restera  telle  qu'elle  était  en 
1806  et  que  la  Saxe  reviendra  à  son  roi,  qui  abdiquera  en  faveur 
du  prince  Antoine,  l'agent  H...  affirme  que  la  Prusse  n'a  pas 
encore  consenti  à  renoncer  à  la  Saxe. 


905.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4549  ad  3565). 

.MAVROJENI  au  Prince  de  MOLDAVIE  (in(ercepla)  en  français). 

L'article  du  Beobachler.  h'audience  d'Hardcnberg  chez  Alexandre.  La  Russie 
et  la  Prusse  semblent  vouloir  modérer  leurs  prétentions. 

On  croit  ici  que  le  prince  de  Metternich  lui-même  est  l'au- 
tour de  l'article  que  donnent  nos  feuilles  publiques  (1)  sur  les 
négociations  de  Vienne  et  sur  le  mode  du  travail  qui  caracté- 
rise le  Congrès,  et  qu'il  a  voulu  donner  par  là  une  espèce  de 
compte  rendu  sur  le  travail  du  Congrès. 

Il  semble  qu'on  a  été  dans  l'erreur  sur  le  but  que  l'audience 
du  prince  de  Hardenberg  chez  l'Empereur  de  Russie  devait 
avoir  eu  (2)  ;  au  moins  ne  remarquait-on  pas  de  changement 
saillant  dans  les  dispositions.  On  prétend  pourtant  qu'Alexandre 
a  témoigné  que  son  amitié  pour  son  allié,  l'Empereur  d'Au- 
triche, pourrait  l'engager  à  accorder  des  modifications  sur 
plusieurs  points. 

11  est  encore  positif  que  la  Prusse  elle-même  ne  vise  plus  à 
toute  la  Saxe  et  qu'elle  voudrait  se  contenter  d'environ  la 
moitié  de  ce  pays. 

L'Empereur  de  Russie  doit  avoir  demandé  que  le  cabinet 
d'Autriche  articule  jusqu'à  quel  point  il  désirerait  que  la  Rus- 
sie cédât.  Mais  cette  proposition  doit  avoir  été  déclinée. 

On  voudrait  aussi  que  le  roi  de  Saxe  accepte  quelque  équi- 

1.  L'article  du  Beobachter  du  24  novembre. 

2.  Alexandre  donna  audience  à  Hardenberg  le  24  au  matin. 


604  AUTOUR    DU    COXGRÈS    DE    VIENNE 

valent  pour  ses  Etats  héréditaires  ;  mais  après  la  protestation 
solennelle,  faite  à  plusieurs  reprises,  qu'il  ne  donnerait  pas  son 
consentement  à  de  pareilles  offres,  elles  ne  pourront  pas  avoir 
de  succès. 

Tous  ces  essais  prouvent  cependant  qu'on  commence  à  être 
moins  dur  dans  les  prétentions  et  que  des  vues  modérées  pren- 
nent faveur. 


908.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3564). 

HEGARDT  à  ENGESTROEM  {intercepta) 
(analyse  de  1  article  du  Beobachter  du  24). 

A  propos  d'un  article  sur  le  Congrès  attribué  à  Metternich, 
mais  qui  émane  de  la  Chancellerie  et  doit  donner  au  public 
une  idée  de  ce  Congrès  qu'on  définit  d'une  manière  négative 
en  disant  «  qu'il  ne  ressemblé  à  aucun  Congrès  précédent  ». 
Le  mode  de  traiter  les  affaires  par  communications  confiden- 
tielles choque  un  peu  ceux,  dont  l'existence  politique  et  les 
intérêts  peuvent  y  être  discutés  sans  leur  participation. 


907.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

IIAGER  à   l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  28  novembre. 

Intercepta  divers  des  2»,  20  et  27  novembre. 

Stackelberg  à  Piquot  (25  novembre)  (peu  important). 

Addington  (Zurich,  17  novembre)  à  Canning  (à  Vienne). 
(Le  comte  de  Talleyrand  (1)  essaye  de  faire  un  traité  de  com- 
merce avec  la  Suisse  et  diverses  indications  sur  les  affaires  de 
Suisse  et  les  troubles  de  Soleure.) 

1.  Talleyrand  (Auguste-Louis,  comte  de)  (1770-1832)  cousin  de  Talleyrand, 
accompagna  en  1788  son  père,  ambassadeur  à  Naples,  et  ne  rentra  en  France 
qu'en  1799.  Chambellan  de  Napoléon,  puis  ministre  plénipotentiaire,  d'abord 
près  du  grand-duc  de  Bade,  puis  en  Suisse.  Accrédité  en  la  même  qualité 
par  Louis  XVIII,  il  resta  dans  ce  poste  jusqu'en  1823.  Pair  de  France  en 
avril  1825,  il  refusa  de  prêter  serment  à  Louis -Philippe. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   C05 

Du  20  novembre. 

Roi  de  Wurtemberg  au  prince  de  HohenzoUern-Hechin- 
gen  (1)  (lettre  de  condoléance). 

Prince  Eugène  de  Wurtemberg  (Karlsruhe,  H  novembre) 
à  son  frère  Ferdinand  (2).  (Il  lui  recommande  le  comte  Bethusy, 
porteur  de  cette  lettre  et  auquel  il  lui  conseille  de  confier  les 
siennes,  quand  il  aura  quelque  chose  de  confidentiel  à  lui  com- 
muniquer.) 

Stein  àGapod'Istria(26novembre).(Illuienvoie  les  Mémoires 
sur  la  Suisse  qu'Humboldt  a  lus  et  le  prie, après  les  avoir  lus, 
de  les  transmettre  à  lord  Stewart.  L'une  des  mesures  propo  • 
sées  est  soit  un  arbitrage  amical  ou  une  intervention  d'autorité 
des  principales  Puissances.  L'autre  est  le  protocole  de  la  séance 
du  Comité  pour  la  Suisse,  du  15  novembre.) 

Roi  de  Prusse  au  prince  de  Schwarzburg-Rudolstadt(3)  (sous 
le  couvert  de  Wintzingerode  (24  novembre). (Il  le  remercie  de 
la  notification  qu'il  lui  a  fait  tenir  de  la  reprise  du  gouverne- 
ment de  sa  principauté.) 

Castlereagh  à  Lord  Clancarty  (Renvoi  des  papiers  et  dépê- 
ches de  la  Haye). 

Plus  un  lot  de  chiffons  et  papiers  pris  le  26  chez  Talleyrand 
et  Noailles.' 


908.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4500  ad  3565). 

Rapfort  à  HAGER 

On  a  réussi  à  établir  à  partir  du  24,  ce  qui  avait  été  impos- 
sible jusque-là,  une  surveillance  directe  en  plaçant  un  affîdé 
chez  Humboldt. 


1.  Hohenzollern-Hechingen  (Frédéric-Hermann,  prince  de)  (1776-1838).  Il 
avait  succédé  à  son  père  le  2  novembre  1810. 

2.  Deux  frères  du  roi,  l'un  Eugône-Frédéric-Henri,  duc  de  Wurtemberg 
(1758-1822)avait  épousé  en  1787  la  princesse  Louise  de  Stolberg-Geldern,  veuve 
du  duc  Auguste-Frédéric-Gharles  de  Saxe-Meiningen;  l'autre  Ferdinand-Fré- 
déric-Auguste, né  en  1763,  feld-maréchal  autrichien,  avait  épousé  en  1795  la 
princesse  Alberline-Wilhelmine-Amélie  de  Schwarzburg-Sondershausen  etse 
remaria  en  1817  avec 'a  princesse  Pauline  de  Metternich,  sœur  du  chancelier. 

3.  Schwarzburg-Rudolstadt  (Frédéric-Gunther,  prince  dej  (1793-1867),  prince 
régnant  depuis  le  28  avril  1807. 


60G  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

909.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565\ 

...   HAGER 

Le  comte  Bethusy  fournit  tous  les  jours  des  rapports  secrets, 
soit  au  Conseiller  intime  Jordan,  soit  à  Hardenberg  en  per- 
sonne. 


910.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Repnin  est  on  ne  peut  plus  mécontent  du  rôle 
qu'on  lui  a  fait  jouer.  Il  avait  affirmé  à  Dresde  que  la  Saxe 
était  définitivement  réunie  à  la  Prusse.  Arrivé  ici,  il  voit  que 
cela  est  loin  d'être  décidé  et  se  plaint  en  disant  qu'on  Ta 
poussé  à  se  compromettre. 


911.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

...  à  HAGER 

On  dit  et  on  afjSrme  que  le  général  KoUer  va  aller  ces  jours- 
ci  à  l'île  d'Elbe,  afin  de  décider  Napoléon  à  consentir  à  Tannu- 
lation  de  son  mariage  avec  Marie-Louise,  que  le  Pape  est  tout 
disposé  à  prononcer. 

Gela  fait,  le  roi  de  Prusse  épouserait  Marie-Louise  à  laquelle 
il  fait  de  fréquentes  visites. 


912.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (analyse). 

Les  affaires  de  Suisse.  La  Pologne  et  la  Saxe.  La  France, 
TEspagne  et  Murât,  la  Toscane  et  la  reine  d'Etrurie. 

Note  sur  la  première  séance  du  comité  sur  les  affaires  suisses 
tenue  le  15  novembre  (1)  chez  lord  Stev^art. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  430-434.  La  première  séance  du  comité  des  affaires  de  la 
Suisse  eut  lieu  le  14  novembre.  La  2">«  séance  se  tint  le  15.  On  y  discuta  les 
propositions  russes. 


l'ouverture    du   congrès.    —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      607 

Délibération  sur  les  Mémoires  remis  par  les  députés  suisses, 
sur  la  Constitution  nouvelle  à  donner  à  la  Confédération  hel- 
vétique. Ils  demandent  que  les  Alliés  acceptent  le  nouveau 
pacte  fédéral  de  la  Confédération  et  garantissent  l'indépen- 
dance et  la  neutralité  de  la  Suisse,  à  laquelle  on  rendra  tous 
les  territoires  que  la  France  lui  avait  enlevés. 

L'agent  ne  sait  rien  de  précis  sur  la  Pologne  et  la  Saxe, 
mais  il  insiste  sur  les  efforts  faits  par  la  France  et  l'Espagne 
pour  renverser  Murât  et  sur  les  démarches  de  l'Espagne,  qui 
réclame  la  Toscane  et  Parme  pour  la  reine  d'Etrurie. 


913.  Vienne,  25  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

HEILMANN  à  son  père  (à  Bienne)  {intercepta)  (en  français). 

Les  affaires  de  Suisse,  la  maladie  de  Wessenberg  et  l'opinion  de 
Capo  d'istria. 

...  Capo  d'istria  m'a  dit  :  «  Si  vous  écrivez  à  vos  conci- 
toyens, dites-leur  qu'ils  doivent  se  tranquilliser,  attendre  avec 
calme  la  décision  et  ne  pas  croire  à  tous  les  contes,  puisque, 
comme  je  vous  le  dis,  rien  n'est  décidé.  De  deux  choses  l'une  : 
Ou  vous  serez  un  canton,  et  alors  les  droits  de  Bienne  sont 
positifs  ;  ou  vous  serez  joints  à  celui  de  Berne,  et  alors  on  vous 
fera  des  conditions  dont  vous  serez  contents.  Je  vous  pré- 
viendrai sûrement  quand  il  sera  question  de  quelque  chose.  » 


914.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4550  ad  3565). 

L...  à  HAGER 

Hardenberg  chez  Alexandre  le  23.  Les  concessions  de  l'Empereur  de  Russie. 
Les  frontières  de  la  Polof^ne  du  côté  de  la  Prusse  et  de  l'Autriche.  Le  roi 
de  Prusse  pense  au  départ.  Le  méconti^ntemenl  d'Alexandre. 

D'après  les  dires  du  comte  de  Reichenbach,  le  Congrès  finira 
pacifiquement,  et  ce  résultat  serait  en  grande  partie  dû  au 
prince  de  Hardenberg.  Le  soir  du  Carrousel,  l'Empereur  de 


C08  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Russie  le  fît  appeler  afin  de  conférer  avec  lui  (1)  et  le  prince 
aurait  réussi  à  modifier  ses  vues  sur  la  Pologne  et  à  modérer 
ses  prétentions.  Il  a  appelé  l'attention  de  l'Empereur  sur 
l'Union  secrète  polonaise  de  1794,  qui  n'a  jamais  cessé  d'exis- 
ter, et  surtout  sur  le  fait  qu'on  y  déclara  formellement  qu'on 
ne  saurait  pardonner  à  la  Russie  l'anéantissement  de  la  Pologne. 
Cette  union,  cette  fédération  existe  encore  et  existera  jusqu'au 
jour,  où  la  Pologne  aura  recouvré  son  existence  et  son  indé- 
pendance. Elle  s'étendra  au  contraire  et  se  développera  mal- 
gré tout  ce  qu'on  fera  pour  l'étouffer  et  la  détruire. 

Tous  les  Polonais  quelque  peu  considérables  et  influents  font 
partie  de  cette  Société.  Le  prince  Adam  Gzartoryski  a  été  un 
de  ses  premiers  adhérents,  un  de  ses  promoteurs  et  ne  cessera 
jamais  d'en  faire  partie.  Le  prince  Radziwill  appartient,  lui 
aussi,  à  cette  Société. 

L'Empereur  Alexandre,  très  frappé  par  ces  communications, 
s'est  départi  d'une  partie  de  ses  prétentions  et  a  accepté  une 
combinaison  qui  semble  de  nature  à  satisfaire  la  Prusse  et 
l'Autriche 

On  aurait  déterminé  les  points  principaux  de  la  frontière 
prussienne  du  côté  de  la  Pologne,  et  il  ne  resterait  plus  qu'à 
en  fixer  le  tracé  définitif.  Kalisch  serait,  sur  la  route  de  Var- 
sovie à  Glogau,  la  dernière  ville  russe.  De  là,  la  frontière  s'in- 
fléchirait à  droite  jusqu'à  la  Wartha,  qui  séparera  les  deux 
Etats,  laissant  ainsi  Posen  et  Gnesen  à  la  Prusse.  La  frontière 
rejoindrait  ensuite  laNetzeet  la  Vistule.de  sorte  que  Bromberg 
et  Thorn  resteront  à  la  Prusse,  qui  aurait  ainsi  les  territoires? 
et  les  frontières  que  Frédéric  II  avait  si  ardemment  désirés. 

Le  Ghancelier  aurait,  me  dit-il,  remporté  encore  un  autre 
succès. 

Grâce  à  lui,  la  Prusse  a  en  quelque  sorte  rempli  le  rôle 
d'intermédiaire,  de  médiateur  entre  la  Russie  et  l'Autriche, 
et  jouira  par  conséquent  vis-à-vis  de  chacun  de  ces  deux  cabi- 
nets d'une  position  exceptionnellement  favorable, 

L'Empereur  de  Russie  aurait,  d'autre  part,  consenti  à  laisser 
à  l'Autriche  Cracovie  et  une  bande  de  terrain  entre  la  Vistule 
et  le  Bug,  avec  une  population  de  400.000  âmes. 

l.«  Bruits  sur  un  changement  dans  les  dispositions  de  l'Empereur  de  Ru»-| 
sie,  lit-on  à  la  date  du  21  dans  les  Tagebûcher  de  Gentz  ».  Mais  il  n'en  est! 
pas  moins  positif  qu'Hardenberg  conféia  le  23  avec  Alexandre  et  lui  remitf 
même  un  Mémoire. 


h 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      609 

Le  roi  de  Prusse  croit  si  fort  que  toutes  les. difficultés  sont 
aplanies  qu'hier  20,  il  a  parlé  à  ses  aides  de  camp  de  son  pro- 
chain départ  et  des  quelques  petits  achats  qu'il  lui  fallait  faire. 

Le  roi  a  raconté  aussi  à  ses  aides  de  camp  qu'à  la  dernière 
Redoute  plusieurs  personnages  haut  placés  se  seraient  demandé 
à  haute  voix,  dès  qu'ils  l'aperçurent,  s'ils  avaient  déjà  lu  la 
brochure  :  Sachscn  und  Preiissen. 

L'Empereur  Alexandre  est,  paraît-il,  très  froissé  de  la  façon 
dont  on  parle  de  lui,  et  très  irrité  de  ce  que  le  prince  de  Li- 
gne se  soit  permis  de  dire,  en  faisant  allusion  à  lui  :  Le  con- 
grès danse,  mais  ne  marche  pas. 


915.  "  Vienne,  27  novembre  1814  {F.  4.  4549  ad  3565). 

Comte  de  GORTZ  à  son  oncle  (à  Rûdesheim)  {inlercepla) 
(en  français)  (analyse). 

Il  a  résolu  de  prolonger  son  séjour  d'une  quinzaine  de  jours 
dans  l'espoir  d'avoir  de  meilleures  nouvelles  à  lui  transmettre 
«  du  malade  (1),  auquel  nous  nous  intéressons.  Il  n'y  a  pas  à 
désespérer  de  l'heureux  effet  des  crises  que  son  état  pourrait 
amener  ». 


916.  Hambourg,  18  novembre  1814  (F.  4.  4462  ad  3565). 

BOCKELMANN  à  ROSENCRANZ  [inlercepla]  (en  français) 

(analyse). 

Arrivée  d'un  aide  de  camp  de  Bennigsen,  porteur  des  ordres 
pour  le  départ  des  troupes  russes.  La  date  n'est  pas  fixée, 
mais  elle  ne  passeront  pas  l'hiver  ici.  Bennigsen  fixera  la 
date  au  retour  des  courriers  qu'il  a  envoyés,  l'un  à  Vienne, 
l'autre  au  prince  royal  de  Suède. 


1.  La  Saxe  et  son  roi. 

T.  I.  39 


610  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

917.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  29  novembre  1814. 

Il  appelle  entre  autres  son  attention  sur  le  rapport  de 


918.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

e©  à  HAGER  (en  français). 

On  parle  beaucoup  de  la  liaison  de  la  comtesse  de  Périgord 
avec  le  prince  Trauttmansdorff.  On  dit  que  le  départ  d'Alexan- 
dre est  fixé  au  17  et  que  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg 
partiront  un  peu  plus  tôt. 


919.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  surveillance  du  prince  de  Hesse.  Le  grand-duc  de  Bade  et  la  Morel. 
La  Toussaint  et  Starhemberg. 

On  a  établi  une  surveillance  chez  le  prince  héritier  de  Hesse- 
Darmstadt  (1). 

La  comtesse  Gatterburg  (2)  a  affirmé  à  M.  von  D...  que  le 
grand-duc  de  Bade  a  rompu  avec  la  Morel  à  laquelle  il  donne 
une  pension. 

Il  l'aurait  remplacée  par  M""  Toussaint  et  pour  être  plus  à  i 
l'aise,  il  a  envoyé  ses  fils  à  l'hôtel  à  VEmpereur  Romain. 

M^'"  Toussaint  aurait  de  son  côté  rompu  avec  Starhemberg,  j 
qui  ne  pouvait  payer  ses  dettes  s'élevantàplus  de  10.000  florins. 

1.  Né  en  1777,  fils  du  premier  grand-duc  de  Hesse-Darmstadt,  Louis  I"',  cel 
prince, qui  monta  sur  le  trône  en  1830  sous  le  nom  de  Louis  II, beaucoup  moins! 
libéral  que  son  père,  eut  de  fréquents  conflits  avec  les  Etats  et  prit  pour  CQ- 
Régent  après  la  Révolution  de  février  1848  son  fils,  qui  lui  succéda  bienW^I 
sous  le  nom  de  Louis  III.  Il  avait  épousé  le  19  juin  1804  Wiihelmine-Louisftf 
fille  de  Charles-Louis,  à  ce  moment  prince  héi'éditaire  de  Bade. 

2.  Serait-il  ici  question  de  la  femme  du  major  comte  Joseph  Gatterbur|&| 
chevalier  de  l'ordre  de  Marie-Thérèse  (1776-1777). 


l'ouverture    du    congrès.     —    LA    SAXE    ET   LA    POLOGNE      611 

920.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  35B5) 

Rapport  à  HAGER 

Jomini  a  porté  hier  un  volumineux  travail  à  Alexandre  et, 
l'aide  de  camp  du  général  étant  sorti  presqu'en  même  temps 
que  lui,  on  a  pu  ramasser  chez  lui  quelques  papiers  et  chiffons. 


921.  Vienne^  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  {intercepta) 

Czartoryski  à  Stein  (27  novembre)  (Ayant  à  une  heure  une 
entrevue  avec  Nesselrode,  il  ne  pourra  se  rendre  que  plus  tard 
à  la  conférence  chez  Hardenberg). 

Plus  deux  autres  intercepta^  dont  l'un  à  Campochiaro,  tous 
tous  deux  insignifiants. 


922.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Alexandre  et  le  Roi  de  Prusse  font  depuis  quelques  jours  des 
ivances  au  grand-duc  de  Bade  qu'ils  cherchent  à  attirer  à  eux. 


►23.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

à  HAGER 

Le  27,  le  duc  de  Campochiaro  a  fait  transporter  à  Schœn- 

)runn  une  grande  boîte  que  son  propre  fils,  accompagné  de 

son  secrétaire,  a  remise,  avec  deux  paquets  cachetés  contenant 

"des  lettres,  à  Marie-Louise,  non  pas  dans  son  salon,  mais  dans 

sa  chambre. 


612  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

924.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  croit  au  règlement  définitif  des  difficultés.  L'Autriche, 
soutenue  par  la  France,  la  Bavière  et  le  Wurtemberg,  a,  dit- 
on,  obtenu  le  maintien  du  Royaume  de  Saxe. 

Les  petits  princes  allemands  persistent  à  réclamer  FEmpe- 
reur  d'Autriche  comme  chef  de  la  Confédération  (1). 


925.  Vienne,  26  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

0...  à  HAGER 

L'état  d'esprit  d'Alexandre.  On  craint  pour  lui  qu'il  ne  finisse 
comme  son  père,  par  la  folie. 

«  On  parle  de  plus  en  plus  du  singulier  état  d'esprit  de 
l'Empereur  Alexandre  et  on  craint  de  plus  en  plus  de  le  voir 
marcher  sur  les  traces  de  son  père.  La  première  remarque  a 
été  faite  à  ce  propos  par  Anstett  dans  une  conversation  avec  le 
comte  Broniewski  (2)  et  à  propos  de  l'insurmontable  entête- 
ment de  l'Empereur.  » 

On  raconte  aussi  qu'après  son  fameux  entretien  avec  Alexan- 
dre, Talleyrand  aurait  dit  que  la  violence  de  l'Empereur  lui 
avait  fait  croire  qu'il  se  trouvait  devant  un  second  Napoléon. 

Le  ministre  de  Suède  a  fait  les  mêmes  remarques. 

Les  observations,  que  les  diplomates  du  Congrès  ont  été 
amenés  à  faire  à  Alexandre,  ont  permis  de  voir  son  vrai  ca- 
ractère  et  de  se  convaincre  de  la  grandeur  et  du  danger  de  ses 
caprices  et  de  ses  fantaisies. 

Hier  vendredi,  j'ai  rendu  visite  à  l'archevêque  Ignace  (.3) 
qui  au  cours  de  la  conversation  m'a  dit,  lui  aussi,  qu'il  avait 
été  frappé  du  changement  qui  s'était  opéré  dans  le  caractère 
d'Alexandre. 


1.  Cf.  d'ANGBBERG,  16  novcmbre,  441-446  ;  24  novembre,  p.  461. 

2.  Patriote  polonais,  grand  propriétaire  terrien  en  Galicie. 

3.  Archimandrite  de  Jassy. 


l'ouverture    du  congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      613 

926.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4890  ad  3565). 

GOEHAUSEN    à    HAGER 

L'article  injurieux  pour  la  Bavière  et  le  Wurtemberg  du  Rheinischer  Merciir 
et  son  auteur.  La  détente  au  sujet  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne,  Date  pro- 
bable du  départ  des  souverains  et  la  continuation  des  négociations  à  Vienne. 

Le  Rheinischer  Mercur  a,  dans  son  numéro  141,  publié  un 
article  des  plus  offensants  contre  la  Bavière  et  le  Wurtem- 
berg-. On  sait  que  le  rédacteur  de  cette  feuille  est  le  professeur 
Gœrres,  de  Coblence,  un  des  porte-parole  de  la  Prusse  et  un 
des  instruments  dont  se  sert  le  baron  Stein.  En  dépit  de  tout 
ce  que  l'on  sait  sur  le  compte  de  cet  homme,  peu  recomman- 
dable  tant  par  ses  mœurs  que  par  son  caractère  politique^  il 
n'en  est  pas  moins  devenu,  grâce  à  la  protection  de  la  Prusse, 
inspecteur  des  Ecoles.  Il  est  donc  hors  de  doute  que  cet  article 
est  dû  à  une  plume  prussienne. 

D'après  des  nouvelles  qui  me  viennent  de  bonne  source,  le 
bruit  d'une  détente,  qui  se  serait  produite  depuis  deux  jours 
au  sujet  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne,  se  confirme  de  plus  en 
plus,  et  ce  revirement  serait  la  conséquence  de  la  fermeté  mon- 
trée par  l'Empereur  d'Autriche. 

On  croit  que  les  Souverains  quitteront  Vienne  vers  la  mi- 
décembre,  mais  que  les  négociations  s'y  poursuivront  jusqu'à 
leur  entier  achèvement. 


927.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  30  novembre  1814. 

Il  demande  s'il  doit  continuer  à  faire  surveiller  Marie-Louise 
et  son  entourage.  Cette  surveillance,  coûteuse  et  délicate,  ne 
donne  que  de  maigres  résultats. 


614  AUTOUR   DU   CONGRÈS  DE    VIENNE 

928.  Vienne,  28  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

Intercepta  du  28  novembre. 

Stein  à  Khanikoff  (1).  (Il  s'excuse  de  ne  pouvoir  être  à 
5  heures  chez  la  grande-duchesse  Marie.) 

Stein  à  Repnin.  (11  n'a  pu  le  voir,  ayant  été  appelé  à  la  Cour.) 

Wintzingerode  au  comte  Neipperg  (Décision  prise  par  le  Roi 
dô  Wurtemberg,  relativement  au  traitement  qui  lui  est  alloué 
pour  l'éducation  des  princes.) 

Wintzingerode  à  Phûll,  (à  Stuttgart),  à  la  comtesse  Tru- 
chsess-Waldburg  et  au  banquier  Douglas,  plus  quelques  re- 
quêtes et  lettres  privées. 

Humboldt  à  Stewart.  (Envoi  d'une  note  de  Capo  distria  sur 
les  affaires  de  Suisse.) 

Et  enfin  des  Intercepta  divers  pris  le  29  chez  Nesselrode  et 
chez  Stackelberg. 


929.  Vienne,  29  novembre  1814  (F,  4.  4559  ad  3565). 

à  HAGER  (analyse). 
Extrait  d'une  lettre  interceptée  écrite  par  Piquot. 

Données  sur  les  conditions  de  l'annexion  de  Gênes  à  la  Sar- 
daigne.  Rien  de  décidé  encore  pour  la  Saxe  et  la  Pologne; 
questions  d'une  telle  importance  qu'elles  influent  sur  la  marche 
de  toutes  les  affaires. 

Note  des  plénipotentiaires  allemands  sur  la  Constitution  de 
l'Allemagne  et  note 'séparée  de  la  Cour  de  Bade. 


930.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

...   à  HAGER  (en.  français). 
Marie-Louise  boit  à  la  santé  du  roi  de  Prusse. 

Le  2S,  à  dîner,  Marie-Louise  a  vidé  son  verre  à  la  santé  du 
roi  de  Prusse.  M"""  de  Brignole  et  Bausset  se  sont  regardés  etl 
sont  restés  muets  et  stupéfaits.  H 


1.  Le  général-lieutenant  russe  Khanikoff  faisait  partie  de  la  suite  de  lagranc 
duchesse  Marie,  princesse  héréditaire  de  Weimar,  qui  avait  avec  elle  la  coUS-^pt 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      615 
931.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

H....  à  HAGER 

Les  concessions  probables  qu'on  arrachera  à  la  Russie  et  à  la  Prusse 
sur  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 

Les  conseillers  intimes  (Prussiens)  Philippsborn  et  Schrœer 
ne  voulaient  pas  se  décider  à  admettre  hier  soir  que  la  Prusse 
était  sur  le  point  de  renoncer  à  la  Saxe  et  soutenaient  au  con- 
traire qu'elle  continuerait  de  faire  valoir  ses  prétentions. 

Le  Conseiller  intime  Staegemann  a  en  revanche  fait  part 
ce  matin  au  capitaine  MûUer  (1),  chargé  par  moi  de  me  ren- 
seigner sur  ce  point,  des  craintes  qu^il  ne  pouvait  se  défendre 
d'avoir  et  de  l'obligation  dans  laquelle,  malgré  tout  le  chagrin 
qu'il  en  éprouve,  se  trouvera  le  roi  de  Prusse  de  céder  sur  cette 
question,  en  présence  de  l'opposition  manifeste  de  plusieurs 
puissances,  qui  ne  toléreront  pas  la  prise  de  possession  de  la 
Saxe  par  la  Prusse. 

L'aide  de  camp  du  prince  Wolkonsky,  le  capitaine  Dani- 
lewsky,  a,  de  son  côté,  confié  confidentiellement  à  l'Obers- 
teuer  Rath  Borbstedt  la  probabilité  de  la  renonciation  de 
la  Russie  à  ses  projets  sur  la  Pologne  et  de  la  reconstitution 
de  l'état  de  choses  tel  qu'il  avait  existé  jusqu'en  1800,  sauf 
quelques  légères  modifications  qu'on  apporterait  au  tracé  de 
la  frontière.  Memel,  par  exemple,  sera  attribué  à  la  Russie  ;  le 
Niémen  séparera  les  deux  Etats  et  la  frontière,  coupant  le  cours 
de  la  Vistule  à  Ostromezko,  rejoindrait  de  cette  façon  les  ter- 
ritoires autrichiens.  Thorn,  Posen,  Gnesen  et  Kalisch  resteront 
à  la  -Prusse,  mais  la  Russie  conservera  le  département  de  Bie- 
_lostok.  La  Russie  n'en  continue  pas  moins  à  être  très  bien  dis- 
)osée  en  faveur  de  la  Prusse.  Elle  cherchera  probablement  des 
îompensations  du  côté  du  Sud  et  s'efforcera  de  s'agrandir  aux 
lépens  de  la  Turquie. 


fesse  Henckel  von  Donnersmark,  grande  maîtresse  de    sa  maison  ;  les  com- 
ftesses  Beust  et  Fritsch,  ses  dames    d'honneur,  le  baron  Wolfskehl,  faisant 
[fonction  de  grand  maître  de  sa  maison,  von  Bielke  chambellan,  Miss  Dillon, 
Mon  secrétaire  le  conseiller  aulique  Voelkel  et  un  médecin,  le  D'Starka. 
1.  Ancien  officier  du  corps  franc  de  Liitzow. 


616  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

932.  Vienne,  27  novembre  1814  (F.  4.  4559  ad  3565). 

Anonyme  à  WESSENIG  {intercepta)  (en  français) 
(sous  couvert  de  Wiedenheim). 

Rien  de  décidé  pour  la  Saxe.  Guerre  probable  que  l'Autriche  aurait  évitée  en 
s'alliant  avec  la  France  et  l'Allemagne  du  Sud. 

Notre  sort  n'est  pas  encore  décidé.  Je  n'augure  rien  de  bon. 

On  dit  avoir  proposé  au  Roi  Dresde  avec  500.000  âmes  et  le 
titre  de  Grand-duc.  L'Empereur  de  Russie  et  le  Roi  de  Prusse 
ne  déclarent  pas  ce  qu'ils  veulent  garder  et  rompront  subite- 
ment les  négociations,  d'où  il  résultera  enfin  un  état  provisoire 
et  dans  un  an  une  nouvelle  guerre,  que  l'Autriche  aurait  évi- 
tée en  s'alliant  avec  la  France  et  toute  l'Allemagne  du  Sud 
et  d'où  s'en  serait  suivie  dès  à  présent  une  attitude  menaçante 
qui  eut  fait  baisser  les  prétentions  des  Souverains  du  Nord. 

J'attends  ici  un  dénouement  quelconque  qui  ne  peut  guère 
tarder. 

Quant  à  mes  terres, j'ai  tout  lieu  de  croire  que  le  gouverne- 
ment prussien  sera  favorable  aux  arrangements  que  je  projette 
et  combattra  peut-être  les  mauvaises  intentions  que  peuvent 
avoir  certaines  personnes. 


933.  Vienne,  1«'  décembre  1814  (F.  4.  4567  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR  (intercepta) 
(Bordereau  et  rapport  journalier  du  l""®  décembre). 

Analyse  du  Cabinet  Noir  du  29  novembre  1814. 

Noailles  à  Saint-Marsan  (11  lui  renvoie  des  pièces  formant 
le  projet  du  rapport  général  sur  Gênes). 

Toutes  les  autres  pièces  émanant  de  Broughton,  Stackel- 
berg,  de  la  grande-duchesse  Catherine,  d'Humboldt,  de  Gor- 
sini  et  du  comte  Salmour  sont  peu  intéressantes  (recomman-  )t 
dations  ou  affaires  privées). 


i 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   617 

934.  Vienne,  30  novembre  (F.  5.4567  ad  (3565), 

00  à  FIAGER  (en  français)  (analyse). 

Sur  les  conséquences  incalculables  et  fatales  pour  l'Autriche 
et  l'Allemagne  qu'aurait  la  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse; sur 
les  conférences  du  grand-duc  de  Bade  avec  Wrede  (1). 

Désappointement  des  Russes  et  des  Prussiens  en  présence 
de  l'échec  presque  certain  des  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe. 
Leur  irritation  contre  Talleyrand  (2)  qui,  à  leurs  yeux  est  seul 
cause  de  la  résistance  de  l'Autriche. 

Les  Anglais  épousent  et  soutiennent  la  cause  du  roi  de  Saxe. 

Inquiétude  causée  par  les  armements  de  Murât  et  la  corres- 
pondance qu'il  entretient  avec  l'ile  d'Elbe. 

Irritation  du  Saint-Siège  contre  l'Autriche  à  cause  des  Léga- 
tions (3). 


935.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4567  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Dalberg  a  eu  le  27  une  conférence  de  deux  heures  avec  Rech' 
berg,  qui  a  ensuite  conféré  longuement  avec  Wrede. 


936.  Vienne,  30  novembre  1814  (F,  5.  4567  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

La  question  de  Saxe  semble  trancliée.  Schulenburg  et  Miltitz.  L'appui  donné 
par  l'Angleterre  à  la  Saxe.  L'attitude  des  Prussiens.  L'Italie,  les  armements 
de  Murât,  ses  accords  avec  Napoléon  qu'on  ne  peut  laisser  à  l'île  d'Elbe. 

La  rentrée  du  roi  de  Saxe  dans  ses  Etats  paraît  chose  certaine. 
Le  comte  de  Schulenburg  espère,  désire  et  pense  rester  tou- 
jours ici. 

1.  ce.  W^rede  à  Montgelas.  Dépêche  du  27  novembre.  Heii-mann,  Wrede, 
page  413  et  424. 

2.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n»  12.  Vienne  17  novembre  et  n"  13  du 
25  novembre  1814. 

3.  Cf.  RiiMERi.  Corrispondenza  Inedita,  dei  Cardinali  Consalvi  e  Pacca.  Dé- 
pêche chiffrée  n°  107,  Consalvi  à  Pacca,  Vienne,  14  novembre  1814  et  dépêche 

rja»  138,  Vienne,  9  décembre  1814. 


618  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Il  y  a  toujours  un  assez  grand  froid  entre  lui  et  Miltitz,  et 
même  dans  le  palais  du  duc  Albert  (1), on  persiste  à  croire  que 
sa  conduite  à  l'égard  de  son  roi  a  été  fort  équivoque  et  qu'il 
a  embrassé  le  parti  de  la  Prusse.  Ses  fréquentes  visites  à  Hum- 
boldt  ne  plaident  guère  en  sa  faveur. 

L'accord  le  plus  complet  règne  entre  les  diplomates  anglais 
et  saxons,  et  ces  derniers  reconnaissent  que  la  Saxe  doit  beau- 
coup à  TAngleterre,  presqu'autant  même  qu'à  l'Autriche. 

Les  Prussiens  se  tiennent  coi  et  se  contentent  de  parler  des 
compensations  qu'on  leur  doit  pour  Ansbach  et  Bayreuth  et 
leurs  possessions  en  Westphalie. 

En  revanche, l'Italie  n'est  pas  tranquille, et  le  traité  séparé  avec 
Naples  est  en  contradiction  absolue  avec  les  grands  principes 
qui  servent  de  base  au  traité  de  paix.  Les  armements  et  les 
prépviratifs  de  Murât  sont  un  véritable  danger.  On  le  croit  se- 
crètement d'accord  avec  Napoléon  qu'on  ne  saurait  laisser  à 
l'île  d'Elbe  et  que  les  Anglais  devront  transporter  ailleurs. 


937.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4567  ad  3565. 

Rapport  à  HAGER 

Mécontentement  causé  au  parti    russe  par  l'abandon  par  Alexandre  de  ses 
vues  sur  la  Pologne.  Probabilité  d'une  guerre  enti^e  la  Russie  et  la  Turquie. 

On  affirme  (l'agent  v.  0...)  que  le  parti  russe  et  l'entourage 
d'Alexandre  sont  furieux  de  voir  qu'on  renonce  à  l'annexion 
de  la  Pologne  à  la  Russie  et  à  l'anéantissement  de  la  Saxe. 

Ceux  qui,  comme  l'archevêque  Ignace,  Mavrojeni  et  Radzi- 
will,  sont  les  plus  enragés  de  cette  bande,  se  lamentent  à  haute 
voix,  proclament  pourtant  la  grandeur  d'âme  et  la  générosité 
d'Alexandre,  mais  déblatèrent  contre  Talleyrand  qui,  à  les 
entendre,  a  seul  fait  échouer  leurs  combinaisons  et  poussé  les 
alliés,  et  surtout  l'Autriche,  à  s'opposer  aux  projets  de  la  Rus- 
sie. D'après  eux,  la  Cour  de  "Vienne  a  le  plus  grand  tort  de 
concevoir  des  craintes  à  ce  sujet,  vu  que  la  Pologne  aurait  une 
Constitution  à  elle  propre  et  qu'on  aurait  mis  un  Vice-roi  à 
la  tête  du  pays. 

Ces  considérations  ont  été  exposées  à  l'agent  V.  0...  par  La 

1.  D  uc  Albert  de  Saxe-Teschen.  ~ 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   619 

Harpe,  l'auteur  du  projet  de  Constitution  de  la  Pologne  qui  a 
communiqué  ses  idées  à  Mavrojeni.  Celui-ci,  tout  comme  l'ar- 
chevêque Ignace,  semble  croire  que  la  guerre  contre  la  Turquie 
est  inévitable,  mais  qu'elle  fera  couler  beaucoup  de  sang,  parce 
que  l'Angleterre  et  la  France  soutiendront  les  Turcs. 


938.  Vienne,  30  novembre  1815  (F.  5.  4567  ad  3565). 

ee  à   HAGER 

Le  rigorisme  religieux  des  Anglais.  Beethoven,  ses  admirateurs  et  ses  adver- 
saires. Le  départ  prochain  et  le  mécontentement  du  roi  de  Wurtemberg. 
La  façon  dont  Metternich  mène  les  affaires  et  dirige  le  Congrès. 

Les  Anglais  présents  à  Vienne  célèbrent  les  offices  religieux 
chez  lord  Stewart.  Ils  sont  tellement  sévères  à  cet  égard 
qu'ils  refusent  d'assister  le  dimanche  à  des  concerts  ou  à  des 
séances  musicales  et  c'est  pour  cette  raison  qu'on  a  remis  à 
un  jour  de  semaine  l'Académie  musicale  de  Beethoven. 

La  séance,  qui  j  a  été  donnée  hier  (1),  n'a  pas  servi  à  augmen- 
ter l'enthousiasme  pour  le  talent  de  ce  compositeur  qui  a  ses 
partisans  et  ses  adversaires.  En  face  du  parti  de  ses  admirateurs, 
au  premier  rang  desquels  figurent  Razoumoffsky,  Apponyi, 
Kraft,  etc.,  qui  adorent  Beethoven,  se  dresse  une  écrasante 
majorité  de  connaisseurs  qui  se  refusent  absolument  à  entendre 
désormais  les  œuvres  de  Beethoven. 

«  Mon  roi  (celui  de  Wurtemberg)  fait  ses  paquets,  a  dit  le 
baron  Linden.  il  part  extrêmement  mécontent.  Moi,  je  vais 
bien  probablement  perdre  mon  poste.  Qu'un  autre  essaye  de 
faire  mieux  que  moi.  Il  est  impossible  de  faire  accepter  un 
conseil  à  mon  Uoi.   » 

Les  notes,  que  le  Wurtemberg  a  adressées  au  Congrès,  sont, 
d'après  ce  qu'on  disait  chez  le  baron  Pufîendorf,  un  monument 
de  bêtises  et  de  beaucoup  les  plus  mal  faites  de  toutes.  Le 
comte  Solms  s'est  fortement  moqué  de  la  négligence  et  de 
l'absence  de  méthode,  que  Metternich  apporte  à  la  façon  dont 
il  dirige  les  affaires  du  Congrès.  Le  baron  Albini  (2)  procé- 
dait d'une  tout  autre  façon  au  Congrès  de  Rastatt  et  à  la  Dépu- 
tation  de  l'Empire  à  Ratisbonne. 

1.  Le  mardi  29. 

2.  Ci-devant  Chancelier  d'Etat  de  l'électeur  de  Mayence. 


620  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

Metternich  ne  fait  jamais  rien  préparer  pour  les  séances  et 
n'indique  même  pas  ce  qu'on  doit  y  faire.  C'est  à  peine  si  l'on 
établit  quelque  chose  qui  ressemble  à  un  procès-verbal. 

Metternich  ne  creuse  pas,  n'approfondit  pas  les  questions.  11 
est  incapable  d'une  application  sérieuse,  et  croit  inutile  de 
fixer  son  attention  sur  aucun  suiet. 


939.  Londres,  30  octobre-17  novembre  1814  (F.  5.  4567  ad  3565). 

LIEVEN  à  NESSELRODE  {intercepta)  (en  français)  [Analyse). 

11  lui  a  envoyé  les  discours  du  Prince-Régent  et  le  prévient 
que  les  deux  Chambres  ont  voté  les  adresses. 

11  lui  fait  à  ce  propos  remarquer  la  résolution  prise  par  le 
Prince-Régent  de  pousser  vigoureusement  les  opérations  en 
Amérique,  l'incertitude  des  négociations  de  Gand  et  la  néces- 
sité de  maintenir  une  grande  partie  de  l'armée  sur  pied  de  guerre. 

Castelcicala(l)  a  eu  une  audience  particulière  pour  offrir  au 
Prince -Régent  les  remerciements  de  son  maître  à  propos  des 
félicitations  que  ce  prince  avait  adressées  au  Roi  de  Sicile, 
lorsqu'il  reprit  les  rênes  du  gouvernement. 


l.Castelcicala  Ruffo  (Fabrizio)  (1755-1852).  Diplomate  Napolitain,  plus  connu 
sous  le  nom  de  prince  de  Gastelcicala.  Entré  de  bonne  heure  dans  la  diplo- 
matie, ambassadeur  à  Londres  lorsque  la  révolution  française  éclata,  il  y 
resta  jusqu'en  1795,  époque  à  laquelle  il  fut  rappelé  à  Naples  pour  gérer  le  Dé- 
partement des  Affaires  étrangères  et  devint  l'un  des  membres  de  la  Junte 
d'Etat.  Il  accompagna  Ferdinand  IV  en  Sicile,  y  rosta  deux  ans,  jusqu'au 
moment  où  il  fut  chargé  par  lui  d'une  mission  secrète  auprès  du  Prince-Ré- 
gent.Nommé  en  1815  ambassadeur  à  Paris,  il  retourna  en  1816  à  Londres,  mais 
n'y  resta  que  le  temps  nécessaire  pour  conclure  un  traité  de  commerce, Des- 
titué en  1820  pour  avoir  refusé  de  reconnaître  la  Constitution,  il  continua  à 
s'intituler  Ambassadeur  des  Deux-Siciles  à  Paris.  La  Révolution  de  1830  ne 
changea  rien  à  la  position  de  Gastelcicala,  qui  mourut  du  choléra  à  Paris,  au 
mois  d'avril  1832. 


ï 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      621 

940.  Zurich,  20  novembre  1814  (F,  5.  4567  ad  3565). 

ADDINGTON  (1)  à  CANNING  (2)  {intercepta)  (en  anglais^ 

Sur  les  difficultés  douanières  entre  la  Suisse  et  la  France  et 
les  déclarations  du  comte  de  Talleyrand. 


I 


941.  Vienne,  30  novembre  (F.  5.  4567  ad  3565). 

Prince  Louis  d'ŒTTINGEN  (3)  à  RAUCH,  secrétaire  du  Prince 
d'CEttingen  (à  Vienne)  (sans  lieu  ni  date)  {intercepta  du  29  no- 
vembre). 

Reçu  ses  dépêches  1-2-3,  il  lui  enverra  sous  peu  des  instruc- 
tions verbales.  Jusque-là  être  prudent  et  ne  rien  signer.  Ne 
se  servir  des  pleins-pouvoirs  qu'à  la  dernière  extrémité,  et 
même  dans  ce  cas  établir  de  vive  voix  que  cela  ne  concerne 
que  le  Wurtemberg,  et  non  la  Bavière,  avec  laquelle  il  serait 
dangereux  de  traiter. 


942.  Vienne,  29  novembre  1814  (F.  I.  ad  3565). 

GOUPY,  chargé  d'affaires  de  S.  M.  la  REINE  d'ETRURIE 
et  Son  Ministre  plénipotentiaire  au  Congrès  (chiffon). 

Monsieur  le  Comte  (i),  je  n'ai  point  été  assez  heureux  pour 
obtenir  de  Votre  Excellence  l'audience  que  j'avais  sollicitée. 

Je  voulais  appeler  son  attention  sur  les  intérêts  d'une  famille 
auguste  que  ses  malheurs  lui  recommandent. 

1.  Addington  (H.\  secrétaire  de  la  légation  de  la  Grande-Bretagne  auprès 
de  la  Confédération  helvétique. 

2.  Stratford  Canning,  envoyé  extraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire  au- 
près de  la  Confédération  helvétique.  Diplomate  anglais,  parent  du  célèbre 
ministre  de  ce  nom.  Né  en  1786,  il  était  en  1814  ministre  plénipotentiaii-e  en 
Suisse  et  fut  accrédité  au  Congrès  de  Vienne.  Ambassadeur  à  Pétersbourg 
en  1824,  à  Constantinople  en  1827,  membre  de  la  Chambre  des  Communes  en 
1832,  il  retourna  à  Constantinople  en  1842  et  y  résida  avec  quelques  inter- 

iptions  jusqu'en  1858.  Il  revint  alors  en  Angleterre  où  il  vécut  jusqu'à  sa 
iort  en  1880. 

,3.  CEttingen-Spielberg  (Jean-Aloïs  III,  prince  d'),  né  en  1788,  avait  succédé 
json  père  en  1797,  11  avait  épousé  en  1813  la  princesse  Amélie  de  Wrede- 
4.  Probablement  le  comte  de  Nesselrode. 


622  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Qu'il  me  soit  permis  du  moins  d'espérer  que  Votre  Excel- 
lence voudra  bien  prendre  en  considération  la  note  que  j'ai 
l'honneur  de  lui  adresser  et  contribuer  à  rendre  à  Sa  Majesté 
la  justice  qui  Lui  est  due. 

Je  suis  avec  respect,  etc.,  etc.. 


943.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.  4907   ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  2  décembre  1814. 


944.  Vienne,  l"  décembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

0...  à  HAGER  (en  français). 
Le  sort  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe  est  décidé. 

Les  Polonais  croient  que  le  sort  de  leur  "patrie  est  bien  dé- 
cidé en  ce  moment.  Ils  me  disent  que  le  retour  de  la  Saxe  vers 
son  roi  légitime,  décidé  avant  quelques  jours  par  les  Souve- 
rains coalisés,  avait  décidé  en  même  temps  le  sort  de  laPologne 
qui  sera  partagée  entre  les  trois  puissances  limitrophes. 

Ils  prétendent  même  qu'Alexandre  a  déjà  dépêché  un  cour- 
rier au  Roi  de  Saxe  pour  annoncer  à  ce  dernier  sa  confirmation 
sur  le  trône  de  Saxe. 

Rien  n'a  été  si  désavantageux  pour  l'Autriche  que  la  révo- 
cation de  la  loi,  par  laquelle  les  seigneurs  polonais  étaient 
obligés  de  déclarer  dans  un  terme  fixé,  sous  quel  des  trois  gou- 
vernements ils  voudraient  vivre  à  l'avenir  et  de  se  défaire  des  i 
terres  qu'ils  possédaient  dans  les  provinces  tombées  en  par- 
tage aux  autres  puissances. 

Mais  sous  le  titre  de  «  sujet  mixte  »,  chacun  parvient  à  sel 
procurer  facilement  des  passeports  et  peut  courir  librement! 
tout  le  pays  polonais.  De  là,  leur  libre  ralliement  sur  tous  les! 
points  révolutionnaires  et  la  facilité  de  se  communiquer  toutesi 
les  menées  de  l'intrigue.  Le  gouvernement  même  est  paralysé! 
dans  sa  vigilance  et  ne  peut  refuser  souvent  un  passeport  à  bj 
personne  la  plus  suspecte. 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA   SAXE   ET   LA   POLOGNE      G23 

945.  Vienne,  1"  décembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565), 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Réponse  énergique  de  Wrede  à  Stein  et  nouvelles  diverses  sur 
Napoléon.  Marie-Louise  et  Murât. 

Les  Bavarois  ont  pour  le  moment  l'air  d'agir  en  faveur  de 
l'Autriche.  D'après  des  lettres  dont  les  auteurs  sont  tout  à  fait 
dignes  de  foi,  la  Bavière  aurait  poussé  30.000  hommes  sur  la 
frontière  du  Nord-Est  et  cette  démonstration  pourrait  bien  être 
la  cause  de  la  modération  et  du  silence  des  Prussiens.  Stein  a 
tout  récemment  essayé  de  faire  valoir  les  prétentions  de  la 
Prusse  sur  Ansbach  et  sur  Bayreuth  et  de  sonder  Wrede  qui 
lui  a  répondu  que  :  «  Pour  faire  passer  à  la  Prusse  toute  vel- 
léité de  vouloir  revenir  à  la  charge  sur  ces  questions,  la  Bavière 
s'employera  de  toutes  ses  forces,  à  ce  que  la  Saxe  reste  un 
royaume  indépendant,  afin  de  couvrir  ainsi  sa  frontière  du 
Nord.  » 

Langenau  va  souvent  chez  Wrede,  chez  lequel  il  reste  long- 
temps. 

Il  s'agit,  paraît-il,  d'une  nouvelle  organisation  de  l'armée 
autrichienne,  au  sujet  de  laquelle  il  consulte  Wrede.  Il  règne 
du  reste  un  accord  parfait  entre  les  Autrichiens  et  les  Bavarois. 

Ceux-ci  continuent  cependant  à  détester  Schwarzenberg. 
Ils  affirment  que  leur  roi  aurait  tenu  une  tout  autre  conduite 
er^  1809,  si  on  lui  avait  envoyé  Wessenberg  ou  Stadion,  tan- 
dis qu'au  contraire  Schwarzenberg  aurait  dès  les  premiers 
mots  offensé  le  Roi, 

On  se  reprend  à  parler  du  départ  prochain  des  souverains 
d'ici  au  12  de  ce  mois  et  de  la  fin  du  Congrès,  On  dit  que 
Metternich  deviendra  chancelier  d'Etat  ;  que  Napoléon  va  être 
déporté  ailleurs  ;  que  le  mariage  de  Marie-Louise  sera  annulé  ; 
qu'il  y  aura  du  changement  à  Naples  et  qu'on  modifiera 
l'ordre  de  succession  en  Suède.  Bernadotte  renoncera  à  ses 
droits  en  faveur  du  fils  de  Gustave-Adolphe  (1). 


1.  Il  s'agit  ici  du  fils  de  l'ex-Roi  de  Suède  Gustave  IV,  qui  précisément  en 
novembre  1814  adressa  au  Congrès  de  Vienne,  par  l'intermédiaire  de  Sidney 
Smith,  une  déclaration  dans  laquelle  il  protesta  contre  le  bruit  d'après  lequel 
il  aurait  abdiqué  au  nom  de  son  fils,  le  prince  Gustave  Wasa.Cf.  d'ANGBOERG, 
I7fi. 


624  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

Talleyrand  fait  répandre  le  bruit  que  Murât  a  envoyé  à 
Louis  XVIII  deux  agents  qui  ont  proposé  à  Jaucourt  (1)  de 
servir  la  France,  si  on  consentait  à  reconnaître  Murât  pour  roi 
de  Naples. 


946.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  représentants  des  princes  allemands  avaient  conçu  le 
projet  de  remettre  aux  cabinets  de  Vienne  et  de  Berlin  une 
note,  dans  laquelle  ils  se  seraient  prononcés  pour  la  restitution 
de  la  Saxe  à  son  Roi.HumboIdt  a  fait  venir  l'un  d'entre  eux 
hier  chez  lui.  11  lui  a  déclaré  que  le  Roi  de  Prusse  considére- 
rait une  telle  note  comme  une  attaque  directe  contre  lui  et  lui 
a  conseillé  de  communiquer  cet  avis  officieux  aux  amis  qu'il  a 
parmi  ces  représentants  et  de  les  inviter  à  en  tenir  compte.  On 
a  naturellement  renoncé  à  la  rédaction  de  la  note  en  question. 

Humboldt  a  de  plus  fait  connaître  à  un  ministre,  que  son  Roi 
avait  été  désagréablement  affecté  par  la  première  note  des 
princes,  dans  laquelle  ils  s'étaient  déclarés  partisans  du  réta- 
blissement de  la  dignité  impériale. 


947.  Vienne,  l"  décembre  1814  (F.  5.4907  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Les  offres  de  Murât  à  Louis  XVIII.  La  lettre  à  Marie-Louise. 

Les  partisans  de  Ferdinand  IV  prétendent  que  Murât  a  en- 
voyé  à  Paris  deux  agents  pour  traiter  avec  Louis  XVIII  et 
offrir  de  chasser  même  les  Autrichiens  d'Italie,  si  la  France 
voulait  le  reconnaître  pour  roi  de  Naples  (2). 

1.  Cf.  Pièce  947  et  Jaucourt.  Correspondance,  etc.,  p.  86. 

2.  Cf.  Jaucourt.  Correspondance  avec  Talleyrand.  Dépêche  à  Talleyrand  d« 
16  novembre  1814.  Dernier  paragraphe,  p.  86  et  Jaucourt  à  Talleyrand,  Paria 
le  27  novembre  1814,  p,  96-97.  Cf.  Pallain.  Correspondance  inédite  de  Talle^ 
randet  de  Louis  XVIII,  Vienne,  30  novembre  1814,  p.  155. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   625 

Les  mêmes  disent  que  Marie-Louise  a  reçu  dernièrement 
une  lettre, dans  laquelle  Murât  lui  disait  :  «La  France  et  l'Es- 
pagne vont  me  déclarer  la  guerre.  Tout  le  monde  paraît  cons- 
pirer contre  moi.  Qu'ils  viennent! Qui  sait  si  la  Providence  ne 
m'a  pas  destiné  à  venger  tous  les  torts  qu'on  a  fait  à  notre 
famille.  » 

Le  marquis  de  Saint-Clair  (1)  est  le  premier  qui  venant  de 
la  Corse  a  porté  cette  nouvelle  à  ses  collègues  de  Sicile. 


% 


948.  Vienne,  1"  décembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 


(eux  partis  en  Prusse.  Les  enragés  et  les  Germains.  La  Russie,  son  influence 
et  son  dang.îr.  Le  Roi   plus  Russe  qu'Allemand.  Le  prince  Henri  refuse 
le  gouvernement  de  la  Saxe- 

Il  existe  deux  partis  en  Prusse  et  même  parmi  les  Prussiens 
qui  sont  ici.  L'un  est  des  Prussiens  enragés,  qui  pour  agrandir 
la  Prusse  escaladeraient  le  ciel  et  n'épargneraient  ni  crimes  ni 
vertus.  Celui-ci  veut  la   Saxe  à  tout  prix,  et  puis  il  voudrait 
tout  le  Nord  de  l'Allemagne,  visant  en  même  temps  à  conquérir 
le  Midi.  L'autre  est  des  Prussiens  Germains,  plutôt  Allemands 
que    Prussiens.  Ils  voudraient  une   Allemagne  forte,  inatta- 
quable et  regardée  comme  la  patrie  générale  et  véritable  de  tout 
3e  qui  parle  allemand.  Ils  ne  cessent  pas  pour  cela  d'être  Prus- 
siens ;  mais  leur  principe  est  d'être  plutôt  forts  de  l'influence 
)russienne  en  Allemagne  que  de  la  force  intrinsèque  de  la 
*russe.  Ils  détestent  la  réunion  forcée  autant  qu'injuste  de  la 
ixe  à  la  Prusse  et  frémissent  de  cette  idée  qui  dépopularise 
îs  Prussiens  en  Germanie  et  leur  fait  faire  l'acquisition  d'un 
lillion  de  rebelles  au  lieu  de  sujets  et  les  affaiblit  par  là  plu- 
^t  que  de  les  renforcer. 

Ils    sentent   aussi   que    l'approche    et    l'augmentation    des 
)rces  de  la  Russie  les  rend  tôt  ou  tard  les  esclaves  de  cette 


1.  Précepteur  du  prince  Léopold  des  Deux-Siciles,   Saint-Clair,  qui    avait 
îompagné  le  prince  et  sa  mère  Marie-Caroline,  devint  quelques  mois  plus 
rd  le  premier  ministre  de  la  Guerre  de  Ferdinand  IV,  lors  de  son  retour  i 
tapies.  Cf.  annexe  XXIU. 

T.  I.  40 


626  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

puissance  slave  qui  menace  toute  l'Allemagne,  si  on  la  laisse 
faire. 

Bartholdi  est  de  ce  nombre,  et  bien  d'autres  qui  n'osent  pas 
se  prononcer  de  peur  de  perdre  leur  charge  auprès  du  Roi, 
qui  tient  à  Alexandre  plus  qu'il  ne  le  faudrait  pour  ses  inté- 
rêts véritables. 

Je  sais  qu'à  Berlin  ce  parti  remue  et  n'épargne  pas  le  Roi, 
qui  risque  beaucoup,  s'il  s'entête  à  être  plutôt  Russe  qu'Alle- 
mand. 

On  a  dit  hier  parmi  les  diplomates  que  le  prince  Henri  (1), 
nommé  par  le  Roi  gouverneur  de  la  Saxe,  avait  écrit  au  Roi 
que  «  quoiqu'il  n'entre  pas  dans  la  politique,  sa  conscience  et 
«  ses  principes  ne  lui  permettent  pas  d'accepter  la  charge  que 
«  Sa  Majesté  avait  daigné  lui  confier  en  Saxe  et  qu'il  priait 
«  Sa  Majesté  de  l'en  dispenser  ». 


949.  Berlin,  19  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

SECKLER  (?)  au  Roi  de  WURTEMBERG  (intercepta). 

La  cession  de  la  Saxe  encore  douteuse. 
Le  grand  caractère  du  Roi  de  Saxe  admiré,  même  à  Berlin. 

La  lenteur,  avec  laquelle  on  procède  à  l'installation  en  Saxe 
de  l'administration  provisoire  prussienne,  prouve,  à  elle  seule, 
que  la  cession  est  loin  d'être  décidée.  Même  ici,  où  on  désire | 
fortement  cette  cession,  le  Roi  de  Saxe  a  trouvé  des  défenseurs] 
et  des  admirateurs. 

Le  Roi  de  Saxe  donne  au  milieu  de  tous  ces  événements  une| 
nouvelle  preuve  de  son  grand  caractère  et  de  son  énergie. 

Il  se  refuse  absolument  à  rien  signer.  Il  déclare  qu'on  nel 
peut  pas  avoir  perdu  un  trône,  auquel  on  n'a  pas  renoncé  vo-l 
lontairement  et  librement. 


I 


1.  Prince  Henri  de  Prusse,  frère  de  Frédéric-Guillaume  IIL 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   627 

950.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

Comtesse  de  REGHBERG  à  son  père  (à  Ratisbonne)  (intercepta 

(en  français)' 

La  solution  de  l'affaire  de  Saxe  remise  en  question  et  ajournement  probable 
pour  cette  i-aison  du  départ  des  Souverains. 

Ce  que  je  vous  avais  dit  dans  ma  dernière  n'était  pas  sans 
fondement.  On  paraissait  se  rapprocher.  Les  propositions  extrê- 
mement modérées,  qu'on  avait  faites  de  la  part  d'ici,  faisaient 
espérer  un  arrangement.  Il  s'agissait  de  conserver  non  un 
Royaume,  mais  un  Duché  de  Saxe  qui  devait  compter  de 
5  à  600.000  âmes. 

La  Prusse  même  avait  paru  vouloir  céder.  On  en  désespère 
aujourd'hui  de  nouveau.  Le  Roi  croit  s'être  engagé  vis-à-vis 
de  la  nation  saxonne  à  soutenir  son  intégrité  et  paraît  ne  pas 
vouloir  souscrire  à  un  partage.  D'ailleurs  il  était  bien  douteux 
que  le  Roi  de  Saxe  eut  consenti  à  cet  arrangement. 

On  croit  dans  le  public  que  la  réunion  des  Souverains  touche 
à  sa  fin.  On  veut  savoir  qu'Alexandre  a  donné  les  ordres  que 
ses  équipages  soient  prêts  le  15  décembre.  Cependant  la  tour- 
nure des  affaires  et  quelques  propos  du  Roi  de  Prusse  paraissent 
émentir  cette  croyance. 


►1.  Londres,  6-18  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

(EVEN   à   NESSELRODE  (intercepta)  (en  français)  (analyse). 

opérations  militaires  en  Amérique.  Effet  produit  en  Angleterre  par  les 
arrestations  faites  à  Paris.  Conseil  donné  à  Louis  XVIII. 

[Confirmation   du   désastre  de  la  flotte  anglaise  sur  le  lac 

lamplain  (1). 

<  Je  ne  vous  laisserai  pas  ignorer  que  les   récentes  arres- 
jrtions  à  Paris  (2)  ont  causé  quelque  alarme  dans  le  cabinet. 

Cf.  pour  l'affaire  du  lac  Champlain,  Annual  Rkgister,  Ifili.  Appeiidix  to 
■^hronicle  (pages  215-218),  le  rapport  du  capitaine  Pring  au  Gommodoie  Sir 
l.-L.  Yeo,  en  date  de  Champlain  le  12  septembre  1814. 
2.  Pour  les  arrestations,  leur  caractère  et  le  rôle  joué  par  le  général  Du- 

f,  cf.  la  dépêche  de  Boutiaguine  à  Nesselrode  de  Paris  8  novembre  (Polovt- 
,  I.  113^ 


628  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Cette  alarme,  ainsi  que  l'intérêt  que  cette  Cour  prend  à  la  cause 
du  Roi  de  France,  se  manifeste  dans  l'avis, que  je  sais  avoir  été 
donné  par  le  Gouvernement  Britannique  à  Sa  Majesté  Très 
Chrétienne,  d'éviter  de  tenir  la  famille  royale  réunie  à  Paris, 
mais  de  faire  résider  alternativement  les  princes  dans  diffé- 
rentes parties  du  Royaume.  Cette  mesure  obvie  au  danger 
d'exposer  la  dynastie  régnante  dans  le  cas  de  quelque  catas- 
trophe à  Paris  ». 


952.  Paris,  21  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

OELSEN  (l)à  HARDENBERG  (m/erce/)/a) (sous couvert  de  Goltz) 

(analyse). 

On  attend  le  retour  de  Talleyrand  à  Paris  pour  se  prononcer 
sur  les  affaires  de  réclamations. 


953.  Paris,  21  novembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565). 

GOLTZ  à  HARDENBERG  (intercepta)  (analyse). 

Il  rend  compte  de  son  audience  du  15  chez  Louis  XVIII,  qui 
lui  a  demandé  des  nouvelles  du  Roi. 

«  Le  comte  d'Artois  m'a  dit  que  le  long  voyage,  qu'il  venait 
«  de  terminer,  avait  beaucoup  contribué  au  rétablissement  de 
«  sa  santé,  parce  qu'il  avait  recueilli  partout  des  témoignages 
»  sincères  de  dévouement  à  la  famille  royale. 

«  Vincent  attend  ses  lettres  de  créance,  et  l'ambassadeur 
«  d'Angleterre  n'a  pas  encore  de  réponse  à  la  note  qu'il  a 
«  remise  au  Ministère  français  pour  appuyer  la  réclamation 
«  de  la  banque  de  Hambourg.  »  (Le  reste  dans  un  nouveau 
chiffre  illisible.) 


1.  De  la  Légation  de  Prusse  à  Paris.  Il  paraît  qu'il  habitait  chez  Edmij 
ie  Talleyrand. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   629 

954.  Madrid,  10  septembre  1814  (F.  5.  4907  ad  3565;. 

WERTHER  à  HARDENBERG(m/ercepffl)  (analyse). 

Sur  l'affaire  Casa  Flores  (l),sur  Tenvoi  d'une  expédition  au 
Mexique  ;  sur  la  note  remise  à  la  Cour  d'Espagne  par  le  prince 
de  Canosa  au  nom  de  Ferdinand  IV  (2)  et  sur  les  instructions 
données  à  Labrador. 


955.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4598  ad  3565). 

HAGER  à  1  ExMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  3  décembre  1814). 
Rapport  à  Hager,  Vienne,  2  décembre  (F.  5.  4578  ad  3595). 

Envoi  d' intercepta  pris  :  chez  Stackelberg  :  lettre  à  Stein  ; 
chez  Humboldt,  paquets,  l'un  pour  Dalberg,  l'autre  pour 
Radziwill  ;  deux  lettres,  une  au  professeur  Olmer,  l'autre  au 
major  Hedemann  ;  plus  papiers  divers  tirés  de  son  bureau. 

Chiffons  et  papiers  pris  chez  Tallejrand,  Bogne  de  Faye  et 
Dalberg. 

Rapport  sur  les  dîners  donnés  par  Wrede,  avec  la  liste  de 
ses  invités  et  une  note  sur  la  continuation  de  ses  conférences 
chez  le  grand-duc  de  Bade. 

Intercepta  (F.  5.  4597  ad  3535)  :  une  lettre  de  Wintzinge- 
rode  à  Dalberg  (qui  a  paru  au  Baron  Hager  de  nature  à  inté- 
resser si  vivement  Metternich  qu'il  la  lui  a  transmise  directe- 
ment). 


1.  Casa  Flores  s'était  de  sa  propre  autorité  permis  do  faire  arrêter  Mina, 
qu'il  tenait  enfermé  chez  lui.  Le  gouvernement  français  l'obligea  à  le  mettre 
en  liberté  et  donna  l'ordre  à  Casa  Flores  de  quitter  immédiatement  Paris. 

2.  Cf.  BiANCo.  La  Sicilia  durante  l'occupazione  Inglese,  page  241.  Instruc- 
tions et  notes  adressées  au  prince  de  Canosa,  ministre  de  Ferdinand  IV  à 
Madrid,  pour  demander  à  l'Espagne  de  travailler  au  renversement  de  Murât. 


630  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

956.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.  4590  ad  3565). 

00  à  HAGER. 

On  parle  beaucoup  du  Mémoire  (1),  dans  lequel  lord  Castle- 
reagh  aurait  déclaré  que  :  «  Ce  n'est  pas  pour  détrôner  le  Roi 
de  Saxe  que  l'Angleterre  a  fait  la  guerre.  » 


957.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3565)- 

H...  à  HAGER  (en  français). 

La  Prusse  et  la  Russie  s'entendent  et  tiennent  bon  sur  la 
Pologne  et  la  Saxe,  surtout  à  cause  du  peu  d'énergie  de  l'Au- 
triche. 

Rechberg  et  Wolkomky  ont  déclaré  en  ma  présence  que  les 
puissances  du  Nord  ne  songent  pas  à  risquer  une  guerre,  mais 
qu'elles  comptent  sur  la  mollesse  et  la  tiédeur  de  TAutriche. 
La  Prusse,  tout  en  ayant  l'air  de  vouloir  céder,  pousse  la  Rus- 
sie à  la  résistance  et  c'est  le  parti  d'Humboldt,  dont  font  par- 
tie tous  les  conseillers  du  cabinet  d'Etat,  qui  l'emporte  sur 
Hardenberg,  toujours  très  modéré  et  pacifique.  Tout  dépend 
donc  de  la  Russie,  qui  ne  cédera  que  devant  une  attitude  réso- 
lue de  l'Autriche. 


958.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3565). 

00   à   HAGER 

Marie-Louise  a  fait  appeler  ses  domestiques  français  et  les 
a  prévenus  qu'ils  rentreraient  en  France  à  la  fin  du  mois. 

Par  ordre  de  S.  M.  l'Empereur,  cette  surveillance  est  sus- 
pendue momentanément  et  jusqu'à  nouvel  ordre. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG  (493-494).  Dépêche  de  lord  Castlereagh  au  Comte  de  Li- 
verpool  au  sujet  de  la  négociation  du  prince  de  Hardenberg  avec  l'Empe- 
reur Alexandre,  relative  à  la  Pologne.  Vienne,  5  décembre  1814.  Cf.  Talley- : 
rand  au  Roi.  Dépêche  n"  15.  Vienne,  7  décembre  1814,  p.  167. 


I 


l'ouverture    du   congrès.   —   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      631 
959.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3586). 

ee  à  HAGER 

La  Harpe  s'est  rendu  hier  chez  Dalberg  et  a  été  avec  lui  chez 
lord  Stevv^art,où  se  tint  une  conférence  qui  dura  de  il  heures 
à  2  heures  et  à  laquelle  ont  assisté  Stein,  Gapo-d'Istria  et 
Canning. 

Dalberg  m'a  dit  au  cours  d'une  longue  conversation  :  «  Il 
m'est  arrivé  quelque  chose  de  bien  singulier  avec  mon  cama- 
rade de  l'Université  de  Gœttingen,  H.  Woina,de  Varsovie.  Les 
Russes  ont  saisi  et  lu  notre  correspondance,  dans  laquelle  tous 
deux  nous  étions  d'accord  pour  insister  sur  la  nécessité  de 
rétablir  un  royaume  indépendant  et  héréditaire  de  Pologne 
avec  les  frontières  qu'il  avait  après  le  premier  partage,  ou, 
dans  le  cas  contraire,  de  restituer  à  chacune  des  trois  puissances 
les  territoires  qu'elles  avaient  après  le  deuxième  partage. 

«  Gzartoryskiest  venu  ces  jours-ci  chez  nous.  Il  a  apporté  les 
lettres  qu'on  avait  saisies  et  a  fait  un  vacarme  infernal.  Tal- 
leyrand  et  moi,  nous  l'avons  envoyé  promener  en  lui  disant 
qu'il  devrait  avoir  honte  de  faire  état  dans  des  négociations 
diplomatiques  et  officielles  de  lettres  qu'on  avait  réussi  à  se 
procurer  par  de  tels  moyens.  » 


960.  Berne,  36  novembre  1S14  (F.  5.  4578  ad  3565). 

M"»*  de  HUMBOLDT  (1)  à  HEDEMANN  (Vienne) 
(intercepta)  (en   français). 

La  Prusse  doit  avoir  la  Saxe.  Plutôt  la  guerre  qu'y  renoncer.  Les  armements 
de  la  Bavière.  L'immixtion  do  la  France  dans  les  affaires  d'Allemagne.  La 
responsabilité  de  Metternich. 

J'espère  toujours  que,  grâce  à  la  protection  de  Dieu,  tout  finira 
bien,  mais  hélas!  pas  aussi  vite  que  cela  aurait  pu  et  dû  l'être. 
On  voit  maintenant  bien  clairement  ce  que  veulent  des  hom- 
mes aussi  loyaux,  aussi  droits,  aussi  clairvoyants  qu'Harden- 
berg  et  Humboldt,  et  je  vous  prie  de  me  dire  bien  vite  que  la 

1.  M™«  de  Humboldt,  née  de  Dachroeden  (1771-1829),  avait  épousé  Guil- 
laume de  Humboldt  en  1791. 


632  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Saxe  sera  à  nous.  Au  point  où  en  sont  les  choses,  nous  ne 
pouvons  pas  reculer.  Plutôt  la  guerre  qu^un  tel  malheur  1  Pour 
le  bonheur  de  l'Allemagne,  il  faut  que  la  Prusse  ait  ce  pays, 
auquel  elle  seule  peut  garantir  la  liberté. 

Est-il  vrai  que  la  Bavière  arme  en  masse  ?  Si  oui,  comment 
peut-on  tolérer  pareille  chose  !  Les  deux  princes  royaux  de 
Bavière  et  de  Wurtemberg,  tout  pleins  des  idées  françaises  (1), 
sont  un  danger  pour  l'Allemagne.  Enfin  comment  tolère-t-on 
que  la  France  se  mêle  des  affaires  d'Allemagne  ?  Cette  honte 
vient  uniquement  de  la  remise  perpétuelle  des  solutions,  et 
c'est  Metternich  qui  en  est  la  cause  et  qui  doit  en  être  rendu 
responsable.  L'esprit,  l'intelligence  n'est  pas  tout.  La  conscience, 
voilà  ce  qui  est  essentiel  pour  un  homme  d'Etat. 


961.  Vienne,  2  décembre  1814  (F.  5.4597  ad  3565). 

STAGKELBERG  à  ITALINSKI  (2)  (à  Constantinople) 
Kpar  la  police)  {intercepta)  (en  français) 

Gênes,  le  Piémont,  la  France,  Saxe,  Danemarck,  Suède,  Norvège. 

La  déclaration  au  sujet  de  Gênes,  dont  je  vous  ai  parlé, est 
le  seul  résultat  jusqu'ici  (Composition  du  Comité  qui  réglera 
le  mode  d'incorporation  à  la  Sardaigne). 

La  France  demande  que  cet  arrangement  n'ait  d'effet  que 
lorsqu'on  sera  d'accord  sur  les  affaires  d'Italie.  En  attendant^ 
on  peut  croire  à  une  occupation  provisoire  de  l'Etat  de  Gênes 
par  les  troupes  sardes,  à  l'instar  de  ce  qui  s'est  fait  en  Saxe, 
qui  est  évacuée  par  nos  troupes  et  où  l'administration  provi- 
soire est  établie. 

Le  Holstein  est  réoccupé  par  les  Danois,  et  après  l'heureuse 
tournure  des  affaires  de  Norvège,  il  ne  reste  plus  à  régler  que 
la  compensation  à  offrir  au  cabinet  de  Copenhague. 

Il  semble  qu'on  rencontrera  quelques  difficultés,  la  Cour  de 
Suède  ne  se  montrant  pas  décidée  à  la  cession  de  la  Poméranie  ; 
mais  la  légitimité  des  droits  du  Danemark  les  aplanira  bientôt 

1.  M""  de  Humboldt  prête  lààces  deux  princes  des  sentiments  qu'ilsétaie 
bien  loin  d'avoir. 

2.  Italinski  (André-Yakovlevitch)à  ce  moment  minisire  de  Russie  à  Cot 
tantinople,  puis  en  1817  à  Rome. 


l'ouverture   du    congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      633 

962  J  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  4  décembre  (F.  5.  4929  ad  3565). 

Envoi  à.' intercepta^  nombreux,  mais  peu  intéressants,  des  2 
et  3  décembre,  du  Roi  de  Wurtemberg  et  de  Stackelberg,  rela- 
tifs à  l'état  de  santé  d'Alexandre  et  de  papiers  {chiffons)  ra- 
massés chez  Dalberg,  Noailles,  et  La  Tour  du  Pin. 

On  a  réussi  à  intercepter  ce  matin  les  pièces  que  Wrede  a 
fait  porter  par  son  aide  de  camp  chez  le  baron  de  Linden,  mi- 
nistre de  Wurtemberg.  On  a  intercepté  également  les  envois 
de  Rechberg  à  Wrede. 


963.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565. 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Les  sympathies  autrichiennes  de  Rechberg.  Le  Roi  de  Bavière  et  l'alliance 

avec  l'Autriche. 

Rechberg  est,  et  a  toujours  été,  un  partisan  et  un  ami  de 
l'Autriche.  Il  l'est  encore  plus  maintenant  et  ne  se  gêne  pas 
pour  dire,  qu'il  est  temps  pour  le  monde  de  se  débarrasser  de 
la  Russomanie  et  de  la  Prussomanie .  Lui  et  son  Roi  veulent 
une  alliance  intime  avec  l'Autriche. 


964.  Vienne,  3  décembre  1U4  (F.  5.  4939  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

La   Prusse  rejette    sur    Alexandre   la    responsabilité    de   sa    politique.  Les 
ministres  des  princes  allemands  et  leurs  inquiétudes  au  sujet  de  l'Autriche. 

Les  Prussiens,  voyant  que  leur  ambition  et  leurs  appétits 
éloignent  d'eux  toute  l'Allemagne,  prétendent  maintenant  que 
c'est  Alexandre  qui  leur  a  donné  Tordre  formel  de  suivre  cette 
marche  politique  et  d'exiger  la  Saxe.  Quand  on  leur  prouve 
le  contraire,  ils  font  les  bons  apôtres  et  se  plaignent  de  voir 
qu'on  met  en  doute  leurs  bonnes  intentions. 


634  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Les  Ministres  des  princes  allemands  (1)  sont  inquiets  et 
surtout  mécontents,  parce  quils  craignent  de  ne  pas  être  sou- 
tenus par  TAutriche.  Us  sont  presqu'unanirnes  à  déclarer  que, 
sans  un  chef  à  sa  tête,  la  Confédération  ne  peut  avoir  une  exis- 
tence utile. 


965.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

...   à  HAGER  (en  français). 

Eugène  et  Alexandre.  Changement  d'attitude  de   Marie-Louise  depuis  son 
arrivée.  Son  caractère.  Le  Congrès  et  le  désaccord  général. Les  Légations. 

Le  prince  Eugène  compte  beaucoup  sur  Alexandre  qui  lui 
témoigne  de  plus  en  plus  d'amitié. 

D'après  le  dire  d'Arnay,  Marie-Louise,  encore  attachée  à 
Napoléon  lors  de  son  arrivée  ici,  a  complètement  changé  depuis 
lors.  Elle  est  bonne,  mais  n'a  ni  caractère  ni  énergie.  Elle  est 
très  insouciante,  même  en  ce  qui  a  trait  à  son  avenir,  et  c'est 
seulement  ces  jours-ci  qu'elle  a  écrit  à  Alexandre  pour  le  prier 
de  défendre  ses  intérêts. 

Pour  le  Congrès,  les  Grandes  Puissances  sont  loin  d'être 
d'accord  et  les  petits  princes  d'Allemagne  protestent,  de  leur 
côté,  contre  les  projets  des  grandes  Puissances. 

D'Arnay  ne  comprend  pas  que  l'Autriche  n'ait  pas  exigé 
l'établissement  de  la  Régence  de  Marie-Louise  en  France,  ce 
qui  l'aurait  placée  à  même  de  s'opposer  aux  prétentions  des 
autres  Puissances. 

Fava  et  Squarzoni  vont  partir  très  inquiets  du  sort  des  Lé- 
gations qu'ils  craignent  de  ne  pas  voir  revenir  au  Pape. 


966.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565  . 

TIMON  au  HOFRATH    BRESSLER  (à  Paris) 
{intercepta)  (analyse). 

Il  le  plaint  d'être  à  Paris,  mais  malgré  les  fêtes  qu'on  donne 
ici,  cela  ne  marche  guère.  «  Voilà  trois  mois  que  nous  sommes  SI 
ici  et  nous  en  sommes  toujours  au  même  point.  » 

1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n"  15  du  7  décembre  (p.  168)  et  Dépê- 
che n"  16  du  15  décembre  (pages  175  à  178). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   635 

967.  Vienne,  3  décembre  (F.  5.  4939  ad  3565). 

HEILMANN  à  son  père  (à  Sienne)  (intercepta)  (analyse) 

Les  affaires  ont  Tair  d'aller  mieux.  Wessenberg  les  a  re- 
prises en  main.  On  a  déjà  eu  trois  séances  pour  la  Suisse  (1), 
et  les  grandes  affaires  semblent  prendre  une  meilleure  tournure. 


968.  Vienne,  3  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

LCEWENHIELM  à  HARDENBERG  et  à  NESSELRODE 
[inlercepla)  (en  français)  (analyse). 

Il  renouvelle  la  réclamation  de  la  Suède,  qui  demande  à  tou- 
cher sa  part  des  contributions  levées  dans  les  pays  conquis  et 
administrés  par  les  puissances  alliées,  en  conformité  de  la-  Con- 
vention de  Leipzig,  du  22  octobre  1813  (2). 

Il  demande  de  plus  communication  des  conventions  passées 
par  les  agents  de  Russie  et  d'Autriche  avec  les  autorités  belges 
et  françaises. 

969.  Livourne,  28  novembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 
GEBHARDT(3)  à  PIQUOT  (à  Vienne)  {intercepta)  (en  français). 

Conversation  de  Napoléon  avec  un  membre  du  Parlement.  Marie-Louise, 
Joséphine,  Marmont,  la  France  et  les  Bourbons.  Le  divorce  avec  Marie- 
Louise. 

Notre  voisin,  l'Insulaire,  continue  à  attirer  beaucoup  de  cu- 

1.  Cf.  d'ANGEDBRG.  Troisième  protocole  du  Comité  des  affaires  de  Suisse 
(30  novembre  1814),  pages  466-476  et  quatrième  protocole  du  même  Comité 
(2  décembre  1814;  page  492.) 

2.  Cf.  d'ANGEBERG.  Conveutiou  entre  les  Puissances  alliées  sur  les  mesures 
à  prendre  pour  la  réunion  de  toutes  les  forces  disponibles  en  Allemagne  si- 
gnée à  Leipzig  le  21  octobre  1813  (pages  60  63;. 

3.  On  relève  dans  un  Almanach  du  département  de  la,  Méditerranée  pour 
l'an  1813,  publié  à  Livourne  chez  Alanget  fils,  libraire  (qu'on  peut  consulter 
hVArchivio  Storico  Ciitadino  de  cette  ville) le  nom  d'un  certain  François Geb- 
hart,  Bonhôte,  vice-consul  de  Prusse  à  Livourne.  Cet  individu,  ainsi  qu'il  ré- 
sulte de  l'examen  des  Almanachs  de  la  Toscane,  conservés  à  ces  mêmes 
Archives,  exerça  ces  fonctions  jusqu'en  1828,  époque  à  laquelle  il  eut  pour 
successeur  Cari  Gebhardt,  qui  lui-même  fut  remplacé  en  1831  par  un  nommé 
Cari  Stechling  (renseignement  dû  à  l'obligeance  de  M.  Osvaldo  Testi,  Assis- 
tente  &\VArchivio  Storico  Cittadino  de  Livourne). 


636  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

rieux.  Un  membre  du  Parlement  (1)  anglais,  du  parti  de  TOppo- 
sition,a  eu  dernièrement  avec  lui  une  conversation  de  quatre 
heures,  au  cours  de  laquelle  il  n'a  jamais  mentionné  l'Impéra- 
trice Marie-Louise,  mais  a  fait  beaucoup  d'éloges  de  feu  l'Im- 
pératrice Joséphine. 

«  Que  pensez-vous,  a  dit  Napoléon  à  l'Anglais,  de  mon  sys- 
tème de  finances?  » 

«  Qu'il  était  très  mauvais  ». 

«  Je  ne  m'en  suis  que  trop  aperçu,  a  repris  Napoléon,  et  j'ai 
été  à  cet  égard  cruellement  trompé  par  mes  Ministres.  » 

Il  dit  être  résigné  à  son  sort  et  que,  comme  soldat  de  for- 
tune, il  est  revenu  à  peu  près  au  point  d'où  il  était  parti. 

Ce  qu'il  dit  l'avoir  affligé  le  plus,  c'est  ce  qu'il  appela  l'in- 
gratitude et  la  défection  du  maréchal  Marmont. 

«  J'avais,  a-t-il  dit  enfin,  un  grand  but  pour  lequel  j'aurais 
sacrifié  cinq  millions  aussi  bien  que  cinq  hommes.  » 

Il  n^a  pas  d'opinion  des  Bourbons  et  dit  qu'il  n'y  en  a  aucun 
qui  ait  assez  de  talent  pour  régner  sur  les  Français,  de  sorte 
qu'il  y  aura  nécessairement  une  nouvelle  révolution. 

Si  le  grand  divorce,  dont  quelques  gazettes  font  mention,  a 
lieu,  je  pense  qu'il  n'y  aura  plus  de  motifs  de  parler  de  cet 
homme  malheureusement  si  célèbre. 


970.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUK 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  5  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

Envoi  de  pièces  interceptées  le  4,  parmi  lesquelles  ; 

Stein  à  Schœnborn,  ayant  trait  au  séquestre  de  ses  biens  ; 

Stein  à  Staegemann.  (Mémoire  relatif  aux  emprunts  forcés, 
auxquels  on  procède  dans  le  Grand-Duché  de  Bade.) 

Stein  à  BernstorlT.  (Copie  des  réponses  faites  par  Munster  et 
le  comte  Hardenberg  aux  notes  de  la  Bavière  et  du  Wurtem- 
berg) (2). 

1.  Il  ne  peut  s'ajjir  là  de  lord  Ebrington,  que  l'Empereur  reçut  le  6  et  le -| 
8  décembre  (Cf.  Revue  Britannique,  t.   VIII, année  1821).  D'autre  part, on  ne  > 
trouve  de  noms  cités  pour  les  visites  faites  à  l'île  d'Elbe  dans  les  rapports  ;; 
du  Bargello  de  Livourne  conservés  à  VArchivio  Storico  Ciltadino  qu'à  partir     ! 
du  28  novembre  1814. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  459-461,  Vienne  27  novembre  et  464-466,  Vienne  25  no- 
vembre. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      637 

Stein  à  Humboldt.  (Copie  des  protocoles  relatifs  aux  affaires 
de  Schaffhouse.) 

Wintzingerode  au  sénateur  de  Brème  Schmidt.  (Il  a  remis 
la  notification  au  Roi  de  Wurtemberg  qui  l'examinera  dès  qu'il 
sera  rétabli  de  son  indisposition.) 

Hardenberg  à  Talleyrand.  (Envoi  d'un  paquet  venu  de  Berlin 
par  courrier  prussien  et  contenant  les  dépêches  du  Ministre 
de  France.  Ces  dépêches  étant  chiffrées  avec  un  nouveau  chiffre, 
on  n'a  pas  eu  le  temps  de  les  mettre  au  clair,  ni  même  celui 
de  les  copier.) 


971.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Gagern  paraît  satisfait  de  la  marche  de  ses  affaires.  Il  est  en 
rapports  suivis  avec  le  duc  de  Nassau,  le  baron  Plessen,  repré- 
sentant de  Mecklemburg-Schwerin,  le  comte  Keller,  représen- 
tant de  la  Hesse  Electorale,  le  baron  Tûrkheim,  représentant 
de  la  Hesse-Darmstadt  et  le  Conseiller  Cappel. 


972.  Vienne,  3  et  4  décembre  1814  (F.  5.  4597  ad  3565). 

GCEHAUSEN  à  HAGER  (en  français). 

Le  scribe  L...  a  donné  communication  des  notes  ci-jointes 
(elles  ne  figurent  plus  au  dossier)  rédigées  par  Gagern  et  le 
baron  Marschall  (ministre  de  Nassau)  et  qui  portent  sur  les 
points  à  discuter  dans  la  commission  des  Affaires  de  l'Alle- 
magne. Il  ne  s'agit  là  que  de  projets  qui  n'ont  pas  encore  été 
approuvés  et  qui  diffèrent  beaucoup  de  ce  qui  a  été  proposé 
par  le  Conseiller  d'Etat  Kliiber. 

(Notes  complétées  par  d'autres  envoyées  le  4.) 


973.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  les  démarches  et  les  conférences  de  Gagern  du 
29  novembre  au  4  décembre.  Gagern  est  un  partisan  ardent 
•du  roi  de  Saxe. 


638  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

974.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

...  àHAGER 

La  visite  et  les  promesses  d'Alexandre  à  Marie-Louise. 

Le  comte  de  San  Vitale,  chambellan  de  Marie -Louise,  était 
à  Schœnbrûnn,  lorsqu'il  y  a  peu  de  jours  Alexandre  vint  rendre 
visite  à  l'Impératrice.  Il  resta  une  heure  et  demie  avec  elle  et, 
en  partant,  il  lui  dit  :  «  Soyez  tranquille.  Madame,  et  laissez- 
moi  faire.  » 


975.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565,. 

ee  à  HAGER 

Stadion  veut,  paraît-il,  démissionner  et  on  dit  que  Saurau 
proiQtera  du  voyage  de  l'Empereur  en  Italie  pour  obtenir  le 
portefeuille  des  Finances. 


976.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

©®  à  HAGER  (en  français). 

On  prétend  que  tout  était  arrangé  pour  la  Saxe  et  la  Pologne, 
mais  que  tout  a  été  remis  en  question  par  les  instructions  que 
lord  Gastlereagh  a  reçues  de  sa  Cour  (1). 


977.  Vienne,  4  décembre  1814  (F,  5.  4946  à  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Les  différents  partis  entre  le  quels  se  divise  la  suite  d'Alexandre. 
L'incident  au  souper  après  le   Carrousel. 

L'indisposition  du  prince  de  Ligne  avait  attiré  chez  lui  la 
plupart  de  ses  connaissances,  et  la  conversation  a  porté  en 
grande  partie  sur  les  Russes.  Il  y  a,  paraît-il,  plusieurs  partis 

1.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n"  15.  Vienne,  7  décembre  1814. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   639 

entre  les  Russes  de  la  suite  de  l'Empereur  Alexandre  et  ces 
partis  sont  tellement  animés  que  le  général  Tchernitchefî 
n'a  pas  voulu  se  placer  à  la  table  présidée  par  l'Archiduc 
Charles  lors  de  la  fête  qui  suivit  le  dernier  Carrousel  (1), 
parce  qu'un  autre  Russe  marquant,  mais  du  parti  opposé,  s'y 
trouvait.  L'un  de  ces  partis,  celui  des  Ambitieux, est  celui  de 
l'Empereur  ;  l'autre  est  celui  des  Modérés  qui  n'approuvent 
pas  ses  projets. 


978t  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.4939  à  3566). 

P...  à   HAGER  (en  français). 

Conversation  chez  Wyllie.Les  projets  d'Alexandre  d'après  Galitzine.  Le  sort 
probable  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne.  Ce  qu'on  dit  chez  la  marquise  de  Rai- 
gecourt. 

L'agent  rapporte  la  conversation  tenue  en  sa  présence  le 
3  décembre  chez  le  Conseiller  d'Etat  de  Wyllie  (2),  médecin 
de  l'Empereur  Alexandre,  et  qui  porta  sur  les  affaires  de  Po- 
logne. 

On  est,  du  côté  russe,  décidé  d'ajourner  la  réalisation  des 
projets  de  Pierre  le  Grand  et  de  Catherine  et  pour  le  moment 
on  ne  s'agrandira  pas  du  côté  de  l'Allemagne. 

La  Pologne,  d'après  le  dire  du  prince  Galitzine  (3),  restera 
dans  l'état  où  elle  était  lors  de  l'abdication  du  roi  Poniatowski. 

Quant  à  la  Saxe,  ce  n'est  pas  pour  humilier  le  Roi  qu'on  le 
fait  venir  à  Vienne,  C'est  une  affaire  finie.  La  Saxe  restera  ce 
qu'elle  était  jadis,  mais  son  Roi  devra  renoncer  à  Varsovie. 
Les  débats,  qui  ont  eu  lieu  à  ce  sujet,  ont  mis  fort  souvent 
l'Empereur  Alexandre  de  fort  mauvaise  humeur  parce  que, 
voyant  qu'il  ne  pouvait  tenir  la  parole  qu'il  avait  donnée  aux 
Polonais,  il  se  croit  compromis  envers  eux. 


1.  Le  carrousel,  dont  il  est  question  ici,  eut  lieu  le  23  novembre. 

2.  VVillie  ou  Wylie  (Jacob- Wassiliévitch,  baronnet)  (1765  -1856),  né  en  Ecosse. 
Entré  en  1790  au  service  de  la  Russie  comme  médecin  de  régiment.  Chirur- 
gien de  la  Cour  (1799),  médecin  d'Alexandre  I*',  président  de  1809  à  1838  de 
l'Académie  Impériale  de  Médecine,  membre  du  Conseil  Privé. 

3.  Galitzine  (Piùnce  Alexandre),  Grand  Maître  de  la  Cour  de  l'impéi'atrice 
de  Russie. 


640  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Après  dîner,  j'allai  chez  la  comtesse  de  Raigecourt  (1).  On 
y  parla  des  affaires  et  on  dit  que  c'était  le  prince  de  Bénévent 
qui  avait  ouvert  les  yeux  des  autres  Puissances  sur  les  projets 
de  la  Russie. 

On  parla  aussi  de  l'Impératrice  Marie-Louise  et  du  départ 
du  général  KoUer  pour  l'île  d'Elbe.  On  dit  que  depuis  son  re- 
tour Marie-Louise  n'avait  plus  prononcé  le  nom  de  Napoléon 
et  que  pour  le  moment  elle  ne  voulait  pas  consentir  à  un  autre 
mariage. 


979.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

HARDENBERG  à  STEIN  {intercepta)  (en  français). 

Le  Ménnoire  de  Gzartoryski.  L'opinion  en  Angleterre. 
Il  attend  la  réponse  de  Metlernich. 

Mille  grâces,  Chère  Excellence,  de  la  communication  du  Mé- 
moire que  vous  avez  donné  au  prince  Gzartoryski  sur  la  Saxe  (2). 
Il  faut  travailler  de  tous  côtés. 

Voyez  dans  la  Gazette  anglaise  (3)  ci-jointe  comme  on  repré- 
sente mal  cet  objet  en  Angleterre.  Je  crois  par  conséquent  que 
la  mission  de  Miltitz  serait  très  utile  (4)  ;  mais  il  faut  encore 
attendre  que  la  crise  se  développe  un  peu  ici. 

Metternich  m'a  promis  de  me  donner  la  réponse  de  son 
Empereur  dans  le  plus  bref  délai,  mais  je  n'ai  encore  rien  (5). 


1.  Peut-être  la  marquise  de  Raigecourt,  née  Louise-Marie  de  Vincens  de 
Mauléon,  dame  d'honneur  de  M"»  Elisabeth,  mariée  le  28  juin  1784  avec  le 
comte  de  Raigecourt  de  Gournay  (1763-1833),  «  Amie  intime  de  Marie-Antoi-^ 
nette  »,  écrit  la  baronne  dc  MoNTET,dans  ses  Souvenirs,  p.  401-402, qui  l'ap 
pelait  familièrement  «  ma  Rage  »  de  même  qu'elle  désignait  la  marquise 
Bombelles  sous  le  petit  nom  de  «  ma  Bombe  ».  M"""  de  Raigecourt  figui 
dans  l'Almanach  Royal  de  1788-89  parmi  les  «  Dames  pour  accompagner  che. 
Madame  Adélaïde  ».  ¥,' 

2.  Mémoire  en  date  du  3  décembre.  Cf.  Klûber,  VII,  63-69. 

3.  Morning  Chronicle. 

4.  Envoi  du  lieutenant-colonel  von  Miltitz  auprès  du  Roi  de  Saxe. 

5.  Cf.  d'ANGEBERG.  Notc  vcrbalc  du  prince  de  Hardenberg  au  prince  de 
Metternich.  Vienne,  2  décembre  1814,  485-491  et  1941-1952.  Ibidem.  Note  du 
prince  de  Metternich  au  prince  de  Hardenberg.  Vienne,  10  décembre  1814, 
505-510  et  1952. 


i 


l'ouverture   du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      641 
980.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  5,  ad  3565). 

HARDENBERG  à  NESSELRODE  {chiffon). 

Le  prince  de  Hardenberg  a  Thonneur  de  renvoyer  ci-joint 
à  S.  E.  Monsieur  le  comte  de  Nesselrode,  la  note  laissée  dans 
son  cabinet.  II  le  prie  en  même  temps  de  vouloir  bien  faire 
pisser  la  lettre  ci-jointe  à  son  adresse  et  profite  de  cette  occa- 
sion pour  renouveler  à  Son  Excellence  l'assurance  de  sa  plus 
haute  considération. 


981.  Vienne,  4  décembre  1814  (F.  1.   3565). 

CASTLEREAGH  à   HARDENBERG  [chiffon). 

Lord  Castlereagh  fait  bien  ses  compliments  à  S.  E.  Monsieur  le 
comte  de  Nesselrode  et  le  prie  de  vouloir  bien  avoir  la  bonté 
de  venir  aujourd'hui  à  une  heure  au  lieu  de  midi,  puisqu'il  avait 
oublié  un  autre  engagement  qu'il  prit  pour  l'heure  de  midi... 

Minoriten  Platz^  samedi  matin. 


982.  ^^-  5-  ad.  3565). 

RAZOUMOFFSKY  à  NESSELRODE  [chiffon). 
sans  date,  mais  ramassé  chez  Nesselrode  la  4  décembre  1814. 

Recommandations   en  faveur  du  comte  Wibor. 

Cher  Comte,  j'avais  en  poche  le  papier  ci-joint  que  par  dis- 
traction j'ai  oublié  de  vous  remettre.  C'est  encore  pour  le  bon 
et  loyal  Suisse,  le  comte  Wibor  (1),  vieillard  septuagénaire,  se 
mourant  de  faim  avec  femme  et  enfants  pour  avoir  tout  sacrifié 
à  son  patriotisme  et  à  la  bonne  cause.  Prenez-le  en  considéra- 
tion et  tâchez  de  faire  quelque  chose  en  sa  faveur.  Ce  sera 
tellement  une  œuvre  de  piété,  de  justice  et  de  charité. 

Lundi  soir.  Tout  à  vous. 

Raz. 

Malgré  toutes  les  recherches  faites  en   Suisse  par  mon  ami  Ed.  Chapui. 
it,  député  au  Grand  Conseil  de  Genève,  il  a  été   impossible  de  retrouver 
|la  moindre  trace  de  ce  personnage. 

T.  1.  41 


64l2  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

983.  Paris,  20  novembre  1814  (F.  5.  4939  ad  3565). 

PUIBUSQUE  (1)    à    NESSELRODE  (ramassé  chez  Nessebrode 
le  4  décembre). 

n  réclame  an  secours  en  attendant  le  payement  de  ce  qui  lui  serait  dû. 

Monsieur  le  Comte,  que  Votre  Excellence  daig-ne  me  permettre 
de  me  rappeler  à  son  souvenir.  Comme  j'ai  eu  soin  de  lui  détail- 
ler mes  titres  pour  réclamer  provisoirement  un  à  compte  sur 
ce  qui  m'est  légitimement  dû  et  les  motifs  qui  me  forcent  à 
en  presser  le  payement,  je  crois  n'avoir  plus  rien  à  dire  à  ce 
sujet.  Je  me  flattais  que  le  courrier,  porteur  de  ma  dernière 
lettre  à  Votre  Excellence,  me  rapporterait  des  lettres  de  change 
pour  6  ou  10.000  francs.  Mon  espérance  a  été  trompée  et  mon 
embarras  n^a  fait  que  s'accroître.  Ce  courrier  m'a  dit  que  pour 
lïi'apporteT  une  réponse,  il  s'était  présenté  souvent  à  l'hôtel 
de  Votre  Excellence,  qu'on  l'avait  remis  de  jour  à  autre,  jus- 
qu'au moment  de  son  départ. 

Veuillez,  de  grâce,  Monsieur  le  Comte,  venir  à  mon  secours. 
Je  crois,  d'après  la  délicatesse  dont  j'ai  usé  dans  toute  cette 
affaire,  pouvoir  Tespérer  de  l'équité  et  de  l'extrême  bonté  de 
Votre  Excellence. 

J'ai  l'honneur  d"être,etc... 

Vte  de  PuiBUSQUE, 

Chevalier  de  la  Légion  d'Honneur  et  autres  ordres,  | 
demeurant  à  Paris,  rue  Saint-Florentin,  n"  14. 


■984.  (F.  5.  ad  3565). 

ChiiFoius  pris  chez  le  Comte  de  NESSELRODE 
le  4  décembre  1814. 

1*  de  Reyland.  Hof  und  Medizinalrath,  médecin  en  chef,  etj 

2°  de  Nagele,  chirurgien  en  chef  et  professeur  de  Chirurgie.f 

tous  deux  de  ITiôpital  de  Diisseldorf  et  demandant  par  lettreï 

1.  Il  s'agit  vraisemblablement  ici  du  vicomte  de  Puibusque  qui  publia  ail 
peu  plus  tard,  en  1816,  un  livre  ayant  pour  titre  :  Lettres  sur  la  guerre  dil 
Russie  en  1812,  sur  la,  ville   de  Saint-Pétersbourg,  les  mœurs  et  les  us&fft^    [ 
des  habitants  de  la  Russie  et  de  la  Pologne. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   643 

du  21  août  1814  des  décorations  russes  en  récompense  de  leurs 

services. 

3"  Sans  date,  signé  Sophie  (pourrait  être  la  Comtesse  de 
Schœnborn)  regrettant  de  n'avoir  pu,  étant  malade  et  au  lit, 
recevoir  Nesselrode  et  le  comte  Woronzotî. 

4''  ...  non  signé, d'une  dame,  qui  s'excuse  de  n'avoir  pas  été 
chez  elle  lorsqu'il  est  venu. 

5"  du  4  décembre,  non  signé,  d'une  personne  annonçant  son 
départ  pour  le  5  et  qui  verra  les  cousins  de  Nesselrode,  le 
comte  de  Nesselrode  et  la  comtesse  de  Lerchenfeld. 

6°  et  7»  deux  billets  peu  importants  (en  russe)  du  prince 
Wolkonsky,  des  19  et  22  novembre,  réclamant  le  renvoi  d'une 
lettre  et  la  copie  d'une  pièce  relative  à  des  comptes  avec  le 
gouvernement  danois. 


985.  Vienne,  6  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  6  décembre  1814. 


986.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3563). 

...   à  HAGER 

La   visite   d'Alexandre  à  Marie-Louise   confirmée  par  une 
conversation  que  l'agent  a  eue  avec  Labrador. 

Labrador  a  ordre  formel  d'insister  au  Congrès   sur  la  resti- 
[  tution  de  la  Toscane  à  la  Reine  d'Etrurie  et  de  Naples  à  Fer- 
dinand IV. 


987.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  #46  à  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  est  allé  deux  jours  de  suite  chez  Séraphine 
Lambert  qui  n'a  pu  le  recevoir,  la   place  étant  déjà  occupée. 


644  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

938.  Vienne,  5  décembre  1814    F.  5.  4946  ad  3565). 

P...   à  HAGER  (en  français). 

Propos  tenus  chez  Galitzine  àpropos  de  la  Pologne 
et  des  instructions  d'Alexandre. 

Le  prince  Galitzine  a  dit  hier  soir  chez  lui  à  un  officier  qui 
se  trouvait  entre  autres  chez  lui,  que  rimpél-atrice  de  Russie 
avait  manifesté  de  l'humeur,  parce  que  l'Empereur  ne  montrait 
pas  toute  la  fermeté  qu'elle  eût  désiré  dans  les  opérations  du 
Congrès.  Sur  quoi,  l'autre  observa  au  prince  que,  si  l'Empereur 
avait  pour  le  moment  cédé  et  fait  mine  d'abandonner  son  plan 
favori,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  le  nourrit  plus  ardem- 
ment dans  son  cœur  et  qu'on  en  parlerait  plus  sérieusement 
au  réveil  du  lion  ;  que  d'ailleurs  le  séjour  d'Alexandre  à  Vienne 
ne  serait  probablement  plus  de  longue  durée  et  qu'à  son  dé- 
part on  apprendrait  ses  desseins  dans  cette  grande  affaire. 


989.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

...  à  HAGER 

Placards  et  pamphlets  antiprussiens  en  Saxe. 

On  a  répandu  et  même  affiché  à  Dresde  entre  autres  un  des- 
sin représentant  l'Empereur  de  Russie  posant  sur  la  tête  du 
Roi  de  Prusse  la  couronne  de  Saxe.  L'Empereur  d'Autriche, 
placé  derrière  eux,  étend  les  mains  au-dessus  des  deux  Mo- 
narques qu'il  bénit.  Au-dessous  des  trois  Monarques, l'inscrip- 
tion suivante  :  Saxoniae  Cives  Honorem  Alexandris  Nomini 
Dicunt  Eternum  (SGHANDE,  mot  allemand  qui  veut  dire 
Honte). 

990.  Vienne,  5  décembre  1814J(F.  5.    4946  ad  3565). 

0  e  à.  HAGER  (en  français). 

Alexandre  au  bal  d'enfants  chez  Schwarzenberg.  Gastlereagh  chez  le  Roi  de 
Prusse.  Départ  prochain  de  l'Impératrice  de  Russie.  Son  genre  d'existence 
à  Vienne.  L'intimité  d'Alexandre  et  du  prince  Eugène.  Montgelas  et  l'ar- 
ticle contre  Stein.  Les  papiers  de  Gotta. 

Mardi  dernier,  le  29  novembre,  au  bal  d'enfants   chez  le 


l'ouverture    du    congrès.   LA   SAxE    ET    LA    POLOGNE       645 

prince  Schwarzenberg,  l'Empereur  Alexandre,  qui  avait  Tair 
de  s'amuser  beaucoup,  a  dansé  avec  tous  les  enfants. 

Lord  Gastlereagh  a  fait  vendredi  une  longue  visite  au  Roi  de 
Prusse. 

Aussitôt  après  l'anniversaire  de  l'Empereur  (le  23  décembre), 
l'Impératrice  de  Russie  se  rendra  avec  son  frère  le  grand-duc 
de  Bade  par  Munich  à  Karlsruhe.  Cette  princesse,  si  malheu- 
reuse dans  son  ménage  et  qui  ne  dîne  jamais, ni  avec  Alexandre, 
ni  avec  les  grandes-duchesses,  dîne  depuis  le  départ  de  sa 
sœur  avec  son  beau-frère  le  Roi  de  Bavière. 

Le  duc  de  Weimar  est  toujours  fourré  chez  la  grande-du- 
chesse Catherine. 

On  dit  à  propos  de  l'intimité  entre  Alexandre  et  le  prince 
Eugène  «  Qu'il  y  a  toujours  U7i  grand  esprit  de  corps  entre  les 
libertins  et  les  coquins  ». 

UAllgemeine  Zeitung,  ayant  publié  un  article  dans  le- 
quel on  traite  Stein  de  Jacobin  et  son  système  de  révolution- 
naire, Alexandre  a  été  si  irrité  qu'il  a  pris  l'éditeur  Gotta  à 
partie  et  celui-ci  lui  a  avoué  que  Montgelas  avait  fait  insérer 
cet  article.  Cotta  part  demain  pour  Augsburg  et  Tubingen.  Il 
emporte  sur  le  Congrès  des  trésors  de  documents  et  de  notes 
qu'il  se  propose  de  publier.  Il  serait  bon  de  pouvoir  mettre  la 
main  sur  ces  manuscrits. 


991.  Vienne,  5  décembre  1814  (F.  5.  4946  ad  3565). 

NN  à  HAGER  (en  grande  partie  en  français). 

Ce  que  deviendra  la  Pologne  et  ce  que  le  grand-duc  Constantin 
a  dit  à  ce  propos  à  Varsovie. 

Lors  de  l'audience  qu'il  donna  le  26  novembre  aux  géné- 
raux polonais,  le  grand-duc  Constantin  leur  dit  que  : 

«  Pour  cette  fois-ci  l'Empereur  ne  peut  empêcher  que  le  grand- 
ie duché  de  Varsovie  ne  perde  quelques  parties  de  son  terri- 
«  toire;  que  les  districts  de  Posen,Kalisch  et  Bromberg  soient 
«  définitivement  adjugés  à  la  Prusse  qui,  en  conservant  la 
«  constitution  actuelle  de  ces  provinces,  a  décidé  de  les  incor- 
«  porer  à  l'ancienne  Prusse  et  d'en  faire  un  royaume,  qui  sera 
«  administré  par  le  prince  Antoine  Radzivill,  beau-frère  du 
«  Roi.  » 


046  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Le  grand-duc  a  ajouté  que  l'Autriche  a  des  vues  sur  le  Pa- 
latinat  de  Gracovie,  mais  qu'on  est  encore  bien  loin  de  l'accor- 
der. Sur  cette  déclaration  faite  d'une  manière  presque  officielle, 
beaucoup  de  généraux  polonais,  le  général  Dombrowski  à  leur 
tête  et  plusieurs  grands  seigneurs  se  présentèrent  le  lendemain 
chez  le  grand-duc  et  déclarèrent  qu'ils  étaient  décidés  à  quit- 
ter pour  toujours  leur  patrie,  à  vendre  leurs  propriétés  et 
à  aller  vivre  en  Russie  sous  le  Gouvernement  russe  ou  dans 
cette  partie  de  la  Pologne  qui  aura  le  sort  de  tomber  sous  le 
sceptre  russe... 


992.  Vienne,  7  décembre  1314  (F.  5.  4633  ad  3565^. 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  7  décembre  1814. 

Rapport  à  Hager  (Vienne,  6  décembre  1814). 

Extraits  de  la  liste  des  intercepta  du  5  décembre  1814  (F.  5. 
4633  ad  3565). 

Stein  à  Capo  d'Istria  (envoi  d'un  mémoire  sur  la  Suisse.  Il 
le  prie  d'en  développer  les  conclusions  et  de  leur  donner  plus 
de  précision  et  de  netteté). 

Humboldt  à  Wessenberg,  Stein,  Reinhardt  et  Gapo  d'Istria. 
(convocation  à  une  conférence  qui  se  tiendra  à  11  heures  chez 
lord  Stewart.  Affaires  de  Suisse). 

Stackelberg  à  Pellegrini,  consul  à  Trieste  et  à  Alopeus,  à 
Berlin  (1). 

Copie  des  papiers  et  pouvoirs  de  Bresson,  représentant  des 
Maréchaux,  adressés  à  Nesselrode,  à  la  duchesse  d'Istrie,  à 
Davout,  à  Ney.  Etat  des  dotations  de  Ney,  Mortier,  Suchet, 
duchesses  de  Frioul  et  d'Istrie,  Davout.  Lettres  au  Cardinal 
Consalvi,  à  Munster,  et  à  lord  Castlereagh. 

Extraits  de  la  liste  des  intercepta  du  6  décembre  1814.  (F. 
5.  4648  ad  3565), 

Lettres  de  Wolkonsky  et  de  Goltz  à  Boutiaguine;  de  la 
Duchesse  de  Serra  Capriola  à  son  mari  ;  de  Stein  à  Humboldt 
(remise  de  la  note  austro-prussienne  au  Wurtemberg  (2)  ;  de 

1.  Alopeus  (David-Alexandrovitch,  comte),  conseiller  privé  et  ministre  plé- 
nipotentiaire de  Russie  à  Berlin,  puis  à  Stuttgart  en  1815. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  459-461.  Réponse  des  Plénipotentiaires  d'Autriche  et  de 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   64.7 

celle  de  Wintzingerode,  Plénipotentiaire  de  Wurtemberg  à  la 
note  de  Metternich  (1).  Il  lui  transmet  enfin  la  réponse  de 
Humboldt  aux  observations  qui  lui  sont  faites  et  à  laquelle  il 
répondra  lors  de  la  prochaine  conférence.) 


993.  Vienne,  6  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  2565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

On  a  établi  une  surveillance  chez  le  conseiller  prussien  Ja- 
cobi  Klôst,chez  lequel  on  a  déjà  réussi  à  intercepter  quelqaes 
pièces. 


994.  Vienne,  6  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 
Alexandre  et  la  Bagration.  La  maladie  d'Alexandre. 

Alexandre  est  resté  la  nuit  dernière  jusqu'à  trois  heures;  du 
matin  chez  la  princesse  Bagration.  On  dit  qu'ï)  est  toujours 
encore  malade  (maladie  vénérienne)  et  que  la  princesse  lui  met 
des  cataplasmes  et  des  pansements. 


p.  Vienne,  6  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  356â). 

0  0  à  HAGER 

i  Impossible  de  dire  ce  qui  adviendra  des  grandes  affaires  de 
ixe  et  de  Pologne.  Alexandre  est  inébranlable. 
iNesselrode,  Razoumoffsky  et  Stackelberg  n'ont  plus  aucun 
^dit  et  le  remplacement  de  Nesselrode  semble  imminent. 

isse  à  la  note  du  Plénipotentiaire  de  Wurtemberg  du  16  novembre.  Vienne, 
lovembre  1814. 

Cf.  d'ANGEBERG,  462-464.  Réponse  du  comte  de  Wintzingerodè  et  du  baron, 
ïden  à  la  note  de  Metternich  du  22  novembre.  Vienne. 24  novembre  f8M. 


648  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

996.  Vienne,  6  décembre  1814  (F.  5.  4633  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français).  'ÉÉII 

Conversation  des  plus  vives  entre  Hardenberg,  Humboldt  et  Wrede  au  sujet 
de  la  Saxe.  Miltitz  et  le  duc  de  Saxe-Gobourg.  La  disgrâce  d'Anstett  et  le 
découragement  de  Nesselrode. 

Hardenberg  et  Humboldt,  malgré  tous  leurs  efforts  pour 
faire  changer  d'idées  à  Wrede  au  sujet  de  la  Saxe,  ont  essuyé 
un  refus  catégorique. 

Hardenberg  a  été  jusqu'à  lui  dire  :  «  Alors,  vous  voulez  la 
guerre.  » 

Wrede  :  «  S'il  le  faut  absolument,  plutôt  aujourd'hui  que 
demain.  » 

Et  Humboldt  de  répondre  :  «  Mais  nous  avons  des  alliés.  » 

Wrede  ;  «  Nous  aussi,  et  de  plus  Dieu  et  le  Droit.  » 

Humboldt  :  «  Le  repos  du  monde  vous  importe  donc  peu. 
Vous  invoquez  Dieu  et  mêlez  la  religion  à  une  affaire  que  les 
hommes  seuls  doivent  décider.  Nous  n'avons  plus  rien  à  vous 
dire.  >  Et  là-dessus,  ils  se  retirèrent. 

C'est  chez  Arnstein  que  les  deux  Marschall(l),  Gagern,  Mar- 
tens  et  autres  se  retrouvent. 

Miltitz  est  ici.  11  a  voulu  parler  au  duc  régnant  de  Cobourg 
de  la  cession  de  sa  patrie  à  la  Prusse. 

Il  a  si  complètement  échoué  que  le  duc  lui  a  fait  interdire 
sa  porte. 

Anstett  continue  à  insister  sur  sa  démission.  Il  est  en  pleine 
disgrâce.  Il  n'a  plus  parlé  avec  Alexandre  depuis  le  départ  de 
l'Empereur  pour  Ofen,  et  Alexandre  lui  a,  sans  rien  lui  dire, 
simplement  serré  la  main  lors  de  la  fête  chez  Razoumoffsky. 
Il  m'a  dit  que  les  affaires  en  étaient  toujours  au  même  point 
et  que  Nesselrode  ne  savait  plus  que  faire. 


997.  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  8  décembre  1814. 

1.  Le  comte  de  Marschall  était  le  représentant  du  prince  primat,  grand- 
duc  de  Francfort  ;  le  baron  de  Marschall  représentait  à  Vienne  le  duc  de 
Nassau. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   649 

998.  Vienne,  7  décembre  1814. 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  d'une  dépêche  interceptée  de  Piquot 

Rapport  sur  les  conférences  sur  la  Suisse  et  renseignements 
complémentaires  sur  l'admission  de  la  France  à  ces  confé- 
rences (1). 

Quant  aux  affaires  de  Pologne,  à  la  suite  d'une  conférence 
qui  eut  lieu  ces  jours-ci  entre  Alexandre  et  Hardenberg,  on  a 
quelque  espoir  de  les  voir  s'arranger. 

On  parle  d'un  mariage  entre  la  reine  d'Etrurie  et  le  grand- 
duc  de  Toscane. 

Les  plénipotentiaires  des  princes  allemands  ont  remis  à  Muns- 
ter (2)  copie  de  la  note  qu'ils  ont  adressée  aux  cinq  grandes 
puissances  et  dans  laquelle  ils  formulaient  le  voeu  de  voir  un 
nouveau  chef  placé  à  la  tête  de  l'Allemagne. 

Miinster  affirme  qu'à  Paris  la  Cour  de  Vienne  n'avait  pas 
paru  désirer  le  rétablissement  de  l'ancienne  Constitution  Ger- 
manique; que  cela  avait  décidé  les  Prussiens  à  en  élaborer  une 
nouvelle  ;  mais  qu'on  pourrait  s'entendre  sur  ce  point  et  que  le 
Prince  Régent  d'Angleterre  penchait  pour  le  rétablissement 
d'un  chef  de  l'Empire. 


999.  Vienne,  7  décembre  1814  (F.  5.  4966  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français^;. 

L'opinion  est  tellement  surexcitée  à  Berlin  qu'on  y  préfère 
la  guerre  plutôt  que  de  renoncer  à  la  Saxe.  La  Prusse  a  offert 
au  roi  de  Saxe  des  compensations  en  Westphalie. 

On  a  répandu  le  bruit  que  le  grand-duc  de  Bade  serait  assez 
disposé  à  vendre  ses  Etats  à  la  Bavière. 


1.  Voir  plus  loin,  pièce  n»  1005. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  p.  444-445  et  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n°  16.  Vienne, 
1814,  p.  179. 


()50  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

1000.  Vienne,  7  décembre  1814  (F.  5.  4966  ad  3565). 

...   à  HAGER  (en  français). 

La  Prusse  ne  veut  pas  sortir  de  la  Saxe  avant  qu'on  ne  lui 
ait  rendu  ce  qu'on  lui  a  enlevé  en  Pologne.  Mais  les  Polonais 
gémissent  du  rétablissement  du  partage  de  1793. 

On  veut  se  débarrasser  de  Murât  que  l'Autriche  soutient  à 
cause  de  son  traité  avec  lui,  et  aussi  parce  qu'elle  le  préfère 
aux  Bourbons. 

Alexandre  a  affirmé  au  comte  de  Noailles  qu*on  se  sépare- 
rait les  meilleurs  amis  du  monde. 


1001.  Vienne,  7  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3565  . 

...  à  HAGER  (en  français). 

Les  soupers  du  grand-duc  de  Bade  et  du  prince  héritier 
de  Hesse-Darmstadt.  Le  prince  Eugène. 

Le  grand-duc  de  Bade  a  distingué  maintenant  une  fille  au 
service  du  baron  Gaertner,  à  laquelle  il  fait  de  beaux  cadeaux. 
Elle  paraît  être  également  du  goût  du  prince  héritier  de  Hesse- 
Darmstadt  et  les  deux  princes  se  servent  du  logement  du 
grand  écuyer  du  grand- duc,  le  baron  Geusau  pour  festoyer 
chez  lui  avec  cette  fille. 

Le  grand-duc  y  aurait  même  fait  quelques  excès  de  table  et 
de  boisson  qui  lui  ont  valu  l'indisposition  dont  il  souffre  de- 
puis le  4. 

M'"^  Morel  a  été  aussi  conviée  de  temps  en  temps  à  ces  sou- 
pers fins. 

Quant  au  prince  Eugène,  il  a  fait  ce  soir  une  longue  visite 
à  la  danseuse  Ernée  (1). 


1.  Probablement  M""  Petit- Aimée,  la  maîtresse  à  ce  moment  du  comte 
Trauttmansdorff. 


l'ouverture   du    congrès.   —   LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      651 

1002.  Vienne,  :  décembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Les  causes  de  la  disgrâce  de  Razoumoffsky,  d'après   Willie. 
Craintes  de  complications. 

Etant  en  tête  à  tête  avec  le  Conseiller  d'Etat  de  WiUie,  j'ai 
tâché  de  pénétrer  les  motifs  du  mécontentement  d'Alexandre 
i  1  "égard  de  Razoumoffsky.  Il  me  laissa  entendre  que  Razou- 
noffsky  avait  trop  pris  sur  lui  dans  les  affaires  de  Pologne. 

11  me  dit  aussi  qu'il  craignait  de  voir  les  cartes  sa  brouiller, 
jarce  qu'il  était  convaincu  que  pour  le  moment  il  se  formait 
les  alliances  secrètes  des  uns  contre  les  autres  et  que  son 
empereur  ne  pouvait  pas  s'humilier  au  point  de  manquer  par- 
out  de  parole  ;  qu'il  se  trouvait  déjà  en  défaut  vis-à-vis  des 
Polonais  et  qu'il  courait  également  le  risque  de  manquer  aux 
îuisses  auxquels,  par  les  suggestions  de  La  Harpe,  qui  tient 
xtrêmement  pour  ses  compatriotes,  il  promit  soutien  et  pro- 
ection. 


003.  Paris,  15-27  novembre  1814  (F.  5.  4618  ad  3564). 

OUÏIAGUINE  à  NESSELRODE  (1)  {intercepta)  (en    français). 
L'arrestation  de  lord  Oxford 

Hier,  lord  Oxford  a  été  arrêté  par  les  gendarmes  à  une  poste 
i  Paris.  11  se  rendait  à  Naples  pour  y  rejoindre  sa  femme, 
irès  avoir  passé  quelque  temps  ici.  On  lui  a  enlevé  ses  pa- 
ers  et  différentes  lettres  qu'il  avait  pour  Naples.  On  lui  a 
claré  ensuite  qu'il  pourrait  continuer  sa  route,  mais  il  a  pré- 
ré  revenir  en  ville.  On  prétend  que  cette  mesure  a  été  prise 
l'insu  du  Roi. 


)(.  Polovtsoff.  Dépêche  n"  112,  page  117  où  cette  pièce  se  trouve  repro- 
îxtuellement  et  Correspondance  de  Jaucourt  avec  Talleyrand,  p. 96-91 . 
irt  à  Talleyrand.  Paris,  27  novembre  1814. 


65:à  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

1004.  Paris,  28  novembre  1814  (F.  5.  4648  ad  3565). 

GOLTZ  à  HARDENBERG  {intercepla){en  français). 

Instructions  données  à  Laval.  L'audience  de  Vincent.  La  mission  de  Jules  d 
Poligaac.  Narbonne.  Deux  brochures  à  sensation. 

Il  paraît  que  le  prinoe  de  Laval  (1)  est  instruit  à  ne  pas  passe 
la  frontière  d'Espagne  avant  réception  d'ordres  ultérieurs  d 
la  Cour. 

Le  général  Vincent (2), ayant  enfin  reçu  ses  lettres  de  créanc 
en  bonne  forme,  aura  demain  avant  l'audience  du  corps  diplc 
matique  l'honneur  de  se  présenter  à  Sa  Majesté. 

Le  comte  Jules  de  Polignac(3),  désigné  ministre  de  Franc 
à  la  Cour  de  Munich,  vient  de  partir  pour  Rome,  chargé  d'un 
commission  extraordinaire  relative  aux  affaires  d'Eglise. 

Il  doit  revenir  à  Paris  avant  de  se  rendre  à  Munich,  d'où  o 
attend  encore  un  ministre  de  Bavière. 

Le  comte  de  Narbonne  (4),  nonimé  ministre  en  Sicile,  \ 
partir  sous  peu  de  jours. 

Je  joins  deux  nouvelles  brochures  (5)  qui  font  ici  beaucou 
de  sensation.  La  petite  est  du  comte  de  Golovkine.  Elles 
manqueront  pas  de  faire  beaucoup  de  bien.  On  est  à  la  fi 
depuis  ce  matin  pour  avoir  celle  de  M.  de  Chateaubriand. 

1.  Cf.  Jaugourt,  p.  77  et  84.  Le  prince  de  Laval  était  parti  de  Paris  le  16  n 
vembre. 

2.  Cf.  Jaugourt,  p.  103.  Dépéclie  du  30  novembre  à  Talleyrand  à  propos 
la  remise  de  ces  lettres  de  créance  le  29.  «  Le  baron  de  Vincent  a  remis  hi 
sa  lettre  de  créance  très  singulièrement  tournée.  Il   me  semble    que  M 
Metternich  est  en  a^sez  mauvaise  disposition  pour  lui.  » 

3.  Polignac  (Auguste-Jules,  comte,  puis  prince  de;  ,1780-1847)  compron 
dans  l'affaire  Cadoudal,  condamné  à  deux  ans  d'emprisonnement,  mais  rete 
cependant  jusqu'en  1814,  il  s'évada  eu  janvier  1814  du  château  de  Saumur 
compagnie  de  son  frère  aîné  et  rejoignit  Monsieur  à  Vesoul. Nommé  lors  de 
première  Restauration  maréchal  de  camp,  commissaire  extraoï'dinaire  à  Te 
louse,puis  ministre  près  le  Saint-Siège  et  pair  de  France  le  17  avril  1815,  ci 
prince  romain  parle  Pape  en  1820;  ambassadeur  à  Londres  en  1823, il  dev: 
en  1829  ministre  des  Aifaires  étrangères  et  président  du  Conseil.  Arrêté  pi 
de  Granville,le  15  août  1830,  après  le  départ  de  Charles  X  et  transféré  à  Vi 
cennes,  condamné  par  la  Chambre  des  Pairs  à  la  détention  perpétuelle  e 
la  mort  civile,  amnistié  en  1836,  il  se  retira  en  Angleterre  et  revint  mouri 
Paris  en  1847.  (Cf.  pour  détails  de  sa  mission  à  Home,  Jaugourt,  Dépêcht 
Talleyrand  du  19  novembre  1814  Jaugourt,  Correspondance,  pages  87-88.) 

4.  Narbonne-Pelet  (Raymond-Jacques-Marie,  comte,  puis  duc  de)  (17' 
1855),  chargé  d'affaires  à  Naples  (1815-1821),  pair  de  France  (1815),duc  (181 
ministre  d'Etat  et  membre  du  Conseil  privé  (1822). 

5.  Titres  des  brochures:  Un  étranger  aux  Français  eiRéflexions  politiqi 
ur  quelques  écrits  da  jour. 


l'ouverture    du    COiNGRÈS.    —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      053 

1005.  Vienne,  30  novembre  1814  (F.  5.  4642  ad  3565). 

PIQUOT  à  ?  [intercepta)  (en  français)  (chiffon). 

jBs  conférences  du  Comité  des  affaires  suisses  et  l'admission  de  la  France. 
La  note  des  plénipotentiaires  allemands  remise  à  Miinster.  L'opinion  de 
Miinster. 

Les  conférences,  qui  regardent  la  Suisse, continuent  toujours 
;t  la  dernière  a  eu  lieu  le  24.  Outre  ce  que  j'ai  eu  l'honneur 
le  mander  sur  les  demandes  faites  par  les  Ministres  de  la 
onfédération  Helvétique  au  comité  des  puissances  interve- 
lantes  pour  l'établissement  et  la  sanction  de  la  Constitution 
le  cet  Etat,  je  dois  encore  ajouter  que  M.  de  Reinhard,  ancien 
^andamann  et  chef  de  la  députation  suisse  près  du  Congrès, 
i  témoigné  qu'outre  la  reconnaissance  que  ses  commettants 

"  essentaient  pour  l'intérêt  et  la  bienveillance  des  hautes  Puis- 
ances  accordées  à  la  Suisse,  ils  désireraient  bien  vivement 

^  ue  toutes  celles,  qui  formaient  le  Congrès  actuel,  reconnaissent 
gaiement  la  neutralité  et  d'indépendance  de  sa  patrie. 

'""1  D'un  autre  côté,  j'ai  appris  que  le  prince  de  Talleyrand  a 

tollicité,  au  nom  de  la  France,  l'admission  au  comité  qui  dé- 
bère  sur  les  affaires  suisses  ;  et,  quoique,  d'après  le  traité  de 
aris,  cette  puissance  n'ait  le  droit  d'y  intervenir  que  lorsqu'on 
erait  déjà  définitivement  tombé  d'accord  à  cet  égard,  on  a 
ependant  pris  la  résolution  de  répondre  affirmativement  au 
rince  de  Talleyrand,  en  l'invitant  de  nommer  un  plénipoten- 
aire(l) qui  assisterait  aux  délibérations  concernant  les  affaires 
e  la  Suisse. 

Quant  à  celles  de  Pologne,  on  m'assure  de  bonne  part  qu'à 
suite  d'une  longue  conférence  qui  eut  lieu  ces  jours  der- 
iers  entre  l'Empereur  Alexandre  et  le  prince  Hardenberg  (2),  il 
ait  quelque  espoir  que  les   choses  s'arrangeraient  bientôt 
■e  les  grandes  puissances  en  vertu  de  l'intimité  qui  règne 
e  elles.  Des  personnes  croyent   même  qu'il  est  question 
e  restitution  d'une  partie  de  la  Saxe  au  roi  Frédéric  Au- 
e,  qui  conserverait  le  cercle  de  Leipzig  et  quelques  arron- 
ments  considérables, 
ai  encore  appris  que  le  comité  des  plénipotentiaires  des 

[Talleyrand  désigna  Dalberg. 
^ette  conférence  eut  lieu  le  23  novembre  au  matin. 


654  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

princes  allemands,  qui  ne  se  trouvent  pas  admis  au  premier 
comité  des  cinq  Grandes  Puissances  et  qui  ont  remis  à  ce  der- 
nier la  note  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  mention  précé- 
demment, en  ont  remis  une  pareille  au  ministre  plénipotentiaire 
de  Hanovre,  le  comte  de  Miinster  (1).  On  m'assure  que  et 
ministre,  en  répondant  à  ce  sujet (2)  et  principalement  sur  l'ar- 
ticle qui  énonce  le  vœu  des  princes  :  «  que  de  nouveau  l'Alle- 
magne ait  à  sa  tête  un  chef  qui  inspire  du  respect  à  sa  Cons 
titution  et  la  garantisse  par  sa  prépondérance  pour  l'intérieui 
et  l'extérieur  »  doit  avoir  dit  qu'à  Paris  la  cour  de  Vienm 
n'avait  point  paru  désirer  le  rétablissement  de  l'anciennf 
Constitution  germanique,  que  cela  avait  déterminé  toutes  lei 
Puissances  à  se  décider  sur  ce  sujet  et  que  le  prince  Régen 
d'Angleterre  était  d'ailleurs  penché  pour  le  rétablissement  d'ui 
chef  de  l'Empire. 


1006.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4966  ad  3565. 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  9  décembre  1814. 


1007-  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4966  ad  3565. 

B...  à  HAGER 

Anstett  attribue  sa  disgrâce  à  la  conspiration  ourdie  contrp 
lui  par  tous  les  ministres  russes,  et  surtout  parce  qu'il  ava:| 
essayé  de  mettre  Alexandre  en  garde  contre  Metternich  (I 
déclaré,  comme  il  le  fait  encore,  que  l'Empereur  d'Autrich<| 
s'il  veut  mettre  lin  à  une  situation  sans  issue,  doit  au  pli:| 
vite  remplacer  Metternich  par  Stadion  ou  par  Schvv^arzenber||  | 


1.  Cf.  d'ANGEBERG,  444,  Vienne,  16  novembre  1814  et  Pièce  99S. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  464,  Vienne,  25  novembre  1814. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      655 

1008.  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4966  à  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Rapport  sur  les  entretiens  de  Stein  avec  le  colonel  Miltitz 
et  envoi  de  papiers  enlevés,  les  uns  chez  Talleyrand  pendant 
qu'il  était  à  dîner  et  les  autres  chez  Noailles. 


1009.  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4965  ad  3565). 

G...  à  HAGER  (en  français). 

Les  Polonais,  la  Pologne,  la  Saxe  et  Alexandre.  Les  espérances  des  Polonais. 
Gzartoryski,  Humboldt,  Stein,   Hardenberg. 

Les  patriotes  polonais  font  des  efforts  extrêmes  et  usent  de 
tous  les  moyens  en  leur  pouvoir  pour  empêcher  le  nouveau 
partage  de  leur  patrie.  Ceux  de  Vienne  prétendent  qu'Alexan- 
dre a  déclaré  qu'il  ne  quitterait  Vienne  qu'après  arrangement 
des  affaires  de  Saxe  et  de  Pologne,  dont  la  solution  a  été  rer- 
tardée  et  modifiée  ces  jours  derniers.  Alexandre  aurait  dit 
encore  que,  même  si  le  Roi  de  Prusse  se  désistait  de  ses  pré- 
tentions sur  la  Saxe,  lui,  ne  se  désisterait  jamais  de  ses  droits 
sur  le  Grand-Duché  et  que  tout  au  plus  il  céderait  Cracovie 
avec  un  rayon  à  l'Autriche.  Ce  changement  de  résolution  se- 
rait la  conséquence  des  conférences,  qui  ont  eu  lieu  entre  les 
ministres  prussiens  et  russes  après  l'arrivée  du  prince  Repnin 
et  de  M.  Szaniawski  (1),  qui  paraît  être  muni  des  pleins  pou- 
voirs du  Comité  patriotique  de  Varsovie. 

D'après  le  comte  Skarbek(i),les  espérances  des  patriotes,qui 
étaient  presque  anéanties,  se  sont  beaucoup  relevées  depuis 
huit  jours. 

Le  prince  Adam  Gzartoryski  continue  de  jouer  un  rôle  im- 
portant. Il  est  le  pivot  des  espérances  des  Polonais.  Parmi  les 

1.  Szaniawski,  un  des  personnages,  qui  joua  un  rôle  actif  et  non  sans  im- 
portance dans  les  affaires  et  les  intrigues  polonaises. 

2.  Skarbek  (comte  Ignace),  Polonais,  chambellan  de  l'Empereur  d'Au- 
triche. 


656  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

ministres  prussiens,  Humboldt  et  Stein  ont  le  plus  d'influence. 
Quant  à  Hardenberg,  il  a  perdu  la  confiance  du  roi  et  serait 
sur  le  point  de  démissionner. 


1010.  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4936  ad  3565).  '"' 

LA  TOUR  DU  PIN  (1)  au  Marquis  de  BONNAY  (à  Copenhague). 
(Sous  couvert  à  Bernslorlf  {intercepta). 

La  situation,  Taspect  du  Congrès,  les  visées  des  Puissances.  Nécessité  de 
rompre  le  système  co-partageant.  Difficultés  de  la  situation.  Succès  rem- 
portés par  ïalleyrand. 

L'Empereur  de  Russie  persiste  dans  ses  prétentions  sur  le 
Grand-Duché,  ce  qui  le  conduit  à  vouloir  la  Saxe  pour  son  allié. 
Cet  allié  voudrait  bien  qu'il  en  fût  autrement  et  préférerait  sa 
situation  de  1805  à  celle  dans  laquelle  on  veut  le  placer.  L'Au- 
triche cherche  à  l'attirer  à  elle,  et  ils  voudraient  bien  ensemble 
se  partager  l'Allemagne.  Les  princes  allemands,  qui  voient  le 
danger,  voudraient  se  replacer  sous  le  protectorat  ou  sous 
l'Empire  de  l'Autriche.  L'Angleterre  ne  sait  trop  que  vouloir. 
Tels  sont  les  traits  principaux  de  ce  tableau. 

Au  milieu  de  ces  agitations,  de  ces  ambitions,  de  ces  dévas- 
tations de  principes,  la  France  se  montre  calme  et  sans  ambi- 
tion. Elle  prêche  certainement  la  doctrine  la  plus  forte  pour 
être  écoutée,  si  les  hommes  savaient  jamais  renoncer  à  vouloir 
tout  ce  qu'ils  peuvent. 

Les  difficultés  ici  sont  immenses.  Aux  préventions,  si  juste- 
ment méritées  depuis  quelques  années,  que  la  France  trouve 
devant  elles,  se  joint  un  système  co-partageant  qui  existait 
depuis  près  de  cinquante  ans  entre  la  Russie,  l'Autriche  et  la 
Prusse,  système  qui  a  été  froissé  par  l'orage  révolutionnaire, 
mais  qui  s'est  recomposé  pour  en  triompher  et  qu'il  faut  dé. 
sunir  aujourd'hui.  Il  est  toujours  à  craindre  que,  toute  mons- 
trueuse que  soit  cette  association,  elle  ne  subsiste  tant  qu'elle 
trouvera  à  partager  et  vous  voyez.  Monsieur,  combien  de  proies 
l'Europe  offre  encore  à  dévorer. 

1.  Cf.  Dépêche  de  La  Tour  du  Pin  au  Département  (Pallain.  Correspon- 
dance inédite  de  Talleyrand  et  de  Louis  XVIII.  Page  146,  note). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   657 

M.  de  Talleyrand  me  paraît  faire  ici  des  tours  de  force.  On 
voulait,  quand  il  est  arrivé  ici,  isoler  la  France  de  tout,  et  à  pré- 
sent elle  est  déjà  partout.  Il  n'y  a  pas  un  comité  dans  lequel 
elle  ne  soit  entrée  et  où  sa  voix  ne  soit  très  comptée.  L'affaire 
de  Gênes  s'est  déjà  terminée  selon  ses  vues.  Espérons  qu'il  en 
arrivera  autant  des  autres,  non  pas  seulement  parce  que  c'est 
la  France,  mais  parce  que  c'est  la  justice  dont  le  monde  a  au- 
tant besoin  qu'Elle. 


1011 .  Vienne,  8  décembre  1814  (F.  5.  4966  ad  3565). 

DALBERG  au  Comte  de  WINTZINGERODE  {intercepta). 

Analyse  succincte  des  articles  séparés  et  secrets  du  traité  du  30  mai  1814. 
Pourquoi  on  n'a  pas  été  plus  loin.  Etat  actuel  de  la  question  de  la  Saxe. 
L'action  de  la  France  sur  l'Angleterre  et  l'Autriche.  Les  affaires  allemandes 
et  les  vues  de  la  France. 

Je  vous  renvoie  avec  reconnaissance  les  notes.  Je  n'ose  et 
ne  peux  vous  donner  une  copie  des  articles  secrets  ;  mais  je 
vous  mets  au  fait  de  la  vérité. 

Le  traité   secret  n'a  que  six  articles.   Le  premier   porte  la 

disposition  à  faire  des  territoires,  auxquels  Sa   Majesté  Très 

Chrétienne  renonce  par  l'article  troisième  du  traité  patent, et  les 

jlrapports,  desquels  doit  résulter  un  système  d'équilibre  réel  et 

able  en  Europe,  seront  réglés  au   Congrès    sur  les  bases 

êtées  par  les  puissances  alliées  entre  elles,  d'après  lesdis- 

itions  générales  contenues  dans  les  articles  suivants. 

Article   4.    —   ...    La    France    reconnaîtra    et   garantira, 

jointement  avec  les  Puissances  Alliées  et  comme  elles,  l'or- 

isation  politique  que  la  Suisse  se  donne  sous  les  auspices 

dites  Puissances  alliées  et  d'après  les  bases  arrêtées  entre 

s, 

Lrt.  3  et  4.  —  Annonce  et  enregistre  la  réunion  de  Gênes 

Sardaigne,  les  limites  de  l'Autriche  en  Italie  formées  par  le 

le  Tessin  et  le  lac  Majeur,  la  cession  de  la  Belgique  à  la 

fUande   et  celle  des  pays  de  la  rive  gauche  du  Rhin  à  la 

isse  et  autres  Etats  allemands. 

Art.  5.  —  Applique  l'article  18  du  traité  patent  aux  droits 

T.  1.  42 


C58  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE  VIENNE 

du  Gouvernement  français  sur  les  dotations  et  rentes  mili- 
taires, etc.. 

Il  n'y  a  rien  de  plus  ;  mais  comme  les  Puissances  n'étaient 
d'accord  sur  rien,  ni  sur  le  partage  du  Grand-Duché  de  Var- 
sovie, ni  sur  les  affaires  allemandes  avec  vous  autres,  ni  sur 
la  Suisse,  ni  sur  le  reste  de  l'Italie,  on  n'a  pu  avancer,  parce 
que  la  Prusse,  en  occupant  la  Saxe,  renverse  tout,  brouille 
tout,  comme  elle  le  fait  depuis  soixante  ans. 

L'Autriche  et  l'Angleterre  ne  veulent  plus  la  cession  de  la 
Saxe,  parce  que  nous  avons  dit  que  nous  ne  la  reconnaîtrions 
pas  et  que  c'était  ramener  les  principes  de  la  Révolution  en 
Europe  et  préparer  l'Allemagne  au  partage  de  la  Pologne. 

Lord  Castlereagh,  qui  avait  été  séduit  par  les  intrigues 
prussiennes,  a  ouvert  les  yeux  depuis  l'ouverture  de  son  Par- 
lement, et  voilà,  mon  cher  Comte,  la  source  de  tous  les  embar- 
ras qui  naissent,  parce  que  des  Pygynées  ont  voulu  traîner 
un  Eléphant  sans  employer  l'art  de  la  Mécanique. 

Notre  avis  sur  les  affaires  allemandes  serait  donc  :  Que  l'an- 
cienne Confédération  forme  une  association  dont  elle  écarte- 
rait toutes  les  grandes  Puissances,  en  se  rattachant  à  son  indé- 
pendance et  en  s'appuyant  sur  la  Hollande,  la  Bavière,  etc.. 
Vous  auriez  150.000  hommes  de  troupes  et  vous  pourriez  vous! 
faire  respecter,  mais  le  projet  doit  être  mûri  avec  l'Angleterre.! 


1012.  Jassi,  25  novembre  1814  (P\  5.  4966  ad  3565). 

FORNETTY  (1)  à  TALLEYRAND  [inlercepla)- 

Le  corps  Langeron,venu  jusqu'à  Mobile w,  a  reçu  l'ordre  dl 
se  cantonner  en  Bessarabie. Beaucoup  de  cavalerie  autrichiennï 
dans  la  Bukovine.  On  s'inquiète  ici  de  ces  mouvements.  Lej 
princes  de  Moldavie  et  de  Valachie  font  construire  20  chai 
loupes  canonnières  pour  le  Danube. 


i.  Fornelty  (Fi-ançois-Louis),  né  à  Constantinople  le  5  mars  1743.  Preini| 
Dî-ogman  à  (Constantinople  depuis  le  1"  janvier  1793.  Drogman  du  Palais 
1"  juillet    1816. 


L^OUVERTURE   DU   CONGRÈS.  —  LA   SAXE    ET    LA   POLOGNE      659 
1013.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4565  ad.  3565). 

HAGER   à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  10  décembre  1814. 

Il  rappelle  l'attention  sur  des  Chiffons  pris  chez  Nesselrode, 
sur  certains  renseignements  relatifs  à  Bollmann,  sur  le  club 
westphalien  qui  se  réunit  à  la  Kaiserin  von  Oesterreich,  dont 
les  membres  sont  connus  et  sont  des  agents,  du  reste  peu  dan- 
gereux, de  l'ex-reine  de  Westphalie,  d'Elisa  et  de  Caroline 
Murât. 


11014.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4565  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Extrait  de  la  liste  des  intercepta  du  9  décembre. 

Stackelberg  à  la  comtesse  de  Garneville. 

Bathurst  à  Glancarty  (Paquet  de  journaux  anglais). 

Goltz  à  Hardenberg,  de  Paris  30  juin(l). 

Lieven  à  Nesselrode  (2). 

Daschkofî  à  Roumiantzofî  (Philadelphie, 28  septembre). 

Gastelcicala  à  Ruffo  (Londres  25  novembre)  (Dépêche  chif- 
frée à  l'aide  d'un  nouveau  chiffre). 

Gaertner  à  Linden  et  à  Martens  (Vienne,  8  décembre) (Copies 
i'un  Mémoire). 


15.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4655  ad.  3565). 

B... à  HAGER 

Renseignements  sur  les  principaux  membres  du  club  westphalien. 

'e  club,  la  clique  de  Tex-roi  de  Westphalie,  a  pour  princi- 
ix  membres  le  comte  de  Malsburg,un  Westphalien,  le  baron 

Cf.  Pièce  1021. 
Cf.  Pièce  1020. 


660  AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

de  Gayl,  de  Magdebourg,  actuellement  à  Paris,  le  comte  de 
Fûrstenstein,  ci-devant  Camus,  un  Français  marié  à  une  nièce 
du  prince  de  Hardenberg,  Guibourt,  chargé  des  affaires  de  Ca- 
roline Murat,  un  Anglais  Traime  ?,  Bresson  de  Valensole  et  Le- 
bon,  qui  se  fait  passer  pour  un  propriétaire  foncier  de  Syrie, 
mais  qui  est  l'agent  d'Elisa.  Lebon  compte  aller  demain  à  Trieste 
où  Fûrstenstein  le  suivra  de  près. 


1016.  Vionnc,  9  décembre  1814.  (F.  5.  4655  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français)  (analyse). 
Rapport  de  chez  le  Nonce. 

Il  lui  rend  compte  des  propos,  tous  hostiles  à  Metternich, 
qu'on  tient  chez  Saldanha,  de  la  satisfaction  que  cause  à  Con-  l 
salvi  la  tournure  ({ue  les  affaires  semblent  prendre  pour  le  mo- 
ment, eniin  de  l'indisposition  du  Roi  de  Prusse,  qui  serait  sur- 
tout due  à  ses  accès  de  colère  et  de  dépit. 


1017.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565). 

00   à  HAGER  (en  français)  (analyse). 

Pourquoi  le  secret  est  si  bien  gardé  au  Congrès.  Les  audiences  matinales  de 
la  Ba^ratioa.  Les  a^randissanieats  de  la  Prusse.  Les  tirades  et  la  cam- 
pagne contre  Metternich.  Les  causes  du  mécontentement  contre  lui. 

Jamais  à  aucun  Congrès  on  n'a  si  bien  gardé  le  secret.  HiâÉ 
ne  transpire.  Ces  Messieurs  ont  honte  de  hiisser  voir  qu'on  m 
fait  rien.  Voilà  le  vrai  secret  du  Congrès. 

Carpani  (1)  s'est  moqué  hier  à  dîner  chez  Eskeles  de  la  prin| 
cesse  Bagration,  qui  reçoit  tous  les  matins,  l'un  après  l'autre,  en 
audience  particulière  et  intime,  le  prince  royal  de  Bavière,  le 

1.  Poète  et  littérateur  italien  jouissantd'une  juste  réputation.  Un  d^s  meil- 
leurs agents  de  Hager  répandu  dans  les  mêmes  salons  que  00.  Leurs  rap-| 
ports  permettaient  à  Hager  de  contrôler  leurs  dires. 


l'ouverture    du  congrès.   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       061 

prince  royal  de  Wurtemberg  et  le  prince  Charles  de  Bavière. 
«  Tous  les  matins,  a-t-il  dit,  elle  noircit  un  certain  nombre  de 
feuilles  de  papier.  Ce  sont  les  réponses  qu'elle  fait  aux  billets 
doux  restés  jusque-là  en  souffrance    » 

On  dit  que  la  Prusse  recouvrera  tout  ce  qu'elle  a  perdu  en 
1807  par  le  traité  de  Tilsit,  c'est-à-dire  la  Pologne  prussienne 
et  une  bonne  partie,  si  ce  n'est  même  la  totalité,  des  pays  entre 
l'Elbe  et  le  Rhin. 

0©  revient  ensuite  sur  les  tirades  habituelles  contre  Met- 
ternich,  sur  les  critiques  que  lui  vaut  son  peu  d'application 
aux  affaires.  «  On  ne  se  gêne  pas  pour  dire  qu'on  voudrait  le 
voir  remplacé  par  Schwarzenberg,  qui  a  si  bien  fait  comme 
ambassadeur  à  Paris  et  à  Saint-Pétersbourg,  qui  est  un  homme 
d'honneur  et  un  homme  d'esprit  et  auquel  on  donnerait  Wes- 
senberg  pour  adjoint.  » 

On  fait  campagne  contre  Metternich,  parce  qu'on  est  mécon- 
tent de  la  durée  du  séjour  des  souverains,  parce  qu'on  voit 
qu'on  n'a  fait  que  bavarder  en  l'air  à  Prague,  à  Paris  et  à 
Londres,  qu'on  n'y  a  rien  fait,  surtout  à  Prague  et  à  Paris, 
que  si  mal  tailler  que  maintenant  on  ne  sait  plus  comment 
s'y  prendre  pour  recoudre. 


1018.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

jB  protestation  du  Wurtemberg  contre  l'occupation  de  la  Saxe.  Les  vues  du 
prince  royal  sur  la  couronne  de  Pologne.  L'irritation  du  Wurtemberg  contre 
la  Prusse. 

On  a  rédigé  dans  le  cabinet  du  Roi  de  Wurtemberg  une  note 

Le  protestation  contre  l'occupation  de  la  Saxe  par  la  Prusse. 

^ptre  Excellence  sait  assurément  que  le  prince  royal  de  Wur- 

miberg  a  fait  faire  des  insinuations  auprès  d'Alexandre  afln 

l'obtenir  la  couronne  de  Pologne. 

L'entourage  du  Roi  et  surtout  les  Wurtembergeois  sont  plus 
lontés  que  jamais  contre  les  Prussiens,  surtout  à  cause  de 
ïinsistaiice  qu'ils  mettent  à  réclamer  Ansbach  et  Bareuth. 


662  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1019.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Prolongation  du  séjour  des  Souverains  à   Vienne.  Un  mot  d'Alexandre 
à  la  comtesse  Wrbna. 

M.  de  Willie  m'a  chargé  de  m'informer  s'il  était  vrai  que 
le  prince  Trauttmansdorff  avait  fait  passer  une  note  à  Stadion 
pour  le  prévenir  d'avoir  à  tenir  prêts  les  fonds,  dont  la  Cour 
aura  besoin  pour  couvrir  ses  dépenses,  «  attendu  que  les  Hauta 
Alliés  resteront  à  Vienne  jusqu'en  mars  et  très  probablement 
même  jusqu'en  avril  ». 

On  raconte  à  ce  propos  que  l'Empereur  Alexandre,  rencon 
trant  ces  jours-ci  la  comtesse  Flore  de  Wrbna,  lui  dit  :  «  J'ati 
une  fort  mauvaise  nouvelle  à  vous  annoncer,  Comtesse.  Nous 
resterons  encore  fort  longtemps  ici  ;  mais  consolez-vous,  nous 
nous  quitterons  bons  amis.  » 


i 


1020.  Londres,  13-25  novembre  1814  (F.  5.  4655  ad  3565). 

LIEVEN  à  NESSELRODE  {intercepla)  (en  français). 
L'arrivée  du  Fingal  et  la  marche  favorable  des  négociations  de  paix  à  Gand 

Une  suite  de  dépêches  américaines  arrivées  ici  par  le  Fingal 
bâtiment  parlementaire  portant  des  dépêches  aux  commission 
américaines  à  Gand,  a  mis  le  public  anglais  au  fait  des  négo 
ciations  de  paix  jusqu'au  19  août  et  des  points  conditionnel 
pour  la  paix  que  le  Gouvernement  britannique  avait  mis  e 
avant  dans  ses  premières  ouvertures. 

L'Opposition  a  relevé,  quoique  légèrement,  au  Parlement 
l'exagération  de  ces  demandes. 

Les  derniers  avis  de  Gand  font  mention  de  la  nouvelle  « 
vite  qu'ont   reprise  les   relations    entre    les  plénipotentiair<!l  | 
anglais  et  américains  depuis  l'arrivée  du  Fingal, et  le  bruit  cou 
que,  tandis  que  les  dernières  instructions  de  M.Madison  recon 
mandent  la  continuation  des  négociations,  les   ministres  c 
Prince  Régent  d'Angleterre  ont  de  leur  côté  abandonné  que,- 
ques-unes  de  leurs  prétentions. 


l'ouverture    du  COiNGRÈS.   —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      663 

1021.  Paris,  30  novembre  1814  (F.  5.  4655  ai  3565). 

GOLTZ  à  HARDENBERG  (en  français). 

J'apprends  dans  le  moment,  à  ne  pas  pouvoir  en  douter,  que 
le  maréchal  Soult  sera  nommé  ces  jours-ci  ministre  de  la 
Guerre  (1).  C'est  un  changement  bien  important  et  auquel  le 
Roi  paraît  avoir  été  disposé  par  les  observations  réitérées 
qu'on  lui  a  faites  sar  le  manque  d'énerg-ie  et  de  fermeté  du 
général  Dupont...  (Le  reste  en  chiffre  qui  n'a  pas  été  mis  au 
clair  et  qui  n'a  pas  été  copié). 


1022.  Vienne,  11  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad.  3565). 

HAGER  à  FEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  10  décembre  1814  et 
envoi  àHntercepta  peu  curieux,  sauf  celui  de  Gaertner  à  Stae- 
gemann  (7  décembre)  (envoi  de  la  note  qu'il  a  remise  le  16  no- 
vembre à  Metternich  au  nom  des  princes  et  comtes  médiatisés). 


1023.  Stuttgart,  3  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565). 

RIEDESEL  au  Baron  de  SCHAUENBURG  (inlerccpla)  (analyse). 

11  regrette  que  les  souverains  aient  soulevé  les  questions  de 
Pologne  et  de  Saxe  qui  empêchent  de  s'occuper  des  affaires 
d'Allemagne.  Il  espère  qu'après  la  nouvelle  déclaration  russe  (2) 
les  trois  grands  monarques  reviendront  à  de  meilleurs  senti- 
ments et  rendront  vains  les  efforts  que  fait  la  France  pour  les 
désunir. 

l.Goltz  étaitbien  renseigné  puisque  Jaucourt, dans  sa  dépêche  du  3  décembre 
à  ïalleyrand,  lui  disait  :  «  Dimanche  (c'est-à-dire  le  lendemain  4),  vous  ver- 
rez p.ir  les  journaux  la  nomination  du  maréchal  Soult  à  la  Guerre.  .  »  et  qu'il 
commençait  sa. dépèche  du  7  en  ces  termes  :  «  Tout  le  monde  déclare  que  la 
nomination  du  maréchal  Soult  était  inattendue  et  que  le  renvoi  du  comte 
•Dupont  semblait  ou  différé  ou  même  révoqué 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  450-456.  Lettre  de  l'Empereur  Alexandre  en  réponse  à 
la  lettre  du  4  novembre  de  lord  Gastlereagh  et  deuxième  Mémorandum  russe. 
Vienne,  21  novembre  1S14. 


664  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

1024.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565). 

...   à  HAGER  (en  français). 
Un  mot  du  Roi  de  Wiirtemberg.  Critique  sévère  du  Congrès. 

Le  Roi  de  Wurtemberg  a  dit  chez  lui  devant  pas  mal  de 
personnes  qu'il  recevait  :  «  Il  est  honteux  de  penser  qu'on  met 
ici  plus  de  temps  pour  partager  le  pays  conquis  qu'on  n'en  a 
mis  pour  renverser  le  terrible  tyran.  Qu'a-t-on  donc  fait  depuis 
le  traité  de  Paris  ?  » 

Les  auditeurs  stupéfaits  ont  baissé  la  tête. 


1025.  Vienne,  9  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565). 

H...,  à  HAGER 

Ordres  nouveaux  relatifs  à  la  Pologne  et  à   la  Saxe  reçus  par  Castlereagh. 

Castlereagh  a  reçu  il  y  a  deux  jours  l'ordre  de  déclarer  que 
l'Angleterre  s'opposera  catégoriquement  à  la  cession  de  la 
Saxe  à  la  Prusse  et  de  la  Pologne  à  la  Russie  (1).  Il  remettra 
cette  note  aujourd'hui  ou  demain.  On  m'affirme  que  le  Wur- 
temberg soutient  en  secret  les  desseins  de  la  Prusse. 


1026.  Vienne,  12  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  12  décembre  1814. 


1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche,  n°  15.  Vienne,  7  décembre  1814  (Pal-- 
LAi.N.  Correspondance  inédite,  etc.,  167).  Cf.  d'ANGEBERG,  193-494.  Lord  Cast- 
lereagh à  lord  Livcrpool  au  sujet  de  la  négociation  du  prince  de  Hardenberg 
avec  l'Empereur  Alexandre  relative  à  la  Pologne. 


l'ouverture   du   COiNGRÈS.    —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      065 

1027.  Vienne,  10   décembre  1814. 

Rapport  à  IIAGER  (en  finançais). 

Depuis  plusieurs  jours  Wrede  a  cessé  d'aller  chez  M'"«  Ripp. 

M"°*  Morel  est  venue  à  l'improviste,  le  7  au  soir,  chez  le 
grand-duc  de  Bade  qui  renonça  à  sortir,  soupa  et  resta  fort 
tard  avec  elle. 

Le  prince  héritier  de  Hesse-Darmstadt  continue  de  charger 
son  chasseur  de  lui  amener  des  filles,  d'une  classe  du  reste 
assez  peu  élevée. 


1028.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Alexandre  et  la  princesse  Esterhazy. 

Sachant  que  le  prince  Esterhazy  (1)  allait  pendant  quelques 
jours  chasser  chez  lui  à  Eisenstadt,  Alexandre  ût  savoir  à  la 
princesse  Léopoldine  qu'il  viendrait  passer  une  soirée  chez  elle. 
La  princesse  lui  communiqua  la  liste  des  dames  qu'il  trouve- 
rait chez  elle  avec  la  prière  de  rayer  celles  qu'il  ne  désirait 
pas  rencontrer.  Il  les  raya  toutes,  sauf  elle.  La  princesse  en- 
voya au  plus  vite  chercher  son  mari  à  Eisenstadt,  et  le  prince 
arriva  encore  juste  à  temps  pour  recevoir  Alexandre  qui,  déçu 
et  dépité,  ne  resta  que  peu  d'instants. 


;^029.  Vienne,  10  décembre  1814  (F. 5.  4995  ad  3565;. 

Raifort  à  HAGER 

Eugène  et  Alexandre.  Nouvelles  du  Congrès  d'après  d'Arnay. 
Ce  qu'aura  Marie-Louise.  Les  Légations. 

Le  priQce  Eugène  est  d'autant  plus  confiant  qu'Alexandre 

.La  priiicassoLéop  )ldinc,née  princesse  de  la  Tour  et  Taxis,  était  la  femme 
prince  Paul  Esterhazy,  diplomate  autrichien,  un  peu  plus  tard  ambas- 
ieur  d'Autriche  à  Londres. 


660  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

continue  à  le  distinguer  d'une  façon  des  plus  marquées.  D'Ar- 
nay  m'a  affirmé  du  reste  que  le  Congrès  était  d'accord  sur  les 
points  les  plus  importants  et  que  tout  marchait  maintenant  de 
façon  à  pouvoir  être  terminé  en  trois  semaines.  Il  croit  que 
Marie-Louise  aura  Parme,  que  l'ex-reine  d'Etrurie  obtiendra 
peut-être  quelque  compensation. 

Fava  et  Squarzoni  resteront  encore  huit  ou  dix  jours  en  at- 
tendant une  résolution  en  faveur  du  Pape,  ce  qui  semble  fort 
improbable  à  d'Arnay. 


1030..  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Malczewski  persiste  à  croire  à  une  guerre  à  cause  de  la  Po- 
logne et  de  la  Saxe,  guerre  que  Murât  désire  d'autant  plus  que 
la  tranquillité  est  loin  d'être  établie  en  Espagne,  en  Sicile  et  en 
France. 


1031.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

ee   à  HAGER 

Jacobi  Kloest  a  passé,  le  9,  plus  de  trois  heures  en  conférence 
avec  Rechberg.  Les  médiatisés  ne  tarissent  pas  en  éloges  sur 
son  compte  et  sur  celui  de  Hardenberg,  parce  qu'ils  désap- 
prouvent l'occupation  de  la  Saxe  et  combattent  la  politique  de 
Humboldt. 


1032.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4984  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  favorables  au  Roi  de  Saxe.  Solution  probable  et  prochaine 
de  la  question  de  Pologne. 

Le  brouillard  se  dissipe.  Les  ministres  de  Bavière,  de  Hesse- 
Darmstadt  et  Gaertner  m'affirment  que  le  Roi  de  Saxe  conserve 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   667 

son  royaume.  La  question  de  Pologne  est  également  tranchée 
dans  le  sens  désiré  par  l'Autriche  et  on  espère  que  les  affaires 
vont  pouvoir  marcher.  Depuis  cette  grande  nouvelle,  je  n'ai  vu 
aucun  des  enragés  Prussiens.  Nous  verrons  ce  que  diront  ceux 
qui  criaient  si  haut  qu'ils  ne  rendraient  jamais  rien. 


1033.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  4994  ad  3565). 

V.  L...  à  HAGER 

Les  rhumatismes  du  Roi  de  Prusse  Leui'  origine. Ce  qu'il  pense  delà  solution. 
La  guerre  probable.  La  nouvelle  loi  militaire. 

J'ai  su  par  le  comte  de  Reichenbach(l)  que  le  Roi  de  Prusse 
souffrait  de  fièvres  rhumatismales,  que  les  contrariétés  et  les 
accès  de  colère  ont  rendues  plus  aiguës  et  plus  violentes.  Il  a 
fait  écrire  à  Berlin  qu'il  y  serait  le  Jour  de  l'An.  Il  croit  du  reste 
qu'en  fin  de  compte  il  faudra,  pour  en  sortir,  avoir  recours  aux 
armes.  Il  paraît  aussi  que,  dans  l'espoir  de  prévenir  ainsi  la 
guerre,  il  a  donné  l'ordre  de  mettre  en  vigueur  la  nouvelle  loi 
militaire. 


1034.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  5.  498  i  à  3565). 

©©  à  HAGER  (en  français). 

La  question  de  Saxe.  La  disgrâce  de  Linden  et  la  faveur  de  Wintzingerode. 
Ce  qu'Alexandre  a  dit  de  1  Autriche  au  sujet  de  la  Pologne.  Hardenberg 
et  Humboldt.Le  Wurtemberg  et  les  affaires  d'Allemagne. 

On  m'a  affirmé  à  la  Légation  de  Wurtemberg  sous  le  sceau 
du  secret  le  plus  absolu  que  la  Saxe  restera  à  son  Roi,  moins 
la  Lusace  et  Wittemberg  qu'elle  cède  à  la  Prusse. 

J'y  ai  également  appris  que  le  baron  Linden  était  en  pleine 
disgrâce  et  que  le  Roi  de  Wurtemberg  n'a  plus  confiance  qu'en 
Wintzingerode. 

1.  Reichenbacli  (comte  de,  lieutenant-colonel  prussien),  attaché  à  la  per- 
sonne et  à  la  chancellerie  d'Hardenberg  pendant  le  Congrès  de  Vienne. 


668  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIEiNNE 

On  affirme  qu'Alexandre  aurait  dit,  il  y  a  peu  de  jours,  au 
Roi  de  Wurtemberg  qu'il  avait  résolu  de  s'entendre  avec  l'Au- 
triche au  sujet  de  la  Pologne  et  qu'on  allait  par  suite  s'occu- 
per sérieusement  et  vivement  de  l'Allemagne.  Alexandre 
croyait  en  conséquence  qu'on  pourrait  quitter  Vienne  dans  dix 
à  douze  jours.  Mais  le  Roi,  qui  avait  déjà  commencé  ses  pré- 
paratifs de  départ,  a  donné  contre-ordre  ces  jours  derniers. 

On  m'a  confirmé  positivement  le  grave  dissentiment  qui 
existe  entre  Hardenberg  et  Humboldt  et  on  m'a  dit  que  le  con- 
seiller d'Etat  prussien  von  Kûster  était  arrivé  ici  avec  de  nou- 
veaux plans.  Le  grand-duc  de  Bade,  de  son  côté,  a  envoyé 
une  note  très  énergique  sur  la  Constitution  de  l'Allemagne. 
Enfin  le  Wurtemberg,  d'accord  avec  les  autres  Etats,  a  insisté 
au  Comité  sur  l'impossibilité  de  confier,  en  raison  de  son  im- 
portance comme  clef  de  l'Allemagne,  la  garde  de  Mayence  à 
une  seule  puissance  et  sur  la  nécessité  d'en  faire  une  forte- 
resse fédérale. 

Le  Comité  attend  avec  impatience  la  note  que  Metternich 
a  promis  de  lui  soumettre. 


1035.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

HAGER  à  r EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  13  décembre  1814  (F. '5.  4995  ad  3565). 

Envoi  de  nombreux  intercepta  du  10  et  du  11  décembre,  la 
plupart  sans  grand  intérêt,  lettres  d'invitations  et  notes,  parmi 
lesquelles  se  trouve  cependant  une  note  de  Gastlereagh  à  Nes- 
selrode  (11  décembre)  (Renvoi  de  la  lettre  de  Marie-Louise 
à  Alexandre  et  de  la  réponse  d'Alexandre,  que  Nesselrode  a 
dû  lui  envoyer  par  erreur,  et  transmission  de  propos  inquié- 
tants tenus  par  le  comte  Zichy  Ferraris  (1)  et  qui  feraient 
croire  que  la  guerre  est  inévitable). 

1.  Zichy-Ferraris  (François,  comte)  (1777-1839),  lieutenant-colonel  en  1814, 
marié  depuis  1799  à  Marie- VVilhelmine,  fille  du  feld-maréchal  comte  Ferraris, 
le  futur  beau  père  de  Metternich,  qui  épousa  en  1831  sa  fiile,  la  comtesse 
Mélanie,  née  eu  1805. 


l'ouverture    du   congrès.  —   LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      669 

1036.  Vienne,  10  décembre  1814  (F.  6.  5004  ad  3565). 

...  à  IIAGER  (en  français). 

Affaires  de  Pologne  et  de  Saxe  toujours  en  suspens.  Froid  entre  les  deux 
Empereurs.  L'adresse  des  généraux  prussiens  au  Roi  de  Prusse. 

La  nouvelle  de  la  conclusion  d'une  entente  au  sujet  de  la  Po- 
logne et  de  la  Saxe  était  dénuée  de  fondement. 

Le  baron  Tûrkheim  m'a  affirmé  qu'il  y  avait  eu  une  scène 
violente  entre  les  deux  Empereurs,  qu'ils  sont  encore  en  froid  ; 
que  Gastlereagh  (la  reçu  un  nouveau  courrier,  lui  enjoignant 
de  déclarer  que  l'Angleterre  ne  consentira  jamais  à  la  cession 
de  la  Saxe.  Hacke  et  le  comte  Fûrstenstein  (2)  m'ont  confirmé 
ces  nouvelles. 

Le  comte  Erwin  Schonborn  (3)  croit  savoir  que  la  résis- 
tance du  roi  de  Prusse  a  été  causée  surtout  par  une  adresse 
des  généraux  et  des  hauts  fonctionnaires  de  Berlin,  apportée 
ici  par  courrier  spécial,  et  le  priant  de  ne  pas  céder  sur  la 
question  de  la  Saxe. 


1037.  Vienne,  12  décembre  1814  (F.  5.  4995  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  a  fait,  le  11,  une  longue  visite  à  Marie- 
Louise,  avec  laquelle  il  est  resté  au  moins  trois  heures. 


1038.  Vienne,  12  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

Rapport  à    HAGER 

Wrede  a  fait  dans  l'après-midi  du  10  une  longue  visite  à 
iM"^*  Ripp. 

1.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche  n»  15.  Vienne,  7  décembre  1814  (Pallain, 
[Pages  167-168). 

2.  Fûrstenstein  (comte),  d'abord  chambellan  et  grand-maître  de  la  garde- 
robe,  puis  ministre  des  Affaires  Etrangères,  l'un  des  ci-devant  dignataires 
de  la  cour  de  Weslphalie, 

3.  Schonborn  (François-Ersvin,  comte)  (1775-1840)  était  à  ce  moment  le  chef 
Ide  la  branche  Schonborn-Wiesentheid. 


670  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

LOwenhielm  a  noué  une  intrigue  amoureuse  avec  la  fille  en- 
tretenue par  Wahrendorff.  Elle  vient  souvent  chez  lui  en  habits 
d'homme.  11  se  montre  du  reste  avec  elle  et  Ta  menée  au  théâ- 
tre sous  ces  déguisements. 


1039.  Vienne,  12  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

L'opinion  de  Nugent  sur  le  Congrès.  Ce  qu'il  ferait 
s'il  était  à  la  place  de  Metternich. 

J^ai  dîné  hier  soir  avec  le  général  Nugent.  Il  doute  beau- 
coup des  résultats  du  Congrès.  Il  trouve  que  le  Cabinet  de 
Vienne  a  commis  bien  des  fautes  qui  ont  amené  la  situation 
actuelle,  si  embarrassante  des  affaires.  Il  ajoute  que  s'il  était 
à  la  place  du  prince  de  Metternich,  l'affaire  serait  bien  vite 
terminée.  La  conduite  de  la  Russie  lui  paraît  abominable.  «  Il 
faut,  disait-il,  leur  présenter  un  ultimatum,  des  conditions  défi- 
nitives d'une  main,  l'épée  de  l'autre  et  leur  dire  :  Choisissez.  » 


1040.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  14  décembre  1814. 


1041.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Envoi  des  intercepta  du  12  et  du  13  décembre,  parmi  les- 
quels il  n'y  a  guère  à  signaler  que  les  suivants  : 

Vienne,  12  décembre,  Gagern  au  baron  Plessen  (Mecklem- 
bourg)  (Envoi  du  projet  des  plénipotentiaires  des  princes  alle- 
mands sur  le  rétablissement  de  la  dignité  Impériale). 

Copenhague,   15-27    novembre,,  Lisakevitch    à  Nesselrode. 


l'ouverture   du   congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      071 

(Sur  le  départ  du  prince  Christian  (1)  se  rendant  près  de  la 
douarière  d'Augustenburg  et  sur  le  bruit  de  son  mariage  avec 
une  princesse  de  cette  maison.) 

Vienne,  13  décembre  1814,  Intercepta  et  papiers  pris  chez 
Stackelberg,  La  Tour  du  Pin,  Noailles  et  Dalberg  et  rapport 
d'agent  sur  l'impossibilité  de  savoir  ce  que  fait  ou  écrit  le 
prince  Repnin. 


1042.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5004  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Nesselrode  et   Metternich   ont  eu,  l'un  après   l'autre,  une 
longue  conférence  avec  Hardenberg. 


1043.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad 3565). 

...   à  HAGER  (en   français). 
La  disgrâce  de  Razoumoffsky. 

A  la  table  du  grand  maréchal  de  la  Cour,  les  aides  de  camp 
d'Alexandre  se  sont  étonnés  du  crédit,  dont  jouit  encore  à 
Vienne  Razoumoffsky,  qui  est  en  pleine  disgrâce  auprès 
d'Alexandre  et  cela,  probablement,  pour  toujours.  Ils  ont,  en 
revanche,  fait  un  grand  éloge  de  Stackelberg  et  vanté  son 
influence. 


1044.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

La  Bavière,  le  Wurtemberg,  Bade  et  la  Russie.   Un  mot  du  Roi  de  Bavière 
à  propos  du  Roi  de  Saxe. 

Le  Roi  de  Saxe,  cédant  aux  représentations  de  TEmpereur 
d'Autriche   et  d'Alexandre,  ne  vient  pas  à  Vienne.    On   lui 

1.  Ce  bruit  était  fondé.  Le  prince  royal  Christian  (1786-1845)  épousa  en 
effet,  le  22  mai  1815,  la  princesse  Caroline  d'Augustenburg,  sa  petite-cousine, 
puisque  sa  mère  était  fille  du  roi  Christian  Vil,  son  grand-père. 


672  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

aurait  affirmé  du  reste  qu'on  lui  rendrait  son  royaume,  chose 
sur  laquelle  l'Angleterre  et  la  France  insistent  plus  que 
jamais  (1). 

On  dit  maintenant  que  la  Bavière  gardera  Salzbourg  et  Passau, 
mais  cédera  Tlnn-Viertel  et  le  Ziller-Thal.  Elle  serait  fort  mé- 
contente de  l'attitude  du  Wurtemberg  et  de  Bade  qui  se  seraient 
ralliées  à  la  Russie. 

On  raconte  que  le  roi  de  Bavière  a  dit  ces  jours  derniers  à 
brûle-pourpoint  au  roi  de  Prusse,  alors  que  les  deux  Empereurs 
parlaient  devant  eux  de  la  Saxe  :  «  Après  tout,  il  faut  bien 
convenir  que,  nous  tous,  nous  avons  sur  la  conscience  les  mêmes 
péchés  que  mon  cher  beau-frère  (2).  »  Le  roi  de  Prusse  a  fait 
semblant  de  n'avoir  rien  entendu  et  s'est  éloigné  en  faisant  la 
grimace. 


1045.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  contradictoires.  Le  Roi  de  Prusse  décidé  à  garder 
la  Saxe  à  tout  prix. 

Les  nouvelles  sont  rares  et  contradictoires,  mais  on  est  plu- 
tôt à  la  guerre.  On  affirme  cependant  que  le  roi  de  Prusse 
aurait  dit  que  dans  le  principe  il  ne  tenait  pas  autrement  à  la 
Saxe  ;  qu'il  s'était  même  prononcé  contre  l'occupation  provi- 
soire ;  mais  que  maintenant  qu'elle  avait  eu  lieu,  il  ne  rendrait 
plus  ce  pays,  même  si  ses  Ministres  le  lui  conseillaient. 


1046.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  5014  ad  3565). 

...  à  HAGER  (en  français). 

Offres  de  services  de  généraux  français  à  Murât  et  les  partisans  qu'il  a  en 
Italie.  Les  armements  de  la  P'rance. 

Malczewski   affirme   que   des  maréchaux   et   des  généraux 

1.  Cf.  d'ANGiîBERG,  p.  505-510.  Note  du  prince  de  Metternich  adressée  le 
10  décembre  1814  au  prince  de  Hardenberg  «...  se  refusante  l'incorporation 
entière  de  la  Saxe  à  la   Prusse  ». 

2.  Le  roi  de  Saxe  avait  épousé  la  princesse  Marie-Amélie  de  Deux-Ponts, 
sœur  du  Roi  de  liavière. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   673 

français  ont  offert  leurs  services  à  Murât  (1)  en  cas  de  besoin 
et  ont  même  promis  de  lui  amener  une  quantité  de  vieux  sol- 
dats. D'après  lui,  Murât  peut  compter  sur  les  sympathies  et 
le  concours  effectif  d'une  partie  de  l'Italie. 

Dalberg  n'a  pas  caché  à  Hacke  que  la  France  poussait  acti- 
vement ses  armements  et  lui  a  annoncé  que  Soult  avait  rem- 
placé Dupont  au  ministère  de  la  Guerre  (1). 


1047.  Vienne,  15  décembre  1814  (F,  5.  5022  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  15  décembre  1814. 

Envoi  d'intercepta  et  de  papiers  pris  chez  Nesselrode, 
Dalberg,  La  Tour  du  Pin,  Rechberg,  Humboldt,  Heilmann, 
Gentz,  etc. 


1048.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5022  ad  3565). 

N.  N.  à  HAGER 
Le  recrutement  en  Pologne.  Composition  du  corps  d'armée  polonais. 

Le  recrutement  va  son  train  en  Pologne.  Le  corps  d'armée 
polonais  sera  renforcé  de  15.000  hommes,  sans  compter  6  à 
8.000  hommes,  qu'on  lèvera  dans  le  Grand-Duché  pour  rempla- 
cer ceux  qui  ont  été  congédiés  ou  qui  ont  déserté. 


1049.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.  5022  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (Rapport  de  chez  le  Nonce)  (en  français). 
Le  Congrès.  La  mort  du  prince  de  Ligne.  Un  mot  du  Nonce. 

On  garde  le  plus  grand  secret  sur  la  marche  des  négocia- 
tions du  Congrès. 

ki.  Correspondance  de  Jauconrt  avec  Talleyrand,  pages  122,  123,  127,  132, 
155, 156.  Jaucourt  à  Talleyrand,  18  décembre,  24  décembre,  28  décembre  1814 
«t  26  janvier  1815. 
T.  I.  " 


674  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENISE 

Le  Nonce  a  payé  en  ma  présence  un  singulier  tribut  de  regrets 
au  prince  de  Ligne  que  la  mort  vient  d'enlever  (1). 

«  Les  francs-maçons  de  Vienne,  a-t-il  dit,  ont  perdu  leur 
«  plus  ferme  appui,  leur  zélé  protecteur.  » 


1050.  Vienne,  14  décembre  1814  (l<\  5.  5022  ad  3565). 

e®  à  HAGER  (en  français). 

La  mort  du  prince  de  Ligne.  Regrets  universels  qu'elle  cause. 
Ce  qu'on  a  dit  à  la  dernière  soirée  chez  Arnstein. 

La  mort  du  prince  de  Ligne  a  fait  une  profonde  impression 
à  Vienne  et  sera  ressentie  dans  toute  l'Europe  où  il  était  connu, 
considéré  et  aimé.  Il  était  foncièrement  bon,  et  s'il  avait  assu- 
rément des  travers  et  même  des  défauts,  il  avait  un  charme, 
une  amabilité,  une  dignité,  un  esprit  que  nul  ne  possédait  et  ne 
possédera  peut-être  à  un  pareil  degré. 

Avant-hier,  comme  tous  les  mardis,  il  y  a  eu  chez  Arnstein, 
une  belle  soirée  de  musique,  à  laquelle  ont  assisté  environ  cent 
cinquante  personnes,  parmi  lesquelles  la  princesse  Palm  (2),  la 
princesse  Dietrichstein  (3),  les  comtes  Keller,  Salmour,  Schlitz- 
Goertz  (4),  Emmanuel  Khevenhiiller  (5),  le  baron  Linden,  le 
baron  Ulrich  (6),  etc.,  etc.  On  y  a  raconté  que  d'après  des  let- 
tres reçues  de  Varsovie,  le  grand-duc  Constantin  passait  tout 
son  temps  à  faire  manœuvrer  les  troupes  et  à  avoir  des  confé- 
rences toutes  relatives  à  la  future  Constitution  du  royaume 
de  Pologne. 

1.  Le  prince  de  Ligne  mourut  le  13  décembre  après  quelques  jours  seule- 
ment de  maladie. 

2.  Il  ne  peut  s'agir  que  de  la  baronne  Marie-Caroline  Gudenus,  deuxième 
femme  du  prince  Joseph-Charles  Palm,  qu'elle  avait  épousée  en  1803  et  qui 
mourut  le  là  septembre  1815.  Née  en  1773,  elle  mourut  en  1857. 

3.  Comtesse  Alexandra,  Alexéiwna  Schouvaloff,  née  en  1775,  mariée  en 
1797  au  prince  François-Joseph  Dietrichstein  (1767-1857)  grand  maréchal  de 
la  cour  d'Autriche. 

4.  Cf.  Plus  loin  une  pièce  du  26  février  ;  d'après  le  rapport  de  cet  agent,  le 
comte  Schlitz-Goertz  serait  le  beau-frère  et  l'informateur  du  comte  de  Rech- 
berg. 

5.  Khevenhiiller  (Emmanuel,  comte),  chevalier  de  la  Toison  d'Or  (1759-1847), 
venu  à  Milan  vers  1770  avec  l'archiduc  Ferdinand, y  épousa  la  comtesse  Mez-^l 
zabarba  et  maria  ses  deux  filles,  l'une  au  duc  Charles  Visconti  Modrone,  l'au- 
ti'C,  au  marquis  Phebus  d'Adda.  Cf.  Gallavresi.  L,  Note  page  84,  Carteggio 
Confalonieri. 

6.  Représentant  de  l'Ordre  Teutonique. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET   LA    POLOGNE       675 

L'Empereur  de  Russie,  qui  continue  à  bouder  Metternich, 
s'étant  abstenu  de  paraître  à  la  soirée  que  celui-ci  a  donnée 
le  13,  on  a  dit  chez  Arnstein  :  «  Gela  fait  honneur  au  prince 
de  Metternich.  » 


1051.  Berlin,  8  décembre  1814  (F.  5.  5022  ad  3565). 

Anonyme  au  Prince  RADZIWILL  (intercepta) 
Thorn  et  Gracovie  seront  déclarées  villes  libres. 


1052.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.4500  ad  3565). 

HEILMANN  (1)  à  son  père  (intercepta)  (en  français). 

Les  affaires  de  Suisse  vont  mieux  depuis  les  déclarations  de  la  France  et  de 
l'Autriche.  L'Autriche  consentira  à  une  rectification  de  frontières. 

On  fera  bien  de  tenir  bon.  Le  vent  a  tourné  ici  depuis  quinze 
jours.  A  ce  moment,  on  n'aurait  pas  hésité  à  sacrifier  la  Suisse 
à  des  intérêts  majeurs.  11  n'y  avait  à  ce  propos  pas  moins  de 
cinq  plans  différents.  Pour  laisser  la  Saxe  à  la  Prusse,  on  don- 
nait Bade  au  roi  de  Saxe,  et  la  Suisse  au  grand-duc.  Un  autre 
projet  la  morcelait  entièrement.  Un  troisième  la  rattachait  par 
fractions  à  l'Allemagne.  Enfin  on  a  parlé  du  Vice-Roi.  Il  en  a 
été  ainsi  jusqu'au  moment,  où  l'Autriche  et  la  France  sont  in- 
tervenues carrément  et  ont  déclaré  qu'on  ne  toucherait  pas  à 
l'indépendance  et  à  l'intégrité  de  la  Suisse. 

L'Angleterre  a  été  tiède  dans  la  question  de  la  délimitation 
et  Stein  a  été  correct.  Reinhard  a  remis  aux  ministres  le  Mé- 
moire quej'avais  fait  dans  ce  sens  (2)et  j'ai  dû  en  faire  au  galop 
nombre  de  copies.  J'y  ai  joint  les  cartes  à  l'appui.  Je  crois  que 
les  Andlau  et  G'"  (3)  ne  s'en  relèveront  pas. 

1.  Fils  du  Président  de  Bienne. 

2.  Cf.  d'ANGEBEno.  Cinquième  Protocole  des  affaires  du  Comité  des  affaires 
de  Suisse,  10  décembre  1814  (Pages  511-518)  et  sixième  Protocole  (Pages  521- 
525.) 

3.  Andlau  Birseck  (Conrad-Chai-les-Frédéric,  comte  d')  (1766-1839).  Qua- 
trième fils  de  Conrad  d' Andlau,  landvogt  du  Prince-évêque  de  Bâle  pour  les 
districts  de  Birseck  et  de  Balbine  de  Staal.  Chassé  de  France  par  la  Révolu- 
tion, il  chercha  un  poste  dans  l'Autriche  antérieure,  devint  conseiller  du  Gou- 


676  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

Reste  à  voir  la  fin  qui  dépend  de  la  façon  dont  se  réglera  la 
situation  intérieure  de  la  Suisse.  En  tout  cas  notre  action  a 
été  utile. 

L'Autriche  veut  garder  la  Valteline  à  cause  des  communi-J 
cations  entre  l'Italie  et  le  Tyrol  et  donnerait  en  échange  à  la 
Suisse  le  Ghablais  jusqu'à  l'Arve,  Constance  et  une  partie  de 
la  principauté  de  Vaduz  sur  la  frontière  des  Grisons  et  accor- 
derait une  rectification  de  la  frontière  du  Rhin,  du  côté  d'Eglisau. 


1053.  Vienne,  14  décembre  1814  (F.  5.4022  ad  3655). 

GENTZ  (1)    au  Prince  de  VALACHIE  {intercepta)  (en  français).; 

Les  affaires  de  Naples.  Murât  et  son  désir  de  voir  Napoléon  transporté  plus 
loin.  Le  Roi  de  Prusse  et  Marie-Louise.  La  grande-duchesse  Catherine  et  le 
prince  royal  de  Wurtemberg. 

Il  n'a  plus  été  question  de  Naples.  Les  ministres  de  France 
et  d'Espagne  ne  savent  plus  comment  aborder  cette  affaire, 
depuis  que  le  prince  de  Metternich  a  déclaré  un  jour  dans  une 
conférence  qu'il  ne  la  regardait  pas  comme  un  objet  de  dis- 
cussion au  Gongrès  (2). 

Les  Français  ont  fait  circuler  des  bruits  alarmants  sur  une 
lettre  écrite  par  le  roi  de  Naples  à  l'Impératrice  Marie-Louise (3 
et  dans  laquelle,  d'après  eux,  il  lui  avait  «  promis  de  vengei 
un  jour  tous  ses  torts  ». 

Mais  le  fait  est  que  cette  lettre  ne  contient  pas  un  mot  qu| 
puisse  justifier  ces  bruits;  qu'elle  ne  respire  que  la  plus  pro 

vernement  à  Fribourg  et  quand  le  Brisgau  fut  incorporé  à  Bade,  il  entra  ai 
service  badois.Enl809  et  1810,  il  représenta  le  grand-duché  à  Paris.  En  1814 
il  fut  chargé  du  gouvernement  de  la  Franche-Comté  avec  résidence  à  Vesoul 
mais  échangea  bientôt  ce  poste  contre  celui  de  gouverneur  de  révêché  d 
Bâle,  qu'il  garda  jusqu'à  l'incorporation  de  ce  territoire  à  la  Gonfédératio! 
helvétique.  11  revint  alors  à  Fribourg,  où  il  mourut  à  l'âge  de  73  ans. 

1.  J'ai  cru  devoir  reproduire  ici  cette  dépêche,  bien  qu'elle  n'ait  été  inter 
ceptéc  qu'incomplètement  et  bien  qu'elle  ait  été  publiée  en  allemand  pa 
Klinkowstrom  (Cf.  Oesterreich's  Theilnahme  an  den  Befreiungs  Kriegei 
p.  472-474),  d'abord  parce  que  toute  la  première  partie  de  cette  dépêche  n 
figure  pas  dans  ce  livre,  ensuite  parce  que  le  texte  allemand  diffère  ass< 
sensiblement  du  texte  français  de  la  dépêche  interceptée. 

2.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  6  novembre  (dépêche  n»  10)(PALLAiN.Corre. 
pondance  inédite,  p.  101). 

3.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  30  novembre  (Dépêche  n»  14).  Ibiden 
p.  155. 


l'ouverture  du  congrès.  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   677 

fonde  reconnaissance  du  roi  de  Naples  pour  le5  preuves  de 
loyauté  et  de  bienveillance  que  l'Empereur  d'Autriche  lui  a 
données  et  qu'elle  n'a  d'autre  tort  que  celui  de  s'exprimer  avec 
indifférence  et  peut-être  avec  un  peu  de  mépris  sur  les  menaces 
des   ministres  de  France. 

Au  reste  le  duc  de  Campochiaro  et  le  prince  Gariati  sont 
aussi  bien  traités  que  les  deux  ministres  de  Sicile,  Ruffo  et 
Serracapriola. 

Le  roi  de  Naples  (1),  quoique  depuis  longtemps  hors  de 
toute  relation  avec  Napoléon,  paraît  vivement  désirer  que  ce 
voisin  incommode  soit  déplacé  de  son  séjour  actuel,  non  parce 
qu'il  le  croit  dangereux,  mais  pour  faire  cesser  les  soupçons 
et  les  commérages  auxquels  sa  proximité  de  Naples  fournit 
toujours  matière.  Ce  vœu  est  partagé  par  plusieurs  Puissances, 
ît  il  n'est  pas  impossible  que  tôt  ou  tard  on  s'occupe  de  quelque 
projet  qui  ferait  transporter  Napoléon  dans  un  autre  pays.  On 
eu  vaguement  l'idée  de  le  conduire  en  Angleterre  ou  plutôt 
m  Ecosse,  mais  rien  n'est  décidé  à  cet  égard  (2). 

Le  roi  de  Prusse  ayant  fait  à  l'Impératrice  Marie-Louise  plu- 
lieurs  visites,  cela  a  occasionné  dans  le  public  le  bruit  ridicule 
[u'il  avait  le  projet  de  l'épouser,  chose  dont  il  n'a  jamais  été 
estion. 

Un  mariage  plus  probable  est  celui  de  la  grande-duchesse 

Catherine  avec  le  prince  royal  de  Wurtemberg  (3).  Ce  mariage 

e  serait  pas  un  événement  indifférent.  11  pourrait  même  avoir 

lot  ou  tard  une  influence  majeure  sur  le  sort  de  l'Europe.  La 

rande-duchesse  Catherine  est  peut-être  la  seule  personne  au 

londe  qui  puisse  exercer  une  certaine  pression  sur  l'esprit  de 

)n  frère  l'Empereur  Alexandre.  11  lui  parle  souvent  et  l'initie 

ians  tous  ses  secrets. 

D'un    autre  côté,   le  prince  royal    de  Wurtemberg  est  un 

sïomme  extrêmement  distingué  par  son  esprit^  ses  talents  mili- 

lires,  sa  bravoure,  ses  exploits  dans  la  dernière  campagne. 

ais  ces  qualités  mêmes  ne  le  rendent  que  plus  dangereux, 

1.  Toute  cette  partie  de  la  dépêche  jusqu'à  la  fin  a  été  publiée  par  Klin- 
wstrœm. 

2.  On  trouve  ici  dans  le  texte  allemand  deux  phrases,  l'une  démentant 
nvoi  du  général  Koller  à  l'île  d'Elbe,  l'autre  relative  au  genre  de  vie  que 
luie-Louise  mène  à  Schœnbrunn. 

3.  Il  manque  ici  5  à  6  phrases  qu'on  trouvera  dans  Klinkowstrœm  (p.   473) 

»ves  au  projet  de  mariage  de  la  grande-duchesse  avec  l'Archiduc  Charles, 
auses  qui  en  ont  empêché  la  réalisation  et  à  Torigine  du  nouveau  projet. 


pie 


678  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

puisqu'il  est  en  même  temps  d'un  caractère  peu  fait  pour  ins- 
pirer la  confiance,  profondément  ambitieux,  inquiet,  intrigant 
et  vindicatif.  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  la  grande-duchesse 
soit  douce  et  calme.  Ces  deux  grands  personnages,  réunis  et 
profitant  de  leur  crédit  auprès  de  l'Empereur  Alexandre,  pour- 
raient un  jour  imaginer  bien  des  entreprises  et  contribuer  à 
bien  des  bouleversements  (1). 


1054,  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  16  décembre  1814. 

Intercepta  pris  chez  Nesselrode,  Stackelberg,  le  roi  de  Wur- 
temberg, Dalberg,  Noailles  et  La  Tour  du  Pin. 

Intercepta  (cabinet  noir)  nombreux  mais  peu  intéressants, 
sauf  peut-être  ceux  de  Goltz  à  Hardenberg  et  de  Boutinieff 
à  Nesselrode,  écrits  avec  un  chiffre  nouveau  dont  on  n'a  pas 
encore  la  clef. 


1055.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

Note  à  HAGER  (en  français).. 

Note  sur  Aldini,  Fontanelli,  Guicciardi,  Zucchi,  RazoumofTsky,  La  Harpe. 
La  Saxe,  la  Pologne,  la  Valteline.  Les  espérances  du  prince  Eugène  et  les 
affaires  de  Suisse. 

Aldini  qui  a,  paraît-il,  été  reçu  par  Sa  Majesté,  affirme  que 
TEmpereur  lui  aurait  dit  que  pour  la  Pologne  et  la  Saxe  or 
s'était  arrangé. 

Le  général  Fontanelli  (2)  vient  d'arriver  à  Vienne  sur  h 
conseil  de  Bellegarde. 

Le  comte  Guicciardi,  qui  s'est  prononcé  en  faveur  de  la  ces- 
sion de  la  Valteline  à  l'Autriche,  a  été  élevé  à  Vienne,  sait  l'ai 
lemand,  a  été  pendant  cinq  ans  du  temps  des  Français  ministr» 

1.  Il  manque  enfin  un  dernier  paragraphe  tout  entier  consacré  aux  récep 
lions  mondaines  et  à  la  mort  du  prince  de  Ligne. 

2.  Fontanelli  (Achille)  (1775-1838),  général  de  division,  ministre  delà  Guerrj 
du  royaume  d'Italie  de  1811  à  1814.  .  li, 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      679 

de  la  Police  et  tout  le  monde  s'est  loué  de  sa  modération  et  de 
sa  douceur. 

Il  paraît  que  Fontanelli  ignore  pourquoi  on  Ta  appelé  à 
Vienne  et  désire  uniquement  reprendre  du  service. 

Le  général  Zucchi  (1)  se  plaint  du  commandement  qu'on  lui 
a  donné  en  Silésie  et  le  prince  Eugène,  quoique  mécontent  des 
lenteurs  du  Congrès,  espère  toujours  avoir  Bologne  et  compte 
sur  la  protection  d'Alexandre. 

Razoumofîsky  et  La  Harpe  sont  actuellement  brouillés  et 
leur  dissentiment  a  été  causé  par  des  divergences  de  vues  sur 
les  affaires  de  Suisse. 


1056.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

....  àHAGER     • 

Le  Roi  de  Saxe,  ses  chances  de  retour  dans  ses  Etats. 
Emprunt  qu'il  a  gagé  sur  ses  bijoux. 

Chez  Schulenburg,  on  ne  doute  plus  du  retour  du  Roi  de 
Saxe  dans  ses  Etats  (2). 

Le  Roi  a,  dit-on,  engagé  à  Hambourg  et  à  Amsterdam  ses  bi- 
joux estimés  12  millions  de  thalers  pour  venir  en  aide  aux  plus 
nécessiteux  de  ses  sujets. 

De  tous  côtes  on  me  confirme  cependant  l'exactitude  des 
déclarations  faites  par  le  Roi  de  Prusse  qui  continue  à  être  sou- 
tenu par  Alexandre. 

1057.  Vienne,  15  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

Nota  à  HAGER 

Le  mariage  de  la  grande-duchesse  Catherine  avec  le  prince  royal  de 
Wiirtemberg  semble  décidé.  Les  craintes  de  guerre. 

On  reparle  du  mariage   de  la  grande-duchesse  Catherine, 

1.  Zucchi  (Charles,  baron)  (1777-186  ),  général  de  division,  gouverneur  de 
Mantoue  pendant  la  campagne  de  1813-1814.  Cf.  pour  plus  de  détails  sur  la 
vie  de  Zucchi,  les  Mémoires  du  général  Carlo  Zucchi  publiés  par  Nicomède 
BiANCHi  et  Commandant  Weil,  le  prince  Eugène  et  Murât. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG,  p.  505-510.  Note  du  prince  de  Metternich,  adressée  le 
10  décembre  1814  au  prince  de  Hardenberg  «  ...  se  refusant  à  l'incorporation 
entière  de  la  Saxe  à  la  Prusse  ». 


680  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE  VIËNINE 

duchesse  d^Oldenburg,  avec  le  prince  royal  de  Wurtemberg', 
dont  on  la  dit  très  éprise.  La  chose  est  paraît-il  décidée,  mais 
doit  encore  rester  secrète. 

Kozlowski  paraît  croire  que  Tattitude  résolue  de  TAngle- 
terre  amènera  fatalement  la  guerre. 

Il  parle  du  départ  prochain^^d' Alexandre. 


1058.  Saint-Pétersbourg,   9-21  novembre  (F.  5.  4800  ad  3565). 

WINTZINGERODE  au  ROI  de  WURTEiMBERG  {intercepta) 
(en  français)  (sous  couvert  Linden). 

Le  dîner  Litta,  le  comte  de  Noailles  et  le  maigre.  L'Empereur  Alexandre 
renonce  à  son  voyage  d'Italie  à  cause  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe.  Bruit 
de  départ  de  Talleyrand.  La  prbtestation  des  princes  allemands,  L'attitude 
de  la  noblesse  viennoise. 

Le  comte  Litta  (1)  a  donné  un  grand  dîner  à  l'Ambassadeur 
de  France,  auquel  le  Chargé  d'Affaires  de  Prusse  assista  ;  mais 
ceux  de  Portugal,  d'Espagne  et  d'Amérique  n'étaient  pas  in- 
vités. On  observa  que  l'Ambassadeur  de  France  ne  mangeait 
pas  du  tout  ;  mais  il  calma  les  inquiétudes  que  cette  absti- 
nence commençait  à  donner  sur  sa  santé  en  rappelant  que 
c'était  un  vendredi  et  que  le  dîner  était  gras.  On  se  demanda 
à  l'oreille  si  M.  de  Noailles,  chambellan  de  Napoléon,  avait 
été  aussi  scrupuleux  à  faire  maigre  que  le  comte  de  Noailles, 
ambassadeur  de  Louis  XVIIl,  et  on  donna  raison  au  vieil 
adage  que  les  jours  se  suivent  et  ne  se  ressemblent  pas. 

D'après  les  dernières  nouvelles  de  Vienne,  le  départ  de  l'Em- 
pereur devait  avoir  lieu  aujourd'hui,  mais  Sa  Majesté  paraît 
avoir  renoncé  au  voyage  d'Italie.  Ce  changement,  sans  donner 
précisément  des  inquiétudes  sur  la  conservation  de  la  paix,  di- 
minue cependant  la  confiance  avec  laquelle  on  avait  commencé 
à  y  compter,  d'autant  plus  que  des  lettres  particulières  parlent 
de  graves  malentendus,  qui,  malgré  l'assertion  ducontraire  don- 
née dans  une  lettre  de  l'Empereur  à  l'Impératrice  Mère,  doivent 
s'être  élevés  entre  autres  à  l'égard  de  la  Pologne  et  de  la 
Saxe.  On  ajoute  même  que  M.  de  Talleyrand  doit  avoir  quitté 

1.  Le  beau-père  de  la  princesse  Bagration. 


l'ouverture  du  congrès,  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   081 

Vienne  et  que  tous  les  souverains  allemands  ont  refusé  de  re- 
connaître le  dépouillement  du  Roi  de  Saxe. 

La  dernière  partie  de  ces  nouvelles  paraît  moins  authentique 
que  la  première.  Au  moins  compte-t-on  de  nouveau  positive- 
ment sur  le  retour  de  l'Empereur  pour  Noël.  Les  lettres  parti- 
culières de  Vienne  se  plaignent  de  ce  que  la  noblesse  vien- 
noise, si  sèche  et  non  moins  orgueilleuse  que  celle  de  Russie, 
n'ait  rien  fait  du  tout  pour  contribuer  à  l'éclat  de  cette  capi- 
tale et  que  plusieurs  des  plus  grands  seigneurs  se  soient  même 
retirés  dans  leurs  terres.  La  jalousie  que  doit  inspirer  le  rôle 
brillant  de  M.  de  Metternich  sert  à  expliquer  cette  conduite» 


1059.  Stuttgart,  4  décembre  181-i  (F  5.  4800  ad  3565). 

JOUPTROY  (1)  au  ROI  de   PRUSSE  (intercepta)  en   français). 

Pologne  et  Saxe.  Causes  de  l'intérêt  plus  vif  en  Bavière  qu'en  Wurtemberg 
qu'on  porte  à  la  cause  du  Roi  de  Saxe.  Le  Wurtemberg  et  les  affaires  alle- 
mandes. Causes  du  revirement  de  l'opinion  publique  en  Wurtemberg  en 
faveur  de  la  Prusse. 

On  est  toujours  ici  dans  l'attente  des  grands  événements, 
savoir  du  résultat  des  négociations  de  Vienne.  C'est  le  sort  de 
la  Pologne  et  de  la  Saxe  qui  fixe  particulièrement  l'attention 
générale.  Quoique  rien  ne  transpire  sur  les  négociations,  on  ne 
laisse  pas  que  de  se  perdre  en  mille  conjectures.  On  observe 
ici  que  le  roi  de  Saxe  y  inspire  un  intérêt  moins  vif  qu'à  Mu- 
nich, où  le  ministère,  toujours  jaloux  de  la  grandeur  de  la  mo- 
narchie Prussienne,  ne  verrait  pas  de  bon  œil  la  ruine  d'une 
Maison  attachée  à  celle  du  roi  de  Bavière  par  le  lien  de  la  plus 
intime  parenté.  Aussi  les  Gazettes  bavaroises  prennent-elles 
vivement  le  parti  du  roi  de  Saxe.  On  croit  généralement  que 
son  sort  est  intimement  lié  à  celui  de  la  Pologne. 

Les  affaires  d'Allemagne  paraissent  intéresser  davantage  la 
nation  Souabe  que  la  Bavaroise.  Les  Bavarois,  quelque  mécon- 
tents qu'ils  soient  du  ministre  de  Montgelas,  sont  attachés  à 
leur  Souverain.  Ils  ne  sentent  pas  autant  la  nécessité  d'un 
changement  de  la  Constitution  de  l'Allemagne  que  les  Souabes 

1.  Jouffroy,  agent  diplomatique  de  Prusse  à  Stuttgart. 


682  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

qui  gémissant  sous  le  despotisme  de  leur  roi,  soupirent  après 
un  état  de  choses  susceptible  de  mettre  un  frein  à  des  actes 
arbitraires.  Aussi  désire-t-on  ici  le  rétablissement  des  Etats. 
Je  crois  ne  pas  me  tromper  en  avançant  que  la  nation  Souabe 
attend  à  cet  égard  tout  des  lumières  et  de  la  haute  sagesse  de 
Votre  Majesté,  surtout  depuis  que  l'on  sait  que  Ses  Ministres 
ont  insisté  au  Congrès  pour  que,  non  seulement  les  Puissances  de 
l'Allemagne  de  premier  ordre  aient  une  voix  décisive  dans  les 
négociations  pour  le  règlement  des  affaires  germaniques,  mais 
que  même  tous  les  princes  allemands  j  soient  entendus.  Cette 
nouvelle  a  fait  ici  l'impression  la  plus  favorable  et  augmenté 
l'admiration  que  Ton  porte  généralement  à  l'Auguste  personne 
de  Votre  Majesté. 


1060.  Madrid,  13  novembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

WERTHER  à  HARDENBERG  (intercepta)  (par  la  police) 

(analyse). 

A  propos  du  changement  de  ministère,  de  la  nomination  de 
Cevallos  (l)  devenu  premier  Ministre.  Détails  sur  l'évêque  de 
Santiago  (Musquiz)  (2),  toujours  en  faveur  bien  qu'ayant  trempé 
dans  l'affaire  de  l'Escurial  et  ayant  été  arrêté  du  temps  des 
Cortes  pour  avoir  eu  des  relations  et  des  connections  avec 
Joseph. 

La  mission  donnée  au  général  Castanos  (3)  d'aller  inspecter 
les  places  de  Catalogne  semble  être  l'équivalent  d'une  disgrâce 
ou  d'un  exil,  puisque  Castaûos  n'est  pas  ingénieur.  Castanos  a 
réclamé  et  le  Roi  a  annulé  l'ordre. 


1.  Cevallos  (1764-1838),  neveu  par  alliance  du  prince  de  la  Paix,  ministre 
des  Affaires  étrangères  d'Espagne,  il  jouit  après  la  restauration  de  Ferdi- 
nand VII  d'une  grande  influence  que  lui  fit  perdre  son  opposition  au  mariag» 
du  Roi  avec  une  infante  de  Portugal.  Sa  disgrâce  fut  dissimulée  par  des  am- 
bassades à  Naples  et  à  Vienne. 

2.  Ministre  espagnol,  il  participa  aux  scènes  qui  se  déroulèrent  à  l'Escurial 
à  partir  du  27  octobre  1807,  amenèrent  d'abord  la  saisie  des  papiers,  puis 
l'arrestation  du  prince  des  Asturies,  provoquèrent  celle  des  ducs  de  San  Car- 
los et  de  l'Infantado  et  du  chanoine  Escoiquiz.  Musquiz  était  un  des  hommes 
d'Etat  espagnols  qui  accompagnèrent  en  avril  1808  Ferdinand  VII  lorsqu'il 
alla  à  la  rencontre  de  Napoléon. 

3.  Castanos  (généi'al,  duc  de  Baylen)  (1753-1852).  Le  vainqueur  de  Dupont 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      683 

1061.  Paris,  4  décembre  1814(F.5.  4800  ad  3565). 

OELSEN  à  HARDENBERG  (intercepta)  (en  français). 

Les  commissaires  anglais  s'attendent  à  recevoir  tous  les 
jours  un  refus  ou  une  réponse  évasive  sur  leur  réclamation 
relative  aux  rentes  viagères  qu'on  reconnaîtra,  mais  rien  que 
comme  tiers  consolidé  en  se  basant  du  reste  sur  les  clauses  du 
traité  de  Paris  (1). 

Wellington  peste  tout  le  temps,  mais  la  commission  an- 
glaise n'enapas  moins  loué  un  hôtel  qu'elle  paye  15.000  francs 
par  an. 


1062.  Paris,  5  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

ALFIERI  (2)  à  SAINT-MARSAN  (intercepta)  (en  français). 
Idées  et  ouvertures  à  propos  de  Gênes. 

On  m'a  parlé  ici  de  la  nécessité  de  s'entendre  par  rapport 
au  port  franc  pour  combiner  les  mesures  à  adopter,  qu'un  in- 
térêt commun  dit-on  sollicite,  et  on  doit  m'entretenir  là-dessus. 
Je  soupçonne  qu'on  voudrait  absolument  nous  diriger.  Mais  je 
pense  que  les  bases  en  seront  établies  dans  l'arrangement  qu'on 
fera  chez  soi.  Je  saisis  du  reste  toutes  les  occasions  pour  in- 
sinuer combien  il  est  indispensable  de  ne  pas  oublier  l'impor- 
tance de  l'opinion  dans  ces  temps-ci  et  de  chercher  à  la  diriger 
et  non  à  la  heurter  de  front  et  tout  ce  qu'on  devra  faire  dans 
un  pays  qui  n'avait  pas  d'ancien  devoir  à  remplir  envers  nous 
et  où  il  faudra  fermer  parfois  les  yeux  et  se  contenter  de  dé- 
monstrations apparentes  pour  s'assurer  d'en  avoir  de  réelles 
avec  le  temps  nécessaire  pour  habituer  à  un  régime,  contre 
lequel  l'intérêt  particulier  doit  indubitablement  donner  des 
préventions.    Combien  faudra-t-il    ensuite  bien  réfléchir  aux 

à  Baylen.  Complètement  battu  par  Lannes  à  Tudela,  il  se  distingua  un  peu 
plus  tard  à  Vittoria.  Président  du  Conseil  de  Castille  en  1825,  il  se  retira  des 
affaires  en  1833,  mais  reparut  dix  ans  plus  tard  à  la  chute  d'Espartero  et  fut 
tuteur  d'Isabelle. 

l.Cf.  Articles  XVIII, XIX,  XX,  et  XXI  du  traité  de  Paris. 

2.  Alfieri  di  Sostegno  (Charles-Emmanuel  marquis),  ministre  de  Sardaigne  à 
Paris.  Le  môme  qui  en  1824  (le  16  décembre)  fit  signer  à  Charles-Albert  la 
déclaration,  dort  les  termes  avaient  été  arrêtés  à  Vérone  entre  Charles-Félix 
et  Metternich  et  grâce  à  laquelle  le  prince  put  rentrer  en  Piémont. 


C84  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

choix  qu'on  fera  pour  ce  pays  s'il  nous  échoit  en  partage,  d'où 
dépendra  encore  de  le  voir  réuni  plus  que  géographiquement. 


1063.  Paris,  5  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3365). 

ALFIERI  à  CASTELALFER  {intercepta)  (en  français) 
(Sous  couvert  à  Saint-Marsan). 

Prétendue  conspiration  contre  Louis  XVIII.  Excès  de  mesures  de  précaution. 
Changement  de  Ministres.  Dupont,  Soult,  d'André.  Raffermissement  du 
crédit  de  Talleyrand. 

Une  prétendue  conspiration  pour  enlever  le  roi  a  donné  lieu 
ces  jours  passés  à  des  mesures  extraordinaires  de  surveillance, 
notamment  le  soir  où  il  est  allé  au  théâtre  de  FOdéon,  très 
sagement,  malgré  qu'on  eût  fait  l'impossible  pour  l'en  détour- 
ner. Beaucoup  de  troupes  ont  été  mises  en  mouvement  ce  jour- 
là.  Heureusement  tout  porte  à  croire  que  c'était  sans  fonde- 
ment et  dès  lors  il  aurait  mieux  valu  en  moins  parler,  cela 
étant  toujours  préjudiciable  à  un  gouvernement  qui  doit  s'af- 
fermir et  ne  pas  admettre  des  chances  qui  puissent  si  aisément 
le  rendre  vacillant,  comme  il  ne  doit  pas  l'être  et  ne  le  sera 
pas.  Ce  sera  toujours  le  plus  sage. 

Voilà  trois  ministres  de  changés.  On  s'attendait  à  voir  le 
général  Dupont  retiré  du  département  de  la  Guerre  et  pas  trop 
à  y  voir  le  maréchal  Soult  (1)  qui,  du  reste,  passe  pour  fort 
habile  pour  organiser  une  armée.  On  ne  sait  que  dire  du  nou- 
veau ministre  de  la  Marine  à  qui  on  peut  adapter'  la  maxime 
de  notre  chevalier  Coronitto.  On  dit  du  bien  de  M.  d'André, 
tout  en  observant  que  le  Constitutionnel  et  le  Parlementaire 
jouent  toujours  et  presque  seuls  un  grand  rôle. 

La  conduite  du  prince  de  Talleyrand  à  Vienne,  où  on  se  flatte 
qu'il  a  redressé  bien  des  affaires  en  faisant  jouer  un  rôle  très 
noble  à  son  souverain,  lui  a  acquis  de  nouveaux  droits  à  la 
considération  et  paraît  avoir  raffermi  son  crédit.  Il  paraît  que 
différentes  places  qu'on  a  offertes  au  général  Dupont  ne  lui 
ont  pas  paru  à  sa  convenance. 

1.  Soult  à  la  Guerre,  d'André  àla  Police,  Beugnot  à  la  Marine.  Cf.  Jaucourt 
à  Talleyrand,  Paris,  4  décembre  1814.  (Correspondance  de  Jaacourt  avec 
Talleyrand,  page  106.) 


l'ouverture   du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      685 
1064.  Paris,  4  décembre  1814  (F.  5.  4800  ad  3565). 

GROTE  à  MUNSTER  {intercepta)  (en  français). 

La  conspiration  contre  Louis  XVIH.  Le  général  Dufour.  L'esprit  public. 
Calme  momentané.  Le  roi,  Monsieur  et  sa  séquelle.  Les  Jacobins  de  la 
rive  gauche  du  Rhin.  Talleyrand  et  la  Besnardière  les  confondent  avec  le 
Tugendbund.  Nouvelles  de  Coblence.  Le  Tagendbund  et  son  état  actuel. 
Fermentation  des  esprits  en  Prusse. 

Il  n'est  plus  question  ici  de  la  conspiration.  Le  Gouverne- 
ment n'en  a  soufflé  mot  et  dans  le  public  on  raconte  toutes 
sortes  de  choses.  11  est  certain  cependant  que  le  général  Du- 
four (1)  voulait  agir  pour  Bonaparte.  Plus  calme  depuis  dix 
ou  quinze  jours,  l'esprit  public  laisse  toujours  à  désirer  et  le 
mécontentement  ne  diminue  pas,  mais  on  est  plus  patient. 
Personne  ne  veut  se  mettre  en  avant.  On  attend,  et  chacun 
espère  qu'un  autre  prendra  la  direction  du  mouvement  et  don- 
nera le  signal.  Le  temps  passe  ainsi  et  je  crois  maintenant 
que  tout  finira  par  se  tasser.  Peut-être  quelqu'un  qui  n'a  plus 
rien  à  perdre  risquera-t-il  un  coup  ?  Mais  la  police  le  décou- 
vrira sans  peine  parce  que  le  manque  d'argent  contrariera  tout. 
Mais  pas  de  guerre,  et  puis  il  faut  surtout  que  le  Roi  vive  en- 
core quelque  temps.  Car  Monsieur  et  sa  séquelle  est  trop  fai- 
ble pour  résister  à  la  prêtraille  et  à  tous  ceux  qui  sont  revenus 
avec  eux  et  se  proposent  de  tout  remettre  sur  l'ancien  pied. 
Rien  qu'un  essai  dans  ce  sens  amènerait  une  catastrophe. 

Je  me  suis  renseigné  sur  le  soi-disant  mouvement  jacobin 
sur  la  rive  gauche  du  Rhin  et  je  suis  en  mesure  d'affirmer  qu'il 
n'en  est  rien.  J'en  ai  parlé  à  Talleyrand  avant  son  départ  et 
j'ai  vu  qu'il  confondait  le  Jacobinisme  et  le  Tugendbund  et 
qu'il  parlait  de  faits  remontant  au  temps  de  Bonaparte. 

La  Besnardière,  auquel  j'en  ai  parlé  aussi,  m'a  dit:  Les  Jaco- 
bins et  la  Ligue  de  la  Vertu,  c'est  la  même  chose.  Le  roi  de 
Prusse  est  à  la  tête  et  M.  de  Stein  sous  lui. 

Je  lui  dis  ce  qui  pouvait  peut-être  y  avoir  poussé  le  Roi.  Il 

1 .  Dufour  (Georges- Joseph,  général)  (  1 753-1835) ,  employé  seulement  à  Tinté- 
rieurdepuis  le  18  brumaire,  il  commandait  en  1809  à  Nantes  lorsque  Napoléon 
le  releva  de  ses  fonctions  à  cause  de  ses  opinions  républicaines.  11  offrit  ses 
services  à  l'Empereur  à  son  retour  de  l'ile  d'Elbe,  fut  arrêté  lors  du  retour  des 
Bourbons  et  conduit  à  l'Abbaye  où  il  fut  détenu  jusque  vers  la  fin  de  1816. 


686  AUTOUR    DU   COiNGRÈS    DE   VIENNE 

me  répondit  :  «  Que  sais-je.  On  lui  fait  peut-être  accroire  que 
par  là  on  le  rendra  peu  à  peu  maître  de  l'Allemagne.  > 

J'en  parlai  encore  à  Bourgeot,  chef  de  la  division  du  Nord, 
et  qui  remplace  maintenant  son  confrère  La  Besnardière.Tout 
ce  qui  a  trait  au  Nord  passe  par  ses  mains,  et  il  m'a  affirmé 
qu'on  n'avait  rien  reçu  qui  indique  un  pareil  inconvénient. 
Enfin  j'ai  vu  ces  jours-ci  un  ami  venant  de  Coblence,  où  il  a 
passé  plusieurs  mois  et  qui  m'a  confirmé  qu'il  ne  s'y  passait 
rien  au  point  de  vue  Jacobin.  Il  y  a  bien  là  quelques  membres 
du  Tugendbu7id,Tn.ais  cela  n'a  aucune  importance.  Le  Tugend- 
bund  n'a  plus  de  raison  actuellement  et  ne  saurait  avoir  d'in- 
fluence chez  nous.  Il  y  a  peut-être  pas  mal  de  fermentation 
dans  les  cerveaux  prussiens.  Ils  sont  tellement  congestionnés, 
croient  si  fort  qu'ils  ont  délivré  le  monde  qu'ils  pourraient 
sous  l'impulsion  d'un  rêveur,  d'un  hâbleur  ou  d'un  illuminé, 
essayer  de  mettre  en  pratique  ce  qu'on  leur  dirait  être  la  Ré- 
génération. 


1065.  Vienne,  17  décembre  1814  (F.  5.  4802  ad 3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  17  décembre. 


1066.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4802  ad  3565). 

©©  à  HAGER 

La  conférence  des  Huit.  Les  entrevues  d'Alexandre  et  de  François  I". 
Un  dîner  chez  Alexandre.  On  croit  l'affaire  de  la  Pologne  arrangée. 

Avant-hier  conférence  des  Huit  (1)  et  hier  longue  conférence 
entre  les  deux  Empereurs.  On  espère  qu'Alexandre  cédera  sur 
la  Pologne  et  la  Saxe. 

Avant-hier,  Alexandre  avait  invité  Schwarzenberg  et  Wrede 
à  dîner,  mais  pas  Metternich.  Il  doit  avoir  aujourd'hui  encore 
une  conférence  avec  l'Empereur. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,p.  527.  Sixième  protocolc  de  la  séance  du  14   décembre 
1814  des  plénipotentiaires  des  huit  puissances  signataires  du  traité  de  Paris. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   687 

Hier  on  voyait  tout  en  noir,  aujourd'hui  on  est  plein  d'es- 
poir. On  dit  que  l'affaire  de  la  Pologne  est  réglée.  L'Autriche 
ne  rentrerait  pas  en  possession  de  Gracovie,mais  aurait  en  re- 
vanche le  cercle  de  Tarnopol.  C'est  La  Harpe  qui  est  auprès 
d'Alexandre  le  grand  défenseur  des  Polonais,  par  cela  même 
qu'il  lui  représente  qu'il  lui  faut  montrer  au  monde  qu'il  pos- 
sède la  fermeté,  sans  laquelle  on  ne  saurait  être  un  grand  prince. 


1067.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4801  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Hardenberg  est  resté  le  15  une  heure  seul  avec  Alexandre, 
après  un  entretien  auquel  avaient  assisté  Stein,  Gzartorjski  et 
Gapo  d'Istria  et  qui  avait  duré  de  7  à  9  heures. 


1068.  Vienne,  le  16  décembre  1814  (F.   5.  4801  ad  3565). 

Rapport  à   HAGER 

Le  mariage  projeté  entre  le  prince  royal  de  Wurtemberg  et 
la  grande-duchesse  Gatherine  semble  être  chose  décidée. 


1069.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.4802  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Perquisitions  chez  Vernègues. 

La  perquisition  faite  le  14  chez  Vernègues,  pendant  qu'il 
dînait  chez  Talleyrand  et  opérée  en  présence  de  M.  de  Zaremba, 
du  sous-commissaire  Siccard  et  grâce  au  concours  de  son  pro- 
priétaire, M.  von  Traiger,n'a  pas  donné  les  résultats  espérés. 

On  n'a  pas  trouvé  un  portefeuille  qu'on  cherchait  et  bien 
qu'on  ait  fouillé  partout,  on  n'a  rien  découvert  que  des  papiers 

ken  russe  qui  avaient  déjà  été  vus.  Tout  avait  été  remis  en 
ordre  et  en  place  lors  de  l'arrivée  du  frère  de  Vernègues. 
l 


688  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIE^'NE 

1070.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4802  ad  3565). 

00  à  HAGER  (en  français). 

La  Sagan  et  la  Bagration  à  la  solde  de  la  Russie. 
Le  départ  probable  des  souverains. 

On  prétend  toujours  que  la  Sagan  et  la^Bagration  sont  toutes 
deux  à  la  solde  de  laRussie,  qu'elles  sont  des  agents  d'Alexan- 
dre, auquel  elles  rapportent  tout  ce  qu'elles  apprennent  et  qui 
fait  les  frais  de  leur  train  de  maison. 

Le  roi  de  Wurtemberg  part  le  21,  le  roi  de  Danemark  le 
28  et  Alexandre  le  2  janvier. 


1071.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4802  ad  3565). 

«^  ....  à  HAGER  (en  français). 

^\  Les  affaires  de  Pologne.  Le  nouveau  projet  d'Alexandre 
'    •*  imaginé  par  La  Harpe.  ^ 

Palmella  a  affirmé  en  ma  présence  chez  Miràrida,  chargé 
d'affaires  de  Portugal,  que  la  Russie  ne  veut  pas  se  désister 
de  ses  prétentions  sur  la  Pologne,  malgré  tous  les  efforts  faits 
par  l'Autriche.  Il  paraît  cependant,  d'après  ce  qu'a  affirmé  le 
marquis  de  Marialva(l),  qu'Alexandre  va  présenter  un  nouveau 
projet  imaginé  par  La  Harpe. 


1072.  Vienne,  16  décembre  1814  (F  5.  4802  ad  3565). 

à  HAGER 
Destination  donnée  au  général  Doktoroff. 

Le   général  Doktoroff  (2)  a  dit  hier  soir  au  général  Orurl 
qu'Alexandre  venait  de  lui  donner   le   commandement  d'ur 

1.  Marialva  (Don  Pedro-José-Joaquin  Vito  de  Menezes,  marquis  de),  am 
bassadeur  extraordinaire  du  Portugal  en  Russie,  puis  ambassadeur  à  Paris 
et  en  1817  second  plénipotentiaire  auprès  des  puissances  médiatrices  entr 
l'Espagne  et  le  Portugal  à  propos  des  différends  causés  par  l'invasion  de 
pays  situés  sur  la  rive  gauche  du  Rio  de  la  Plata. 

2.  Doktorow  (Dimitri-Serguéiévitch)  (1756-1816),  page  (1771),  lieutenant 
régiment   Séménoffski  (1781).  Blessé  deux  fois  pendant  la   guerre   de 


n 


l'ouverture  du  congrès.  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   089 

corps  de  quatre  divisions  stationnées  entre  Brest  et  Bielostock, 
OÙ  il  aura  son  quartier  général.  Ce  corps  serait  fort  de  60.000  hom- 
mes. 


1073.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4802  ad  3665). 

Nota  ù  IIAGER  (en  français). 

Les  Prussiens  croient  à  la  guerre.  Avantages  de  leur  alliance  avec  la  Russie. 
Le  plan  di  campagne.  Moyens  que  la  Prusse  compte  employer  pour  gagner 
l'Allemagne  à  sa  cause.  L'esprit  public  en  Saxe.  Caractère  et  conséquences 
de  cette  guerre. 

Depuis  la  note  officielle  (1),  par  laquelle  PAutriche  doit  avoir 
offert  à  la  Prusse  la  basse  Lusace  avec  Torgau  et  Wittenberg, 
proposition  à  laquelle  le  roi  de  Prusse  a  formellement  refusé 
d'adhérer,  tous  les  Prussiens  de  ma  connaissance,  qui  entourent 
le  roi  et  le  prince  Guillaume,  m'ont  dit  que, quelque  peu  porté 
que  soit  le  Roi  par  ses  inclinations  vers  la  guerre,  ils  ne  pou- 
vaient plus  douter  qu'elle  aurait  lieu.  Les  Prussiens^  se  flattent 
que  dciig  cette  guerre  leur  alliance  avec  la  Russie  serait  extrê- 
memeiit  intime  et  basée  sur  l'intérêt  réciproque,  tandis  que 
les  nôtres  ^'auraient  pas  cet  avantage  ;  que  l'armée  russe,  ren- 
forcée de  tous  les  moyens  de  la  Pologne,  agissant  offensive- 
raent,  nous  serions  obligés  de  leur  opposer  la  plus  grande  par- 
tie de  nos  forces  et  que  sur  la  frontière  de  Bohème  on  se 
contenterait  de  s'observer  mutuellement,  tandis  qu'ils  auraient 
leur  grande  armée  contre  la  France.  Ils  se  flattent  que  cette 
circonstance  leur  gagnerait  l'opinion  de  la  plus  grande  partie 
de  l'Allemagne.  Le  Hanovre  serait  d'abord  occupé.  Ils  comptent 
t^  sur  la  Hesse  et  même  sur  l'alliance  avec  le  roi  de  Wurtem- 
!rg  qu'ils  croyent  être  décidément  dans  leurs  intérêts.  Du 
iste,  ils  espèrent  que  les  autres  petits  Etats  de  l'Allemagne, 
toyant  que  le  Congrès  de  Vienne  n'a  point  eu  de  résultat,  déjà 

ide  (1789-1790).  Général-major  (1797),  général-lieutenant  (1799).  Se  distin- 

la  à  Diirranstein  et  à  Austerlitz,  blessé  à  Eylau,  puis  à  Heilsberg.  i^'énéral 
Tinfanterie  en  1810,  il  assista  à  toutes  les  batailles  de  1812,  se  disluigua  sur- 

)ut  à  Malo-Jaroslawetz,  prit  part  aux  batailles  de  Dresde  et  de  Leipzig,  mais 

it  se  retirer  du  service  pour  raisons  de  santé  après  la  prise  de  Hambourg. 
Rappelé  à   l'activité  lors  du    retour  de  Napoléon  de  l'îis  d'Elbe,  il  reçut  le 

)mmandenient  de  l'aile  droite  de  l'armée  russe  en  marche  sur  Paris. 

1.  Cf.  d'AiNGEBERG,  505-510.  Note  du  prince  de  Metternich  au  prince  de  Har- 

Baberg  (10  décembre  1814;. 

T.  L  44 


.y 


690  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

grandement  indisposés  contre  le  Gouvernement  de  leurs 
princes,  sentant  que  la  guerre  actuelle  doit  décider  si  la  Prusse 
ou  l'Autriche  sera  l'arbitre  de  l'Allemagne,  se  tourneront 
plus  facilement  vers  la  Puissance  dont  la  Constitution  est  la 
plus  libérale  et  répond  le  mieux  à  l'esprit  du  siècle.  Le  gou- 
vernement prussien,  qui  travaille  à  cette  Constitution,  veut  la 
publier  et  l'introduire  au  moment  de  la  guerre. 

Quant  à  l'esprit  de  la  Saxe,  ils  avouent  que  le  militaire  et 
la  noblesse  sont  contre  eux,  mais  ils  comptent  sur  le  peuple 
et  les  progrès  de  la  Secte (1).  Ils  voient  dans  la  guerre  qui  écla- 
tera une  lutte  entre  la  démocratie  et  Taristocralie  et  pensent 
que  par  la  nature  des  choses  la  première  doit  être  victorieuse. 
Les  modérés  disent  donc  que  cette  guerre  déciderait  du  sort 
de  l'Allemagne  entre  la  Prusse  et  l'Autriche,  les  Sectaires 
déterminés,  qu'il  serait  possible  que  par  des  causes  que  les 
événements  feraient  naître  et  que,  l'on  ne  saurait  calculer 
d'avance,  tout  fût  bouleversé  et  ils  prétendent  avoir  de  nom- 
breux partisans  en  Bavière. 


1074.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
(Bordereau  et  rapport  journalier  du  18  décembre  1814). 

La  lettre  interceptée  de  Golovkine.  La  mission  de  Wolkonsky  à  Naples 
et  celle  de  Malczewski  à  Varsovie. 

Il  lui  signale  une  lettre  énigmatique  de  Golovkine  à  Stein, 
dont  Metternich  pourra  peut-être  donner  l'explication.  Il  se- 
rait, d'autre  part,  intéressant  de  savoir  ce  qu'il  j  a  de  vrai 
dans  le  bruit  de  l'envoi  de  Wolkonsky  à  Naples  à  Murât  et 
du  major  Malczew^ski  (2)  à  Varsovie. 


1.  Le  Tugendbund. 

2.  Malczewski,  major,  officier  d'ordonnance  de   Murât,  l'un  de  ses  servi- 
teurs les  plus  fidèles  et  les  plus  dévoués. 


l'ouverture  du    congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA  POLOGNE       691 
1075.  Vienne,  16  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

GOLOVKINE  au  Baron  de  STEIN  [inlercepta). 
Billet  ramassé  chez  Stein  (1),  chez  lequel  Golovkine  dîna  le  16  décembre. 

Le  Soussigné,  toujours  animé  du  désir  d'entretenir  les  rap- 
ports d'amitié  et  de  confiance  qui  ont  si  heureusement  subsisté 
jusqu'ici  entre  Son  Excellence  et  lui,  accepte  avec  empresse- 
ment le  nouveau  mode  de  rapprochement  que  Son  Excellence 
vient  de  lui  proposer  et  il  s'en  rendra  l'intermédiaire  auprès 
M.  de  Ratk  (?)  pour  le  lui  faire  adopter. 

Le  comte  Golovkine  voudrait  bien  se  permettre  quelques 
observations  sur  le  soin  que  Monsieur  le  Baron  prend  de  lui 
épargner  un  tête  à  tête  avec  lui  ;  mais  il  réserve  cet  article 
pour  ses  promenades  au  bord  de  la  Lahn.  C'est  là  que  je  veux 
aller  en  pèlerinage,  comme  les  Indiens  vont  se  baigner  dans 
le  Gange.  J'espère  que  vous  m'épargnerez  la  queue  de  vache. 
J'en  ai  déjà  bien  assez  de  celle  du  Diable  que  j'ai  beau  tirer, 
mais  qui  me  fait  aller  où  je  ne  voudrais  pas  être. 

Recevez  l'expression  de  tous  mes  hommages. 

Golovkine. 


^076.  Vienne,  13  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  soupers  du  grand-duc  de  Bade. 

Le  grand- duc  de  Bade  soupe  après  le  théâtre  en  compagnie 
grand  écujer  Geusau  et  de  son  médecin  Schreckel  avec 
le  fille  au  service  de  Gaertner. 


PÎ.  L'agent  ajoute  que  ce  billet  trouvé  par  lui  chez  Stein  a  dû  tomber  de  la 
>che  ou  du  bureau  de  Stein. 


692  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

1077.  Vienne,  17  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

ee  à  HAGER 

Ce  qui  se  dit  chez  Rechberg  sur  les  procédés  et  la  manière  d'agir  de  Metter- 
nich  et  sur  le  désaccord  existant  entre  lui  et  Hardenberg. 

On  a  dit  hier  chez  Rechberg  qu'on  n'avait  pas  encore  reçu  la 
réponse  delà  Russie  et  delà  Prusse,  (l)qui  doit  décider  du  sort 
du  Congrès.  On  a  encore  dit  que,  si  Metternich  avait  dès  le 
nniois  d'octobre  agi  comme  il  le  fait  maintenant,  tout  aurait 
marché  autrement,  tandis  qu'à  l'heure  qu'il  est,  c'est  trop 
tard.  Actuellement  la  responsabilité,  qu'il  a  assumée  vis-à-vis  de 
son  Souverain,  de  l'Autriche  et  de  l'Europe,  est  effrayante.  On 
a  encore  reparlé  d'un  sérieux  désaccord  qui  se  serait  élevé 
entre  Hardenberg  et  Metternich. 

Je  n'ai  pu  encore  me  procurer  des  détails  sur  cette  affaire. 
Rechberg  m'a  seulement  dit  :  «  C'est  une  infamie  de  Har- 
denberg (2).  » 


1078.  Vienne,  17  décembre  ÎS14  (F.  5.  4803  ad  3565). 

e©  à  HAGER 

Résumé  de  l'opinion  du  comte   de  Reichenbach  sur  la  si- 
tuation de  la  Prusse  et  la  question  de  la  Saxe. 


1079.  Vienne,  17  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

©e  à  HAGER 

Campochiaro  remet  le  16  à  Malczewski  l'ordre  qui  le  rap- 
pelle à  Naples. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG  (531-536).  Note  du  prince  de  Hardenberg  à  l'Empereur 
de  Russie  en  date  du  16  décembre  1814,  remise  le  20  et  transmise  le  même 
jour  par  ce  Monarque  à  l'Empereur  d'Autriche  et  par  lord  Castlerea^h  au 
prince  de  Metternich,  et  Ibidem  (1952-1S56).  Note  du  prince  de  ilardenbcrj 
au  prince  de  Metternich  au  sujet  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe. 

2. Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne, 15  décembre  1814.  Dépêche  n»  16(Pallain^ 
p.  182).  A  propos  de  l'explication  assez  vive  qui  eut  lieu  le  12  entre  Alexan- 
dre et  Metternich  au  sujet  d'un  billet  que  Metternich  avait  adressé  le  7  no- 
vembre au  chancelier  de  Prusse,  qui  le  communiqua  à  l'Empereur  de  Russiej 
ainsi  que  toute  la  correspondance  échangée  avec  le  cabinet  de*  Vienne. 


l'ouverture    du    congrès.   LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE       693 

1080.  Vienne,  17  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Nouvelles  contradictoires  sur  la  marche  des  afîaires  de  Saxe  et  de  Pologne. 
Un  mot  de  Pozzo  di  Borgo. 

A  entendre  les  Prussiens,  le  Congrès  va  bien  (l).Ils  répan- 
dent cela  depuis  trois  jours.  Les  Wurtembergeois  disent  de 
même  et  le  baron  von  Linden  a  dit  devant  moi  que  tout  s'ar- 
rangeait. 

M"»  d'Eskeles,  qui  se  nourrit  des  nouvelles  que  lui  donnent 
les  intimes  d'Hardenberg,  est  dans  la  joie  parce  qu'on  lui  a 
affirmé  que  les  affaires  avaient  pris  une  bonne  tournure,  qu'on 
commençait  à  s'entendre  et  qu'Alexandre  fléchissait  tant  soit 
peu. 

Au  milieu  de  ces  bonnes  nouvelles,  on-  m'assure  que  les 
Russes  déclarent,  qu'Alexandre  est  plus  ferme  que  jamais  et 
qu'il  ne  démordra  en  rien  de  ses  prétentions.  Et  en  effet,  ayant 
rencontré  avant-hier  Pozzo  di  Borgo  et  lui  ayant  demandé 
comment  allaient  les  affaires  (il  venait  de  voir  son  Empereur), 
il  me  dit  :  «  Hélas  !  Cahin-caha,  plutôt  mal.  » 

Notre  conversation  en  resta  là. 


1081.  Vienne,  4-16  décembre  1814  (F.  5.  4803  ad  3565). 

STACKELBERG  à   ITALINSKY  (à  Constantinople)  [intercepla) 

(en  français). 

Le  départ  des  Souverains  n'est  pas  fixé,  sauf  celui  du  roi  de  Wurtemberg. 
Marche  lente  des  affaires  du  Congrès.  Espoirs  de  développement  et  de  solu- 
tion. Les  questions  de  Gênes,  de  la  traite  des  nègres  et  de  la  navigation  du 
Rhin  et  de  l'Escaut.  La  commission  des  préséances. 

Rien  n'annonce  que  le  départ  des  Souverains  soit  prochain, 
à  celui  du  roi  de  Wurtemberg  près,  que  l'on  dit  fixé  au  21 
de  ce  mois. 

1.  Cf.  d'ANGEBEHG  (531-536).  Note  de  Hardenberg  du  16  décembre  1814  et 
Ibidem  (540-544),  Lettre  de  Talleyrand  à  MeLtcrnich.  Vienne,  19  décembre  et 
Pallain,  Talleyrand  au  Roi,  Vienne,  15  décembre.  Dépêche  n»  16  (175-186)  et 
Vienne,  SO  décembre,  n"  17  (189-193), 


694  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

S'il  est  vrai  que  les  affaires  du  Congrès  ne  marchent  que 
lentement,  on  n'en  a  pas  moins  lieu  de  croire  que  nous  sommes 
à  la  veille  de  leur  développement,  bien  que  les  séances  des  plé- 
nipotentiaires des  puissances  signataires  du  traité  de  Paris 
aient  été  rares,  surtout  dans  ces  derniers  temps  (1). 

L'une  des  questions,  étant  traitée  par  des  comités  séparés, 
est  déjà  décidée,  celle  de  Gênes  (2)  dont  l'occupation  provi- 
soire a  été  accordée  au  Roi  de  Sardaigne.  L'abolition  de  la 
titaite  des  nègres  (3)  devait  être  un  autre  objet  de  discussion 
d'un  comité  séparé  de  Ministres,  mais  les  divergences  d'opi- 
nion entre  les  Plénipotentiaires  d'Angleterre  et  ceux  d'Espagne 
et  de  Portugal  ont  empêché  sa  formation,  les  premiers  ayant 
voulu  que  toutes  les  Puissances  signataires  du  traité  de  Paris 
fussent  admises  à  une  négociation  où,  d'après  le  point  de  vue 
philanthropique  dont  ils  partaient,  il  s'agissait  de  la  cause  de 
l'Humanité,  et  les  derniers  ayant  prétendu  exclure  (sauf  une 
seule  indication  et  nommément  de  la  Russie  et  de  l'Autriche) 
celles  qui  ne  possèdent  pas  de  colonies,  de  cette  transaction 
qu'ils  ne  considèrent  que  sous  le  côté  mercantile. 

D'un  autre  côté,  il  s'est  fait  une  réunion  de  Ministres  pour 
s'occuper  de  ce  qui  a  trait  à  la  navigation  du  Rhin  et  de  l'Es- 
caut (4)  et  pour  rétablissement  des  péages  sur  les  deux  ri- 
vières. 

Une  commission  de  plus  s'est,  en  exécution  du  traité  de 
Paris,  formée  afin  de  fixer  le  rang  voulu  entre  les  couronnes 
et  tout  ce  qui  en  dérive  en  fait  de  préséances,  objet  peu  signi- 
fiant (sic)  en  lui-même,  mais  qui,  faute  d'être  réglé,  a  eu  sou- 
vent des  conséquences  fatales. 


1.  Les  Huit  s'étaient  en  effet  réunis  assez  rarement,  puisqu'on  n'avait  signé 
le  14  décembre  que  le  sixième  protocole. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG  (501-505).  Cinquième  Protocole  en  date  du  10  décembre. 
(516-519).  Conditions  mises  à  la  réunion  de  Gênes  à  la  Sardaigne.  (536).  Adhé- 
sion des  Plénipotentiaires  de  Sardaigne,  17  décembre. 

3.  Cf.  d'ANGEBERG  (527).  Séance  du  14  décembre  1814.  Ajournement  de  la; 
question  de  l'abolition  de  la  traite  des  nègres. 

4.  Cf.  d'ANGEBERG  (503).  Cinquième  Protocole  de  la  séance  du  10  décembre 
1S14  et  (527)   Sixième  Protocole  delà  séance  du  14  décembre  1814. 

5.  Cf.  d'ANGEBERG  (503).  Cinquième  Protocole  de  la  séance  du  10  décembre 
1814. 


i 


l'ouverture   du   congrès.   —   LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      695 
1082.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  5.  5064  ad  -3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  19  décembre  1814. 


1033.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  5064  ad  3565). 

0©  à  HAGER 

L'Angleterre  et  la  Saxe.  La  Bavière  et  Mayence.  Wessenberg  et  Metternich. 
Alexandre  et  Eugène.  M""'  de  Brignole.  Menées  prussiennes  des  dames  Arns- 
tein  et  Eskeles. 

L'Angleterre,  qui  dans  le  principe  consentait  à  la  cession  de 
la  Saxe  à  la  Prusse,  y  est  maintenant  catégoriquement  opposée. 

Le  gros  point  en  litige  entre  la  Prusse  et  la  Bavière  est 
Mayence. 

Wessenberg  a  assez  mal  parlé  de  Metternich  chez  Fûrsten- 
berg.  Il  a  dit  que  Metternich  aurait  offert  sa  démission,  mais 
que  l'Empereur  l'aurait  refusée  en  disant  :  «  C'est  là  ce  que 
font  tous  les  Ministres.  Lorsqu'ils  ont  bien  embrouillé  les  affai- 
res, ils  demandent  à  s'en  aller.  » 

Je  rencontre  maintenant  souvent  l'Empereur  Alexandre  se 
promenant,  bras  dessus  bras  dessous  avec  le  prince  Eugène. 

M""  de  Brignole  a  dit  ces  jours-ci  :  «  J'ai  souvent  des  nou- 
velles de  lîle  d'Elbe.  Napoléon  a  fait  arrêter  les  travaux  d'amé- 
nagement et  d'ameublement  de  sa  résidence.  » 

M""  Arnstein  et  M°"  Eskeles  tiennent  toutes  sortes  de  pro- 
pos scandaleux  rien  que  pour  préparer  l'opinion  en  faveur  de 
la  Prusse.  Elles  déblatèrent  contre  la  Censure  qui  fait  impri- 
mer dans  la  Wiener  Zeitung  et  dans  le  Beobacliter  (1)  des  ar- 
ticles anglais  relatifs  à  la  Pologne  et  à  la  Saxe  et  permet  la 
vente  de  la  brochure  :  Sachsen  und  Preussen. 

En  un  mot,  ces  dames  sont  scandaleusement  prussiennes... 

1.  Cf.  dans  la  Wiener  Zeitung  des  11  et  15  décembre,  rapport  des  séances 
du  Parlement  et  déclaration  du  chancelier  de  l'Echiquier,  et  dans  VOesterrei- 
chischer  Beobachter  du  5,  les  discours  des   lords  Landsdowne  et  Grenville. 


690  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1084.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  5064ad  3565). 

....  à  HAGER 
Les  dettes  du  grand-duc  de  Bade. 

Le  grand  duc  de  Bade  a  des  dettes  partout  à  Vienne. 


1085.  Vienne,  18  décembre;i814(F.  5.5064  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 
Mécontentement  et  protestations  des  Bavarois. 

Les  Bavarois  protestent  contre  le  projet  qui  rendrait  à  Nu- 
remberg et  à  Augsbourg  leurs  privilèges  et  leur  statut  de  ville 
libre. 

La  Bavière  continue  de  protester,  comme  le  prouve  une 
note  à  la  Maison  de  Nassau  (interceptée  par  le  confident  von 
Leurs)  contre  la  cession  à  l'Autriche  de  l'Inn-Viertel. 


1086.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  5064  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Libéralités  et  gracieusetés  faites  par  les  Polonais  à  Anstetl 
afin  de  le  gagner  à  leur  cause. 

J'ai  appris  que  pour  gagner  le  conseiller  d'Etat  Anstett  les 
Polonais  vont  lui  faciliter  l'acquittement  d'une  dette  de  8. 000  rou- 
bles qu'il  doit  encore  sur  la  terre  de  Kock,  qui  fait  partie  de 
la  dot  de  sa  femme,  née  Meissner,  dont  la  plus  grande  partie 
est  due  à  M""*  Potocka  (1),  née  Paris,  (?),  dont  le  frère  est  un 


1.  Peut-être  bien  la  même  que  l'auteur  des  Mémoires.  Ce  serait  dans  ce 
cas  la  comtesse  Alexandrine  Potocka  (1776  ou  1777-1867)  née  comtesse  Anna 
Tyszkiewicz,  mariée  en  1802  au  comte  Alexandre  Potocki,  puis  en  deuxième 
noce  au  colonel  comte  VVonzowicz.  Elle  était  la  iille  du  comte  Louis  ïysz 
kiewicz  et  de  Constance  Poniatowska. 


I 

11 


l'ouverture    du    congrès.   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       697 

patriote  enragé.  C'est  donc  ce  Paris  (?)  qui  payera  cette  somme 
à  sa  sœur  et  lui-même  eu  sera  dédommagé  par  les  patriotes. 


1087.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  20  décembre. 

Il  lui  signale  le  départ  pour  Graz,  sans  passeport  ni  autori- 
sation, du  comte  Bethusy.  Il  en  a  informé  le  comte  Bissingen, 
gouverneur  de  cette  ville. 


1088.  Vienne,  18-19  décembre  1814  (F.  5.  5074  ad  3565. 

[Intercepta,,  cabinet  noir). 

Roi  de  Wurtenberg  au  feld- maréchal  lieutenant  Hadik.  (Il 
a  transmis  son  affaire  au  ministre  de  la  justice.) 

Planta,  secrétaire  de  Gastlereagh,  à  Saint-Marsan.  (Sans 
intérêt.) 


1089.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Marie-Louise  se  croit  sûre  d'avoir  Parme.  M""»  de  Brignolc  se  plaint  de  l'ou- 
verture de  ses  lettres.  11  a  été  mis  en  rapport  avec  Marialva. 

J'ai  passé  la  soirée  chez  le  comte  de  San  Vitale.  Il  m'a  appris 
qu'avant-hier,  se  trouvant  au  cercle  chez  l'Impératrice  Marie- 
Louise,  elle  lui  dit  :  «  Je  suis  charmée  de  vous  apprendre  une 
bonne  nouvelle.  Nos  affaires  ont  pris  une  très  favorable  tour- 
nure. Nous  irons  bientôt  à  Parme.   » 

Il  me  dit  encore  que  M""  de  Brignole  s'était  plainte  à  lui 
qu'on  lui  ouvrait  toutes  les  lettres  qu'elle  reçoit. 

Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  que  je  viens  d'être  mis  en 
rapport  avec  La  Harpe  par  le  marquis  de  Marialva,  ministre  de 
Portugal. 


698  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

1090.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 


Le  roi  de  Wurtemberg  et  la  question  de  la  Saxe.  Griefs  des  Prussiens  contre 
Metterjîich.  L'attitude  probable  selon  eux  du  roi  de  Wurtemberg  en  cas 
de  guerre. 


Il  est  hors  de  doute  que  le  roi  de  Wurtemberg  a  dit  à  qui 
voulait  l'entendre  et  afin  qu'on  le  répète,  qu'on  avait  à  tort  fait 
courir  le  bruit  qu'il  avait  sur  la  Saxe  une  autre  manière  de 
voir  que  l'Autriche,  tandis  qu'il  n'avait  jamais  songé  à  se  déta- 
cher de  l'Autriche.  Preuve  de  cela  ;  «  En  laissant  son  Pléni- 
potentiaire au  Congrès,  il  lui  avait  donné  carte  blanche  et 
déclaré  approuver  d'avance  tout  ce  que  Sa  Majesté  Impériale 
et  Royale  apostolique  jugerait  bon  de  faire  pour  le  bien  et  la 
paix  de  l'Allemagne.  » 

Les  Prussiens  jettent  la  pierre  à  Metternich,  disant  que  le 
Congrès  n'avance  pas  ;  Que  l'on  ne  peut  ni  s'entendre,  ni  prendre 
une  résolution  quelconque,  parce  que  Metternich  ne  parle  jamais 
clairement,  ne  dit  jamais  ce  qu'il  veut,  ni  ce  qu'il  accorde 
aux  uns  ou  refuse  aux  autres  ;  Que  pour  cela  la  Prusse  ne  peut 
"rien  risquer  et  doit  se  tenir  au  parti  qu'elle  a  pris  de  suivre 
les  Russes.  Ea  dépit  de  ce  que  dit  le  roi  de  Wurtemberg,  ils 
croient  qu'en  cas  de  rupture,  à  cause  du  mariage  de  son  fils 
avec  la  grande-duchesse  d'Oldenburg,  c^  roi  serait  pour  eux 
et  non  pour  l'Autriche. 


1091.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  | 

Les  sympathies  autrichiennes  qu'on  prétait  à  la  grande-duchesse  Catherine 
et  les  causes  de  son  changement  d'attitude.  Stein,  le  prince  royal  et  le 
roi  de  Wurtemberg. 

On  affirmait  tous  ces  derniers  temps  dans  les  cercles  autri- 
chiens que  la  grande-duchesse  Catherine  était  animée  de  sen- 
timents absoluments  favorables  à  l'Autriche  et  que  l'archiduc 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   699 

Palatin  mettait  à  contribution  l'influence  qu'elle  exerce  sur 
son  frère.  On  allait  jusqu'à  dire  que  les  etTets  de  cette  action 
se  faisaient  déjà  sentir,  que  l'Empereur  Alexandre  n'était  plus 
aussi  chaud  pour  la  Prusse  et  même  qu'il  avait  offert  le  cercle 
de  Tarnopol  à  notre  Empereur.  Ces  belles  espérances  ne  se  sont 
pas  réalisées  et  l'horizon  s'assombrit  de  nouveau. 

On  prétend  maintenant  que  le  prince  royal  de  Wurtem- 
berg est  complètement  sous  la  coupe  de  Stein,  qui  se  sert  de 
son  influence  sur  lui  pour  agir  sur  l'esprit  de  la  grande-du- 
chesse. En  tout  cas,  ce  qui  est  hors  de  doute,  c'est  que  le 
prince  a  de  fréquentes  conversations  avec  Stein  et  que  le  roi, 
son  père,  ne  s'est  pas  caché  pour  dire  que  son  fils  était  tout 
acquis  à  la  Prusse,  mais  que  lui,  tant  qu'il  vivrait,  il  resterait 
fidèle  à  l'Autriche. 


1092.  Berlin,  12  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3565). 

Anonyme  (1)  au  Prince  RADZIWILL  {intercepta)  (en  français). 

A  propos  de  la  protestation  du  roi  de  Saxe.  Difficulté  de  l'arrangement. 
Hommage  involontaire  rendu  par  le  roi  de  Saxe  au  roi  de  Prusse. 

Les  gazettes  de  Paris  nous  donnent  des  nouvelles  dont  nous 
ne  savions  rien  ici  ;  d'abord  une  déclaration  du  roi  de  Saxe  (2) 
qui  est  une  folie.  Elle  contient  de  justes  réclamations,  mais 
elle  passe  un  peu  légèrement  sur  ses  torts. 

J'ai  bien  vivement  désiré  que  tout  cela  s'arrange.  Mais  en 
prenant  les  choses  de  cette  façon,  on  risque  fort  de  rendre  Far- 
rangement  difficile.  Au  reste  cette  déclaration  du  roi  de  Saxe 
fait  aussi  l'éloge  de  la  manière  de  penser  libérale  de  notre  Roi 
(de  Prusse).  Car  je  crois  que  le  roi  de  Saxe,  retenu  dans  les 
Etats  de  Napoléon,  n'aurait  assurément  pas  osé  s'en  permettre 
autant.  11  rend  donc  sans  le  vouloir  hommage  à  son  cœur  et 
à  son  caractère. 


1.  Cette  lettre  a  probablement,  presque  certainement  même,  été  écrite  par 
la  princesse  Radziwill. 

2.  La  protestation  du  Roi  de  Saxe  en  date  du  4  novembre. 


700  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

1093.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  5.  5075  ad  3365). 

HUMBOLDT  au  Prince  héréditaire  de  SOLxVIS-LAUBACH  (1) 
[intercepla]  (en  français)  (sous  couvert  du  Prince  héréditaire  de 
Mecklembourg-Strelitz  (2). 

Réponse  évasive  aux  démarches  et  à  l'intervention  qu'on  lui  avait  demandées 

Mon  prince,  comme  je  prends  tant  d'intérêt  à  ce  qui  regarde 
Votre  Altesse,  j'ai  soigneusement  parlé  aux  personnes  qui 
veillent  aux  intérêts  de  la  maison  de  Solms.  J'ai  lu  exactement 
tous  les  Mémoires  présentés  en  son  nom  et  je  m'estimerais 
vraiment  heureux  si  je  pouvais  être  de  quelque  utilité  à 
Votre  Altesse  ou  à  sa  famille. 

Mais  jusqu'à  ce  moment  le  Congrès  n'en  est  pas  venu  à  ces 
détails.  Le  travail  sur  la  Constitution  allemande  donne  déjà 
des  espérances  fondées  aux  princes  dépossédés  par  le  fer  et 
l'injustice,  mais  on  ne  peut  pas  encore  prévoir  avec  certitude 
ce  qui  sera  définitivement  adopté  pour  eux. 

Pour  ce  qui  regarde  les  décisions  territoriales,  le  prince  de 
Hardenberg  veut  se  réserver  le  travail  sur  cet  objet.  J'ai  donc 
recommandé  chaudement  tout  ce  que  la  Maison  de  Solms  désire 
à  cet  égard  à  ce  Ministre.  Mais  je  doute  fort  que  le  plan  pour 
Coblentz  puisse  se  réaliser. 


1094.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  21  décembre  1814. 

Dans  les  intercepta  du  Cabinet  noir  et  dans  le  paquet  de 
lettres  adressées  par  la  comtesse  Marschall  à  son  mari  se  trou-  ^^ 
vait  une  lettre  d'un  anonyme  (Carlsruhe,  9  décembre)  chargeant  ^ 
son  fils  de  faire  savoir  de  suite  à  Marschall  de  se  méfier  d" 

1.  Solms-Laubach  (Gharles-Frédéric-Louis-Chrétien-Ferdinand)  (1790-1844) 

2.  Mecklembourg-Strelitz  (Georges-Frédéric-Charles-Joseph),  né  le  12  août 
1779,  mort  en  1860,  succéda  le  3  novembre  1816  à  son  père  le  duc  Charles 
Louis-Frédéric.  Marié  en  1817  à  Marie- VVilhelraine-Frédérique,  fille  du  land' 
grave  Frédéric  de  Hesse-Cassel,  née  en  1796. 


l'ouverture    du    congrès,   LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE       701 

conseiller    d'Etat   Sensburg  (1)  et  de   ne  pas.  trop   se  fier  à 
Berckheim  (2). 


1095.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

FEUERBAGH  (3)  au  Comte  de  REGHBERG 
(intercepta)  (en  français). 

Sans  date  (ramassé  chez  Rechberg  le  20  décembre). 

«  Je  vous  prie,  mon  très  cher  Comte,  de  faire  parvenir  l'in- 
cluse que  le  Roi  adresse  au  comte  de  Montgelas.  Comme  le 
roi  a  aussi  écrit  au  prince  de  Wrede^  il  vaudrait  peut-être 
mieux  de  soigner  cet  envoi  sans  en  donner  connaissance  au 
maréchal.  » 


1096.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

On  a  établi  depuis  le  18  une  surveillance   chez  le  géné- 
ral Fontanelli. 


1097.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3555). 

à  HAGER 


Note  de  la  Prusse  en  réponse  à  celle   de  l'Autriche. 
La  brochure  du  colonel  von  Miltitz. 


On  m'affirme  que  la  Prusse,  toujours    inébranlable  sur   la 
lestion  de  la  Saxe,  vient  de  soumettre  à  l'approbation  d'Alexan- 

1.  Sensburg,  Conseiller  d'Etat  badois. 

2.  Berckheim  (Charles-Christian,  baron  de),  Conseiller  d-'Etat  badois  et  Se- 
pétaire  d'Etat  au  Ministère  de  l'Intérieur. 

f3.  Feuerbach  (Anselme  von),  Conseiller  d'Etat  bavarois. 


702  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

dre  une  note  des  plus  énergiques  en  réponse  à  celle  de  l'Au- 
triche (1). 

On  parle  beaucoup  d'une  notice  dont  l'auteur  serait  le  colo- 
nel saxon  von  Miltitz  (2). 


1098.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Entrelien  d'un  général  avec  La  Harpe.  Alexandre  veut  la  paix. 
Les  affaires  semblent  prendre  une  bonne  tournure. 

Le  général  Kl...,  bien  connu  de  vous,  a  causé  ces  jours-ci  avec 
La  Harpe.  Il  résulte  de  cet  entretien  que  l'Empereur  Alexandre 
veut  absolument  la  paix  et  une  paix  durable  dont  ont  besoin 
l'Europe  et  son  empire,  qu'il  ne  songe  pas  à  agrandir.  Après 
avoir  déclaré  que  la  Pologne  ne  saurait  devenir  une  cause  de 
conflit,  La  Harpe  a  ajouté  qu'il  en  serait  de  même  pour  la 
Prusse  et  la  question  de  la  Saxe.  Il  a  glissé  sur  les  affaires  de 
la  Suisse,  mais  a  affirmé  que  toutes  les  affaires  lui  semblaient 
prendre  une  bonne  tournure  (3). 


1099.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Ce  qu'on  a  dit  à  Fûrstenstein  à  propos  de  la  Saxe  et  de  la  Pologne. 
Malczewski  ajourne  son  départ. 

Le  général  Fûrstenstein  (4)  vient  de  m'affîrmer  qu'un  haut    V 

l.Note  du  prince  de  Hardenberg  à  l'Empereur  de  Russie  en  date  du  16  dé- 
cembre 1814,  remise  le  20  et  transmise  le  même  jour  par  ce  monarque  à  l'Em- 
pereur d'Autriche  et  par  lord  Gastlereagh  au  prince  de  Metternich(Cf.  d'An-     > 
geherg  (531-536)  et  Ibidem),  1860-1867,  Note  de  Hardenberg  à  Metternich  au 
sujet  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe,  Gf,  Ibidem,  553-557.  Mémoire  présenté  le 

20  décembre  à  Metternich  pour  la  réunion  de  la  Saxe  à  la  Prusse. 

2.  Cette  brochure  a  pour  titre  :   Uebersicht    der  Verwaltnng  des  General 
Gouvernements  der  hohen  Verbûndeten  Mdchte  im  Kônigreich  Sachsen  vom 

21  ten  october  1813  bis  zum8  ten  november  ISiÂ. 

3.  Cf.  Talleyrand  au  Roi,  Vienne,  20  décembre  1814  et  28  décembre  1814 
(Dépêches  n»  17  et  18)  (Pallain,  189-192  et  197-204). 

4.  Probablement  le  comte  de  Fiirstenstein,  l'ancien  dignitaire  de  la  cour 
de  Westphalie  qui  avait  suivi  Jérôme  et  l'ex-reine  Catherine. 


l'ouverture    du    congrès.  LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       703 

personnage  (je  crois  qu'il  s'agit  du  Vice-Roi)  lui  avait  confié 
que  TEmpereur  lui  avait  déclaré  que  tout  était  tiré  au  clair 
avec  la  Russie,  que  le  roi  de  Prusse  se  faisait  tirer  l'oreille, 
qu'il  avait  été  plus  entêté,  mais  qu'on  arriverait  à  lui  faire 
entendre  raison. 

Le  major  Malczewski  a  remis  son  départ  de  quelques  jours. 


1100.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5081  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Conversation  avec  RufTo,  son  opinion  sur  le  Congrès,  la  politique  de 
Metternich,  la  Russie,  l'Autriche,  la  France  et  Louis  VVIIL 

J'ai  passé  hier  une  demi-heure  en  tête  à  tête  avec  le  com- 
mandeur Ruffo.  11  prévoit  qu'il  résultera  peu  de  bien  du 
Congrès.  Il  dit  que  Metternich  a  eu  tort  de  vouloir  s'éloigner 
de  la  France;  que  Louis  XVIII  ne  désirait  rien  plus  que  de 
se  lier  avec  l'Autriche  et  qu'il  finira  par  y  réussir  (1)  ;  que 
l'Autriche  avait  tout  à  craindre  de  la  Russie  dont  elle  n'avait 
fait  que  raffermir  les  liens  avec  la  Prusse, /'en/iemze  naturelle 
de  l  Autriche  et  qui  le  deviendra  bien  davantage  à  cause  de 
l'affaire  de  la  Saxe. 

Ruffo  affirme  que  Louis  XVIII  n'a  aucune  idée  de  s'agran- 
dir et  que  tout  aurait  pris  une  autre  tournure  si  on  avait  été 
d'accord  avec  lui  dès  l'ouverture  du  Congrès. 


1101.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HAGER  à  l'ExMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  22  décembre  1814. 

Envoi  de  pièces  interceptées  parmi  lesquelles  à  signaler  : 
Stackelberg  à  Saint-Marsan  (il  fera  partir  le  paquet  pour 
de  Maistre). 

1.  Cf.  Commandant  VViel,  Joachim  Murât, roide  Naples.La  dernière  année 
de  règne.  Les  négociations  secrètes  entre  Paris  et  Vienne,  Blacas  et  Bom- 
belles  (Tome  II,  pages  250  et  suivantes). 


704  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENiNE 

Noailles  à  Vera  (1)  (Reçu  les  deux  notes  et  le  Mémoire  ;  il 
s'en  occupera). 

Lisakewitch  à  Nesselrode  (Copenhague  G  décembre).  (Tout 
est  fini  et  réglé  en  Norvège  ;  le  Landtag  est  dissous  et  le 
prince  royal  est  retourné  à  Stockholm.) 


1102.  Vienne,  20  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

Anonyme  à  B...  (à  Bologne)  {intercepta)  (en  français). 

Solution  probable  et  prochaine  des  affaires  de  Saxe  et  de  Pologne.  Arresta- 
tions à  Milan  à  propos  du  complot  de   Rasori,  Latuada  et  autres. 

Je  reçois  à  la  fois  les  deux  lettres  que  vous  m'avez  adressées 
par  M.  Dieffenbach.  Rien  de  nouveau  dans  vos  affaires.  Il 
s'est  encore  élevé  quelques  nuages  pour  les  affaires  de  Polo- 
gne et  de  Saxe,  mais  une  explication  vigoureuse  de  l'Angle- 
terre, de  l'Autriche  et  de  la  France  réunies  (2)  a  ramené 
quelque  modération.  Les  négociations  ont  repris  et  nous  res- 
pirons de  nouveau  dans  nos  espérances  et  nos  promesses.  On 
nous  assure  que,  du  1"  au  5  janvier,  nous  aurons  des  résultats 
positifs.  Quels  que  soient  les  résultats,  vous  serez  le  premier 
instruit. 

On  parle  d'arrestations  à  Milan  et  on  confond  le  frère  de 
L...  dans  le  nombre  (3).  Je  ne  puis  le  croire.  Le  pauvre  diable 
est  incapable  de  se  mêler  de  mauvaises  affaires. 


1.  Vera,  avocat,  envoyé  au  Congrès  par  le  Prince  de  Piombino,  Ludovisi 
Buoncompagni,  pour  faire  valoir  ses  droits  sur  Piombino  el  l'île  d'Elbe. 

2.  Cf.  d'ANGEBERG  (p.  540-544.)  Lettre  du  prince  de  Talleyrand  au  prinofl 
de  Metternich  relative  à  la  Saxe  et  Pallain,  Talleyrand  au  Roi.  Dépêche^ 
n"  17  et  18.  Vienne,  20  et  28  décembre  1814. 

3.  Pour  le  Complot  militaire,  cf.  Commandant  Weil,  JoachimMamt.  La  deri 
nière  année  de  règne.  Tome  2,  49-108.  Il  s'agit-là  du  général  Théodore  Lech^ 
ancien  commandant  de  la  garde  royale  italienne  et  frère  du  général  Joseï 
Lechi. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       705 

1103.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Tesision  dos  rapports  et  brouille  entre  Stcin  et  Gagern. 

Stein,  qui  était  assez  lié  avec  Gagern  et  venait  assez  souvent 
chez  lui,  lui  bat  froid  et  le  salue  à  peine,  quand  il  le  rencontre 
dans  l'escalier  de  la  maison,  dans  laquelle  ils  habitent  tous 
deux. 


1104.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  2565). 

Rapport  à  HAGER 

Marie- Louise.  Les  visites  qu'elle  reçoit.  Son  séjour  à  Baden. 
Ses  rapports  avec  le  Roi  de  Prusse. 

L'Impératrice  Marie-Louise  a  reçu  à  dîner  chez  elle,  à  l'oc- 
casion de  son  jour  de  naissance,  le  11,  TEmpereur  et  l'Impé- 
ratrice de  Russie.  L'Empereur  d'Autriche  venu  dans  la  jour- 
née n'y  a  pas  dîné. 

Le  Roi  de  Prusse  vient  moins  fréquemment  la  voir,  mais  il 
lui  écrit  très  souvent. 

Marie-Louise  a  été  à  Baden  du  12  au  14. 

Rien  d'intéressant  à  signaler  jusqu'au  20,  où  elle  est  allée  se 
promener  à  Breitenlee  (1)  avec  M""  de  Brignole  et  Neipperg 
et  où  à  table  on  parla  de  la  marche  du  Congrès,  des  efforts 
inutiles  que  font  les  Russes  et  les  Prussiens  pour  faire  tour- 
ner, comme  ils  le  désirent,  les  affaires  de  Saxe  et  de  Pologne. 


.105.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.   6.  5097  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Le  Uoi  de  i^russe  ne  veut  pas  céder.  La  note  d'Hardenberg  sur  la  Saxe. 

Le  Roi  de  Prusse  ne  peut  se  décider  à  renoncer  à  la  Saxe. 
[1  dit  qu'Hardenberg  l'a  poussé  à  l'occupation  et  qu'il  gardera 

1.  Village  situé  dans  le  Marchfeld  sur  la  rive  gauche  du  Danube,  à  environ 
kilomètres  de  Stadlau  et  à  14  ou  15  kilomètres  de  Vienne. 

T.  I.  45 


706  AUTOUR  DU  CONGRÈS  DB  VIENNE 

le  royaume  malgré  le  changement  d'avis  de  son  Chancelier. 
La  réponse  de  la  Prusse  à  la  note  de  l'Autriche  du  10  est 
conçue  en  termes  très  secs. 


1106.  Vienne,  21  décembre  1814  (F,  6.  5097  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Le  prince  Eugène  fait  de  longues  visites  le  soir  à  Séraphine 
Lambert  (qui  loge  au  Rœmischer  Kaiser), 


1107.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HEILMANN  à  son  Père  {intercepta.). 

A  propos  de  la  Valteline  et  de  Neufchâtel.  Rien  n'est  encore 
décidé.  Il  convient  donc  de  n'ajouter  foi  à  aucun  des  bruits 
qu'on  répand. 


1108.  Vienne,  18  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HOFSEGRET^R  SGHOSULAN  à  HAGER 

Rapport  sur  la  surveillance   de  Talleyrand  du  14  au  17. 

On  fait  remarquer  que  l'un  de  ses  secrétaires,  Challaye  (1), 
a  des  relations  suivies  avec  les  rédacteurs  de  la  Wiener  Zei- 
tung. 


1.  «  Je  mis  auprès  de  lui  (la  Besnardière)  MM.  Challaye,  Formond  et  Per- 
rey,  jeunes  tous  trois  et  ayant  en  eux  de  quoi  profiter  des  leçons  qu'on  de- 
vait puiser  dans  d'aussi  grandes  circonstances,  »  (Talleyrand,  Mémoires,  t. II, 
207.) 


l'ouverture   du   congrès.  —   LA    SAXE   ET   LA   POLOGNE      707 

1109.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.   5097  ad  3565). 

MOFSEGRET.ER  SGHOSULAN  à  H AGER  {intercepta). 

Papiers  ramassés  chez  le  conseiller  de  Légation  prussien  Piquot,  relatifs 
aux  Légations,  à  Marie-Louise  et  au  prince  Eugène. 

19  décembre.  Fava  et  Squarzoni  sont  très  satisfaits  de  l'au- 
dience que  leur  a  accordée  TEmpereur  (1).  Il  leur  a  dit  qu'il 
ne  tenait  les  Légations  qu'en  dépôt,  pour  les  consigner  à  celui 
qui  serait  désigné  par  le  Congrès.  Ils  travaillent  d'accord  avec 
le  cardinal  Gonsalvi  et  croient  que  Marie-Louise  n'ira  pas  à 
Parme,  qui  sera  rendue  à  ses  anciens  maîtres.  Le  prince  Eu- 
gène espère  toujours  avoir  Bologne. 

On  attendait  un  courrier  de  Londres  pour  prendre  une  réso- 
lution. Eugène  restera  à  Vienne  jusqu'à  ce  que  son  sort  soit 
décidé,  même  après  le  départ  du  roi  de  Bavière. 


1110.  Vienne,  19  décembre  1814  (F.  6.  5097  ad  3565). 

HOFSEGRET^R  SGHOSULAN  à  H  AGER  (intercepta) 

(en  français). 
Papiers  pris  chez  le  Gonseiller  de  légation  prussien  Piquot. 

Affaires  allemandes.  L'Espagne  et  la  reine  d'Etrurie.  L'affluence  des  visiteurs 
à  l'Ile  d'Elbe.  Conversation  de  Napoléon  avec  un  membre  du  parlement 
anglais. 

Les  conférences  sur  les  affaires  allemandes  vont  recommen- 
cer et  on  mettra  sous  les  yeux  du  Comité  un  projet  de  Cons- 
titution nouvelle  à  donner  à  l'Allemagne  (2). 

L'Espagne  soutiendra  au  Congrès  les  prétentions  de  l'infante 
Marie-Louise  (3)  sur  le  graad-duché  de  Toscane.  Cette  affaire 
avait  été  mise  en  délibération  dans  une  conférence  tenue,  il 

1.  Cf.  pour  les  démarches  et  la  mission  de  Fava  et  de  Squarzoni  à  Vienne, 
P«  J.  RiNiERi,  Corrispondenza  Inedilu  dei  cardinuli  Consalvi  e  Pacca,  66-77- 
103-183-395  et  435. 

2.  Cf.  d'ANGBBEBa,  438,  Le  Comité  des  affaires  d'Allemagne  n'avait  plus  tenu 
de  séances  depuis  le  16  novembre. 

3.  Cf.  d'ANGEBBRG,  500.  Quatrième  protocole  de-,  la  séance  du  9  décembre 
des  Plénipotentiaires  des  huit  Puissances  signataires  du  traité  de  Paris, 


708  AUTOUR   DU   CONGR  ^    DE   VIENNE 

y  a  quelques  jours,  et  on  a  invité  la  Russie  et  l'Angleterre  à 
nommer  des  commissaires  chargés  d'intervenir  dans  la  discus- 
sion qui  doit  avoir  lieu  à  ce  propos  entre  l'Autriche  et  l'Es- 
pagne. 

On  attendait  le  29  novembre  le  grand-duc  de  Toscane  à 
Livourne. 

Le  nombre  des  curieux  qui  se  rendent  à  Tîle  d'Elbe  est  prodi- 
gieux. Napoléon  s'entretient  presqu'avec  tout  le  monde.  Il  a 
eu  un  long  entretien  avec  un  membre  du  parlement  anglais,  lui 
a  beaucoup  parlé  de  l'Impératrice  Joséphine,  s'est  plaint  des 
ministres  qui  avaient  géré  ses  finances  et  l'avaient  cruellement 
trompé.  Il  lui  a  déclaré  que  ce  qui  l'affligeait  le  plus,  c'était 
la  défection  du  maréchal  Marmont  ;  qu'il  ne  croyait  pas  que 
la  France  pourrait  rester  dans  l'état  où  elle  était  maintenant 
et  qu'il  y  avait  apparence  qu'une  nouvelle  révolution  pourrait 
encore  éclater. 


1111.  Vienne,  23  décemLre  1814  (F.  6.  510"  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  23  décembre  1814. 

Il  lui  signale  entre  autres  les  renseignements  relatifs  à  Anstett 
à  la  Russie  et  à  la  Prusse,  et  certaine  des  pièces  interceptées 
la  veille. 


1112.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3565). 

GŒHAUSExN  à  HAGER 

Surveillance  de  Marie-Louise. 

Après  avoir  été  à  Vienne  chez  l'Empereur,  Marie-Louise,  à 
son  retour  à  Schœnbrunn,  est  restée  une  demi-heure  chez  son 
fils.  Elle  parle  d'aller  passer  la  semaine  du  Jour  de  l'An  à  Baden     ||  i' 
pour  éviter  les  visites.  JE  f^ 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   709 

On  parle  du  remplacement  de  Neipperg  par  le  comte  Bubna(l), 
ce  qui  serait  fort  pénible  pour  Marie-Louise  qui  se  plaît  beau- 
coup avec  Neipperg. 

Il  paraît  que  Méneval  continue  à  correspondre,  mais  sous 
une  fausse  adresse,avec  le  préfet  du  Mont-Blanc  (2). 


1113.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3555. 

Rapport  à  HAGER  (en  français). 

Surveillance  du  grand-duc  de  Bade  et  du  prince  héritier  de 
Hesse-Darmstadt.  Leurs  menus  plaisirs. 

Le  prince  héritier  de  Hesse-Darmstadt  et  le  grand-duc  de 
Bade  continuent  à  mener  joyeuse  vie,  tantôt  chez  l'un,  tantôt 
chez  l'autre,  à  y  souper  gaiement,  très  souvent  avec  la  fille  au 
service  de  Gaertner.  C'est  toujours  le  chasseur  qui  est  chargé 
de  pourvoir  aux  menus  plaisirs  du  prince  de  Hesse,  qui  fait 
souvent  venir  M^'"  Lombard  ou  la  soi-disant  comtesse  Waffen- 
burg,  autrement  dit  Loi^i  Toussaint. 


1114.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6. 5106  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Eloge  qu'Anstett  fait  du  caractère  de  Stein.  Conférence  de  Wrede  avec 
Wessenberg,  de  Stein  avec  Hardenberg.  Le  dîner  du  20  chez  Stein, 

Anstett  fait  un  grand  éloge  du  caractère  de  Stein,  de  sa 
franchise  et  de  son  courage  à  soutenir  son  opinion  envers  et 
contre  tous.  Il  estime  Thomme  qui  a  osé  dire  à  Alexandre  : 

1.  Bubna  (Ferdinand,  comte)  (1768-1825),  feld-maréchal  lieutenant,  avait 
fait  la  campagne  de  1814  à  l'armée  autrichienne  du  Sud  et  commandait  à  ce 
moment  les  troupes  autrichiennes  qui  occupaient  le  Piémont.  C'est  lui  qui 
fit  parvenir  à  Vienne  une  lettre  que  Napoléon  avait  écrite  le  11  mars  de  Lyon 
à  Marie-Louise  et  qu'un  officier  du  7»  hussards  porta  sur  son  ordre  à  Bubna 
(Cf.  Talleyrand,  Mémoires,  111-127.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  23  mars  1815, 
soir).  Commandant  militaire  en  Lombardie  (181S)  il  réprime  le  soulèvement 
piémontais  de  1821.  A  propos  des  négociations  de  1809,  le  duc  de  Broglie 
dit  de  lui,  dans  ses  Souvenirs  (T.  I,  p.  82)  :  «  C'était  sous  l'aspect  extérieur 
d'un  militaire  franc,  ouvert,  voire  même  un  peu  brutal,  un  esprit  singuliè- 
rement fin,  délié,  rusé  et  plein  de  malice. 

2.  Le  préfet  du  Mont-Blanc  était  à  ce  moment  le  baron  Finot 


7  10  AUTOUR  DU  CONGRÈS    DE  VIENNE 

«  Si  VOUS  rétablissez  la  Pologne,  vous  courez  à  votre  perte.  » 
Wrede  a  eu  le  21  une  conférence  de  deux  heures  avec  Wes- 
senberg  et  a  fait  pendant  ce  temps  défendre  sa  porte. 

Après  avoir  conféré  avec  Hardenberg,  Stein  a  eu  à  dîner 
le  21  le  comte  Golovkine,  Wallmoden  (1),  Anstett,  la  com- 
tesse Nesselrode  et  la  comtesse  Wrbna  (2). 


1115.  Vienne,  mercredi  21  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3565). 

GOLOVKINE  à  STEIN  [intercepta)  (en  français)  [chiffon). 
Billet  que  Stein  avait  commencé  à  brûler. 

Voilà  une  réciprocité  de  souvenir  qui  me  charme.  C'est  la 
conséquence  d'un  principe  auquel  je  mets  beaucoup  de  prix. 
Je  compte  le  faire  valoir  avec  usure  comme  Ton  use  d'un  ca- 
pital qui  vous  reste  après  maint  naufrage  et  mainte  spéculation 
malheureuse.  C'est  un  excellent  acte  de  justice  que  votre 
réunion  d'aujourd'hui. 

Vous  allez  faire  baisser  pavillon  à  la  fîère  indépendance  de  la 
comtesse  Wrbna  et  je  vous  remercie  de  m'appeler  à  être  témoin 
de  cette  reconnaissance  à  laquelle  je  suis  soumis  depuis  long- 
temps. 

Je  ne  sais  si  vous  aurez  la  patience,  Monsieur  le  Baron,  de 
déchiffrer  ou  de  deviner  tout  ce  qu'il  a  plu  à  la  Censure  de 
retrancher  dans  le  manuscrit  que  je  vous  ai  envoyé.  Puisque 
les  Abdérites  (3)  veulent  rester  Abdérites,  qu'ils  le  soient  :  Vo- 
lenti  non  sit  injuria.  C'est  le  seul  exemplaire  qui  se  trouve  à 
Vienne. 

Recevez  Texpression  de  mes  sentiments  et  de  mes  hommages. 

Golovkine. 

1.  Wallmoden-Gimborn(Louis-George3-Thadée,  général,  comte),  (1769-1862) 
beau-frère  de  Stein,  passé  au  service  de  l'Autriche  en  1795,  en  mission  diplo- 
matique en  Angleterre  au  commencement  de  1809,  exerça  un  commandement 
pendant  la  campagne  de  1813-1814. 

2.  Wrbna-Freudenthal (Flore, comtesse;  (1779-1857),  née  comtesse  Kageneck, 
mariée  en  1798  au  comte  Eugène  Wrbna,  mort  en  1841.  L'une  des  plus  jolies 
femmes  de  Vienne  au  temps  du  Congrès,  cousine  de  Metternich,  elle  gagna 
contre  Alexandre  le  singulier  pari  dont  il  sera  question  plus  loin.  Elle  passa 
les  dernières  années  de  sa  vie  dans  sa  villa  d'Ischl  avec  son  amie  la  prin- 
cesse Thérèse  Jablonowska,  (née  Lubomirskal  qui  y  mourut  le  14  février  1864. 

3.  Habitants  d'Abdère,  ville  de  Thrace,  célèbres  par  leur  stupidité.  Voir 
le  roman  satirique  de  Wieland  :  Les  Abdéritains. 


l'ouverture    du   congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      711 
1116.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3565). 

M.  G.  à  HAGER  {intercepta). 


Les  confidences  d'Anstett.  Les  concassions  extrêmes  qu'Alexandre  est  dis- 
posé à  faire  à  l'Autriche.  Gracovie  ville  libre  et  neutre.  AnsLett  rentré  en 
grâce  auprès  d'Alexandre.  Raisons  pour  lesquelles  l'Autriche  ne  peut  pas 
tenir  résolument  tête  à  la  Prusse  et  s'opposer  à  ses  prétentions.  Pourquoi 
l'Autriche  ne  peut  pas  déclarer  la  guerre.  Embarras  militaires  de  l'Autriche. 
Les  généraux  autrichiens.  L'archiduc  Charles. 


Anstett  m'a  confié  hier  que  les  affaires  de  Pologne  et  de  Saxe 
n'étaient  pas  encore  réglées  ;  que  cependant  Alexandre  est  ré- 
solu à  laisser  la  Galicie  à  l'Autriche,  à  lui  rendre  le  district  de 
Tarnopol,  à  renoncer  aux  salines  de  Wiélitchka  et  à  déclarer 
Gracovie  ville  libre  et  neutre. 

Telles  seraient  les  conditions  extrêmes  auxquelles  Alexandre 
consentirait.  En  cas  de  refus  de  notre  part,  ce  serait  la  guerre. 

Anstett  prétend  que  l'idée  de  la  rétrocession  du  district  de 
Tarnopol  et  de  la  neutralité  de  Gracovie  vient  de  lui  et  qu'il 
a  là  encore  rendu  un  grand  service  à  l'Autriche.  Il  a  insisté 
sur  le  fait  que  Gracovie  n'a  aucune  valeur  au  point  de  vue  mi- 
litaire ;  que  ce  n'est  pas  non  plus  une  capitale,  ce  qui  n'a  pas 
d'importance,  puisque  l'Autriche  possède  Lemberg,mais  qu'en 
raison  de  sa  situation  sur  la  Vistule,  du  grand  commerce  qui 
s'y  fait,  elle  est  aussi  indispensable  au  possesseur  de  la  Gali- 
cie qu'au  maître  du  Grand-Duché  de  Varsovie.  Il  m'exposa  à 
ce  propos  les  avantages  que  la  déclaration  de  neutralité  leur 
assurait  également  et  qui  de  plus  en  faisait  un  tampon  entre 
les  deux  Etats. 

Je  lui  fis  remarquer  la  fragilité  des  garanties  dont  il  parlait 
et  il  dut  reconnaître  en  fin  de  compte  qu'une  bonne  forteresse 
valait  assurément  bien  mieux;  mais  il  ajouta  que,  maîtresse 
de  la  Bukovine  et  de  la  Transylvanie,  l'Autriche  n'avait  rien 
à  craindre  pour  la  Galicie  en  raison  même  du  danger  d'être 
prise  à  dos  par  des  forces  venant  de  ces  provinces  auquel 
s'exposerait  une  armée  essayant  d'envahir  la  Galicie 

La  visite,  que  j'ai  faite  aujourd'hui  à  Anstett,  me  permet  de 
compléter  mon  rapport  et  de  .mettre  les  choses  complètement 
au  point. 


712  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Anstett  est  presque  rentré  en  faveur  auprès  d'Alexandre. 
Il  m'a  laissé  entendre  à  demi-mot  que,  d'après  ce  qu'il  venait 
d'apprendre,  il  savait  maintenant  pourquoi  la  Cour  de  Vienne 
ou  plutôt  notre  Ministre  n'ose  pas  tenir  tête  à  la  Prusse.  Notre 
Ministre  a  les  mains  liées,  parce  qu'il  n'a  pas'  agi  franchement 
lors  de  son  entrée  dans  la  coalition  en  1813.  On  aurait,  affirme-t- 
il,  les  preuves  manifestes  qu'il  a  joué  double  jeu  et  qu'il  s'était 
ménagé  des  moyens  de  se  tirer  d'affaire  quoi  qu'il  arrivât.  Il 
est  dès  lors  facile  de  comprendre  pourquoi  l'Autriche,  ne  pou- 
vant se  risquer  à  déclarer  la  guerre,  laisse  aller  le  Congrès, 
présente  des  réclamations  et  des  protestations  et  attend  des 
jours  meilleurs  pour  agir  sans  danger. 

Alexandre  va  renoncer  pour  cette  raison  à  conserver  la  Po- 
logne. Il  ne  veut  pas  donner  à  l'Autriche  le  prétexte  de  récla- 
mer à  son  tour  contre  l'indépendance  de  la  Pologne.  On  sait 
aussi  de  notre  côté  que  militairement  l'Autriche  n'est  pas  prête 
et  que  l'on  y  est  fort  embarrassé  quant  au  choix  même  du 
Général  en  Chef. 

Schwarzenberg  ?  Peut-être,  mais  du  reste  il  ne  peut  être 
partout.  J'en  connais  bien  un  qui  serait  à  la  hauteur  ;  mais  il 
ne  vous  convient  pas  et  nous  le  marierons  ;  celui-là,  c'est  Tar- 
chiduc  Charles.  Quant  aux  autres,  aucun  d'entre  eux  ne  sau- 
rait se  mesurer  avec  un  Gneisenau  ou  un  Grolman  (1). 

Un  peu  piqué,  je  lui  répondis  :  «  Vous  êtes  réellement  par 
trop  discret.  Pourquoi  donc  ne  pas  nous  citer  aussi  quelques 
généraux  russes.  » 

«  Ah  !  le  persiffleur,  me  dit-il  ;  admettons  que  nos  géné- 
raux ne  soient  pas  fameux,  cela  n'a  aucune  importance.  Nos 

1.  Grolmann  (Charles-Guillaume  de)  (1777-1843),  s'engagea  en  1795,  sous- 
lieutenant  (1797),  lieutenant  en  1804,  promu  capitaine  en  second  pendant  la  cam- 
pagne de  1806,  il  échappa  à  la  capitulation  de  Prentzlow.  Passé  à  l'état-major 
du  corps  de  Lestocq,  membre  de  la  Commission  de  réorganisation  de  l'armée 
avec  Scharnhorst  après  Tilsit,  membre  et  chef  du  Tugendbund,  il  prit  en  1809 
du  service  en  Autriche  et  fut  attaché  à  l'état-major  de  l'archiduc  Charles. 
Ennemi  acharné  de  la  France,  il  quitta  l'Autriche  à  la  paix  et  passa  en 
Espagne  où  il  obtint  un  commandement  dans  la  légion  étrangère  que  venait 
d'organiser  la  Junte  de  Cadix.  Compris  dans  la  capitulation  de  Valence  et 
interné  à  Beaune,  il  s'échappa,  revint  en  Prusse,  rentra  dans  l'état-major 
avec  le  grade  de  major  et  fit  les  campagnes  de  1813  et  1814.  Général-major 
après  la  paix  de  Paris,  envoyé  à  Vienne,  pendant  le  Congrès,  Quartier-maître 
général  de  Blûcher  en  1815,  il  se  retira  un  moment  en  1819.  Promu  général- 
lieutenant  en  1825,  commandant  à  Glogau  jusqu'en  1833,  il  devint  comman- 
dant en  chef  dans  le  grand-duché  de  Posea  et  enfin  général  d'infanterie  en 
1837. 


l'ouverture   du   congrès.   —    LA    SAXE   ET  LA    POLOGNE      713 

Cosaques  se  chargent  de  les  remplacer  et  de  faire  la  besogne.  » 
La  conversation  a  continué  encore  un  peu  jusqu'au  moment 
où  Anstett  a  dû  se  rendre  chez  le  prince  Lubomirski. 


1117.               Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 
à  HAGER  (en  français). 

Conversation  avec  Wolkonsky.  Les  préparatifs  militair  s  de  l'Autriche  et 
les  concessions  d'Alexandre.  L'action  do  la  France  d'après  La  Martinière  et 
le  rôle  de  Talleyrand.  Les  offres  du  secrétaire  de  l'Impératrice. 

J'ai  encore  passé  la  soirée  du  W  chez  Willie  où  il  y  avait 
nombreuse  société.  A  la  fin  resté  seul  avec  lui  et  Wolkonsky, 
je  dis  au  premier  que  j'avais  pris  les  informations  qu'il  m'avait 
demandées  relativement  à  nos  forces  militaires.  Je  lui  dis  qu'un 
recrutement  général  allait  être  ordonné,  que  plusieurs  confé- 
rences avaient  déjà  eu  lieu  à  ce  sujet  et  qu'on  avait  passé  des 
marchés  de  fournitures  tant  en  Illyrie  qu'en  Hongrie  et  en 
Pologne,  enfin  j'ai  dit  tout  ce  que  je  croyais  de  nature  à  prou- 
ver aux  Russes  que  l'Autriche  était  sur  un  pied  respectable. 

Le  prince  Wolkonsky  remarqua  que  ces  préparatifs  ne  pou- 
vaient avoir  lieu  que  contre  les  Turcs,  vu  qu'Alexandre  se 
voyait  obligé  de  céder  de  plus  en  plus  tous  les  jours  et  qu'on 
devait  cela  à  l'Angleterre  qui  venait,  on  ne  sait  trop  pourquoi, 
de  rompre  les  relations  commerciales  avec  la  Russie. 

Le  21,  après  le  ballet  de  Nina,  j'invitai  à  souper  le  secré- 
taire de  l'Ambassade  française  La  Martinière.  Il  me  parla  des 
affaires  comme  les  Français  ont  l'habitude  de  le  faire,  c'est-à- 
dire  en  attribuant  à  la  France  tout  ce  qui  se  fait  de  bien  pour 
la  félicité  de  la  postérité.  C'est  Talleyrand  qui  a  ouvert  les 
yeux  du  Congrès,  c'est  lui  qui,  aidé  par  le  Parlement  anglais, 
a  déjoué  les  projets  d'agrandissement  du  Prince  Régent  rela- 
tivement au  Hanovre  que  la  Russie  et  la  Prusse,  lors  de  leur 
séjour  à  Londres,  avaient  promis  de  soutenir  au  Congrès  de 
tout  leur  crédit.  11  m'ajouta  même  que  l'Empereur  de  Russie 
et  le  Roi  de  Ppusse  étaient  tellement  confus  qu'ils  n'osaient 
presque  se  mettre  en  route  pour  retourner  dans  leurs  Etats  res- 
pectifs. 


714  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Le  secrétaire  de  l'Impératrice  de  Russie,  M.  de  Long-inold, 
a  payé  hier  à  un  vieil  officier  pensionné  50  ducats  contre  quit- 
tance. Il  m'a  offert  de  présenter  une  requête  pour  obtenir  un 
secours.  Je  Fai  remercié  en  lui  disant  que  cela  répugnait  à  ma 
délicatesse,  que  d'ailleurs  une  telle  démarche  révolterait  contre 
moi  ma  sœur  qui  jouit  de  la  plus  grande  considération  à  la 
Cour  de  Saint-Pétersbourg. 


1118.  Vienne,  22  décembre  1814  (F  6.  5106  ad  3565). 

0....  à  HAGER  (en  français). 

Les  espérances  des  Polonais    encouragées  par  les  procédés  du  grand-duc 
Constantin,  mais  contredites  par  les  velléités  de  concession  d'Alexandre. 

Le  comte  de  Skarbek  me  dit  que  les  lettres  nouvellement 
arrivées  de  Varsovie  annoncent  qu'au  milieu  d'une  fluctuation 
de  diverses  opinions  la  majorité  est  toujours  soutenue  par 
l'espoir  de  voir  enfin  couronnés  les  souhaits  des  patriotes.  Cet 
espoir  est  soutenu  tant  par  les  procédés  du  grand-duc,  qui 
en  tout  ce  qu'il  fait  agit  dans  l'esprit  des  patriotes,  que  par 
les  différentes  ordonnances  du  gouvernement  provisoire  et  des 
règlements  qui  s'accordent  moins  avec  leur  possession  mo- 
mentanée qu'ils  ne  visent  à  un  gouvernement  stable  et  affermi. 
On  y  règle  pour  l'avenir  la  manière  du  recrutement  et  des 
prestations  ;  le  Ministère  de  toutes  les  branches  est  mis  en  nou- 
velle activité  ;  on  procède  à  la  liquidation  de  la  dette  publique 
et  les  places  vacantes  des  employés,  qui  s'étaient  absentés  à  l'en- 
trée des  troupes  russes,  doivent  être  incessamment  conférées. 

Les  espérances  que  continuent  à  avoir  les  patriotes  polonais 
ne  s'accordent  cependant  guère  avec  ce  que  j'ai  appris  hier 
par  des  personnes  de  l'Ambassade  Russe.  On  m'y  a  dit  que 
l'Empereur  de  Russie  était  définitivement  décidé  à  ne  plus 
soutenir  les  prétentions  de  la  Prusse  sur  la  Saxe  et  à  se  dé- 
partir lui-même  des  siennes  sur  tout  le  duché  de  Varsovie.  11 
aurait  dit  à  ses  Ministres  :  «  Je  pourrais  bien,  comme  l'a  fait 
Napoléon,  décider  l'affaire  en  faisant  marcher  500.000  hommes  ; 
mais  comme  je  ne  suis  pas  ici  pour  la  guerre,  mais  pour  con- 
solider la   tranquillité  de  l'Europe,  j'abandonne  mes  préten- 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      715 

tions  et  veux  me  contenter  d'une  indemnisation  par  une  partie 
du  Duché.  » 

Les  Polonais,  qui  ont  appris  cette  même  nouvelle,  ont  peine 
à  y  ajouter  foi  et  Skarbek,  en  parlant  de  cette  circonstance,  me 
dit  que  cela  ne  peut  s'accorder  avec  ce  qu'on  écrit  de  Varso- 
vie, où  Ton  assure  que  l'Empereur  Alexandre  doit  être  pro- 
clamé et  couronné  Roi  de  Pologne  dans  le  courant  de  février... 


1119.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  «,  5106  ad  3565). 

®  0  à  HAGER  (en  français). 

Les  nouveaux  feld-maréchaux  autrichiens.  Le  prince  d'Orange  et  l'archidu- 
chesse Léopoldine.  Le  changement  d'attitude  de  lord  Gastlereagh  et  de  l'An- 
glaterre.  L'Autriche.  Consalvi  et  las  Légations.  Le  Concordat  avec  l'Alle- 
magne. Les  Médiatisés  et  la  Prusse. 

On  a  dit  hier  chez  Sidney  Smith,  où  il  y  a  tous  les  mercre- 
dis deux  fois  plus  de  monde  que  ne  peut  en  contenir  l'appar- 
tement, que  le  Prince  Régent  d'Angleterre,  le  duc  d'York  (1) 
et  le  prince  d'Orange  ont  été  faits  feld-maréchaux autrichiens; 
qu'on  a  donné  au  prince  d'Orange  le  régiment  Hohenlohe  (2) 
et  que  ce  prince  allait  épouser  l'archiduchesse  Léopoldine  (3). 

Le  colonel  comte  Latour  (4)  m'a  dit  hier  :  «  Je  sais  de  façon 
positive  que  lord  Gastlereagh  est  dans  le  plus  grand  embar- 
ras. Arrivé  à  Vienne  avec  l'ordre  de  laisser  la  Prusse  annexer 
la  Saxe  pourvu  qu'on  consente  à  arrondir  le  Hanovre,  il  a,  il  y 
a  peu  de  temps,  reçu,  évidemment  sous  la  pression  de  l'Oppo- 
sition, des  instructions  diamétralement  opposées  et  lui  pres- 

1.  York  et  Aibany  (Frédéric,  duc  d')  (1769-1837),  frère  du  Prince  Régent, 
celui-là  même  qui  commanda  en  1793  les  troupes  anglaises  qui  opérèrent  de 
concert  avec  le  prince  de  Cobourg.  Nommé  en  1811  par  le  Prince-Régent 
feld-maréchal  et  commandant  en  chef  de  l'armée  de  terre,  il  fut,  après  la 
mort  de  la  princesse  Charlotte  en  1817,  proclamé  héritier  présomptif  de  la 
couronne, 

2.  Ce  régiment  est  aujourd'hui  le  26*  régiment  d'infanterie  hongroise 
Schreiber. 

3.  L'archiduchesse  Léopoldine  épousa  un  peu  plus  tard  l'Empereur  du  Bré- 
sil Don  Pedro  et  le  prince  d'Orange,  la  grande-duchesse  Anna  Pavlovna, 
sœur  de  l'Empereur  Alexandre. 

4.  Attaché  à  la  personne  et  au  ssrvicc  du  prince  royal  de  Wurtemberg 
pondant  son  séjour  à  Vienne. 


716  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

crivant  de  s'opposer  à  tout  prix  à  la  cession  de  la  Saxe  à  la 
Prusse.  Lord  Castlereagh  s'est  conformé  aux  ordres  qu'il  a 
reçus,  et  c'est  là  ce  qui  arrête  la  marche  du  Congrès. 

Le  comte  Antonelli  me  raconta  que  l'Empereur  d'Autriche 
a  répondu  au  cardinal  Consalvi,  qu'il  n'avait  pas  élevé  de  pré- 
tentions sur  les  Légations,  mais  que  d'autre  part  on  avait  fait 
valoir  que  le  retour  des  Légations  au  Saint-Siège  lui  semblait 
douteux. 

Bildt,  Tiirkheim,  Gagern,  Plessen  (i)  se  plaignent  vivement 
des  idées  ultramontaines  émises  par  Consalvi  et  soutenues  par 
l'Autriche  à  propos  du  Concordat  avec  l'Allemagne. 

L'animosité  des  Médiatisés  contre  la  Prusse  ne  diminue  pas 
et  tous  ces  Princes  réclament  le  rétablissement  de  l'Empire 
germanique  et  la  restitution  de  la  couronne  impériale  à  l'Em- 
pereur d'Autriche. 


1120.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3565). 

ROI  de  PRUSSE  au  Général  Lieutenant  V.    KIRKNITZ  (?)   (i; 
(à  Berlin)  (analyse)  [inlercepta). 

Le  Roi  est  entièrement  rétabli,  mais  il  a  des  craintes  pour 
l'avenir.  En  lui  accordant  sa  mise  à  la  retraite,  le  Roi  ajoute 
«  Je  suis,  Dieu  Merci,  entièrement  rétabli.  Mais  les  grandes 
affaires  n'avancent  que  bien  lentement.  Pourvu  seulement  que 
tout  finisse  bien,  on  n'aura  pas  le  droit  de  se  plaindre.  » 


1121.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5106  ad  3565). 

LINDEN  au  ROI  de  WURTEMBERG  [mlercepUi) 
(fragment  d'un  chiffon). 

L'Autriche,  sur  le  point  de  rompre  avec  la  Prusse  et  la  Rus-| 
sie,  a  le  plus  grand  intérêt  à  s'assurer  le  concours  des  forcer 


1.  Plessen  (Léopold,  baron  de),  Ministre  d'Etat  et  plénipotentiaii-c  de  Meck  j 
lembourg-Schewrin. 

2.  Je  n'ai  pu   trouver  trace  d'un  général  de  ce  nom.  Peut-être  s'agit-il  le 
du  général  de  Minkwitz. 


l'ouverture   du   COiNGRÈS.  —    L>    SAXE   ET    LA    POLOGNE      717 

de  toute  l'Allemagne,  ou  au  moins  des  états  de...  et  cela  le 
plus  tôt  possible. 


1122.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565) 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

(Bordereau  et  rapport  journalier  du  24  décembre  1814). 

Liste  des  intercepta  des  22  et  23  décembre. 

En  outre  de  ceux  qu'il  a  paru  intéressant  de  reproduire  plus 
loin,  les  uns  in-extenso,  les  autres  en  résumé,  Hager  appelait 
l'attention  de  l'Empereur  sur  : 

1°  Deux  billets  de  Stein,  l'un  à  Capo  d'Istria,  l'autre  à  Klii- 
ber. 

2»  Une  note  de  Craufurd  (1)  à  Canning  (sir  Stratford) 
(l'invitant  à  faire  remettre  à  une  date  postérieure  au  14  février 
la  réunion  primitivement  fixée  au  5  janvier,  parce  que  le  Go- 
mité  des  affaires  suisses  n'aura  pas  terminé  son  travail  avant 
cette  date.  Mais  il  ne  faut  pas  qu'on  s'inquiète  pour  cela). 

3°  Hacke  à  Bernstorff  (envoi  de  la  copie  d'une  lettre  confi- 
dentielle du  prince  de  Metternich  au  prince  de  Hardenberg  en 
date  de  Vienne  le  22  octobre  1814)  (2). 

4"  Addington  à  Ganning  (Deux  envois  de  pièces  relatives 
au  Valais  et  au  Tessin). 


1.  11  s'agit  ici  de  Quintin  Craufurd,  délégué  à  ce  moment  à  Paris  pour 
fixer  avec  le  gouvernement  français  le  mode  de  paiement  des  arrérages  de 
rente  perpétuelle  ou  de  rentes  viagères  dus  aux  créanciers  anglais.  Le  même 
qui  transmit  le  29  avril  1815  à  lord  Gastlereagh  une  curieuse  lettre  de  M"»  de 
Staël  en  date  du  23. 

Né  en  1743,  mort  en  1819,  venu  à  Paris  en  1780,  très  dévoué  à  la  famille 
royale  il  prit  une  part  active  à  la  préparation  de  la  fuite  à  Varenne  et  de 
toutes  les  tentatives  d'évasion.  Rentré  à  Paris  en  1792,  il  en  repartit  après  le 
10  août  et  n'y  revint  qu'après  la  paix  d'Amiens  et  grâce  à  ses  relations  avec 
Talleyrand  il  fut  le  seul  Anglais  autorisé  à  y  rester  (Cf.  Mémoires  de  M""  du 
Hausset  et  Mémoires  de  M°"  de  Mottevitle).  «  Un  Anglais,  dit  de  lui  Frédéric 
Masson  à  Napoléon  et  sa  famille.  X,  p.  321  et  suivantes,  qui  avait  fait  fortune 
au  service  de  la  Compagnie  des  Indes,  mari  d'une  ancienne  danseuse  qui  pré- 
tendait que  ses  enfants  étaient  les  fils  d'un  duc  de  Wurtemberg..,,  grand  col- 
i-Sî  lectionneur  de  tableaux  et  de  meubles  rares  qu'on  vendit  en  1820  après  sa 
mort.  Il  acheta  pour  800.000  francs  l'hôtel  de  Pauline  Borghèse,  y  compris 
les  meubles  qu'il  mit  à  part  pour  300.000  francs.  Peu  de  temps  après  l'hôtel, 

•ujourd'hui  l'Ambassade  d'Angleterre,  fut  acheté  le  14  octobre   1814  par  le 
iC  de  Wellington  pour  le  gouvernement  anglais. 
Cf.  d'ANGEBERG,  1939-1941. 


lis- 


718  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

1123.  Vienne,  ?3  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  £565  . 

SICGART  à  HAGER 

Marie-Louise,   les   portraits    de   Napoléon  et  les  armoiries  de  ses  voitures. 

Avant  d'aller  le  'i'i  au  Palais  à  Vienne,  Marie-Louise  a  tiré 
de  son  armoire  deux  portraits  de  Napoléon,  dont  elle  a  fait 
cadeau  à  M""  de  Brignole  qui  les  a  emportés  chez  elle,  les  a 
embrassés  en  pleurant  et  en  sanglotant  même  si  fort  que  tout 
le  monde  l'a  entendue.  Puis  elle  a  raconté  la  chose  à  Bausset 
qui  s'est  mis  dans  une  rage  telle  qu'aucun  domestique  n'a  osé 
entrer  chez  lui  bien  qu'il  ait  sonné  plusieurs  fois. 

La  gaieté  et  la  bonne  humeur  de  Marie-Louise  ont  été  re- 
marquées par  tout  le  monde.  Elle  a  donné  Tordre  de  changer 
les  armoiries  de  ses  voitures. 

Méneval  écrit  au  baron  Finot,  préfet  du  Mont-Blanc,  sous 
le  couvert  de  Crages  (?). 

(A  ce  rapport  était  joint  un  chiffon  insignifiant  signé  Thérèse 
et  trouvé  chez  M"^*  da  Brignole.) 


1124.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

GQEHAUSEN  à  HAGER 

Fontanelli  a  recule  20  la  visite  de  Tascher  et  de  Battaglia  (1 
avec  lesquels  il  a  travaillé  et  écrit  une  partie  de  la  journée. 


1125.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  4900  ad  £565). 

à  HAGER 
La  conspiration  de  Milan  et  les  projets  de  Murât. 

Guicciardi  m'a  parlé  de  la  conspiration  de  Milan  et  de  l'ar 
restation  de  Rasori  qu'on  croit  être  en  correspondance  ave< 

1.11  s'agit  là  ou  d'Antonio  Battaglia,  avocat  au  Conseil  d'Etat  (du  royaume 
d'Italie^  ou  plus  probablement  du  baron  Bataille,  aide  de  camp  du  prince  Eu 
gène. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   719 

de  hauts  personnages  àNaples.  On  se  proposaitde  faire  éclater 
une  révolution,  dès  que  Joachim  viendrait  soutenir  par  les 
armes  la  cause  des  Italiens  et  les  aider  à  secouer  le  joug  des 
Autrichiens. 


1126.  Vienne,  23  décembre  1814  (K.  6.  4901  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Nouvelles  relatives  à  l'organisation  de  la  Suisse. 

L'organisation  de  la^Suisse  avance  (1).  Le  pacte  fédéral,  qui 
doit  sanctionner  la  réunion  des  treize  cantons,  est  fixé  et  les 
puissances  sont  d'accord  sur  ce  point.  Les  Ligues  Grises  récu- 
pèrent la  Valteline,Ghiavenna  et  Bormio,  que  Bonaparte  avaient 
jadis  réunis  à  la  Cisalpine. 


1127.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Renseignements  sur  Veith,  homme  de  confiance  d'Hardenberg, 
et  ce  que  l'on  a  réussi  à  en  tirer. 

Hardenberg  a  à  son  service  un  nommé  Veith,  d'Ansbach  un 
ancien  soldat,  agent  secret  depuis  1806,  homme  de  confiance 
et  garçon  de  chancellerie  de  Hardenberg  et  qui  a  1.000  thalers 
d'appointements.   Il  a  dit  dernièrement  à  un  de  mes  agents, 
qui  a  pu  gagne-  sa  confiance  en  se  faisant  passer  pour  un  an- 
cien officier  prussien,  que  la  Prusse  ne  poussera   pas  à  l'ex- 
trême l'affaire  de  Saxe.  «  Nous  ne  saurions,  a-t-il  dit,  soute- 
dr  une  nouvelle  guerre,  vu  que  l'Angleterre  ne  nous  donne 
lus  de  subsides.  Nous  demandons  beaucoup,  c'est  fort  natu- 
îl,  mais  nous  sommes  tout  prêts  à  négocier  et  à  en  rabattre.  » 
On  affirme  d'autre  part  que  Jordan  aurait  reconnu  que  la 
Crusse  était  poussée  par  la  Russie,  qu'on  ne  se  dissimulait  pas 
'injustice  à  laquelle  on  était  obligé  de  se  prêter.  Il  a  ajouté 
le  tout  s'arrangerait  parce  que  la  Prusse  n'était  pas  en  état 
supporter  une  nouvelle  guerre. 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  528-531  ;  537-539  ;  544-553,  560. 


720  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1128.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.  4900  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 
Ce  qu'on  a  fait  dire  et  entendu  dire  à  Dalberg  la  veille. 

Voici  le  résumé  de  tout  ce  que  j'ai  pu  savoir  hier  par  et  chez 
Dalberg. 

Talleyrand  a,  paraît-il,  combiné  avec  les  Russes  un  nouveau 
partage  du  Grand-Duché  de  Varsovie  entre  ia  Russie,  la  Prusse 
et  l'Autriche.  La  Wartha  sera  la  frontière  de  la  partie  attri- 
buée à  la  Prusse.  Cet  accord  réglerait  les  questions  de  Saxe 
et  de  Pologne. 

La  réponse  qu'Hardenberg  a  faite  à  Metternich  au  sujet  de 
la  Saxe  le  21  décembre  (1)  renvoie  le  prince  à  sa  lettre  du 
22  octobre,  dans  laquelle  l'Autriche  consentait  à  l'incorporation 
de  la  Saxe  à  la  Prusse,  sous  la  condition  d'attribuer  au  Roi  de 
Saxe  un  établissement  sur  le  Rhin. 

Metternich  nous  (à  la  France)  a  communiqué  la  réponse 
d'Hardenberg.  Nous  avons  donné  à  Castlereagh,  à  Wrede,  à 
Schulenburg,  à  Metternich,  à  Hardenberg  un  résumé  de  l'état 
des  affaires  en  même  temps  que  nous  avons  porté  à  leur  con- 
naissance le  projet  du  nouveau  partage  du  Grand-Duché  de 
Varsovie,  grâce  auquel  on  règle  du  même  coup  tout  ce  qui  a 
trait  à  la  Saxe.  Une  commission  du  Congrès  sera  chargée  de 
régler  la  question  contradictoirement  avec  la  Prusse  qui,  après 
avoir  reçu  sa  part  dans  le  nouveau  partage,  n'aura  plus  aucun 
droit  à  l'obtention  d'autres  compensations. 

Il  paraît  de  plus,  toujours  d'après  le  dire  de  Dalberg,  qu'au 
moment  même  où  la  tension  était  le  plus  aiguë  entre  Harden- 
berg et  Metternich,  celui-ci  lui  aurait  écrit  une  lettre  particu- 
lière, dans  laquelle  il  se  laissait  aller  à  de  violentes  attaques 
contre  Alexandre  (2).  Hardenberg,  comme  il  était  aisé  de  le 
prévoir,  s'empressa  de  porter  de  suite  le  billet  à  l'Empereur 
de  Russie,  qui  fît  aussitôt  appeler  Metternich,  avec  lequel  il  eut 
une  scène  encore  plus  orageuse  que  les  précédentes  (1).  Il  ré- 

1.  Il  s'agit  évidemment  de  la  note  d'Hardenberg  datée  du  16  décembre  et 
remise  à  Metternich  le  20.  Cf.  d'ANOESERG,  531  et  1952-1961. 

2.  Cf.  Talleyrand  au  Roi.  Vienne,  15  décembre  1814,  (Dépêche  n"  16(Pal- 
LAiN.  Correspondance  inédite,  181-182)  et  Gentz.  Tagebûcher,  339,  lundi  12  dé- 
cembre, «  Grands  orages  politiques  ». 


L^OUVERTURE   DU    CONGRÈS,  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      721 

suite  de  tout  ceci,  d'après  ce  que  je  viens  d'apprendre,  qu'on 
travaille  plus  vivement  que  jamais  au  remplacement  de  Met- 
ternich  par  Wessenberg.  Ce  dernier  est  du  reste  bien  mieux 
que  Metternich  au  courant  de  ce  qui  se  passe  et  de  ce  qui  s'est 
passé  au  Congrès.  Un  pareil  choix  sera  favorablement  accueilli 
par  toute  l'Europe  et  les  affaires  marcheront  mieux. 

Dalberg  s'est  répandu  en  éloges  sur  le  compte  de  Wessen- 
berg. 

Il  m'a  dit  encore  :  «  L'Empereur  de  Russie  a  la  tête  un  peu 
à  l'envers,  le  cerveau  détraqué  tout  comme  feu  l'Empereur  Paul. 
Il  finira  comme  son  père...  » 


1129.  Vienne,  21  décembre  (F.  6.  4901  ad  3565). 

CAPO  D'ISTRIA  à  STEIN  {intercepta  pris  chez  Stein). 

Nous  serons  à  une  heure  chez  Votre  Excellence.  Ainsi  je  me 
conformerai  à  vos  ordres  et  profite  de  cette  occasion  pour  vous 
remettre,  Monsieur  le  Baron,  les  papiers  concernant  la  Cons- 
titution des  villes  libres  de  Cracovie  et  de  Thorn. 


1130.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

GASTLEREAGH  à  TALLEYRAND  (intercepta)  (en  français) 

(analyse). 

Admission  de  la  France  à  la  commission  de  statistique. 

Le  prince  a  désiré  —  Castlereagh  l'a  appris  par  son  frère 
.ord  Stewart  —  que  la  France  soit  représentée  à  la  Commis- 
'  J  sion  de  Statistique.  Il  s'est  fait  un  plaisir  de  transmettre  ce 
désir  à  ses  collègues  qui  se  sont  empressés  d'y  faire  droit  (1). 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  561-568.  Instruction  proposée  par  le  Prince  de  Metter- 
Ich  pour  les  Plénipotentiaires  de  la  commission  de  statistique,  etc.,  etc., 
lienne,  24  décembre  et  procès-verbal  de  la  première  séance  de  la  commission  de 

atistique  le  24  décembre  1814. 

T.  I.  46 


722  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

1131.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

STEIN  à  HARDENBERG  {intercepta)  (en  français). 
Communications  et  explications  relatives  à  Tarnopol. 

Je  VOUS  envoie,  cher  prince,  les  détails  sur  Tarnopol  que  la 
Russie  cède  à  TAutriche.  Celle-ci  gagne  par  là  :  1°  la  commu- 
nication entre  la  Bukovine  et  la  Galicie  ;  2°  un  pays  qui  a  de 
superbes  pâturages  pour  les  haras  et  troupeaux  de  bétail  ; 
3°  le  cours  du  Dniester  ;  4°  la  sûreté  pour  Léopol  (Lemberg), 
dont  Tarnopol  n'est  éloigné  que  de  sept  heures  ;  5°  l'approvi- 
sionnement de  Léopol  qui  tire  ses  denrées  du  cercle  de  Tarnopol. 

N.B.  —  Avec  les  mémoires  relatifs  aux  parties  de  la  Gali- 
cie qui,  d'après  la  décision  prise  dans  la  conférence  du  24  fé- 
vrier-8  mars  1810,  doivent  être  cédées  définitivement  à  la 
Russie  (1). 


1132.  Vienne,  21  décembre  1814  (F.  6.4901  ad  3565). 

ROSENCRANZ  au  Comte  SCHIMMELMANN  (à  Copenhague) 
(sous  couvert  à  Macke,  à  Hambourg)  (intercepta)  (en  français), 

La  crise  dure  encore,  mais  tire  à  sa  fin.  Le  roi  de  Wurtemberg  est  le  seul 
dont  le  départ  soit  fixé. 

Je  m'étais  proposé  de  renvoyer  l'un  des  courriers  ce  soir  ; 
mais  le  Roi  a  trouvé  bon  de  suspendre  l'expédition  jusqu'à  de- 
main ou  après-demain.  Comme  il  se  trouverait  donc  que  Votre 
Excellence  resterait  trop  longtemps  privée  de  nos  nouvelles, 
j'ai  cru  de  mon  devoir  de  l'informer  que  la  crise  dans  les  né- 
gociations dure  encore,  mais  qu'elle  paraît  effectivement  s'ap- 
procher de  son  terme. 

Après-demain, on  fêtera  le  jour  de  naissance  de  l'Empereur 
de  Russie.  Le  roi  de  Wurtemberg  partira  tout  de  suite  après 
Noël.  Mais  jusqu'ici  il  n'y  a  encore  rien  de  fixé  quant  au  dé- 
part des  autres  souverains. 

Le  Roi  se  porte  parfaitement  bien. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc.. 

1.  Cf.  Traité  de  Lemberg  signé  le  19  mars  1810. 


l'ouverture    du  congrès.  —    LA   SAXE    ET    LA    POLOGNE       723 

1133.  Vienne,  23  décembre  1814  (F.  6.4901  ai  3565. 

...    à  HAGER  (intercepta)  (en  français). 
Etat  de  situation  de  l'armée  russe. 

Le  dernier  courrier  arrivé  de  Varsovie  a  apporté  la  situation 
générale  des  forces  militaires  delà  Russie,  fin  novembre,  dont 
le  nombre  monterait  à  550.000  hommes,  chiffres  qui  me  semblent 
fort  exagérés. 

Deux  divisions  en  Finlande. 

La  garde  à  Saint-Pétersbourg. 

Le  corps  des  grenadiers  a  été  augmenté  de  6  régiments  de 
chasseurs  formant  maintenant  3  divisions  et  est  cantonné  entre 
Riga  et  Mittau. 

La  Grande  armée  (sous  les  ordres  de  Barclay  de  Tolly),  quar- 
tier général,  Varsovie,  7  corps  d'armée  à  Vilna,  Kovno,  Grodno, 
Brest -Litewski,  Varsovie,  Lublin  et  Cracovie. 

L'armée  de  Bennigsen  (2  corps  d'armée)  (quartier  géné- 
ral Kamenetz  Podolsk).  Les  corps  à  Dubno  et  Kamenetz  Po- 
dolsk. 

Un  corps  d'observation  contre  les  Turcs  à  Bender. 

L'armée,  que  commandait  auparavant  Bennigsen,  composée 
de  bataillons  et  d'escadrons  de  réserve,  est  incorporée  dans 
la  Grande  armée  de  Barclay  de  Tolly.  La  force  des  bataillons 
a  été  portée  à  1.060  hommes  répartis  entre  six  compagnies. 
D'après  ce  rapport,  il  doit  y  avoir  encore,  après  l'augmenta- 
tion des  bataillons,  de  1.000  à  1.200  hommes  de  surcomplet 
par  régiment  et  Barclay  de  Tolly  aurait  demandé  s'il  fallait 
renvoyer  le  surcomplet  dans  les  dépôts. 


1134.  Londres,  27  novembre  1814  (F.  6.  4901  ad  3565). 

~  LIEVEN  à  NESSELRODE  [intercepta)  (en  français). 

L'arrestation  de  lord  Oxford.  Lady  Oxford  maîtresse  de  Joachim.  But  du 
voyage  de  lord  Oxford  à  Londres  et  insuccès  de  sa  mission.  Explications 
données  par  le  gouvernem;nt  français.   Intervention  de  Wellington.  Les 

Imégociations  de  Gand.  Probabilité  d'une  solution  favorable  et  prochaine. 

Votre  Excellence  aura  été  informée  de  l'arrestation  de  lord 
tford  près  de  Paris  et  de  la  saisie  de  ses  papiers  par  les  agents 


724  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

de  la  police  française.  Je  crois  devoir  ajouter  aux  rapports,  qui 
en  auront  été  faits  directement  de  Paris  à  Votre  Excellence, 
les  derniers  que  j'ai  recueillis  ici  sur  cet  événement. 

Lord  Oxford  est  établi  à  Naples  depuis  assez  longtemps.  11 
est  dans  l'intimité  la  plus  grande  delà  Cour, et  sa  femme, bien 
connue  pour  ses  galanteries  et  son  esprit  d'intrigue,  passe  pour 
être  la  maîtresse  de  Joachim.  Celui-ci  a  profité  de  sa  liaison 
pour  attirer  ce  Seigneur  anglais  dans  son  parti  et  dans  la  vue 
de  servir  en  même  temps  les  intérêts  de  son  amour  et  de  sa 
politique,  il  avait  engagé  lord  Oxford  à  se  rendre  en  Angle- 
terre pour  travailler  surl'esprit  du  Gouvernement  en  sa  faveur. 
Lord  Oxford  s'y  est  prêté  avec  d'autant  plus  d'empressement 
qu'il  espérait,  s'il  réussissait  dans  sa  négociation,  obtenir  le 
poste  de  Ministre  à  Naples. 

Il  est  arrivé  en  Angleterre  au  mois  d'août  dernier,  s'est  an- 
noncé auprès  du  Ministre  comme  chargé  par  le  Roi  Joachim 
de  plaider  sa  cause  auprès  du  Gouvernement.  11  a  eu  à  ce 
sujet  plusieurs  conférences  avec  les  ministres  et  même  une 
audience  avec  le  Prince  Régent.  Mais  toutes  ces  ouvertures  se 
sont  bornées  à  assurer  le  Gouvernement  du  dévouement  du  Roi 
Joachim  à  l'Angleterre  et  de  sa  haine  pour  Napoléon.  Ces  deux 
protestations,  qui  n'étaient  appuyées  d'aucune  preuve,  n'ont 
pas  paru  des  titres  à  l'attention  du  ministère,  et  la  soi-disant 
mission  de  lord  Oxford  a  échoué  faute  de  moyens  de  la  sou- 
tenir. Il  s'en  retournait  à  Naples  par  Paris,  lorsqu'il  fut  arrêté 
par  la  police  à  quelques  lieues  de  cette  capitale  et  dépouillé  de 
toutes  les  lettres  dont  il  était  porteur. 

Le  Gouvernement  français  allègue  en  justification  de  ce  pro- 
cédé qu'il  avait  été  informé  que  lord  Oxford  était  muni  de 
beaucoup  de  lettres  particulières  et  comme  il  existe  une  loi 
particulière  à  ce  sujet  afin  que  les  voyageurs  ne  portent  pas 
atteinte  aux  revenus  des  postes,  il  avait  ordonné  la  saisie 
des  lettres  dont  il  était  muni  en  contravention  de  cette  loi, et, 
qu'en  outre  le  gouvernement  avait  lieu  de  suspecter  lojrd  Oxford 
de  favoriser,  par  intention  ou  par  ignorance,  des  correspon- 
dances entre  des  officiers  français  et  le  Roi  Joachim. 

Le  duc  de  Wellington,  sous  la  protection  duquel  lord  Oxford 
s'est  mis  après  cet  événement,  ne  s'est  pas  contenté  de  deman- 
der des  excuses; il  a  demandé  une  explication  de  l'outrage  com- 
mis sur  la  personne  d'un  seigneur  anglais. 

La  réponse  du  Gouvernement  français  n'avait  pas  encore 

j 


l'ouverture    du    congrès.    —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE       725 

été  remise  au  duc  de  Wellington  au  moment  où  il  en  a  rendu 
compte  au  Ministère. 

Lord  Oxford  est  un  homme  d'un  esprit  très  borné.  11  s'est 
toujours  trouvé  dans  l'Opposition  ;  mais  à  son  dernier  séjour 
en  Angleterre  il  a  adhéré  au  parti  de  l'Administration  et  a 
même  remis  en  partant  son  vote  au  Parlement  à  lord  Bathurst. 
J'ai  eu  connaissance  dans  le  temps  du  motif  de  son  arrivée  en 
Angleterre,  mais  je  n'ai  pas  jugé  qu'il  valût  la  peine  d'en  faire 
mention  à  Votre  Excellence,  ayant  appris  en  même  temps  que 
le  Ministère  n'avait  prêté  aucune  attention  aux  tentatives  in- 
signifiantes de  lord  Oxford. 

Les  négociations  de  Gand  se  poursuivent  avec  une  grande 
activité.  Le  cabinet  de  Saint-James  s'en  occupe  sans  relâche 
depuis  la  clôture  du  Parlement  et  paraît  nourrir  l'espoir  d'une 
prochaine  et  favorable  issue. 


1135.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  3565). 

HAGER  à  l'ExMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  25  décembre  1814. 

Intercepta  (Cabinet  noir)  du  23  décembre.  A  signaler  parmi 
ces  pièces  : 

Humboldt  à  Vera  (13  décembre).  (Les  réclamations  du  Prince 
Ludovisi  Buoncompagni  sur  l'île  d'Elbe  lui  paraissent  fort 
justes.  Comme  il  ne  s'occupe  pas  des  affaires  d'Italie,  il  les 
transmettra  et  recommandera  à  qui  de  droit.) 

Castlereagh  à  Munster  (23  décembre)  (en  anglais).  (Dans 
l'état  actuel  des  affaires  il  paraît  sage  et  utile  de  garder  sur 
pied  et  de  maintenir  sur  place  les  15.000  hommes  de  troupes 
hanovriennes  stationnées  dans  les  Pays-Bas.  Le  Hanovre  devra 
naturellement  pourvoir  à  leur  entretien  jusqu'à  ce  qu'on  ait 
réglé  le  nouveau  statut.) 

1136.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  3565;. 

....  à  HAGER 

Intercepta  pris  chez  Castlereagh. 

27  pièces  envoyées  à  la  Manipulation  le  23  et  le  24  malgré 
la  difficulté  que  présente  l'opération. 


726  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

1137.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  3565). 

....   à  HAGER 
Etat  des  esprits  en  Prusse. 

Bien  que  dans  l'entourage  des  Ministres  prussiens  on  per- 
siste à  dire  que  rien  ne  saurait  décider  la  Prusse  à  renoncer 
à  la  Saxe,  il  semble  au  contraire  que  l'esprit  public  en  Prusse 
soit  nettement  oposé  à  un  conflit  armé  avec  l'Autriche. 


1138.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  3565'. 

....   à  HAGER 

Il  a  été  absolument  impossible  d'intercepter  les  dépêches 
envoyées  par  Hardenberg  à  Castlereagh,  parce  qu'il  les  a  fait 
porter  d'urgence  par  un  des  secrétaires  de  l'Ambassade. 


1139.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Le  prince  royal  de  W^urtemberg  et  son  mariage. 

Le  Prince  royal  de  Wurtemberg,  qui  a  été  alité  pendant  trois 
jours,  a  passé  tout  l'après-midi  d'hier  chez  la  Grande-Duchesse 
d'Oldenburg.  il  paraît  que  le  Saint-Synode  a  aplani  toutes  les 
difficultés  relatives  du  mariage. 


1140.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5119  ad  3565). 

...     à  HAGER 

Le  billet  signé  Thérèse.   Les  promenades  de   Marie-Louise  avec   Neipperg. 

Le  billet  signé  Thérèse  est   de  la  main  de  la  femme  de 
chambre  française  de  Marie-Louise  et  était  adressé  à  un  baron 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      727 

Vernets    (1),    qui    ferait  partie   de   la   Légation    de    France. 
Neipperg  et  le  vice-roi  sont  venus   rendre  visite  à  Marie- 
Louise  qui  s'est  promenée   dans  Taprès-midi  du  côté  d'Het- 
zendorf  avec  Neipperg  et  M"^'  de  Montesquieu. 


1141.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5109  ad  3i65). 

0©  à  HAGER 
Neipperg  et  Marie-Louise.  Le  roi  de  Rome.  Bruit  de  départ  de  Gastlereagh. 

Le  D'  Franck  (2),  qui  soigne  la  princesse  Fûrstenberg,  y  a 
raconté  que  Neipperg  faisait  une  cour  assidue  à  Marie- Louise 
qui  le  trouve  très  à  son  goût,  ce  qui  désole  son  entourage 
français. 

Le  docteur  a  dit  aussi  que  le  petit  Napoléon  est  un  enfant 
méchant  et  surtout  très  entêté. 

Lord  Gastlereagh  a  annoncé  hier  qu'il  retournerait  en  An- 
gleterre au  commencement  de  février  et  qu'il  abandonnerait  le 
Congrès  à  son  sort  si  jusque-là  tout  n'était  pas  fini. 


1142.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  5109  ad  35©5). 

....  à  HAGER 

Efïet  produit  par  les  brochures  sur  la  Saxe  et  la  Prusse. 

La  brochure  :  Sachsen  und  Preusse?i  faite  en  réponse  à  la 
brochure  prussienne  :  Preussen  und  Sachsen  fait  beaucoup 
d'effet. 


1143.  Vienne,  22  décembre  1814  (F.  6.  5109  ad  35«5). 

HEILMANN  à  son  père  {Intercepta)  {Analyse). 

Les  paroles  de  Capo  d'Istria  lui  donnent  bon  espoir. 

Il  déplore  les  lenteurs  et  les  difficultés  qu'on  rencontre.  Il  a 
îpendant  bon  espoir  surtout  après  la  conversation  qu'il  a  eue 

1.  Peut-être  s'agit-il  là  de  Vernègues. 

2.  Le  docteur  était  à  ce  moment  l'un  des  plus  grands  médecins  de  Vienne. 


728  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

avec  Capo  d'Istria  qui  a  conclu  en  disant  :  «  Nous  vous  prépa- 
rons une  agréable  surprise.  Autant  que  cela  pourra  se  faire,  on 
prendra  vos  droits  en  considération.  > 


1144.  Vienne,  24  décembre  1814  (F,  6.  4337  ad  3565). 

RATOLISKA  à  STRASSOLDO  (à  Bologne)  (1)  {Intercepta) 
(analyse). 

Reproches  qu'on  adresse  à  Gastiglioni.  Rôle  qu'on  doit 
lui  assigner  à  l'avenir. 

On  reproche  à  Gastiglioni  (2)  d'avoir  contrevenu  à  ses  ins- 
tructions en  se  faisant  connaître  aux  ministres  toscans  et  au 
Grand-duc.  Il  a  également  enfreint  les  instructions  relatives  à 
la  correspondance  d'Elisa  avec  diverses  personnes  de  Toscane 
et  de  Lucques  et  dont  il  a  parlé  encore  aux  ministres  toscans. 

Les  renseignements  sur  Livourne  et  Tlle  d'Elbe  transmis 
par  Gastiglioni  ne  sont  pas  de  lui,  mais  du  vice-consul  d'Au- 
triche à  Livourne,  Tausch. 

Strassoldo  ne  devra  plus  employer  Gastiglioni  (\u'A  des 
missions  à  l'intérieur  et  le  charger  seulement  de  la  tenue  des 
registres  et  des  états. 

(Joint  à  cette  pièce  un  grand  rapport  de  Gastiglioni,  de  Bo- 
logne le  6  décembre  1814,  sur  le  projet  de  Mariotti  d'enlever 
Napoléon  de  Tlle  d'Elbe,  ainsi  que  l'énumération  et  l'exposé 
des  ordres  que  lui  a  donnés  Strassoldo. 


1.  strassoldo  (Jules,  comte),  conseiller  J.  et  R.  de  gouvernement  et  d'inten- 
dance, envoyé  en  mai  1814  à  Parme  pour  en  prendre  possession  au  nom  de 
Marie-Louise,  en  qualité  de  commissaire  impérial  et  transféré  quelques  mois 
plus  tard  à  Bologne  en  cette  même  qualité  pour  y  assurer  la  réorganisation 
administrative  des  départements  du  Reno,  du  Bas-Pô  et  du  Rubicon. 

2.  Il  ne  peut  s'agir  ici,  ni  du  comte  Alfonso  Gastiglioni,  chambellan  de 
l'Empereur  depuis  1776,  l'un  des  chefs  du  parti  autrichien  à  MiJan  et  qui  fit 
partie  de  la  dépuiation  envoyée  à  Vienne  en  septembre  1814,  ni  du  comté 
Louis  qui  avait  été  sénateur,  ni  du  comte  Charles-Octave,  le  fameux  ar- 
chéologue. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      729 
1145.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR  (F.  6.  5123  ad  3565). 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  26  décembre  1814. 

Il  appelle  son  attention  sur  un  billet  de  la  Comtesse  Wrbna  à 
Stein  (1),  qui  explique  la  nature  de  ses  relations  avec  Stein  et 
son  Empereur,  puis  sur  les  dires  d'Anstett  (2),  enfin  sur  la 
proclamation  (vraie  ou  apocryphe)  du  grand-duc  Constantin 
aux  anciens  officiers  polonais  (3). 


1146.  Vienne,  25  décembre  1814  ('f.  «.  4902  ad  J565). 

....  à  HAGER 

A  signaler  parmi  les  intercepta  ;  une  lettre  du  24  décembre 
du  conseiller  Piquot  sur  les  conditions  de  la  cession  de  Gênes 
à  la  Sardaigne  et  une  autre  de  Linden  à  Capo  d'Istria  (le  roi 
de  Wurtemberg  le  verra  à  deux  heures  chez  Wintzingerode). 


1147.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

e  e  à  HAGER 

Les  cadeaux  du  roi  de  Wurtemberg.  Nouvelles  du  Congrès. 
Alexandre  et  le  prince  Eugène. 

On  ne  parle  que  de  la  magnificence  des  cadeaux  faits  par  le 
roi  de  Wurtemberg  au  prince  TrauttmansdorfT,  au  landgrave 
Fûrstenberg  (4)  (que  j'ai  vu  et  estime  valoir  2.000  florins),  à 
la  garnison  de  Vienne,  aux  gardes,  fonctionnaires  et  gens  de 
service  du  Palais. 

1.  Cf.  pièce  1154. 

2.  Cf.  pièce  1151. 

3.  Cf.  pièce  1152. 

4.  Fiirstenberg  (Frédéric-Charles-Jean-Népomucène-Egon,  Landgrave)  né 
en  1774,  chef  à  ce  moment  de  la  branche  autrichienne  de  la  famille  Fiirsten- 
berg et  dont  les  possessions  sont  situées  en  Moravie  et  dans  la  Basse-Au- 
triche. 


730  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

On  a  affirmé  hier  soir  chez  Fûrstenberg  que  le  Congrès  allait 
prendre  une  autre  allure.  La  Saxe  est  conservée  (l).La  Prusse 
aura  Berg,  Juliers  et  d'autres  agrandissements  en  Allemagne. 

Comme  Gastlereagh,  Talleyrand  parle,  lui  aussi,  de  partir  fin 
janvier. 

Alexandre  continue  à  se  promener  tous  les  jours  bras  des- 
sus, bras  dessous,  à  pied  avec  le  prince  Eugène. 


1148.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Envoi  de  Beguelin  à  Neufchâtel. 

Le  Conseiller  d'Etat  prussien  Beguelin  désigné  pour  le  poste 
de  gouverneur  de  Neufchâtel  doit  s'y  rendre  sous  peu.  (Rap- 
port de  chez  Hardenberg). 


1149.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

....  à  HAGER 
L'indisposition  de  Wrede. 

Wrede  a  encore  été  en  proie  depuis  le  21  à  une  assez  dou- 
loureuse indisposition  causée  par  ses  blessures  et  le  D""  Franck 
vient  le  voir  deux  fois  par  jour. 


1150.  Vienne,  25  décembre  1814  F.  6.  4902  ad3i;65). 

....  à  HAGER 

Les  parties  fines  du  grand-duc  de  Bade.  Le  prince  Eugène 
et  Séraphine  Lambert. 

Il  y  a  eu  le  23  chez  le  grand  écuyer  von  Geusau  une  partie 
fine  organisée  par  ordre  du  grand-duc  de  Bade  et  du  prince 
héritier  de  Hesse-Darmstadt. 

1.  Cf.  Talleyrand  au  roi.  Vienne,  28  décembre    1814.  Dépêche  N"  18  (Pal- 
LAiN,  Correspondance  inédite,  etc.,  page  197-203). 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   731 

Le  prince  Eugène  a  passé  toute  la  soirée  du  24  chez  Séra- 
phine  Lambert. 


1151.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Haisons  pour  lesquelles  Anstett  continue  à  être  pessimiste.  Alexandre  mène 
la  politique  russe.  Pourquoi  Castlereag-h  s'est  entendu  avec  Metternich. 

Anstett  continue  à  voir  les  choses  très  en  noir  parce  qu'A- 
lexandre, qui  a  fait  et  fera  des  concessions  sur  la  Pologne,  ne 
consentira  jamais  à  abandonner  la  Prusse  dans  la  question  de 
la  Saxe.  Il  a  ajouté  que  la  Prusse  et  la  Russie  (1)  discutent  la 
chose  avec  Castlereagh  et  que  du  reste  aucun  des  trois  repré- 
sentants de  la  Russie  au  Congrès  n'a  le  droit  de  dire  quoi  que 
ce  soit.  Alexandre  seulmène  et  décide  tout. 

Castlereagh  est  maintenant  entre  les  mains  de  Metternich 
et  on  est  arrivé  à  ce  résultat  en  faisant  soutenir  au  Parlement 
la  cause  de  la  Saxe  par  l'Opposition. 


1152.  Vienne,  24  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad 

....  à  HAGER 

L'ordre  du  jour  du  grand-duc  Constantin.  Préparatifs  militaires  des  Russes. 

Le  grand-duc  Constantin  a,  affîrme-t-on,  lancé  un  ordre 
du  jour  enjoignant  à  tous  les  officiers  polonais  en  congé  ainsi 
qu'à  ceux  qui  ont  quitté  le  service  à  la  suite  de  la  campagne 
de  1812,  d'avoir  à  rejoindre  et  à  se  présenter  dans  le  plus 
bref  délai. 

Les  Russes  forment  sans  cesse  de  nouveaux  magasins  en 
Pologne  et  en  établissent  même  aux  environs  et  à  proximité 
de  Cracovie. 

1.  Cf.  d'ÂNGEBERG,  1858-1S50.  Conférence  du  29  décembre.  Ibidem.  1869- 
1874.  Conférence  du  30  décembre,  et  579-582.  Note  du  comte  de  Nesselrode 
du  31  décembre  1814  contenant  les  idées  de  la  Russie  sur  les  moyens  propres 
à  fixer  les  rapports  entre  les  Etats  et  à  consommer  l'œuvre  de  la  paix. 


732  AUTOUR  DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

1153.  Vienne,  25  décembre  1814  (F.  4902  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Agitation  parmi  les  anciens  militaires  en  Italie.  Le  procès  des  conjurés. 
Constitution  du  tribunal. 

On  a  beau  soutenir  le  contraire,  tous  les  militaires  italiens, 
réformés  ou  en  retraite  qui  sont  à  Milan,  et  la  plupart  des 
fonctionnaires  ruminent  quelque  chose  et  au  premier  signal 
se  déclareront  pour  les  rebelles.  Murât  est  leur  appui  et  il  y 
a  certainement  une  correspondance  entre  Naples  et  Milan. 

On  m'écrit  de  Milan  à  la  date  du  13  qu'on  a  nommé  une 
commission  mixte  pour  juger  les  coupables  ;  que  Spiegel  (1) 
en  est  le  président  (Jésus)  !)  ;  que  Ghislieri  est  un  des  juges 
(hélas  !)  ;  que  Sormani  y  est  aussi  (pas  mal,  il  connaît  le  mé- 
tier), que  le  conseiller  délia  Porta  en  est  aussi  (Dieu  soit 
loué  !  voilà  un  juge,  un  homme  sage,  il  vaut  tout  seul  une 
commission.  Il  était  conseiller  d'appel  à  Venise  en  1805  et 
c'est  le  plus  digne  des  hommes  et  des  juges)  (2). 


1154.  /        ne,  24  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

Comtesse  WRBNA  à  STEIN  {Inlercepta)  (en  français). 

J'étais  souffrante  hier  et  le  suis  même  encore  aujourd'hui, 
Konnte  also  bis  jetzt  von  der  Scluild  noch  nichts geniessen  (3), 
mais,  j'y  consacrerai  mon  premier  instant  de  liberté.  Si  de- 
main dimanche,  vous  avez  un  instant,  venez  à  l'heure  habi- 
tuelle. Si  vous  ne  pouvez  pas  venir  demain^  venez  aujourd'hui. 
Mais  je  serai  obligée  de  partir  de  bonne  heure  pour  me  rendre 
là  où  peut-être  bien  l'Empereur  ne  m'attend  pas,  mais  où  il 
me  trouvera.  Je  vous  aime  bien. 

1.  Spiegel,  général  autrichien. 

2.  Cf.  Pour  la  constitution  delà  Commission  mixte  dans  C' Weil.  JoacAim 
Murât,  la  dernière  année  de  règne,  515  et  524-527.  Bellegarde  à  Hager,  6  dé- 
cembre 1814  (Acten  der  Polizei  Hofstelle.  F.  568,  4713)  et  27  décembre  1814 
{R.  Archivio  di  Staio  Milan)  {Atti  Segreti). 

3.  Je  n'ai  donc  pas  jusqu'à  cette  heure  joui  en  quoi  qne  ce  soit  du  péché. 

k 


l'ouverture    du   congrès.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      733 
1155.  Saint-Pétersbourg,  17-18  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

Anonyme  à  la  Princesse  BAGRATION  (Intercepta)  (en  français). 

Le  correspondant  se  ralie  au  jugement  du  prince  de  Ligne  sur  le  Congrès. 
Alexandre  aurait  dû,  au  lieu  de  négocier,  imposer  ses  volontés  à  l'Europe. 

Je  suis  entièrement  de  votre  avis  et  encore  plus  :  «  Que 
tout  ce  dont  on  est  forcé  de  s'apercevoir,  on  aurait  bien  pu 
se  donner  la  peine  de  le  prévoir  d'avance.  »  Il  est  étonnant 
qu'avec  autant  d'esprit,  de  connaissance,  de  lumière  et  d'ex- 
périence, on  ne  se  rappelle  jamais  que  le  passé  (sic)  et  on  ne 
veuille  pas  pressentir  l'avenir.  Que  le  Ciel  fasse  que  cette  nou- 
velle réunion  des  Géants  de  la  terre  ne  renouvelle  pas  l'exem- 
ple de  la  Tour  destinée  à  escalader  le  Ciel  ! 

Je  me  tiens  à  l'avis  de  votre  prince  octogénaire  (1),  dont 
l'esprit  jeune  et  juste  a  tracé  en  grand  peintre  le  portrait  du 
fameux  Congrès  de  Vienne,  en  disant  qu'il  danse  et  ne  marche 
pas.  Combien  je  regrette  que  notre  auguste  et  magnanime  Em- 
pereur, le  plus  puissant,  non  seulement  par  sa  puissance,  mais 
plus  encore  par  ses  sentiments  et  sa  grande  âme,  qui  a  tant 
fait  pour  le  bonheur  de  l'Europe,  n'ait  pas  voulu,  au  lieu  de 
le  négocier,  le  commander  lui-même.  Cela  était  certainement 
mieux  et  le  plus  sûr. 

Travaillons  maintenant  à  faire  entendre  aux  sourds,  à  rendre 
philanthropes  les  élèves  de  Mars,  muets  les  canons  et  à  mettre 
d'accord  les  dissidents.  La  Providence,  qui  souvent  d'une  main 
invisible  et  cachée  mène  les  événements  de  ce  bas  monde,  le 
hasard  ou  la  peur,  qui  commanda  naguère  la  réunion  et  la  bonne 
harmonie  de  tant  de  braves,  peuvent  encore  nous  accorder  des 
succès  inespérés.  Mais  il  faudra  y  recourir  pour  tâcher  de  bien 
terminer  ce  qui  a  été  mal  commencé.  Mais  Basta  !  je  crain- 
drais de  trop  dire. 


1.  Le  prince  de  Ligne,  qui  venait  de  mourir  presque  au  moment  môme  où 
l'on  écrivait  cette  lettre  à  la  princesse  Bagration, 


734  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

1156.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5138  ad  3565). 

HAGER   à    l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  27  décembre  1814. 

A  signaler  parmi  les  intercepta  : 

Stein  au  comte  Solms-Laubach  (Envoi  d'un  manuscrit  : 
Ansichtenûber  die  gegenwœrtige  Verfassung  der  Rheinzœllé). 

Stein  à  Vallmoden  (Envoi  du  manuscrit  :  Notions  sur  la 
campagne  des  Alliés  contre  le  maréchal  Davout). 

Stackelberg  à  Nesselrode  (2  paquets  de  papiers). 

Gastlereagh  à  Hardenberg  (Il  demande  par  ordre  du  Prince 
Régent  une  audience  au  roi  de  Prusse). 

Gastlereagh  à  Nesselrode  (Même  demande  pour  l'Empereur 
de  Russie). 

Gastlereagh  à  Lœw^enhielm  (Il  lui  envoie  sur  sa  demande 
copie  des  articles  secrets  du  Traité  de  Chaumont  ainsi  que 
du  relevé  des  dépenses  faites  par  l'Angleterre  en  1814  pour  la 
guerre  contre  la  France). 

Hager  signale  en  outre  à  l'Empereur  Texistence  d'une  cor- 
respondance très  suivie  entre  Gagern  et  lord  Clancartj. 


1157.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  al  3565). 

....    à   HAGER 

Surveillance  de  Sc'.iœnbrunn  (1). 

Neipperg  et  Gornacchia  ont  été  tous  deux  ce  matin  chez 
Marie-Louise. 

Bausset  demande  la  permission  d'engager  un  domestique 
de  plus  pour  le  prince  de  Parme  (roi  de  Rome).  Marie-Louise 
lui  déclare  qu'elle  ne  l'y  autorisera  que  lorsque  son  sort  sera 
fixé  et  lorsqu'elle  saura  quand  elle  partira  de  Schœnbrunn. 


1.  La  surveillance  de  Marie- Louise  a  été  remplacée  par  celle  de  Schœn- 
brun,  ce  qui  revient  du  reste  absolument  au  même. 


l'ouverture    du    congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE       735 

1158.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.   ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruit  relatif  à  la  création   d'un  nouveau  royaume  d'Italie. 
L'harmonie  rétablie  entre  les  deux  empereurs. 

On  parle  vaguement  d'un  nouveau  royaume  d'Italie  et  d'en 
faire  l'échange  avec  la  Bavière  proprement  dite.  L'Autriche 
contre-balancerait  ainsi  la  Prusse,  si  celle-ci  obtient  la  Saxe. 

Razoumoffsky  dit  à  qui  veut  Tentendre  que  la  meilleure 
harmonie  règne  entre  les  deux  empereurs  pour  le  bien-être 
général  de  l'Europe.  Du  reste,  il  est  tout  aussi  taciturne  sur 
les  détails  que  les  autres  Ministres. 


1159.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

WEYLAND  à  HAGER 

L'arrogance  des  Prussiens.  Il  leur  faut  la  Saxe  et  les  provinces  i-hcnanes. 
Les  Prussiens  (1)  ont  repris  leur  ton  arrogant  et  cassant.  Ils 
déclarent  que  la  Saxe  leur  est  due  et  que  le  salut  de  l'Alle- 
magne exige  qu'ils  aient  les  Provinces  Rhénanes. 


1160.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  ad  3465). 

0  0  à  HAGER 

L'arbre  de  Noël  chez  Arnstein.  Une  soirée  chez  Gastlereagh.  Le  Prince  Eu- 
gène et  le  Prince  royal  de  Bavière.  Ce  que  les  Hollandais  y  ont  dit  de  la 
Prusse. 

Grande  réunion  avant-hier  chez  Arnstein  pour  l'arbre  de 
Noël.  On  y  voyait  Hardenberg,  Jordan,  Hoffmann  (2),  le  prince 

1.  Cf.  ïalleyrand  au  Roi,  Vienne,  4  janvier  1815,  Dépêche  n"  19,  Pallain. 
correspondance  inédite,  etc.,  etc.  Page  210  ;  d'ANOBBERO,  1869-1874.  Confé- 
rence du  30  décembre  1814.  Projet  de  Convention  proposé  par  les  plénipo- 
întiaires  de  Russie.  Sohel,  l'Europe  et  la  Révalntion  française.  Tome  Vlll, 

îges  404-411. 

1.  Hoffmann  (Jean-Godefroy)  (1765-1847),  professeur  d'économie  politique  à 
Lœnigsberg,  conseiller  d'Etat  (1808),  assista  au  traité  de  Paris  et  au  congrès 
le  Vienne  et  suivit  le  prince  de  Hardenberg  dans  plusieurs  missions  diplo- 
latiques.  Auteur  de  la  brochure  :  Preussen  und  Sachsen. 


736  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

Radziwill,  Bartholdi,  tous  les  parents  baptisés  et  circoncis  des 
maîtres  de  la  maison,  et  chacun  des  invités  reçut  un  cadeau 
pris  sur  l'arbre...  Hardenberg  s'est  beaucoup  amusé,  mais 
Humboldt  n'y  était  pas... 

Hier  soir,  beaucoup  de  monde  chez  Gastlereagh.  Je  cite  les 
personnages  les  plus  marquants  :  Le  prince  Eugène,  tout  à  fait 
avant  dans  Tintimité  de  ladj  Gastlereagh  ;  le  prince  royal  de 
Bavière  avec  Washington  (1).  Le  prince  a  un  organe  des  plus 
désagréables.  Depuis  son  arrivée  à  Vienne,  il  prend  des  leçons 
de  grec.  Je  l'ai  entendu  hier  parler  l'anglais  et  Titalien  et  on 
ne  s'est  pas  privé  de  se  moquer  de  lui  derrière  son  dos.  Les 
belles  Anglaises  surtout  s'en  donnaient  à  cœur  joie.  Le  prince 
royal  semble  faire  grand  cas  du  prince  Eugène  qu'il  appelle 
à  tout  instant  :  Che7'  beau- frère. 

Le  Cher  beau-frère  a  énormément  d'esprit,  de  connais- 
sances. Il  a  grand  air,  est  beau  et  élégant,  ce  qui  explique  faci- 
lement la  grande  influence  qu'il  exerce  sur  les  princes,  les 
ministres  et  les  dames,  qui  ne  se  gardent  pas  assez,  mais  sur- 
tout sur  l'Empereur  Alexandre. 

Il  y  avait  encore  chez  Gastlereagh  le  cardinal  Gonsalvi,  les 
deux  Bernstorff,  lord  Stewart,  Stratford  Canning  (2),  Gagern, 
Persoon,  le  secrétaire  de  la  légation  de  Hollande,  le  comte  Muns- 
ter, plusieurs  Italiens,  Binder,  Floret,  la  Princesse  Jablo- 
nowska,  quelques  Portugais  et  Espagnols. 

Les  Hollandais  y  ont  dit  que  la  Prusse  ne  considérerait  pas 
la  Saxe  une  compensation  suffisante  pour  la  perte  de  la  Po- 
logne prussienne  et  qu'elle  réclamerait  en  outre  Liège,  Luxem- 
bourg et  des  indemnités  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  et  que 
ces  prétentions  retarderaient  forcément  la  solution  de  la  ques- 
tion de  la  Belgique. 


1.  Washington  (baron),  Maréchal  de  la  Cour  de  Bavière. 

2.  Stratford  Canning  (Sir)  (1786-1880),  ministre  d'Angleterre  en  Suisse  (1814) 
et  acrédité  au  Congrès  de  Vienne.  Ambassadeur  à  Saint-Pétersbourg  (1824), 
à  Gonstantinople  (1829).  Membre  de  la  Chambre  des  Communes,  il  retourna  en 
1842  à  Constantinople  où  il  résida  avec  quelques  interruptions  jusqu'en  1858, 
époque  à  laquelle  il  rentra  définitivement  en  Angleterre. 


l'ouverture    du    congrès.    —  LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      737 

1161.  Vienne,  26  décembt-e  1814  (F.  6.  ad  3565).- 

Anonyme  à  GAGERN  (Intercepta) 

Le  congrès.  La  paix  plus  probable  que  la  guerre. 
La  constellation  des  puissances. 

Notre  Congrès,  comme  disait  feu  le  prince  de  Ligne,  danse 
mieux  qu'il  ne  marche  et  ce  n'est  cependant  pas  faute  de  tra- 
vail en  ce  moment-ci. 

On  s'agite  beaucoup  et  la  chose  n'est  pas  bien  claire  si  paix 
ou  guerre  en  résultera,  quoique  je  crois  à  la  première. 

La  Prusse  et  la  Russie  d'un  côté,  et  probablement  l'Au- 
triche, la  France,  l'Angleterre,  nous  autres,  la  Bavière  de 
Tautre  (1).  Si  vous  avez  la  démangeaison  de  vous  battre  vous 
aurez  le  choix.  Wellington  serait  un  assez  bon  Schulmeister. 


1162.  Vienne,  26  décembre  (F.  6  ad  3565). 

Nota  a  HAGER  (en  français). 

11  a  été  présenté  à  Dalbergpar  Hacke.  Ce  que  le  duc  lui  dit  du  Tugendhnnd. 
Utilité  d'une  alliance  entre  la  France,  l'Autriche  et  l'Angleterre.  Animosité 
de  la  Bavière  contre  la  Prusse.  Le  départ  des  souverains  n'est  pas  encore 
fixé. 

J'ai  enfin  réussi  à  me  faire  représenter  et  introduire  chez 
Dalberg  par  Hacke.  Dalberg,  fort  loquace,  a  parlé  de  la  Prusse 
et  du  Tugendbund.  S'étonnant  que  la  Cour  de  Vienne  voie  et 
laisse  faire  tout  cela,  il  écrit  que  le  Tugendbund  fait  beaucoup 
le  prosélytes  ici,  chose  dangereuse  et  qu'il  attribue  à  la  légè- 
reté avec  laquelle  Metternich  dirige  les  affaires.  Il  regrette 
îue  la  Cour  de  Vienne  ne  voie  pas  qu'il  n'y  a  rien  de  faisable, 
[ien  de  durable,  rien  d'utile  pour  elle  et  l'Europe  qu'une 
alliance  intime  entre  la  France  et  l'Angleterre,  alliance  qui 
îxiste  déjà  entre  ces  deux  puissances.   Il  déplore  l'état    de 

1.  Cf.  ïalleyrand  au  roi  de  Vienne,  28  décembre  1814  (Dépêche  n"  19).Fallain, 
Correspondance  inédite,  etc.,  etc.,  p.  197-205.  Gf  d'ANGEBERG,  540-544.  Lettre 
le  Talleyrand  à  Metternich  en  date  du  19  décembre  1814.  Ibidem,  1858-1869. 
Conférence  du  29  décembre  1814. Communications  mutuelles  pour  l'ouverture 
les  conférances  sur  les  affaires  de  la  Pologne  et  de  Saxe. 

T.  I.  47 


738  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENINE 

TAllemagne  depuis  la  paix  de  Bâle,  état  qui  l'a  décidé  à  ser- 
vir en  France  où  du  reste  il  n'est  pas  encore  décidé  à  rester. 
Il  m'a  invité  à  revenir  le  voir  fréquemment. 

Tout  est  calme  dans  le  grand  monde  et  profondément  mono- 
tone. Les  aides  de  camp  de  Wrede  continuent  à  déblatérer 
contre  la  Prusse. 

Rien  de  fixé  pour  le  départ  des  souverains.  Cependant  Ncs- 
selrode  vend  ses  chevaux. 


1163.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  5141  ad  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  28  décembre  1814. 


1164.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5141  ad  3565). 

Rappoht  à  HAGER 

Hardenberg  et  Metternich. 

Hardenberg  a  donné  le  26  un  grand  dîner  à  la  suite  duquel 
il  a  eu  une  conférence  d'une  heure,  seul  avec  Metternich  (1). 


1165.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5141  ad  3565  . 

ee  à  HAGER 
Les  inspirateurs  de  la  politique  d'Alexandre. 

D'après  Dalberg,  toujours  très  monté  contre  Alexandre,  cet 
Empereur  serait  entièrement  mené  par  Czartoryski,  Stein  et 
Gapo  d'Istria. 

1166.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5141  ad  3565). 

Chiffons  mondains  trouvés  chez  le  prince  Radziwill,  ayant 
trait  à  une  représentation  théâtrale,  dont  voici  le  programme  : 

1.  11  y  avait  ce  soir-là  bal  chez  Metternich. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   739 

N"  1.  Le  troubadour  chante. 

N"  2.  Le  Pèlerin. 

N°  3.  La  sentinelle. 

N°  4.  Les  Adieux  du  Ciel. 

N"  5.  René. 

N"  6.  Bélisaire. 

N'  7.  Griselidis. 

N"  8.  Les  adieux  d'Emma. 

N»  9.  Chœur  qui  annonce  le  retour  de  la  paix  et  du  bonheur. 


1167.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5141  ad  3565;. 

Rapport  à  HAGER 

Intercepta  pris  chez  Nesselrode,  Radzîwill,  Linden  et  Steia  et  rapport 
sar  Stein,  sts  soupçons  et  ses  précautions. 

Stein  a  envoyé  hier  (26)  un  paquet  à  Staegemann  et  une 
lettre  à  Bernstorff  qu'on  a  pas  pu  se  procurer,  parce  qu'il  a 
dit  à  son  valet  de  chambre,  qu'ayant  su  et  remarqué  qu'on  ou- 
vrait ses  lettres,  il  lui  ordonnait  d'avoir  l'œil  ouvert  sur  tous 
les  gens  de  la  maison.  Stein  a  dû  apprendre  cela  dehors.  Le 
valet  de  chambre  s'est  acquitté  de  sa  mission  ;  mais  malgré 
cela  j'ai  réussi  à  intercepter  et  à  envoyer  à  la  manipulation 
une  lettre  du  27  au  duc  de  Gobourg  et  à  ramasser  deux  Ghif- 
fons,  une  lettre  de  Gassel  du  13  décembre  du  père  de  Stein  et 
une  de  Berlin  du  18,  peu  importante  en  réponse  à  une  missive 
de  Stein  du  8  et  reçue  par  le  canal  du  Golonel  von  Miltitz. 


.168.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6.  4902  ad  3565). 

....  à  HAGER 

>éclara(ions  de  Gastlereagh,  la  cessation  prochaino  des  subsides  et  son  départ 
prochain  de  Vienne.  Effet  calmant  de  ces  déclarations  sur  les  Prussiens. 

On  ne  sait  rien  de  la  note  (1),  mais  on  dit  que  Gastlereagh, 

1.  Cf.  d'Angeberg,  561-569.  Instruction  proposée  par  le  prince  de  Metternich 
)ur  la  commission  de  statistique.  Notes  de  Metternich,  de  RazoumofTski  et  de 

lardenberg  des  27  et  28  décembre,  pages  1850-1863.  Cf.  Sorbl,  L'Europe  et  la 

dévolution  Française,  tome  VIII,  p.  404-411. 


740  AUTOUR    DU    CO>GRÈS    DE    VIENNE 

a  déclaré  au  nom  de  son  gouvernement  qu'on  cesserait  de 
payer  les  subsides  à  partir  du  15  janvier,  si  d'ici-là  le  Congrès 
ne  marchait  pas  autrement,  et  que  lui-même  avait  d'ailleurs 
l'ordre  de  quitter  Vienne,  sa  présence  à  Londres  étant  deve- 
nue nécessaire  à  cause  des  séances  du  Parlement. 

Depuis  lors,  les  Prussiens  ont  de  nouveau  un  ton  plus  mo- 
déré. La  perspective  d'une  guerre,  avec  l'Angleterre  ne  leur 
sourit  guère.  Ils  disent  qu'au  lieu  de  la  Saxe  ils  accepteront 
une  autre  compensation  en  Allemagne  de  façon  à  avoir  une 
population  totale  de  11  millions. 


1169.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6  ad.  3565). 

Nota  à  HAGEPi  (en  français). 

Capo  d'istria  et  les  afl'aires  de  Suisse.  Les  résolutions  et  les  préparatifs  de 
la  France  d'après  Dalberg.  Murât  doit  être  renversé  et  la  Saxe  rendue  à 
son  roi.  L'affaire  Exelmans.  Portée  et  extension  de  cette  affaire. 

Capo  d'I stria  m'a  dit  hier  que  la  nouvelle  Constitution  de 
la  Suisse  était  finie  ;  qu'on  allait  la  présenter  au  Congrès  pour 
y  être  sanctionnée  (1)  ;  que  son  Empereur  leur  ayant  demandé 
comment  il  la  trouvait,  il  lui  avait  répondu  :  «  Excellente,  car 
«  tous  les  partis  en  seront  mécontents,  et  elle  serait  mauvaise 
«  si  elle  en  avait  contenté  quelqu'un.  Les  autres  ne  la  vou- 
«  draient  pas.  » 

Il  me  dit  aussi  que  la  Valteline  était  décidément  réunie  aux 
Grisons  et  qu'elle  en  faisait  la  quatrième  ligue  (2)  ;  Que  la 
Cour  de  Vienne  s'était  conduite  dans  cette  affaire  avec  beau- 
coup de  noblesse  et  de  désintéressement,  et  que  vraiment  cela 
lui  faisait  honneur. 

J'ai  dîné  hier  avec  Dalberg.  A  l'entendre,  la  France  est  déci- 
dée à  faire  la  guerre  pour  la  Saxe  et  pour  Naples,  et  Soult 
aurait  reçu  les  ordres  de  prendre  les  dispositions  nécessaires. 
Il  m'a  assuré  que  Murât  ne  resterait  pas  où  il  était.  Il  me 
raconta  que  Louis  XVIII  a  dit  à  Jaucourt,  qui  venait  lui  ren- 
dre compte  de  ses  conférences  avec  les  ministres  de  Russie  et 

1.  La  nouvelle  était  fort  prématurée. 

2.  Cf.  D'Angeberg,  528-531.  Septième  protocole  du  Comité  des  affaires  de 
Suisse.  Séance  du  15  décembre  1814.  Note  présentée  par  la  légation  suisse 
sur  la  réunion  de  la  Valteline  aux  ligues  grises,  etc.,  etc. 


l'ouverture    du   COiNGRÈS.    —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      741 

de  Prusse  sur  la  Saxe  :  «Ma  résolution  est  prise, je  n'en  dé- 
mordrai pas  (1).  Il  est  de  l'intéiêt  et  du  devoir  de  la  France 
rendue  à  ses  Rois  que  la  légitimité  des  trônes  soit  rétablie 
partout.  La  République  a  fait  pendant  vingt  ans  la  guerre  aux 
Monarchies.  Celles-ci  ont  gagné  leur  procès.  A  présent,  ce  sont 
les  nouveaux  Souverains  qui  font  la  guerre  aux  anciens.  Il 
faut  que  nous  gagnions  aussi  ce  dernier  procès.  La  Saxe  doit 
être  rendue  à  son  Roi  et  Murât  doit  descendre  du  trône  de 
Naples.  L'Europe  pourra  alors  espérer  une  paix  durable.  » 

Le  duc  m'a  raconté  TafTaire  du  général  Exelmans  (2),  ancien 
adjudant  de  Murât.  Il  avait  écrit  à  Murât  une  lettre  qu'il 
avait  confiée  à  lord  Oxford.  Il  lui  disait  qu'il  lui  était  tou- 
jours fidèle,  qu'il  avait  k  sa  disposition  20.000  soldats  prêts 
à  marcher  en  sa  faveur,  qu'il  en  aurait  davantage  si  le  cas 
arrivait  et  qu'il  attendait  ses  ordres. 

Louis  XVIII  ordonna  à  Soult  de  le  faire  venir  et  de  lui  dire 
que  le  Roi,  qui  pouvait  le  faire  fusiller,  le  renvoyait  chez  lui 
avec  la  moitié  de  sa  solde.  Exelmans  osa  dire  que  le  Roi 
n'avait  pas  le  droit  de  le  faire  sans  jugement  et  Soult  décida 
de  le  traduire  devant  une  commission  militaire. 

Dalberg  prétend  qu'il  y  a  une  foule  de  gens  compromis  par 
cette  correspondance  et  qu'entre  autres  il  y  a  des  lettres  de  la 
méchante  M""'  de  Staël  (3)  qui  rompt  des  lances  en  faveur  de 
cet  usurpateur  et  contre  son  Roi  légitime. 


1170.  Vienne,  27  décembre  (F.  6  ad  3565). 

GÛEHAUSEN  à  HAGER 

L'adresse  de  l'armée  saxonne.   Sa  fidélité  à  son  roi. 
Les  émissaires  prussiens  en  Saxe. 

Toute  l'armée    saxonne,  moins  le    Général  Thielemann,  a 
signé  une  adresse    au  Congrès  pour  déclarer  qu'elle  restera 

1.  Le  Roi  à  Talleyrand,  27  décembre  1814.  (Dépéchï  n"  14)  (Pallain,  Cor- 
respondance inédiie,  etc.,  etc.,  196). 

2.  Cf.  Jaucourt,  Correspondance  avec  le  prince  de  Talleyrand  (Pages  122, 
127,  1-32,  156). 

3.Cf.  Jaucourtà  Talleyrand,  4  décembre  1814.  (Correspondance,  etc.  Page  106; 
«  M""»  de  Staël  y  figure,  mais  comme  grande  prêtresse  du  temple  de  la  Paix 
et  de  la  Liberté.  Elle  aime  Joachim  à  cause  de  son  amour  pour  ces  deux 
bienfaitrices  du  monde...  ») 


742  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

ûàële  à  son  Roi.  Il  rè^e  une  grande  agitation  en  Saxe.  Les 
dames,  en  signe  de  deuil,  portent  autour  du  cou  le  médaillon 
du  Roi  entouré  d'un  cadre  d'ébène,  les  officiers,  la  dragonne 
saxonne  fixée  à  leur  épée  par  un  anneau  de  fer  pour  bien  mar- 
quer leur  fidélité  au  drapeau. 

Le  baron  Rosch  (?)  et  le  coloael  von  Miltitz  sont  l'objet  de 
l'exécration  générale.  Les  officiers  saxons  ont  célébré  le  jour 
de  naissance  da  Roi  malgré  tout  ce  que  l'on  a  fait  pour  l'em- 
pêcher. 

Les  Prussiens  inondent  le  pays  d'émissaires  chargés  de  tra- 
vailler les  populations.  Jusqu'à  ce  jour  ils  n'y  ont  guère  réussi. 


1171.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6  ad  3560  800). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

L'air  menaçant  des  Prussiens.  Les  motifs  de  leur  entêtement 
à  propos  de  la  Saxe. 

Les  Prussiens  reprennent  l'air  menaçant  et  disent  hautement 
qu'ils  feront  plutôt  la  guerre  que  de  renoncer  à  la  Saxe  ;  qu'ils 
seront  soutenus  par  la  Russie  (1);  qu'actuellement  ils  ont  les 
trois  quarts  de  l'Allemagne  contre  eux  ;  mais  que  dès  que 
l'Autriche  aura  fait  son  alliance,  du  reste  indispensable,  avec 
la  France  (2),  toute  l'Allemagne  sera  avec  eux.  Il  ne  leur  sera 
pas  difficile  de  détacher  la  France  ou  l'Angleterre  de  l'Autriche  : 
car  la  France  voudra  avoir  le  Rhin  que  l'Angleterre  et  l'Au- 
triche  ne  veulent  et  ne  peuvent  lui  accorder.  «  Si  la  campagne 
va  bien,  disent-ils,  nous  aurons  ce  que  nous  voulons.  Si  elle 
va  mal,  nous  accepterons  ce  que  l'on  nous  offre  à  présent. 
C'est  là  ce  qui  peut  nous  arriver  de  pire.  » 

Tout  le  monde  parle  de   la  dernière  note  de  la  Prusse  (3). 

1.  Talleyrand  au  roi,  Vienne,  4  janvier  1915.  Dépêche  n»  10  {Pallaiî*,  Cor- 
respondance inédite,  etc.  (Pages  210-211) et  d'ANOBSERG.  (Pages  1869-1874).  Con- 
férence du  30  décembre  1814.  Projet  de  convention  proposé  par  les  plénipo- 
tentiaii  es  de  Russie. 

2.  Cf.  d'ANGBBBHG,  (Pages  5  40-544;.  Lettre  de  Talleyrand  à  Metternich,  du 
19  décembre  1814,  et  (pages  570-571).  Note  de  Talleyrand  à  lord  Gasthereagh 
du  26  décembre  1814. 

3.  Cf.  d'AnGEBBRG,  (531-535  et353-556).  Note  de  Hardenberg  à  l'Empereur  de 
Russie  en  date  du  16  décembre  et  remise  le  20  et  Ibidem  Hardenberg  à  Met- 
ternich, Vienne,  20décembre./iidem  (1952-1960),  de  Hardenberg  à  Metternich, 
16  décembre  1862  et  (1863-1869)  29  décembre. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      743 

On  la  dit  roide  et  menaçante.  Les  Prussiens  eux,  prétendent 
qu'elle  est  fort  modérée,  mais  très  claire. 


1172.  Vienne,  27  décembre  181i  (F.  6  ad  3565). 

....  à  IIAGER  (en  français). 

Stein,  Knesebeck,  le  roi  de  Wurtemberg.  Le  grand-duc  de  Bade.  Pourquoi 
le  Congrès  doit  échouer.  Rozencranz  et  les  reproches  qu'il  adresse  à 
Alexandre.  Les  fêtes  incessantes.  La  durée  interminable  du  Congrès. 

Stein,  qui  ne  va  presque  jamais  dans  le  monde,  est  mainte- 
nant presque  tous  les  soirs  chez  la  duchesse  d'Oldenburg.  Le 
Général  Knesebeck  est  celui  qui  trayaille  le  plus  le  roi  de  Prusse 
au  sujet  de  la  Saxe... 

Le  roi  de  Wurtemberg  est  maintenant  bien  plus  apprécié 
que  lors  de  son  arrivée.  Sa  générosité  lors  de  son  départ  j  est 
pour  quelque  chose  (1). 

Le  grand-duc  de  Bade  se  plaint  de  ce  que  le  prince  de  Met- 
ternich  ne  lui  a  jamais  fait  de  visite. 

Rechberg,  Plessen,  Linden,Tûrkheim  se  plaignent  tout  haut 
du  cardinal  Gonsalvi,  de  ses  principes  ultramontains,  de  ses 
finesses  et  ruses  par  trop  italiennes. 

J'entends  dire  de  tous  côtés  que  l'on  ne  devrait  pas  appeler 
Congrès,  mais  seulement  rendez-vous,  le  rassemblement  de 
toutes  les  puissances  à  Vienne.  Comment  un  Congrès  peut-il 
aboutir  avec  un  Empereur  qui  n'a,  ni  la  tête,  ni  le  cœur  à  sa  vraie 
place,  qui  a  la  prétention  d'être  en  France  et  en  Autriche  le 
despote  qu'il  est  à  Saint-Pétersbourg,  et  avec  un  roi  (de 
Prusse)  tout  prêt  à  vendre  à  la  Russie  la  liberté  de  l'Allemagne 
et  l'équilibre  de  l'Europe,  avec  un  ministère  à  Vienne  qui  n'a 
ni  principes,  ni  méthodes,  qui  reprend  au  mois  de  décembre 
ce  qu'il  a  accordé  le  22  octobre,  qui  ne  jouit,  ni  delà  confiance, 
ni  même  de  la  considération  des  représentants  des  autres 
puissances. 

Puffendorf  a  dit  hier  :  «  J'ai  rendu  ce  matin  visite  au  mi- 
nistre du  Danemark,  Rosencranz,  qui  a  la  jaunisse.  Il  débla- 

1.  Le  roi  de  Wurtemberg  partit  de  Vienne  le  24  décembre  à  11  heures  du 
mntin.  Cf.  Oesierreichischer  Beobaehter  du  28  décembre  1814,  pour  le  détail 
de  ses  largesses  à  Vienne. 


744  AUTOUR   DU   CO^■GRÈS    DE    VlEJiNE 

tère  contre  Alexandre  à  cause  du  retard  qu'il  met  tant  à  éva- 
cuer le  Holstein  qu'à  ratifier  les  traités.  Rosencranz  ne  cesse 
de  se  plaindre  de  la  méchante  perfidie  et  de  la  mauvaise  foi 
de  l'Empereur  de  Russie.  11  ajoute  :  «  Ce  qui  m'étonne  le  plus, 
c'est  que  tout  le  Congrès  n'ait  pas  depuis  longtemps,  lui  aussi, 
la  jaunisse.  » 

Voici  encore  d'autres  propos  :  Schwarzenberg  donne  deux 
fois  par  semaine  un  thé  dansant.  Il  y  en  a  aussi  deux  fois  par 
semaine  à  la  Cour  et  chez  Stackelberg.  Donc  des  fêtes  toute 
la  semaine. 

Le  séjour  interminable  des  souverains  à  Vienne  produit  un 
déplorable  effet  à  Vienne  et  en  Allemagne.  On  dit  qu'on  a 
inauguré  une  nouvelle  tactique  qui  consiste  à  dévorer  l'ennemi. 

Le  prince  royal  de  Bavière  part  aujourd'hui  pour  Munich. 

Bernstorff  et  Rechberg  offrent  de  parier  que  le  Congrès 
durera  encore  à  la  fin  de  mars. 


1173.  Vienne,  26  décembre  1814  (F.  6  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 
Rapport  de  chez  le  Nonce. 

Ce  qu'on   a  dit  de   l'Italie  chez   M""  de   Bellegarde.   Les  arrestations  et  les 
fautes  de  l'Autriche  en  Italie. 

Le  duc  de  Serracapriola  et  les  députés  de  Bologne  et  de  Fer- 
rare^  Fava  et  Squarzoni  ont  dîné  hier  chez  les  prélats  romains. 
Je  me  suis  rendu  hier  chez  la  comtesse  de  Bellegarde  (1).  Il 
y  avait  du  monde  chez  elle.  Elle  me  salua  d'abord  de  la  part 
du  maréchal  qui  avait  eu  la  bonté  de  m'indiquer  dans  une  de 
ses  lettres,  celle  du  5  courant. 

La  nouvelle  des  arrestations  de  Rasori  (2),  Théodore  Lechi, 
de  Gasparinetti  (3),  fournit  une  ample  matière  à  la  conversation. 

1.  La  femme  du  feld-maréchal  comte  de  Bellegarde. 

2.  Rasori,  médecin  et  professeur,  l'un  des  chefs  de  la  conspiration. 

3.  Gasparinetti,  admirateur  fanatique  de  Napoléon,  colonel  du  2»  régiment 
de  chasseurs  à  cheval  (italien)  avait  été  fait  prisonnier  en  1813,  mais  n'avait 
pas  été  replacé  dans  les  régiments  nouvellement  formés. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      745 

M"*  de  Bellegarde  désapprouva  hautement  ces  mesures  d'une 
sévérité  déplacée.  Elle  m'assura  que  son  mari  était  loin  de 
recommander  l'emploi  de  la  force,  de  la  violence  et  du  despo- 
tisme ;  mais  que  les  ordres  souverains  le  forcent  malgré  lui 
à  ces  malheureuses  démarches  qui  ont  le  sceau  de  la  violence 
et  de  la  persécution  et  qui  font  perdre  à  l'Autriche  le  peu  de 
partisans  qui  lui  restent  encore  en  Italie.  «  On  emploiera  ici, 
dit-elle,  tous  les  moyens  possibles  pour  éteindre  dans  les  cœurs 
italiens  l'affection  qu'ils  étaient  disposés  à  avoir  pour  notre 
souverain  et  pour  embraser  l'Italie  d'une  terrible  révolte  qui 
ôtera  à  l'Empire  ces  belles  et  riches  provinces.  » 

Mon  mari  m'a  fait  craindre  toujours  pour  ses  jours.  Zichy, 
Baldacci  (1)  et  Lazanski  (2),  qui  ne  connaissent  pas  le  pays  et 
qui  ont  même  des  préventions  injustes,  donnent  à  l'Empereur 
de  bien  mauvais  conseils. 

«  Ecoutez,  ma  chère  comtesse  —  M""°  de  Bellegarde  adressait 
la  parole  à  M""^  de  Crenneville  —  on  choisit  ici  des  Allemands 
et  des  Hongrois  pour  aller  gouverner  les  Italiens.  Peut-on  se 
prendre  plus  maladroitement  et  plus  impolitiquement  que  de 
confier  à  des  gens  inexperts  (sic),  ignorants  de  la  langue  et 
des  mœurs,  l'administration  de  provinces  jadis  si  florissantes  ? 
Est-ce  que  Bonaparte  avait  envoyé  des  Français  gouverner  l'Ita- 
lie? Il  n'y  avait  que  le  vice-roi  Eugène  et  son  secrétaire  Méjan 
qui  fussent  Français.  Tous  les  autres  fonctionnaires  étaient 
Italiens  et  Bonaparte,  malgré  son  sceptre  de  fer,  malgré  sa 
conscription, malgré  la  gravité  de  ses  impôts,  fut  obéi  jusqu'au 
dernier  moment.  Il  faut  avouer  le  vrai.  II  y  a  ici  des  têtes 
imbéciles  qui  ne  connaissent  rien  à  l'art  de  gouverner.  Pourvu 
qu'ils  se  maintiennent  en  place,  nos  ministres  ne  se  soucient 
guère  du  bien  et  de  la  gloire  de  l'Etat.  On  se  propose  de  don- 
ner une  organisation  à  l'Italie.  N'avait-on  pas  la  forme  la  plus 

admirable  d'administration  publique? Si  on  n'est  pas  en 

état  de  donner  une  bonne  organisation  à  ce  pays,  comme  j'en 
doute  fort,  au  moins  qu'on   ne  sévisse  pas  contre  de  braves 

1.  Baldacci  (Antoine,  baron),  (1762-1841)  d'origine  Corse,  mais  né  à  Vienne, 
entré  assez  jeune  au  Ministère  de  l'Intérieur,  eut  par  hasard  accès  auprès  de 
l'Empereur  François  qui  prit  goût  à  sa  manière  de  travailler  et  de  s'exprimer 
et  le  rapprocha  de  lui.  Baldacci,  qui  avait  voué  une  haine  féroce  à  Napoléon, 
était  déjà  en  1811  président  de  la  chambre  suprême  des  Comptes  et  devint 
en  1813  ministre  de  l'armée. 

2.  Lazanski  (Procope,  comte), Président  de  la  commission  d'organisation  de 
l'Italie. 


740  AUTOUR    DU    CONGRÈS  DE    VIENNE 

gens  qui,  ayant  cessé  pendant  seize  ou  dix-sept  ans  d'apparte- 
nir à  l'Autriche  ont  dû  s'attacher  au  souverain  que  la  fortune 
des  armes  leur  avait  donné.  » 

Demain  je  dîne  chez  le  commandeur  Saldanha  da  Gama, 
ministre  du  Portugal,  où  tous  les  membres  de  la  mission  por- 
tugaise sont  invités. 


1174.  Vienne,29  décembre  ]814  (F. 6.  5147  ad  3565). 

IIAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  îQ  décembre. 

Envoi  des  intercepta  pris  chez  Nesselrode  et  chez  Harden- 
berg  (paquet  pour  Talleyrand),  et  résultats  de  la  surveillance 
du  domestique  particulier,  homme  de  confiance  d'Hardenberg, 
Veith,  qui  est,  comme  un  autre  garçon  de  chancellerie  prus- 
sienne MûUer,  un  agent  de  la  police  secrète  prussienne. 


1175.  Vienne,  28  décembre  1814(F.  6.  5147  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Intercepta  pris  chez  Lœwenhielm  et  remise  à  la  Manipula- 
tion de  tout  un  paquet  de  pièces  adressées  à  Lord  Castle- 
reagh. 

On  a  trouvé  aussi,  mais  remis  en  place,  une  protestation 
datée  du  mois  de  novembre,  de  l'ancien  roi  de  Suède,  Gus- 
tave, duc  de  Holstein  (1),  disant  qu'il  a  renoncé  au  trône,  mais 
rien  que  pour  sa  personne  et  non  pour  son  fils  qui  se  réser- 
vera de  faire  valoir  ses  droits  dès  qu'il  sera  majeur. 


1.  Cf.  d'ANGEBERG,  476-477.  Déclaration  de  l'ancien  roi  de  Suède  Gustave  IV, 
novembre  1814.  Fils  de  Gustave  III  il  avait  régné  de  1792  à  1809  et  avait  été 
remplacé  par  son  oncle  Charles  XIII.  Il  portait  dans  l'exil  le  nom  de  colonel 
Gustavson. 

l 


l'ouverture   du   COîJGR^S.  —   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      747 
1176.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

HARDENBERG  à  GOLTZ  (à  Paris)  (en  allemand). 
(Sous  couvert  de  Talleyrand)  (Intercepta)  (Analyse). 

A  propos  d'un  décret  de  Napoléon  de  Nossen  (1)  (8  mai  1813) 
relatif  à  la  saisie  de  tout  ce  qui  a  pu  forcer  le  Blocus  Conti- 
nental et  aux  mesures  à  prendre  sur  la  rive  droite  du  Rhin.  Il 
faudrait  tâcher  d'obtenir  des  indemnités  pour  les  préjudices 
causés  aux  commerçants. 


1177.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.    6.  5147  ad  3565). 

Intercepta  pris  chez  Heilmann, 

1°  C.  W.  au  bourguemestre  Moser  (à  Bienne),  sans  lieu,  ni 
date.  (Il  tient  à  le  rassurer  sur  le  sort  de  Bienne,  dont  les  inté- 
rêts sont  si  bien  défendus  par  le  député  Heilmann.  Il  ne  faut 
pas  presser  les  choses  si  Ton  veut  arriver  au  résultat  désiré). 

2"  Heilmann  à  son  père,  26  décembre  1814.  (Il  faut  patien- 
ter pour  nos  affaires  jusqu'à  ce  que  la  grande  partie  soit  finie. 
On  négocie  beaucoup  sans  rien  conclure.  Rien  de  fixé  encore 
pour  le  départ  des  souverains  autres  que  le  roi  de  Wurtem- 
berg parti  ce  matin). 

'à'  27  décembre  1814.  (Je  crois  maintenant  que  tout  va  bien. 
La  commission  s'est  remise  au  travail  et  avance  lentement, 
puisqu'il  faut  avant  tout  savoir  la  tournure  que  prendront  les 
grandes  affaires). 

4"  28  décembre  1814.  (H  y  a  décidément  lieu  de  croire  que 
tout  finira  bien.  Montenach  (2)  m'a  dit  hier  :  «  Ayez  seulement 
du  courage.  Les  affaires  vont  bien.  Soyez  toujours  ferme 
comme  depuis  le  commencement.  Mais  il  faut  encore  et  sur- 
tout de  la  patience.  »  W.,  (3)  qui  a  écrit  au  bourguemestre, 

.11  doit  s'agir  ici  de  la  dépêche  n»  19982  de  Nossen, le  7  mai  1813  àDecrés. 
.  Jean  de  Montenach,  l'un  des  représentants  de  la  Diète  helvétique. 
,  Peut-être  Wieland,  bourguemestre  de  Bâle  et  l'un  des  représentants  de 
I  Diète.  Allusion  au  Mémoire   présenté  par  la  Légation  Suisse  à  la  séance 
Comité  des  affaires  de  la  Suisse  le  19  décembre  1814. 


748  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

est  bien  disposé  pour  nous.  Il  a  remis  à  Metternich  un  mé- 
moire parfait). 


1178.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Un  mot  et  un  jugement  d'Alexandre  sur  Metternich. 

Parlant  de  Metternich,  Alexandre  a  dit  ces  jours-ci  :  «  C'est 
le  meilleur  maître  des  cérémonies  du  monde,  mais  c'est  le 
plus  mauvais  ministre  qui  se  puisse  trouver.  » 


1179.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

VonO...  à  HAGER 

La  disgrâce  de  Humboldt  et  le  découragement  des  Polonais.  Les  conféren- 
ces des  24,  25,  26  entre  Cathcart,  Talleyrand  et  Hardenberg.  Le  recrute- 
ment dans  le  duché  de  Varsovie. 

Le  comte  de  Skarbek  m'a  confié  un  événement  qui  a  fort 
déconcerté  les  Polonais,  c'est  Téloignement  de  Humboldt  des 
affaires  du  Congrès  et  l'ascendant  que  le  prince  de  Hardenberg 
semble  avoir  gagné  depuis  sur  l'esprit  de  son  maître.  Les 
Polonais  en  augurent  mal  pour  leur  cause,  car  ce  fut  princi- 
palement Humboldt  qui  insista  sur  la  cession  de  la  Saxe  à  la 
Prusse  et  voulut  abandonner  tout  le  duché  de  Varsovie  à  la 
Russie...  , 

On  m'a  assuré  encore  que  le  24  ou  le  25  de  ce  mois  il  j  \ 
eut  une  conférence  chez  Cathcart  à  laquelle  assistèrent  Har-  i 
denberg  et  Talleyrand,  et  le  jour  après  une  deuxième  confé-  | 
rence  (1)  chez  Hardenberg  entre  les  mêmes  personnages  au  | 
sujet  des  dernières  instructions  que  les  ministres  anglais  et  ij 
français  ont  reçues  de  leurs  Cours  et  qu'à  la  fin  de  la  deuxième 

1.  Cf.  Gentz,  Tagebûcher,l,  342.  «  Lundi  26.  Visite  chez  le  chancelier  Har- 
denberg et  de  là  chez  Talleyrand.  »  Cf.  Talleyrand  au  roi,  Vienne,  28  dé- , 
cambre  1814  (Dépêche  n"  18,  Pallain,  Correspondance  inédile,  203).  «  Ainsi» 
l'affaire  de  la  Saxe  est  dans  une  meilleure  situation  qu'elle  n'ait  encore  été. 


l'ouverture    du    congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      749 

conférence  Talleyrand  aurait  dit  :  «  Voilà  enfin  la  base  établie, 
le  reste  s'arrangera  de  soi-même.  » 

Les  lettres  de  Varsovie  et  de  la  Galicie  rapportent  que  le 
recrutement  continue  dans  le  Duché  avec  toute  l'énergie  pos- 
sible. On  évalue  dans  ce  moment  la  force  des  troupes  polo- 
naises à  40.000  hommes. 

M.  de  Skarbek  me  dit  que  les  hommes  qui  vont  joindre  les 
troupes  polonaises  amènent  beaucoup  de  chevaux.  Les  ofïîciers 
des  cercles  ne  peuvent  employer  trop  d'attention  pour  empê- 
cher cette  émigration. 


1180.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER 

La  question  de  la  paix  ou  de  la  guerre  sera  décidée  sous  peu  de  jours. 
Conférences  fréquentes  des  Portugais  avec  Talleyrand.  Marialva  chez 
Alexandre. 

J'ai  dîner  hier  soir  chez  Saldanha  da  Gama  (1)  avec  les 
Ministres  Portugais  qui  déclarent  que  la  grande  question  de 
la  paix  ou  de  la  guerre  sera  décidée  dans  peu  de  jours  et  que 
dans  le  premier  cas  le  Congrès  sera  encore  de  bien  longue 
durée.  Les  Ministres  Portugais  ont  de  fréquentes  conférences 
avec  le  prince  de  Talleyrand.  Ils  travaillent  pour  s'opposer  à 
l'agrandissement  de  l'Autriche,  de  la  Prusse  et  de  la  Russie. 

Le  marquis  de  Marialva  (2)  a  eu  à  midi  une  audience  de 
l'Empereur  de  Russie,  qui  lui  parut  de  mauvaise  humeur  et 
lui  dit  qu'il  ne  prolongerait  plus  beaucoup  son  séjour  ici.  11 
l'engagera  à  le  suivre  à  Saint-Pétersbourg. 


1.  Saldanha  da  Gama,  membre  du  Conseil  royal  et  du  Conseil  des  finances, 
ambassadeur  extraordinaire  près  de  la  Cour  de  Russie.  Premier  écuyer  de 
S.  A.  R.  la  princesse  du  Brésil.  Deuxième  plénipotentiaire  du  Portugal  au 
Congrès. 

2.  Marialva  (Marquis  de),  Ministre  du  Portugal  à  Paris,  arrivé  à  Vienne  le 
16  novembre,  était  désigné  pour  aller  occuper  le  poste  de  Pétersbourg. 


750  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

1181.  Vienne,  27  décembre  1814  (F.  6.  5147  ad  3565). 

à  HAGER  (en  français). 

Les  dernières  conférences  et  les  résolutions  du  Comité  des  affaires  suisses. 
Commission  donnée  à  Keinhard.  Un  rapport  de  La  Harpe- 

Les  dernières  conférences  suisses  ont  abouti  à  la  résolution 
prise  par  le  comité  de  poser  pour  principe  fondamental  l'inté- 
grité des  19  cantons  et  on  a  en  même  temps  proposé  de  rendre 
la  Valteline  à  la  Suisse  (1).  On  a  en  conséquence  invité  les 
députés  des  Grisons  et  de  la  Valteline  à  présenter  leur  pro- 
positions sur  le  mode  de  cette  incorporation  (2).  Comme  les 
affaires  de  la  Confédération  pourront  encore  présenter  des 
difficultés,  ce  Comité  va  s'adresser  au  Landammann  Reinhard, 
premier  Membre  de  la  Députation  Suisse,  pour  engager  la 
•Diète  Helvétique  à  remettre  au  15  février  la  prestation  solen- 
nelle du  serment  au  pacte  fédéral.  En  attendant,  le  colonel  La 
Harpe,  en  sa  qualité  de  député  du  Tessin,  a  présenté  un 
résumé  qui  présente  et  réclame  les  droits  de  ce  canton  entre 
les  prétention  du  gouvernement  de  Berne. 


1182.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.   4.  5147  ad  3565). 

©©à  HAGER  (en  français). 

Les  véritables  visées  de  la  Prusse.  Le  dîner  chez  la  princesse  Bagration. 
Alexandre  et  l'incident  du  roi  de  Prusse  et  de  Julie  Zichy.  Les  consé- 
quences probables  du  séjour  d'Alexandre  à  Vienne  et  les  rapports  ulté- 
rieurs entre  Vienne  et  Saint-Pétersbourg. 

La  Prusse  désire  se  débarrasser  de  la  Pologne,  d'abord  pour 
s'indemniser  en  annexant  la  Saxe,  puis  en  absorbant  le  Bruns- 

1.  Cf.  d'ANGEBERG,  (528-531),  Septième  protocole  du  Comité  des  affaires  de 
Suisse,  15  décembre  1814  et  note  de  la  Légation  Suisse  sur  la  réunion  de  la 
Valteline  à  la  Suisse,  (537-539).  Huitième  protocole,  séance  du  18  décembre  et 
Mémoire  des  Députés  de  Genève  (544-547).  Neuvième  protocole,  séance  du 
19  décembre  1814. 

2.  Cf.  d'ANGEDERG,  (548-553).  Note  de  Salis-Salis,  Député  du  canton  des 
Grisons,  28  décembre  1814. 


l'ouverture    du    congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      751 

wick,  la  Hesse,  les  duchés  de  Saxe,  le  Schwarzburg-,  le  Reuss, 
jouer  le  premier  rôle  en  AUemag^ne.  La  Prusse  a  de  tout 
autres  visées  que  l'Autriche,  l'Angleterre  et  'la  France,  et 
c'est  pour  cela  qu'elle  s'est  assuré  l'appui  d'Alexandre.  C'est 
là  ce  que  Metternich  n'a  su  ni  prévoir,  ni  déjouer,  ce  qu'il 
aurait  pu  empêcher  par  un  traité  antérieur  et  séparé  avec  la 
Russie.  Il  aurait  encore  suffi  pour  cela  en  décembre  1813  de 
faire  proclamer  à  Francfort  l'empereur  Franz  empereur  d'Alle- 
magne. On  rend  responsable  de  tout  cela  l'influence  de  Gentz 
tout  acquis  à  la  Prusse  et  à  la  Russie  et  l'action  latérale  exer- 
cée à  côté  de  lui  par -la  Sagan  et  la  Bagration. 

Alexandre  et  le  roi  de  Prusse  ont  dîné  dimanche  chez  la 
princesse  Bagration.  Pour  aller  au  souper,  Alexandre  donna 
le  bras  à  la  Bagration  et  le  roi  de  Prusse  resta  seul,  parce  qu'il 
voulait  offrir  le  bras  à  Julie  Zichy  qui,  ne  se  souciant  pas 
d'être  conduite  par  lui,  chercha  à  se  dissimuler  derrière  celles 
des  dames  qui  ont  le  pas  sur  elle.  Personne  ne  bougeait.  Une 
confusion  infernale.  Tout  le  monde  riait  de  la  tête  du  roi  de 
Prusse  qui  est  amoureux  de  Julie  Zichy  comme  pourrait  l'être 
un  gamin  de  20  ans.  Aussi  Razoumoffsky  qui  avait  entendu 
parler  de  la  grande  passion  du  roi  pour  Julie  Zichy,  de  dire  : 
«  Julie  Zichy,  après  la  Saxe,  c'est  ce  qu'il  aime  le  mieux  (1).  » 

Voilà  d'autre  part  ce  qui  vient  d'être  dit  chez  le  baron  Thu- 
gut:  «  Le  séjour  beaucoup  trop  long  que  l'Empereur,  la  Grande 
duchesse  Catherine,  le  roi  de  Prusse,  et  les  ministres  de  ces 
souverains  font  à  Vienne,  ne  peut  conduire  à  rien  de  bon,  si 
ce  n'est  à  mettre  de  l'aigreur  entre  les  souverains  et  à  semer 
la  discorde  entre  les  ministres  respectifs.  Le  poste  de  Ministre 
d'Autriche  à  Saint-Pétersbourg  sera  un  enfer.  L'Empereur 
Alexandre, de  retour  chez  lui,sera  insupportable  pour  l'Autriche. 
Le  voyant  se  conduire  comme  nous  le  voyons  à  Vienne,  de 
retour  chez  lui  à  la  merci  des  insinuations  de  la  Prusse  et  de 
celles  de  ses  favoris,  des  Gapo  d'Istria,  des  Stein,  des  Czarto- 
ryski,  des  Wolkonsky, des  Ouvaroff  (â),  peut-on  se  flatter  rai- 

1.  Voilà  ce  qu'un  peu  plus  tard,  le  1"  février  1815,  la  baronne  du  Montet 
îrivait  dans  ses  Souvenirs,  p.  136:  «  Le  roi  de  Prusse  promène  gravement  la 
Bile  et  vertueuse  Julie  Zichy  dont  il  croit  être  passionnément  amoureux.  » 

2.  Ouvaroff  iThéodore-Petrovitch)  (1769-1824), entré  au  service  au  régiment 
les  Chevaliers-Gardes,  capitaine  dans  la  ligne,  major  aux  dragons  de  Smolensk, 
(lieutenant-colonel  ;  17.^7),  colonel  (1798),  protégé  par  Paul  l"  qui  le  nomma 

taéral-major  et  aide  de  camp,  il  fit  les  campagnes  de  1805,  1806,  1807,  de 
)10  à  l'armée  de  Moldavie,  se  distingua  en  1812,  assista  auprès  d'Alexandre 


752  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

sonnablement  que  l'Autriche  pourra,  tout  au  plus  pendant 
deux  ans,  rester  en  bonne  harmonie,  en  paix  avec  un  empe- 
reur aussi  fou,  aussi  inconscient  qu'Alexandre. 


1183.  Vienne,  28  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 
Cadeaux  faits  par  le  roi  de  Wurtemberg  avant  son  départ. 

Les  cadeaux  faits  par  le  roi  de  Wurtemberg  lors  de  son 
départ  de  Vienne  se  montent  à  plus  d'un  demi-million  de  florins. 

Au  comte  Apponyi,  une  décoration  et  une  tabatière. 

Au  prince  Trauttmansdorff,  au  comte  Trauttmansdorff,  au 
comte  Wrbna,  au  comte  Wilczeck,  au  landgrave  Furstenberg, 
au  grand  veneur  de  Sa  Majesté  le  comte  de  Wurmbrand,  au 
baron  Von  Lœhr,  de  riches  tabatières. 

Aux  chambellans  et  aides  de  camp,  des  tabatières. 

Aux  pages,  des  bagues. 

Au  valet  de  chambre  Dalb,une  tabatière  en  or  et  1.000  florins. 

Au  gardien  de  la  porte  (huissier)  et  au  chauffeur,  à  chacun 
une  tabatière  en  or  et  500  florins. 

A  chaque  valet,  300  florins. 

A  la  femme  de  chambre,  200  florins. 

Au  Scolar  Bindermann,  une  tabatière  en  or  et  500  florins. 

Au  directeur  et  pharmacien  Kridl,  une  tabatière  en  or  et 
30  ducats. 

Au  personnel  de  la  chasse,  500  ducats. 

Au  fourrier  de  la  Chambre  Mayer,  une  petite  tabatière  en  or. 

Au  contrôleur  Vœckelberg,  une  tabatière.  ^ 

Au  contrôleur  von  Seckal,  rien. 

A  M.  de  GaballinijUne  tabatière  en  or. 

En  argentliquide,  pour  le  personnel  de  la  cour,  60.000  ducats. 

Au  personnel  du  théâtre,  ouvreurs  de  loges,  artistes,  1 .000  du- 
cats. 

Au  distributeur  du  théâtre  an  der  Wien,  25  ducats. 

Le  roi  de  Danemark  s'en  est  formalisé.  Faire  autant  lui  sem- 
ble difficile,  et  faire  plus  serait  inconvenant,  à  ce  qu'il  dit 

à  la  plupart  des  combats  en  1813-1814.  Général  de  cavalerie  après  Leipzig,; 
fut  placé  en  1821  à  la  tète  de  la  Garde  Impériale. 


l'ouverture    du   congrès.  —    LA    SAXE   ET   LA    POLOGNE      753 
1184.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.4903  ad  3565). 

HAGER  à  TEMPERE  [JR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  30  décembre, 

Les  relations  secrètes  entre  le  prince  Repnin 
et  le  commissaire  de  police  de  Prague. 

Il  lui  signale  un  Intercepta  du  commissaire  de  police  Eichler, 
de  Prague,  au  prince  Repnin  qui  prouve  que  le  commissaire 
est  un  agent  secret  de  la  Prusse  et  de  la  Russie  et  de  plus  un 
partisan  de  la  cession  de  la  Saxe  à  la  Prusse.  Eichler  signalait 
en  outre  à  Repnin  les  adversaires  de  cette  mesure  et  lui  révé- 
lait les  mesures  qu'on  avait  prises.  Hager  propose  à  l'Empe- 
reur de  sévir  contre  Eichler  et  de  le  mettre  dans  l'impossibi- 
lité de  nuire  ;  mais  il  insiste  en  même  temps  sur  le  soin  qu'il 
convient  d'apporter  pour  éviter  de  donner  à  Repnin  l'ombre 
d'un  soupçon. 


1185.  Vienne,  29  décembre  1814  (I^.  6.  4903  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 
La  Lombard  chez  la  princesse   Bagration.  Grande  réception  chez  Miranda. 

La  célèbre  actrice  Lombard  a  étalé  son  talent  de  déclama- 
tion chez  la  princesse  Bagration  en  présence  d'Alexandre  et 
d'autres  illustres  personnages,  parmi  lesquels  son  admirateur 
et  protecteur  M.  de  Beauharnais.  Elle  a  recueilli  d'unanimes 
applaudissements. 

Ce  soir,  grande  réunion  chez  le  chargé  d'affaires  de  Portu- 
gal (1),  où  je  suis  invité  et  dont  je  vous  rendrai  compte  de- 
main (2),  s'il  y  a  quelque  argument  digne  de  votre  attention. 


1.  Le  chevalier  de  Miranda,  Chargé  d'affaires  de  Portugal. 

2.  Cf.  plus  loin  au  30  décembre  1814,  Pièce  1203. 

T.  I.  4B 


754  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1186.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

©  ©  à  HAGER  (en  français). 

Metternich  et  Alexandre.  A  propos  du  Pique- nique  de  Sidney  Smith. 
Les  menaces  de  Humboldt.  Nécessité  d'expulser  le  prince  Eugène. 

Le  prince  Maurice  Liechtenstein  (1)  s'étonne  qu'après  la  façon 
grossière  dont  Alexandre  avait  déjà  traité  Metternich  à  Paris, 
celui-ci  ait  songé  à  l'attirer  à  Vienne  en  compagnie  du  roi  de 
Prusse  et  de  Humboldt. 

Alexandre  a  dîné  hier  chez  la  Bagration.  On  a  beaucoup  ri 
à  propos  du  Pirjue-niqiie  que  Sir  Sydney  Smith  a  organisé 
pour  aujourd'hui  à  VAiigarten  au  profit  du  Saint-Sépulcre  à 
Jérusalem. 

Chez  le  comte  Etienne  Zichy,  on  s'est  étonné  qu'on  n'ait 
pâs  encore  donné  le  Consilium  Abeundi  au  prince  Eugène  qui 
excite  Alexandre,  intrigue  avec  Humboldt,  la  Sagan  et  la  Bagra- 
tion. 

La  note  de  l'Autriche  (2)  ne  sera  remise  qu'aujourd'hui  ou 
demain.  En  attendant,  Humboldt  et  sa  bande  continuent  à 
agir  et  à  ne  parler  que  de  guerre  et  de  révolution. 


1187.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

La  Prusse  gardera  lâ  Saxe,  d'après  ce  que  disent  Humboldt  et  les  députés  de   ; 
la  noblesse  de  l'Empire. 

Humboldt  a  encore  dit  ces  jours-ci  :  «  Mon  Roi  a  pris  pos- 
session de  la  Saxe,  qu'il  entend  garder.  L'en  chasse  celui  au-d 
quel  cela  ne  convient  pas.  Il  ne  recourra  aux  armes  que  s'il  yf^ 
a  lieu,  et  s'il  y  est  forcé.  » 

Le  Roi  lui-même  a  dit  le  27  à  MM.  Von  Zobel  et  Rûdt  voi 
CoUenberg,  députés  delà  Reichsritterschaft  (3)  que  si  on  voulait 
lui  contester  la  Saxe,  il  ne  reculerait  pas  devant  une  guerre  ^ 

1.  Feld-maréchal  lieutenant  autrichien,  commandant  d'une  division  légère 
pendant  la  campagne  de  1814. 

2.  Cette  note  n'a  pas  été  remise. 

3.  Représentants  de  la  noblesse  de  l'Empire. 


l'ouverture  du   congrès.  —    LA    SAXE   ET    LA   POLOGNE      756 

qu'il  avait  une  armée  brave  et  nombreuse  ;  que  de  plus  il 
croyait  avoir  assez  fait  pour  l'Allemag-ne  pour  pouvoir  compter 
sur  l'appui  de  ses  peuples  et  de  ses  princes. 

Le  comte  Rottenhan,  cousin  du  baron  Zobel,  tient  ces  pro- 
pos de  la  bouche  même  de  ce  dernier,  il  les  a  répétés  à  Wey- 
land  (1). 


1188.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3465). 

....   à  HAGER  (en  français). 
La  proclamation  aux  Polonais.  Son  but  d'après  Willié. 

Je  me  suis  informé  chez  M.  de  VVillie  de  la  proclamation  de 
la  Russie  aux  Polonais.  Il  paraît  qu'elle  existe  réellement, 
mais  ni  Willie,  ni  le  prince  Galitzine  n'en  ont  un  exemplaire. 
Ils  m'ont  dit  que  cette  proclamation  est  fort  naturelle,  puisque 
la  France,  qui  a  toujours  le  mot  de  paix  à  la  bouche,  tient  sur 
pied  une  armée  considérable  qu'elle  renforce  tous  les  jours  et 
que  l'Autriche  continue  à  avoir  une  armée  sur  le  pied  de 
guerre. 

M.  Willie  m'a  dit  quand  je  me  suis  trouvé  seul  avec  lui,  que 
la  proclamation  de  l'Empereur  aux  Polonais  n'avait  d'autre 
but  que  de  se  justifier  envers  la  Pologne,  de  lui  prouver  qu'il 
s'est  trouvé  hors  d'état  de  tenir  la  parole  qu'il  lui  avait  don- 
née, mais  que  pour  le  moment  il  lui  était  impossible  de  risquer 
d'allumer  une  nouvelle  guerre. 


1189.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Les  probabilités  en  faveur  de  la  Saxe.  La  date  probable 
du  départ  de  Castlerea,'h.  Marie-Louise  impatiente  d'aller  à  Parme. 

Le  Nonce  m'a  raconté  que  le  prince  Antoine  de  Saxe  a  dîné 
deux  fois  à  la  Cour,  ce  qui  fait  présumer  que  la  cause  de  sa 
Dynastie  a  triomphé  et  que  ce  pays  va  être  rendu  à  son  roi. 

Le  Statut  Politique  Continental  sera  signé  avant  le  15  jan- 

;  1.  Un  des  confidents  et  des  agents  de  la  Poliaei  HofBtelle. 


756  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE  VIENNE 

vier  (1),  car  lord  Castlereagh  a  dit  au  cardinal  Gonsalvi  qu'il 
sera  à  Londres  pour  l'ouverture  du  Parlement,  le  9  février,  et 
qu'il  compte  à  ce  moment  pouvoir  lui  communiquer  les  résul- 
tats des  négociations  et  rendre  compte  de  sa  conduite. 

Le  comte  San  Vitale,  grand  chambellan  de  Marie-Louise, 
chez  qui  j'ai  dîné  hier  soir,  m'a  dit  qu'avant-hier  soir, le  cercle 
de  l'Impératrice  Marie-Louise  à  Schœnbrunn  a  été  très  nom- 
breux et  que  Marie-Louise  n^a  pas  caché  son  désir  et  son  im- 
patience de  se  rendre  à  Parme. 


1190.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  4.  4903  ad  3565). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

Le  dîner  du  28  chez  la  Bagration.  Alexandre  toujours  brouillé  avec  Metter- 
nich  qu'on  veut  faire  tomber.  La  note  de  Metternicli  du  28  el  le  contre- 
projet  autrichien  du  3  janvier.  Les  affaires  de  Suisse. 

A 

Hier  Alexandre  a  dîné  chez  la  princesse  Bagration.  Il  avait' 
lui-même  fixé  le  nombre  et  le  nom  des  convives.  Il  étaient 
douze  :  Sa  Majesté,  Razoumofîsky,  Charles  Zichy,  ses  deux 
fils  et  ses  deux  belles-filles,  Ojarowski,  Narischkine,  la  com- 
tesse Flore  de  Wrbna,  et  les  deux  dames  de  la  maison  (2). 

On  m'assure  que  Metternich  n'est  même  plus  prié  chez  la 
Princesse,  dans  les  grandes  occasions.  Je  ne  le  crois  pas,  quoi- 
qu'elle soit  à  présent  à  nouveau  à  couteau  tiré  contre  lui.  Le 
parti  qui  voudrait  le  culbuter  est  nombreux  et  l'on  s'aperçoit 
dans  les  sociétés  qu'il  augmente  tous  les  jours.  Je  le  sens  et  le 
vois  de  tous  côtés. 

Pour  les  diplomates  étrangers,  on  peut  dire  que  tous,  sans 
exception,  sont  mécontents  de  lui.  Ils  l'accusent  de  mauvaise 
foi,  d'une  politique  entortillée  et  qui  n'ayant  pas  de  franchise 
n'inspire  que  de  la  méfiance,  fait  perdre  la  route  aux  plus  ha- 
biles et  désespère  les  plus  loyaux.  C'est  ce  que  disent  partout 
les  Russes,  les  Prussiens,  les  Français  et  presque  tous  lesf 
autres. 

L'opinion  presque  générale  est  que  le  Ministre  ne  pourra  paîi 

1.  Cf.  D'Anoeberg,  (737).  Sixième  protocole  de  la  séance  du  10  février  18M 
et  (772-774)  septième  protocole  de  la  séance  du  11  février  1815  des  Pléni- 
potentiaires des  Cinq  Puissances.  ; 

2.  La  Bagration  et  la  comtesse  Aurore  de  Marassé. 


L  OUVERTURE    DU   CONGRÈS.   —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      757 

se  soutenir  longtemps  encore.  M.  de  Hacke,  le  ministre  de 
Bade,  disait  encore  hier  qu'il  faudrait  appeler  Stadion  aux 
Affaires  étrangères,  envoyer  Bellegarde  à  Paris,  Metternich  à 
Milan  et  mettre  Wessenberg  aux  Finances, 

On  sait  dans  le  public  qu'Alexandre  ne  veut  plus  traiter 
avec  Metternich  et  qu'il  a  chargé  Razoumoiîsky  d'être  le  porte- 
paroles  entre  eux.  C'est  à  cause  de  cette  mésintelligence  géné- 
rale, que  l'on  voit  régner,  que  le  prince  de  Metternich  n'est  plus 
en  faveur  auprès  du  public  comme  il  l'était  avant  le  Congrès. 

Les  diplomates  attendent  aujourd'hui  et  avec  la  plus  grande 
impatience  la  réponse  de  Metternich  (1)  à  la  note  Prussienne. 
On  espère  qu'elle  sera  claire  et  décisive. 

Le  sort  de  la  Suisse  et  de  la  Valteline  est  décidé.  Les  Cons- 
titutions sont  faites.  La  Suisse  aura  vingt-trois  cantons  et  la 
Valteline  formera  la  quatrième  ligue  grise.  Mais  je  crois  que 
ni  les  Suisses,  ni  les  Valtelins  n'accepteront  les  plans  qu'on  a 
formés  pour  eux  (2).  Il  paraît  au  contraire  qu'on  a  réussi  à 
les  mettre  d'accord  en  cela,  que  tous  à  l'unisson  refuseront 
d'accéder  au  nouveau  pacte  fédéral.  Zerleder  (3)  me  disait  : 
«  Est-ce  aux  barbares  du  nord,  à  des  esclaves  russes  à  venir 
en  Suisse  donner  des  leçons  de  philanthropie  et  de  liberté  aux 
descendants  de  Guillaume  Tell  ?  Nous  n'avons  pas  envie  d'ap- 
prendre par  de  tels  maîtres.  Ils  sont  venus  nous  donner  la 
discorde.  Voilà  leur  présent.  Ils  n'ont  qu'à  s'en  retourner  chez 
eux.  Nous  avons  appris  à  lire  avant  eux  et  nous  nous  arrangerons 
nous-mêmes  entre  nous  et  n'avons  nul  besoin,  ni  de  leurs 
lumières  ni  de  leur  zèle.  Croyez-moi,  leur  plan  n'est  pas  encore 
accepté  en  Suisse,  et  je  parierais  qu'il  ne  le  sera  pas.  » 


1.  Cf.  d'ANGEBERG,  (1863).  Notc  de  Metternich  du  28  décembre  1814  et  Ibi- 
dem, (1874-1877).  Conférence  du  3  janvier  1815  et  contre-projet  de  convention 
autrichien. 

2.  Cf.  d'ANGEOERG,  (p.  544-553)  neuvième  protocole  du  comité  chargé  des 
affaires  de  la  Suisse  du  9  décembre  1814.  Mémoire  présenté  par  la  lé^^ation 
Suisse  et  notes  des  Députés  du  cantou  des  Grisons  du  28  décembre  1814. 

3.  Zerleder  (Louis)  (1772-1840),  membre  du  Grand  Conseil  dans  le  Canton 
de  Berne  après  l'acte  de  médiation.  Ministre  à  Saint-Pétersbourg  en  1814  et 
plénipotentiaire  au  Congrès  de  Vienne.  Mal  accueilli  à  son  retour  à  Berne, 
il  se  démit  de  ses  fonctions  en  1815, 


758  AUTOUR    DU    COAGRÈS    DE    VIENNE 

1191.  Vienne,  31   décembre  1814  (F.  5141  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journali  r  du  3i  décembre  1814. 

Intercepta  (Cabinet  noir)  du  29  et  du  30  décembre  1814. 

Humboldt  à  Staegemann  et  au  comte  de  Solms-Laubach  (Ré- 
ponse à  la  question  de  savoir  si  la  France  et  la  Hollande  feront 
partie  de  l'Office  Central  de  la  navigation  du  Rhin  (1).  Pour 
la  Hollande,  la  chose  paraît  désirable.  Non,  pour  la  France, 
parce  que  la  portion  du  cours  du  Bas-Rhin  qu'elle  possède  est 
trop  insignifiante). 

Addington  à  Canning  (Copie  de  la  réponse  de  Talfeyrand  à 
la  note  de  la  Diète  helvétique  relative  à  un  traité  de  com- 
merce entre  la  France  et  la  Suisse). 


1192.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

GŒHAUSEN  à  HAGER 

Questions  relatives  à  la  surveillance  de  Marie-Louise  et  aux  gens    suspect 
qui  rôdent  autour  de  ï^chœnbrunn. 

Après  lui  avoir  demandé  si  l'agent  Wilhelm  Thorruter, 
employé  par  lui  à  Schœnbrunn,  doit  être  envoyé  à  Baden  ou  à 
Schlosshof  si  Marie-Louise  y  va  (2),  il  mande  à  Hager  qu'on  a 
déjà  vu  apparaître  à  Schlosshof  des  gens  qui  doivent  apparte- 
nir à  la  police  et  que  le  domestique  du  prince  de  Parme  (le  roi 
de  Rome)  affirme  en  avoir  déjà  vu  à  Schœnbrunn  et  a  signalé  le 
fait  à  M""  de  Brignole,  qui  en  a  informé  Marie-Louise  en  pré- 
sence de  Neipperg. 


1193.  Vienne,  31  décembre  1814  (3)  (F.  6.  3895  ad  3565). 

HAGER  à  L'EMPEREUR  (Analyse). 

11  lui  rend  compte  que  l'on  a  vu  rôder  à  Schœnbrunn  autour 

1.  Cf.  d'Angebbro,  (814-828).  Séance  du  24  février  1815.  Procès-verbal  de  la 
Cinquième  conférence  de  la  Commission  pour  la  libre  navigation  des  rivières 

2.  En  marge,au  crayon,  la  réponse  «  Allerdings  »  {certainement). 

3.  J'ai  cru  utile  de  placer  cette  pièce  ici,  bien  qu'ea  raison  de  sa  date  elia 
eût  dû  figurer  au  rapport  du  lendemain. 


L^OUVERTURE    DU    CONGRÈS.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      759 

de  Marie-Louise  des  policiers  qui  ne  sont  pas  de  son  service. 
Il  a  tout  lieu  de  croire  que  ce  sont  des  agents  au  service  d'une 
puissance  étrangère.  Il  propose  de  prendre  des  mesures  pour 
les  arrêter  et  les  expulser. 


1194.  Vienne,  30  décorabre  1814  (F,  6.  4903  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Surveillance  de  Marie-Louise. 

Marie-Louise  a  reçu  le  28  le  marquis  Cornacchia,  gouver- 
neur de  Parme  et  le  comte  Guicciardi  (1),  gouverneur  de  Plai- 
sance. 


1195.  Vienne,  31  décembre  1814  (2)  (F.  6,  3896  ad  3565). 

....  à  HAGER 
Rectification  du  bulletin  précédent. 

Ce  n'était  pas  le  comte  Guicciardi,  mais  le  comte  Stampa  (3) 
qui  était  venu  rendre  visite  le  28  à  Marie-Louise  avec  Cornac- 
chia. Neipperg,  venu  à  dîner  le  30,  est  resté  jusqu'à  11  heures 
du  soir. 


1196.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

....  à  HAGER 

Le  Prince  Hardenberg  et  l'actrice  Jubille. 

Rapport  relatif  à  la  liaison  du  prince  de  Hardenberg  avec 
l'actrice  française  Jubille  qu'il  vient  de  faire  venir  de  Paris.  Il 
y  a  eu  le  29  concert  et  souper  chez  lui. 

1.  Guicciardi  n'était  pas  gouverneur  de  Plaisance,  mais  sénateur  milanais. 
Envoyé  à  Vienne,  il  fut  un  des  plus  ardents  à  demander  l'annexion  à  l'Au- 
triche de  la  Valteline,  Sun  pays.  Quant  à  Cornacchia,  il  était  gouverneur  de 
Plaisance  et  non  de  Parme. 

2.  Ici  encore  par  une  raison  facile  à  comprendre  j'ai  cru  devoir  violer 
l'ordre  chronologique. 

3.  Girolamo  Stampa,  de  Chiavenna,  envoyé  à  Vienne  pour  chauffer  avec 
Guicciardi  l'annexion  de  la  Valteline  à  la  Lombardie. 


760  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1197.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  4903  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 
Précautions  prises  par  Hardeaberg  lors  de   l'envoi  d'une  lettre  à  Gaertner. 

Hardenberg  a  fait  porter  le  28  une  lettre  au  baron  Gaertner  ; 
mais  pour  être  sûr  de  sa  remise  immédiate,  il  a  fait  suivre 
le  domestique  par  un  de  ses  hommes  de  confiance. 


1198.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6,  4903  ad  3565). 

Rapport  à  HAGER 

Les  menus  plaisirs  et  les  parties  fines  du  Grand-Duc  de  Bade  et  du  prince- 
hi'rilier  de  Hesse-Darmstadt. 

Le  prince  héritier  de  Hesse-Darmstadt  et  le  grand-duc  de    | 
Bade  ont  fait  encore  une  partie  carrée  le  27  chez  Geusau.  La 
fête  a  duré  jusqu'à  3  heures  du  matin. 

Le  prince  de  Hesse  va  en  outre  très  souvent  chez  une  M"'  Délia 
Porta,  veuve  d'un  officier,  qui  a  une  très  jolie  fille,  reçoit 
beaucoup  de  monde  et  habite  Kdrntnerstrasse  4025,  au. 
deuxième  étage. 


1199.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  4903    ad  3565). 

....   à  HAGER 

Durée  probable  du  séjour  de  Wrode.  Ses  idées  sur  le  Congre». 

Wrede  a  dit  hier  à  son  propriétaire  le  comte  Clarj  (1),  qui 
lui  demandait  combien  il  garderait  encore  son  appartement  : 
«  En  tout  cas,  jusqu'à  la  fin  de  mars.  » 

Il  a  dit  toutefois  au  comte  Clary  qu'il  espérait  néanmoins 
que  le  Congrès  prendrait  fin  avant  la  fin  de  février,  mais  que 
s'il  n'en  était  pas  ainsi  à  la  fin  de  mars,  il  faudrait  alors  s'at- 
tendre à  de  très  fâcheux  événements. 

1.  Probablement  le  comte  Charles-Joseph  Clary  (1777-1831),  Chambellan^   «^ 
marié  en  1802  à  la  comtesse  Aloyse  Chotek  (1777-1864).  i 


l'ouverture    du   congrès.    —   LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      761 

1200.  Vienne,  29  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  35B5>. 

FREDDI  A  HAGER  (en  français). 

Le  prince  Eugèneet  ses  chances  d'oStenir  un  établissement  en  Italie. 
Talleyrand  et  la  marche  des  affaires  au  Congrès. 

Le  prince  Eugène  nourrit  toujours  l'espérance  d'un  établis- 
sement en  Italie,  et  précisément  dans  les  Légations.  M.  d'Ar- 
nay  vient  de  me  dire  qu'on  a  promis  à  son  maître  que  dans 
dix  jours  on  s'occuperait  de  son  sort  et  que  Talleyrand  lui  a 
affirmé,  à  lui,  d'Arnay,  que  pour  les  premiers  jours  de  l'année, 
les  affaires  les  plus  importantes  du  Congrès  seront  définitive- 
ment arrangées. 

Aldini  croit  au  contraire  que  les  Légations  reviendront  au 
pape,  mais  probablement  avec  des  conditions  favorables  pour 
leurs  habitants. 


1201.  Vienne,  30  décembre  18U  (F.  6.  5161  ad  3535). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 
Le  Congrès  n'a  réellement  commencé  que  la  veille. 

On  dit  bien  haut  que  le  Congrès  n'a  à  proprement  parler 
commencé  que  d'hier  (1),  parce  que  c'est  ce  jour-là  qu'on  a 
renoncé  au  système  infructueux  et  traînant  des  communations 
confidentielles  et  qu'on  s'est  décidé  à  tenir  de  véritables  séan- 
ces entre  les  intéressés. 


1202.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad.  3565), 

....   à   HAGER 

Importance  de  la  conférence   chez  Hardenberg.  On  dit  que  la  Prusse  cède. 
Inquiétudes  causées  par  la  conspiration  de  Milan. 

Aujourd'hui,  conférence  chez  Hardenberg  qu'on  dit  devoir 
être  décisive.  L'opinion  générale  est  que  tout  finira  par  un 
accord. 

1.  Cf.  d'ANGFBERG,  (1858),  ConfércncB  (n»  1)  des  Plénipotentiaires  des 
Quatre  Cours.  Communications  mutuelles  pour  l'ouverturî^  des  Conférences- 
sur  les  affaires  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe,  29  décembre  1814. 


762  AUTOUR  DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Le  comte  Pappenheim  vient  de  me  dire  à  l'instant  que  la 
Prusse  cède  sur  la  Saxe,  mais  il  m'a  recommandé  de  n'en  rien 
dire  encore. 

La  conspiration  d'Italie  préoccupe  beaucoup  ici.  Les  uns 
disent  qu'elle  a  été  découverte  par  un  maître  de  poste  ;  les 
autres  que  Murai  en  a  informé  l'Autriche  (1). 

Le  Général  Lechi  est  arrêté. 


1203.  Vienne,  30  décembre  1814  (F.  6.  ad  3565). 

FREDDI  à  HAGER  (en  français). 

Le  dîner  chez  Miranda  et  la  question  des  préséances,  La  bonne  humeur 
d'Alexandre.  Le  tableau  d'isabey. 

Au  dîner  chez  Miranda,  on  a  souvent  parlé  de  la  question 
des  préséances,  au  sujet  de  laquelle  il  doit  y  avoir  ce  soir 
séance  chez  Labrador  avec  les  ministres  des  huit  puissances. 

On  a  remarqué  la  gaieté  et  le  ton  badin  d'Alexandre.  On 
veut  y  voir  le  pronostic  d'une  heureuse  solution  des  affaires. 

Les  ministres  espagnols  et  portugais  ont  été  chez  Isabey 
qui  est  en  train  de  travailler  à  son  grand  tableau  du  Congrès 
et  les  a  dessinés. 


1204.  Paris,  13  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

BOUTIAGUINE  A  NESSELRODE  {Intercepta  du  30  décembre). 

Monsieur  le  Comte,  le  lieutenant  général  Exelmans  a  été 
destitué  à  la  suite  de  la  correspondance  interceptée  sur  le  mé- 
decin du  roi  Joachim.  Il  jouissait  de  la  réputation  d'un  militaire 
distingué  et  était  connu  par  Textrême  effervescence  de  sa  tête. 
Sa  lettre  au  roi  Joachim  en  porte,  dit-on,  tout  le  caractère.  Il 
l'assurait  d'avoir  à  sa  disposition  20.000  hommes. 

Le  roi,  n'écoutant  que  sa  générosité,  a  voulu  le  pardonner, 
mais  on  prétend  que  le  duc  de  Dalmatie  a  insisté  sur  la  des- 
titution de  ce  général  et  proposé  même  de  l'exiler. 

1.  Cf.  pour  la  conspiration  militaire  et  le  rôle  attribué  à  Murât,  Commandant 
Weil,  La  dernière  nnnée  da  règne  de  Joachim  Murât.  Tome  II,  49-108  et 
474-530. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   703 

Les  formes  du  Gouvernement  s'opposant  à  pareille  mesure 
de  rigueur  avant  que  la  loi  ne  l'ait  condamné,  on  le  laisse 
jusqu^à  présent  tranquille. 

Je  rends  compte  de  cet  événement  à  Votre  Excellence  tel 
qu'on  le  raconte  dans  le  public  (1). 


1205.  Paris,  17  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

BOUTIAGUINE  à  NESSELRODE  {intercepta  du  30  décembre). 

Monsieur  le  Comte,  le  nouveau  ministre  de  la  Guerre  s'oc- 
cupe beaucoup  à  organiser  l'armée  sur  le  pied  de  paix.  Elle 
sera  portée  à  250.000  hommes. 

Le  comte  Daru  est  de  nouveau  employé  comme  intendant 
de  l'armée. 

Le  choix  du  chancelier  de  la  Légion  d'honneur  balance  entre 
le  maréchal  Macdonald  et  M.  de  Chateaubriand.  Ce  dernier  a 
un  grand  parti  à  la  Cour. 

Le  crédit  de  M.  le  comte  de  Blacas  s'accroît  de  jour  en  jour 
davantage.  Les  uns  disent  qu'il  aura  encore  un  autre  minis- 
tère, d'autres  que  c'est  la  place  de  Grand  Chambellan  qui  lui 
sera  confiée. 

Toutes  les  Nouvelles  de  Gand  vont  pour  la  paix.  Le  courrier 
du  duc  de  Wellington  expédié  jeudi  dernier  en  porte  la  com- 
munication à  Lord  Castlereagh  (2). 


1206.  Paris,  19  décembre    1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

GROTE  à  MUNSTER  {intercepla)  (en  allemand). 

Effet  produit  par  la  nomination  de  Soult  au  ministère  de  la  Guerre. 
Par  les  autre»  remaniements  ministériels  projetés. 

La  nomination  de  Soult  au  ministère  de  la  Guerre  a  causé 
une  surprise  générale.  11  passait  pour  peu  favorable  aux  Bour- 

1.  Dépêche  citée  en  entier  par  Polovtsoff,  Tome  1,  n»  !22,  P.  126. 

2.  Dépêche  citée  en  entier  par  Polovtsoff,  t.  I,  n»  123,  p.  126.  J'ai  cru 
néanmoins  devoir  reproduire  ces  deux  dépêches  pour  mieux  montrer  quels 
services  la  Polizei  Hoffstelle  rendit  pendant  la  durée  du  Congrès. 


764  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

bons  et  on  se  rappelait  sa  virulente  proclamation  contre  le 
duc  d'Angoulême  qu'il  traitait  daventurier.  Sa  nomination  et 
celle  d'André  (1)  ont  cependant  un  peu  rassuré  les  inquiétudes. 
On  s'attend  d'ailleurs  à  d'autres  changements  dans  le  sein  du 
ministère.  On  parle  du  remplacement  du  baron  Louis  (2)  par  le 
duc  de  Gaëte  {'A)  qui  serait  favorable  à  l'affaire  des  liquidations, 
dont  le  baron  Louis  est  l'adversaire  le  plus  déclaré  et  le  plus 
redoutable.  Malgré  cela,  le  maintien  aux  Finances  du  baron 
Louis  serait  cependant  fort  désirable,  parce  qu'il  y  règne  un 
tel  désordre  qu'il  faudra,  d'après  les  dires  des  gens  entendus 
et  bien  au  courant,  au  moins  un  an  ou  un  an  et  demi  pour 
les  remettre  à  peu  près  d'aplomb.  Ce  n'est  du  reste  pas  un 
mal,  puisque  cela  calmera  forcément  les  têtes  chaudes  qui  ne 
rêvent  rien  autre  que  de  reconquérir  la  Belgique  et  les  dé- 
partements du  Rhin  et  rendra  bien  difficiles  les  tentatives 
qu'on  fera  pour  pousser  le  gouvernementà  la  guerre.  On  dit 
que  Tabbé  de  Montesquiou  (4),  ministre  de  l'Intérieur,  va, 
lui  aussi,  s'en  aller.  Il  aurait  pour  successeur  un  certain  Gros- 
bois  (5),  mais  cela  me  paraît  peu  douteux. 


1.  D'André  (Antoine-Balthazar-Joseph  d'André)  (1759-1825).  Conseiller  au 
parlement  d'Aix,  député  aux  Etats-Généraux,  émigra  en  1792  et  passa  en  An- 
gleterre. 

2.  Louis  (Joseph-Dominique,  baron)  (1755-1837).  Ami  et  protégé  de  Talley- 
rand  qui  l'appela  au  ministère  des  Finances  (3  mai  1814).  Louis  XVIII,  qu'il 
avait  suivi  à  Gand,  lui  rendit  son  portefeuille  après  les  Cent. jours. 

3.  Gaudin  (Martin-Michel-Charles,  duc  de  Gaëte)  (1756-1841).  Ministre  des 
Finances  après  le  18  brumaire,  comte  de  l'Empire  en  1808,  et  duc  de  Gaëte 
en  1809.  Redevenu  ministre  des  Finances  pendant  les  Cent  jours,  élu  député 
de  l'Aisne  en  août  1815,  il  fut  en  1324  nommé  gouverneur  de  la  Banque  de 
France,  poste  qu'il  garda  jusqu'en  1834. 

4.  Montesquiou-Fezensac  (François-Xavier-Marc-Antoine,  duc  de)  (1756- 
1832).  Abbé  de  Beaulieu.  près  de  Langres.  Emigré  en  1792.  Ministre  de  l'In- 
térieur (13  mai  1814-17  mars  1815),  réfugié  en  Angleterre  pendant  les  Cent 
jours. 

5.  Conseiller  d'Etat  honoraire,  ancien  premier  président  au  parlement  de 
Besançon. 


i 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      765 
1207.  Londres,  12  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

GREUHxM  (l)à  HARDENBERG  {intercepta  du  30  décembre) 

(Analyse). 

La  situation  politique  en  Angleterre.  Ses  causes,  ses  conséquences.  Avantages 
que  la  Prusse  retirera  de  l'attitude  de  la  trance  et  de  la  Bavière. 

Après  avoir  commencé  par  lui  exposer  les  raisons  pour  les- 
quelles le  retour  prochain  de  Castlereagh  lui  semble  indispen- 
sable, il  continue  ainsi  : 

«  La  gêne,  les  inquiétudes,  la  tension,  qui  régnent  même 
dans  les  milieux  diplomatiques,  sont  arrivés  à  un  tel  degré 
qu'on  ne  cherche  même  plus  à  dissimuler  les  craintes  qu'ins- 
pire la  situation.  Les  inquiétudes  sont  dues  en  partie  à  la  tac- 
tique des  journaux  français  pour  tout  ce  qui  a  trait  aux  nou- 
velles du  Congrès.  On  est  arrivé  par  là,  d'abord  à  isoler  les 
diplomates,  puis  à  les  dresser  les  uns  contre  les  autres.  Quant 
à  nous,  nous  n'avons  peut-être  pas  beaucoup  à  regretter  les 
conséquences  de  cette  méthode.  En  raison  du  courant  actuel 
de  l'opinion  des  gouvernements  et  des  peuples,  l'opposition 
que  fait  la  France  à  l'accroissement  de  la  puissance  de  la 
Prusse  paraît  plutôt  de  nature  à  prouver  que  cet  accroissement 
est  une  nécessité  pour  le  bien-être  général. 

L'attitude  de  la  Bavière,  attitude  qui  ne  lui  portera  pas 
bonheur  en  fin  de  compte,  si  elle  est  telle  que  nous  la  dépei- 
gnent les  journaux  et  qui  fait  d'elle  le  second  de  la  France,  ne 
saurait  non  plus  nous  nuire. 


1208.  Londres,  16  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

GREUHM  à  HARDENBERG  {intercepta  du  30  décembre), 
(sous  couvert  Munster). 

Etat  des  négociations  avec  les  Etats-Unis.  Mécontentement  causé  en 
Amérique  par  la  situation  financière. 

Suivant  différents  journaux  américains,  les  membres  qui 
ont  le  plus  d'influence  dans  le  Sénat  et  la  Chambre  des  Re- 

1.  Conseiller  de  la  légation  de  Prusse. 


766  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

présentants  étaient  peu  satisfaits  de  l'empressement  avec 
lequel  le  président  avait  publié  les  pièces  relatives  à  la  négo- 
ciation de  Gand  et  l'accusaient  de  l'avoir  fait  dans  le  but 
d'empêcher  qu'elle  n'ait  un  heureux  résultat.  Ils  ne  regardaient 
pas  les  termes  proposés  par  les  commissaires  anglais  comme 
aussi  inadmissibles  que  le  prétendaient  les  partisans  du  sieur 
Madison  (1). 

Le  budget  doit  avoir  aussi  augmenté  le  mécontentement 
général  en  éclairant  la  nation  sur  le  mauvais  état  des  finances. 
Quelques  lettres  particulières  disent  qu'en  conséquence  de  cette 
disposition  de  l'esprit  public,  le  président  aurait  craint  de 
rompre  trop  tôt  la  négociation  et  envoyé  par  le  Fingal  des 
instructions  plus  pacifiques  que  celles  qu'il  avait  préparées 
aussitôt  après  la  réception  des  dépêches  de  ses  plénipoten- 
tiaires à  Gand. 


1209.  Paris,  19  décembre  1814  (F.  6.  5161  ad  3565). 

ALFIERI  DI  SOSTEGNO  (2)  à  MAISTRE 
{intercepta  du  30  décembre). 

Etat  de  la  France.  Sagesse  de  Louis  XVIII.  Éloge  de  sa  politique. 
La  prétendue  conspiration  contre  le  roL  Etat  de  l'Espagne    L'Italie.  Gênes. 

Ce  pays-ci,  comme  tous  les  autres,  a  besoin  de  repos  et 
son  souverain  doit  par  sa  conduite  inspirer  la  plus  grande 
confiance  pour  espérer  que  rien  ne  sera  négligé  par  lui,  pour 
l'assurer  à  la  France  et  à  l'Europe  à  la  fois.  Mais  les  Princes, 
qui  se  sont  immortalisés  en  le  replaçant  sur  son  trône,  ne 
doivent  pas  laisser  l'ouvrage  imparfait,  ni  oublier  que  c'est 
leur  cause  qu'ils  ont  servie  en  le  rendant  à  la  France,  et  ils 
devraient  chercher  à  l'entourer  de  cette  considération  qui  affer- 
misse toujours  plus  le  pouvoir  qu'il  leur  a  plu  de  lui  laisser,  et 
tout  en  ôtant  à  la  France  tous  les  moyens  d'être  jamais  tentée 
de  recommencer  à  faire  du  mal,  lui  ménager  pourtant  le  moyen 
de  jouer  le  rôle  que  la  nature   lui  a  départi  et  dont  elle  doit 

1.  Madison  (James)  (1758-1836),  Président  des  Etats-Unis  de  1809  à  1817. 
11  eut  pour  successeur  à  la  Maison  Blanche  son  secrétaire  d'Etat,  Monroe. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   767 

avoir  le  bon  esprit  de  se  contenter.  11  paraît  qu'elle  vient  d'en 
donner  une  preuve  dans  ce  moment,  où,  au  lieu  de  leur  de- 
mander à  obtenir  un  accroissement  de  territoire  proportionné 
à  celui  que  les  autres  Grandes  Puissances  paraissent  vouloir 
se  donner,  elle  a  préféré  user  de  son  influence  pour  protéger 
la  cause  des  princes  malheureux  et  pour  éviter,  s'il  sera  pos- 
sible, une  tache,  comme  il  paraît  que  seraient  des  spoliations 
de  ce  genre,  aux  souverains  envers  lesquels  Louis  XVIll  est 
lié  par  le  devoir  de  la  reconnaissance. 

Dans  ce  pays-ci,  comme  ailleurs,  il  y  a  beaucoup  de  mécon- 
tents ;  mais  chaque  jour  on  fait  quelques  pas  vers  une  plus 
grande  tranquillité,  et  si  le  Congrès  avait  un  résultat  heureux, 
s'il  ne  laissait  plus  aucune  perspective  de  points  de  rallie- 
ment aux  esprits  turbulents,  il  ne  faudrait  pas  longtemps 
pour  voir  renaître  partout  Tordre.  La  prétendue  conspiration 
pour  enlever  le  Roi  n'a  pas  eu  lieu.  Des  personnes  zélées  ont 
voulu  un  peu  inconsidérément  se  faire  un  mérite  en  prenant 
des  mesures  surabondantes  qui  annonçaient  des  dangers  qui 
ne  devraient  jamais  être  avoués,  même  s'ils  existaient. 

La  pauvre  Espagne  est  toujours  dans  un  triste  état.  Bien 
des  personnes,  qui  se  tiennent  derrière  la  toile,  paraissent 
pousser  le  Roi  à  des  mesures  inconvenantes.  On  cherche  tou- 
jours à  l'exaspérer  contre  la  France.  On  confond  ce  que  celle- 
ci  a  été  et  ce  qu'elle  est  et  doit  être.  Gevallos  paraît  avoir 
été  mis  en  avant  pour  être  l'instrument  des  vues  des  personnes 
qui  n'aiment  pas  se  montrer  à  découvert  et  qui  ont  entre  les 
mains  les  moyens  de  le  perdre  toutes  les  fois  qu'il  ne  mar- 
chera pas  sur  la  ligne  qu'on  lui  a  tracée. 

Oubliant  ce  que  Wellington  avait  fait  pour  ce  pays,  on  est 
arrivé  à  mettre  en  arrestation  l'Espagnol  dans  lequel  il  avait 
le  plus  confiance  (1).  Il  a  pourtant  été  remis  en  liberté.  Les 
Moines  paraissent  y  jouer  toujours  un  grand  rôle.  Louis  XVIII, 
en  apprenant  que  le  roi  avait  procédé  à  l'arrestation  de  son 
ministre,  a  dit  :  «  Ce  que  fait  là  mon  frère  et  cousin  est  bien 
peu  royal.  » 

La  paix  de  la  France  avec  l'Espagne  aura  de  la  peine  à  se 


1.  Le  général  Alava.   Cf.  Jaucourt  à  Talleyrand,  Paris,  7  décembre  1814. 

Le  général  Alava  a  été  mis  en  liberté.  Il  le  doit  àla  crainte  d'une  émeute.  » 
3f.  Letters  a,nd  desptUches  of  lord  Castlereagh.Sir  Henry  Wellesley  à  lord 
îastlereagh,  Madrid,  24  novembre.  Tome  X,  page  208. 


768  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

rétablir.  On  a  l'air  de  chercher  noise  à^-tout  moment  au  lieu 
d'agir  d'après  les  intérêts  communs. 

La  pauvre  Italie  a  besoin  de  la  fin  du  Congrès  et  d'une  déci- 
sion de  son  sort,  quel  qu'il  puisse  être. 

Les  Génois  ne  seront  pas  touchés  de  leur  sort  et  je  les 
plains  parce  qu'on  les  a  un  peu  trompés. 


1210.  Vienne,  1"  janvier  1815  (F.  6   3895  ad  1810). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  1"  janvier  1815. 

11  lui  signale  les  chiffons  de  Dalberg  et  un  intercepta  de 
Castlereagh  informant  ïalleyrand,  Hardenberg  et  Nesselrode 
de  la  conclusion  le  24  décembre  de  la  paix  avec  les  Etats-Unis  (1). 


1211.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  6.  3895  et  3565). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 

Passage  du  roi  de  Wurtemberg  à  Linz. 

Rapport  sur  le  passage  incognito  du  roi  de  Wurtemberg 
à  Linz  le  27  au  soir.  Sa  suite  y  a  raconté  que,  tout  comme  le 
grand-duc  de  Bade,  le  roi  n'avait  pas  lieu  d'être  autrement  j 
satisfait  des  résultats  de  son  séjour  à  Vienne. 


1212.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  6.  3895  ad  3565). 

0  ©  à  HAGER 

Les  conseillers  influents  d'Alexandre.  Les  dîners  et  réceptions  de  Gagern.  j 
Le  mot  du  prince  de  Ligne  sur  OuvarofF. 

L'empereur  Alexandre  cause  longuement  et  souvent  avec  le  • 

1.  Traité  de  paix  de  Gand  entre  la  Grande-Bretagne  et  les  Etats-Unis 
d'Amérique,  signé  le  24  décembre  1814.  J 


l'ouverture    du    congrès.   —    LA    SAXE   ET    LA    POLOGNE      769 

Palatin  :  mais  seuls  Humboldt,  Gzartoryski,  Stein  et  Capo  d'Is- 
tria  ont  de  Tinfluence  sur  lui. 

Les  grands  dîners  et  les  réceptions  de  Gagern  font  beaucoup 
jaser.  On  se  demande  qui  paye  ces  grosses  dépenses. 

Le  prince  de  Ligne,  en  voyant  le  général  Ouvarofî  qui  accom- 
pagne toujours  l'empereur  Alexandre,  l'appelait  I'Etrangleur 
à  cause  de  sa  participation  au  meurtre  de  Paul  I". 


1213.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  496  ad  2). 

....  à  HAGER 


stagnation  des  gi-andes  afTaires  à  cause  de  l'attitude  de  la  Russie 
et  de  la  Prusse.  —  On  va  aborder  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne. 

Les  affaires  générales  de  l'Europe,  celles  de  Gênes  (1)  et  de 
la  Suisse  (2)  exceptées,  languissent  à  cause  de  l'attitude  de 
la  Russie  et  de  la  Prusse,  relativement  à  la  Saxe  et  à  la  Po- 
logne, qu'on  est  cependant  décidé  à  couler  à  fond,  et  les  quatre 
plénipotentiaires  Hardenberg,  Metternich,  Razoumoffsky  et 
Castlereagh  (3)  vont  enfin  s'aboucher  à  ce  propos.  Du  résultat 
de  ces  conférences  dépendra  le  sort  de  l'Europe  et  du  Congrès. 


[l.  Cf.  d'ANGEBERG,  Protocole  de  la  séance  du  14  décembre  des  Plénipoten- 

|lires  des  Huit,  Page  527.   Ibidem,  Adhésion  de  la  Sardaigne  (17   décembre 

14),  Page  536  et  Protestation  du  gouvernement  provisoire  de  Gênes  (28  dé- 

ibre  1814),  Pages  569-570. 

Cf.  d'ANGEBERG,  Septième  protocole  du  Comité  des  afTaires  de  Suisse. 

|ance  du  15  décembre  et  notes  présentées  par  la  Légation  suisse,  528-531. 
suvième  protocole  du  comité.  Séance  du  19  décembre.  Mémoires  et  notes, 
kges  544-553. 

[a.  Cf.  d'ANGEBERG,  conférences  du  29  décembre  1814  et  du  30  décembre  1814 

^s   Plénipotentiaires   des  Quatre.   Notes,  projets  et   contre-projets,  Pages 
S8-1874. 

ï.  L  49 


770  AUTOUR   DU   CONGRÈS   »E  VIENNE 

1214.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  496.209  ad  2.) 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Borderean    et  rapport  joui-nalier  du  2  janvier  1815. 


Visites  faites  à  Marie-Louise  et  rendues  par  elle. 
Mode  d'expédition  des  lettres  de  Schônbrunn. 


Visites  faites  par  la  famille  impériale  à  Marie-Louise  le 
31  décembre.  iiUe  reçoit  également  celles  de  Dalberg  et  d« 
prince  Eugène,  qui  reste  chez  elle  pendant  une  heure  et  demie. 
Marie-Louise  a  rendu  les  visites  aux  membres  de  la  famille 
impériale,  chez  lesquels  elle  a  également  envoyé  le  roi  de 
Rome. 

Neipperg  a  dîné  chez  elle  le  31  et  on  a  parlé  à  table  de  l'in- 
cendie chez  Razoumoffsky  (1). 

Marie-Louise  fait  porter  ses  lettres  en  ville  et  les  expédie, 
ainsi  que  celles  de  M.  de  Bausset,par  un  homme  à  cheval,  un 
Français  avec  lequel  il  n'y  a  rien  à  faire.  On  le  fera  suivre  à 
partir  de  la  ligne  (2)  afin  de  savoir  où  il  va.  Jusqu'à  la  ligne, 
il  marche  à  une  allure  si  rapide  qu'il  est  impossible  de  le  suivre 
en  vitesse. 


1215.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  496.209  ad.  2). 

....  à  HAGER 

Surveillance  de  Talleyrand. 

Gagem  et  Vernègues  ont  rendu  visite  dans  la  matinée  du 
30  à  Talleyrand,  qui  a  conféré  de  f  à  2  heures  avec  La  Tour 
du  Pin  et  Noailles.  Le  prince  de  Metternich,  venu  chez  lui  à 
3  heures,  est  resté  avec  lui  jusque  vers  5  heures. 


1.  Le  palais  de   Razoumoffsky  avait  été  en  partie  détruit  par  un  incendia 
pendant  la  nuit  précédente. 
5.  iigrne  :  L'octroi  de  1b  ville  de  Vienne. 


l'ouverture    du  congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      771 

A  dîner,  le  général  comte  Giulay  (1),  Rohan,  le  curé  de 
Sainte- Anne  (2),  le  commandeur  Rufîo,  Fontbrune,  La  Tour 
du  Pin,  Gentz  (3),  Flassan,  etc.,  etc. 

Venus  après  le  dîner,  le  comte  PalfTy,  Trauttmansdorfî,  le 
comte  Benzel-Sternau,  Los  Rios,  Saint-Marsan,  Carneville. 

A  9  heures,  Talleyrand  est  allé  chez  Metternich,  y  est  resté 
jusqu'à  11  heures  et  s'est  rendu  de  là  chez  le  prince  Wenzel 
Liechtenstein  et  n'est  rentré  qu'à  4  heures  du  matin. 

Deux  courriers  de  Paris  sont  arrivés  dans  la  nuit. 


1216.  Vienne,  l"  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

Bruits  répandus  dans  le  public  sur  la  conspiration  de  Milan 
et  la  conspiration  de  Murât  et  de  Napoléon. 


1217.  Vienne,  31  décembre  1814  (F.  2.  496.209  ad  2). 

0  ©  à  HAGER 

Le  pique-nique  de  Sidney  Smith.  Ce  que  Dalberg 
lui  a  dit  chez  Talleyrand.  Flassan. 

On  ne  fait  que  jaser  du  pique-nique  d'hier  de  YAugarten,  On  en 
rit  à  gorges  déployées.  En  fait  d'Anglais  il  n'y  avait  guère  que 
Sidney  Smith  (4),  parce  qu'il  fait  partie  de  l'Opposition.  Il  n'y 
avait  guère  en  tout  que  300  personnes,  parmi  lesquelles  une 
trentaine  de  femmes.  A  11  heures  tout  était  fini. 

1.  Giulay  (Ignace,  comte)  (1765-1831),  était  déjà  feld-maréchal  lieutenant  en 
1805  et  quartier -maître  général  de  l'archiduc  Ferdinand.  Il  fut  avec  le  prince 
Jean  de  Liechtenshein  l'un  des  signataires  de  la  paix  de  Presbourg.  Feldzeug- 
meister  à  ce  moment,  il  succéda  plus  tard  à  Frimont  dans  les  fonctions  de 
Président  du  Conseil  aulique  de  la  guerre,  qu'il  n'occupa  du  reste  que  pen- 
dani  peu  de  temps. 

2.  Eglise  de  Vienne  où  le  curé  prêchait  en  français. 

3.  Cf  Gentz,  Tagebûcher,  343.  «  Dîné  chez  Talleyrand.  II  me  remet  un  ca- 
deau magnifique  (24.000  florins)  de  la  part  du  roi  de  France  !  » 

3,  Cf.  Diaro  de  Saint-Marsan  publié  par  le  Père  I.  Riniehi,  Corrispondenza 
inedita  dei  Cardinali  Consalvi  e  Pacca,  LXVI.  «  Singulier  dîner  et  bal  de 
jSidney  Smith  par  souscription  à  VAngarten,  tous  les  rois,  princes,  empereur 
le  Russie.  Il  oublie  100  personnes.  Je  ne  vais  qu'au  bal.  But  :  les  esclaves, 
les  barbaresques.  Personnes  :  les  chevaliers  de  tous  les  ordres  :  Projet  de 
[trois  trésoriers  ;  Pour  les  annonces,  un  Turc,  im  protestant  et  le  Hoïxce.  Es- 
Lpèce  de  folie,  beau  local.  » 


772  AUTOUR    DU  CONGRÈS   DE    VIENNE 

J^avais  depuis  quelque  temps  interrompu  mes  visites  chez 
Talleyrand.  J'y  ait  été  ce  soir  et  j'ai  été  très  bien  accueilli.  J'y 
ai  trouvé  tout  le  personnel  de  la  mission,  plus  Vernègues,Ruffo, 
Saint-Marsan  et  autres,  Dalberg  m'a  dit  :  ^  Je  suis  très  en 
froid,  presque  brouillé  même  avec  mon  oncle,  le  grand-duc, 
depuis  l'histoire  du  coadjuteur,  du  Cardinal  Fesch  (1).  Je  suis 
entré  au  service  de  la  France  pour  sauver  mes  propriétés  de  la 
rive  gauche  du  Rhin.  Je  vous  en  fournirai  les  preuves,  mon 
cher,  et  je  vous  en  communiquerai  des  originaux  qui  vous 
convaincront.  » 

M.  Flassan,  Fauteur  de  l'Histoire  de  la  diplomatie  française  y 
m'a  prié  de  l'introduire  chez  le  baron  Thugut,  parce  qu'il  est 
précisément  en  train  de  préparer  un  grand  travail  historique 
sur  son  Ministère. 


1218.  Vienne,  1"  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

Nota  à  HAGER  (en  français). 

La  princesse  Bagration.  Alexandre,  Metternich,  le  pi'ince  royal  de  Wurtem- 
berg. La  grande-duchesse  Catherine  Pozzo  di  Borgo.  Gapo  d'Istria, 

J'ai  risqué  ma  vie  en  allant  pour  le  service  de  Sa  Majesté 
chez  la  princesse  Bagration  pendant  quelques  heures. 

Voici  ce  que  j'en  rapporte  ; 

L'empereur  Alexandre  est  furieux  contre  le  prince  Metter- 
nich. Il  l'accuse  de  la  plus  noire  mauvaise  foi  et  d'avoir  voulu 
semer  la  mésintelligence  entre  la  Russie  et  la  Prusse.  Il  dit 
que  la  Prusse  lui  a  montré  toute  la  correspondance  secrète  avec 
Metternich. 

La  comtesse  Aurore  Marassé  m'assure  que  nommer  Metter- 
nich et  se  perdre  auprès  d'Alexandre,  c'était  la  même  chose. 
Elle  m'a  dit  cela  avec  tristesse,  car  elle  est  toute  dévouée  à 
Metternich  et  à  l'Autriche. 

La  princesse  Bagration  jouit  d'une  espèce  de  triomphe  en 
cela  et  se  croit  vengée  des  infidélités  de  son  amant. 

La  comtesse  Marassé  m'a  dit  qu'elle  a  voulu  deux  fois  pré- 
venir le  prince  de  Metternich  de  Forage  qui  se  formait  contre 

1.  On  sait  qu'en  1806  le  Prince-Primat  avait  fait  choix  du  Cardinal  Fesch 
comme  coadjuteur  et  successeur  éventuel. 


Il 


l'OUVERTURK  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   773 

lui  par  les  propos  qu'on  tenait  à  Alexandre  sur  son  compte, 
mais  que  Metternich  ne  lui  en  a  jamais  donné  l'occasion,  quoi- 
qu'elle lui  eût  fait  connaître  son  désir  et  que  lui-même  eût 
désiré  d'en  être  instruit. 

«  Mais,  dit-elle,  il  trouvait  bien  le  temps  de  courir  chez  la 
Sagan,  mais  pas  un  quart  d'heure  pour  m'entendra.  J'en  ai  été 
bien  peinée,  car  j'aurais  désirer  le  prévenir  de  tout.  » 

La  princesse  m'a  dit  qu'elle  jne  croit  pas  que  le  mariage  du 
prince  royal  de  Wurtemberg  avec  la  Grande-Duchesse  se  fasse. 
Celle-ci  le  voudrait,  mais  lui  n'en  est  pas  si  pressé.  La  prin- 
cesse m'a  dit  encore  que  la  Grande-Duchesse  était  jalouse 
d'elle  et  qu'en  réalité  il  n'y  avait  pas  de  quoi  «  puisqu'il  vient 
chez  elle  en  ami  ». 

«  S'il  y  avait  quelque  chose,  a-t-elle  ajouté,  je  vous  le  di- 
rais. J'ai  cependant  voulu  prévenir  l'empereur  Alexandre  que 
sa  sœur  était  jalouse  de  moi.»  L'Empereur  me  répondit  :  «  Ce 
sont  là  vos  affaires,  moi,  je  ne  m'en  mêle  pas.  » 

Nous  parlâmes  de  Czartoryski.  Elle  me  dit  qu'il  a  repris  son 
ascendant  sur  Alexandre  et  qu'elle  osa  dire  à  l'empereur  :  «  Ce 
Czartoryski  ne  me  plaît  pas.  Au  premier  moment,  il  vous 
plantera  pour  courir  à  Baden  ou  à  Carlsbad.  » 

Elle  me  dit  aussi  que  le  prince  royal  de  Wurtemberg  lui 
avait  dit  qu'il  se  proposait  de  parler  à  Alexandre  pour  le  dé- 
tourner de  son  entêtement  de  rétablir  le  royaume  de  Pologne, 
et  m'a  prié  de  ne  rien  dire  à  personne  de  cette  confidence  que 
le  prince  lui  a  faite. 

Elle  a  toujours  été  (j'ignore  le  pourquoi)  d'opinion  contraire 
à  ce  rétablissement. 

Elle  m'a  assuré  que  Pozzo  di  Borgo  ne  compte  plus  tant 
auprès  d'Alexandre  à  présent  et  que  c'est  le  moment  de  faveur 
de  Capo  d'Istria  (1). 

Je  dois  ajouter  pour  mon  compte  que  celui-ci  n'est  pas 
l'ami  de  Metternich,  Encore  dernièrement  il  m'en  a  parlé.  Il 
lui  accorde  beaucoup  d'esprit  et  d'éloquence,  mais  ni  morale, 
ni  bonne  foi.  Il  m'a  cité  un  trait  de  lui.  Il  écrivit  à  Lebzeltern 
en  Suisse,  «  en  lui  donnant  un  ordre  qu'Alexandre  approuvait, 
comme  il  le  verrait  par  la  pièce  jointe  à  sa  dépêche  ». 


1.  La  princesse  Bagration  ne  se  trompait  pas  puisqu' Alexandre  confia  en 
1816  le  portefeuille  des  affaires  étrangères  à  Capo  d'Istria  qui  le  garda  jus- 
qu'en 1822. 


774  AUTOUR    DU   CONGRÈS   DE    VIENNE 

Cette  pièce  n'y  était  pas  et  n'avait  jamais  existé.  Il  fit  cela 
pour  attraper  le  consentement  de  Capo  d'Istria  qui  le  donna, 
mais  le  lendemain  partit  pour  Fribourg,  alla  chez  Alexandre 
qui  fut  furieux  de  ce  tour  de  Metternich  (1). 

Capo  d'Istria  (2)  se  dit  très  content  de  Wessenberg  qu'il 
trouve  franc,  clair,  droit,  loyal  et  intelligent.  Il  dit  aussi  du 
bien  de  Stadion,  mais  on  voit  que  pour  Metternich  il  partage 
les  sentiments  de  son  maître. 


1319.  Vienne,    3  janvier  1815  (F.  2.  496  ad  2). 

HAGER  à  l'EMPEREUR 
Bordereau  et  rapport  journalier  du  3  janvier  1815. 


1220.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  2.  496.  211  ad  2). 

GŒHAUSEN  à  HAGKR 

BruiLs  de  remaniement  du  cabinet  autrichien.  Règlement  imminent  des 
grandes  afîaires  et  proclamation  de  l'empereur  François  comme  empereur 
d'Allemagne. 

On  fait  courir  à  Vienne  le  bruit  de  grands  remaniements  du 
Ministère.  Stadion  deviendrait  ministre  des  Affaires  Etran- 
gères et  Bellegarde  aurait  obtenu  de  quitter  Milan  où  il  serait 
remplacé  par  Frimont  (3).  On  dit  de  plus  en  plus  que  les 

1.  11  s'agit  là  d'un  incident  dont  les  conséquences  furent  des  plus  graves 
et  qui  remonte  au  mois  de  décembre  1813,  d'une  correspondance  relative  à  la 
violation  de  la  neutralité  de  la  Suisse  contre  la  volonté  de  l'Empereur 
Alexandre.  Il  convient  de  remarquer  que  ni  les  troupes  russes,  ni  celles  des 
IV*  et  V*  Corps  (Prince  royal  de  W^urtemberg  et  VVrede)  ne  pénétrèrent  à 
l'intérieur  de  la  Suisse.  Les  gardes  et  réserves  russes  de  Barclay  de  Tolly  et 
les  Austro-Bavarois  de  Wrede  se  bornèrent  à  se  servir  du  pont  de  Bâle, 
tandis  que  les  Autrichiens  s'étendirent  jusqu'à  Genève. 

2.  Capo  d'Istria  était  à  ce  moment  en  rapports  constants  et  suivis  avec 
Wessenberg,  membre  comme  lui  de  la  Commission  pour  les  affaires  suisses. 

3.  Frimont  von  Palota  (Jean-Marie,  Comte,  Prince  d'Antrodocoj  (1759- 
1831),  Général  de  cavaleriedu  13  octobre  1813,  à  ce  moment  commandant  de 
toutes  les  troupes  autrichiennes  stationnées  dans  la  Haute  Italie  et  en  Dal- 
matie,  dirigea  au  début  de  la  campagne  et  jusqu'au  combat  du  Ronco  les 
opérations  contre  Murât  et  peu  de  temps  après  celles  contre  l'armée  de 
Suchet. 


l'ouverture   du   congrès.  —    LA    SAXE    ET    LA   POLOGNE      775 

grandes  alîaires  du  Congrès  seront  réglées  d'ici  au  15  et  que 
le  jour  de  sa  fête  Tempereur  d'Autriche  sera  proclamé  empe- 
reur héréditaire  d'Allemagne. 


1221 .  Vienne,  2  janrier  1815  [F.  2.  496  ad  1). 

Intercepta  insigmfiaiits  chez  Nesselrode,  Dalberg  et  Talley 
rand,  et  rapport  à  Hager  sur  le  passé  et  les  aptitudies    des 
deux  agents  secrets  prussiens  au  service  de  Hardeuberg  et  de 
Stein,  Veith  et  Mùlkr. 


1222.  Vkmne,  2.janvier  1.815  (F.  494.211  «d  2}. 

GCEHAUSEN  à  HAGER 

Effet  produit  sur  les  Pmsiiens  par  la  nouvelle  de  la  signature  du  traité 
de  Gand.  Propos  tenus  par  Hardenberg  à  cette  occasion. 

Veith,  le  confident  du  prince  de  Hardenberg,  a  dit  qu'à  la 
suite  de  la  signature  du  traité  de  Gand,  un  courrier  prussien 
(Karsten),  parti  hier,  a  emporté  l'ordre  du  roi  de  faire  entrer 
immédiatement  en  Saxe  un  gros  corps  de  troupes  prussiennes. 

Veith  a  raconté  à  notre  émissaire,  qui  lui  avait  fait  croire 
qu'il  était  né  en  Prusse,  qn'en  recevant  la  nouvelle  de  la  con- 
clusion de  la  paix  entre  la  Grande-Bretagne  et  les  Etats-Unis, 
le  prince  de  Hardenberg  s'est  écrié  :  «  A  la  bonne  heure  ! 
Nous  allons  recommencer  à  toucher  de  l'argent,  ne  serait-ce 
que  grâce  à  la  liberté  du  commerce  et  du  pavillon  prussien  et 
puis,  parce  que  l'Angleterre  Ta  maintenant  s'occuper  sérieu- 
sement des  alTaires  du  Continent.  » 


1223.  Vienne,  2  janrier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

©©à  HAGER  (en  français). 
La  guerre  probable 

La  princesse  Taxis  a  su  hier  par  la  grande-maîtresse  de  la 
cour  de  la  Grande-Duchesse  Marie  que  celle-ci  lui  a  dit  qu'on 
allait  avoir  la  guerre  et  que  d'ici  à  huit  jours  la  chose  serait 
décidée. 


776  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

1224.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

....  à  HAGER 

Les  propos  tenus  par   liumboldt  cliez  Hardenberg,  L'attitude 
du  Grand-Duc  de  Bade  en  cas  de  guerre. 

Humboldt  a  dit,il  j  a  quelques  jours,  chez  Hardenberg,  au 
moment  de  se  rendre  à  8  heures  du  soir  à  la  Chancellerie 
d'Etat  :  «  Je  m'en  vais  à  la  commission  des  préséances.  En 
voilà  une  qui  durera  longtemps,  puisqu'elle  ne  pourra  se  ter- 
miner que  lorsque  chacun  aura  parlé  à  son  tour  et  à  la  place 
qu'on  lui  aura  assignée.  » 

Au  dîner  donné  vendredi  dernier  le  30  décembre  par  Har- 
denberg, on  s'est  moqué  tant  et  plus  du  Congrès  et  surtout 
du  parti  autrichien,  bien  entendu  tant  que  le  baron  de  Wes- 
semberg  n'était  pas  là  ou  lorsqu'il  se  trouvait  à  l'autre  bout 
de  la  salle,  et  on  l'a  fait  à  la  façon  vraiment  prussienne,  façon 
que  ne  saurait  rendre  le  récit  d'un  tiers  et  qui  ne  peut  du 
reste  être  goûtée  que  par  des  initiés  et  comprise  que  par  des 
Prussiens.  Humboldt  a  été  l'un  des  plus  agressifs  et  des  plus 
violents. 

Le  grand-duc  de  Bade  a  dit  dernièrement  en  soupant  chez 
son  grand  maître  de  la  Cour  avec  le  conseiller  d'Etat  Sensburg, 
lorsque  le  vin  du  Rhin  lui  eût  un  peu  délié  la  langue  :  «  Si  la 
guerre  éclate,  je  marcherai  avec  l'Autriche,  bien  que  je  sache 
que  cela  coûtera  cher  à  ma  sœur.  Alexandre  ne  laissera  pas 
en  effet  échapper  une  aussi  bonne  occasion  de  se  débarrasser 
d'elle.  Mais  je  ne  peux  faire  autrement,  surtout  dès  que  la 
France  est  d'accord  avec  l'Autriche.  » 


1225.  Vienne,  2  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

0...  à  HAGER  (en  français). 

Inquiétude  des  Polonais.  Ils  espèrent  la  chute  de  Metternich  et  déplorent  le 
départ  prochain  de  Gastlereargh. 

Les  Polonais  gardent  un  morne  silence  sur  le  sort  de  leur 
patrie.  Ils  ne  désespèrent  pas  encore  à  cause  de  l'influence 
que  Czartoryski  et  La  Harpe  continuent  à  exercer  sur  Alexandre. 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   777 

C'est  à  cette  influence  qu'ils  attribuent  le  bruit  du  remplace- 
ment de  Metternich  par  Stadion.  Ils  prétendent  que  le  prince 
Adam,  ennemi  déclaré  de  Metternich,  a  tellement  indisposé 
Alexandre  contre  celui-ci  que  l'empereur  d'Autriche  ne  pourra 
s'empêcher  de  procéder  à  ce  changement  du  ministère. 

En  revanche,  ils  augurent  mal  pour  leur  cause  du  départ  de 
Castlereagh  et  de  la  venue  de  Wellesberg  (1)  et  de  Lord  Li- 
verpool  (2)  qui  se  sont  hautement  déclarés  contre  la  Pologne. 
Enfin  ce  qui  les  déroute  surtout,  c'est  le  mystère  impénétrable 
qui  règne  sur  toute  la  marche  du  Congrès.  Ils  croient  à  une 
guerre  et  il  est  hors  de  doute  que  dans  ce  cas  tous  les  habi- 
tants de  la  Galicie  prendraient  fait  et  cause  pour  la  Russie. 


1226.  Vienne,  2  janvier  1814  (F.  2.  496.209  ad  2). 

BENTLNGK  (3)  à  STEIN  [Intercepta)  (en  français). 
Les  réclamations  du  comte  de  Bentinck  contre  le  duc  d'Oldenburg. 

Je  prends  la  liberté  de  communiquer    à  Votre    Excellence 
l'extrait  d'un  rapport  que  je  viens  de   recevoir.  Elle  y  verra 
m  nouveau  spécimen  des  Principes  libéraux  du  duc  dOlden- 
'hurg  et  de  sa  régence. 

J'étais  parvenu  sous  les  Français,  par  mes  représentations 

1.  Il  s'agit  là  de  Wellington. 

2.  Lord  Liverpool  ne  vint  pas  à  Vienne. 

3.  Bentinck  (Guillaume-Gustave-Frédéric,  comte  de),  Seigneur  de  Varel  et 
d'Iundet  Kniphausen,  était  pour  la  première  seigneurerie  soumis  à  la  souverai- 
neté d'Oldenbourg  quoiqu'il  contestât  ce  rapport.  Il  était  immédiat  comme 
seigneur  de  Kniphausen,  mais  il  avait  été  soumis  par  l'article  V  du  traité  de 
Fontainebleau  (11  novembre  1807)  entre  la  France  et  la  Hollande  à  ce  der- 
nier royaume.  Rentré  dans  ses  anciens  rapports,  il  fit  des  démarches  pour 
être  admis  comme  membre  de  l'Union  des  Princes  et  ensuite  pour  faire  par- 
tie de  la  Confédération  Germanique.  Sa  demande  ne  fut  pas  accueillie,  et  il 
ne  fut  question  de  lui  ni  dans  l'acte  de  la  Confédération  Germanique  du 
8  juin,  ni  dans  l'acte  final  du  Congrès  de  Vienne.  En  vertu  d'une  convention 
signée  à  Berlin  le  8  juin  1821  les  Seigneuries  de  Varel  et  de  Kniphausen  furent 
incorporées  au  Grand-Duché  d'Oldcnburg. 

Cf.  D'Angeberg,  1404-1405.  Note  3  et  Ibidem  Notes  de  son  plénipotentiaire 
Jassoy  aux  plénipotentiaires  d'Autriche  et  de  Prusse  du  5  mars  1815,  page  896; 
du  4  avril  1815,  page  1021  et  du  10  juin  1815,  page  1434. 

Cf.  Kliiber,  Ubersicht  der  diplomatischen  Verliandlungen  des  Wiener 
Congress,  etc.,  pages  135,  136,  561,  571. 


778  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

et  en  tergiversant,  à  conserver  ces  deux  objets  et  à  délivrer 
mes  sujets,  déjà  grevés  outre  mesure,  de  ce  surcroît  de  dépenses, 
et  à  présent  le  duc  exige  même  les  intérêts  du  passé. 


1227.  Vienne,  4  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

HAGER  à  TEMPEREUR 

Bordereau  et  rapport  journalier  du  4  janvier  1815. 

Il  communique  au  comte  Goëss,  gouverneur  de  la  Galicie, 
les  noms  des  Galiciens  (200  environ)  qui  sans  autorisation  ont 
passé  la  frontière  pour  aller  s'enrôler  dans  les  troupes  du 
Grand-Duché  de  Varsovie. 


1228.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  2.  496.209  ad  2). 

....  à  HAGER 

Trois  chiffons  trouvés  chez  Stein  le  2  janvier,  parmi  lesquels 
se  trouve  une  lettre  de  Marschall,  (Ministre  de  Nassau)  à  Stein 
1"  janvier.  (Il  lui  envoie  sous  ce  pli  copie  du  traité  de  Ried(l) 
et  lui  parle  d^un  traité  signé  par  le  Wurtemberg.  Il  ne  peut 
pas  croire  que  le  Wurtemberg  (2)  ait  été  assez  aveugle  pour 
croire  qu'il  dépendait  de  sa  seule  volonté  d'entrer  ou  non  dans 
la  Confédération  germanique.  Il  le  prie  de  lui  communiquer 
le  projet  de  la  nouvelle  Constitution  de  l'Allemagne  fait  par 
Humboldt.) 


1.  Traité  de  Ried  du  8  octobre  1S13,  alli«»ce  entre  TAutriche  et  la  Bavière. 

2.  Traité  préliminaire  d'alliance  entre  TAutriche  et  le  W^urtemberg  avec 
articles  secrets  et  séparés  signé  à  Fulde  le  Snoverabi'e  1813.  Ce  serait  ià  une 
interprétation  singulièrement  fantaisiste  des  articles  séparés  et  secret»  1  et 
II.  Cf.  d'Angeberg,  page  65. 


l'ouverture   du   congrès.  LA    SAXE    ET    LA    POLOGNE      779 

1229.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  2,496.211  ad  2). 

Extraits  de  la  liste  des  Intercepta  soumis  à  la  Manipulation 
le  2  et  3  janvier. 

Un  paquet  au  baron  Friesen  de  Rotha  (1)  contenant  une 
adresse  de  Dresde  le  31  décembre  1814,  couverte  de  signatures 
de  la  noblesse  saxonne,  à  leur  roi  l'assurant  de  leur  fidélité  et 
de  leur  confiance  en  son  retour. 

Intercepta  pris  chez  Nesselrode  et  Humboldt,  ainsi  que  d^une 
partie  des  lettres  arrivées  par  courrier  au  grand-duc  de  Bade. 
(Lettre  du  baron  de  Maltitz  à  Nesselrode,  de  Karlsruhe  le  16- 
28  décembre  1814,  sur  les  troubles  politiques  survenus  à 
l'Université  de  Heidelberg.) 


1230.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  2.496.211  ad  2). 


Nota  à  HAGER  (en  français). 

Bruit  de  disgrâce  de  Metternich.  Causes  de  son  impopularité 
et  de  sa  défaveur. 


Toute  la  ville  est  remplie  de  la  nouvelle  que  Metternich 
est  disgracié. 

Lanckoronski  m*a  dit  hier  avec  une  espèce  de  douleur 
que  Metternich  déplaisait  beaucoup  ;  que,  voyant  beaucoup 
de  monde  du  matin  au  soir  à  cause  de  sa  maladie,  il  avait  pu 
s'en  convaincre  et  que  le  roi  de  Danemark,  entre  autres,  s'en 
plaignait.  Gomme  je  demandais  de  quoi  le  Roi  pouvait  se 
plaindre,  il  me  dit  :  «  Ce  que  je  sais,  c'est  qu'il  traite  les  sou- 
verains un  peu  trop  légèrement,  leur  parle  assis  et  se  donne 
un  ton  qui  les  blesse.  Ce  qui  nuit  aussi  à  Metternich,  c'est 
l'attachement,  vrai  ou  faux,  qu'il  affiche  pour  Murât  détesté  à 
Vienne.  » 

1 .  Chambellan  du  Roi  de  Saxe. 


780  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

1331.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  496.  209  ad  2). 

....  à  HAGER 

Une  lettre  de  l'Empereur  à  Marie-Louise.  M^"  de  Montesquieu  et  le  roi 
de  Rome.  Narischkine,  Jomini,  La  Harpe,  Reinhard. 

Dans  le  courrier  d'Elbe  arrivé  par  Livourne  et  Parme  à 
Marie-Loaise,  Napoléon  lui  reprochait  vivement  son  incons- 
tance et  son  attitude  à  son  égard  et  était  très  jaloux  de  Neip- 
perg.  Elle  a  depuis  reçu  le  1"  janvier  à  11  heures  un  autre 
courrier  de  Parme  ;  mais  on  ignore  encore,  et  on  tâchera  de 
savoir  ce  soir  ou  demain,  s'il  contenait  les  lettres  de  Napo- 
léon. 

M"®  de  Montesquieu  a  dit  à  un  de  ses  intimes  en  parlant  du 
roi  de  Rome  :  «  Je  crains  pour  cet  enfant  qu'on  le  détourne 
de  son  Père.  Pour  la  Mère,  on  y  a  déjà  réussi.  On  a  déjà  ravi 
à  ce  pauvre  homme...  » 

Narischkine  (1)  part  jeudi  pour  Venise. 

Jomini  travaille  beaucoup  par  ordre  d'Alexandre  à  un  pro- 
jet sur  l'Italie. 

La  Harpe  vient  souvent  et  reste  longtemps  chez  lui  à  ce 
propos,  Reinhard  est  très  lié  avec  eux  et  confère  souvent  avec 
eux. 


1232.  Vienne,  3  janvier  1815  (F.  496.  211  ad  2). 

D^  BOLLMANN  (2)  au  général  de  LA  FAYETTE  (à  Paris). 
Sous  couvert  à  M""®  Reinhard  [Inlercepla)  (en  français). 

Ses  plans  financiers  pour  l'Autriche.  Son  opinion  sur  les  questions  de  Saxe 
et  de  Pologne  et  sur  l'attitude  des  Puissances. 

Le  succès  de  mes  vues  particulières  tient  à  la  tournure  que 

1.  Narischkine  (Ivan- Alexandrowitch),  grand  maître  des  cérémonies  de  la 
Cour  de  Russie. 

2.  Du  même  jour  encore  deux  autres  lettres  interceptées  de  Bollmannjl 
l'une  au  professeur  Haufî  à  Vienne,  l'autre  à  M"'  Reinhard  à  Paris  que  j'ai; 
cru  inutile  de  reproduire,  parce  qu'elles  n'ont  pas  trait  aux  grands  événe- 
ments du  moment,  mais  à  des  affaires  personnelles. 

Bollmann  (Eric-Juste),  né  en  1765  à  Hoya  (Hanovre),  mort  en  1831  à  Kings- 
ton (Jamaïque),  Venu  comme  médecin  à  Paris  eu  1792,  il  se  chargea  de  con- 


l'ouverture  du  congrès.  —  LA  SAXE  ET  LA  POLOGNE   781 

prendront  les  affaires  politiques.  J'ai  été  très  industrieux  de- 
puis que  je  suis  ici  et  mon  travail  principal  a  été  un  traité 
sur  les  finances  de  ce  pays-ci,  dans  lequel  j'ai  proposé  un  plan 
de  se  débarrasser  du  papier  déprécié  qui  fut  la  seule  circula- 
tion actuelle  de  la  monarchie  autrichienne  et  de  le  remplacer 
par  un  bon  papier-monnaie  par  le  moyen  d'une  banque  natio- 
nale d'Autriche  dont  j'ai  tracé  l'organisation.  Ce  plan  a  été 
tout  à  fait  approuvé  du  Ministre  et  des  principaux  membres 
du  Conseil,  de  sorte  qu'il  en  est  résulté  plusieurs  entrevues  avec 
le  Ministre  et  plusieurs  démarches  préparatoires  à  l'exécution 
que  j'ai  faites  conformément  à  son  désir.  Mais  son  exécution 
dépendra  finalement  du  résultat  des  travaux  du  Congrès,  ré- 
sultat auquel  tiennent  tant  de  choses  I 

Je  me  suis  fait  valoir  aussi  (si  vous  voulez  excuser  l'ex- 
pression), de  plusieurs  autres  manières  et  j'ai  préparé  plusieurs 
affaires  importantes.  Aucune  ne  peut  être  décidée  avant  la  dé- 
cision de  la  grande  où  tous  les  yeux  sont  portés. 

Cette  grande  affaire  en  est  venue  au  point  que  la  paix  ou 
la  guerre  doit  être  décidée  dans  la  quinzaine.  Ni  l'une,  ni 
l'autre  ne  le^sont  en  ce  moment.  La  Prusse  ne  paraît  pas 
vouloir  relâcher  la  Saxe.  L'Autriche,  la  Bavière,  la  France, 
l'Angleterre  s'y  opposent.  La  Russie  la  soutient. 

On  attend  quelque  chose  de  la  paix  avec  l'Amérique,  que 
nous  connaissons  depuis  avant-hier,  comme  mettant  l'Angle- 
terre dans  le  cas  de  pouvoir  se  prononcer  davantage.  Cepen- 
dant la  guerre  parait  être,  plutôt  que  la  paix,  l'intérêt  de  la 
Prusse  et  de  la  Russie  qui  se  sentent  sur  leurs  adversaires, 
surtout  la  Prusse,  une  supériorité  décidée  dans  le  moral,  c'est- 
à-dire  les  talents,  l'enthousiasme, l'énergie,  etc.,  etc.  Les  jeunes 
gens  en  Prusse  ont  pris  le  goût,  la  soif  de  la  guerre,  l'habi- 
tude de  la  guerre.  Ce  sont  tous  des  têtes  chaudes.  Les  Russses 


duire  Narbonne  en  Angleterre  où  il  se  lia  avec  un  certain  nombre  d'émi- 
grés, tels  que  Talleyrand,  Jaucourt,  Lally-Tolendal  et  M™"  de  Staël  et 
s'enthousiasma  pour  La  Fayette  qu'il  essaya  vainement  de  faire  échapper 
d'Olmiitz.  Arrêté  à  son  tour  par  les  Autrichiens  et  condamné  au  bannisse- 
ment, il  se  rendit  en  Amérique  où  se  trouvaient  déjà  deux  de  ses  frères.  Lancé 
dans  de  grandes  affaires,  il  revint  en  1814  en  Europe  et  après  un  court  sé- 
jour à  Paris,  se  rendit  à  Vienne,  mais  sans  y  attendre  la  solution  des  affaires 
qu'il  proposa  au  gouvernement  autrichien,  il  retourna  en  Amérique  pour  y 
chercher  sa  famille  et  la  conduire  en  Angleterre  où  d'importantes  affaires 
réclamaient  sa  présence.  Bollmann  entretint  jusqu'à  ses  derniers  jours  des 
relations  et  une  correspondance  suivie  avec  M"*  de  Staël. 


782  AUTOUR    DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 

ont  pris  Thabitude  des  climats  doux  et  du  pillage.  Les  Autri- 
chiens ne  me  paraissent  guère  être  sortis  de  leur  engourdisse- 
ment naturel.  La  France  s'en  moquerait  ;  l'Angleterre  voit 
que  cela  lui  coûterait  des  sommes  prodigieuses.  EUle  aurait  à 
solder  toute  Tarmée  autrichienne,  outre  la  sienne. 

Ainsi  le  dénouement  me  paraît  encore  fort  douteux.  Je 
puis  me  tromper,  mais  je  crois  que  l'Autriche  cédera  plutôt 
que  la  Prusse. 


1 


ANNEXES 


ANNEXE    I 

(à  la  page  XX) 

18  Février    1793 

Rapport  du  Comte  Pergen  sur  l'ancienne  police 
(diplomatique)  secrète 

{Analyse) 

Pergen  a  déjà  clans  de  précédents  rapports  rendu  compte  de  la  façon 
dont  le  service  était  compris  et  mené  par  la  Polizei  Oberdirection 
et  fait  ressortir  la  nécessité  de  placer  toute  la  police  de  la  monarchie 
sous  une  direction  unique.  Il  fait  maintenant  remarquer  à  l'Empe- 
reur que,  en  dehors  des  services  qu'en  fait  il  doit  laisser  connaître 
au  public,  il  en  est  d'autres  qui  avaient  été  très  appréciés  par  Vem- 
perear  Joseph  11^  qu'on  a  eu  tort  de  négliger  et  de  laisser  péri- 
cliter depuis  sa  mort  et  qu'on  a  seulement  commencé  à  réorganiser 
dans  les  derniers  temps. 

«  C'est  ainsi  qu'on  s'est  procuré  des  agents  de  confiance  (Ver- 
traute  Personen),  qu'on  a  placés  dans  les  ambassades  des  Cours, 
auxquelles  on  connaissait,  ou  auxquelles  on  prêtait  des  projets  et 
des  intentions  hostiles  à  la  monarchie,  tant  afin  de  découvrir  leurs 
relations  secrètes  avec  les  autres  ambassades  que  celles  nouées  avec 
les  personnes  au  service  de  Sa  Majesté.  Le  cabinet  secret  de  Sa  Ma- 
jesté, qui  est  en  rapport  constant  avec  cette  police  secrète,  n'ignore 
pas  et  sait  apprécier  les  services  qu'elle  lui  a  rendus.  » 

Pergen  se  propose  en  conséquence  de  «  chercher  à  se  procurer 
de  nouveaux  moyens  destinés  à  remplacer  les  anciens  qui  sont  déjà 
très  usés  ». 

Pour  développer  et  faciliter  le  fonctionnement  de  cet  organisme, 


784  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

il  croit  qu'il  serait  bon  d'y  préparer  et  d'y  intéresser  le  public  «  en 
lui  exposant  à  grands  traits  le  but  et  l'utilité  de  ce  service,  mais 
en  entourant  toutefois  cette  communication  de  toutes  les  précau- 
tions possibles  ». 

En  marge  la  décision  de  V Empereur  François  en  date 
du  i2  mars  1795 

Parler  de  ce  projet  à  VObersler  Landrichler,  Comte  von  Stam- 
bach  et  s'entendre  avec  lui. 


ANNEXE    II 

(à  la  page  XXI) 

21  Mars  1804 


Rapport  du  Ministre  de  la  police  Sumera-w  sur 
rorganisation  du  service  de  la  police  secrète. 

[Analyse) 

Après  avoir  conféré  avec  le  Conseiller  aulique  von  Stahl,  il  a 
constaté  que  «  le  service  de  la  surveillance  des  légations  étrangères 
et  de  leurs  relations  n'existe  pour  ainsi  dire  plus  et  qu'en  tout  cas 
son  rayon  d'action  est  excessivement  restreint,  puisque  ce  service 
n'est  plus  actuellement  assuré  que  par  le  Hofsekrelàr  Ratoliska  et 
quelques  rares  fonctionnaires  et  agents  fort  mal  payés, 

«  Tout  le  service  secret  proprement  dit  ne  coûte  en  effet  que  7  à 
8.000  florins,  somme  inférieure  à  celle  qu'une  puissance  de  troi- 
sième ordre  dépenserait  à  cet  effet.  » 

Sumeraw^  fait  remarquer  que  «l'état  de  l'Europe  oblige  pourtant 
l'Autriche  à  savoir  ce  qui  se  passe,  non  seulement  à  l'étranger, 
mais  à  l'intérieur  de  la  Monarchie  et  surtout  dans  les  murs  de  la 
capitale,  centre  de  la  vie  politique  ». 

Il  faut  donc  réorganiser  ce  service  et  mettre  les  fonctionnaires 
et  les  agents  à  même  de  remplir  leur  mission.  Il  expose  par  suite 
à  l'Empereur  qu'il  a  à  cet  effet  «  confié  au  conseiller  aulique  von 
Stahl  la  direction  exclusive  de  la  police  secrète  d'Etat.  C'est  ce 


{ 


II 


ANNEXES  785 

fonctionnaire  qui  correspondra  et  continuera  à  correspondre  ver- 
balement avec  le  cabinet  secret  de  Sa  Majesté  et  avec  la  Chancel- 
lerie secrète  de  Cour  et  d'Etat. 

u  Je  lui  ai  adjoint,  ajoute-t-il,  pour  ce  qui  a  trait  au  recrute- 
ment et  à  la  direction  des  Confidents,  \q  /?o/5ecre^ârRatoliska,qui 
est  attaché  à  ce  service  depuis  dix-huit  ans.  Mais  depuis  la  mort 
du  secrétaire  Bonwart,  il  est  impossible  à  Ratoliska  de  suffire  seul 
à  la  tâche  et  il  convient  de  lui  adjoindre  des  collaborateurs  sûrs 
et  capables  plus  tard  de  le  suppléer.  Mon  choix  s'est  porté  sur  le 
commissaire  de  police  Schosulan  et  sur  le  commissaire  de  police 
Charles  Braulik,  de  la  police  de  Prague.  Schosulan,  qui  parle  plu- 
sieurs langues  et  a  déjà  rempli  des  missions  délicates,  sera  plus 
particulièrement  chargé  du  service  relatif  aux  légations  étrangè- 
res et  aux  affaires  de  l'intérieur.  Je  compte  lui  adjoindre  Braulik 
qui,  lui  aussi,  pos-ède  plusieurs  langues  étrangères  et  est,  comme 
ui,  habile  et  plein  de  tact. 

«  Je  donnerai  en  outre  de  l'avancement  à  certains  fonctionnaires. 
Mais  cela  ne  suffît  pas  pour  assurer  le  service  politique.  Il  faudra 
en  même  temps  découvrir  et  s'attacher  des  personnes  bien  placées 
qui  seront  en  état  et  en  position  de  fréquenter  la  haute  Société  et 
d'avoir  accès  partout  où  vont  et  où  fréquentent  les  ministres  étran- 
gers, tels  que  les  salons  d'Arnstein,  de  Geymûller  (l),de  la  baronne 
d'Eichelberg  et  de  la  fameuse  M"^  Ripp.  Il  faudra  forcément  aug- 
menter sensiblement  les  crédits  affectésjusqu'ici  au  service  secret.» 

Il  parle  en  conséquence  de  l'avancement  et  de  l'augmentation  de 
traitement  qu'il  désire  donner  à  Ratoliska,  qu'il  propose  de  nom- 
mer Kaiserlicher  Rath  et  dont  il  projette  de  porter  à  2.000  florins 
les  appointements  qui,  après  dix-huit  ans  de  service  à  la  police  et 
vingt-huit  ans  de  service  à  l'Etat,  sont  restés  depuis  1795  fixés  à 
1.500  florins  II  propose  que  ce  traitement  soit  payé  par  les  fonds 
des  Camerali,  à  cause  de  l'affectation  nouvelle  qu'il  va  recevoir  et 
de  la  difficulté  qu'il  y  aurait  à  le  faire  figurer  sur  les  Étals  de  la 
Polizei  Oberdirection  et  de  la  Polizei  Hofslelle. 

1.  «  Madame  Geymûller,  lit-on  dans  les  Souvenirs  de  la  baronne  du  Mon- 
TOT  (page  79  avait  eu  l'ambition  de  faire  de  ses  salons  le  point  de  réunion 
des  étrangers,  des  voyageurs  de  distinction,  des  hommes  marquants  de 
toutes  conditions Elle  avait  essayé  re  rapprochement  entre  la  haute  no- 
blesse et  la  seconde. Elle  avait  beaucoup  trop  présumé.  Les  femmes  titrées 

n'y  firent  qu'une  courte  apparition L'antipathie  entre  les  deux  sociétés 

est  un  mal  incurable.  La  morgue  et  le  dédain  de  la  première  doivent  être 
bien  réellement  haïssables  pour  la  seconde,  dans  laquelle  se  trouvent  des 
hommes  et  des  femmes  d'esprit  très  distingués » 

T.  l.  50 


786  AUTOUR   DU   COMGRilS   DE   VIENNE 

Pour  Schosuian,  ii  lui  sembk  utile  de  le  faire  passer  de  600  à 
800  florins,  de  même  po«r  Braulik  et  de  faire  supporter  ces  dé- 
penses au  compte  des  Camerali. 

Il  serait  en  même  temps  utile  de  faire  figurer  sur  les  mêmes 
comptes  le  traitement  ou  au  moins  l'aug^mentation  de  traitement 
du  conseiller  aulique  baron  Hager,  passé  de  3.000  à  4.000  florins. 
Par  suite  de  l'affectation  du  conseiller  aulique  von  Stahl  au  service 
de  la  police  secrète  et  diplomatique  d'Etat,  le  baron  Hager  est  en 
effet  chargé  de  la  correspondance  avec  les  services  de  police  de  la 
cour  et  des  provinces,  avec  la  Polizei  Oberdireclion^  avec  le  ser- 
vice de  la  censure,  sans  parler  de  toutes  les  missions  dont  il  s'ac- 
quitte encore  en  outre. 

Sumeraw  demande  que,  plus  encore  qu'elle  ne  le  fait  actuelle* 
ment,  la  Chancellerie  de  Cour  et  d'Etat  lui  signale  les  objets  et 
les  individus  sur  lesquels  elle  désire  être  renseignée. 

Il  insiste  sur  l'utilité  de  l'existence  et  de  la  création  des  Loges{i), 
sur  l'indication  des  déplacements  des  agents  et  des  émissaires  des 
étrangers,  afin  de  pouvoir  mieux  les  surveiller  et  les  suivre  dès  Icht 
arrivée  à  Vienne. 


Réponse  et  Décision  impériale. 

{Analyse) 

Approbation  pour  Stahl  et  Ilager  et  pour  la  création  de 
nouvelles  Loges, 


II 


i 


1.  n  s^agit  de  Loges  pour  les  lettres  <iu'il  désire  voir  établir  et  dont 
quelques-unes  existent  déjà  à  Constance,  Innsbruck,  Augsbourg,  Venisei 
Trîeate,  Graz,  Bude,  Lemberg,  Cracovîe,  Linz,  (cabinets  noirs  dont  fl  vent 
développer  l'organisation. 


i 


ANNEXES  7^ 

ANNEXE  III 

(aux  pages  XX  ©t  XXI) 

2  FÉvMEi  1806 

Rapport  da  Sum©ra-w  sur  la  police  sôcrète  de  Cour. 

(Rapport  basé  surtout  sur  celui  du  Si  mars  i 804  et  sur  le  fait 
que  Sumeraw  s'est  préalablement  entendu  avec  le  comte  Sta- 
dioji.) 

(Analyse) 

«  Pour  que  ce  service  puisse  être  |:éellement  ulile,  il  faut,  comme 
cela  se  faisait  du  temps  de  l'Empereur  Joseph  II,  que  son  chef  soit 
journellement  et  exactement  tenu  au  courant  de  tout  ce  qu'on 
sait  et  apprend  au  ministère  des  Affaires  Étrangères,  ainsi  que 
des  lettres  et  des  dépêches  qu'on  intercepte,  afin  que  de  son  côté 
il  puisse  agir  utilement  et  diriger  plus  sûrement  ses  recherches. 
Il  faut  d'autre  part  que  la  Chancellerie  de  Cour  et  d'Etat  agisse 
de  La  même  façon.  » 

Le  rapport  insiste  sur  les  soins  particuliers  qu'on  appointera  au 
recrutement  et  au  choix  des  nouveaux  Confidents,  aux  instructions 
dont  on  les  munira.  «  On  s'appliquera  surtout  à  en  trouver  dans 
les  hautes  classes  de  la  Société  et  parmi  les  personnes  auxquelles 
leur  naissance,  leur  situation,  leurs  relations  donnent  accès  par- 
tout et  qui  pénètrent  non  seulement  dans  les  salons  tels  que  ceux 
d'Arnstein,  Geymuller,  Eichelberg  et  de  M"""  Ripp,  mais  aussi 
dans  ceux  de  l'aristocratie  et  les  ambassades. 

«  J'en  ai  déjà  dressé  une  liste  et  je  vais  petit  à  petit  et  prudem- 
ment entrer  en  relations  avec  ces  personnes,  dès  que  Sa  Majesté 
aura  approuvé  la  liste  que  je  lui  soumettrai.  » 

Le  rapport  insiste  encore  et  tout  particulièrement  sur  la  créa- 
tion et  l'augmentation  des  Loges,  «  dont  le  fonctionnement  rendra 
d'autant  plus  de  services  que,  plus  que  jamais  à  raison  des  cir- 
constances politiques,  on  a  besoin  d'avoir  connaissance  des  cor- 
respondances diplomatiques  et  politiques  de  et  avec  l'étranger. 

«  En  raison  des  modifications  apportées  au  territoire  de  l'empire 
^t  de  la  perte  des  loges  de  Constance,  d'Innsbruck,  d'Augsbourg 
fl  de  Venise,  il  importe  d'en  créer  à  Linz  et  à  Salzbourg,  d'agran- 
lir  celles  de  Trieste  et  de  Prague  et  d'en  établir  à  Graz  et  à  Brûnn 


788  AUTOUR  DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

et  d'être  par  conséquent  autorisé  à  en  parler  au  comte  Stadion .  > 

Passant  ensuite  au  fonctionnement  du  cabinet  noir  et  du  bureau 
de  déchiffrement,  «  où  après  avoir  déchiffré  et  intercepté  les  let- 
tres venant  de  l'étranger  on  transmettait  les  résultats  du  travail 
au  Conseiller  d'Etat  von  Stahl  »,  le  rapport  demande  que  ce  ser- 
vice soit  généralisé  et  étendu  et  propose  d'y  affecter,  en  outre  des 
déchiffreurs,  Ratoliska  et  ses  collaborateurs. 

Le  rapport  envisage  ensuite  certaines  modifications  dans  le  per- 
sonnel et  certains  avancements  qui  seront  amenés  par  le  départ 
de  Stahl  et  soumet  un  état  de  propositions  à  l'empereur. 

Revenant  encore  une  fois  sur  le  déchiffrement  et  le  cabinet  noir, 
le  rapport  insiste  sur  une  organisation  spéciale  qui  lui  paraît  im- 
posée par  la  saisie  des  lettres  que  les  Ministres  étrangers  se  font 
adresser  chez  leurs  banquiers,  de  celles  qu'ils  expédient  par  l'in- 
termédiare de  personnes  de  confiance  qui  les  portent  à  plusieurs 
postes  de  Vienne,  «  à  l'aide  aussi  des  Bavarois  et  des  Wurtem- 
bergeois  qui  retournent  chez  eux  et  qui  se  chargent  de  ces  lettres 
d'accord  avec  les  légations  de  ces  royaumes  ». 

Le  rapport  envisage  ensuite  certaines  mesures  qui  semblent  ur- 
gentes, conseille  «  de  faire  appel  au  patriotisne  des  banquiers, 
auxquels  on  promettra  le  silence  le  plus  absolu  »  et  se  termine 
par  un  résumé  des  instructions  qu'il  convient  de  donner  partout 
aux  agents  des  postes  et  des  douanes. 


ANNEXE    IV 

(à  la  page  XX) 

27  Février  1806 


Décision  impériale  et  réponse  au  rapport  du  2  février, 

{Analyse) 

Avoir  dans  toutes  les  légations  un  ou  plusieurs  confidents  soldés 
rendant  compte  des  événements  de  chaque  jour. 

Disposer  pour  les  questions  plus  importantes  de  personnes  bien 
placées,  ayant  accès  partout  et  qui  ne  seront  connues  que  du  seul 
chef  de  la  police.  On  les   recrutera   et  on  les  attachera  moins  à 


i 


ANNEXES  789 

l'aide  de  rémunérations  en  argent  que  grâce  à  la  connaissance  de 
leur  état  moral  et  de  leur  situation  personnelle- 
Observations  sur  les  procédés  à  employer  pour  la  surveillance 
des  fonctionnaires. 

Recruter  de  suite  le  personnel  à  placer  dans  les  légations  et  dans 
les  lieux  où  se  réunissent  et  où  logent  les  personnages  politiques 
et  les  étrangers  de  distinction.  Avoir  en  outre  un  personnel  disponi- 
ble à  tout  moment  et  prêt  à  être  placé  chez  de  pareils  personnages. 
Mettre  tout  en  œuvre  afm  de  découvrir  les  moyens  employés 
pour  faire  passer  ou  recevoir  les  correspondances  politiques  et 
secrètes. 

Me  demander  mon   autorisation  quand  il  s'agira  de  saisir  des 
diépêches  venant  par  courrier. 

L'Empereur  approuve  les  mesures  proposées  pour  les  loges  et 
p ourla  visite  aux  lignes  et  aux  frontières. 


ANNEXE    V 

(à  la  page  XX) 

5  Août  1808 


Hager.^Rapport  à  l'Empereur. 

Note  sur  la  réorganisation  de  la  K.  K.  Polizei  Hofstelle 
[Analyse) 

Après  avoir  commencé  par  remercier  l'Empereur  de  l'avance- 
ment, que  sur  sa  demande  il  a  donné  à  deux  de  ses  subordonnés 
Braulik  (nommé  Hofsekrelar)  et  Jahl  (nommé  Hofkonzipist),  il  lui 
soumet  un  certain  nombre  de  mesures  qu'il  lui  paraît  nécessaire 
de  prendre  sans  plus  tarder- 

Il  commence  par  exposer  à  l'Empereur  qu'il  compte  se  réserver 
la  conduite  et  la  direction  des  affaires,  qu'il  avait  déjà  dans  ses 
attributions  comme  conseiller  aulique,et  laisser  àRatoliska  le  ser- 
vice diplomatique. dont  ce  fonctionnaire  s'acquitte  à  merveille  D'ac- 
cord avec  ce  dernier,  il  se  propose  de  procéder  à  une  réorganisation 
de  ce  service,  «  de  donner  une  extension  nouvelle  et  une  allure 
spéciale  à  la  branche  très  importante, et  trop  négligée  jusqu'ici, des 
surveillances,  mais  en  évitant  avec  soin  l'emploi  de  certains  pro- 


790  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

cédés  qui  ont  à  ses  yeux  le  grave  inconvénient  d'avoir  trop  d'ana- 
logie avec  les  enquêtes  de  police  ». 

Il  soumet  ensuite  à  l'approbation deTEmpereur  l'affectation  qu'il 
voudrait  faire    de    ses   quatre  Hofsekretâre  (Ohms,   Armbruster,      â 
Braulik  et  Forster)  et  lui  expose  un  projet  de  répartition  du  tra-      S 
vail  entre  eux  en  ayant  soin  de  lui  faire  connaître  en  outre  le  per- 
sonnel subalterne  qu'il  adjoint  à  chacun  d'eux  et  qu'il  prend  tout       _ 
entier  dans  les  cadres  déjà  existaiits.  ft 

Il  demandait  ensuite  l'autorisation  d'adopter  définitivement  un 
nouveau  mode  d'enregistrement  et  d'analyse  des  pièces  qu'il  avait 
introduit  à  titre  d'essai  dans  ses  services,  et  exposait  ses  idées  stir      f 
l'organisation  du  bureau  de  la  Presse  et  de  rédaction  des  articles 
destinés  aux  journaux  officiels  et  officieux,  ainsi  que  sur  le  fonc-       ; 
tionnement  de  la  Censure  des  journaux  et  des  théâtres.  S 

Des  observations  qu'il  venait  de  soumettre  résultait  pour  lui  la  1 
nécessité  de  «  modifier  complètement  le  fonctionnement  et  les 
attributions  de  la  Polizei  Oberdirection,  dont  le  concours  est 
indispensable  à  la  Polizei  Hofstelle  et  qui  est  provisoirement  con- 
fiée au  conseiller  de  gouvernement  Sibar  (1),  excellent  fonction- 
naire, mais  qui  ne  saurait  mener  un  service  aussi  lourd  et  aussi 
important  »,  et  il  concluait  en  demandant  à  l'Empereur  d'appeler 
à  ces  fonctions  le  Kreishanptmann  von  Schiller. 

Passant  ensuite  à  l'exposé  d'une  série  de  mesures  (déjà  prises 
par  lui  et  qu^il  soumettait  à  l'approbation  impériale)  relatives  à  la 
Fremdencominission  (commission  spécialement  chargée  des  étran- 
gers), au  Bureau  militaire,  à  la  révision  des  comptes  à  laquelle  il 
avait  dû  procéder  dans  l'espoir  d'arriver  à  connaître  les  agents  et 
les  Vertraute  (confidents)  employés  par  la  Polizei  Oberdirection 
et  par  la  Polizei  Hofstelle,  mais  qui  ne  lui  avait  fourni  sous  ce  rap- 
port que  des  renseignements  fort  insuffisants  : 

«  La  Polizei  Hofstelle,  ajoutait-il,  après  toutes  les  péripéties 
qu'elle  a  eu  à  traverser  après  la  mort  du  fameux  Regieruiigwstlh 
von  Lerchenheim  et  les  bévues  faites  par  Hackel  et  le  Hofsekretâr 
Schwindt,  n'avait  plus,  à  l'exception  de  quelques  coiTespondants 
hongrois,  aucun  confident  sur  place  ici.  Rien  n'avait  été  fait  en  ;; 
vue  de  recruter  les  confidents  pris  dans  les  Hautes  Classes  de  la 

1.  Cf.  Oesterreichischer  Beoba.chter  du  7  août  1815,  n»  219-1194.  Par  décret  % 

de  Heidelberg,  en  date  du  21  juin,  l'Empereur  conférait  au  conseiller  aulique  ' 
Siber,  devenu  à  ce  moment  Polizei  Oberdireetor,  en  reconnaissance  de  45  ans 

de  bons  et  loyaux  services,  la  petite  croix  de  Tordre  de  Saint-Etienne.  i, 


ANNEXES  791 

société, dont  l'Empereur  avait  autorisé  et  demandé,  il  y  a  deux  ans 
déjà,  l'adjonction  à  la  Polizei  Hofstelle.  Les  quelques  con^rfeafs, 
existant  actuellement,  sont  les  uns  des  amis  personnels  de  l'an- 
cien Polizei  Oberdirector,  qui  ne  voulaient  pas  être  connus,  les 
autres,  des  gens  de  classa,  de  conditions  et  d'éducation  inférieures 
et  dont  on  ne  peut  espérer  aucune  information  sérieuse,  aucune 
action  utile.  » 

Hager  déplorait  d'autant  plus  vivement  le  manque  de  semblables 
organes  que,  «  c'était,  disait-il,  pour  cette  raison  qu'il  lui  avait 
été  impossible  de  remonter,  comme  l'Empereur  le  voulait,  jus- 
qu'aux causes  de  la  hausse  du  change.  La  situation  e^t  d'autant 
plus  difficile  que  l'Empereur  vient  de  lui  prendre  ses  deux  meil- 
leurs Vertraute^  dont  l'un,  Schwarzleitner,  a  été  envoyé  par  l'Em- 
pereur en  mission  financière  à  l'étranger  et  que  d'autre  part  les 
années  qu'il  (Hager)  a  passées,  d'abord  dans  l'armée,  puis  dans 
l'administration  en  province,  ont  nui  aux  relations  qu'il  va  lui  fal- 
loir se  créer  à  nouveau  à  Vienne  afin  de  pouvoir  y  trouver  les  per- 
sonnes de  confiance  dont  il  a  besoin.  » 

Il  termine  son  rapport  en  résumant  les  demandes  principales 
qu'il  soumet  à  l'approbation  de  l'Empereur  et  qu'il  croit  indispen- 
sables en  vue  du  bon  fonctioanemsut  et  de  la  réorganisation  du 
service. 

Le  rapport  de  Hager  fut  presque  immédiatement  approuvé  par 
l'Empereur  qui  nomma  Schiller,  Ober  Polizei  Director,  lui  accorda 
le  caractère  de  conseiller  aulique,  fixa  son  traitement  à  6.000  flo- 
rins, assura  Hager  de  toute  sa  coniiance  et  l'invita  à  lui  faire  con- 
naître toutes  les  modifications  qu'il  croirait  nécessaires  au  bien  du 
service. 


ANNEXE    VI 
(à  la  page  XXIV) 


Résumé  et  relevé  des  dépenses  de  la 
«  Polizei  Hofstelle  »  (1). 

{     Crédits.    .     .     36.756  florins 
Année    1812.     .     .     \ 

l     Dépenses  .     .    33.420      — 

1.  A.  M.  J.  Wiener  Gongress,  XX,  ad.  126.433. 


792 


Année    1813 


AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 

(     Crédits.     .     .     59.606  florins. 
/     Dépenses   .     .     52.849      — 


Année    1817. 


Crédits.     . 
Dépenses  . 


42.965  florins  (1). 
39.889      — 


ANNEXE    VII 

(à  la  page  XXIV) 

Vienne,  18  Février  1815 
Hager  à  l'Empereur  (-2). 

Il  lui  soumet  l'Etat  détaillé  des  comptes  de  la  Polizei  Hofstelle 
pour  l'année  1814  (avec  les  articles  et  pièces  justificatives,  n°  1  à 
198). 

Les  comptes,  que  l'Empereur  approuva  à  la  date  du  12  mars 
1815,  s'élevaient  à  un  total  de  63.647  florins,  46  kreuzer,  se  décom- 
posant comme  suit  : 

1.  Je  n'ai  malheureusement  pas  pu  mettre  la  main  sur  le  budget  spécial  de 
la  Polizei  Hofstelle  pour  l'année  1816. 

2.  Wiener  Congress,XX,ad  126-433.— 11  m'a  paru  curieux  d'emprunter  au  Hof 
und  Staats  Schematismus  de  1814-1815,  l'état  nominatif  des  fonctionnaires  su-» 
périeurs,  dont  se  composait  à  ce  moment  la  K.  K.  Oberste  Polizei  nnd  Cen- 
surs  Hofstelle,  doni  les  bureaux  et  les  services  étaient  installés  à  deux  pas  de 
la  Burg  et  du  Bail  Platz,  au  n"  38  de  la  Herrngasse. 

Président  :  baron  von  Hager; 
Conseiller  aulique  :  von  Ratoliska  ; 
Conseillers  de  Gouvernement  :  Ohms;  Braulik; 
Secrétaires  auliques  :  Fœrster;  Schosulan,  Torresani  ; 
Rédacteurs  (Conzipisten)  auliques  :  Biber,  Zebay; 
Commis  (Kanzlislen)  auliques  ;  Ott,  Pfiihl,  Jaschegg; 

2  garçons  de  chancellerie; 

3  messagers  de  chancellerie; 

plus  la  Censure  I.  R.  des  livres,  placée  sous  la  direction  de  la  Polizei  und 
Censurs  Hofstelle  et  se  composant  d'un  personnel  de  12  censeurs. 

En  octobre  1814  (Cf.  Oesterreichischer  Beobachter  du  8  octobre  1814, 
n"  281,  1532),  Braulik  fut  promu  conseiller  aulique,  Schosulan,  conseiller  de 
gouvernement,  Biber  secrétaire  aulique  et  Zettler  et  Ferdinand  von  Biber 
devinrent  rédacteurs. 


ANNEXES  793 

Reliquat  de  1813 -,  7.256  49 

Reçu  le  26  janvier  1814,  delà  Hofkammer.     .     .     .  12.000     » 

»     le  2  juillet        » 10.000    » 

»      du  Magistrat  de  la  ville  de  Vienne  (contribution 

annuelle) 10,000     » 

Reçu  le  1*"^  octobre  1814  de  la  Hofkammer.     .     .     .  12.000     » 

»           7  décembre     » 12.000     » 

Reçu  du  conseiller  de  gouvernement  von  Vogel,  sur  un 
reliquat  de  son  compte  pour  missions  à  l'ar- 
mée     232  50 

lîeçu  du  général  Tomasich  (reliquat) 158  07 

Total 63.647  46 

Dépenses  totales  (ci-contre) 54.136    2 

Reste  un  crédit  de 9.511  44 


Payements  faits  par  la  Polizei  Hofstelle  (année  1814)  (1) 

Florins 

1 .  Hofkriegsrath,  pour  les  Prisonniers  d'Etat,  Schnei- 

der      500     » 

2.  Baron  von  B...  (Agram),  pour  services  secrets.     .  200     » 

3.  à  von  G...i  (Garpani),son  traitement  de  décembre 

1813 180    a 

4.  au  Hofkriegsrath  von  Vogel,  à  titre  de  rembourse- 

ment       3.153  31 

5.  à  von  L...  (Leurs),  traitement  pour  janvier     .     .  100     » 

6.  à  IX.,  pour  ses  services  secrets 700     » 

7.  au  Gouvernement,  pour  200  feuilles  de  passeports  48     » 

8.  au  Hofrath  Ohms.  Dépenses  pour  mission  secrète.  125     » 

9.  à  G.  G.  Traitement  jusqu'au  14  janvier.  ...  66  40 
10.  à  l'imprimeur  Strauss,  deux  factures  de  travaux.  75  36 
IJ.   à  H.  H.  à  Presbourg,  pour  services  secrets     .     .  114     » 

12.  à  Bartholomé  de  A...,  pour  frais  de  voyage    .     .  300     » 

13.  au  Hofrath  von  Ratoliska,  pour  Vertraute  {Confi- 

dents) en  janvier 526  54 

14.  à  Hannart,  ses  journées  en  janvier 46  30 

15.  diU  Praesidium,  pour  dépenses  de  service  secret.  24l  34 

1.  A  M.  J.  Wiener  Gongress.  XX  ad  126.433.  ' 


794  AUTOUR    DU  COSGRÈS  DE    VIENNE 

Florins 

16.  à  von  L... S  reliquat  dû 419  45 

17.  au   Vertraute  à  Pest,  pour  copie  d'un  manuscrit 

remis  à  Sa  Majesté 100     » 

18.  à  Stôckl,  ses  journées  en  janvier 10  30 

19.  à  von  G... i,  son  traitement  en  janvier     ....  120    » 

20.  à  ©  ©,  pour  février 170     > 

21.  à  la  veuve  de  l'agent  Cz...y ,  109  04 

22.  à  l'Imprimeur  Strauss,  pour  travaux 43  15 

23.  à  von  L...S,  traitement  pour  février  .....  100     » 

24.  Dépenses  de  von  L...S,  pour  voyage  de  service  à 

Milan 783  04 

25.  à  X.  X  à  Pesth,  pour  service  secret 200     » 

26.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  février.     ...  66  40 

27.  à  l'agent  von  L.  G-  envoyé  à  Cracovie  150  ducats.  1.383  40 

28.  au  Hofrath  von  Ratoliska,pour  agents  en  février.  535  04 
23.   à  Hannart.  Journées  en  février 42     » 

30.  à  Z  ..g,  à  Miskolcz,  dépanses  secrètes  de   service.  100     » 

31.  à  0  0,  dépenses  secrètes  de  service 170     » 

32     à  Hebenstreit 100     » 

33.  à  Stôckl,  journées  pour  février 42     » 

34.  à  von  G...i,  dépenses  secrètes  de  service  en   fé- 

vrier   125     » 

35.  à  l'agent  C...r,  à  Salzburg 100     » 

36.  au  Regierungsrath  La  Roze,  pour  compte  d'im- 

pressions pour  la  police 200     » 

37.  à  rOber  commissâr  Peyfuss 200     » 

38.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  mara     ....  66  40 

39.  à  von  L... s,  traitement  pour  mars 100     » 

40.  à  l'agent  P...O,  à  Tyrnau,  traitement  trimestriel.  100     » 

41.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  mars  .  535  30 

42.  à  Hannart,  journées  pour  mars 46  30 

43 .  à  Radichevich,  traitement  du  premier  trimestre ,  450     » 

44.  à  von  G. .i   traitement  pour  mars 130    » 

45.  à  Stôckl,  ses  journées 46  30 

46.  à  r.  r.,  à  Vienne,  p.our  service  secret 100     » 

47.  à  1    GO  .(von  Neustâdter,  fonctionnaire  hongrois).  700     » 

48.  à  0  0^pour  service  secret  en  mars  (contre  trois 

quittances) 470     » 

49.  à  von  L... s.  Traitement  pour  avril 100     » 


150 

» 

000 

» 

66  40 

85 

» 

45 

» 

535 

30 

130 

» 

45 

» 

200 

» 

J70 

» 

136 

» 

ANNEXES  795 

Florins 

50     à  Bruxelles  par  ordre  supérieur,  pour  règlement.     1.000     » 

51.  au  Domprohsl  Justel,  à  Laibach,  pour  service  se- 

cret en  Dalmatie 

52.  à  von  Degen.  Traitement  annuol 1 

53.  à  G.  G.  Traitement  jusqu'au  14  avril 

54.  au  Proesidium,  pour  dépenses  d'un  service  secret 

55.  à  Hannart,  journées  en  avril.     .     .         .... 

56.  au  Hofsecrétâr  Schosulan,  pour  agents  en  avril    . 

57.  à  von  G... i,  traitement  pour  avril 

58.  à  Stôckl,  journées  pour  avril 

59.  à  von  L...S,  traitement  pour  mai  et  juin     .     .     . 

60.  à  0  ©  pour  mai  contre  deux  quittances     .     .     . 

61.  à  Z,..,  à  Pesth,  pour  service  secret 

62.  à  G.  G.,  traitement  trimestriel  (14  avril-14  juillet)        200 
33 .   au  Conseil  aulique  de  la  Guerre,  frais  de  transport 

pour  le  baron  Hormayr 20 

64.  à  la  veuve  de  l'agent  G, ..y,  un  quart  de  pension 

annuelle 

65.  à  X    X,  à  Pesth,  pour  service  secret 

()6.   à  von  L...S,  contre  quittance 

67.  à  1  00  ,  pour  von  Orban 1.172 

68.  au  baron  B. , .  à  Agra,  pour  service  secret  (trai- 

tement  trimestriel) 

69.  au  HofsecretârSchosulan,  pour  agents  en  mai 

70.  à  von  L.  ..s,  une  nouvelle  avance 

71 .  au  même,  traitement  pour  juillet 

.72.   à  Hannart,  journées  pour   mai 

73.  0  0,  pour  service  secret  en  mai 

74.  à  von  G... i,  pour  service  secret  en  mai     .... 
85.   à  S. .  .s,  à  Eperies 

76.  à  Stôckl,  journées  en  mai 

77.  à  l'Agent  P. .  .o,à  Tyrnau,  traitement  et  dépenses. 

78.  au  professeur  Prechtl,  rémunération 

79.  à  l'agent  von  K...  à  Salzbourg 3,884 

80.  à  Mattias,  pour  service  secret 

81.  à  Hannart,  journées  pour  juin 

82.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  juin     . 

83.  à  von  G.  .  .i,  traitement  et  dépenses  secrètes.     . 

84.  à  Stôckl,  journées  en  juin 


79 

10 

200 

» 

300 

» 

. 172  40 

400 

» 

535 

30 

300 

> 

100 

» 

46  20 

200 

» 

130 

» 

100 

» 

46  30 

105 

•» 

300 

» 

884 

12 

50 

> 

45 

» 

535  30 

130 

» 

45 

» 

796  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Florins 

85.  à  0  0,  services  secrets  en  juin   (contre  2  quit- 
tances   200     » 

86.  au  Hofconzipist  Biber,  pour  tenue  des  archives.  100     » 

87.  à  von  L...S,  traitement  pour  août 100     » 

88.  au  même,  pour  gages  de  deux  mois 200     » 

89.  à  1    oc,  pour  service  secret 700     » 

90.  à  Radichevich,  traitement  trimestriel     ....  450     » 

91.  à  von  C.  .i,  gratification  bi-mensuelle     ....  200     » 

92.  àZ...a,  à  Pesth,  pour  service  secret 32     » 

93.  à  Y.  Y.,  gratification  de  deux  mois 60     » 

94.  à  X.  X.  à  Pesth  et   à   Borsody,   gratification    de 

deux  mois 110     » 

95.  à  G.  G.  à  Presbourg,  pour  service  secret    .     .     .  133  20 

96.  à  1    00  à  Vienne 166  40 

97.  à  0  ©  à  Vienne 250     » 

98.  à  Hannart,  pour  journées  février 90     » 

99.  à  Hazy,  pour  service  secret 60     » 

100.   au  commissaire  de  police  Feuerle,  à  Milan     .     .  732     » 

102.  au  P/a?5tc?iu m,  pour  dépense  de  service  secret.     .  100     » 

103.  à  von  L...S,  solde  des  N°^  66  et  70 40     » 

104.  à  Hannart,  journées  pour  juillet 46  30 

105.  à  la  veuve  de  l'agent  G... y, pension  trimestrielle.  79  10 

106.  au  Kreiscommissâr  Auen,  pour  voyages    de  ser- 

vices à  Baden 400     » 

107.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  juillet.  535  30 

108.  à  Matthias,  pour  service  secret 50     » 

109.  à  Stôckl,  journées  pour  juillet 46  30 

110.  à  von  G. ,  .i,  traitement  pour  juillet  et  dépenses.  136     » 

111.  à  Y.  Y.,  à  Pesth,  pour  dépenses  de  service  secret,  255  10 

112.  à0  0,  pour  service  secret(avec  deux  quittances},  200     » 

113.  à  André  Sch 300     » 

114.  à  An...  à  Kaschau,  pour  service  secret     .     .     .  200     » 

115.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  août 66  40 

116.  à  X.  X.^  à  Pesth,  pour  service  secret     ....  150     » 

117.  à  Hannart,  journées  pour  avril 46  30 

118.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en    août.  535  30 

119.  à  X.  X  ,  à  Pesth,  pour  Jean  Vicenti 214    » 

120.  à  Matthias,  pour  service  secret 50     » 

121.  à  0  0,  pour  dépenses ettraitement  en  septembre.  200     » 


i 


ANNEXES  797 

Florins 

122.  à  Stôckl,  pour  journées  en  août 46  30 

123.  au  Conseil  aulique  de  la  Guerre  pour  Wallmoden.  200     » 

124.  à  von  L...S,  traitement  pour  septembre.     .     .     .  100     » 

125.  à  l'agent  W...  à  Paris  (pour  1600  fr.)     ....  560  40 

126.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  24  septembre.     .     .  66  40 

127.  à  von  C...i,  traitement  et  dépenses  en  août.     .  140     » 

128.  à  Z.  ..a,à  Pesth,  traitement  jusqu'à  fin  septembre.  116     » 

129.  aux  agents  de  classes  plus  élevées  qui  ne  donnent 

pas  quittance 800     » 

130.  à  l'agent  V,,.g,  pour  service  secret 150     » 

131.  au  Kreiscommissâr  Auen 300     » 

132.  aux  agents  d'ordre  plus  élevé  qui  ne  donnent  pas 

quittance 300     » 

133.  au  Hofsecretâr  Schosulan,  pour  agents  en  sep- 

tembre   535  30 

134.  à  Hannart,  journées  en  septembre 45     » 

135.  àF...3àOfen,  pour  service  secret 300     » 

136.  à  von  L. .  .s,  pour  dépenses  de  service  secret.     .  200     » 

137.  au  même,  traitement  pour  novembre 100     » 

138.  à  0  0,  traitement  et  dépenses  pour  octobre.     .  250     » 

139.  à  Stôckl,  journées  pour  septembre 45     » 

140.  à  Carlo  G. .  .i,  pour  service  secret 300     » 

14 1 .  à  von  C. .  .i,  pour  traitement  et  dépenses  en  sep- 

tembre   220     > 

142.  à  Matthias,  pour  service  secret 50     » 

143.  à  1    00,  pour  service  secret 700     » 

144.  à  l'agent  A. ..,  pour  service  secret 1.000     » 

145.  àG.  G.  àGries. 400     » 

146.  au  Kreiscommissâr  Auen 400     » 

147.  à  G.  G.  Traitement  jusqu'au  14  octobre.     ...  66  40 

148.  à  von  C.i,  gratification  de  deux  mois    ....  200     » 
119.    à  Von  L...S,  gratification  de  deux  mois.     .     .     .  200     » 

150.  à  0  0 230     » 

151.  à  00 166  40 

152.  à  l'agent  M.  d'un  ordre  élevé 400     » 

153.  à  m.  m.  à  Eisenstadt 50     » 

154.  à  von  L...S,  rémunération  extraordinaire  pour  ser- 

vice important 500     > 

155.  à  0  0,  pour  voitures  pour  service  secret  .     .     ,  550    > 


798 


AUTOUR   DU    COD^GRÈS    DE    VIENNE 


Florins 


156.  au  Regierungsrath  von  Vogel,  pour  solde  ...  20  20 

157.  à  l'agent  von  H.  G.,  d'un  ordre  élevé    ....  300    » 

158.  à  l'agent  G.  pour  service  secret 200     » 

159.  à  la  veuve  de  l'agent  G../y^  sa  pension  trimes- 

trielle       79  10 

160.  au  Regierungsrath  Scbosulan,  pour  agents  en  oc- 

tobre   535  30 

161.  à  Hannart.  Journées  en  octobre 40  30 

162.  à  l'agent  Matthias,  traitement  en  octobre    ...  50     » 

163.  à  Stôckl,  journées  pour  octobre 46  90 

164.  à  ©  0,  traitement  pour  novembre    .....  250     » 

165.  à  von  C...i,  pour  service  secret. 200     » 

166.  à  G.  G  ,  traitement  jusqu'au  14  novembre.     .     .  66  40 

167.  à  X.  X.,  à  Pestb  pour  service  secret 200     » 

168.  à  Y.  Y.,  à  Presbourg,  gratification  de  deux  mois.  133  20 

169.  à  von  G...i,   traitemejit  et   dÂpejases    accessoires 

pour  octobre   .     , 146     » 

170.  à  0  0,  poux  voitures     ..,..-....  450     » 

171.  à  Radichevich,  traiteineat  de  qiiatre  mois  .     .     .  600    » 

172.  àragentX...(y  compris  une  avance  de  205  florins.  600     » 

173.  à  Hannart,  journées  pour  novembre 45     » 

174.  au  Regierungsrath  Scbosulaa,  pour  agents  en  no- 

vembre  , 535  30 

175.  à  von  L,.. s,  traitement  pour  décembre    ....  100     » 

176.  à  Hannart,  gratification  de  deux  mois    .     .     ►    .  90    » 

177.  à  0  0,  double  traitement  pour  décembre.     .     .  250     » 

178.  à  l'agent  Matthias,  traitement  pour  décembre  .     .  50     » 

179.  à  l'agent  de  haut  rang  von  H 200     » 

180.  à  Hagy,  gratification  de  deux  mois 60    » 

L81.   à  von  G...i,  traitement   et    dépenses    accessoires 

pour  novembre   ...     .     , 146     » 

182.  à  l'agent  P.. .c,  à  Tyrnau,  traitemeat  semestriel.  203    » 

183.  au  Praesidium^  pour  dépenses  secrètes  ....  200    »i 

184.  à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  décembre    ...  66  41 

185.  à  von  L... s,  dépenses  pour  service  secret    .     .     .  200 

186.  à  0  0  pour  voitures.     .........  350 

187.  au  capitaine  Mayhirt,  en  courrier  à  Milan  .     .     .  250= 

188.  au  lieutenant  Boni,  en  courrier  venant  de  Milan  .  l50 

189.  au  capitaine  Mayhirt 924 


Florins 

190.  à  0  ©,pour  pourboires  du  jour  de  l'an  à  donner        400     » 

191.  à  Hannart,  journées  pour  décembre 46     » 

192.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  dé- 

cembre    535  30 

193.  à  l'agent  A 605     » 

194.  à  G.  G.  à  Presbourg,  frais  de  poste 62  13 

195.  à  l'agent  von  L... s,  son  traitement 100    » 

196.  au  Regierungsrath  Resch,  frais  de  poste.     .     .     .  186  24 

197.  à  Ettori,  pour  dépenses  du  service  secret  .     .     .  654  50 

198.  Rémunérations  habituelles  pourie  service  de  la 

caisse 450     » 

Total 54.136  02 

Reçu 63.647  45 

Reste  en  caisse     .     .  9.511  43 


ANNEXE    VIII 

(aux  pages  XXU  et  XXIV) 

Etat  des  recettes,  dépenses  et  du  reliquat  de  compte  des 
sommes  affectées  du  1<"^  janvier  1815  au  31  décembra 
1815,  au  service  des  dépenses  secrètes  de  police  avec  les 
mémoires  n"'  1  à  157  inclus  et  n°^  1  à  8  inclus  (1). 

RECETTES 

Florins 

Report  de  1814 9.274  24 

29  mars,  de  la  Hofkammer 12.000  » 

13  avril,  du  comte  de  Saurau,  reliquat  de  crédit     .     .  165  » 

Subvention  du  magistrat  de  la  ville  de  Vienne     .     .     .  10.000  » 

11  juillet,  delà /To/Tfammer 12.000  » 

9  octobre,  de  la  Hofkammer 12.000  » 

Du  capitaine  von  Mayhirt,  reliquat  des  sommes  à  lui 
versées  pour  un  voyage  en  courrier  à  Milan  (dé- 
cembre 1814) 74  18 

li  octobre,  delà  Hofkammer 12.000 

Total  ; 67.513  42 

1.  A  M.  J.  Wiener  Congrès.  Polizei  HofstellB  ISIS,  XX  ad  126,  IV. 


800  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

DÉPENSES    DE   LA    POLICE    SECRÈTE 
XX   ad    126.  IX 

Florins 

1.  à  l'agent  0  0  solde  en  janvier 250    » 

2.  à  l'agent  B.  H 200     » 

3.  à  à  Milan 809  18 

4.  à  von  L,..s 100    » 

5.  à  Ettori  pour  son  entretien 500     » 

6.  à  l'agent  1  oo  à  Vienne 800     » 

7.  à  l'agent  F,..t  à  Kaschau 400     » 

8.  à  l'agent  G   G...,  traitement  jusqu'au  14  janvier.  66  40 

9.  au  capitaine  de  chasseurs  Mayhirt  en  courrier  à 

Milan,  à  propos  de  la  conspiration  qu'on  y  a 

découverte 200     » 

9  bis.  au  même 816     » 

10.  à  l'agent  von  C.i, traitement  pour  décembre  1814.  156     » 

11.  à  l'agent  G.  Y,  à  Fûnfkirchen 100     » 

12.  à  l'agent  H.  H.  à  Presbourg 100     > 

13.  à  l'agent  L.  G.  à  Cracovie 1.910     » 

14.  à  l'agent  X 300    » 

15.  à  0  0,  frais  de  voitures 300     » 

16.  à  Hannart,  pour  ses  journées  en  janvier     ...  93    » 

17.  au  Regierungsrath  Schosulan,pour  agents  en  jan- 

vier    535  30 

18.  à  l'agent  F.  à  Ofen 350  » 

19.  à  l'agent  B.  H 200  » 

20.  à  von  C.i,  gratification 240     » 

21.  à  von  L... s,  gratification 270     » 

22.  à  0  0,  gratification 250     » 

23.  à  l'agent  A...,  dépenses  de  service  secret     .     .     .  600     » 

24.  à  G,  G.  traitement  jusqu'au  14  février  ....  66  40 

25.  à  X.  X.  à  Ofen 400    » 

26.  à  C  ..1  à  Semlin 45  80 

27.  à  Ettori,  à  Brûnn,  pour  son  entretien     ....  500     » 

28.  à  la  veuve  de  l'agent  C.  Z.  Pension  (avec   deux 

quittances) 369  26 

29.  à  0  0,  pour  voitures 300     » 

30.  à  von  L...S,  traitement  pour  février 190     » 


31. 

32. 
33, 
34. 
35. 
36. 
37. 
38. 
39. 
40. 
41. 

P2. 
43. 
44. 
45. 
46. 
47. 
48. 
49. 
50. 
51. 
52. 

53. 

54. 
55, 
56. 

57. 
58, 
59. 


60 
61 


ANNEXES  801 

Florins 

au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  fé- 
vrier   535  30 

à  Hannart,  journées  pour  février 84     » 

à  ©  ©1  pour  voitures 200     » 

à  ©  ©,  traitemer^t  pour  mars 250     » 

à  von  G... i,  traitement  pour  février 144     ;>. 

à  A,,  pour  service  secret 370  30 

à  G.  G.,  traitement  jusqu'au  14  mars     ....  66  40 

à  von  L... s,  pour  dépenses  de  service  secret      .     .  300     » 

à  G.,  pour  service  secret 200     » 

au  Prœsidium,  pour  l'agent  V.,.i 150     » 

au    Regierungsrath     Schosulan,    dépenses    pour 

voyage  à  Linz  et  à  Lambach  en  service  secret  .  377  54 

à  l'abbé  Brunazzi,  pour  service  secret     ....  200     » 

Hannart,  journées  en  Mars 93     » 

au  Regierungsrath  Schosulan, pour  agents  en  mars  535  30 

à  ©  ©,  traitement  pour  avril 250     » 

au  même,  pour  voitures 200     » 

à  von  C.  i,  pour  service  secret 200     » 

à  von  G...i,  pour  service  secret 190     » 

à  1  00  ,  pour  service  secret 800     » 

à  von  L... s,  son  traitement  pour  mars     ....  190    » 

à  G.  G...,  son  traitement  jusqu'au  14  avril  ...  66  40 
à  Radichevich,  traitement  et  remboursement  de 

dépenses    1.140     » 

à  Za...  à  Pesth 118     » 

à  von  L,..s,  son  traitement  pour  avril     ....  190     » 

à  la  veuve  de  l'agent  G...z,  pension 158  20 

à  Hannart,  journées  pour  avril 90     » 

au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  avril  535  30 

à  ©©  traitement  et  voitures  avec  deux  quittances  450     » 
à  von  Degen.  Pension  accordée  par  Sa  Majesté 
pour  services  secrets  antérieurs  et  léguée  par 
lui  aux  veuves  et  enfants  de  soldats  de  la  land- 

wehr 1.000     * 

à  von  G...i,  traitement  et  remboursement  de  dé- 
penses pour  avril 190    » 

à  G.,  y,  gratification  de  deux  mois  pour  services 

secrets 133  20 

T.  I.  51 


802  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


Florins 


62.  au  même,  traitement  pour  mai 66  40 

63.  au  commissaire   de  police  Feuerle,  pour  service 

secret 80  » 

64.  à  Fersich,  pour  service  secret 150  » 

65.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret   '.....  200  » 

66.  à  von  L...S,  solde  pour  mai 190  » 

67.  à  X.  X.  à  Pesth  (pour  service  secret) 200     » 

68.  à  Hannart,  journées  pour  mai 93  » 

69.  à  G.  G. à  Presbourg,  traitement  jusqu'au  l«r  juin  .  133  20 

70.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300  » 

^71 .   au  Regierungsrath  Schosulan,pour  agents  en  mai  535  30 

72.  à  G... g.  à  Presbourg.  Crédit  supplémentaire  ac- 

cordé   233  20 

73.  à  00  avec  deux  quittances,  traitement  pour  juil- 

let      450  » 

74.  à  von  L...S,  traitement  pour  juin 190  » 

75.  à  von  C.i,  traitement  pour  mai 190  » 

76.  au  libraire  Schaumburg,  pour  brochures     ...  26  » 

77.  au  Prœsidium,  pour  dépenses  secrètes  du  service  700  > 

78.  au  Prœsidium,  pour  dépenses  secrètes  du  service  200  » 

79.  au  baron  Ignace  von  Pôck,  pour  service  secret     .  100  » 

80.  au  personnel  du  cabinet  du  chiffre  (rémunération 

autorisée) 2.000  » 

81.  au  négociant  Haas, pour  une  tabatière  d'or  donnée 

à  l'agent  H...t 1.150  » 

82.  à  von  C.i  à  Milan 535  16 

83.  à  l'agent  Stephan  von  Hatvany,  rémunération     .  600  » 

84.  à  00,  traitement  pour  juillet  avec  2  quittances.  450  » 
85     à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300  » 

86.  au  Regiei'ungsrathSchosulan,  pour  agents  en  juin.  535  30 

87.  à  Hannart,  journées  pour  juin. 90  » 

88.  à  von  C.  ..i,  traitement  pour  juin 200  » 

89.  au  Hofsecretâr  Biber,  pour  tenue  des  archives     .  100  » 

90.  à  1  00  ,  pour  service  secret 700  » 

91.  à  G. ..g,  à  Presbourg,  traitement  jusqu'au  14  juil- 

let       133  20 , 

92.  à  von  L...S,  son  traitement  pour  juillet     .     .     .  235  >, 

93.  à  Hannart,  journées  pour  juillet 93  » 


ANNEXES  803 

Florins 

94.  à  Bernhard    Frankel   à    Presbourg,  gratification 

annuelle 50     » 

95.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  juil- 

let    .     . 535  30 

96.  à  00, traitement  pour  août  avec  deux  quittances.  450    » 

97.  à  von  C  ..i,  pour  juillet 230    » 

93.   à  von  L.,.s,  pour  août. 235     » 

99.   au  commissaire  de  police  Langwert  à  Paris,  pour 

service  secret 1.394     > 

100.  à   X.  X.  à  Pesth,  pour  service  secret     ....  200     » 

101.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 200     > 

102.  à  G. ..g,  à  Presbourg,  traitement  jusqu'au  14  août.  183  20 

103.  à" la  veuve  de  l'agent  C.z,  pension 158  20 

104.  à  la  même 13  11 

105.  au  Regierungsrath  Schosulan,pour  agents  en  août.  535  30 

106.  à  Hannart,  journées  en  août 93     » 

107.  à  S.. .8,  à  Eperies,  pour  service  secret     ....  150     » 

108.  à  00,  traitement  pour  septembre  avec  2  reçus.  450     » 

109.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300     » 

110.  à  von  L...S,  traitement  pour  septembre.     .     .     .  235     » 

111.  à  ragent  F...S,  à  Ofen 200     » 

112.  à  von  C.  .i,  traitement  pour  août 200     » 

113.  à  It...,  à  Kaschau^  pour  service  secret     ....  500     » 

114.  au  PrœsiWiu/n,  pour  agent  von  V...i 150     » 

115.  à  G... g, à Maroth, près Gûns  pour  services  secrets.  500     » 

116.  à  G. ..g,  à  Presbourg, traitement  jusqu'au  14  sep- 

tembre    166  40 

117.  au  baro'n  von  Pôck,  pour  service  secret     .     .     .  200     » 

118.  à  Hannart,  journées  septembre 90    > 

119.  au  Regierungsrath  Scbosnkn,  pour  agents  en  sep- 

tembre   .' 535  30 

120.  à  Carlo  Altieri,  pour  servie©  secret 300     » 

121 .  au  commissaire  de  police  Langwert  à  Paris,  pour 
dépenses  de  service  secret ,.  1.357   12 

122.  à  von  L...,  son  traitement  pour  octobre     .     .     .  235     » 

123.  à  00,  son  traitement  pour  octobre 250     > 

124.  à  von  Ci,  traitement  pour  septembre.     .     .     .  195     » 
135.   à  1  00  ,  pour  service  secret  ........  800     » 

[l26     à  00,  prix  convenu  pour  voitures  en  octobre    .  100     » 


804 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


Florins 


127.  à  Z... a,  à  Pesth,  pour  service  secret 142     > 

138.   à  G. ..g,  à  Presbourg,  traitement  jusqu'au    14  oc- 
tobre      .  166  40 

129.  à  It.  à  Kaschau,  pour  service  secret 400     » 

130.  à  G... g,  pour  service  secret 200     » 

131.  à  la  veuve  de  l'agent  G...z,  pension 197  53 

132.  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300     » 

133.  à  Hannart,  journées  pour  octobre 93     » 

134.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  oc- 

tobre        535  30 

135.  à  von  C.i,  traitement  pour  octobre 210     » 

136.  à  von  L,..s,  traitement  pour  novembre.     .     .     .  235     » 

137.  à  00,  traitement  pour  novembre 293  45 

138.  à  00,  forfait  pour  voitures  en  novembre     ,     .  100     » 

139.  à  G... g,  à  Presbourg,  traitement  du   14   octobre 

1815  au  14  octobre  1816 500    » 

140.  à  X.  X.  à  Pesth,  pour  service  secret     ....  300     » 

141 .  à  Carlo  Altieri,  pour  service  secret 300     » 

142.  au  Kreishauptmann  de  Jaszlo,Kriebel, pour  dépen- 

ses de  service  secret 787     » 

143.  à  Hannart,  journées  de  novembre 90     » 

144.  à  Radichevich,  traitement  du  1®'  mars  au  31  oc- 

tobre   1.320     » 

145.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  no- 

vembre   535  30 

146.  à  von  L...S,  traitement  pour  décembre  ....  235     » 

147.  au  Prœsidium,  pour  agent  von  V..,i     ....  200     » 

148.  à  von  C.i,  traitement  pour  novembre.     .     .     .  2)0     » 

149.  à  00,  traitement  pour  décembre 413  45 

160.   à  Ettori,  pour  frais  de  voyage  et  d'entretien  .     .  532  30 

151.  à  Copitar,  pour  service  secret 135     » 

152.  à   00,  traitement   et    dépenses   extraordinaires 

avec  deux  reçus 613 

153.  à  Hannart,  journées  pour  décembre 93 

154.  au  Regierungsrath  Schosulan,  pour  agents  en  dé- 

cembre       535  3C 

155.  à  von  Festenburg,  pour  service  secret  dans  la  ré- 

gion du  Rhin 270  24 


ANNEXES  805 

Florins 

156.  à  von  Festenburg-,  pour  service  secret  dans  la  ré- 

gion du  Rhin , 3.965  20 

157.  Rémunération  habituelle  au  personnel  de  la  Cour.         450     » 

Total  des  dépenses 57.639  19 

Recettes 67.513  42 

Reste  en  caisse 9.874  23 

Recettes  supplémentaires  en  1815. 

Reliquat  en  caisse  de  1814  en  ducats 126     » 

Reliquat  en  caisse  de  1814  en^kreuzer  ......         111  20 

De  la  direction  supérieure  de  la  police  pour  les  agents 
de  la  police  secrète  envoyés  en  France  et  dans 
la  région   du   Rhin  au  début   de  la   dernière 

guerre 5.000     » 

Reçu  de  la  caisse  générale  centrale  pour  le  Hofsecretâr 

Gôhausen  employé  à  Francfort 900     » 

Pour  le  même 900     » 

Reçu  du  capitaine  Mayhirt,  reliquat  des  sommes  à  lui 

données  en  décembre  18l4pour  frais  de  voyage.         113  10 
Total  des  recettes  supplémentaires.     .     .     7.150  30 

DÉPENSES 

1 .  à  l'agent  Joseph  Kaser  à  Salzbourg,   indemnités 

et  avances 1 .  000     » 

2.  au  libraire  Schaumburg,  pour  brochures    ...  78     » 

3.  frais  de  voyage  pour  la  comtesse  Seithart  Cicuta 

renvoyée  par   ordre  de  l'empereur,   dans   son 

pays  l'île  Veglia 53  15 

4 .  au  baron  von  Pôck,pour  frais  de  voyage  en  service.         225     » 

5 .  au  conseiller  impérial  royal  et  Hofsecretâr  Gôhau- 

sen à  Francfort 900     » 

6 .  au  conseiller  impérial  royal  et  Hofsecretâr  Gôhau- 

sen à  Francfort 900     > 

7 .  au  conseiller  impérial  royal  et  hofsecretâr  Gôhau- 

sen à  Francfort 808     » 


806  AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


Florins 


8.  au  conseiller  impérial  royal  et  Hofeecretâr  Gôhau- 

sen  à  Francfort 808  » 

9.  à  Ettori,  pour  son  voyage  à  Milan 200  » 

Total  des  dépenses 4.972  15 

Recettes 7J50  30 

Reste  en  caisse 2.178  15 

Vienne,  le  i'"' janvier  i8i&. 


ANNEXE     IX 

(à  la  Page  129,  pièce  160) 

WITT  (Jean  Ossipovitch,  comte  de)  (1781-1840). 

Fils  du  comte  Joseph  et  de  la  belle  Sophie  (la  belle  Phanariote 
qui  épousa  plus  tard  ie  comt«  Potocki).  Cornette  à  11  ans  aux 
Gardes  à  cheval,  il  commença  son  service  actif  à  l'âge  de  15  ans, 
passa  en  1800  aux  Chevaliers-Gardes  et  reçut  en  1801  la  croix  de 
Malte  et  le  grade  de  Colonel.  Il  était  à  Austerlitz  dans  les  cuiras- 
siers de  la  Garde  où  il  servait  depuis  1802.  Les  désagréments  du 
service  lui  firent  prendre  son  congé  en  1807.  En  1809,  il  servit 
comme  volontaire  dans  l'armée  française  et  s'occupa  en  1811  d'es- 
pionner les  Polonais,  ses  compatriotes.  Rentré  au  service  en  1812 
et  promu  général  major,  il  fut  chargé  de  former  en  Ukraine  les 
régiments  de  Cosaques  qu''il  commanda  pendant  la  campagne, 
d'abord  comme  brigadier  puis  comme  divisionnaire.  Les  cam- 
pagnes de  1813-1814  lui  valurent  la  croix  de  Saint-Georges.  Ce 
fut  en  1817  que  commença  l'activité  qu'il  déploya  pour  organiser 
les  colonies  militaires  du  Sud  à  la  tête  desquelles  il  resta  jusqu'à 
la  fin  de  sa  vie.  Commandant  des  troupes  de  réserve  pendant  la 
guerre  de  Turquie,  il  fut  nommé  général  de  cavalerie  en  1829, 
prit  une  part  active  à  la  répression  de  la  révolte  de  Pologne  et 
reçut  à  ce  moment  la  croix  de  Saint-Georges  de  2«  classe.  Gouver- 
neur militaire  de  Varsovie  pendant  quelque  temps,  puis  en  1832 
inspecteur  de  la  cavalerie  «  coloniale  »,  il  reçut  en  1835  la  croix 


ANNEXES  807 

de  Saint-André  et  en  1836  300.000  roubles  pour. avoir  brillam- 
ment organisé  «  les  fameuses  manœuvres  de  Vosnissarsk.  aux- 
quelles prirent  part  350  escadrons  de  cavalerie  et  50  bataillons 
d'iûfanterie. 

(Grand-Duc  Nicolas  Mikhailovitgh.  Portraits  Russes.) 


ANNEXE   X 

(à  la  Page  137,  pièce  164) 

ALEXANDRE  ROSSI,  MINISTRE  DE  SARDAIGNE 
A  VIENNE 

Appelé  en  1803,  sur  la  recommandation  du  favori  de  Victor- 
Emmanuel  P%  le  comte  Gordero  de  Roburent,  premier  écuyer  du 
Roi,  a  recueillir,  non  pas  en  qualité  de  Secrétaire  d'État,  mais  avec 
le  titre  de  Reggente  (Directeur)  de  la  Secrétairerie  d'Etat,  la  suc- 
cession de  Chalembert,  qui  venait  de  mourir,  Rossi  avait  déjà  à 
ce  moment  donné  plus  d'une  preuve  de  son  savoir-faire  et  de  son 
habileté. 

Dès  1794,  Gastelalfieri  l'avait  chaudement  recommandé  au  comte 
d'Hauteville  :  «  C'est,  lui  écrivait-il,  un  homme  de  réel  mérite  qui 
jouit  ici  (à  Vienne)  de  l'estime  de  tous,  et  ce  qui  le  prouve  surtout, 
c'est  que  son  mariage  n'a  pas  rencontré  l'ombre  d'opposition  de 
la  part  de  la  famille  de  très  ancienne  noblesse  à  laquelle  appartient 
sa  femme.  Tous  ses  nouveaux  parents  ont  au  contraire  pour  lui  la 
plus  vive  affection,  et  cependant  il  n'y  a  parmi  eux  que  des  per- 
sonnages d'illustre  naissance  et  investis  des  plus  hautes  charges. 
Sa  femme  [née  comtesse  Hardegg]  n'est,  il  est  vrai,  ni  jeune,  ni 
belle,  mais  très  intelligente,  très  aimable  et  pleine  d'esprit.  » 

Rien  ne  prouvait  mieux  les  mérites  de  Rossi  et  l'importance  de 
la  place  qu'ilavait  su  se  faire  à  Vienne  que  le  fait  que,  non  seule- 
ment il  n'avait  pas  de  fortune,  mais  que  son  extérieur  était  loin 
d'être  séduisant  et  que  de  plus  le  diplomate  sarde  était  d'assez  hum- 
ble origine.  Aussi  l'impression,  qu'il  produisait  au  premier  abord, 
était-elle  loin  de  prévenir  en  sa  faveur.  On  en  jugera  par  ces 
lignes  que  la  reine  Marie-Thérèse  adressait,  le  19  décembre  1803, 
à  son  beau-frère,  le   duc  de  Genevois,  le  futur  roi  Charles- Félix, 


808  AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 

aussitôt  après  avoir  vu  Rossi,  lorsqu'il  fît  à  Rome  sa  première 
apparition  à  la  cour  du  Roi  :  «  Nous  avons  ici  le  chevalier  Rossi 
avec  sa  femme,  qui  est  de  grande  naissance  et  le  prit  par  amour  ; 
et  je  ne  puis  le  concevoir  galant,  car  il  est  horrible  et  a  l'air  étique 
et  flegmatique  à  mourir.  Je  ne  le  vis  qu'à  la  première  présenta- 
tion, et  comme  il  arriva  le  même  jour  avec  la  fièvre,  il  fallut 
l'envoyer  bien  vite  se  coucher,  de  sorte  que  je  n'en  puis  rien  dire; 
mais  il  passe  pour  un  brave  homme.  Madame  a  de  l'esprit,  beau- 
coup de  mérite  et  un  ton  excellent,  étant  très  bonne  mère  de 
famille  sans  prétentions.  » 

La  reine  ne  tarda  pas  à  atténuer  la  sévérité  de  ce  premier  juge- 
ment et  à  apprécier  Rossi  à  sa  juste  valeur.  Il  lui  parut  bientôt 
moins  horrible,  peut-être  aussi  parce  qu'élevé  à  la  vieille  école  de 
la  diplomatie  piémontaise,  il  lui  prouva  bientôt  qu'il  était  un  des 
rares  diplomates  de  son  temps  à  la  hauteur  des  missions  qu'il 
était  appelé  à  remplir,  du  poste  élevé  qu'on  venait  de  lui  confier» 

(Cf.  Perrero,  /  Realidi  Savoia  nelVEsîglio,  p.  237-239). 


ANNEXE    XI 
(à  la  Page  137,  pièce  173) 

MALASPINA  (Louis,  de  la  branche  de  Pavie  des  Marquis 
de  Sannazzaro  et  Scaldesola)  (1754-1835). 

Décurion  de  Pavie,  il  reçut  en  1779  du  roi  de  Sardaigne  l'inves- 
titure de  la  moitié  du  fief  de  Sannazzaro,  puis  à  l'extinction  de 
la  branche  à  laquelle  appartenaient  ses  cousins,  l'investiture  en 
1790  de  l'autre  moitié.  Administrateur  en  1785  de  VOspedale  Mag- 
giore  de  Pavie,  en  1787  des  biens  appartenant  aux  religieux  et 
aux  œuvres  pies  de  la  province  de  Pavie,  chambellan  en  1792, 
délégué  royal  de  l'Université  en  1795,  dépossédé  de  ses  fiefs  en 
1797,  émigré  à  Vienne  en  1798,  rentré  à  Pavie  en  1814,  il  fit  la 
même  année  partie  de  la  députation  envoyée  à  l'Empereur  d'Au- 
triche. Elu  en  1814  député  à  la  Congrégation  centrale  pour  la 
province  de  Pavie,  il  reçut  à  ce  moment  la  croix  de  chevalier  de 
la  Couronne  de  fer  et  fit  partie  en  1817  de  la  députation  envoyée  à 


ANNEXES  80Î) 

François  P'"  pour  le  complimenter  à   l'occasion   de    son  mariag^e 
avec  la  princesse  Caroline  de  Bavière. 

Le  Marquis  Malaspina  était  un  littérateur  de  quelque  valeur,  un 
grand  protecteur  des  arts,  un  collectionneur  d'antiquité  et  un  pas- 
sionné voyageur. 

{Lmx.Famiglie  celebri  d'italia.  Famiglia.  Malaspina.  Tom.  XX.) 


ANNEXE   XII 
(à  la  page  156,  pièce  192) 

LA  PRINCESSE  BAGRATION 

La  comtesse  Catherine  Pawlovna  Skavronska  (1)  avait  épousé 
vers  l'année  1800,  sur  le  désir,  pour  ne  pas  dire  sur  l'ordre  de 
l'empereur  Paul  I*"",  le  prince  Pierre  Ivanovitch  Bagration,  l'hé- 
roïque général  qui  devait  mourir  le  19  septembre  1812  des  suites 
des  blessures  qu'il  avait  reçues  à  la  bataille  de  la  Moskowa.  Cette 
union,  à  cause  de  la  différence  d'âge  entre  les  deux  époux, —  près 
de  vingt  ans  —  mais  aussi  de  la  coquetterie  de  la  femme  et  des 
absences  continuelles  du  mari,  sans  cesse  en  campagne,  n'avait 
pas  été  des  plus  heureuses  ;  la  belle  princesse  Bagration  n'avait 
pas  tardé  à  s'éloigner  du  domicile  conjugal  pour  aller  se  distraire 
à  Vienne  ou  à  Carlsbad. 

Elle  était  la  fille  aînée  du  comte  Paul  Martinovitch  Skavronsky 
(1757-1793),  conseiller  intime,  ministre  de  Russie  à  Naples,  où  il 
mourut  le  23  novembre  1793.  Le  comte  Skavronsky  avait  épousé 
vers  1780  une  des  nièces  du  prince  de  Tauride,  le  fameux  Potem- 
kin,  Catherine  Wassiliewna  Engelhardt,  qui  passait  pour  une  des 
plus  belles  femmes  de  son  temps.  Il  n'eut  d'elle  que  deux  filles, 
dont  l'aînée  était  Catherine,  la  future  princesse  Bagration,  et 
l'autre,  Marie,  qui,  après  avoir  épousé  le  comte  Paul  Pahlen  (dont 
elle  eut  une  fille,  Julie,  qui  devint  la  célèbre  comtesse  Samoïloff) 
convola  en  secondes  noces,  après  avoir  obtenu  le  divorce,  avec  le 
comte  Adam  Ojarowsky. 

1.  Renseignements  dus  à  l'obligeance  de  M.Serge  Goriaïnow,  directeur  des 
Archives  d'Etat  de  Saint-Pétersbourg,  et  à  mon  ami  Henri  Prior,  neveu  du 
duc  Antoine  Litta,  l'un  des  neveux  et  héritiers  du  comte  Jules  Litta,  le  se- 
cond mari  de  la  mère  de  la  princesse  Bagration. 


810  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Après  la  mort  de  son  mari,  la  comtesse  Catherine  Wassiliewna 
Skavronska  épousa  le  31  octobre  1798,  le  comte  Jules  René  Litta 
Visconti  Arese,  vice-amiral  au  service  de  la  Russie,  que  Pie  VI 
avait  relevé  de  ses  vœux  de  chevalier  de  Malte  et  qui  devint  en 
1810  grand  échanson  de  la  Cour,  en  1814  grand  maître  de  la 
Cour  (1).  Je  n'insiste  si  longuement  sur  ce  point  qu'afin  de  mettre 
le  lecteur  un  peu  mieux  au  courant  des  faits  qui  seront  signalés  par 
les  rapports  des  agents  du  baron  Hager  et  qui  ont  trait,  les  uns 
aux  embarras  financiers  de  la  princesse  B*agration,  les  autres  à  sa 
parenté  avec  la  famille  impériale  de  Russie. 

Le  père  de  la  princesse,  le  comte  Skavronsky,  était  fils  du  comte 
Martin  Skavronsky,  général  en  chef  (1714-1778),  le  propre  neveu 
de  l'impératrice  Catherine  I'«,  seconde  femme  de  Pierre  le  Grand  (2)' 
Quant  à  sa  mère,  la  comtesse  Litta,  maîtresse  de  la  cour  de  l'Im- 
pératrice, qui  mourut  le  19  février  1829,  elle  avait  depuis  des 
années  rompu  avec  sa  fille,  dont  elle  condamnait  la  vie  de  désordres 
et  d'intrigues  (3). 

Malgré  son  immense  fortune,  la  princesse  Bagration,  comme  on 
le  verra  par  les  rapports  des  agents  de  la  Polizei  Hofsielle,  avait 
constamment  de  gros  besoins  d'argent.  Le  comte  Litta,  généreux 
envers  sa  belle-fille,  lui  fît  à  plusieurs  reprises  des  avances  s'éle. 
vantà  quelques  millions  de  roubles  qu'il  ne  voulut  pas  faire  entrer 
en  ligne  de  compte,  lorsqu'on  procéda  au  partage  de  la  fortune  de 
sa  femme.  Au  lendemain  de  son  décès  (5  février  1839),  on  trouva 
dans  son  testament  des  instructions  enjoignant  à  ses  neveux  d'Ita- 
lie, ses  héritiers  directs,  de  ne  pas  inquiéter  la  princesse  Bagra- 
tion tant  qu'elle  vivrait  (i),  mais  de  faire  valoir  leurs  créances  à 

1.  Le  comte  Litta  devint  en  1826  grand  chambellan  et  plus  tard  en  1830 
président  d'un  des  départements  du  Conseil  de  l'Empire. 

2.  Dès  son  avènement,  Catherine  avait  anobli  son  frère  unique,  Ghai'les,  et 
lui  avait  fait  don  d'énormes  domaines. 

3.  La  princesse  Bagration  finit  par  se  fixer  définitivement  à  Paris.  Après 
avoir  habité  rue  du  Mont-Blanc,  rue  de  la  Ville  de  l'Evéque  et  rue  Le  Pele- 
tier,  elle  fit  plus  tard  en  1832  l'acquisition  d'un  hôtel  faubourg  Saint-Honoré 
où  elle  épousa  le  général  anglais,  alors  encore  colonel,  sir  John  Hobart  Cara- 
doc,  lord  Howden.  Pour  les  conditions  singulières  de  cj  mariage,  cf.  Ehnest 
Daudet,  La  Police  politique,  p.  !92  et  suivantes. 

L'hôtel  que  la  princesse  Bagration  occupa  à  Paris,  était  situé  sur  l'empla- 
cement actuel  du  n"  47  du  faubourg  Saint-Honoré.  Ancien  hôtel  du  Marquis 
de  Brunoy,  il  avait  vu  passer  successivement  le  maréchal  de  Beurnonville 
qui  y  mourut  en  1821  et  le  maréchal  Marmont  qui  s'y  installa  en  1825  (Cf.  Mar- 
quis DE  RocHEGUDB,  A  travers   les  rues  de  Paris). 

4.  Jeudi  8  (juillet  1852).  «  Nous  allons  voir  la  princesse  Bagration  qui  est 
descendue  à  l'hôtel  Meinhardt,  écrit  de  Berlin^  Roger,  dans  le  Carnet  d'un 
Ténor,  p.  279-280.  Nous  la  trouvons  étendue  sur  un  canapé...  Ce  serait  une 


AÎ^ISEXES  811 

la  mort  qui  survint  en  1856.  Les  héritiers  du  comte  Litta  inten^ 
èrent  au  vicomte  Garadoc  et  au  comte  de  Blome,  le  mari  de  la 
lie  naturelle  de  la  princesse  (1),  un  procès  qui  fut  jugé  à  Paris  et 
ju'ils  perdirent  en  1859  (2). 


ANNEXE   XIII 

(à  la  page  156,  pièce  192) 

DUCHESSE    DE    SAGAN 

La  duchesse  de  Sagan  était  l'aînée  des  quatre  filles  nées  du  ma- 
•iage  du  duc  Pierre  de  Gourlande(3)  avec  la  comtesse  Anne-Char- 
otte-Dorothée  de  Medem.  Elle  se  nommait  Catherine-Wilhelmine, 
succéda  à  son  père  comme  duchesse  de  Sagan  et  mourut  en  1839. 

«  En  1800,  lit-on  dans  la  belle  préface  que  M,  Etienne  Lamy  a 
jcrite  pour  les  Souvenirs  de  la  Duchesse  de  Dino,  le  duc  Pierre  de 
ùourlande  mourut.  Ses  filles  (4),  qu'on  regardât  la  dot  ou  le  vi- 
age,  prenaient  rang  parmi  les  superbes  partis  de  l'Europe.  Moins 
le  trois  mois  après,  les  trois  aînées  étaient  pourvues.  Pour  l'aînée, 
^^ilhelmine,  son  projet  s'était  préparé  de  lui-même.  La  familiarité 
l'enfance   entre  la   jeune    fille   et  le  prince  Louis-Ferdinand   de 

emmeà  étudier.  Elle  a  prés  de  quatre-vingt-deux  ans  *,  toutes  ses  dents  et 
les  cheveux  blonds  ;  c'est  ce  qui  lui  reste  d'une  beauté  autrefois  célèbre  et 
«articulièrement  connue  de  toutes  les  têtes  couronnées  d'Europe  et  de  tous 
es  beaux  hommes  qui  passaient  le  soir  au  bout  de  l'avenue  de  son  hôlel  du 
aubourg  Saint-Honoré,  dont  les  jardins  donnent  sur  les  Champs-Elysées- 
laintenant,  c'est  vraiment  une  morte  qui  parle  ou  qui  marche.  Son  front  jaune 
t  luisant  est  excessivement  élevé.  Ses  doigts  ont  l'air  de  jeux  d'osselets. 
nie  conserve  pour  son  pied  une  adoration  qu'il  justifie  par  sa  blancheur  et 
a  petitesse.  Elle  ne  marche  que  soutenue  par  deux  domestiques.  » 

Rogern'est  pas  galant  pour  la  princesse  qu'il  vieillit  d'une  dizaine  d'an- 
tées. 

1.  Le  comte  Otto  de  Blome,  général  major  autrichien,  avait  épousé  en  1828 
fille  unique  de  la  princesse  Bagration,  Clémentine.  Née  à  Vienne,  où  tout 

3  monde  parlait  du  prince  de  Metternich  comme  de  son  père,  son  état  civil 
e  fut  réglé  qu'à  Pai  is  en  1828,  lors  de  son  mariage.  Elle  mourut  en  couches 
ans  le  Hoistein  le  29  mai  1829. 

2.  Les  héritiers  du  comte  Litta  avaient  pour  avocat  Montanelli,  le  fameux 
gitateur  italien  et  l'une  des  gloires  de  notre  barreau,  M"  Bethmont. 

3.  Divorcé  en  1772  avec  sa  première  femme,  Caroline-Louise  de  Waldeck, 
3  duc  Pierre  de  Gourlande  se  sépara  en  1778  de  sa  seconde  femme,  la  prin- 
esse  Eudoxie  Jessupow. 

4   Les  princesses  Wilhelmine,  Pauline,  Jeanne  et  Dorothée, 


812  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

Prusse  (1)  était  devenue  un  sentiment  très  tendre...  Mais  les  ma- 
riages des  princes  sont  affaires  d'Etat  et  l'Etat  a  des  raisons  que  Ift 
cœur  ne  connaît  pas... 

Wilhelmine,  blessée  de  ce  qu'elle  appelait  «  les  torts  de  la  coui 
de  Berlin  »...yo\x[ui  prouver  l'absence  de  ses  regrets  par  sa  prom 
titude    à    accepter    un    autre    époux  ;  ce  fut  le   prince   Louis   à 
Rohan...  » 

«  Elle  fixa  son  choix,  écrit  à  son  tour  la  duchesse  de  Dino  e 
parlant  du   mariage  de  sa  sœur  aînée  (2),  sur  le  prince  Louis 
Rohan,  dont  le  grand  nom,  les  malheurs  de  Témigration  et  ua 
jolie  figure,  à  laquelle  je  n'ai  jamais  trouvé  ni  noblesse  ni  esprit^ 
étaient  les  deux  seuls  titres  à  une  préférence  qui  blessa  beaucou; 
de  ses  rivaux  et  affligea  les  amis  de  notre  famille.  » 

Ni  le  mariage  de  la  duchesse  de  Sagan,  ni  ceux  de  ses  sœuri 
Pauline  et  Jeanne  ne  furent  heureux,  Pauline  épousa  un  prince  de 
Hohenzollern-Hechingen,chef  de  la  branche  aînée  des  Brandebourg, 
et  Jeanne,  un  Italien,  le  duc  d'Acerenza,  des  princes  Pignalelli. 
«  C'est,  —  dira  la  plus  célèbre  des  quatre  sœurs  de  Courlande,  la 
duchesse  de  Dino,  désireuse  d'expliquer  les  infortunes  conjugales, 
les  mécomptes  et  les  déceptions  de  ses  trois  aînées,  —  c'est  à  l'infé' 
riorité  intellectuelle  de  leurs  maris,  à  la  jeunesse  de  mes  sœurs,  à  la; 
pression  exercée  sur  elles,  à  leur  dépit,  à  tous  ces  différents  motifs  si 
peu  suffisants  pour  faire  prendre  une  résolution  dans  la  seule  grands 
question  de  la  vie  des  femmes,  qu'il  faut  attribuer  le  peu  de  bonheia 
que  mes  sœurs  ont  trouvé  dans  leur  intérieur  et  l'empressemeûf 
avec  lequel  elles  ont  profité  des  facilités  que  leur  donnaient  la  re- 
ligion protestante  et  les  usages  de  leur  pays  pour  rompre  des  nœuds 
aussi  mal  assortis  que  légèrement  formés.  » 

En  1805,  la  duchesse  de  Sagan  divorça;  deux  mois  après,  elle 
se  mariait  avec  le  prince  Wassili  Troubetzkoï.  Cette  seconde  expé- 
rience ne  fut  pas  plus  heureuse  que  la  première  et  dura  moins 
longtemps  encore,  un  an  à  peine.  En  1819,  après  quatoi'ze  ans  de 
célibat,  la  duchesse  de  Sagan  donna  sa  main  au  comte  Rodolphe 
von  der  Schulenburg.  Elle  ne  se  plut  pas  mieux  dans  cette  nou- 
velle union  que  dans  les  précédentes  et  les  deux  époux  ne  lardè- 
rent pas  à  renoncer  à  la  vie  commune.  En  1827,  la  duchesse, 
définitivement  revenue  de  ses  velléités  matrimoniales,  abjurait  le 
protestantisme. 


1.  Celui  qui  fut  tué  à  Saalfeld. 

2.  Le  mariage  eut  lieu  le  23  juin  1800. 


I 


ANNEXES  813 

ANNEXE  XIV 

(à  la  page  191,  pièce  232) 

I  FONTBRUNE 

Cet  émigré  est  âgé  de  48  à  50  ans.  C'est  un  des  hommes  que  la 
dévolution  Française  a  fait  le  plus  voyager. Il  intrigua  contre  elle 
(lès  la  convocation  des  Etats  généraux.  Il  s'arrêta  longtemps  à  Tu- 
rin, fit  plusieurs  voyages  dans  le  Midi  de  l'Italie,  en  Espagne,  en 
Angleterre,  dans  les  Cours  du  Nord,  Il  a  porté  partout  l'activité  de 
son  caractère  et  une  haine  prononcée  contre  la  République.  Il  ne 
manque  pas  d'esprit  et  a  une  certaine  connaissance  des  affaires.  Il 
est  souple,  insinuant  et  attache  une  importance  extrême  à  être  mêlé 
dans  les  affaires  politiques.  Il  aime  beaucoup  l'argent  et  est  d'un 
ci;oïsme  prononcé.  Il  voyageait,  il  y  a  deux  ans,  avec  des  passe- 
ports du  prince  de  la  Paix  et  avait  des  pleins  pouvoirs  de  ce  mi- 
nistre. Il  avait  également  des  pleins  pouvoirs  du  Prétendant.  Il  rece- 
vait des  fonds  de  la  cour  d'Espagne  et  MM.  Frey,  de  Leipzig, 
étaient  ses  banquiers  pour  cet  objet.  11  était  lié  et  en  correspon- 
dance avec  le  marquis  de  Las  Casas  et  avait  en  Suisse  des  corres- 
pondants considérables.  M.  Vallier,  ci-devant  conseiller  du  Sénat 
de  Soleure  et  l'homme  qui  gouvernait  réellement  ce  canton,  est 
l'ami  particulier  de  Fontbrune.  Il  était  son  correspondant  en  Suisse 
et  servait  de  dépôt  pour  la  correspondance.  Ce  conseiller  est  un 
homme  infiniment  instruit  et  qui  jouissait  en  Suisse  d'une  grande 
considération. 

La  maison  de  Bezenwald,  de  Soleure,  celle  peut-être  de  toute  la 
Suisse  qui  était  la  plus  prononcée  contre  la  République  Française, 
couvrait  toutes  les  démarches  de  Fontbrune  dans  cette  partie. 
Après  le  18  fructidor,  il  a  été  joindre  le  Prétendant  et  a  fait  un 
voyage  à  Madrid.  Il  était  aussi  en  correspondance  avec  le  maréchal 
de  Swarow  (Souvaroff). 

N.-B.  —  On  ne  doit  pas  confondre  ce  Fontbrune  avec  un  émigré 
du  même  nom  qui  est  aussi  à  Hambourg.  Ce  dernier  aime  aussi 
peu  que  l'autre  la  République,  mais  il  n'a  jamais,  je  crois,  intrigué 
contre  elle.  C'est  un  monsieur  agréable,  de  mœurs  extrêmement 
douces  et  d'un  caractère  bien  modéré  (1). 

1.  Archives  nationales.  Note  sans  date,  mais  présumée  de  Tan  VII. 


814  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

ANNEXE    XV 

(à  la  pag-e  205,  pièce  252) 

AURORE    DE   MARASSÉ 

J'ai  vu,  lit-on  dans  les  Souvenirs  de  la  baronne  du  MoNTBT(pag:es 
188-191),  de  singulières  existences  dans  le  grand  monde.  Il  est  quel-  f 
quefois  aussi  difficile  d'y  perdre  sa  réputation  qu'il  est  difficile  de  la  i 
conserver  dans  d'autres  occasions.  Aurore  de  Marassé,  belle, char-  | 
mante,  émigrée  sans  aucune  fortune,  sans  appui,  sans  prudence,  a  été  | 
un  de  ces  phénomènes.  Arrivée  à  Vienne,  je  ne  sais  comment,  après  ? 
avoir  émigré  avec  sa  mère  à  la  suite  du  général  Dumouriez(  1  ),elle  s'est 
vue  tout  à  coup  posée  dans  la  société.  Chanoinesse  honoraire  du 
chapitre,  de  Brûnn,  présentée  à  la  cour,  recherchée  dans  les  cote- 
ries les  plus  élégantes,  familière  avec  les  grands,  amie  des  femmes 
les  plus  légères  et  des  hommes  les  plus  dangereux  pour  la  réputa- 
tion des  jolies  femmes,  tels  que  le  prince  de  Metternich,  le  prince 
Dietrichstein  et  surtout  M.  de  Los  Rios.  C'était  une  singulière  exis-  [ 
tence  au  milieu  de  cette  diplomatie  européenne  que  celle  de  M"®  de* 
Marassé  (2)  logée  dans  les  combles  de  l'hôtel  Palm,  dans  la  com- 
pagnie de  la  princesse  Bagration  ou  à  peu  près  de  la  petite  Clé- 
mentine (fille  du  prince  de  Metternich  et  de  la  princesse   Bagra- 
tion), recevant  dans  sa  mansarde,  et  souvent  avant  d'être  levée,  les 
ambassadeurs,  les    ministres,  les    chargés    d'affaires    au    Congrès 
de   Vienne,   donnant  audience   aux  domestiques    sans   place   qui 
viennent  implorer  sa  protection  et  se  trouvant  heureuse  de  les  ser-  • 
vir  gratis  ;  protégée  et  protégeant  ;  mourant  souvent  de  faim  à  la 
lettre  ;  vêtue  de  robes  rapiécées  et  coiffée  d'un  superbe  diadème 
de  diamants  ;  recevant  des  cadeaux  de  prix  des  hommes  influents; 
se  servant  de  leurs  voitures,  de  leurs  gens,  souvent  même  à  leur   > 
insu  ;  se  montrant  partout,  malade,  exténuée,  toujours  belle,  quoique 
jaune,  pâle  et  se  tenant  très  mal  ;  attaquant  familièrement  les  plus 
grands  seigneurs  ;  répondant  à  leurs  mauvaises  plaisanteries  avec 
aplomb  et  souvent  avee  dignité;  se  fâchant  sans  rancune,  elle  était |  j 
connue  dans  la  haute  société  sous  le  nom  d'Aurore.  Les  princes 

1.  Son  père,  Jean-René  Blandine  de   Marassé,  général  de  division,  sur 
Dumouriez  dans  sa  défection  et  mourut  en  avril  1803  à  Teraesvar. 

2.  Madame,  à  cause  de  son  titre  de  chanoinesse  (notes  du  comte  de  la  Bo 
têtière,  petit-fils  et  éditeur  des  souvenirs  de  M""  du  Montât). 


ANNEXES  813 

,  t 

Congrès  l'abordaient  en  lui  donnant  la  main.  Sa  mansarde  a  sou- 
vent servi  de  point  de  réunion  à  des  diplomates  qui  espéraient 
ainsi  échapper  à  la  surveillance.  Cette  étrange  existence  était  sans 
noblesse,  sans  dignité.  Elle  avait  ses  amertumes  sans  doute,  mais 
elle  n'a  jamais  été  le  sujet  de  médisances  ni  de  calomnies  ;  Aurore 
n'avait  pas  le  sou  et  tout  le  mande  le  savait.  On  ne  comprenait  pas 
comment  elle  vivait  lorsque  ses  protectrices  les  princesses  de  Cour- 
landes  quittaient  Vienne,  mais  je  sais  bien  qu'un  matin,  elle  entra 
chez  moi,  pâle,  défaite,  anéantie,  me  priant  en  grâce  de  lui  faire 
donner  au  plus  vite  un  bouillon, parce  qu'elle  n'avait  rien  pris  de- 
puis le  départ  de  la  princesse  de  Sagan.  Il  y  avait  vingt-quatre 
heures  que  celle-ci  était  partie.  Je  me  hâtais  d'accéder  à  son  désir. 
Elle  pleura,  me  parla  avec  désespoir  de  sa  déplorable  situation.  Le 
soir,  je  la  vis  à  une  grande  soirée  chez  Razoumoffsky,  elle  était 
sémillante  Enfin,  des  amis  parvinrent  à  la  faire  placer  comme 
grande  maîtresse  chez  le  prince  régnant  de  Cobourg,  lorsqu'il 
épousa  la  princesse  de  Saxe-Gobourg-Gotha.  Le  prince  lui  avait 
jadis  promis  cette  place  en  plaisantant  quand  il  faisait  la  cour  à  la 
princesse  Bagration.  Elle  eut  l'esprit  de  prendre  cette  plaisanterie 
au  sérieux  ;  mais  la  jeune  princesse  de  Saxe-Cobourg,  jalouse  et 
extravagante,  ne  l'a  pas  gardée  longtemps. 

Renvoyée  de  cette  petite  cour  orageuse,  Aurore  a  été  aux  eaux 
d'Aix  en  Savoie.  C'est  là  que  la  Providence  lui  a  fait  rencontrer  le 
comte  de  Venanson,  noble  sarde,  excellent  homme  qui  l'a  épousée, 
et  avec  lequel  elle  vit  très  heureuse  et  très  considérée. 

Vienne,  Hiver  1818-1819. 


ANNEXE    XVI  Y 

(à  la  page  225,  pièce  280) 

Mercy  (x\ndré-Fiorimond,  comte  de)  (1771-1840),  servit  d'abord 
dans  l'armée  française.  Émigré  dès  le  début  de  la  Révolution,  il 
entra  au  service  de  l'Autriche  et  ne  tarda  pas  à  gagner  la  confiance 
de  Metternich  qui  le  protégea  et  fit  bientôt  de  lui  un  des  conseil- 
lers auliques  de  la  Chancellerie  d'État. 


ANNEXE    XVIII 

(à  la  page  312,  pièce  401) 

COMTESSE    GLARE 

Il  s'agit  très  probablement  de  la  comtesse  Glare, veuve  depuis  le 
19  juin  1802  de  John  Fitzgerald,  premier  comte  de  Glare,  chance- 
lier d'Islande,  qu'elle  avait  épousée  le  l^*"  juillet  1786.  La  comtesse, 
qui  mourut  en  novembre  1815,  était  la  fille  aînée  de  Richard  Gha- 
pel  Whaley. 


816  AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 

ANNEXE    XVÎI 

(à  la  page  263,  pièce  333) 

Pries  (Maurice,  comte  de)  (1777-1826).  Le  comte  de  Pries  avait 
pour  femme  une  princesse  de  Hohenlohe.Le  majorât  du  comte  était 
d'une  valeur  immense  ainsi  que  sa  fortune  en  seigneuries,  majorais, 
palais, collections  précieuses,  puis  sa  florissante  maison  de  banque, 
une  des  plus  considérables  et  des  mieux  accréditées  d'Europe. 
Tout  a  disparu.  Le  comte  de  Pries  est  mort  complètement  ruiné. 
Sa  femme,  belle  et  vertueuse,  l'a  précédé  de  quelques  années.  Une 
détestable  actrice  parisienne,  petite  femme  jaune  et  laide, M"^  Lom- 
bard, a  été  le  mauvais  génie  qui  s'est  attaché  au  beau  et  brillant  ; 
comte  de  Pries  et  l'a  précipité  dans  l'abîme.  Misère  si  complète  ; 
qu'il  est  mort  à  Paris  dans  un  cinquième  étage.  Son  fils  aîné  a 
épousé  labaronnePereira-Arnstein,  juive  baptisée,  fille  d'une  femme 
très  spirituelle.  On  dit  qu'il  rétablit  les  affaires,  jadis  si  florissantes, 
de  la   maison  Pries. 

M"^  Lombard,  qui  prétendait,  je  ne  sais  si  c'est  vrai,  ajoute 
l'auteur  de  ces  lignes  qui  n'est  autre  que  la  baronne  du  Montet, 
avoir  épousé  le  comte  de  Pries  veuf  de  la  princesse  de  Hohen- 
lohe,  a  épousé  bien  réellement  M.  de  G... 


i 


ANNEXES  817 

ANNEXE    XIX 

(à  la  page  327,  pièce  439) 

BENZEL-STERNAU(Ghristiaa-Ernest,comte  de)  (1767-18 19). 

Conseiller  de  régence  à  Erfurt  (17J1),  Conseiller  d'Etat  électoral 
(1803), conseiller  intime  (1804),  passé  au  service  de  Bade  (1806)  en 
qualité  de  conseiller  intime  du  département  de  la  Police,  Directeur 
du  Ministère  de  l'intérieur  (1808),  Président  du  tribunal  suprême 
à  Mannheim  (1810),  Ministre  d'Etat  et  des  Finances  du  grand-duché 
de  Francfort  (1812),  il  se  retira  presque  complètement  de  la  vie  po- 
litique à  la  fin  de  1813  lors  de  la  chute  du  grand-duché. 


ANNEXE    XX 

(à  la  page  431,  pièce  616) 

MAiLATH(Georges,comte)  (1752-1827),  depuis  1808Per5ona/i5  PrcB- 
sentiœ  Regise  et  depuis  1811  Obergespan  du  Comitat  de  Tolna. 


ANNEXE  XXI 
(à  la  page  453,  pièce  650) 

MAVROJENI  (Jean). 

Second  fils  du  voïvode  Démétrius,  né  à  Paros,  appelé  tout  jeune 
à  Constantinople  par  son  oncle  Nicolas  qu'il  suivit  à  Bucarest, 
lorsque  celui-ci  fut  nommé  hospodar  en  1787.  Il  ne  joua  aucun 
rôle  pendant  tout  le  règne  et  jusqu'à  la  fin  tragique  de  ce  prince, 
décapité  en  1790.  Il  se  réfugia  alors  à  Vienne,  où  de  1792  à  1800  il 
servit  de  correspondant  pour  la  négociation  de  ses  traites  à  son 
frère  Nicolas  établi  à  Trieste,  se  lia  avec  Rhigas  (1)  et  travailla  avec 

1.  Rhigas,  patriote  et  poète,  né  à  Valestini  en  Thessalie  en  1753,  partit  de 
Vienne  en  1797  pour  serendi'e  auprès  de  Bonaparte.  Arrêté  à  Trieste,  ramené 
à  Vienne,  il  fut  remis  en  mai  1793  au  gouverneur  turc  de  Belgrade  qui  le  fit 
décapiter. 

T.  I.  52 


818  AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 

lui  à  la  fondation  de  VHétairie,  association  secrète  qui  se  propo- 
sait de  rendre  la  liberté  aux  populations  grecques.  Mavrojéni,  en- 
voyé par  Rhigas  en  France  pour  essayer  d'intéresser  le  gouverne- 
ment au  plan  qu'ils  avaient  conçu,  échappa  ainsi  au  sort  de  son 
ami.  Combien  de  temps  resta-t-il  à  Paris? Son  biographe  Blancard 
n'est  pas  arrivé  à  le  découvrir.  On  sait  seulement  qu'il  revint  à 
Vienne,  qu'il  y  reprit  ses  relations  commerciales  avec  son  frère  de 
Trieste.  Puis  tout  à  coup,  sans  qu'on  sache  pourquoi,  on  le  voit 
en  août  1811  succéder  à  Vienne  à  Jean  Argyropoulo  en  qualité  de 
chargé  d'affaires  de  la  Légation  de  Turquie  en  Autriche,  fonctions 
qu'il  occupa  jusqu'au  mois  de  mars  1821.  11  se  retira  alors,  sur  le 
conseil  de  Metternich,à  Presbourg  où  il  resta  jusqu'au  commence- 
ment de  1832,  époque  à  laquelle  il  fut  de  nouveau  appelé  à  reprendre 
à  Vienne  ses  anciennes  fonctions  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort  sur- 
venue le  31  mars  1841. 

Cf.  Th.  Blancard,  Les  Mavrojéni,  p.  527-585). 

CHARLES  CALLIMAKI  IV, prince  de  Moldavie  de  1812  à  1819. 

Son  règne  (d'après  A.  Stourdza,  U Europe  GrierUale  et  le  rôle  his- 
torique des  Maurocordato,  p.  276)  en  Moldavie  fut  empreint  d'une 
grande  douceur.  L'ambassadeur  français  Ruffîn  loue  la  droiture 
et  la  modération  de  ce  prince  et  le  montre  favorable  à  la  Fi-ance. 
Il  fut  un  des  princes  les  plus  remarquables  des  pays  roumains  et 
attacha  son  nom  à  une  législation  importante,  de  beaucoup  supé- 
rieure à  celle  édictée  par  Karadja  en  Valachie.  Il  était  de  naissance 
roumaine  et  appartenait  à  une  ancienne  famille  noble,  originaire  de 
Bukovine.  Doué  d'une  belle  intelligence,  il  avait  un  esprit  cultivé. 
Sa  prestance  majestueuse  et  ses  belles  manières  frappaient  tout  le 
monde  et  il  sut  s'imposer.  I!  se  retira  volontairement  du  pouvoir 
et  eut  pour  successeurs  Michel  II  Soutzo  III. 

JEAN  KARADJA  (Caragea)  II. 
(Voir  page  448,  pièce  638) 

Jean  Karadja  II,  fils  de  Nicolas,  ancien  dragoman  de  la  Porte, 
prince  de  Valachie  de  1812  à  1819,  après  la  paix  de  Bucarest.  II 
paraissait  au  début  avoir  du  penchant  pour  la  France,  mais  il  ne 
tarda  pas  à  tourner  casaque  et  à  devenir  un  ennemi  acharné  des 


1 


ANNEXES 


819 


F'rançais.  Jusqu'en  1814,  à  la  restauration  des  Bourbons,  il  conserva 
une  espèce  de  neutralité  entre  la  France  et  la  Russie,  mais  dès  le 
retour  de  Louis  XVIII  en  1815,  il  démasqua  ses  batteries.  En  1819 
il  se  sauva  à  temps,  se  réfugia  en  Italie  et  eut  pour  successeur 
Alexandre  Soutzo  II. 

(D'après  A.  Stourdza,  op.  cit.) 


LES    GODES    CARAGEA  (RARADJA)  ET    GALLIMAKI 

Il  était  réservé  à  Jean  Caragea  et  à  Charles  Gallimaki  de  doter 
les  pays  roumains  d'une  législation  qui  répondit  jusqu'à  un  certain 
point  aux  véritables  besoins  de  la  population.  Les  codes  de  Gara- 
geaet  de  Gallimaki  reproduisent  l'un  et  l'autre  le  droit  romain,  mais 
pendant  que  le  code  Garagea  est  une  compilation  plus. originale, 
faite  d'après  les  collections  grecques,  celui  de  Gallimaki  n'est  que  la 
traduction  plus  ou  moins  fidèle  du  Gode  civil  autrichien,  Ge  qui  avait 
déterminé  ce  dernier  emprunt,  c'est  que  le  jurisconsulte  chargé 
par  Gallimaki  de  la  rédaction  de  son  Gode,  Flechtenmacher,  se  trou- 
vait être  un  Allemand,  qui  avait  été  appelé  de  Vienne  par  les  boyards 
Laskaraki  et  Grégoire  Stourdza  comme  instituteur  de  leurs  en- 
fants. Ges  deux  législations  furent  promulguées  en  langue  grecque 
et  la  chrysobulle  de  publication  du  Gode  Gallimaki  dit  expressé- 
ment «  qu'il  avait  été  premièrement  rédigé  dans  la  langue  néo- 
grecque, usitée  dans  le  pa,ys,  puis  traduit  en  roumain.  »  La  tra- 
duction devait  en  être  faite  par  le  même  Flechtenmacher  qui,  ayant 
séjoui'né  pendant  huit  années  en  Moldavie  (1811-1819),  avait  fini 
par  connaître  suffisamment  le  moldave.  Mais  on  ne  sait  pourquoi 
il  ne  parvint  pas  à  la  terminer.  Le  Code  de  Gallimaki  ne  fut  tra- 
duit en  roumain  qu'en  1833,  lors  de  la  nouvelle  occupation  russe  des 
principautés.  Le  Gode  de  Garagea,  au  contraire,  avait  été  traduit 
en  roumain  dès  la  première  année  de  sa  promulgation,  en  1819. 

(Alexandre  A, -G.  Stourdza,  L'Europe  Orientale  et  le  rôle  histo- 
rique des  Maurocordato^  1660-1830,  p.  267.) 


820  AUTOUR   DU  CONGRÈS   DE   VIENNE 

ANNEXE    XXII 

(à  la  page  524,  pièce  764) 

GORNAGCHIA  (Ferdinand,  baron)  (1768-1842),  né  à  Soragna, 
docteur  en  droit  à  l'âge  de  21  ans,  commença  par  être  l'avocat  des 
pauvres,  mais  ne  tarda  pas  à  occuper  divers  emplois  dans  l'admi- 
nistration des  duchés  avant  de  devenir,  d'abord  gouverneur  de 
Borgo  San  Donnino,  puis  de  Parme  même  en  1814.  Directeur  gé- 
néral des  Finances  en  1816,  il  occupa  de  1821  à  1830  la  prési- 
dence de  l'Intérieur  et  devint  au  lendemain  des  troubles  de  1831 
président  du  Conseil  d'Etat. 


ANNEXE  XXIII 

(à  la  page  625,  pièce  942) 

Saint-Clair  (Charles,  marquis  de),  entré  aux  gardes  françaises 
comme  enseigne  surnuméraire  en  1787,  émigré  et  inscrit  sur  la 
liste  de  Périgueux  à  la  date  du  23  juin  1792  comme  «  garde  du 
dernier  tyran  et  propriétaire  à  la  Trappe  près  de  Sarlat  >,  garde 
du  corps  à  Naples,  puis  capitaine  d'une  compagnie  des  Gardes  et 
«  attaché  à  l'éducation  du  prince  Léopold  »,  colonel  en  1807,  il 
suivit  le  prince  de  Hesse-Philippsthal  en  Galabre.  Ministre  de  la 
Guerre  en  1812  en  Sicile  et  en  1815  à  Naples,  lors  du  retour  de 
Ferdinand  IV. 

Alquier  dit  de  lui  en  1804  dans  sa  note  sur  les  émigrés  :  «  Il  est 
le  favori  de  la  reine.  C'est  un  homme  honnête,  tranquille  et  très 
médiocre.  La  reine  vient  de  le  faire  naturaliser.  »  (J.  Raimbaud, 
Mémoires  du  comte  Roger  de  Damas,  II,  Note  368). 


ANNEXES  821 

ANNEXE  XXIV 

(à  la  page  640,  pièce  978) 

Le  mari  de  la  comtesse  de  Raigecourt.  Il  commandait  pendant 
la  campagne  de  1814  une  brigade  de  la  division  Ignace  Hardegg, 
qui  faisait  partie  du  corps  d'armée  Jérôme  Golloredo.  Le  général- 
major  de  Raigecourt  se  trouvait  à  Dijon  avec  ses  troupes  lors  du 
passage  de  Marie-Louise  venant  de  Blois. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


A.  ...  799,  800,  801. 

Aarau.  245,  380,  456. 

Abbaye  (L'  .  Note  685. 

Abdère.  Abdériles.  710. 

Abdication   (acte  d  ).  Renonciation. 

30,  84.  Note  114,  194,  262,  263,  410, 

414,  459,  623,  626,  639. 
Abbrdben  (lord).  47,  48,  49. 
Académie  des  Sciences  (Munich),  414. 
Académie  des  Sciences   Morales  et 

Politiques.  Note  415. 
Académie  musicale.  619. 
AcBKENZA  (duc  d').  240,  423,  481,543, 

812. 
Ari"ondissements.    40,    50,    169,    287, 

403,  504,  50&,  588,  601,730,  749,  765. 
Adda  (Phebus  marquis  d').  Note  674, 
Addington  (A.).  604,  621,  717,  758. 
Adblaïdb  (Madame).  Note  640. 
Admission  (de  plénipotentiaires).  219. 
Adon.  281. 

Adresse    306,  450.  620,  741,  779. 
Adriatique  (Mer)  277. 
Affaires  Etrangères  (Ministre,  Minis- 
tère  et    Archives    des).    Note  17. 

Note  18,  43.  Note  45  Note  47.  Note 

48,  55.  Note  95.  Note  106.  Note  108. 

Note  116   Note  132,  150    Note  194. 

Note  195,  296,  311.  Note  655,    757, 

774,  787. 
Aflrram.  793,  795. 
Aic/»eii)ury^  (Maison),  138. 
AiCHHOLZ.  Note  247. 
Aigle  Noir  (Ordre  de  1'),  894. 
AoouT  (M-'d').  Note  233. 
Aglié  (Comte  Saint-Martia  d').  196, 

287. 
Ai»ne  (et  département  de  '1).    Note 

784. 
Aix  (en  Provence)  (et  parlement  d'). 

Note  197.  Note  764. 
Aix^la.  Chapelle  (et  Congrès  d').  Note 

7.    Note    40.    Note   90,    187,    530. 

Note  697. 
Aix-les-B&ins.    47,   48,    72,    367,  420, 

815. 
AiAVA.  767. 
Albbrti.  223. 
Albbrtimb  (branche  :  Saxe).  SSS. 


Albihi  (baron).  619. 

Albuféra  (duc  d'.  Voir  Suchet). 

Aldini  (comle).  86,  87,  123.  131,  146, 
201,  221,  222,  230,  238,  241,243,246, 
265,  273,  274,  281,285,  286,  312,338, 
352,  861,  369,  442,  515, 516,  598,678. 
761. 

Aleiandra-Pavlovna  (grande- 
duch'").  Note  3.  Note  138,  494. 

Alexandre  I".  Note  XXIII.  2.  Note  3, 
5,  8,  9,  12,  18,  20,  28,30-46,  54. Note 
55,  57,  68,  61,  63,64.  Note  74.  Note 
77,  81,  86,  89.  Note  96.  Note  98,100, 
102,  103,  105-109,  114,  117,  118,  120, 
123-129.  Note  134-140,  143-147,161- 
162,  167,168,  171-174,  177,  17h,180- 
194,198,  200,  205-207  Note  209,211- 
228,  230-234,  238,240,  241,  250,264, 
257,  261-270,  275,  278,  279,  290,295- 
298,301,  305,  313-319,  329-384,338- 
344,  347,  348,  351-358.  362-368,  370, 
372,  879,  382,  384,  386,  390-396,  399, 
402,  403,  413,  414,  416,  419,  422,423, 
428,  431,  434,  437,  443-449,  453,464, 
456-462,  466-474,  478-480,  483-487, 
493-498,  500,  502,  606,  508-518,  521- 
527,  531,  534,  535,  538,  540,  541,544, 
549-581.  564-572,  575,  579-588,  591, 
5J2,  596-603,  608-612,  616,  618,626, 
627,  633,  634,  638,  639.643-656.Note 
663-665,  668-672,  675,  677-681,  686- 
688.  Note  692,  693,  695,  699,  702, 
703,  705,  709-715.  720-722,  729-736, 
738,  740,  743,  744,  748-757,  762,768, 
769,  772-774,  776,  777,780, 

Alexandre  II.  Note  553. 

Albxandrb  db  MAcéooiNK.  302. 

Alexandrie  (Asi  la  Paille).  82,606. 

Alfibri  Df  SosTBGNO  (Marquis).  683, 
684,  766. 

Alger  (et  dey  d').  499. 

Allarini  (d').  378. 

Allemagne  (affaires  d')-AUemands, 
XIV.'l,  6,  8,  9,12-14,  21,  23,  25,27, 
29,  37,  40,  49,  64,  68,  69,  79.  80,  86, 
87.  Note  90,  94,  97,  100,  105,  112. 
Note  118,  120,  135,  141.  Note  146, 
149,  138,  159,  161-165,  169,170,172, 
176,  180,  186-189,  201,207-209,  212, 
213,  217,  226-228,235,  237,  242,  260, 
254-258,  262,  263,  272,  291,  294,  296, 


824 


AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 


304,  305,  309-316,  321,  327,  338,340- 
347,  349,  354-358,  365,380,385,395, 
398,  401,  408,  409.  Note  415,  423, 
424,  427-430,  439,  444,  445,  451-453, 
458,  460,477,478,  485,486,490,500, 
506,  507,  511,  512,  519,523,531,534, 
542,  545,  550-554,  561,  574,  585. Note 
592,  594,  601,617,625,626,  632,633, 
39,  649,  654-658,  6f'3,  668,  675,  681, 
682,  686,  689,  690,  698,  707,716,717, 
730,  735,   738,  740-745,  751,  765. 

Allemagne  (Empereur  d').  112,  162, 
184,  213,305-310,346,  354,  361,  379, 
439,  453,  585,  649,  654,  670,716,751, 
775. 

Allemagne  (nord  de  1').  Note  21,162, 
170,  216,237,  258,  341,342,  418,  424, 

490,  625. 

Allemagne  (sud  de  T).  34,  162,  170, 
237.  258,  342,  424,  439,  490,  529, 
616,  625. 

Allemands  (petits  Etats  et  princes). 
39,  41.  Note  75,  93,  94,  105,  158,  213, 
226,  242,252,262,264,  2-l.Note272, 
294,  305  308,  328,  345,  348,  353.354, 
361,  373.  439,  442,  450,  478.  Note 
479,  485,  490,  499,  517,  519,  523,540, 
544,  550.  Note  565,  596  Note  600, 
612,624,  634,  649,  653,  654,656,  657, 
670,  689,  690,  700,  716,  755. 

All^emeine  Zeitung.Note  39, 165,645. 

Alliance  (projets  et  traités  d').  Note 
52,  60,  61  Note  74.  Note  100,  118, 
172,  177,  189,203,240,263,347,  567, 
600,  638,  651,  689,  737,  742.  Note 
778. 

Alliance  française.  Note  15.  Note  45. 
Note  99,  347.  Note  561,  601,   616. 

Alliano  (prince  d').  326,361,426,427, 
431,442. 

Alliés  (souverains  et  quartier  général 
des).  2,  4,  9,  10,  12,  15.  Note  39. 
Note  40,  61.  Note  62,  79,  81,  88, 1 13, 
203,  207,  244,  249,  287,  293,  343,358, 

491,  517. 

Almasy  (comte).  479,  480. 
Alopeus  (comte  d').  302,  646. 
Alpes  (les).  42.  Note  196. 
Alquier,  820. 

Altieri  (Carlo).  802,  808,  804. 
Altlerchenfelderstrasse,  78. 
Allona  (et  banque  d').  99.  Note 592. 
Amalienhof.  Note  159. 
Ambassades  (et  surveillance  des).  123. 

Note  194,  219,  221,  222,325,  326. 
Ambigu  (L')  (journal).  61. 
Ambrosiana  {L').  XIV,  91. 
Amélie  DE  Brunswick.  Note  100. 
Amérique  (Etats-Unis  et  guerre  d'). 

et  Américains.  26,  301,302,378,379, 

456,  464,  465,  521,  553,  620,  662,680, 

755,  766,   768,  775,  781. 
Amiens  (et    paix  d').  Note    84,  424. 
Note  717. 


Amnistie.  395.  Note  652. 

Amsterdam.  Note  591,  679. 

An.  a...  796. 

Ancillon.  Note  589. 

Ancône.   176,  295,  314,  462,563. 

Andlau  (comte  1').  675. 

André  (d').  684,  764. 

André  Sch.,  796. 

Andromède  (L'  russe),  192. 

Angebbrg  (d').  Voir  notes  passim. 

Anglais  (journaux).  44,  465,  659,695. 

Angleterre- Anglais.  2,  4,  6,  7,  9,  10, 
13-15,  21-29,'  36,  37,  43,  44.  Note 
49,  53.  54,  57,  60,  61,  74,  83,  84. 
Note  101.  Note  102,  110,  113,  126. 
Note  139,  145,  152,  157.  162.  Note 
166,  183,  200-204,  208,  210.  215,216, 
224-229,  239,  242,  249,  258,  262,  268, 
272,  276-278,  283.  Note  286-288,  292- 
297,  305,  306,  310,  331,  332,  340,  353, 
354,  358,  364,  371,  378-380,  384,  390, 
391,  399,  400,  401.  Note  416,  431- 
434,  438,  443,  446,  454-457,  464,465, 
476,  483,489,498.  502.  504,514,521, 
527,  532,  547,  552-555,  562-565,  569, 
574.  Note  577-580,  592,  600,  601, 
617-619,  623,  630,636,638,  640,649- 
656,  658,  662,664,  669,672,  675,677, 
680,  694,  695,  704.  708.  Note  710, 
713.  Note  717,  719,  724-727,  734- 
737,  740,  742,  751.  Note  764,  766, 
771,  775,  781,  782,  813. 

Angleterre  (ambassade  d'),  21,  123. 
Note  144,  218,  219,  221,  223,  228, 
272,  490,  537,  748. 

Angoulème  (duc  d').  Note  96.  Note 
469,  764. 

Angoulème  (duchesse  d').  Note  96, 
319,  376. 

Anguissola  (comtesse  Caroline),  90. 

Anguissola  Brusga  (marquise).  Note 
90. 

Anhalt  Beknburg-Schaumburg  (Mai- 
sons d'),  308,  365,  366,  537,  592, 
600. 

Anhalt-Dessau  (Frédéric,  prince  hé- 
réditaire d'),  383. 

Anhalt-Dessau  (prince  et  maison  d'), 
308,  365. 

Anna  Pavlovna  (Grande  duchesse), 
26.  Note  715. 

Annecy,  203. 

Annexion,  Incorporation,  Réunion. 
Note  36,  187,  251,  261,  263,  290, 
299,  303,  380,  391.  496,  499,  541, 
556,  587,  594,  606,  614,  618,  657. 
Note  694,  715,  719,  720,  750.  Note 
759. 

Annonciade  (Ordre  et  collier  de  1'). 
Note  82.  Note  122. 

Annoni  (comte),  231 

Ansbach-Anspach,  6,  254,  618,  623, 
661,  719. 

Anstett  (d').  Note    XXII,  31,  73,  95, 


Mi 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


825 


102,  108-110.  113,123,  132,  133,146, 
152-154,  159,  160,   180,181,  196,197, 

202,  214,  230,  233-238,  245,  264-267, 
274,  283.  284,  303,  312,  316,  333,  338, 
343-345,  353,  361,363.  Note  365,369, 
370,  382.  386,  397,  422,  428-430,  433- 
435,  459.  460,  467,  470,  497,  510,512- 
514,  520,  539.  54S,  570,  571,585,  612, 
648,  654,696,  708,  709,  711-713,  729, 
731. 

Anstett  (M"*  d'),    109,  152,  154,  696. 

Anticipations-Scheine,   257,  348,  439. 

Antoine  (archiduc),  46. 

Amto:ne  (prince  de  Saxe).  Note XXII, 
20,  38.  Note  142,  160,  161,  Notel74, 
193,194,  212,  218,  219,  235,  256,319, 
339,  353,  373,  376,  396,  402,  473,496, 
497,  536,  565,  603,  755. 

Antonelli  (comte),  567,  716. 

Anvers  (port  et  flotte  d'),  203,  204. 

Apanage,  16, 

Apologie  (L',  brochure),  348. 

Appartement  (L'),  189,  193,  225. 

Appo.nyi  (comte),  619,  752. 

Araxs  (L').  Note  103. 

Arghi:>uc  Charles  (Hôtel  à  1'),  306. 

Arenberg  (Auguste,  prince  d').  Note 
229,  304. 

Arenberg  (Louis  Engelbcrt,  duc  d'). 
Note  229. 

Arenberg  (Philippe-Joseph,princed'). 
577. 

Arenberg  (Prosper-Louis,  prince  de  , 
228,  229,  230,245,  251,  259.  Note  577. 

Aretin  (baron  von).  Note  557. 

Argovie  (canton  d').Note  146,  380. 

Abgyropoulo  (Jean),  318. 

Armbhcsteh,  790. 

Armée  anglaise,  113,  204,  210.  Note 
286,  394,  553,  620.  Note  715. 

Armée  au  delà  du  Danube.  Note  95. 

.\rmôe  autrichienne,  19,  20,  23-25, 
31.  Note  33,  45.  54,  58,  81,  89, 
Note  92,  107.  170,  173,  196.  Note 
205.  Note  244,  254,  257,  289,  298, 
379.  Note  384,  439.  Note  507,  511, 
566,  586,  689.  Note  709,  711,  713, 
755.  Note  774,  782,  791. 

Armée  bavaroise,  6.  Note  111.  Note 
179,  235,  474.  Note  774. 

Armée  de  Condé.  Note  442.  Note 
507. 

Armée  danoise,  58. 

Armée    française,  1,    2,  18,    28,  170, 

203,  235,  258,  272,  287,  404,471,  474. 
Note  507,  511,  514,  542.  Note  592, 
684,  755,763.  Note  774,  806,  815. 

Armée  hanovrienne.  725. 

Armée    hollandaise.    Note    229,  394. 

Note  463.  Note  507, 
Armée  d'Italie,  232, 
Armée  du  Midi.  Note  2. 
Armée  Napolitaine,  35,  56.  Note  118, 

248,  517,  593. 


Armée  d'observation.  Note  93, 
Armée  d'opération.  Note  35.  Note  55. 
Armée  piémontaise,  82,  632. 
Armée  polonaise.  Note  10,  30.  Note 

44,97.    106,    173,  297,  431,  518,  521, 

524,  749,  778. 
Armée  prussienne  (et  corps  d'),  61,62, 

82.  Note  93.  Note  100,  113,  160, 172, 

173,  254,  297,  347,  357,  3  il,  394,  486, 

561,  566.   574.   Note  589,   689.. Note 

712,   755,  775. 
Armée  de  réserve.  Note  2.  Note  129. 
Armée  du  Rhin,  157. 
Armée  russe  et  grande  armée  russe. 

Note  2,  6,   20,  24,  25,  54.    Note  55. 

Note  77,  97,  103,  113.  125.  Note  133, 

135,  143,  152,  153,  160,  172,  173.  Note 

194,  341,   355.    Note  4«ti,    486,   511, 

518,  521,  524,  541,  544,  574,  585,  602, 

609,  632,  689,  711,714,  723.  Noie  774, 
Armée  saxonne,    67.   Note   162,  369, 

741. 
Armée  sicilienne,  53. 
Armée  suédoise,  38.  Note  336. 
Armée  wurterabergeoise,  217. 
Armées  alliées.   Note   90,   204,   Note 

302. 
Armements,  6,  20.  3^,  45,  54,  59,  113, 

453,  454,  570,  571,  618,  632. 
Armistice  (et  dénonciation  d').  Trêve, 

Note  107,  440.  Note  530. 
Armstrong  (Général),  464. 
Arnay  (baron  d'),  232,  285,  313,  450, 

468,  598,  634,  «66,  761. 
Arndt  (poète  allemand).  Note  41,415. 
Ahnstein   (baron),    28,   93,    100,    110. 

Note  135,  186,252,253,  338,  378,469, 

486,  543,  573,  648,  674,  675,  735,  785, 

787. 
Arnsteîn  (baronne  d'),  695. 
AROLDi-AREi.ni,  505,   ;)24. 
Arrérages.    Intérêts.    Revenus.    408, 

409,  410. 
Arrestations,  329.  335,    552,  627,  682, 

704,  718,  724,   74i,  767. 
Artois  (Comte  d'),voir  Monsieur, 
Artonne,  XV. 
Arve  (L'j,  676. 
AscHAFFENBURG.  Notc  149,  263.  Notc 

375,  390,  408,  410. 
Aspern    (et   charnu   de    bataille  d), 

261,  298. 
Assemblée  Nationale.  Note  96. 
Aster  (Colonel  baron  d'),  281. 
AsTtJRiES  (prince  dos).  Note  682, 
AuBN  (von),  796,  797. 
AiiBRSPBRG  (prince  Vincent  et  maison 

d').  Note  318,  385. 
AuERSPBRO  (Gabrielle,  princ«B3e),318, 
Augartea  (L"),    84.    Note    233,    298, 

306,  7S3,   771. 
Auge-Golies  (im).  Note  84,  128. 
AuoHRBAU.  Note  140. 
AuGSBOURG.  645,  696,  786,  787. 


AUTOUR  DU  CONGRÈS  DE  VIE>.NE 


Auguste  be  Prusse  (prince).  Note 
XXII,  437,  442,  443.  Note  472,  540, 
549. 

Auguste  -  Ferdinand  db  Prusse 
(prince).  Note  438. 

Augustenburg  (princesseCarolined'), 
671). 

Augustenburg  (princesse  douairière), 
671. 

AuMALB  (duc  d').  Note  240. 

Aurore  naissante  (L',  Loge  à  Franc- 
fort), 420. 

Austerlits.  N..te  77.  Note  108.  Note 
175.  Note  689,  806. 

Autonomie,  357. 

Autriche  (et  maison  d')- Autrichiens, 
XIX,  XXI,  XXm,  2-lû,  12,  14,  17, 
18,  19-27,  30,  34-39.  43-'.5,  48-50,  56- 
61,  66,  68,  72.  Note  74,  80-84,  88. 
Note  93,  9i,  98.  Note  100,  102,  105- 
113,  116.  Note  121,  l-.'6,  132-136. 
Noie  144,  146-148,  151-159,  162-166, 
169,  170.  Note  175-179,181,184-186, 
189-192,  200,  201,  204,  207,  213,  215, 
218-229,  232,  235-237,  239,  242-244, 
247-249,  254-258,  261-265,  269,  270, 
376,  285,  286,  295.  Note  297.  Note 
301,  305-310,  314,  316,  329-337,  340, 
343-348,354-359,  363,  367.  Note  370. 
371.  Note  375,  379,  380,  384,  385,390, 
391,  396-403.  Note  416,423, 427-429, 
436-439,  444,  451-459,  462,  466,  469, 
474,  476,  478,  485,  490,  493,  499-512, 
514.  517-519,523-526.  Note  530, 533, 
536,  537,  b40-l48,  552,  555,  556,  560- 
571,  576,  581,  585,  588.  Note  589, 
593.  598-603,  608,  612,  616-618,  «22- 
624,  630,  633-636,  646,  650,  655-658, 
667,  668,  675-678,  687-689,  690,  692, 
694,  696-699,  702-706,  708.  Note  710- 
713,  716,  719,  720,  726,  735,  737,742- 
746,  749,  751-755.  Note  759,  762,  772, 
776.  Note  778,   781-784.  815,  818. 

Autriche  Antarieare.  Note  675. 

Autriche  fias.'>e).XVIH.Note  35,S80. 
Note  729. 

Autriche  (Hante).  Note  35,  380. 

Autriche  (Impératrice  douairière  d"). 
104. 

Auvergne  (langue  d').  Note  195. 

Atala  ?  (comte).  228. 


B (von).  385,  659,  704,  793.795. 

Bade  (grand-duché  et  envoyés  du). 
Badois.  80,  92.  Note  116,  135,  164, 
169,  170.  Note  188,  235,  243,  252, 107, 
309,  328,  334,  364,  365.  Note  379,  400, 
404,  438,  439,  451,  473,  494,  495.  507, 
508,  527.  537,  540,  550.  Note  565,600, 
614,  636,  672,  675.  Note  676,  757, 
817. 


Bade  (grand-cluc  Charles  de).  46,  79, 
80.  Note  183,  198,  226,  263.  269,  270. 
Note  272,  27  i,  293,  306,  339,  365,  400, 
429,  437,  449,  451,  470,  480,  483,  484, 
495,  506,  519,522,  523,  537,  539,544, 
569.  Note  582,  584,  593.  Note  604, 
610,  611,  617,  629,  645,  649,  650,665, 
668,  «75,  691,  696,  709,  730,  743,760, 
768,  776,  779. 

Badb  :  grand-duc  Charles-Frédéric  de) . 
Note  XXII.  Note  32,  274.  Note  444. 

Bade  'grand-duc  Louis  Guillaume- 
Auguste  de).  Note  444. 

Baok  (Amélie-Frédérique,  marquise 
de).  517. 

Badb  (Wilhelmine-Louise,  princesse 
de).  Note  610. 

Badh-Durlach  (marquise  de).  Note 
139. 

Baden.  20,  30,  39.  Note  49,  51,  69,  73, 
83,  85,  95.  Note  146,  317,  353,  354, 
382,  403,  420,  506,  705-708,  758,  7  73, 
796. 

Bagration  (feld-maréchdl,  prince) . 
809. 

Bagration  (princesse).  Note  XII.  Note 
3,  76.  Note  77,  93,  95.  Note  96.133. 
Note  140, 156,  180,  188,  189, 191,  192, 
193,  200,  201,  205,  206,  212  214, 
232,  533,  234,  240,  245,  282,  286,  287, 
299,  «15,316,  317,  318.  328,  329,330. 
351,  35Î,  363,  364,  428,  429,  442,  460, 
461,  466,  467,  469,  470,  479,  480.  484, 
«16,  520,  539,  554,  560,  576,  596.  Note 
597,  600.  647,  660,  ÔSI.  Note  680, 
688,  733,  751,  753,  754,  756,772,773, 
809,  810,  811,  814,  815. 

Bairbuth  Elisabeth,  margrave  de). 
Note  199. 

Baireath.  6.  Note  17,  254, 618,  623,661. 

Balachoff  (général).  40. 

Baldacci  (baron  Antoine).  Note  79, 
745. 

Baldadsi  (maison).  Note  159. 

Bkle  (prince  évéque  de).  583.  Note 
675.  Note  676. 

BAle  (et  traité  de).  Note  31,  169,  195. 
Note  530,  738.  Note  747.  Note  774. 

Balk  (comte).  130,  131. 

Bulkans-Balhaniques  (peuples).  354, 
355. 

BaU-PUtz  (le).  Note  192.  Note  702. 

Bals  (les).  193,  200,  205,  206,  233. 

Baltique  (mer).  399. 

Bamberg.  415. 

Ba,nat  (le).  Note  70. 

Banque  de  France  (et  gouverneur  di 
la  .  Note  764. 

Banque  de  Hambourg.  628. 

Banque  nationale  d'Autriche.  781. 

Banques-Banquiers.  101.  Note  103 
136,  246,  595,  788. 

Bàr-sur-Aube  (et  combat  de),  Not|j 
264. 


INDEK    AUPHADÉTIQUE 


827 


Baradino.  78. 

Baraini.  431. 

Barbares  du  Nord  'les).  271. 

Barbaresqchs  (les).  373. 

Barber.  93. 

Barbosa.  Note  284. 

Babclay  db  Tolly  (général  comte). 
723.  Note  774. 

Bardoux.  Note  233. 

Bartholdi.  bi,  89,  90,  93,  130, 134,135, 
179,  184-186,  315,  338,  626,  736. 

Bartholomé  db  a.  793. 

B...  (Bartsch).  95,  123,  133. Note  3«5. 
386. 

BARUBfL  (?)  Abbé.  417. 

Baschkyrs  (les).  271. 

Bassano  (duc  de).  285,  286. 

Bassoni.  246. 

BatailitE  (colonel,  baron).  718. 

Bathurst  (lord).  582,  659,  725. 

Batikfol  (Louis'  XV. 

Battaglia  (Antonio).  718. 

Batthyanyi  (princesse  Louis).  486. 

Bacdblot.  281. 

Bausset  (baron  de).  312,318,  339,369, 
425,  441,  484,  614,  734,  770. 

Bautzen  (bataille  de).  415. 

Bavière-Bavaroix.  5,  6, 14,  23,  24,28,  29. 
Note  34,  37,  50,  68,  94,  98,  111,112. 
Note  120,  135,  136,  149.  Note  150, 
164,  165,  169,  170,  179,  184,  189,  199, 
235,  238,  239,243,  251,  252,  268,  263, 
271,  280,  292,  298,306,  307,  312,328, 

)  330,  331,  337,  356,  360,373,  378,  385, 
^  400,  403,  404,  427,  428,  438,  439,  451, 
458,  459,  468,474,  485,  489,  490,494, 
495,507,  537,  541,  542,  550,  567,  598, 
599,  600,  612,  613,  621,623,  632,636, 
649,652,  658,  666,  672,  681,  690,  695, 
696,  735,  737,  765.  Note  778,  781, 
788. 

Bavière  (prince  Charles  de).  Note 
XXII,  317.  328,  363,  364,  429,  487, 
438,  484,   569,  660. 

Bavière  (Louis, prince  royal  de).  Note 
XXII.  Note  120.165.  Note  179,208, 
21S.  Note  220,  259,  267,  268,  270,  271, 
298,  342,  398,  457,458,  502,  561,599, 
632,  660,  736,  744. 

Bavière  Caroline-Auguste, princesse 
de).  200,  292,  293. 

BAviÈRE(Marie-VVilhelminede  Hesse- 
Darmstadt,  reine  de).  24.  Note 
138,139,  168,218,  312,  411,  474,  521. 

Baylen (bataille, et  duc  de).Note682. 
Note  683. 

Biryonne  (et  traité  de).  397. 

Béatrice  (archiduchesse).  Note  90, 
205,  206,  339,  481. 

Bbauharnais  (Auguste,  princesse  de 
Bavière,  Vice  reine  d'Italie.)  217, 
218,  232. 

Beitulien.  Note  764. 

Beanne.  Note  712. 


Beauvai-e  (vicomte).  Voir  Lamb. 
Bbauvao  (princesse  Charles  de).  Note 

129. 
Bbck  (baron).  360,371. 
Beckers.  130,  221. 
Beb»  (von).  Note  XX. 
Bbethoven.  Note  4o2,  619. 
Besuelin  (von).  291,  557,  730. 
Belgique-Belges.   55.   Note  144,   145, 

187,  203,  251,258,  279,  298,  302,335. 

Note  336,  366.  Note    384,  394,    399, 

432,  488,  508,  595,  635,  657,  736,764. 
Belgmde.  237,272.  Note  817. 
Bbllsgardb  (feld-maréchal comte  de). 

42,76.  Note  181.  Note  221,462,471, 

678.  Note  732,  744,745,  757,  774. 
BELI.EGAHDE  (comtcsse  dc) .  Note  16, 

744,  745. 
Bellio.   138,    141,  142.    218,  328,    329, 

330,  331,  368,  359,  429,  447,  44«. 
Bellynacor.  Note  54, 
Belvédère  (le.  Varsovie).  Note  282. 
Benaky.  597. 
Bender.  723. 
Benedict.  Note  302. 
jBenét)eaf  (principauté  de). Note  9(pour 

prince  db  Bénévent,  voir  ïallet- 

rand). 
Benjamin  Constant.  294. 
BtsTVKENDORFF  ^général  de).  103. 
Be.nnigsen  (général    de).   2.  Note    55, 

244,  609,  723. 
Bbnthbim-Steinfurt  (comte  Alexis). 

486. 
Bbntinck  (comte  .  259,  260,  303,  430, 

777. 
Bbntinck  (lord  William).  209,  210,  516. 
Bbnzel-Stbrnau  (comte). 327,  771,  817. 
Beobachter  (Der  Oesterreichische).38, 

39,  106.Notell4.  Note  159,  226,322, 

323.   Note  339,  453,  454.  Note  480, 

505,  593,  598,  599,603,604,695.  Note 

743.  Note  790.  Note  792. 
Berckheim  (baron   de).   480,  701. 
Berg   (et  grand-duché    de).    2,  461. 

Note  577,  730. 
Berg  (von)  (président  de  Schâumburg- 

Lippe).  137. 
Berg  (secrétaire  de  légation.  Danois). 

Note  99. 
Bergheim   comtesse).  225. 
Berlin  (Cour  et  paix  de),  Beriinois.l, 

4,  5.   Note  7.  Note   12,  13,    15,   19. 

Note  20,  21,  24,    28,   29,  30,    34,  35, 

36,  39,  49.  Note  51,  54,  57.  58,   67. 

Note  75,  81.  Note  82.  Note  102,lCr3. 

Note  125,   140-142.  Note    144,    148- 

150,  174.    Note  175.  Note  176,  185. 

Note  220,    222,   228.  Note  259,  269, 

281,  902.  Note  317.  Note  327,  Note 

335.  Note  345,  Note  346,   363,  370. 

Note  379,  394,  400.  Note  415.  Note 

416,  438,  445.   Note  456,  461.  Note 

4€5.  Note  472,  503.  Note  530,  535- 


828 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


537,    549.    Note    553,    565,  566,  571. 

Note   589,    602,    624,  616,    646,   649, 

667,   669,   675,    699,    716,    738.    Note 

777.  Note  810,  812. 
Berliner-ZeiLung  (la).  556. 
Bernadotte.  26,  34,   39,  53,  56-58,  60, 

100,  101,  105,  111,  114,  126.165,166, 

190,    191,    193,    236.  Note    336,    337, 

338,  374,  522,  609,  623,  704. 
Berne   (et  canton  de).  Note  102,  220, 

335.  Note  370,  381.    Note  416,    607, 

631,  750.  Note  757. 
Behnsïorff  (comte).  7.  12,  15,    22,  25, 

31,  33,  34,  36,  39,  49,  53,  57,  60,  61, 

215,  543,  636,   717,  736,  738,  744. 
Beroldingen  (comte).  176,  383. 
Berry  (duc  de).  Note  26.  Note  197. 
Berthier.   Note  92.  Note  107. 
Bertrand.  XV. 

Bertrand  (général  comte;.  432. 
Bertuch.  416. 

Besançon  (et  parlementde).  Note  764. 
Besenval  (général  de).  Note  116. 
Bessarabie.  Note  3.  658. 
Besserer  (baron  .  369.  382,  558. 
Bethmann  (de).  Note  591. 
Bethmann  (M-»'  de).  338,  591. 
Bethmont.  Note  811. 
Bethusy  (comte),    327,  548,   549,    554, 

558,  564,  568,  575,  582,  583,  597,605, 

606,  697. 
Beugnot  (comte).  378,  379.  Note  684. 
Beurnonville (maréchal  de).  Note 810. 
Beust  (comtesse).  Note  615. 
B.  H.,  803. 
BiANCHi     (feld -maréchal    lieutenant, 

baron).  205. 
BiANCHi    (Nicomède).  Note  196.  Note 

679. 
BiANGO.  Note  629. 
BiBER.  Not:-  792,  796,  802. 
Bicétre.  553. 
Bielke  (von).  Note  615. 
Bielle.  430. 
Bielostock.  615,  689. 
Biencourt.  Note  589. 
Bienne  (Biel).  607,  635,  675,  747. 
BiGNON  (baron  .  Note  335. 
BiGOTTiM  (la).  282,  316,317,437,  543, 

587. 
Bihar  (comitat  de).  Note  96. 
BiLDT  (baron  de).  24,  33,336,  337,421, 

469,  543,  559,  612,  716. 
BiNDER    (baron.   41,    45,  47,    51,   253, 

256,  428,  466,   525,  526,  736. 
BiNDERMANN  (cochcr).  752. 
J?irsec/i  I district  de).  Noie  675. 

BiSCHOFFSWERDER.    530. 

BissiNGEN  (comte),  697. 

BiTZER  (von).  Note.  98.  Note  159. 

Blacas  (comte,    puis   duc  de).  Note 

703,  763. 
Blancard.  818. 
Bliescastel  (et  seigneurie  de),  149. 


Blocus  continenLaL  747. 

Blois.  821. 

Blome  (comte  de\  ministre  de  Dane- 
mark à  Pétersbourg.  143.  245. 

Blome  (Otto, comte  de, général  major 
autrichien).  811. 

Blome  (Glémentine,comtesse).811 ,814. 

Bliicher.  12.  Note  40.  Note  157.  Note 
415.  Note  712. 

Blumenhurg.  578. 

BOCKELMANN.   609. 

BoGNE   DE  Faye.  137,  221,  442,  629. 
Bohême   (la).  Note  36,  40,   49.    Note 

100.  Note  206.  Note  211.  Note  298, 

379.  Note  416,  439,  497,  531,533,566, 

689. 
BcEHNEN  (baron).  163, 199,  260,  312. 
Bollmann  (Eric).  659,  780-782. 
Bologne    (et  Université  de)  XIV,  21, 

35,  82,87,121,122,196,320,361,  381, 

412,  430,515,  573,  679,  704,  707,728, 

744. 
Bombelles  (comte  de).  257.  Note  703. 
Bombelles  (marquise  de).    Note  640. 
Bonaparte  (voir  Napoléon  et  les  Bo- 

napartes).  101. 
Bonapartistes  (les).  404, 
Boni  (lieutenant).   798. 
Bonnay  (marquis  de).  538,  656. 
BoNNEFONs.  Note  175. 
BoNSiGNORi  (mgr.).  89,  91,  92, 
BoNWART.  785. 
Borbstaedt  (von).  415,  417,  418,  419, 

615. 
Bordeaux  (duc  dn).  Note  407. 
Borgo  San  Donnino.  820. 
borgiovich.  34. 
Borgonne    122. 
Borinio.  277,  719. 
Borromée  (saint  Charles).  Note  91. 
BoRscH  (von,  représentant  du  prince 

de  la  Leyen).  29. 
BoRSODY.  796. 
BoRWiTz.  436. 
Bosiljevo.  Note  55, 
Botzen.  583. 
Bouches  de    la  Meuse    (département 

des).  Note  335. 
BouLGAKOFF  (comte)  95,  234. 
Bourbons  (les).  29,  108,  110,  114,  117, 

132,  184,  209,  223,  242,248,  262,   311, 

336,  357,   419,   429.    Note    451,   464, 

489,650.  Note  685,763,764,  819. 
Bourbonisles  (les).  357. 
BOURGEOT.  686. 
BOURGIN  (G.).  XV. 
BouTiAGuiNE.  Note  552.  Note  627, 

651,762,  763. 
BouTiNiEFF.   571,  588,  678. 
Bouvier  (Félix).  Note  116. 
Brabant.  Note  335. 
Brandebourg  (maison  de)  812. 
Brandeburg-Schwedt      (Frédériqi 

Dorothée  de).    Note  41. 


i 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


829 


Braulik.  52,   785,  786,  789,  790.  Note 
ï!       792. 

I  Braun  (colonel  prussien).  584. 
i  Braun    (baron),   ministre    de    Hesse- 
I       Darmstadt).  9,  13,  16,  18,24,  27,  43, 
;!       46,  54.  59,  79,  98. 
'I  Braun  (von),  conseiller  aulique.  360. 
!  Breilenlee.  705. 
!  Brème.  158,  306.  Note  379,  400. 
■  Brésil.  Note  75.  Note  80,  271,590. 

lïaÉsiL  (princesse  du).  Note  749. 
'  Breslan.  Note  157. 
,  Bressac.303 
Bressler.  634. 
Bresson  de  Valensole.  474,  558,  563, 

564,  646,660. 
Brest  (Litowski).  689,  723. 
HuETBuiL  (comte  de).  Note  303. 
Bhetfeld.  428. 
lÎREUNiNG  (général-major  von).  Note 

&8.  Note  159 
Brienne  (et  combat  de).  Note  264. 
Brighton.  554. 
;    BRiGmo  [marquis).  326. 
Brigitten-Au.  Note  84. 
Brignole  (comte  de).  Note  148,  312, 
318,  352,  369,  382,  420,  441,  456,  472, 
473,  614,  695,  697,   705,  728,  758. 
Brignqle  (marquis  de).  85,    122,  123, 
132,141,  147,  148,150,201,  209,210, 
294,  320,  369,  376,  424,504,505,527. 
Note  529. 
Brignole  (marquise  de).  148,  376,  377, 

695. 
Brisgan  (Le)  (Brisgovie).46,  169,451. 
Brochures,  294,  295,  347,  386,  387,  652, 

702,  727. 
Broglib  (duc  de).  Note  250,  319,  375. 

Note  709. 
Bromberg.  608,  645. 
Broniewski  (comte).  612. 
Broughton.  281,  616. 
Brozim.  Note  76. 
Bruce  (Michel).  Note  166. 
Bruchsal.  36,  37,  41,  109. 
Bruck  sur  la  Lcilha  (et  manœuvres 

de).  257. 
IÎRUNACCI.  326. 

liRUNAZzi  (abbé).  209,  210,  801. 
Ilrunn.  XXI.  Note  32,   46.  Note  100. 

Note  107,  787,  800. 
BuuNOY  (marquis  de).  Note  810. 
iirunswick.  Note  2,158,306,   307,308, 

551,  750,  751. 
Brunswick- Wolfenbvittel  (Frédéric- 
Guillaume,  duc  de).   140,  250,  364, 
365,  517,  550.  Note    565,  582.  Note 
592. 

BRUNSWICK-WOLFENBÏiTTBL    (AugUStC- 

Caroline,  princesse  de).  Note  216. 
Bruxelles.  48.  Note  84.  Note  96,  210, 

211,  229,    291.  Note    432,   530,  531, 

595,  795. 
BuBNA  (général  comte).  175,  709. 


Bucharest  et  paix  de).  Note  95,  447, 
817,  818. 

Bochwieser  (Katinka),  600. 

BiicKEBURG    prince).  307 

Bude.  111.  177,  178,  183,  436,  786. 

Budget.  Note  XX.  Note  XXIV. 

Bug    Le).  608. 

BiJHLER  (baron).  383,  423,  435,  481. 

Bukoivine  (La),  658,  711,  722,  818. 

Bulgarie, Bulgares.  355. 

BuLow  (von,  général-major  danois). 
Note  99. 

BuLOvi'  (comte  de).  17,531. 

Bundestag  (voir  diète). 

BuoL  Schauenstein  (comte).  393. 

Bureau  militaire.  790. 

Bureaux  d'écriture.  120,  124. 

Burg  (La)  (et  rapport  des  gens  de  ser- 
vice à  la).  Note  XXIIl,  80,  104, 123, 
124,  126,  138,  139.  Note  159.  Note 
189,  198,  272,  299,  304,  352,  498,  508, 
556.    Note  792. 

Bûrgerspital.  Note  159. 

Burg-Theater  (Le).  Note  192. 

Burgraviat  Impérial  du  Rhin.  158. 

BuTASsY  (chevalier).  549. 


Caballini  (de).  752. 

Cabinet    Noir.    XI,    XIV,   XX,  XXI, 

XXII.    Note  5,  25.  Note  44,  46,  47, 

56,  435,  466,  472,  473,  505,  616,   725, 

768,  786,  788. 
Cabinet  secret  (de  l'Empereur).  XII, 

351,  7-^3,   785. 
Cadix  (et  Junte  de).  Note  712. 
Gadoudal  (et  complot  de).  Note  407. 

Note  652. 
Calahre.  Calabrais.  110,  820. 
Calais.  40. 

Callenberg  (comte).  Note  402,  486. 
Callenberg    (comtese)    263,  401, 402, 

426,  469,  486. 
Callimachi  (Charles  IV).  453,  454,477, 

546.  Note  555,  603,  658,  818,  819. 
Cambrai.  280 
Campbell  (Général).  277. 
Campochiaro  (duc  de).  108,  127,  128, 

131,  136,  177,  209,  221,223,230,238, 

245,  2  47,  248,  264,  26!),  274,285,304, 

346.  3 il,   369,  370,  388,  389,401,499, 

565,  611,  677,  692. 
Campoformio  (et  traité  de  .  77.  Note 

111. 
Canning  (sir  Stratford).281,  528,  582. 

Note   596,   604,   621,    631,    717,    736 

758. 
Canosa  (prince  de).  629. 
Canova.  209. 

Cantonnements.  VIII.  «58,  723. 
Capitani  di  Sbttala (comte  Louis  de). 

Note  90. 


830 


AUTOUR   DU   CONGRÈS   DE   VIENNE 


Capitale  (le).  Note  102. 

Capitulations.  58. 

Gapod'Istria  (comte).  195,196,  275,  277, 
310,  311,494,  5i3,  568,  575,  582,583, 
593,605,  607,  614,  631,  646,687,717, 
721,728,  729,  738,740,751,769,773. 
774. 

Gappel.  637. 

Cappellini  (D').  23i. 

Garacgiolo    (Luzio),    voir   Hoccxho- 

MANA. 

Garadoc  (sir  John  Hobart,  lord  How- 
den,  général  anglais).  Note  810,811. 
Garaffa  (cardinal).  Note  121. 
Garaman  (marquis,  puis  duc  de).  345, 

346,  535,  536. 
Garamelli  (régiment  de  cuirassiers). 

VIII. 
Gariati    (prince).    50,  63,  56,  58,  77, 
117,127,128,  131,146,  223,  230,  238, 
243',  259,  264,  26'.',  281,  304,  326,,  338, 
346,  361,  369,  370,  431,  499,  677. 
Garicatures.  239,  299,  368. 
Garignan  (maison  de  .  587. 
Carinihie  (la).  Note  35. 
Garlo  G...I,  797. 
Garlos  (don).  Note  78. 
Carisbad.  773,  809. 
Carlstadt.  Note  55. 
Garmagnols  (les).  452. 
Garneville  (comtesse  de).  659. 
Carneville  (comte).  539,  771. 
Carniole  (la).  Note  35. 
Gaholine-Augusta  (princesse  de  Ba- 
vière). 62,  63,  69,  70,  809. 
Garoline  de  Brunswick  (princesse). 

Note  373. 
Garoline  Mubat.  Note  XXII, 56, 245, 

401,  402,  578,  579,  659,  660. 
Garom  (Pierre).  XV. 
Garpani.  660,  793-798,  800-804. 
Garrascosa  (général).  Note  563. 
Garrousel  (le).  525,  526,  585,  593,  607, 

639. 
Gasa  Flores  (comte).  589,  629. 
Gasanova  (E.).  XIV. 
Gaselli.  87. 

Gassel.  Note  77.  Note  103.  Note  140. 
Note  176,  204.  Note  292,  370.  Note 
372,  530.  Note  592,  739. 
Gastakos  (duc    de  Baylen,  général). 

682. 
Gastelalfer  (comte).  75,131,  136,296, 

327,  404,  684,  807. 
Gastelcicala  (Fabrizio  Ruffo,  prince 

de).  620,  659. 
Gastsgma  (comte).  314. 
Casiiglione  (et  principauté  de).  Note 

102. 
Gastiglioni.  728. 

C asti! le  >.et  conseil  de).  Note  683. 
Gastlereagh  (lord).  Note  xxn,  lO,   13, 
22,  25,  32,  47,  48,  83.  84,88,  93,  94,  99, 
100,   101,125,127,  128,133,135,  136, 


138,  141,  144,147,  150,  163,  164,  179, 
181,  208.  Note  209,  211-213,  215-217, 
237,238,246.  Note  248  Note  -249,253, 
254,  258,263,264,  280,  281.  Note  282, 
286-289,  291,  294,  296.  Note  297,299, 
300,  303,  304,  309,  310,  312,328,  331- 
333,  368-370.  Note  391.  Note  306, 
401.  Note  407,  420-424,428,431,435, 
436,  Note  441,  450,  464,  465.  Note 
466,  475-478,  488,  489,  492,  496-501, 
514,  527,  528,  533,534,  546-548,  550, 
560.  Note  565,  566-571,  581.  Note 
597,  600,  605,  630,  638,641,  645,646, 
658.  Noie  663,  664, 668, 669.  Note  692, 
697.Note702,715,  716.  Note  717,720, 
721,  725-727,  730,  731,  734,  736,739. 
Note  742,  746,  756,  763,  765.  Note  767, 
768,769,  777. 

Gastlereagh  vlady).  295,  296,312,383, 
498,  736. 

Gastro  (chevalier  Ferez  de).  78,  88, 
119,  127,  128.  262. 

Gastro  (M"«  de).  78. 

Catalogne  (la,  et  places  dei.  682. 

Gathcart  (lord).  286,291,  303,397,433, 

525,  528,  748. 
Gathcart  (major).  281. 
Gathbrine  I".    810. 

Gatherinb  II.  Note  64.  Note  117,  162, 
639. 

Gathbrine  (grande-duchesse).  Note 
XXII,  16,  17,  18,  25,  26,  31,  32,  42-43, 
53,  54,  61-63,  69-73,  98,  112,  127, 
198,  207,208,231,  238,  275,  317,348, 
368,  398,  399.  459    469,  494,  495,  509, 

526,  558,  616,  645,  677-679,  687,  698, 
726,  743,  751,  773. 

Gathbrine  (ex-reine  de  Westphalie, 
comtesse  de  Hartz  .  Note  xxii. 
Note  322,  472.  Note  573,  574,  659. 

Gatholicisme.  416. 

Gaton.  424. 

Cattaro  (et  Bouches  de:.  214,  215. 

Gattoir.  116. 

Caucase.  Note  55. 

Gaulaincourt.  149. 

Gavagna  (marquis).  579, 

Gavalerie  autrichienne.  658. 

Gbllini.  65. 

Gensure  et  censeur,  viii.  xx.  66,  387, 
506,  556,  571,  695,  710,  786,  790. Note 
792. 

Gent-Jours  (les).  Note  322.  Noie  589. 
Note  764. 

Gercle  (le,  à  la  Gour  ,  191. 

Gercles  (et  directeurs  de).  63,  68, 112,    > 
158,  169,  176. 

Gessions,  concessions,  remanie- 
ments territoriaux.  2,  5,6,  169,235, 
239,  263,  277,287,  288,  294,298,  332, 
340,  342,  347,  361,  367,  374,  486,500, 
532,  546,  556,  563,  581,  599,  617,  626,  ;| 
648,  655,  657,  658.  664,  669,  695,  696, 
711,  716,   722,   729,  748,    753,   762. 


INDBX   ^ALPHABÉTIQUE 


831 


Cbvali-os.  682,  767. 

Chablais  (le  .  288,  676. 

CHALEMnnnr  (comle  de).  807. 

Ckallaye.  796. 

Chaloupes  canonnières.  658. 

Chambre  des  Communes.  Note  621. 

Noie  7  6. 
Chambre  des  Députés.  Note  41. 
Chambre  des  Pairs.  Note  652. 
CfiAjnplain   (lac  et  bataille  du).  456, 

«27. 
Champs-Elysées  (les). Note  811. 
Chancelleries  et  Chancellerie  d'Etat. 

Note  12,  42,  45,  Note  65,  75,  83.  84. 

Note  90,  142.  Note  176,  225.   Note 

271,295,296.  308,  3Jl.  353,  354,385. 

Note  412.  428,  520,  604,776,785-787, 

815. 
Change   cours  du).  100,  101. 
Chantilly  13. 
Chapuis  M"«).  2571. 
Chapuisat  (E.).  XIV.  Note    370,  Note 

641. 
Charleroi.  280. 
Charles  (archiduc).  Note  xxii,  31,  32, 

35,  42,  46,  53.54,  61.  Note  62,69-73, 

82,  98,  104,  112.  113,  127.  Note  175. 

198.  208,  231,  281,298,  312,  418,639. 

Note  677,  712. 
Charles  IV  (ci-devant  roid'Espagne). 

33,  45    Note  545. 
Charles  IV(ducde  Parme).  .Note  285. 
Charles  X  (roi  de  France).  Note  96. 

Note  652. 
Charles XIII (roi  de  Suède).  Note  746. 
Charles-Albert  (roi  de  Sardaigne). 

Note  683. 
Charles- FÉLIX    (roi    de    Sardaigne). 

Note  82.  Note  683,  807. 
Charles-Louis  (Infant).  48.  284,  285, 

559,  576. 
Charlotte  (princesse    royale    d'An- 
gleterre). 26.  Note  715. 
Charlottenburg .  Note  530. 
Charte  (La).  463. 
Chasseurs  à  cheval  (2"=  régiment  de 

—  italiens).  Note  744. 
Chasseurs  russes  (régiments  de),  723. 
Chateaubriand.  652,  763. 
Chatillon    (et  conférences  de),  Note 

49.  Note  51. 
Chaamont  (et  traité  de).  734. 
CHéRéMÉTiEFF  (comtc).  Notc  76. 
Chevaliers-Gardes    (régiment    des). 

Note  751,  806. 
Ghevau-légers  bavarois.  Note  264. 
Chevau-légers  de  la   Garde.  Note  44. 
Cfùaja  (Naples).  579. 
Chiavenna.  277,719.  Note  759. 
Chiesb  (M"*).  91. 
Chiffons.  XI.    273,  274,  319-324,  338, 

375-380,  381,  388,   390,392,  393,  397, 

404-412,  430,  441,  457,  467,  468,  471, 

492,505,  550,573,  582,  592,  605,  611, 


621,  629,  633,641,  642,  659,  710,718, 

738,  739,  768. 
Chiffre  (et   cabinet  du)  et  déchiffre- 
ment. XXI,  XXII,  628,637,  659,  663, 

678,  788. 
Chioggia  (et  évéque  de),  91. 
Ghotbk  (comte).  257. 
Chotek  (comtesse).  486. 
Chrétienté  (La).  271. 
Christian  (prince  de  Danemark).  Note 

2,   5,  28,  34,  38,  58,  61,  671. 
Christian    VII  (roi    de    Danemark). 

Note  38.  Note  99.  Note  671. 
CHnisTiANi.  Note  99. 
Christiania  (et  golfe    de).  Note  125. 
Christine  (archiduchesse  Marie-).  62. 

Note  316. 
Chypre  (et  roi  de).  203. 
Cinq  (Les).  Note  179.  Note  756. 
Cisalpine  (République).  87.  Note  121. 

Note  201,  719. 
Civita-Vrechia.  499. 
C...1.  860. 
Clam  (Comte).  45, 
Clam-Martinitz   (Major,  comte).  24. 

Note  124. 
Clamecy.  Note  221. 
Clangarty    (lord).  Note    XXII.   145, 

281,  303,  371,  435,    527,   549.  Notes 

562,  582,  596,  605,  659,  734. 
Glare  (John  Fitzgerald,  comte).  816. 
Clare  (comtesse).  312,  398,  816. 
Clarke,  334. 
Clary  (comte).  327,  760. 
Clary    (comtesse,  veuve).   223,    234, 

303,  312. 
Clart  (Léontine).  Note  167. 
Clary  (Mathilde).  Note  167. 
Clément  (prince  deDanemarck).Note 

175, 
C^ÉOPATRE  (La,  de  Courlande),  192. 
Cléricalisme.  41*1. 
Club   VVesphalien.  659. 
Coalition.  Coalisés.  Note  51.  Note  99, 

177,   190,    194.    Note  255,  350,   446, 

483,  516,  574,  599,  712. 
CoBENZL  (comte).  Note  12. 
GoBENZL  (comtesse).  486. 
Coblentz-Coblence.  Note  67,  187,  463, 

613,  700. 
Code  Napoléon  (et  Abrogation  du). 

566. 
Colberg.  Note  416. 
CoLLOREDOifeld-maréchal comte).  257. 
CoLLOREDO  (Jérôme,  comte,  feldzeug- 

meister).  79,  205,  821. 
GoLLOREDO  (comtesse  douairière).  481, 

486. 
CoLLOHEDO   Caroline).  Voir  princesse 

Trauttmansddrff. 
Colloredo-Crenne  VILLE    (  comtcsse). 

366,  367,  486,  592. 
Colloredo-Mansfeld  (princesse).  163, 

200,  472,  486. 


832 


AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


Cologne  ei  électeur  de).  2.  Note  176, 

187.  Note  462.  Note  530. 
Cologne  (et  bateliers  de).  272,  352, 451 . 

Colonies  (et  ministre  des)   Note  45. 

Colonies  militaires  du  Sud  (Russie). 
806. 

Comitats  (les).  509. 

Comités-Commissions.  477,  655. 

Comité  des  affaires  d'Allemagne.  Note 
468.  Note  490,  519,  523,  537,  596, 
637,  668,  707. 

Comité  exécutif.  404. 

Comité  militaire.  Note  468. 

Commission  des  affaires  de  Gênes. 
527,  632,  694. 

Commission  des  affaires  de  la  Suisse. 
582,  (;05-607,  635,  644,  649,  653,  675, 
717,  747,  750.  Note  769.  Note  774. 

Commission  des  Etrangers  {Freniden- 
cummissiùn).  790. 

Commission  pour  la  libre  navigation 
des  rivières    Note  758. 

Commission  putrichienne  de  gouver- 
nement provisoire  de  Parme).  44. 

Commission  des  limites.  288. 

Commission  italienne.  350,  477. 

Commission  mixte.  732. 

Commission  de  statistique.  721. 

Concentration  (de  troupes).  49,  113, 
258. 

Conclave  (Le).  481. 

Concordat  (Le  .  Note  121,  385,  716. 

CoNFALOJJiERi  (comtc).  Notc  122 

CoNFALONiERi  (comtesse  Thérèse). 
Note  90. 

Confédération  du  Rhin.  Note  100.  Note 
149,  151, 189,  250,  263.  Note  272,  408. 
Note  577. 

Confédération  germanique.  63, 94, 112, 
113,  136,  170.  Note  180.  Note  259, 
263,  305,  309,  310,  357,  359,  378,  379, 
424,  445,  446,  489,  4  '0,  508,  519,  541, 
545,  552,  612,  6^4,  658.  Note  777,  778. 

Confédération  helvétique.  Note  264. 
Note  370.  Note  416,  439,  607.  Note 
621,  653.  Note  676,  750. 

Conférences-Délibérations,  xiv,  10, 
17,  25,  31,  37,  43,  57,  60,  63,  69,  70, 
80,  88,  105,  135,  161,  174,  177,  179, 
199,200,  201,  208,  213,  218,  219,  234, 
247-250,  253,  269,  290,  291,  304,  305, 
307-310,  325,  334,  358,  359,  362,  363, 
365, 385,  386, 391.  Note  407,  420,  421, 
427,  435,  436,  441,  450,  453,  457,  465, 
489,  490,  492,  494.  Note  500,  506,  507, 
523,  529,  546,  565,  567,  584,  611,  629, 
631,  637.  646,  647,  649,  655,  666,  671, 
686,707,  710.  713,722.  Note  737,  748- 
750.  Note  761. 

Congrès  de  Vienne  (Ajournements, 
Délibérations,  etc.,  du),  vu,  ix-xi, 
XIII,  xx-xxiii,  6,  7,  9,  11-15,  17- 
19,  21-34,  40,  41,  45-51,  55,  56,  59. 
Note  74,  78-93.  Note  95,  Note  100- 


102,  105.  Note  108.  Note  110.  Note 
111,  115,  117.  Note  120-123,  Note 
131.  Note  133,  135,  138.  Note  140. 
142,  144,  150-154.  Note  157,  160,  165, 
169,  Note  174.  Note  179,  180,  183- 
187,  190,  193,  194,  201-204,209,215- 
219,  225,  226.  Note  229,  231,  232, 
238,  241,  242,  248,  249,  256-260,  263- 
266,  269-271,  281.  Note  284-286,  289, 
291,  296-302,  306-309,  312-315,  327, 
331,  33G. Note  339,  340-351,357-363, 
367,  371,  373,  378,  379,  385.  387,  393, 
395-398,  404.  408,  413.  Note  415,  423- 
428,  434,  436,  439-441,445,  446,  449- 
469,  475,  477.482,  487-499,  504,  506, 
509,  516-527,  535-538,  542,  545,  552, 
559,  563-566,  572-580,  586-589,  600- 
609,  619,  621,  634,  643-645,  653,  657, 
660,  666,670,  673,  676,  679,  682,689, 
692-694,  698,  700,  703-707,  712,  713, 
716,  720,721,  727,  730-733,  737,  740- 
744,  748,  760-762,  765-769,  775-777, 
781,  814,  815. 

Congrès  national  de  Belgique.  Note 
335. 

Conjurations-Conjurés.  Conspira- 
tions.  552, 654,  684, 685,  718,  732,  762, 
767,  800. 

CoNSALVi  (cardinal).  13,  38,  75,  82,  87, 
91,  101,  118,  119,  136,  176,  184,201, 
237,  241,  256,  293,  370,  385,  425,  467, 
468,  472,  480,  481,  598,  600,  646,  660, 
707,   716,  736,  743,  756. 

Conscription.  39. 

Conseil  aulique  de  la  guerre.  42. 
Note  86.  Note  164.  Note  171,  795, 
797. 

Conseil  de  l'Empire  (et  membre  du)- 
Conseil  privé.  Note  64.  Note  139. 
Note  140. 

Conseil  d'Etat  et  conseiller  d'Etat, 
70,  72,  79.  Note  87.  Note  97.  Note 
116.  Note  122.  Note  201,  230.  Note 
335. 

Conseil  des  Pinnces,  68,  368. 

Conseil  Préparatoire,  476,  477,  562, 
581. 

Conservatoire    Le),  222,  373. 

Constance  (et  lac  de),  169,  676,  786, 
787. 

Constantin  (Grand-Duc),  16,  20,  30, 
106,  156,  194,  282,  287,  289,  290,299, 
305,  317,  331,  341,  342,  351,  363,  364, 
399,  420,  431,  438,  473,  484,  494,  498, 
504,  506,  509,  510,  517,  518,  521,524, 
538,  602,  645,  646,  674,  729,    731. 

Constantinople,  12,  34.  Noie  95.  421. 
Note  571.  Note  621,  632.  Note  658, 
693.  Note  736,  817. 

Constituante  (La).  Note  538. 

Constitution,  284,  305,  315,  355,  401, 
416,  544,  547,   721. 

Constitution  et  unité  de  (de  l'Alle- 
magne), 6,  13,  14,  25,   37,  49,  50,  51, 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


833 


68,  79,  81,  83,  93,  94,  100,  134,  135, 
141,  144,  146-148,  157,  169,  175,  176, 
184,  212,213,  235,  244,  250,  258,  263, 
300,  308,  337,  345,  347,  356,  359,  386, 
387,  395,  439,  477,  Note  490,  491, 
497,  508,  517-519,  522,  523,  588,  614, 
649,  654,  668,  681,  682,690,  700,778. 

Constitution  (espagnole),  78,  128. 

Constitution  (polonaise),  508, 512,  544, 
545,  574,  618,  619,  674. 

Constitution  (sicilienne),  44.  Note 
620. 

Constitution  (wurterabergeoise),  489, 
490,491. 

Constitutionnel  (Le),  684. 

Constitutionnistes  (Les),  208. 

Consul  (Le  Premier).  Note  121. 

Consulat  (Le).  Note  84. 

CoNTEssA   Professeur  Carlo),   xiv. 

Continent  (Le),  204,  506,  601,  775. 

Contributions  (de  guerre),  9,203,518, 
635. 

Convention  secrète,  496,  497,  502,546. 

CooKE,  237,  281. 

Copenhajue.  Note  1.  Note  2,  7,  15, 
32,  34.  Note  3D,  57,  99.  Note  100, 
115.  Note  120,  465.  Note  538,  632, 
656,  670,    722. 

COPITAR,    804. 

Coquet, 366. 

CoRELLA  Olimpica.  Notc    102. 

Cor fou,  275,   2:7. 

CoRNACCHiA  (baron),  524,  576,  734,  759, 
820. 

IV°  et  V»  corps  de  la  grande  armée 
alliée.  Note  774. 

6"  corps  d'armée  autrichien.  Note 
32. 

Corps  d'armée  polonais,  673,  689. 

8"  corps  d'armée   prussien.  Note  67, 

Corps  d'observation,  723. 

Corps  diplomatique  (et  surveillance 
du),  14,  30,  42,  88,108,  346,348,652. 

Corps  germanique  (Le), 398,  485,  541. 

Corsaires,  499. 

Corse  {La.)-Cor ses,  424,  625.  Note  745. 

GoRSiNi  (don  Neri).  Note  120,  121.'347, 
350,  381,  393,  572.    616. 

Gortes  (Les),  7«,  682. 

Cosaques  (Les),  9,  351,  713,  806. 

CoTTA  (baron),  164,  165,  238,  270,  416, 
645. 

COTTBUS,    97. 

CouRCELLEs  (de).  Note  521. 

Courrier  (Le,  journal),  465. 

CouBLANDE    Pierre,  duc  de',  811. 

CouRLANDE  (duchcsse  de),  324,  4o4, 
811. 

CouRLANDE  Jeanne,  prlncesse  de,  du- 
chesse d'Acerenza),  404,  811,  815. 

CouRLANDE  (Pauline,  princesse  de 
HohenzoUern-Hechingen',  812,  815. 

Couronne  de  Fer  (Ordre  de  la),  808. 

Courriers  (Les),  32, 39,  94, 133,  290, 325, 

T.  I. 


367,  370,  376,425,  427,  433,  479,503, 
547,  609,  669,  771,  775,  780,  798. 

G...R.  794. 

Cracovie.  20,  22,  58,  173,  227,257,269, 
341,  386,  461,  510,523,  525,  556,608, 
646,655,  675,  687,  711,721,  723,  731, 
786,  794,  800. 

Craonne  (et  bataille  de).  Note  103. 

Craufurd  (Quintin).  717. 

Crédits.  98,  99,  123,  136. 

Crenneville  (comte  de).  442. 

Crenneville  (comtesse,  née  de  Pon- 
tet). Note  366,  745. 

Crimée  (La  .  478. 

Crinner  (L).  Noie  370. 

Criste  (Li  colonel).  Note  112. 

Croy  (duc  de)   501. 

Cuirassiers  de  la  Garde  (russe),  806. 

GussY  (Chevalier  de).  Notes  passim. 

G...  W...,  747. 

CzARTOHYSKA  (princcssc  Adam,  née 
Anna  Sapieha).  Note  106. 

GzARTORYSKA  (princcsse  Thérèse). Note 
284. 

CzARTORYSKi  (princc  Adam).  Note 
ïxii,  45,  106,  128,  146,  147.  Note 
153,  168,  181,  182,  198,  206,  214,222, 
227,  230,238,  241,  245,  253,  259,260, 
264,  267,  268,  281,  325,  334,  340,  343, 
344,  352,  361,  382,  383,  420,  433,473, 
485,  494,  540,  548.  Note  559,  575, 
608,  611,  631,  640,  655,  687,  738,  751, 
769,  773,  776,  777. 

CzARTORYSKi  (prince  Ladislas).  Note 
106. 

Czaslau.  Note  100. 

Czernyi-Georges  (Karageorgevitch). 
Note  395. 

Gz...  Y  (veuve  de),  794,  795,  798,  800, 
801,  803,808. 


D...  (M'").  325. 

D...  (von).  273,  498,  610. 

Dalb  (valet  de  chambre).  752. 

Dalberg  (duc  de).  Note  xxii,  115, 
116,  120-122,  130,  141,  142,  147-150, 
163,  164,  221,  241-243,  246.  Note 
250,  256,  257,  263,274,  275,  280,281, 
289.  Note  293,  296.  Note  318-328, 
347,  349, 350,  352,  361,  362,  369,374- 
381,  389,  390,  397,  403-411,  420,  421, 
430,  441,  466,  468,  469,  473,  474,479, 
482,  492,502,505,  528,  535,  538,541- 
543,  550.  551,  569,573,  577,  582,586, 
592,  594,  617,629,  631,633.  Note  653, 
657,  671,  673.  678,  720,  721,  737,  738, 
740,   741,  758,  770,  772,   775. 

Dalobrg  (duchesse  de).  122,  141,  148, 
319,  320,  350,  381,  393,  412,  430, 

Dalberg  (Charles  de,  prince  primat). 
Note   51.  Note   116,    148,    149,  150. 


53 


834 


AUTOUR   DU   GONGRèS    DE    VIENNE 


Note    256,    263,    272,  381,  392,   S9S, 
408,  4Î0,  586.  Note  590.  Note    698, 
D72. 

A7tLARI    (U.)-    XIV. 

Dall'Ost  (?)  210. 

Dalmatie.  Note  210.  Note  774,795. 
Dalrymple  (Sir  John).  504,  505. 
Danemarck-Danois.  1,  5,  7,  8,  12,  22, 
26,  31,   33.  Note  39,   53,  54,  56,  58, 
60,  61. Note  74,  79,98,99.  Note  125, 
136,  193-195,  208,215,  244,271,336, 
337,  374,  399,  400,  403,  406.  Note  466, 
486.  504.  Note  522.523,  632,  643,  743, 
779. 
iDAîJEJiARK  (Reine  de,  Sophie-Frede- 
rique  de  Hesse-Cassel).  104, 125,139. 
Daniels.  251,335,  366. 
Danilewskt  (Capitaine).  615. 
Danneckeh.  239. 
Danube  (Le).  658. 
Danzig.  204,  227,  254,  313. 
Darmstadt  (et  envoyés  de).  18,  24,27, 
43,  46,  59,  79,  92,  164,  306,  35-9,  600. 
Daru  (Comte).  763. 
Daschkoff.  659. 
Daudet  (Ernest).  Note  810. 
Davout   (maréchal).  Note    389,    558, 

646,  734. 
Débats  (Journal  des).  430. 
Déclaration,  5,  18,  34,  173,  219,   271, 
''SI     ''84     285,   296,    303,    330,    336, 
339'.  Note    349,  385,    388,   393,  453, 
454     457,    459,  462,   464.  Note    469, 
563'.    Note    571,  621,    646,    663,  664. 
Note  683,  699. 
Degrés  (comte).  Note  747. 
Dedovich  (général).  215. 
Defours  (comtesse).  351. 
Dégen  (von).  795,  801. 
Degen  (von),  chambellan    du   roi  de 
Wurtemberg.  Note    98.   Note  159. 
Degenfeld  (comte).  75,  149,   150,  151, 

163,  170,  543. 
Deiser.  148. 
Délimitation    2.  Note    155,  291,  313, 

391,  675. 
Della  Genga  (Mgneur).  38. 
Della  Porta.  732. 
DellaPortaIM"").  760. 
Démembrement.  219,  548. 
Demi-brigade  (la  60») .  Note  375 
Démission.  460,  602,  638,  648,  656. 

DÉMOSTHÈNE,  424. 

Dennewitz  (bataille  de).  Note  415. 
Desandrouin  (Marquise).  Note  433. 
Desglaibs.  549. 
Déserteurs-Désertions.  97.  «/3. 

Dbshayes.  587. 

Desmarets.  Note  197. 

Desmont  (?).  201. 

Deox-Posts     (duc    Charles-Auguste 

de).  Note  300.    ^  ^^^..     ^  ,    „  , 
Deux-Ponts  (duc  Frédéric  de).  Note 

300. 


Deux-Ponts  (Duché  de).  6. 

Dbux-Ponts  (Duchesse  de,  Marie- 
Amélie,  reine  de  Saxe).  300.  Note 
672. 

Dibbitsoh-Zabalkansky  (général). 341. 

DlEFFBN»AGH.    704. 

Dièt«(La  —  de    Francfort),  Note  1. 

Note  31,  49,  300,  356,  523. 
Diète  helvétique.  195.  Note  260.  Note 

492.  Note  747,  750,  758. 
Diètes  (danoise,   norvégienne,  polo- 
naise  et  autres).  28,  Note  74.  Note 

125,  269. 
Dibtrighstein  (Joseph,    prince).    385, 

430,  543.  Note  674,  814. 
DiBTRiCHSTEiN  (princessc  douairière). 

674. 
Dijon.  821. 
DiLLBM  (Général,  comte  de).  Note  98, 

159,  572. 
DiLLON  (Juif  de   la  Cour  de  Russie). 

425. 
DiLLON  (Général    Arthur).  Note  432. 
DiLLON  (Fanny).  Note  432. 
DiLLON  (Miss).  615. 
Dinant.  463. 
DiNO  (duchesse    de).  Note  106.  Note 

129,  811,  812. 
Directoire  (Le). —  Directeurs.  25,  37, 

68.  Note  87,  519. 

DiTTMAR.    251. 

Divorce  —  Annulation  de  mariage. 
Note  36,  62,  63,  69,  70,  119,  199, 
Note  282,  292.  Note  342,  494,  495. 
528,  568,  578,  606,  623,  636,  809. 
Note  811,  812. 

Dniester  (Le).  355,  722. 

DoHM  (Christian).  530. 

DoKHTOROFF  (Général).  228,  688. 

DoLGOROUKi  (Nicolas,  prince).  76,   77. 

DoMBROvvsKi  (Général).  646. 

Do?<  Miguel.  Note  284. 

DoNA  Maria.  Note  284. 

Dordoqne  (La).  204. 

Dotations.  Note  116,  389,  474,  638. 

dotkhowskt.  334. 

Douglas.  614. 

Douvres.  40. 

Dragons  de  Smolensk  (régiment  de). 
Note  751. 

Dresde  (et  bataille  de).  Note  2,  13, 
27.  Note 32.  Note  40,  50,  57,  58,  62. 
Note  75,  77.  Note  92.  Note  116. 
Note  125.  Note  175.  Note  176.  Note 
230,  283,  285,  286.  Note  329,  Î69,  371, 
382.  Note  415,  420,  426.  Note  463, 
503,  541,  582,  606,  616,  644.  Note 
689,   779. 

Dri)ia(La).  Note  395. 

Drohojewski.  435. 

Dublin.  Note  54. 

Ducats.  99,  109. 

Duchés  (Les).  2. 

Duels.  259,  268,  271,  473. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


835 


DuFOUR  (général).  Note  552.  Note  627, 

635. 
DuKA    (général).    70,    183.  229.    Note 

500. 
Dulmen  {comté  de).  501. 
DuMOuniEZ  (général).  814. 
Dupont  (général  comte).  397,404,536, 

663,  6'3.  Note  682,  684. 
Dûrrenstein  (combat  de).  Note  689 
Dûsseldorf  (et  hôpital  de).  Note  416, 

642. 
Du  Teil  (baron  J.).  Note  303. 
Dyle  (département  de  la).  251. 


E 


Ehersberg  (et   combat  de).  Note  76. 

Note  90. 
Ederstein  (d').  Note  378,  408. 
Ebrington  (lord).  Note  636. 
Ecosse-Ecossais,  ^ote  689,  677. 
Edling.  136. 
Eglbr.  222. 
Eglisau.  676. 
Eglise  (1').  66. 
Eglise  grecque  (1').  487. 
Eglise  romaine  (1').  487. 
Eyra.  32,  54,  55,  72.  73. 
EiCHELBSRG  (baronne  d').  785,  787. 

ElCHENBOLD.    246. 

Eichhorn.  520. 

EicHi.ER.  753. 

EiNsiEDEL  (comte  d').  142,  174,  281. 

Eisenstadt.  Note  301,  566,  570,  665, 
797. 

Elbe  (L',  et  département  de).  13,  69, 
122,  185,   223,  297.  Note  463,  661. 

Elbe  (île  d').  Note  43,  47,  247,  311,  315, 
375,  397,  404-406,  432,  471,  472,481, 
484,  499,568,  578,  606,  617,  618.  Note 
636,  640.  Note  677.  Note  686,  695, 
708,  725,  728,  780. 

Elend  (im).  195. 

Elisa  BACioccHi.Note  XXII.  Note  87, 
221,  515.  Note  530.  Note  574,  659, 
660,  728. 

Elisabeth  (M"»).  Note  640. 

Elisabeth  (impératrice  de  Russie). 
21,  32,  46,  86.  Note  106,  126,  127, 
13'»,  167,  179,  183,  198,  207.  Note 
220,227,  228,256,257,  348,  370,  399, 
414,  425,  474,  521.  Note  639,  644, 
645,  705,  714,  776. 

Elisabeth  (princesse  de  Saxe).  35,  36, 
39,  40. 

Elkam.  509,  514. 

Eltz  (comte).  75,  150,  273,  281. 

Emigration-Emigrés.  Note  96.  Note 
197,  257.  Note  375.  Note  384,  403, 
Note  407.  Note  442,  463.  Note  538, 
749.  Note  764,  813,  815,  820. 

Emissaires.  742,  775,  786. 

Empire  germanique  Empire  alle- 
mand (et  princes  de  r).SaintEmpire. 


3,  25,  29,  35,94,  112,  136.  Note  146, 
148,  150,  158,  162, 184,  257,  305-307, 
309,  310,  358,  361,  385,  439,453,  485, 
519,  624,  654.  716. 

Empire  ottoman  (et  Marquis  de  1'). 
203,  548. 

Emprunts.  220,  636. 

Ems  (et  département  de  1'),  Note  463. 

Endb  (baron).  449,  582. 

Engblhahdt  (Catherine  Wassiliema, 
comtesse  Skavronska,  puis  com- 
tesse Litta).  809,  810. 

Engblhardt  (Charles,  frère  de  Cathe- 
rine 1").  810. 

Engesthce.m  (comte  d').  19,  24,33,35, 
38,   49,  51,    52,    54,  55,    56,  60,   105, 

193,  236,  243,  248,  300,  357,  393,394, 
475,  499,  517,  561,  562,  580,  60i. 

Eperies.  795,  803. 

Epire{L').  186. 

Equilibre     européen.    142,    224,    234, 

276,  338,  359,   399,  447,  486,  488,  509, 

518,  551. 
Erbmannszhal  (Dietrich    comte    zu). 

158    353. 
Erfurt.  Note  32.  Note  149,  152,  359, 

403.  526,   817. 
Erivan.  Note  103. 
Erlan(fen(et  université  d').  Note  377, 

387,"415. 
Ehnéb.  650. 
Erst  (d').  87. 
Erwein.  377. 
Erzgebirge  (L').  27. 
Escaut  (et  navigation  de  T).  694. 
EscLavonie  (L').  215. 
Escoiquiz  (chanoine).  Note  682. 
EsGURIAL(r).  682. 
Eskelbs  (voni.    28,  100,  338,  378,  386, 

469,  522,  573,  660. 
EsKELES  (M—  d').  522,  693,  695. 
Espacjne  (et  ambassade  d'  .Espagnols. 

7,  33,  46,48,  55.  Note  78,87-89,  108, 

117,    118,    132,    147.    Note   148,    190, 

194,  202,  209,  210,241,242,  246,249, 
254,  262,  264,  268,  276,  284-28ti,  346, 
349,357,358,  401,  405,  446,  451,475, 
482,  483,  497.  Note  507,  562.  Note 
577,  589,  607.  625,  629,  652,  666,  676, 
680.  Note  682.  Note  688,  694,  707, 
708.  Note  712.   736,  762,  767,  813. 

EsPARTBRO   général).  Note  683. 
Espionnage-Espions.    150,    151,    255, 

314.  Note  375,  469,  543. 
Espoz  Y  Mina.  589. 
Essenrode.  Note  17.  Note  31. 
Essling  (et  bataille  d').  Note  175. 
EsTBRHAZT    (Nicolas,    comte).    NoLc 

282,  296,  301. 
EsTBRHAZT    DB    Galanta   (Antoinc^ 

prince).  Note  92,   498. 

ESTERHAZT      DE      GaLANTA     (NicolflS, 

prince),  50,  139.  Note  535,  566,  570. 
Esterhazï  (Paul- Antoine, prince),  76, 


836 


AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


92,  94,  256.  Note  301,  481,  498,  665. 

EsTBRHAZY    (  princcsse    Nicolas,    née 

Marie     Liechtenstein).    200.      Note 

301,  315,  317,  535. 

EsTERHAZY  (princcssc  Paul-Antoine), 

92,  200.  Note  301,  339,  665. 
EsTERHAZY-RoisiN     (comtessc),     255, 
264,  282,  290,  295,  296,  318,  362,  437, 
483. 
Etat  uivil(r).  203. 

Etat-major  fédéral   Suisse).  Note  264. 

Etat  des  esprits.    11,  28,  35,  97,    160, 

161,  276,  289,  302,  311,341,  445,452, 

455,  463,  483,  685,  690,   726. 

Etats  et  princes  Allemands   (petits). 

35,  92,  94,  105,  157,  158,  294,  305-308, 

342,  345,  353,  354,  361,  400,  424,  439, 

442.  Note  456,  457,490,491,  517,523, 

529,545,  565,  668,  689,  690. 

Etats-Généraux  (et  député  aux).  Note 

335.  Note  764,  813. 
Etats  Scandinaves  des).  25,  28. 
Etrurie  (reine  d'),  voir  Marie-Louise 

(Infante;. 
Etrurie  (royaume  d').  203. 
Etrurie  (roi  d*).  169,  452. 
Elschmiadin.  Note  103. 
Ettori.  Noie  472,  799,   800,  804,  806, 
Eugène     de     Beauharnais    (prince). 
Note    xxn,    44,    166-108,    189,    190. 
Note  191,  201,  204-206,  209-212,  217, 
221,  223,  226,  231,  232,  238,  239,  243, 
245-248,  259,  263,  264,  274,  281,  285, 
286,  289,  290,  304,  312-314,  325,  334, 
338,    346,    352,  361,     362,    369,  382, 
Note  383.  Note  389,    399,   400,  420, 
423,  429,  437,  442,  443,  449,  456-458, 
460-462,  468,  473,  478,  488,  496,  497, 
509,  510,  533,  534,  543,  554,  570,575, 
596,  598,  634,  643,  645,  650,  665,  669, 
675,  679,  695,    703,   706,    707.    Note 
718,  727,  730,  731,   736,  745,  753,754. 
761,  770. 
EuGBiNiE   impératrice  .  Note  274. 
EuKE.  532. 

Europe.  Européen,  xxi.  8,  20,  35,  37, 
43,54,  66,  83,  92,  102,  103,  105,  113. 
Note  116,142,145,160,  172,  173,190, 
194,  208,  210,215,  216,  218,  234,236, 
242,  244,  267,  275,  276,  278,  286,295, 
300,  301),  311,  336,  337,  349,364,394. 
398,  399,  413,  428,446,452,  455,475, 
476,  482,  486,  491,495,496,  503,  517, 
529,  537,  538,  547,  548,  552,  553,  561, 
578,  581,  585,  594,  656-658,  674,  677, 
692,  702,  714,721,  733,  735,  737,741, 
743,  766,  769.  Note  ';81,  784,  811,816. 
Evacuation.  89,  125,  143,  257,  336,  632. 
Evangelisti  293. 

ExELMANS  (général  comte),  741,  762. 
Expulsions.   273,  328,   349.  Note   351, 

358,  359,  442.  Note  447,  495,  764. 
Extradition.  Note  416, 
Eylaii.  Note  2.  Note  274.  Note  289. 


F.  3.   564,  797.  800. 

Faenza  (et  évèque  de).  91. 

Faerbergasse.  478. 

Fagel  (baron  de).  463,  488,  489,  652, 

Fanny  Z...  378,  412. 

Farina,  349,  426. 

Faucigny  (Le).  288, 

Fa  VA  Ghislieri  (comte).  449,  450,  639 

666,  707,  744. 
Fédération  —  lien  fédéral.  6,  68,  69, 

112,  170,  176. 
Federsen.  Note  99. 
Félix  Baciocchi,   515,  516, 
Feldjager.  363,  386. 
Felz  (baron  de).  112. 
Fénestrelle.  Note  91. 
Fenger,  Note  99. 
Ferdinand     (Archiduc,).    Note    125. 

Note  206.  339,  534.  Note  771. 
Ferdinand  (prince  Louis,  de  Prusse). 

Note  167.  N.jte  530.   Note  674, 
Ferdinand    III    (grand-duc  de    Tos- 
cane). Note  121.  Note  197,  452,471, 
572,  590,  649,708,728. 
Ferdinand  IV.  21,33,  53,  71,  79.  Note 
108,    110,    117,   118,  127,  128.   Note 
132,  184,  189,  223,  248,268,  278,311, 
356,  357,  401.    Note  414.  Note  501, 
589,    620,    624.   Note  625,  629,    643, 
820. 
Ferdinand  VII  (roi  d'Espagne).  48, 55, 
78,    80,  88.   Note  110,  357,    589,  682, 
767, 
Fère-Champenoise    (et  combat    de). 

Note  264. 
Fernan-Nunez  (comte  de).  590. 
Ferner  (capitaine).  94. 
Ferrare.  21,  35.  82,  573,  744. 
Ferrari  (capitaine).  65. 
Ferrari  (général  G.),  xv. 
Ferrari  (marquis  ou  comte).  369. 
Fersich.  802. 

Fesch  (cardinal).  Note  230,  772.  5 

Festenberg.  64,  804,  805.  ; 

Festetics  (comtesse).  506.  i 

Feuerbagh.  244,  401,  415,  501,  701.        | 
Feuerle. 796,  802.  J 

Fierlant    (baron    Antoine    de).   432,  â 
Note  433.  i 

Fierlant  (baron   Goswin    de).    Note 

432. 
Fierlant    (baron   Jean-François  de) 

Note  432. 

F1LANGIERI (général).  245,  402,  451,  578d 
Fingal  (Le)    662,  766.  -, 

FmZa/ide  (et  guerre  de)  — Finlandaise 

Note  336.  Note  6>8,  689,  763. 
FiKO.  549. 

Finot  (baron).  709,  718. 
Fischler  (von  Treuberg,  baron),  133, 
158. 


I 


\i 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


8-67 


Flandre  -,  Flamands,  165. 
Flassan(G.  Raxis,  comte  de).  184,185, 

442,  771,772. 
Flechtenmacher.  819. 
Fleischmarkt.  194. 
Florence.  Note  78.  Note  90.  Note  138. 

Note  175.  Note  327.  Note  393,  406, 

585.  Note  589,  590. 
Floret  (Engelbert  de).  Note  24 i,  263, 

350,  388,  526,  736. 
Florins.  99,  347,  348. 
Flotte  anglaise  (la).  627. 
Flotte  française  (la).  Note  373.  , 

Fontainebleau  (et  traité  de).  Note  48. 

Note  91,  515.  Note  595.  Note  777. 
Finances  (Ministre   des)  et    mesures 

ou  opérations  financières.  17,23, 36, 

42,  45.  Note  47,  64,69,  70,  72,  79,82, 

83,  88.  Note  110,   379-381,   638,  708, 

757,  760,  766. 

FoNTANELU  (général  comte).  678,  679, 

701,  718. 
FoNTBRUNE  (de).  191,  771,  813. 
Foreign  Office.  Note  596. 
FoHMONn  (de).  Note  706. 
FoRNETTY  (Drogman).  698. 
FonsTER.  790.  Note  792. 
FossoMBRONi.  Note  121. 

FOL'CHÉ.  XXII. 

FouRNiER.  Note  xii.  Note  xix.  Note 
3.  Note  43.  Note  18>*  Note  332. 

Franc-maçon.  Franc-maçonnerie  (et 
loges  de).  65,  417,  420,  594.  674. 

France  —  Français.  2-9.13,18,  19,28, 
34.  Note  39.  Note  40,  45  49.  Note  51, 
54,  55,  65.  66.  Note  76-78.  Note  82. 
Note  84.87,  89  Note  93.  Note96,  97. 
Note    100.  Note  102,  109.    113-118, 

120.  Note  122.  Note  130,  132.  Note 
139,  141-148,  152,  153.  Note  156,166. 
169,  170,  173,  175,  182,  184,  189,195, 
198,  203,  204,  207-209.  215-219,  226, 
229-235,242-251,256-258,268,271,274- 
277,  283-2S8,  291.  294,  297,  299,  303, 
305,  311,  314,  321,  327-333,  339-350, 
357-360,  373,  380,  381,  384,  388-391, 
397-402,  406,410-413.  Note  416,422, 
424,  427,  434.  Note  438,443-446,  451- 
455,  459,  461-471,  474-478,  481-484, 
488,  489,  495,  500,  504,  508.  511,  512, 
532-538,  544,  547.  550-554,  566,  567, 
571.  Noter>77.  7^,582,589,  594,599- 
601,  607,  612,  6UJ,  619,  624-628,  630- 
637,  649,  652,  653,  656-658,  663,  666, 
672,  675-678, fi89,  703,  704,  708.  Note 
713,  720-724,  734,  737-745,  751,  755- 

758,  765,  770,  772,  776,  777,  781,782, 
805,  818,  819. 

France  (ambassade  de).  89, 115.  Note 

121.  Note  125,  128,  129,  142,  146, 
150,  184-190.  Note  194,200,  216,220, 
223,225,  229,  236,241,  250,  257,258, 
271,  289,  290,  295,  319,  321,322,326, 
328,  332,  333,  375,  384,  390,  397,  432. 


Note  442,  460,  462,  466.  Note  487, 
504,529,  542,  576,  577,  586,  676,  677, 
f)80,  713.727,  748.' 

France  (Ile  de).  203. 

France  (Midi  de  la).  230.  Note  322, 
430. 

Francfort  (Grand-duché  de  —  Décla- 
ration et  diète  de). 6. Note  31,  40-48. 
Note  51.  Note  52,  69,  108,  115,  116, 
137.  Note  149.  Note  175,  188,  203,  204, 
257,  259.  Note  262,263,272,300,306, 
318,  337,346,  356,  361,370.  Note  375, 

378.  379,382,  385,  387,  400,  403,404, 
408,  410,  419,420,  430,  453,  590,  591, 
751,  805,  806,  817. 

Franchn-Conité  (et  gouvernement  de 
la).  Note  676. 

Franck  (D').  369,  727,  730. 

François  I'"'.  viii-xiii,  xix,  xxi.  Note 
3,  4,  8,  12,  14,  18-23,  28,  30.  Note 
35,  38,  42-51,  60-63,  66,69,  70.  Note 
75.  Note  77.  Note  79,  82,  86,  89-92, 
94,104-107,  113,  115.  Note  121-123, 
127,  132.  137,  138.  Note  151. 154,  155, 
158-160.  Note  166,  174,  175,  181. 
Note  183,  188.  Note  189.  135,  204, 
207,  211,  213,  220,  224,  229,  236-240, 
2^3-246,  250,  252,  257,  259,  262-264, 
267,  270-273,  280,  288-290,  305-312. 
Note  315,319,  320,  325,333,  335-338, 
346-351,  354,  360,  361,  366-374,  375, 

379,  381.  Note  38-:,  385,  388-390, 
393.  397,  403,  409,  423,428,  435-439, 
444,  449,  453,  455.459-461,  471,  473, 
482,492,  495,  408,  502,  508,  514,518- 
521,  524,  526,  533,  538,  542,543,551, 
552,  556,  558,  564,  568,  569,  572, 
573,  577.  Note  581,  5S2,  585.  590,  603, 
604,610,  612,  616,  622,  629,  630,  633, 
636,  638,  640-648,  654,  659,  663,  669, 
670-673,  677,  678,686,  690.692,695- 
700,  703-708,  716,  717,  725,  729,  734, 
735,  738,  745,  746,  751,  753,  758,  768, 
770,  774-778,  783-792,  80'),   808. 

François  II  (roi  des  Deux-Siciles). 
Note  451. 

François  (prince  royal,  puis  Fran- 
çois I"  roi  des  Deux-Siciles).  33. 
Note  110. 

François-Joseph  I".  Note  55. 

Franconie  (La).  508. 

Frank.  536. 

Frankel  (Bernhard).  803. 

Franzensbrunn  —  Fransensbud.  62. 

Frascali.  Note  91. 

Freddi.  paasim. 

Frédéric  II  (le  grand  Frédéric).  162, 
172,  207.  Note  262,  334.  Note  438. 
Note  472.  Note  530,  608. 

Frédéric  VI  (roi  de  Danemark)  .Note 
2,  5,  7,  33.  Note  38,  56,  60.  61,  79, 
80.  86,  99,  100,  104,  114,  115,  123, 
125,  137-139,143,  159,  160.  Note  175, 
188,189,  194,  207. Note  220,  223,22t) 


838 


AUTOUR   DU    CONGRÈS   DE    VIENNE 


228,  244,  267,  290,  336,  368,  374,  400, 
402,403.  406,  437,  449,452,465,  466, 
493,  535,  628,  722,   752,  779. 
Frédéric  (de  Danemark,  prince). Note 

38. 
Frédéric  I"  (roi   de    Wurtemberg). 
Note  XXII,  32,  46,   62-64,  84,  86,  97, 
98,  112,  114,  115,    119,   126,  131,132, 
135-138,  151,  159,  163,  164,  176,  179, 
194,  208,  212,  213,  21«,217,222,  238, 
239,244,  262.  Note  272,292,  298,  300, 
301,  339,  3j8,  368,385,  397,  401,  414, 
430,  460,  471,  489-491,  494,  495,  501, 
514,  519,  522,528,537,  538,544,  550, 
573,  588,"  605,  610,614,619,  633,637, 
661,  664,  667,  668,678,  680,  682,  688, 
693,  697-699,  716,  722,  729,  747,  758, 
768. 
Frédéric- Auguste  (prince  de   Dane- 
mark). Note  17b. 
Frédéric- Auguste   I"  (roi  de  Saxe). 
Note  xxu,5,9, 12, 18, 20, 21.  Note  23, 
35.  36,  37,  29,  40,  47,  66,  67,  71,  79- 
82.84.  Note  116.  Note  120. Note  121. 
Note    142,  169,   172,  174.  Note    175, 
194,  216,  219,  246,  263,  281,  297,300, 
309,341,  343.  Note  348,  349,363,384, 
396,402,  403,  414,  424,438,  452,  454, 
459,  468,  469,  470,  523,  536,  541,  542, 
555,  561,563,  565,  574,  581,593,  595, 
603,  609,  616,  617,  618,  022,  624,  626, 
627,  630,    637,    639.  Note    640,  653, 
666,  667,  671,  672,  675,  679,  681,  689, 
699,  72Û,  742,  779. 
Frédéric-Guillaume  lI(roi  de  Prusse). 
Note  156.  Note  157.  Note  472.  Note 
530,  531,  532, 
Frédéric-Guillaume      III      (roi      de 
Prusse).  Note  xxii,  13,  16-18,28,  32, 
33,  40,  46,54,61,  62,67,  71.  Note  77, 
82,  83,   86,  89.    Note    107,  112,    114, 
117,  118,  125-127.  Note  134,  136-138, 
156.  Note  157, 159,  160-162, 168,  171, 
181,  182,  184-186,  195,  200,  207,  212, 
218,  219,  223,  227,  243,  256,257,  261, 
266,  267,  285,  290,  291,301,  319,359, 
368,  369-371,  382,  384,  391,  3:-3,  396, 
416.  418,  422,  428,  436-438,  445,447, 
470,  483,  486,  493-496,  502,  503,  506, 
507,522,  526.  Note  530-533,538,541, 
544,  551.  555-558,  561,  565-567,  582, 
585,  586,    595.    Note    602,   605,  606, 
609,  611,  614-616,  624,  626-628,  644, 
645,  655,  656,  660,  667,  669,  672,  677, 
679,  681,  682.  685.  689,  699,  704,  705, 
713,  734,  743,  748,   751,   754,  775. 
Fredericksten.  58. 
Frey,  813. 

Frihourg  (Suis3e\  335,  381. 
Fribourg  en  Brisgau  (et  députés  de  . 

46,  344,  508.  Note  676,   774. 
Fridrichs  (M-^-^).    Note  282.  Note  342. 
Fri edber g  (Burggrafï  de).  158. 
Friedrichsfeld.  Note  565. 


Pries   (comte  de).  136,   183,  262,  263, 

422,  816. 
Fries  (comtesse,   née  princesse  Ho- 

henlohe).  816. 
Fbibsb.  253,  352,  430,  457. 
Friesen  de  Rotha  (baron).   779. 
Frimont  (général  comte  de).  Note  771. 

774. 
Frioul  (duchesse  de).  646. 
Fritsch  (comtesse).  Note  615. 

FROHMA^N.   237. 

F...  S...  803. 

FucHs  (comtesse  Laure  de).  426i,  560. 

FÛGÊR  (colonel).  Note  415. 

Fulda.  (et  abbaye  de).  Note  144.  Note 

149,  495.  Note  778 
Fiinfkirchen.  800. 
Furstenberg  (landgrave  Frédéric  de, 

et  maison  de).  255, 257,  385,  486,695, 

729,  730,  762. 
FiJRSTENBEBG  la  landgrave  .  486. 
Furstenberg  princesse,  née  princesse 

de  La  Tour  et  Taxis).  253,296,  308. 

727. 
Fûrstenbund  (le).  Note  118. 
FiÏRSTENSTEiN  (Le  Garaus,  comte  de  . 

673,  666,  669,  702. 


G 


G...  797,  798,  801. 
Gaertner,  75,  83,  84,  250,  264,  274. 
292,  303,307,  317,  346,  ,347,  352,365, 
369,  382,  387,  397,435,  453,  457,473, 
478.  Note  479,  501,566,592,650,659, 
663,  666,  691,  709,    760. 

Gaete  (duc  de).  Voir  Gaudin. 

Gaëie  (et  siège  de).  Note  118. 

Gageiin  (baron).  Note  xxn.  Note  130, 
144.  Note  l'i5.  Note  146,  250,  251, 
305.  307,  308,  321,  327,345,347,348, 
353,  362,  364,  365,  383,  442,463,527, 
629.  Note  531,  539.  549-552.  Note 
564,  637,  648,670,705,  716,  734,736, 
737,  769,  770. 

Galatz.  Note  329, 

Galicie.  16,  19,  20,  22,  28,  31,  49,  81. 
Note  155,  181,  227,  254.  379,439,445, 
512,  524,566,  570,  586,612,  711,  722, 
749,  777,  778. 

Ga.licie  Méridionale.  20. 

Galicie-Orienlale  et  Galicie  Occiden- 
tale. 18,  257,   309,  355,  367. 

Galitzine  (Prince  Alexandre  !.  639, 644, 
755. 

Gallarate.  91. 

Gallavresi.  XIV.  Note  90.  Note  166. 
Note  314.  Note  674. 

Galler  (von;.  420. 

Galles  (princesse  de,  Caroline  de 
Brunswick).  26,  445,  447,  579. 

Gallesio  di   Finale.    579. 

Gallo  (duc  de).  56,  58,  374,  563. 


l-NDEX    ALPHABÉTIQUE 


839 


Galvani.  Note  87. 

Gulway  (comté  de).  Note  145. 

Gand  el  traité  de).  Note  197,279,  SOI, 

302,  620,662,  725,  763.  Ntvte  784,  7«6, 

768,  775. 
Gange  (Le).  691. 
Garde  bourgeoise.  98. 
Garde  polonaise  (et  cavalerie  de  la). 

Note  97. 
Garde  royale  italienne.   Note  704. 
Garde  russe.  173,723.  Note  752.  Note 

774. 
Gardes  à  cheval.   806. 
Gardes  françaises.  Note  407,  820. 
Garten  Palast.  Note  301. 
Gasparinetti  (colonel).  744. 
Gatterburg  (comtesse).  610. 
Gajterbcrg    (Joseph,    conrte).  Note 

eio. 

Gaudin  (duc  de  Gaëte).  764. 

Gatl  (baron  de).  472,  573,  680. 

Galette  de  la  Cour  (la).  226. 

Gazette  de  Francfort  (la).  465,  547. 

Gazette  de  Vienne.  17,  305. 

Gebhardt  (François),  635. 

Gechic.  78. 

Gènes  (Sénat  et  République  de) — Gé- 
nois. 56,  85.  Note  122,  141,  147,150, 
187..  Note  196.  Note  197,  210,  275, 
2S1,  29 i,  369.  Note  375.   Note  376, 

406,  412,  413,  423,  424,  471,  504,527, 
529,  542,  545-547,  387,  594,  618,  632, 
657,  683,  6.'4,  729,  768,  769. 

Genève  -  Genevois .  xiv.  Note  195, 
277,  400,  420.  Note  750.  Note  774. 

Genic  fKastellan  von).  582. 

Gehtz  (chevalier  de),  xxn,  3,  4,  6,  9. 
Note  20,  40,  41,  44,  45,  47.  Note 49. 
Note  61,  66.  Note  69.  Note  72,  73. 
Note  76.  Note  77  Note  98.  Note  142, 
177.  Note  178.  Note  179.  Note  191. 
Note  210,  213,  214.  Note  219,  253, 
264,  312,  316,  327, 329, 330. Note 332, 
A47,  388.  Note  397.  Note  399.  Note 

407,  428,  429,  436.  Note  441.  Note 
443,  447,  448.  Note  450.  Note  466. 
Mote  470.  Note  518,  532.  Note  593, 
594,  598.  Note  608,  673,  676.  Note 
720.  Note  748,  751,  771. 

GENzovifSKi  (colonel).  472. 

George  JV)  (prince-régent  d'Angie- 
terre).  10,  26,  37,  60,  61.  Note  69, 
165,  20  4,  358,  525,  554.  Note  579, 
620,  649,  654,  664,  713,  715,734. 

Gborgi.  491. 

Géorgie  (et  corps  de)  Note  65. 

Germanie.  625 

Gebsdorff  (baron).  307. 

Geusau  (baron).  650,  691,  730,760. 

Gbter  von  Getersberg  (Louise-Ca- 
roline, comtesse  de  Hochberg).  Note 
444. 

Geymuller.  99,  100,  101,137,  246,380, 
381,   785.  787. 


G.  G.  793-799,  801-804. 

Ghika  (pwincé).  246,  304,  600. 

Ghisilieri.  732. 

Giessen.  416. 

GiNORi  (marquis).  136. 

Gironde  (la).  204. 

G.  K.  Î13. 

éfda^z  {et  comté  de).  134.  Note  157, 
298. 

Glogau.  608.  Note  712. 

Gneisenau  (comte  de).  156,  157,  712. 

Gnesen.  608.  615. 

GcEHAUSEN.  116.  Note  247,  283,  390- 
292,  304-307,  346,  353,  367,  387,400, 
414,  419.  498,  501,  506,  539,  550,578, 
613,  633,  637,  647,671,  696,708,  718, 
719,  741,  752,  754,  758,771,  774,805, 
806. 

GoBRUTz  (comte  von).  Note  98.  Note 
159. 

GOBRRES.  613. 

GcERTZ  (comte  de.    23,  30,  174,  175, 
270,  355,395,  500,580,600,  627,674. 
GoBss  (comte).  778. 
GcEssBL  (von).  Note  99. 

GOLENITCHEFP-KOUTOUZOFF       (COmtc). 

139. 
GoLOVKrwE  (Fédor,  comte).  76, 561,588, 

652,  690,  691,  716. 
GoLTz  (comte  de).   1,    21,  28,  30,  35, 

45,  531,  588,  628,  646,  652,  659,  663, 

678,  747. 
Gonzaga-Gastiglione   (Louis,  prince 

de).  102. 
GoNZAWUB  (Jean,    prince    de).    Note 

521. 
GORDINI.  87,  101. 

GoniAÏNOPF  (Serge),  iv.  Note  809. 
Gotha  (voir  Saxe  Gotha). 
GoTHLATTO  (comtesse  de).  Note  39. 
Gœttingen  (et  Université  de).   Note 

52.  Note  64,  415,  631. 
GOUDAKHOWSKY.  383,  559. 
GouPY  DES  Hautes-Bruyères.  245-247, 

274,  281,  304,  .312.  825,  334,346,  352, 
369,  370,  429,  455,  545,  621. 

Gouvernement  provisoire.  Note  106. 

Note  116.  Note  416,  632- 
Graben  (Le).  98,  185.  Note  360. 
Grandv-Bretagne.  —  Gouvernement 

britannique,  24,  36.  Note  105.  Note 

125,  216,  400. 
Granville .  Note  652. 
Graz.   XXI,    72,     537,    538,     549,  M8. 

Note  573-581,  697,  786,  787.       ^■y:'^ 
Grèce-Grecs.  Note  90.  Note  128,184, 

186.    Note   195,  207,    246,  265,    26t), 

275,  277,  480,  4«1,  818. 
Greenock.  281. 

Grenadiers   (et  corps  des).  Note ^55, 

723. 
Gbenvillb   (Lord     et    famille).    296. 

Note  695. 
Greuhh.  466,  4'64,  899,  796. 


840 


AUTOUR    DU   CONGRÈS    DE    VIENNE 


Gries.  797. 

Gries  (maire  et  représentant  de  Ham- 
bourg). 158. 

Griesinger.  175,  438. 

Grieux  (baron  des).  379. 

Griffith.  228. 

Grimberge  (Abbaye  de).  595. 

Grisons  (canton  des).  277,  676,  740, 
750,  757. 

Grodno.  723. 

Grolman  (von,  général).  712. 

Grosbois.  764. 

Grosse.  386. 

Grote  (comte).  462,  685,  763. 

Ghudzinsky  (comte).  Note  282. 

Gruner  (Justus).  188.  Note  415,  416. 

Gru>ne  (Philippe,  comte).  61,  113, 
281,  418. 

Guadeloupe  (La).  204. 

Guastalla  (et  duché  de).  Note  471, 
546. 

GuiBOURD.  245,  578,  579,  660. 

Guicciardi  (comte).  201,  206,  246,  285, 
304,  461,462,  576,678,   718,  759. 

Guillaume  I"  (d'Orange,  roi  de  Hol- 
lande). Note  12,  144-146,  187.  Note 
229.  Note  335.  Note  336.  Note  433. 

Guillaume  V  (Stathouder  des  Pays- 
Bas).  Note  144.  Note  335. 

Guillaume  de  Prusse  (prince).  Note 
XXII,  127,156,  290, 360, 371.  Note  472, 
551,  585,  689. 

Gûns.  803. 

Gustave  HI.  Note  336. 

Gustave  IV.  Note  444,  623,  746. 

Gustave  Wasa  (prince>.  Note  623, 
746. 

GusTAVsoN  (colonel)  .Voir  Gustave  IV. 

G...  Y...    800,  801,   802. 

Gtulat  (Ignace,  comte  feldzeugmeis- 
ter).  771. 


H 


H...  602.  603,  615,  630,  798. 
Haas.  802. 

Habsburg  (Maison  de).  507. 
Hach  (von).  137. 

Hackb  (von).  136,    164,  241,  243,  252, 
274,  275,  365,  366,  421,442,  466,  468, 
474,  480,  593,  669,  673,  717,  737,  757. 
Hackbl.   790. 

HADiK(fold-maréchal  lieutenant).  697. 
Hafneh.  165. 
Hager  von  Altensteig  (baron,  feld- 

maréchal  lieutenant),  vu. 
Hall  (Hubert),  xv. 
Halle  (et   université   de).  Note  157, 

415. 
Hambourg.   Hambourgeois.    2.   Note 
58.  Note  64,  158,  306.  Note  379,400, 
452.  Note   463,   592,  609,  679.   Note 
689,  722,  813. 
Hammer-Purgstall  (von).  29,  225, 526. 


Hanau.  Note  149,  168,  263.  Note  264. 
Handel  (baron  de).   225,  296. 
Hannart.   793-804. 
Hanonville  (ou  d'Homainville,  bailli 

d').  195,  220. 
Hanovre  (électorat, royaume  et  duché 
de  Hanovre).  Note  2,  14,  25.  Note 
31.  Note  33,  37,  40,  49,  50.  Note  52. 
Note  69,  94,  112.  Note  125,  158,  170. 
Note  176.  Note  214.  Note  302,  305, 
327,  356,  358,  391,  400,  420,  462.  Note 
466.  Note  479,  485,  486,  489-491,  504, 
537,  554.  Note  577,654,689,  708,  715, 
725.  Note  780. 
Hanséatiques  (Villes).  307.  Note  479. 

Note  592. 
Hardegg  (Ignace,  comte,  feld-maré- 

chal  lieutenant).  124,  821. 
Hardegg  (docteur  von).  Note  98.  Note 

159. 
Hardenberg  (prince  de).  Note  xxii. 
Note  1.  Note  17.  Note  21, 25, 31, 33, 40, 
50, 61-64, 66,  67, 69,  86.  Note  90, 93,  94, 
123,  125,  134,  135,  140.  Note  141, 
146,  148,  156,  157,  159,  161.  162,179. 
184-186,  199.  20Ô,  213,  214,230,  238, 
243,  245  Note  247,  253,  259,  260,  264, 
274,  281,  290,  291.  Note  297.  Note 
300,  306,  317,  334,  338-340,  342,  343, 
346,  347,  352,  361,  369,  370,  371,  382. 
Note  383.  Note  391, 394,  397-399, 418, 
420,  421,  427,  430.  435,  436,  441-443, 
450,  456,  464,  473,  478.  Note  479. 
Note  487,  492,  496,  503,  505-507,  514. 
520.  Note  523,  531,  536,545,549,  550. 
556-558,  566,  571,  575,  580.  Note  581- 
583,  587-590,  596,  598,  602,  603,  606, 
608,  611,  628-631,  635-637,  640,  641, 
648,  649,  652.  653,  656,  659,  660,  663, 
Note  664,  666,  668,  671.  Note  672, 
678.  Note  679,  682,  683,  687.  Note 
689,  692,  693,  700.  Note  702,  705, 
706,  710,  717,  719,  720,  722,  726,  730, 
734-736,  738.  Note  739.  Note  742, 
746-748,  759,  761,  765,  763,  769,  775, 
776. 

Hardenberg  (comte  Ernest- Auguste 
de).  33,  40-42,  49,  50,68,  69,  94.  Note 
214,  253,  371,  427,  492, 

Harrach  (comte).  15. 

Hartmann  (von).  528. 

Hastnegg.  78. 

Hatvant  (St.  von).  802. 

Hatzfeld  comte  et  comtesse).  296, 
348. 

Hauch  (baron  von'.  99. 

Haugwitz  (comte  de).  Note  29,  530. 

Hauptmann  (M°"  .  95. 

Hauterive  (d').  Note    197.  Note  586. 

Hauteville  (comte  d').  807. 

Havre  (Le).  Note  373. 

Haydn.  Note  114,  136. 

Hazt  (ou  Hagy).  796,  798. 

H.  G.  (von).  798. 


I 

^■■lENSTRGIT.    164,    794. 
^KreDELHOFER.   320. 

iEDEMANN.  558,561,  584,  629,  631. 
Iegardt.   8,  17.  19,  35,  38,  49,  52,  54- 
56,   58,   60,    105.    193.   236.  357,   394, 
395,  499,  517,  562,  580,  604. 
leidelberff.  (et  université  d').  415,  779. 
leilbronn.  32. 
^EiLMANN.    430,    436,    467,    607.    Note 

617,  635,  673,  675,  706,  727,  747. 
leilsberçf  combat  de).  Note  689. 
riEiM.  386 

'/e^i'éfie-//etoe<t</ue  (diète,  république 
et  confédération).  21.  Note  102.  Note 
146,  400. 
Ienckbl     von     Donnersmark    (com- 
tesse). Note  *î15. 
Ienri  de  Prusse  (prince).  626. 
cIerger.  416. 
flerrensheim.  149. 
Hermann.  94. 
Herrngassc.  Note  792. 
;lERZ.'99,  246. 
Jerzog    4.'J6. 

Hesse-Cassel  (et  électorat  de)-Hessois. 
50,  66,  67,    158,  170.  Note  176,  252, 
259.  Note  260,  306-308,439,  507,  551, 
600,  637. 
Hessb-Cassel  (Guillaume  !•',  électeur 

de).  66,  67,  134,  370,  384. 
Hbssb-Gassel  (Guillaume  II,  électeur 

de).  6«,  67.  Note  118.  134. 
Hbsse-Cassel        (Frédéric-Guillaume 

de).  Note  67.  Note  700. 
Hèsse-Darmstadt  9,  13,  16,  92,  93, 
136,  158,  252,  262,  294,  306-308,  327, 
365,  395,  494,  495,  522,  523,527,537, 
551,  637,  666,  669,  751. 
Hesse-Darmstadt  (grand-duc  Louis 
de).  Note  xxn.  146,  158,  175,  236, 
262.  Note  272,  519.  Note  593,  Note 
610,  650. 

IIbsse-Darmstadt  (grand  duc  héritier 
Louis  de).  136.  Note  236,  237,  610, 
665,   709,   730,760. 
IIesse-Dabmstadt  (Loi:is   III).  Note 

610. 
IIesse-Hombourg (prince  de) . Note 97. 
Hesse-Philippsthal    (Louis,    prince 

de).  117,  118,  820. 
Hétairie  (V).  Note  3,  818. 
Iletzendorf    (château   d').    Note   71. 

Note  128,  298,  727. 
IIbtmbach. 136 
Hbtme  (D').  582. 
H.  H.  800. 
Hietzing.  432. 
Ilimmelpfortgàsse,  76. 
lloGHBBRG     (Charles-Léopold,     mar- 
grave de).  444. 
Hoffmann    93,  213,  557.  Note  598,735. 
Ilof  ifammcr  (et  président  de  la). Note 

36.  Note  70. 
Jlolie  Brfic/ce.  334. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


841 


HoRENHEiM  (comtesse).   163,  199. 

Hohenlohe  (régiment  autrichien,  au- 
jourd'hui 26*  d'infanterie).  715. 

Hohenlohe-Bartenstein  (prince  de). 
307,  327,  507,  569. 

HoHKNLOHE  (colonel  prince  de).  Note 
98.  Note  159. 

Hohenzollern  (maison  de).  50  7. 

Hohenzollern-Hkchingen  (F'rédéric- 
Hermann,  prince  de)    605,  812. 

IiOHENZOLLERN-SlGMARINGE*(  Antoine, 

prince  de).  137,  180,  253,  385. 
Holitsch.  Note  112. 
Hollande  -  Hollandais .  55,    74.    Note 
144,  187,  203.  204,208,216,258,261. 
Note  264,  286,290,291,298.299,302, 
304,  335.  371,  380,  391,  431,432,455 
Note  463,  527,    586,   657,    658,   736, 
758.  Note  777- 
Holstein  (duché  et  famille  de).  Note 
64.  Note   125,   143.  193.    194.    Note 
463.  Note  466, 551,  632,  744,  746.  Note 
811. 
Holstein-Bpck  (prince  de).  Note  99. 
Hongrie-Hongrois.  Note  3,  20.  Note 
96".  Note  138,  211,  220,  226,  227,230, 
231,  241,  257.  265,  266.  Note  301,  317, 
348,  355,  382,  422,  423,  433.445,448. 
Note  458,  466,  480,  481,  493,495,504, 
508,  512.  Note    518,    566,  570,    713, 
745. 
Hongrie  (faubourg  de).  278. 
HopFEN.  177,  385. 
HoppE.  428,  526. 
HoppNER  (Isabelle).  264. 
HoRMAYR  (baron).  795. 
HoRTENSE   (Reine).   Note  xxii.  Note 

274. 
Hoya.  Note  780. 
IIoYos  (comtesse)   4S6. 
H. ..t.  802. 
HuDELiST.  12,  25,  26,  27,316,  428,526, 

556. 
HiiGEL  (baron). 263, 374.  Note  375,379. 
Huit  (les)  (et  comité  des).  284,  285, 
356,  357,  394.  Note  407,  453.  Note 
475.  Note  529,  542,  686.  Note  694, 
762.  Note  769. 
HuMBOLDT  (baron  de).  Note  xxii. 
Note  1,  31,  49,  50,  53,  54,  65.68,  69, 
71, 75,  82,  93,150.161,  162,  164.  179, 
213,  251,  253,  254,  291,  296,  299,312, 
315,  337,  347,  418,  420,  426,  427,  436. 
Note  441,  442,  450,459,475,492,496, 
522,  529,  531,  545,549,554,557,585, 
.^99,  600,  602,  605,  614.616,618,624. 
629-631,  637,  646-648,  656,  666.  668, 
673,  700,  725,  73^.,  748,  754,  758,769, 
776,  778,  779 

HuMBOLDT  (M""   d'j).   631. 

HuRTER  (libraire).  508. 
Hussards  (7'  régiment  de).  Note  709. 
Hussards   Empereur  (régiment  de). 
Note  135: 


842 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


Hussards  de  Szekler  (régiment) .Note 

183. 
Hussards  de  Wûrmser  (corps   franc 

des).  Note  182. 
HuTCHiNsoN  (capitaine).  Note  166. 


Iablonowska  (princesse  Caroline,  née 

Woyna  .  Note  166.  Note  322,  569. 
Iablonowska    (princesse    Tecla,   née 

Czaplic).  Note  166. 
Iablono^vska(;  rincesse  Thérèse,  née 

Lubomirska).  Note   166,  600.  Note 

710,  736. 
Iablonowska    (princesse,   née    Wal- 

ewska  .  166. 
Iablonowski  (Antoine,  prince).  Note 

166. 
lABLONOwsKiiprince  Louis'.  Note  166. 
lABLONinvsKi      (prince     Maximilien). 

Note  166. 
Iablonowski  (prince   Stanislas-Paul). 

Note  166. 
i.\HL,  789. 
Iaschegg.  Note  792. 
Iasmund.  119. 

Iassot  (D').  137.  Note  777. 
Inssy.  358.  Note  612,  658. 
Jaszlo.  804. 

Idzstein  (von).  Note  590. 
InzsTEiN  (M"'  d').590,  592. 
léna  (Université    et    bataille  d').   13. 

Note    7-i.  Note  90.  Note  100.  Note 

118,  41o. 
Ibrmolot-f  (Yermoloff).  55,  173. 
Iessupow  (princesse  Eudoxiej.  Note 

811. 
Iglaii.  Note  100,  236. 
Ignace  (archevêque),  6l2,  618,  619. 
Iles  (Les  Sept).  275,  277. 
Iles  Ioniennes  (Les).  Note  132.  Note 

195,  196,  275,  277.  Note  597. 
tllyrie  et  provinces  Illyriennes.  Note 

35,  713, 
Indemnités, compensations,  échanges, 

13,  21,    33,   35,  37-40,   47.  Note     98, 

169,  208,  235,  389,  391,  394,  402,  486, 

504,  507,  515,  523,  545-547,  572,  600, 

615,  618.  632,  649,  666,715,  720.  740, 

747. 
Indépendance,  201,  210,  221^  513,  653, 

658,  712. 
Indépendantistes  (Les).  295,  314,  594. 
Indes  (Les).  —  Indiens.  527,  691. 
Infantado  (duc  de  V).  Note   682. 
/7m  (L').  439. 
Innshruck,  786,  787. 
Inn-Viertel   (L').    235,  238,  239,    361, 

598,   672,  696. 
Insurrection    hongroise,    viii.     Note 

301. 
Insurrection  polonaise.  Note  140, 222. 
Invasion.    153.  Note  432. 


Investiture  {Chine a.) .  83,  89. 

Ion  Hoeping  (et  traité  de).TNÎote  100 

Irlande  (et  Chambre  des  Communei 
d').  Irlandais.  Note  281.  Note  282 
553,  816. 

Isabelle  II  (reine  d'Espagne).  Note 
683. 

Isabey.  184,  260,  338,   762. 

Ischl.  Note  710. 

Isenburg  (colonel  comte  de),  94,137 

Isenburg-Birstein  (prince  CharleS' 
Frédéric  d'),  260,  459,  497. 

IsENBURG  (princesse  d').  137,  497. 

Isère  [L').   204. 

IsTME  (duchesse  d'),  646. 

It.  803,  804. 

Italie  (Affaires  et  royaume  d').  Ita 
liens.  XIV.  Note  3,  13,  21,  29.  Note 
32,  35,  38,42,  44,  46.  Note  50.  Note 
55,  81,  85.  Note  87,  90.  Note  91, 
105,  107,  112,  121,  122,131,  149,  150, 
168,  170,  173,  183,190,  196,  201,  204, 
206-210,  223,  232,  235,  242,  243,  246- 
248,  254,  261,  26:;,  277,  285,  286,  290, 
294,  295,305,310,  311,  313,  314,  320, 
350,  .^57,  381,  399,  439,  446,  452,  455, 
459,  461.  Note  465,  469,  471,  474,477, 
484,  584,  511,  512,  545,  547,551,567, 
593,  5?4,  618,624,  632,  638,  657,  658, 
673,  676,  680,  719,  725,  732,  735.,  736^ 
745,  762,  768.  Note  774,  780,  810,813 
819. 

Italie  autrichienne  (et  commission! 
de  réorganisation  des  provinces 
autrichiennes  de  1').  42,  50,  51,  234. 

Italiens  (régiments).  49. 

Italienne  (République).  Note  111. 

Italinsky.  632,  693. 

luNG  (général  Th.).  Note  405. 

IvERNOis  (d',  sir  Francis;.  327,  348 


i 


Jackson  (George).  281,  345. 

Jacoli-Klqest  (baron i.   253,  296,  545,5 
647,  666. 

Jeicobins.  Jacobinisme,  160,  185,  335i, 
378,  379,  645.  \ 

Jamaïque  (La).  Note  780.  1^ 

jABRETièRE  (Ordre  de  la). 48. Note  49^ 
498. 

Jaucourt  (comte  de).  Note  125.  Not 
250,  390.  Note  406.  Note  407.  Notd 
466.  Note  481.  Note  586,  624.  Not| 
651.  Note  652.  Note  663.  Note  673 
684.  Note  740.  Note  741.  Note  767] 
Note  7S1. 

Jean  (archiduc).  46,  82,  251,  388. 

Jean  (prince  de  Danemark).  Note  175Ï 

JÉRÔME  (roi  — ,  comte  de  Hartz).  Note' 
XXII.  Note  77,  136.  Note  292.  Note, 
322.  Note  472.  Note  530,  573,   574, 
659. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


843 


Jérusalem  (et  roi  de).  203. 

Jésuites  (Les  et  rétablissement  des^. 

59.  Note  91,  100,  101.  Note  157,  176, 

279,  487. 
Joël.  373. 
Johannesgasse.  130.  Note  326- 
Johnson.  209,  210,  281. 
JoMiNi  (général   baron).   129,  170,171, 

202,  203,  226,  245,  260,  274,  280-282, 

369,  456,  484,   584,  585,  611,  780. 
JoMiNi  (baronne).  245,  456. 
Jordan.   93,   159,   161,    253,   281,   325, 

397,  398,  520,  545,  602,  606,  719,  735. 
Joseph  II  (empereur).  vi;i,  xviii,  xrx. 

Note  15,  66.  Note  84,347,  783,  787. 
Joseph  (archiduc).  3,  45,  138,  211,  238, 

241.  Note  266,   339,  437.   Note   494, 

504,  512,   699,  769. 
Jo.iEPH  Bonaparte.  7  2.1^016  108.  Note 

318,  682. 
Joséphine    (impératrice).    Note    407, 

636,  708. 

JOUFFROY.  681  . 

Journal  de  Francfort  (le).   176. 
Journaux  étrangers    387. 

JUBILLE.    759. 

Judex  Curiae.  Note  70. 
Juifs    députation   des)  et  Juif  de  la 
Cour.   11,  90,  346,  382,  400,  425,  532. 
JuLiERS.  2,  187,  451,  730. 
Junte  d'Etat.  Note  110.  Note  620. 

JUSTEL.    795. 


K...  (von).  795. 

Kaeraliierstrasse.  Note  140.  Note  326, 

760. 
Kaerntnerihor  (théâtre  du).  11<4,  180, 

478. 
Kageneck  (comtesse  Flore),  voir  com- 
"     tesse  Wrbna. 
Kaisergarten.  96,  130. 
Kaiser  in  von  Oes<erreic/t  (Hôtel  zur). 

75,  659. 
Kaiserstein  (baron).  543. 
Kalisch  (et  traité  de).  Note  31.  Note 

118.  Note  415,  602,  608,  615,  645. 
Kalmouks  (les).  271. 
Kamenelz  Podolsk.  723. 
Kamensky  (comte).  Note  95. 
Karadja  (Jean  II).  xxii.  Note  3.  Note 

4.  Note    20,   44,  47.  Note  49.  Note 

61,  66,    73.    Note  98,   133,  141,  177, 

178,  218,  328-333,  429,  447,  448,  594, 

658,  676,  818,  819. 
Karadja  (Nicolas).  818. 
Karageor^evitch.      Voir     Czerhtp- 

Georges. 
Kaslsbad  (et  traité  de).  Note  7.  Note 

120. 
Karlsruhe,  19.   Note  63.   Note  103, 


Note  183,  188,  362,   363.   Note   572, 

583,  605,  700,  77-9. 
Karmin  (O.).  XV. 
Karski.  333 
Karsten.  775. 

Kaschau.  241,  796-SOO,  803,   804. 
Kaser  (Joseph).  805. 
Kaula.  137. 
Kal'la  (S. -H.).  137. 
Kaunitz  (princej.  94,   140,   255.  Note 

301,366. 
Kehl.  451. 
Keller   (comte).    137,    259,   260,    262, 

296,307-309,  365,  469,592,  637,674. 
Kerpen  (baron  feld^eugmeister).  164. 
Khanikoff  (général  de).  311,  614. 
Khevenhuller  (prince).  206. 
Khevenhûller    (Emmanuel   comte). 

674. 
Kiel  (et  traité  de).  28.  Note  100. Note 

125,  244. 
Kiew  (et  Gastellan  de).  Note  284. 
Kingston    Note  780. 
KiNSKY  (comte).  127,  164. 
KiRKNiTZ  (?)  (général  lieutenant).  716. 
KissELEFF.  155,  156,  233,  366,  501. 
Klauss  (lieutenant).  387,  3'i8,  449,453. 
Klebelsberg  (général  comte).  182. 
Klebitz  Note  415. 
Kleinhardt  (Marie).  224. 
Kleist  (von  NoUendorf,  général).  156, 

157,  360,  371. 
Kleist  (lieutenant  von).  283,  Note  322, 

382,426. 
Klenau  (général  comte).  32. 
Klev^txtz  (von).  507. 
Klinkowstrôm    (baron  de).   Note    3. 

Note  4.  Note  6.    Note  9.  Note  44. 

Note  47.  Note  72.   Note  142.  Note 

429,  448.  Note  594.  Note  676.  Note 

677. 
Klûber.  140.  Note  158,  188,  312.  Note 

316,  637.  Note  640,  717.  Note  777. 
Knesebeck  (général  baron).   93,   161, 

181,   182,   253,  501,  556,602,   743. 
Kniphausen    (seigneurie    de).    Note 

259.  Note  777. 
KocH  (baron).  136,  163,  369. 
KoGK.  152,  154,  155,  696. 
KoHARY    (Maria-Antonia,  comtesse, 

puis  princesse).  567. 
Kohlhaas  (von).  Note  98.  Note  159. 
Kohlmarkt  (Le).  230. 
KoLLER  (général).  40,  43,  57,  375,  568, 

578,  606,  640.  Note  677. 
KoLOWRAT    (comte).    Note  100,    211, 

417. 
KoMAR  (comte  de).  128,  129 
KoMAR  (comtesse  de).  129. 
KoMAR  (Nathalie  de).  Note  279. 
Konigsherg.  Note  416.  Note  735. 
KOl'DKIAFFSKY.  132,   134,  181,  215 
KouTouzoFF   (comte,  général    russe). 

Note  2.  Note  31.  Note  95.  Note  415. 


844 


AUTOUR   BU   CONGRÈS    DE  VIENNE 


Kovno.  173,  723. 

KozLOwsKi    (prince).    487,    560,    561, 

568,  680. 
Kraft.  619. 

Krasinski  (général  comte).  97, 
Krems.  Note  4. 
Kridl.  752. 
Kriebel.  804. 
Kruft  (baron).   526. 
KnuG.  387. 
Kruger.  420. 
Kulm   (bataille  de).   Note    157.  Note 

206. 
KiJNiGL  (comte).  486. 
KiisTER.  489,   529,  530,   533,  549,  550, 

582,  583,  668. 
KiisTER  (M"»).  550,  582. 


L...  359,  601,  607,  637. 

La  Besnardière  (J.-B.  de  Gouey  de 
la).  404,  430,  685.  686.    Note  706. 

Labocchèhe.  Note  432. 

Labrabor  (marquis  de).  78,  86-89, 
108.  Note  118,  119,  127,  128,  132, 
141,  142,  179,  190,  201,  202,  216,  242, 
254,  261,  262,  264,  284.  285,312.  327, 
346,  349,  369,  i96,  514.  Note  545, 
546,   562,  572,  589,  598,629,  643,  762. 

Lac  Majeur  (Le).  657. 

La  Chaux  (M"'  de  la).  583. 

Lachmann  (de).  378. 

La  Fare  (Cardinal  de).  96.  Note  197. 

La  Fayette.  780.  Note  781. 

La  Garde  (Comte  de).  Note  223. 

Lu  Grange  (Nièvre).  iS^ole  538. 

La  Harpe.  45,  102,  146.  161,  162,  170, 
173,  184,  185,  214,  225,  226,  250,253, 
259,  284,303,  312,  316,  333,  338,341, 
342,  352.  365,  370,  382,  387,  388,399, 
400,  420,  433,  459,  460,  494,  502,  503, 
521,  526,  535,  545,559.  568,  584,  596, 
619,631,  651,  679,  687,  6S8,  697,  702, 
750,  766,  780. 

La  Haye.  Note  51,  71.  Note  84.  Note 
92.  Note  175,  281,  335,  430,  463. 
Note  465,  488,  586. 

Lahn  (La).  69. 

Laibach  (et  congrès  de).  Note  7. 
Note  40.  Note  57.  Note  125,  795. 

Lali.y-Tolendal.  Note  781. 

La  Mark  (comte  de).  Note  229. 

La  Martinière.  713. 

Lamb  (F.-J).  147,  281,303.  Note  443, 
501. 

Lambach.  801. 

Lambert  (Séraphine).  484,  496,  554, 
5  75,   596,  643,   706,  731. 

Lamy  (Etienne).  811. 

Lancaster.  464. 

Lanciers  (polonais,  compagnie  de). 
48. 


Lanckoronski  (comte),  112,  779. 
Landshutten  (Messieurs).  376. 
Landstrasse  (la).  233,  278. 
Landsturm  (Le  et  Edit.  sur  le).  Note 

90. 
Landwehr.  18,  97,  801. 
Langenau  (général).  42,  107,  175,  418, 

623. 
Langeron    (général,    comte    de).  39. 

Note  23%  560,  658. 
Langeron  (Geneviève-Adélaïde   de). 

Note  233. 
Langres.  Note   764. 
Langwert.  803. 
Lannes  (maréchal).  Note  683. 
Lansdovs'Ne  (lord).  Note  695. 
La  Roze.  794. 

Las  Casas  (marquis  de).  813. 
Laskaraki.  819. 
Lassberg  (von).  596. 
Latouche-Tréville.  Note  110. 
Latour  (colonel  comte).  715. 
La    Tour    du    Pin    (comte  de).  Note 

xxii,  65,  84,   96,   115,    116,  130,  137, 

254,  255,  271,  432,464,   467,  538,551, 

566,  586',  592,  633,656,  671,  673,678, 

770,   771. 
La  Tour  du  Pin  Gouvernet  (comtesse 

de)    Note  96,  432. 
La  Trappe.  820. 
Laubach.  41. 
Lauenbarg  (et  duché  de).  Note  100. 

Note  522. 
Lauer  (général).  349. 
Lausanne.  Note  96. 
Laval     (Adrien     de     Montmorency, 

prince  de).  589,  652. 
La  Valette  (comte  de).  Note  166. 
Laxenburg    (château    de).    257,    354, 

566. 
Lazanski  (comte  Pi'osper).  745. 
Lazanski  (comtesse).  425. 
Leblanc.   582. 
Lebon.  574,  660. 
Lebzeltern     Note  97,  276,  773. 
Lecestre.  Note  191. 
Lechi (général  Joseph).  704. 
Lechi  (général    Théodore).    704,  744, 

762. 
Légations  (les).  21,  35,  36,  38.  40,65, 

79-82,    89,    169,    187,    209,  232,   285, 

286,  313,  450-452,468,  482,  483,  488, 

546,  565,  576,  598,  617,634,707,  716, 

761. 
Légion  étrangère.  Note  712. 
LÉGION  d'honneur  (ordrc  de  la).  642, 

763. 
Légitimité  (et  princes  légitimes).  37, 

177,  741. 
Lehrbach.  148. 
Leimann.  124. 
Leiningen.  158,  306,  307. 
Leiningen  (comtesse  de).  303. 
Leipzig  (bataille  et  convention   de). 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


845 


Note   25,  35-37,  40.   Note  77.  Note 

139.    Note    174,  239,    272,  283,  582, 

635,  653.  Note    689.  Note    752,  813. 

Lemberg-Leopol.   64,    353,   367,    397, 

711,   722,  786. 
Lemmi  (F.).  XIV. 

LÉON  XII  (pape).  Voir  Della  Genga. 
Léopol,  voir  Lemberg. 
I^ÉOPOLD  II  (empereur),  xix.  Note 206. 
LÉOPOLD  II  (grand-duc  de  Toscane). 

Note  121.  Noie  138.  Note  160. 
LÉOPOLD  (ordre  de),  ix,  154,  181,  182, 

265,  344. 
LÉOPOLD  DES  Deux-Siciles  (princc  de 

Salerne).  240,  373.  Note  625,  820. 
LÉopoLDiNE  (archiduchesse).  Note  75, 

79,  80,  715. 
Leopoldstadt  (La —  et  théâtre  de  la). 

304. 
Lepel.  137,  158. 
Le  Peletier  (rue).  Note  810. 
Lercheisfeld  (comtesse  de).  643. 
Lerchenhei M  (von).  790. 
Lespine.  579. 

Lestocq  (et  corps  de).  Note  712. 
Lettres  de  créances.  628,  652, 
Leurs  (von).  11,  138,  696,  793-804. 
Leutrum  (M""'  de).  199. 
Levant  (Le  et  clef  du).  277. 
Leveling.  245-247. 
Levery  (ou  Severey).  419. 
Leten  (comtesse  de  la).  149. 
Leye.n  (prince   de   la).  Note  29,   149, 

293.  Note  ^85. 
Ley  Kam  (baron).  32,  148,  259. 
L.  G.  794,  800. 
Libraires  allemands.  —  Liberté  de  la 

Presse.  —  Propriété  littéraire.  238, 

270,    416,  418. 
Licenciement.  553. 
LiCHTE.NAu  (comtesse  de!.  532. 
Lic/iteuiersr(principauté  de). Note  133. 
Liechtenstein  (Maison  princière  de). 

385. 
Liechte.nstein  (prince  Charles  de).  92, 

481. 
Liechtenstein  (prince  Cliarles-Borro- 

inée  de).  Note  92. 
Liechtenstein  (prince  Jean  de).   101, 

479,  496,  498.  Note  771. 
Liechtenstein  (prince  Louis  de).  206. 
Liechtenstein  (prince    Maurice    de). 

754. 
Liechtenstein  (prince  Wenzel  de).  94, 

107,  312,  317,  327,  771. 
Liechtenstein  (princesse  Charles  de, 

née    comtesse     Franziska    Wrbna 

Freudenthal).  Note  92. 
Liechtenstein  (princesse  Charles  -Bor- 

romée  de,  née  comtesse  Maria- Anna 

Khevenhuller).  Note  92. 
Liechtenstein  (princesse  Léopoldine). 

167,  168,  200, 


Liechtenstein  (princesse  Maurice,  née 

Esterhazy).  318. 
Libdekerke-Beaufort  (comte  de).  96, 

432.  Note  433. 
Liedekerke-Beaufort  (comtesse  de). 

Note  96. 
Liège  (et  pays  de).  187,340,  488,489, 

530,  736. 
LiEVEN  (comte,  puis  prince  de).  Note 

XVII.  553,  620,  627,  659,  662,723. 
LiEVEN  princesse  de).  Note  103. 
LiÉVREviLLE  (capitaine  von).  Note  98. 

Note  159. 
Ligne  (prince  de).    76.  100,  120,  131. 

Note  156,161,  162,170,  182,  212,225, 

226,279,  319,402,  i03,  452,  484,492, 

525,  526,  539,  541,  566,  574,  601,  609, 

638,  674.  Note  678,  733,  737,  769. 
Lignes  (les).  503.  Note  770. 
Ligue  des  Princes  (la).  364,  365. 
Ligues  Grises  (les).  719,  740,  757. 

LiLIENAU.   417. 

Limbourg  (le^  340. 

LiMPENS  (von).  296. 

LiND.  430. 

LiNDEN  (baron  de^  119,  136,  137,164, 

179,   180,225,291,  361,  387,  398,401, 

414.  Note  415.420,  459,497,  514,554. 

Note  565,    569,   583,   619,  633.  Note 

647,  659.667,  674,  680,  693,  716,729, 

739,  743. 
LiNDENAu  (von).  418. 
Linz.  XXI,   46,  97,  98.  Note  125.   Note 

247.  Note  335,  351,  768,  786,  787,  801. 
LiPiNSKA.  Note  157, 
Lippe-Detmold  (prince  de).  307. 
Lippe  Schaumburg  Biickeburg  (Geor- 
ges-Guillaume, prince  de).  Note  40, 

137,  180.  Note  469. 
Lippe    (Wilhemine,  comtesse).  Note 

40,  469. 
LiPS.  377,  386,  387. 
LisAKEviTCH.  Note  197.  Note  230,670, 

704. 
Lisbonne.  Note  53,   281.  Note  303. 
Liston    Sir  Robert).  421. 
Lithuanie-Lithuaniens.   Note    2,  113. 

Note  166,  574. 
LiTTA  (Albert,  comte).  Note  122. 
Litta  (Antoine  duc).  Note  809. 
Littjv     Visconti    Arbse  (Jules   René, 

comte).  516,  680.  Note  809,  810,  811. 
Litta  (duchesse).   231. 
LivERPOOL  (lord).  Note  630.  Note  664, 

777. 
Livi  (G.)  XIV. 
Livourne-Livournais.    223.  Note  375, 

405,471,  635.  Note  636,  708,728,780. 
LoBKOv.'iTZ  (Comte.  418. 
LoBKOwnz  (Prince  .  385. 
Loges  (les)  (cabinet   noir),  xxi.  786, 

787,   789. 
LÔHR  (baron  von^  752. 
LoHR  (bailliage  de).  408. 


1 


84G 


AUTOUR  DU   CO^'GRÈS    DE   VIENNE 


Lombard  (Sér£^phine)  372,  709,  753,  816. 

Lombardie-Lombards.  31,  35.  Note 
76,  Note  175,196.  Note  201,  208,232, 
314.  Note  471.  Note  70S>.  Note  759. 

Londres  (et  conférence  de),  xv,  4,  7- 
10.  Note  12,  17-20.  22,  24,  2!i,  27,32- 
34,  36,  40,  42,  46,  49-51,  56,  57.  Note 
79.  Note  90.  Noie  92.  Noie  114,174- 
176,  196,209,210.  Note  225.280,281. 
Note  284,  287,  283,301,  334,338,371. 
Note  383,  413,  414,  4 '6,  464,  465, 
545.  Note  553,  581,  582.  Noie  589, 
590,  602,  620,  627.  Note  652,  659, 
661,662,  707,  713,   723,   740,  756,765. 

LoNGiNOLD  (de).   714. 

Lorraine  (la).  Note  302.  Note  589. 

Los  Rios.  261,  262,  401,  469,  590,  814. 

LouBiTGH  (archimandrite).  215. 

Louis  (baron).  45,  389,  764. 

Louis  1"  (voir  Prince  royal  de  Ba- 
vière) . 

Louis  !•'  (roi  d'Etrurie).  Note  285. 

Louis  II  (roi  d'Etrurie).  Voir  Charles- 
Louis. 

Louis  XVI.  Note  116. 

Louis  XVUI.  Note  xxii.  4,  29,48,  56, 
65,  85.  Note  96. 182  Note  197.Note 
202-204,236.  Noie  250,  258,287,288, 
322.  Note  332,372,374,  394,404,412, 
413,  421,  424,  434-436,  459,  462,  469, 
470,  482.  Note  507.  549.  553,  562. 
Note  571,  586  Note  589.  Note  604, 
624,  628.  Note  638,  651,  652,  657, 
663.  Note 664.  Note  676,680,684,685. 
Note  692.  Note  693.  Note  702,  703. 
Note  709.  Note  735,  Note  737,  740- 
742.  Note  764,  766,  767,  813,  819. 

LOUISBOURG.     216. 

Louis-Ferdinand  de  Prusse  (prince). 
Noie  437,   811,  812. 

Louis-Napoléon  (prince).  Voir  Napo- 
léon III. 

Louis-Philippe.  Note  604. 

Louvain  (Université  de).  596. 

Lovati  (Madame).  231. 

Luwenhielm  (corale  de).  Note  8,  230, 
243,  244,  248,  281,  300,  312,  321,336, 
337,  356,  362,  369,  393,435,  475,499, 
514,  561.  635,  670,   746. 

LÔWENSTEIN-  WeRTHEIM-FrEUDENBERG 

(prince  Guillaume  de).  250,308, 398, 

497. 

LÔWENSTEIN   -  V^ERTHEIM  -  RoSENBERG 

(princeCharIesde).250,308,  398,497. 
Lowicz  (princesse   de,  Jeanne  Grud- 

zinska).  Note  282.  Note  342. 
Lubeck.  137,  306,  400. 
LuBiANSKY  (Général).  44. 
Lublin.  723. 
LuBOMiRSKA    (princesse).    Note    111. 

Notf-.  284,  508,  569. 
LuBOMiRSKi (prince  Henri).  77,  281,  283, 

284,  333,  334,  383.  Note  559,  713. 
LuBOMiRSKi (prince  Joseph).  Note  284, 


LuccHESi  (duc).  501. 

LuGCHESiNi  (Marquis).  530. 

LuciEM  Bonaparte.  573. 

Lucques  (et  duché  de).  221.  Note 285, 

515,  516.  Note  545,  546,  728. 
LuDOVisi    BuoNGOMPAGNi    (priiicc    de 

Piombino).  315.  Note  704,  725. 
Lunéville  (traité  de).  Note  301.  Note 

577. 
Lusa.ce  (la).  2,  315,  497,  523,  532,  563, 

581,  667,  689. 
Lusthans  (le).   Note  339. 
Luizen(bataiIlede).Note67.  Note  175. 
Lûtzow  (corps  franc  de).  418. 
LiÏTzow  (comte  de).  Note  100. 
Luxembourg  (duc  de).  Note  114. 
Luxembourg  (et  le).  144,  145,187,204, 

455,  463,  488,  489,  565,  736. 
Lyon  (Consulte  et  comices  de).  Note 

121.  Note  183.  Note  231.  Note  709. 
Lts  (ordre  du).  372. 


M 


M.  797. 

Magdonald  (maréchal).  763. 

Macerata.  176. 

Machado.  88,  118,  327. 

Macke.    722. 

Mackintosh.  586. 

M"""  Royale.  Voir  Duchesse  d'Angou- 

LÈME. 

Madère  (île  de).  554. 

Madison.  662,  766. 

Madrid.  Note  33.  Note  75.  Note  110, 

262.  Note  303,   589,  629,  682.  Note 

767,  813. 
Maerenthal.  Note  xx. 
Magauly-Gerati  (comte).  471,  559. 
Magdebourg. Noie  17,  531,  536,  660. 
Magenta  (el  bataille  de).  Note  451. 
Mailath.  431-817. 
Maison-Blanche  (la).  Note  766. 
Maistre  Joseph  de). Note  xxii.  Note 

197,  397,398,  412.  Noie  414,  703,766. 
Malaspina  (marquis).  137,  808,  809. 
Malczewski  (major).  501,  520,529,568, 

666,  672,  690,  692,  703. 
Malines  (et  archevêque  de).  236.  Note 

335.  Note  432. 
Malo-Jaroslawctz  (bataille  de).  Note 

689. 
Malsburg  (baron  de).  472,   573,  .574, 

659. 
Malte  (lie  de  — .  Ordre  et  galères  de 

l'ordre  de.  Note  53,  80,123,195,196, 

275,  277,  278,  347,348,  80Q,  810. 
Maltitz  (baron  de).  779. 
Maltzahn  (comte,  ministre  de  Prusse 

à  Vienne  en  1841  .  Noie  303. 
Maltzahn     (Ale.xandrine-Julia     de). 

Note  303. 
Maltzahn  (baron  de,  représentant  du 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


847 


duc  d'Oldenburg).  137,247,259,305, 
307,  582. 

Maman.  302,  412. 

Maisdel.  123,  132,  1.33,  197, 

Mandelsloh    244,  491,  588. 

Manège  Impérial  (le).  312. 

Manipulation  (la),  xi,  xxi.  Note  217, 
253,  303,  421,  456,  466.  Note  472,478, 
528,  575,  582,  583,  596,  725,  739,  746, 
779. 

Munnheim.  380,  817. 

Mantoue.  461.  Note  679. 

Marassé  (comtesse  Aurore  de).  Note 
205,  756,  772,  814,  815. 

Marassé   général  de).  Note  814. 

Marchand  d'huiles  (le).  Note  375. 

Marchfeld   (le).  Note  107.  Note  705. 

Marciana.  121,  122. 

Marcolini  (comte).  15. 

Maréchal  et  Maréchaux  de  France  (et 
requêtes  des).  474.  Note  507,  563. 

Marengo  (et  bataille  dei.  Note  87. 

Marks'calchi  (comte).  Note  120-122, 
320,  350,  381,  471,  482. 

M.VRKSCALCHI  (comtessc).  Note  148. 

Maria  II  (dona,  reine  de  Portugal). 
Note  567. 

Maria  Feodorovna  (impératrice 
douairière  de  Russie).  41,  43,  62,  64. 
Note  501,  680. 

Maria  Ludovica  (impératrice  d'Au- 
triche). Note  xxii,  3.  Note  12,  46, 
-104,  127,  181.  Note  206,  233,  336,  337, 
425,  533,  534. 

Mariage  (et  projets  de). 606,  640,  649, 
671,  677,  679,  687,  698,  712,  715,  726, 
773,  807. 

Mariahilf-Mariahilferlinie .  138 . 

Marialva  (marquis  de).  688,  697,  749. 

Maria  Sliegen.  334. 

Marie  (grande-duchesse).  Note  xxii. 
62,  7S  95.  Note  lOO,  104,  207,  317, 
388,  526,  556,  614,  645,  775. 

Marie- Antoinette  (reine  de  France). 
Note  640. 

Marib-Garoline  (reine  des  Deux-Si- 
ciles).  33,  53,  71.  Note  72,  73.  Note 
76,  78,  79,  127,  128,  131.  Note  240. 
Note  303,  501.  Note  625,  820. 

Marie-Caroline-Auguste  des  Deux- 
Siciles  (duchesse  d'Aumale).  "Note 
240. 

Marie-Charlotte  d'Autriche  (pre- 
mière femme  du  prince  Antoine  de 
Saxe).  Note  160. 

Marie-Clémentine  d'Autriche  (archi- 
duchesse, princesse  de  Salerne). 
Note  240. 

Marie-Louise  (impératrice),  x.  xiii. 
Note  XXII.  5,  9.  Note  12,  46-50,  71, 
72,  79.  Note  92.  Note  121.  Note  148, 
159,  204,  221,  232,  233,  246,  252,  274, 
282,  285,  286,  290,  304,  312,  315,  318, 
324,  334,  339.  Note  350,  352,    361, 


366-370,  382,  420,  425,  432,  441,  442, 

456,  470,  473,  482,  484,  49i-496,  505, 

521,  524,  5t>8,  542,  559,  565,  568,574, 

576,  592,  595,  606,  611,  613,  614,  623, 

625,  630,  63i,  635,  638.  640,  643,  666, 

668,  669,  676,  697,  705,  707-70J,  718,' 

7-'6,  728,  734,  756,  75i,  759,  770,  780, 

781. 
Mabib-Louise   (infante,  reine  d'Etru- 

rie).  47,  48.  246,247.  Note  385,361, 

429,  545,  546,  582,  565,  607,  6Î1,  fi», 

643,  649,  666. 
Marib-Thbrbse  (impératrice),    xviii. 

Note  102.  Note  140,  347, 
MARiB-ÏHBRèsB     d'Autrighe     (prin- 

cesse  Antoine  de  Saxe).  20.  Note  38, 

160,  -^56,  444. 
MARiE-ÏHÉRèsE  (reine  de  Sardaigne) 

807,  808, 
Marib-ïhbrbse  (Ordre  de).  Note  107. 

Note  182.  Note  206.  Note  610. 
Marine  autrichienne.  501. 
Marine  royale  (de  France).  204,  fi8,4. 
Mariotti    (chevalier).    374,  375,   397, 

404-406,  728. 
Mahmont  (maréchal).  636,  708.  Note 

810. 
Marne  (La).  804. 
Maroth.   803. 
Marsghall  (baron  de).   Ministre   de 

Bade.  252,   480,  5i0,  582,  583,  648. 
Marsghall   von   Bieberstbin  (baroi:, 

délégué  de  Nassau).   140,  307,  480, 

540,  637,  648,  778. 
Marsghall  (baronne  de).   582. 
Marsghall    (comte).    256,    381,    486, 

700. 
Marsghall  (comtesse).  700. 
Marseille.  Note  102,  405. 
Martbns  (baron  de).   52,  63,  64,  68. 

Note  155,  158,  263.   Note  259,  420, 

435,  492,  648,  659. 
Martin  (Paul).  Note  370. 
Massa-Carrara.  Note  196,  546. 
Masse  (von  der).  Note  99. 
Massbna.  Note  389. 
Massino  ou  Messina  (?).  319. 
Masson  (Frédéric).   Note  432.    Note 

717. 
Matschacker-hof  (hôtel).  215,  360. 
MvTTiAS.  795-798. 
Maabeuge.  280. 
Maubrbuil.  Note  573. 
Mavrojeni  (Démétrius).  817. 
Mavrojbni  (Jean),    94,  358,  4«3,  477, 

546.  Note   555,    603,  618,   619,  817, 

818, 
Mavrojbni  (Nicolas).   817,  818. 
Maximilibn-Joseph  (roi  de  Bavière). 

Note  XXII,  24, 37,  46.  Note  63, 86, 111, 

137-139.    Note    150,     163-16JI,    176. 

Note    179,    200,   206,    207,   212-214, 

225,    235,    238-240,    263.    Note    272, 

281,  292.   Note  300,  301.  Note  317, 


848 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE    VIENNE 


336,    337,  340,    337,   r68.  Note  374. 
Note  375,   378.  Note  396,   412,   422, 
444,  460,  485,  509,  519,  537,  538,  544, 
565,  598,  59'.»,  610,  623,  633,  645,  672, 
681,  701,  707. 
Mayence  (et  électeur  de).  Note  1.  2, 
6,21,  23.  Note  51,  57,  58,  149,  170, 
204,  22'.',  258,  331,  352,  373,  408,  454, 
598.   Note  619,  668,  695. 
Mayer  (ancien  officier).  366. 
Mayer  (fourrier  de  la  Chambre),  752. 
Mayhirt    (capitaine).   798-800. 
Mazarin'  (cardinal).   202. 
Megkiemburg-Sghwerin.  80,158,  308, 

3ô4,  551,  600,  637,  670.  Note  716. 
Megklembourg-Sghwerin    (Frédéric- 
François,  duc   de).    Note    74,    127, 
l:i5,  543. 
Mecklembourg-Strelitz  (duc  Gharles- 
Louis-Frédéric  de).    Note  77,  136. 
Note  700. 
Mecklembourg-Strelitz  (Georges- 
Frédéric-Charles,  prince  héréditaire 
de).   94,  740. 
Megklbmbourg-Strelitz     (Wilhel- 
mine-Frédérique   de    Prusse,    du- 
chesse de).  Note  700. 
Megklembourg-Strelitz     (Thérèse 
princesse  de).  Voir  princesse  de  la 
Tour  et  Taxis. 
Mécontentement-Mécontents.  36,  39, 
41.   85,   293,  296,297,   302,  305,   341, 
358,  373,  386,  387,  401-404,  442,452, 
462,  463,494,  495,  509,  517,  522,  523, 
525,  527,  553,  565,  589,  619,  634,  651, 
661,  696.  767. 
Médiateur-Médiation.  7,  256,  .332,  608. 

Note  688.  Note  757. 
Médiatisés  (princes  et  comtes).  Note 
75,80,  82,84,  150,  162-164,  16'.K  Note 
179,  21),  250,  293,  306,  362,365,384- 
387,  398,  403,  404,  423,  428,458,  459, 
478.  Note  479,  485.  496,  497,  507, 
508,  525,  527,  529,  600,  663,666,  710. 
Medici  (L,  de).  110,  117,  118,137,220, 

543. 
Medici-Spada.   Note  129. 
Médiierrxnée  (mer).  —  Département 
de  la  et  almanach  du  département 
de  la    373 
Meinhardt  (hôtel).   Note  810. 
Meissen.  283. 
Méjan.  Note  313,  461,  745. 
Memne.  165. 

Melbourne  (Vicomte),  voir  Lamb. 
Melzi  d'Eril  (duc).  462. 
Memel.  615. 

Mémoires-Mémorandum.  Note  125, 
175,  315,  329.  Note  331.  Note  332, 
361.  363,  371,  382,  386,  421,  435,  466. 
Note  478.  Note  479,  490,  497,  501, 
523,  528,547,  562,  568,  589,  596,  605, 
607,  630,  636,  640,  646,  659.  Note 
663,675,700,   704,722.   Note  747,748. 


MÉNEVAL  (baron  de).  318.  Note  521 

709,  718. 
Meppen  (comté  de).  Note  577. 
Mergey.  578. 
Mergy  (comte  de).  45,  225,  296,  428 

815. 
Mergentheim .  136. 
Mers  (empire,  domination  des).  276 
Messine  (et  bombardement  de).  Not( 

451. 
Metternich  (Joseph,  comte).  189. 
Metternich  (prince  de),  xii,  xxi 
XXII,  4,  10,  12,  17-25,  29-32,  35,  36 
39-41,  46,  61,  65,  69,  70,  74.  Note 
75,  83-88,  92-94,  114,  121,  122,  125 
132,  133,  140,  141,  146-150,  154,  155 
158-162,  171,  174,  175,  177-179,  192 
199,  201,  202,  205,  206.  Note  211 
213,  214,  217-219,  223-225,  236-239. 
241-243,  246,  251-257,  264,  265,  275' 
289,  291,  295,  296,  305,  307,  308,  310 
315,  316,  325,  326,  328,  338-340,  343- 
348,  350,  351,  363-365,  370,  374,  383, 
385,  389,  390-395,  397.  401,  403,  406 
407,  409,  420-423,  426-429,  435,  436. 
441-451,  453,  457-462,  469^  470,  Ali. 
475,  477,  479-481,  486.  Note  487' 
490,  492,  497,  498,  500-503,  509,  511, 
517,  ;il8,  522.  Note  523,  526,  532- 
535,  542,  643,  548,  5.)1,  552,  555,  558, 
561-566,  569,  .'576,  506,  598,  603,  604, 
619,  620,  623,  629,  640,  647  Note 
652,  6ô4,  660  663,  668,  670-672,  675, 
676.  Note  679,  681,  Note  683,  686. 
Note  689-693,  69,'),  698.  Note  702, 
703.  Note  712,  717.  720,  721,  731, 
737-739.  Note  742,  743,  748,  751,  754- 
757,  769,  770-774,  779.  Note  811,  814, 
815,  818. 
Metternich- VViNNEBURG  (François- 
Joseph,  prince  de).  65,  158,  543. 
Metternich  (princesse  François  de). 

255. 
Metternich    (prince    Richard    de). 

Note  3. 
Meuse  (la).  187,  340. 
Mexique  (et  expédition  au).  629. 
Meterbeer.  222. 
M.   G.  711. 

MiER  (comte  de).  Note  451,578. 
Milan  (et  troubles  de)  -  Milanais,  xiv^ 
21,  42.  Note  76.  Note  87.  Note  90, 
91,  122,  137.  Note  175,  190,  206,  208, 
Note  221,  231,  232,  277,  286,  Note 
313,  314,  44^  447,  461,  462,  471. 
Note  674,  704.  718.  Note  728,  732,; 
757,  771,  774,  794,  796,  798-800,  803,' 
806. 
MiLDER  (M-»').  372,  ; 

Milices  (les).  173,  553. 
Miltitz  (colonel  baron  de),  283,  303 
Note    322,    325,   339,    352,    369-371 
382,  426,  573,  575,  618,  640,  648,  655, 
702,  739,  742. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


849 


Mina.  Note  629. 

Mincio  (le).  Note  196. 

Minden.  Note  416. 

Minoriten  Platz.  Note  118,  128,  641. 

MiNKwiTz  (général  de).  Note  716. 

Minsk.  564. 

MiODUSKi.  222. 

MiRANDA.  502,  688,  753,  762. 

Mi&kolcz.  794. 

Missions  secrètes.  Note  416. 

Mittau.  151,  723. 

Mobilisation.  151. 

MocENiGO  (Georges,  comte).   75,  132. 

Modéne.    xiv.    Note    87.    Note    102. 

Note  121. 
Mohilew.  658. 

MOHRENHEIM.    327. 

Moldavie-Moldaves.  Note  329,333,355, 

453,   477,  546,  603,  658.   Note    751, 

818 . 
Moniteur  (Le).  45.  Note  349,  371,  430, 

439,  453,  454,  459, 
MoNROE.  Note  766. 
Mons.  204. 
Monsieur  (comte  d'Artois).  293.  Note 

407,  628.    Note  652,  685. 
Monstre  (Le)  (Napoléon).  48. 

MONTANELLI.    NotC   811. 

MoNTBAREY  (princc  de'.  Note  233. 
Monthélinrd  (et  principauté  de).  169. 
Moiit-IUaiic  (rue  du).  Note  810. 
Mont-Blanc    (département    du).    709, 

718. 
Monle-Cavallo.  209. 
MoNTEi.LANO  (duc  dc).  Volr   Fernan 

NUNEZ. 

MoNTENACH  (Jcan  de).  260,   327,   388, 

747. 
Monte  Napoleone (Le).  389,  563,  564. 
Monténégro  (Le).  214,  215. 
MoNTESQUiou     (comtesse    de).     Note 

XXII,  727,  780. 
Montesquiou-Fezensac  (abbé  de).  764. 
MoNTET  (baronne  du).  Note  156.  Note 

262.  Note  538.  Note  640.  Note  751. 

Note  785,  814,  816. 
MoNTGELAS   (comtc    de).    Note   xxn, 

150,  163,168,  270,  271,  346,  378,389, 

390,  400,  409,  410,  422,  443,  444,468, 

469,  502,  509,    599.    Note    617,  645, 

681,  701. 
Mont- Tonnerre     (département    du). 

Note  188. 

MOOSTHALL.    422. 

Moravie  (et  places  de  la).  Note  36, 
49.  Note  100,  379.  Note  729. 

MoREAU  (décorateur).  193. 

Morée  (La).  186, 

MoREL  iM™»).  183,  437,  483,  484,  495, 
506,  539,  569,  610,  650,  665. 

Morning  Chronicle  (Le).  Note  640. 

Mortier  (maréchal),   646. 

Moscou.  Note  95,  544. 

Moselle  (La).  24,  187. 

T.  I. 


Mosbr.  747. 

Moskowa  (La  bataille  de).  Note  2, 
Note  103,  809. 

Moskowa  (prince  de  la).  Voir  Ney. 

Moss  (convention  de).  Note  39,  54. 
Note  125. 

MiiuNEN  (baron).  384,  385. 

MuLLER  (capitaine,  du  corps  franc  de 
Lûtzow).  615. 

MiJLLER  (Garl).  415-418. 

MiJLLER  (domestique  de  Hardenberg  . 
746,  775. 

MuLLER  (maison).  Note  159. 

MiiLLER  von  Mûhlegg  (Ferdinand,  ba- 
ron, chargé  d'affaires  de  Suisse). 
370,  502. 

MÙLi.ER  (M"").   Note  247. 

Munich.  Note  51.  Note  63,  80.  Note 
150,  166,  167.  Note  168.  Note  175, 
211,  217,  218,  225,  246.  Note  247, 
292,  299,  363,  368,  400,412,  415,456, 
461,  468.  Note  572,  600,  645,  652, 
681,  744. 

Munkacs.  Note  329. 

MuNSCH.  Note  100. 

Munster.  256. 

Munster  (chanoine,  doyen  de).  253. 

Munster  (comte  de).  Note  xxn.  Note 
33,  40,  42,  50,  52  69.  76,  130,  146, 
216,  217,  230,  234,  240,  286-288,291, 
303,  347,  348,  408,  420,421,  427,  430, 
442,  462,  464,  469,  473,  475.  Note 
479,  485,  492,  501,  508.  Note  523, 
539,  590,  636,  646,  649,654,  685,  725, 
763,  765. 

Murat  (Joachim).  Note  2,  4-7,  13, 
14,  21,  35,  44,  47.  Note  50,  52, 
53,  56,  58,  59,  71,  73,  79,  82,  83,  89, 
100.101,  108,117,118,  126,  131,165, 
175,  177,  184,  188,  201,  204.  Note 
205,  209,  216,  221,  223,  226-228,  240, 
243,  247,  248,  267-269,  278,  285, 
294,  295,  310,  311,  314,326,  349,356, 
357,359,  363,364,  374,  iOl,  402,426- 
428,  442,  445,  446,  451,  452,  460,462, 
469,  474,  489,  501,  517,  529,  563, 
565,  571,  589,  593,607,  617,618,624, 
625.  Note  629,  650,  666,  673,  676, 
677,  690,  719,  724,  732,  740,  741, 
762,  771.  Note  774,  779. 

Muratistes  (Les).  248,  294. 

Musulmans  (Les).  271. 

MusQuiz.  Note  682. 

Mutzenbecher.  137,  158,  306,  307. 

N 

N.  N.  645. 

Nachod.  Note  192, 

Nagele  (de).  642. 

Nagell  (baron  de).  71. 

Naglergasse.  194. 

Nahe  (La).  302. 

Namur  (et  afTaire  de).  162,  335. 

54 


850 


AUTOUR    DU    CONGRES    DE    VIENNE 


Nancy  (pour  évêque  de  Nancy  voir 
La  Faue).  86. 

Nantes.  Note  685. 

Naples  (royaume  de)  —  Napolitains. 
XIV,  4-7.  Note  12,  21.  Note  35. 
Note  43,  44,  47,  50,  53,  71,  73.  Note 
76-79,  89,  101,  105,  108,  110,  114, 
117,132,  142,  177,  184,189,  193,194. 
Note  197,  204,  209,211,223,226,228, 
248,  285.  Note  301.  Note  303,  310, 
311,  314,  326.  Note  327,  331,  349, 
357,  359,  371,  401,  402,  426-428,  431, 
442,  446,  451,  452,  458,  474,  477, 
499,  529,  563.  Note  578.  Note  604, 
618.  Note  620,  623,  624,  Note  625, 
651,  676,  677,  690,  692,  719,  724,  732, 
740,  741,   809. 

Napoléon  l".  x,  xxi,  1-3,  9.  Note 
12.  Note  15.  Note  26,  28.  36.  Note 
43,  47,  48.  Note  67,  80,  81.  Note  82, 
87.  Note  90-92.  Note  97,  101.  Note 
108,  111.  Note  116.  Note  118,  121, 
122.  Note  136,  142.  149,  152,  153, 
172.  Note  175.  Note  176,  182,  186, 
188,  190,  191.  Note  198.  Note  201, 
203,  204,  206.  Note  210,  223,  226, 
229,  232,  242,  251,  252.  Note  255. 
258.  Note  272.  Note  274,  276,  285, 
286,  293,  295,  298-300.  Note  301, 
310,  311,  315.  Note  318,  335.  345, 
347,  348.  Note  350.  362,  366-368, 
374,  375,  387,  388,  394,  397,  403-406. 
Note  416,  432,  435,  439,  446,  454, 
459,  471-473,  481,  482,  496,  499,  500. 
Note  507,  515,  528,  529.  Note  530, 
532,  547,552,  553,  555,  561,  568,576 
Note  577, 578,  590.  Note  592.  Note  604, 
606,  612,  618.623,  634,  635,  636,  640, 
664,  677,  680.  Note  682,  685.  Note 
689,  695,  699.  Note  709,  714,  718, 
719,  724,  728,  745-747,  771,  780, 
Note  817,   820. 

Napoléon  111.  Note  274. 

Napoléonistes  (Les).  295. 

Naranzi.   727. 

Narbonne  (comte  de).  129,  652.  Note 
781. 

Narischkine  (Lonitch).  372,  560. 

Narischkine  (Ivan,  prince).  Note  76, 
140,  484,  :66,  780. 

Narischkine  (princesse).  76,  128,  129. 
Note     40,  223,  371. 

Nassau^ {duché  et  envoyés  de).  92, 
135.  Note  140,  145,  164,  252,  306, 
307,  345,  353,  385,  488,  489,  507,522, 
523,  527,  551,  600,  696,  778. 

Nassau  (Frédéric-Guillaume, duc  de). 
134.  Note  593,  637.  Note  648. 

Nassau  (Guillaume  de,  prince  hérédi- 
taire de'.  134,  369. 

Nassau-Usingen  (Frédéric- Auguste 
de).  Note  134. 

Nass.^u- Weilburg  (et  représentant 
de).  365,  540. 


Nauplie.  Note  128. 
Navara  (M.  et  M"»).  389. 
Navigation  (et  libre).  204,242,734,  758. 
Nedoba  (colonel  russe).  237,  272, 
Négociations.    18,    22,    25,     33,     36- 
39,  47,    49,    51,    54,    58,   60,    79,   94. 
Note  155.   Note  174,   178,  187,   218, 
24i,  249,  288,  301,  330-332,  337,344, 
364.  Note  374,393,454,455,  466,495. 
Note  530,562,581,  594,  599,  613,616, 
620,    662,    673,  681,  694,  704.    Note 
709,  715,  756. 
Neipperg  (général  comte  de).  48,  72, 
312,  366,367,369,  524,  568,  614,705, 
709,  717,  734,  758,  759,  770,  780. 
Neisse.  Note  298,  584. 
Nemours  (duc  de)    Note  106. 
NÉNY    Patrice,  comte  de).  Note  432. 

Note  433. 
Nesselrode  (comte).   Note   xxii,    25. 
Note  45,   74-77,  93-95,  108,  109,   132, 
133,    139,   152,    154.    Note   166,    179, 
180,    196,    198.  Note  209,    213,    214, 
253,    254,   264.   Note   271,    292,    316, 
325,  344,  369-371,  382,  390,  394,  403, 
409,  415,  420,  423,  429,  430,434,436, 
450,  467,  475,492,  497,499,  513.  Note 
528,   540.    Note    552,   553,  558,   561, 
Note  562,564,571,  573,592,  600,611, 
614,  620-622,  627,  635,  641-643,  646- 
648,  651,  659,  668,670,  67J,  673,678, 
704,    710,    723,    724.    Note    731,    734, 
738,  739,  746,  762,  768,  775,  779. 
Nesselrode  (comtesse de).  77. 
Netze  (La).  608. 
Neuberg.  Note  79. 
Neafchâtel  (et   principauté  de).   706, 

730. 
Neukomm  (Sigismond).  114,  130,   135, 

136,352,  369,  372,373. 
Neuling.  362. 
Neunkirchen.  380. 
Neust/eoter  (von).  794, 
Neutralité-Neutres.  276,  607,  653,  711. 

Note  774. 
Neuwied  (prince  de).    140,   308,  398, 

459. 
New- York.  464. 
Ney  (maréchal).   Note  389,   474,  558, 

563,  646. 
Nice  (et  comté  de).  287,  288. 
Nicée  (Concile  de).  336. 
Nicolas    Mikhaïlovitch   grand-duc). 

Note  97.  Note  465,  807. 
Nicolas  (grand-duc, puis  empereur). 

Note  77.  Note  140.  Note  553. 
Niémen  (Le).  615. 
NiKiTSCH  colonel).  214,  215. 
Noailles   (comte     Alexis   de).    Note 
XXII,     467,   469,    472,    478,   479,    481. 
482,    487,    496,  497,    528,    537,   538, 
543,  550,  558.  Note  562,    583,   592, 
605,  616,  633,  650,  655,  671,  678,  704,. 
770, 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


851 


NoAiLLES    (comte    Antoine -Claude - 

Juste  de).  Note  143.  Note  414,  456, 

562,  568,  680. 
Noblesse  allemande.  358,  416. 
Noblesse  autrichienne,  100.  101,  348, 

681. 
Noblesse    de    Franconie,    du    Rhin, 

d'outre-Rhin  et  de  Souabe.Note"5. 
Noblesse  hongroise.  493. 
Noblesse  polonaise  (et  émigration  de 

la).  Note  106,  183,  186,  267. 
Noblesse  russe.  8,  173,  354,  355,  574, 

681. 
Noblesse  saxonne.  62,  690,  779. 
Noblesse  suédoise,  39. 
Noblesse  wurtembergeoise.  29. 
Nœud  Gordien.  302,  556. 
NOGARÈDE.   536. 

IVord  (cours,  puissances  et  ligue  du). 

18,  19,  813. 
IVorvège- Norvégiens.    1,    2.    4,     5. 

Note  7,  28,  33.  38.  Note  39,  57,  79. 

Note  100,  115.   Note  125,  204,    244, 

337,  499,  522,  632,  704. 
Mossen.  747. 
NosTiTz  (comte  et  famille  de).    189, 

408. 
Notes  (diplomatiques).  221,  248,  289, 

300,  343,   344,  395,  396.  Notes  479, 

485,  487,  488,  496,  500,  551,  554,  572, 

580,  593,  595,  619,  624,  628,  641,  646, 

647,  649,  661,  663,  664,668,  706,   .42, 

757. 
Note  verbale.  407. 

Novare  (et  bataille  de).  Note  42,  314. 
Njigent  (Laval,  comte).  53, 54,  56,  670. 
Nuremberg.  696. 


O...  (vont.  618,  622,  655,  714,  748, 
OuBRKiRCH   (baronne  d').  Notes  pas- 

sim. 
Obermann.  530. 
Occupation.  —  Prise   de  possession. 

391,  394, 395. Note  396,430,  438,  439, 

477,    478,    486,   487,    541,    547,    556, 

Note  571,  602,  632,  658,  661, 666, 694, 

705,  775. 
Odéon  (théâtre  de  1'),  684, 
O'DoNELL  (comte  Maurice).  Note  36. 

76. 
O'DoNELL  (comtesse  Maurice).  76. 
Oblsen  (von).  628,  683. 
OERTZBN(von).  137,  259. 
0/"en,  Note  183,  211,227,266,  351,363. 

369,  386,  648,  800,  803. 
Ohms.  790.  Note  792,  793. 
Ojarowski  (général  comte).  140,  155, 

156,  233,  267,  316,  338,  756,  809. 
Oldenburg  (duc  d).Note  15,136,  247, 

777. 


Oldenhurg    (grand-duché).   259,   306 

307,  430. 
Olmer  (professeur).  629. 
Olmiitz.  Note  781. 
Olone  (département  de  1').  Note  231. 
Olsufiekf  (général).  472,  479. 
Ompteda  (baron  d').  302. 
Opinion  publique.  269,  445,  446,  493, 

503,  534-  36,  544,  561,  649,  685,  698, 

761. 
Oppermann  (général).  281. 
Opposition.  7,  12,26,157,183,  192,233, 

300,475,  503,  525,  636,  662,  715,  725, 

731,  771. 
Orange  i Guillaume  prince  d').  Note 

xxii,   26,  203.  Note  210.    Note    229, 

335,  345,  430,488,489,  523,  552,565, 

715. 
Or&nge  (Maison  et  Etat  d').  304,  307, 

335,  340,  451,  463,  488,  489, 
Orange  (La  ville  d').  Note  335, 
Orban  (von).  795. 
Orczy  (comtesse).  431. 
Orléans  (  Louis-Philippe  duc  d').  Note 

XXII, 

Orléans  (Clémentine,  princesse  d'). 

Note  567. 
Orléans  (princesse  Marguerite  d'). 

Note  106. 
Orloff  (Anna-Jvanowna,  comtesse), 

41, 
Orloff    (Grégoire  -  Wladimirovitch, 

comte).  Note  41. 
Orloff  'prince  Alexis).  34. 
Orondi  (M^»).  362. 
Orsay  (comtesse  d').  507. 
Orurk  (général  comte).  171,174,  354, 

355,  688. 
Osnabrûck.  Note  40,  256.  Note  416. 

OSNIALOWSKY.    222. 

OssoLiNSKi  (comte).  112.  Note  284,  526. 
Ostrolenka.    bataille  d').  Note  341. 
Ostromezko.  615. 
Ott  (von).  74,  76,  141,  147,  284,  303, 

371.  403,  456,  493,  514,  559. 
Otterstedt  (baron  d').  188.  273. 
Œttingen  (prince  Louis  d').  621. 
OuROusoFF  (prince).  76. 
Ouvaroff  (général).  191,233,346,751, 

769. 
Oxford  (lord).  651,  723-725,  741. 
Oxford  (lady).   651,  724. 
Oyen  (général  baron).  236,  237. 


P...  639,  644,  794,  795,  798. 

P...TO  (marquis).  177. 

Paar  (régiment  de  Dragons  comte). 

VIII. 

Pacca  (cardinal).  65,  66,  91. 
Pacte  Fédéral,  719,  750. 
Padoub.  IX. 


852 


AUTOUR   DU   CONGRÈS    DE   VIENNE 


Pagliaci.  325. 

Pahlen  (comte  Paul).  809. 

Pahlen  (comtesse  Paul,  née  Marie 
Skavronska).  809. 

Paix  (Godoy,  prince  de  la  .  Note  682, 
813. 

Palais-Royal  (Le,  à  Paris).  451. 

Palatin  (archiduc).  Voir  Joseph  (ar- 
chiduc). 

Palatinat  du  Rhin  (Le).  6,  495. 

Païenne.  30,  110,  501. 

Pallain  (G).  Note  21.  Note  202. 
Note  209.  Note  234.  Note  236. 
Note  332.  Note  402.  Note  509. 
Note  581.  Note  624.  Note  634. 
Note  638.  Note  656,  Note  664. 
Note  669.  Note  676.  Note  692. 
Nota  693.  Note  702.  Note  720. 
Note  730.  Note  735.  Note  737. 
Note  741.  Note  742.  Note  748. 

Pallfy  (Ferdinand,  comte).  Note  210, 
255,  317. 

Pallfy  (François  comte).  75,  128, 
129,  135,  180.  255,  316,  317.432,  5J5, 
526,  569,  77  1. 

Palm  (palais).  Note  192,  233,  352,  814. 

Palm  (Joseph-Charles,  prince).  Note 
674. 

Palm  (princesse).  674. 

Palmella  (Souza-Holstein,  duc  de)., 
249,  284,  328,  436,  688. 

Pampelune.  Note  589. 

Panaro  (Le,  et  combat  du).  Note  451. 

Paniglgasse.  223,  224. 

Papier  miihle  et  Papier  monnaie. 
Note  36,  189,  190,  195.  Note  257, 
439,  440,  781. 

Pappenheim  (Comte).  179,  260,  312, 
327,  762. 

P^ris  (et  traité  dei.x,xii.  Note  xxii. 
Note  1  4.  Note  5-8.  Note  12,  17- 
19,  21,  27.  Note  38,  40,  45-49.  Note 
53,  60.  Note  63.  Note  67.  Note  76, 
81.  Note  87.  88.  Note  90.  Note  95, 
96.  Note  103.  Note  106,  108,  109, 
112.  Note  114-119.  Note  121,  122, 
124,  129,  131,  138.  Note  140,  147- 
149,  154,  166  Note  167,  169-175. 
Note  183.  Note  194,  196,  197,  202, 
203,  215-217,  241,  242,  246,  257. 
Note  262,  269,  280,  281.  Note  286- 
293.  Note  301,  304,  316,  333.  Note 
335.  Note  336,  344,  356,  372,  373, 
378,  379,  384,  388,  389,  398,404,  415. 
Note  416,  425,  436,  451,  459,  463, 
465,  467,  469,  475,  476.  Note  481, 
486,  489,  509-511,  514,  515,  525,  529. 
Note  530.  Note  538,  542-545.  Note 
562.  Note  572.  Note  573,  588.  Note 
589.  Note  597.  Note  600,  602.  Note 
620,  624,  627-629,  634,  642,  649,  651- 
654,  659-664,  666.  Note  676,  683. 
Note  688.  Note  689.  Note  694,  699, 
Note  707.  Note  712.  Note  717,  723, 


724.  Note  735,  747.   Note  749,  754, 

757,  759,  762,  763,  766,  767,  771,  780, 

Note    781,  797,   803.  Note  810,   811, 

816,    818. 
Pahk.  601. 
Parker.  281. 
Parlement  (Le  —  Anglais).  216,  217. 

Note  281,    310,    560,    636,   658,    662, 

708,  713,  725,  731,  740,  756. 
Parlementaire  (Le).  684. 
Parme  (et  duché  de). — Parmesans. 8, 

46-48,   50,    108,  117,    121,   122,   132. 

Note  196,  204,   246.  Note  285,  286, 

317,318,320,327,  361.  Note  471,  482, 

483,   520,    546,  559,  565,   576.    Note 

595,  607,    697,   707.    Note  728,    756, 

759,  780,  820. 
Paros.  817. 
Parr.   110. 
Partages.  216,  237,  269,  331,  340,  359, 

424,  490,  529,  622,  627,  631,  650,  656, 

658,    720. 
Passau.  672. 

Passeports.  335,  573,  622,  793. 
Paul  I".    Note  2.  Note  11.  Note  55. 

Note  77.   Note  106.  Note  156,  342. 

Note  553,  612,    721.  Note  751,  769, 

809. 
Pauline  Bonaparte    'princesse  Bor- 

ghése).  Note  75,  579.  Note  717. 
Pai;ie(et  Université  de).  Note  87,  808. 
Pavlovskoié.  62. 
Payerne.  Note  129. 
Paj/s-J53s  (Les)  et  Révolution  des.  6,7, 

9,55.  Note  96,  112,  113.   Note  144, 

145, 187,  208.  Note  229,  258,  261,  287, 

290,    291.   Note  296,    297,   299,   302, 

303,  327.  Note  335.   Note  336,  380. 

Note  432,  451,  530,  578,  595,  725. 
Paysans  armés  (bandes  de).  Note  210, 
Péages.  694,  734. 
Pedro   (dom.  Empereur   du  Brésil). 

Note  75.  Note  80.  Note  715. 
Peel  (Sir  Robert  et  Ministère). Note 

49. 
Pellegrini.  646. 
Pensylvanie.  Note  464. 
Pereira  (baron).  120. 
Pereira-Arnstein   (baronne).  816. 
Perelada  (Comte  de).  Note  589. 
Pergen  (Comte),  xviii,  xix.  Note  xx, 

150,  783. 
Pergen-Ghoschlag  (comtesse).  486. 
Périgueux.  820. 
Perquisitions.  548,    549,  558,  583,  597, 

687. 
Perrero  (D).    Note    197.   Note    230, 

808. 
Perrey.  Note  706 
Perry.  281. 

Perse.  Note  2.  Note  55.  Note  603. 
Persons  (Persoon,  van).  291,335,  736. 
Peruzzi  (Mgneur).  91 . 
Pescara  (Agent  de  Murât).  5,  426. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


853 


l'esth.  123.  Note  393,  431,  794-798, 
SOl-804. 

Peterwardein .  237.    Note  416. 

Petit  Aimée  (M°").  600,  650. 

Peyfuss.  794. 

Pfeiffer  (von).  Note  98.  Note  159. 

Pfleger  (Antoine  von).  72,  79. 

Pfïihl.  Note  792. 

Philadelphie.  464,  659. 

Philippsborn.  615. 

Phïill  (von.  Général).  614. 

Pianosa  (île  de).  404. 

Pie  VI.  810. 

Pie  VII.  Note  21,  36,  38,  54,  65,  66, 
81-83,  89-92,  100,  101,  131,  176, 
187.  Note  197,  203,  209,  221,  311, 
385,  435,  436,  450-452,  468,  528, 
ij40,568,  573,634.  Noie  652,666,761. 

Piëmont-Piéinontais.  72,  80,  81,141. 
Note  196,  294,  412,  504,  506,  542, 
547,  594.  Note  683.  Note  709. 

Pierre  le  Grand,  639,  810. 

PiLGRAM,   371. 

Pilitza  (La).  269. 

PiNO  (Général  comte)  137,  221. 

PiNo  (comtesse,  née  Galderari).  138. 

Pinmbino(et  principauté  de).  247,  315, 
515. 

PiQUOT.  1,  4,  5,  13,  17,  21,  28,  30,  35, 
42,  45,  80,81,  335,336,  537,549,  596, 
604,614,  635,  649,  653,    707,  729. 

Pirano.  325. 

Pise.  209,  210. 

Plaisance  (et  duché  de).  48.  Note  196, 
204,  286.  Note  471,  524,  546,  576. 
Note  595,   759. 

Pr,AMENETZ,   215. 

Planta.  264,  549,  596,  697. 

Platoff.  12. 

Platzmann.  582. 

Plénipotentiaires-Représentants.  25, 
26,  60,  105,  193,  194,  215,  216, 
218,  219,  239,  240,  242,  249,  342, 
345,  358,  450,  453-455,  475-478. 
Note  487,  499,  504,  523,  527,  529, 
537,  540.  563.  Note  565,  572.  Note 
593,  596,  649,  650,  654,  662,  670. 
Note  688,  694,  698,  731.  Note  73», 
766.   Note  777. 

Pi,ESSEN  (baron  de).  74,  158,  306,308, 
637,  670,    716,  743. 

Pô.  (Le).  657.   Note  728. 

PocK  (baron  Ignace  von).  802,  803, 
805. 

POECKKR.    130. 

Police  (Haute).  Note  416. 

Police  Italienne  (La).  326. 

Police  secrète  autrichienne.  542,  543, 

783,  784,  787,  799,  800. 
Police   secrète  prussienne.  188.  Note 

327,  548,  549,  746. 
Police  secrète  russe.  Note  129.  423. 
Police  secrète  vi^urtembergeoise.  385. 
PoLiGNAC  (Comte  Jules  de).  652. 


Polizei  HofsleHe.  vu,  viii,  ix,  x,  xi, 
xn,  xvii,  XIX,  XX,  XXIV.  Note  178. 
Note  230.  Note  237.  Note  273.  Note 
274.  Note  753.  Note  763,  785,  787, 
789-792,  810. 

PolizeiOberdirection.  783,  785,  786, 
790,   791. 

Pologne  (et  Commission  des  affaires 
de).— Polonais.  1,  2,  5-8,12-16, 18-25, 
31,43-45,50,  53-58,  79.  Note  81,  93. 
Note  97-98.  105,  106,  109,  111-113, 
125-128,  129,  133-135,  142,  144-147, 
152,  153,  lt.6,  160,  166-178,  181-186, 
190-194,  198,  205-208,  216,  218,  219, 
222-229,  234,  240,  242,  254.  258,  264, 
266-269.  276,  281,  282-284,  286,  296, 
297,  304,  309,  3J3,  315,  327-336,  340- 
347,  350-360.  363-367,  376,  383,  390, 
391,  394.  399,418,423,  424,  427,433, 
438,  439,  445,  447,  451-461,  465-467, 
470,  477-481,  486-488,  491,  499-514, 
517,  518,521-526,  333-537,540-542, 
547,  551,  555,  556,  559,  562-566,  570, 
576,  581,  585,  586,  596,  599.602,603, 
607,  608,  613-618,  622,  631,  638,  639, 
645,655,  658,661,663-669,  673,  678, 
680,  .681,  686,  689.  Note  692,  695, 
696,  702,  705,  710-715,  729,  731,  736. 
Note  737,  748.  750,  753,  Note  761, 
769,  773,  776,  777,  806. 

Polonisme  (Le).  295. 

Polotzk.    Note  329. 

Poméranie  et  Poméranie  Suédoise. 
33.  Note  200,  243,  244,  374,  395, 
396.  Note  416,  522,  523,  533,  632. 

PoLOVTSOFF.  Note  322.  Note  383.  Note 
414.  Note  552,  Note  627.  Note  651. 
Note  763. 

Poniatowska  (Constance).  Note  696. 

Poniatowska  (princesse).  467. 

Poniatovvski.  198,  639. 

PoNiATOwsKi  (Maréchal  prince  Jo- 
seph). Note  97,  524,  525. 

Porte  (La  Sublime).  12,  26,  265,  395, 
818. 

Portici.  Note  56.  Note  451. 

Porto  Ferrajo,   122,404. 

Portugal- Portugais.  78,  249,  271, 
284,  358,  451.  Note  502,  680,  688, 
694,  697,  736,  742,  749,  753,  762. 

Posen  t et  grand-duché  de).  Note  157. 
Note  167,  269,  313.  Note  416,  525, 
615,  645.  Note  712. 

Postes  (et  directeurs  des).  Note  11. 
Note  95,  116. Noie  471,  520. 

POTEMKINE.     809. 

PoTOCKA    (comtesse   Alexandre,   née 

Anna  Tyszkiewicz).  696. 
PoTOCKA  (comtesse  Delphine).  Note 

129. 
PoTOCKA    (Sophie    comtesse    Félix). 

129,  806. 
PoTOCKA  (comtesse  Stanislas,  née  Lu- 

bomirska).  NoLe  75. 


854 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 


PoTOCKi(Alexandre  comte).  Note696. 

PoTOCKi  (François  comte).  77.  , 

PoTOCKi  (Stanislas  comte).  64,  74 
467. 

Potsdam.  28.  Note  31. 

Fouille.  Note  597. 

Pouvoirs  (Pleins—  et  vérification  des). 
454,457,479,499,   537,  562,  621,813. 

Pozzo  Di  BoRGO  (comte).  44.  Note  45, 
166,  167,  304,  310,311,327,  346,  352, 
361,  369,  370,  374,  376,382,  420,423, 
424,  429,  460,  461,  467,  470,  515,516, 
528,  693,   773. 

Pradt  (abbé  de).  236. 

Prager  Zeitung.  Note  593. 

Prague  xxi,  15.  Note  31,  45.  Note 
100.  Note  211,  273,  329,  387,  417, 
418,  452,  531,  533,  565,661,  753,785, 
787. 

Praier  (Le).  75,  76,259,268.  Note  339, 
446. 

Prechtl.  795. 

Prenzlow  (et  capitulation  de).  Note 
437.  Note  712. 

Preobrajensky  (Régiment).  Note  55. 

Presbourg  (et  paix  de),  viii,  72.  Note 
174.  Note  175.  Note  771,  793.  796, 
:08,  799,  800,  802,   803,  808,  818. 

Préséances  (la  question  des).  393, 
694. 

Preussen  und  Sac/j.çen  (brochure). 555. 
Note  557,  561,  598,  727.  Note  735. 

Pring  (capitaine).  Note  627. 

Prioh  (D.  H).  XV.  Note  202.  Note 
809. 

Prisonniers.  Note  577. 

Phochaska  (général).  94.  Note  244. 

Proclametions. — Ordres  du  jour.  172, 
249,  545,  590,  729,   731,  755.  764. 

Prokesch-Osten  (comte).  Note  3. 
Note  5.  Note  9.  Note  44.  Note  72. 
Note  178.  Note  218    Note  330. 

Protestantisme  et  Protestants  (les). 
60,  170.  Note  175,  811,  812. 

Protestations.  Réclamations.  187,286, 
290,  373,  389,  409,  421,  474,499,536, 
554,  563,  565,  581,  594-596,  604. 
Note  623,  628,  635,  661,  683,  699, 
712,  725,  746. 

Provinces  unies  (les).  Note  144.  Note 
336. 

Prusse-Prussiens.  1,  2,  4-6,  8,  9,  10, 
13,  15,16.  19,  21,24,25,27,29-33,37, 
39,  43,  46-56,  60,  61,  6f)-68.  Note 
74,  80,  82-86.  Note  90,  92-94,  105- 
107,  113.  Note  118,  120.  Note  125, 
126,  128,  132-135.  Note  142,  144-146, 
151,  156-164,  169-172,  175,  178,  184- 
187,  189,  190,  200,  207,  208,218,219, 
224,  229-235,  240-243,  247,  249-254, 
258,  261,  262,  266,  269,  283,  286,297. 
Note  300,  302,  304,  306-309,  313- 
316,  332,  334,  340-343,  347,  353-359, 
367-370, 373,  375,  380.  Note  383,  384, 


390-396,  399,  400,  403,  414.  416,  418, 
423,  424,  428,  435-439,  443-447,451- 
458,  460.  Note  462,  463,  466,  469, 
475-481,  485-490,  494-497,  500-506, 
519.  Note  522-535,  537,539-548,551, 
555,  556,  560-567,570.  Note  571,574. 
Note  577,  581,  584,  585,  593,  599- 
603,  606,  608,  613,  615-618,  623-630, 
632,633,  645,  648-650.  655-658,  662, 
664,  667,  680,  681,  685,  686.689-695, 
6  98-708,  712-716,  719,  720,  726,730, 
731,  735-743,  748-753,  756,  757,  762, 
765,  769,  772,  775,  781,  782. 

Prusse  Orientale.  172,  185,  335. 

Prusse  (prince  Frédéric  de).  472 

Prusse  (Frédéric-Guillaume,  prince 
royal  de).  Note  472. 

Public  Record  Office,  xv. 

PuFFENDORF  (baron).  135,  149,  150, 
151,  169,  263-265,  348,  375,  427,  459, 
480,  619,  743. 

PuiBu.sQUE  (vicomte  de).  642. 

Puissances,  (grandes  et—  continenta- 
les, les).  17,  58,  59,97,  145,  146.  157, 
164,  218,  219,  271,  358,  365,  390, 
413,  434,  452,  454,  469,  475-477,  605, 
634,  640,  649,  653,  654,  657,658,677, 
743,  767. 

Pulawy.  153,  414. 

Pultusk.  Note  2. 

Pyrmont.  118. 

Q 

QuALEN  (von).  Note  99. 

Quatre    (les).  Note    2,  105,  177,  190 

300,  346,  358,    365,  457.  Note  761.' 

Note  769. 
Quatre  bras  (les).  Note  140. 
Querfurt  (et  principauté  de).  93. 


R 


Raab  (et  comitat  de).  Note  70. 
Radf.tzky  (feld-maréchal  comte)    42, 

50,  107.  Note  183. 
Radichevîch.  794,  796,  801. 
Radner  (John).  280. 
Radziwill    (prince    Antoine).     Note 

XXII,  45.  Note   157,  167,   179.  Note 

191,  24f>,  253,  259,  264,  281,333,352, 

369,    382,    425,    435,    551,  559,   564, 

608,  618,629,  646,  675,  699,  736,738, 

739. 
Radziwill  (princesse  Antoine,  Louise 

de  Prusse).  Note  xxii,  167,  699. 
Radziwill    (princesse    Antoine,  née 

Gastellane).  xv. 
Radziwill  (Boguslaw    prince).  Note 

167. 
Radziwill  (Guillaume  prince).  Note 

167. 
Raguse.  228. 
Raxgecourt  (comte  de).  821. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


855 


Raigecourt  (M""'  de).  610,  821. 

Raimbaud  (J).  820. 

RaxNgoni  (Elisabeth).  Note  102. 

Rasori.  744. 

Rastatt  (et  congrès  de).  Note  119. 
Note  120.  Note  465.  Note  530,  586, 
619. 

Ratiborsitz  (château  de).  192. 

Ratifications.  31,  125,  143,  215,  744. 

Ratisbonne  (diète,  déclaration  et  do- 
maines de).  32.  Note  48.  Note  51. 
Note  74.  Note  120.  Note  149,  251, 
260.  xNote  263,  270,  272,  300,  337, 
355,  389,  390,  409,  619,  627. 

Ratoliska,  418,  728,  784,785,788,789. 
Note  792,  793,  794. 

Ratti  (Mgeur.  Don  Achille),  xiv. 
Note  91. 

Rauch.  621. 

Ravenne  (et  Légation  de).  82. 

Razoumoffsky  (comte).  34,  57,  74,  77, 
95,  117,  146,  147,  189,  198,  270,271, 
275,  278,  279,  296,  328,  334,  339,357, 
358,  399,  400,  420,  450,  460,  462, 
556,  600,  619,641,  647,  648,  651,671, 
679,  735.  Note  739,  751,  756,  757, 
769,  770,  815. 

RÉCAMiER  (Madame).  Note  438. 

Recès  (de  l'Empire).  272,  410. 

Rechberg  (comte  de).  Note  23,  93, 
119,  164,222,  243,251,269,  296,325, 
346,  383,  385,  427,  442,450,480,481, 
485,  522,  523,  558,  617,  630,  633,666, 
673.  Note  674,  692,  701,  743,  744. 

Rechberg  (comtesse  de).  23,  30,  119, 
170,  355,  385,  395,428,500,580,627. 

Rechberg  (comte  Charles  de).  164,165, 
222,  599,  600. 

Rechteren-Limpourg  (comte  de).  508. 

Recklinghausen  (fort  de).  Note  577. 

Recrues.  Recrutement.  Levées.  151, 
297,  309,  532,  570,  713,  749,  785. 

Redoute.  Note  77,  197,  224.  256.  257, 
267,  437,  483,  493,  569,  592,  609. 

Régence.  470,  634. 

Régiment  de  ligne  (4«).  Note  274. 

Régiment  provincial  Corse. Note  375. 

Régiments  polonais.  156. 

Régiment  russe.  347. 

Reichenbach  (comte  de).  556,  557, 
607,  667,  692. 

Reichenbach  (comtesse  de).  Note  67. 

Reichenbach  (traité  de).  Note  530. 

Reims.  Note  96.  Note  103. 

Reinger  (conseiller).  371. 

Reinhard  (Jean  de).  260,  327,  421, 
492,  646,  653,  675,  750,  780. 

Reinhard  iM"").   780. 

Reiset  (vicomte  de).  Note  438. 

Rengger  (D').  146. 

Renier.  206. 

Reno  (lc,etdépartement  du).  Note  728. 

Rentes  (et  arrérages  de).  315, 408, 658, 
683.  Note  717. 


Repnin  (prince).  Note  9,  77,  229,  283, 
323,  393,  394.  Note  415,  477,  478, 
541,  547,  577,  582.  Note  592.  Note 
599,  606,  614,  655,   753. 

République  (la).  741,  813. 

Requiem  (messe  de).  Note  114. 

Resch.  799. 

Restauration  (La).  Note  96. Note  lOS. 
Note  132.  Note  407.   Note  589,  819. 

Rbuss  (maisons  de).  355,  551,  600,752. 

Reuss- Plauen-Greitz  (Henri  XIII 
prince  de).  140,  296,  383. 

Reuss- Plauen-Greitz  (Henri  XIX, 
prince  de).  383,  600. 

Reuter  (général  baron).  483. 

Révolte.  Révolution.  Soulèvement. 
Note  162.  Note  375,  474,  508,  543, 
547,  570,  574,  636,  708,  732,  754, 

Révolution  française  (La)  —  Révolu- 
tions et  les  révolutionnaires  (idées). 
Note  31,  5S.  Note  84,  114. Note  116, 
160.  Note  166,  227,  236,  309,  335, 
341,  345,  404.  413,  434.  Note  442. 
Note  530.  Note  610.  Note  620,  658. 
Note  675,  813,  815. 

Révolution  hollandaise.  Note  229. 

Révolution  polonaise  (La),  Note  106. 

Révolution  de  Naples.   Note  108. 

Révolutionnaires  (Esprit  et  menées), 
413,  416,  530,  645,656. 

Revue  de  Paris.  Note  xii.  Note  3. 

Reyland.  642. 

Rheinischer  Mercur  (journal).  473, 
613. 

Rhigas.  817,  818. 

Rhin  (navigation  et  cours  du)  —  Pro- 
vinces rhénanes  et  ultra-rhénanes, 
24,  66.  Note  67,  69.  Note  77,  94,  97, 
144,  145,  149,  156,  137,170,  173,175. 
185,  187,242,248,  254,  258,  297,302, 
313,  327,  399.  Note  416,  455,  459,  463, 
482,508,  532,  565,602,  657,  661,676, 
685,  694,  720,  734-736,  747,  758,  764, 
772,  776,   804,  805. 

Rhin  (le  Bas).  Note  416.  Note  530, 
758. 

Rhin  (le  Haut-).  68,  169,  347.  Note 
416. 

Rhin  (Moyen).  187. 

Rhin- et -Moselle  (département  de). 
145. 

Richards.  334. 

Richelieu  (cardinal).  202. 

Richelieu  (duc  de).  420,  478,  519. 

Ried  (baron).  444. 

Ried  (et  Convention  de).  Note  98,  778. 

RiEDESEL  (baron).  347,  663. 

Rieneck  (comté  de).  408. 

RiESE.  136. 

Riga.  723. 

RiNGEL.   509. 

RiNiERi  (R.  p.  Ilario).  Note  196. Note 
221.  Note  450,  Note  617,  707.  Note 
771. 


856 


AUTOUR   DU    CONGRES    DE    VIENNE 


Rio  de  Janeiro.  Note  114.  Note  128. 

Note  130.  Note  578. 
jRto  de  la  Plata  (Le).  Note  688. 
Ripp  (M"»).  577,  665,  669,  785,  787. 
Rivière  (marquis,  puis  duc  de).  407, 

421. 
HoBERTi  (colonel) .  325. 
RoBDRENT   (comte  Gordero  de).  807. 
RocGA  ROMANA   (duc  de).  47,  50,  131, 

245,325,  326,  563. 
RocHEGUDE  (marquis    de).  Note  810. 
Roer  (La  et  département  de  la).  302. 
Roger.  Note  810.  Note  811. 
RoHAN  (prince   Louis  de).   317,  560, 

771,  812. 
RoHAN  (Victor,  prince  de).  384. 
RoMANOFF  (Sophie).  Note  76. 
Rome  (et  cour  de).  Romains.  Etats 

romains.  Etats  de  l'Eglise.  46,  65, 

66.  Note  78.  83,  86,  87,  89,  90.  Note 

92,  101.  Note   116,  117.    Note  121. 

Note  122,  13Î,  132,  176.  Note  197, 

203.   Note  230,  243,  247.  Note  276. 

Note  284.   Note  301,   435,  472,  482, 

483,    546.    Note  553,    568,    573,   652, 

808. 
Rome  (roi  de).  8,  46,  48,  50,  117,  118, 

472,  574.    Note  595,   708,    727,  734, 

758,  770,  780. 
Rômischen  Kaiser{Empereur  Romain) 

(Hôtel  zum).  Note  210,  610,  706. 
Ronco  (et  combat  du).  Note  774. 

RONTGEN.   353. 
RosCH  (?)  baron.  742. 
RosENBERG  (prince  de).  600. 
RosENCRANz  (barou).    7,     15,  25,    31, 

33,  34,  36,  39.   49,  53,  57,   60.  Note 

99,  143.    260,  374,  465,  609,  722,  743, 

744. 
RosNER  (Jacques).  Note  244. 
Ross    (Major   Général  anglais).  Note 

302. 
Rossi  (Alexandre).  131, 187.  Note  197. 

Note  230,  807,  808. 
Rossi  (comtesse,  née  Hardegg).  807. 

808. 
Rothenthur  m-Rothenthurmstasse. 

Note  159,  224. 
Rothschild  (Salomon  Mayer).  420. 
RoTTENHAN  (comte).  755. 
Rouen.  127,  128,  130. 
Roumanie.  Roumains.  819. 
RouMiANTzoFF  (comte).  198.  Note  271, 

561.   Note  592,  659. 
ROUYER.    195. 

Royal  Normandie  (Régiment).  Note 

197. 
Royal  Siracuse  (Régiment).  Note  53. 
Royalistes  (Les).  404. 
Rubicon  (et  département  du).  Note 

728. 
Rûdesheim.  609. 

RUDT  VON   COLLENBERG,    754. 

Rueil.  Note  274. 


RUFFIN.    818, 

RuFFo(Alvaro,  commandeur).  59,  117, 

130,  245,  254,  256,  267,  278.  303,  304, 

327,    501,    543,    600,    659,    677,    703. 

771, 772. 

Riigen  (Ile  de).  Note  100. 

RiÏHLE  (lieutenant  colonel   de).  157, 

494. 
RuMBOLDT.  Note  374,  443. 
Russbach  (Le).  Note  107. 
Russie- Russes.  2,  6-12,  15,  17,  18,  19- 
29,  30,  43-50.  55-61,  67.  Note  74. 
Note  76,  80-84.  Note  93.  Note  95. 
98,  101-107,  113.  Note  117.  Note 
118,  124-126.  Note  130  135.  Note 
140,  144,  151-157,  160,  161,  164. 
Note  166, 168,  169, 171-177, 181,  184- 
186,  192,  195.  Note  197,  200,  207, 
208,  213,  216,  218-234,  240-243,  249, 
254-257,  261,  264,  267-279,  283-287, 
297,  298,  302,  304,  305,  309,  313,  323, 
328-336,  340-343,  347,  349,  351-358, 
363,  370. Note  379,  380,  384-395,  399, 
401,  403,  416,  423,  424,  427-435,  439, 
443-446,  451-458,461.  465.  Note  466, 
469,472, 473, 476, 485, 487,491,496-500', 
508-518,  523,  531,  5.35.  537.  540,  541, 
544,  547,  548,  551,  555,  556,  559-567, 
570.  574.  Note  578,  579,  581,  584,585, 
600-603,  608,  615-618,  625.626,  631, 
633,  638-640,  644,  646,  654-656,  662, 
665,  670,  672,  681,  688,  689,  692-694, 
698,  702-705,  708,  713,  716,  719-721. 
731.  Note  735,  7.37,  740-743.  748- 
753,  755-757,  769,  772,  777,  781,  809, 
810,819. 

Russie  (Ambassade  de).  14,  163,  164. 
Note  167,  241,  271,  275,  279,  312, 
331,  346,  358,  422,  423.  Note  553,  714. 

Russie  (la  petite).  Note  77. 

Ryberg.   99. 

RzEwusKA  (comtesse).  111. 

RzEwusKi  (comte).  Note  111. 


Saale  (La).  438. 

Saalfeld  (et  combat  de).  Note  437. 
Note  812. 

Sachsen  und  Preussen  (brochure). 540, 
557.  Note  598,  609,  695,  727. 

Sagan  (duchesse  de).  Note  xii.  Note 
3.  Note  96.  Note  139,  156,  191,  192, 
200,  205,  206,  234.  Note  240,  243, 
290,  299,  312,  315,  316,  323,351,352, 
377,406,  426,  430,442,  443,  445,  446,. 
460,  462,  469,479,  480,  496.  497,559, 
688,  751,  754,  773,  811,  812,  815. 

Saint-André  (ordre  de).  807. 

Saint-Clair  (Marquis  de).  625,  820. 

Saint  Empire  Romain  (et  comte  du). 
257.  Note  259. 

Saint-Etienne  (église  et  place  de). 
Note  114.  Note  326,  334.  Note  360. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


857 


Saint-Etienne  (ordre  de),  isl.  Note 

790. 
Saint-Florentin  (rue).  642. 
Saint  P^rançois.  Note  320. 
Saint-Gall  (abbé  et  canton  de).  Note 

146,  339.  Note  370. 
Saint-Georges  , ordre    et  croix    de). 

S06. 
Saint-Germain    (et   école    de).    Note 
442. 

Saint-Honoré  (faubourg).  320.  Note 
sio.  Note  811. 

Saint-James  (cabinet  de).  725. 

Saint- Jean  de  Jérusalem  (ordre  de). 
Note  53,  220. 

Saint-Jumen  (abbé  de).  293. 

Saint-Marsan  (marquis  de).  65,  82,93, 
94,  131,  163.  164,  187,  196,  221,245, 
247,  253,  255,261,  287,  296,  304,325. 
Note  383,  397,  398,412,  527,528,582, 
616,  683,  684,  697,  703,  771,  772. 

Sdint-Pétersbonrg.  xv.  Note  1 .  Note 
7.  Note  12,  18,  19.  Note  35.  Note 
40,  43.  Note  63.  Note  77,  Note  95, 
97.  Note  106.  Note  117.  Note  120, 
143,  151,  162,  171,  173.  Note  175. 
Note  176.  Note  195,  215,  219,  222, 
229.  Note  262,  267,  270,  281.  Note 
286.  Note  301,  311,  341,  371,  372. 
Note  383.  Note  395,  397,  398,  412, 
414,436,  456.  Note  465,472,  484,494, 
518,  538.  Note  572.  Note  621,  661, 
680,  723,  733.  Note  736,  743,  749,  741. 
Note  757. 

Saxnt-Priest  (colonel,  vicomte  de). 
469. 

Saint-Sépulcre.  754. 

Saint-Siège  (le).  65.  Note  ^50.  Note 
652,  716. 

Saint-Synode  (le).  Note  282,  726. 

Sainte  Alliance  (la).  Note  3.  Note  7. 
Note  90.  Note  346.  Note  416. 

Sainte- Anne  (église  française  de).  293, 
771. 

Sainte-Anne  (ordre  de).  416. 

Sainte-Catherine  (la).  600. 

Sainte-Lucie.  203. 

Saints  Maurice  et  Lazare  (ordre  des). 
Note  327. 

Sala  (les  abbés).  91. 

Sala-Salins  (baron  von  der).387,  583. 

Saldanha  da  gama.  660,  746,  749. 

Sauceti  (et  palais).  579. 

Salins.  Note  195. 

Salis-Salis.  Note  750. 

Salis-Soglio  (comte  de),  264. 

Salm-Kyrburg  (Frédéric  IV,  prince 
de).  385,  421. 

Salm-Salm  (prince  de).  371,  385. 

Salmour  (comte).  115,  116,  163,  164, 
230.  Note  231,  245,  256,  259,  260,  281, 
303,  304,327,  353,  404,  467,  616.  674. 

Salzburg.  XXI,  68.  Note  114,  238,  239, 
361,  372,  598,  672,787,  794,  795,  805. 


Samoïloff  (comtesse  Julie).  809. 

San  Carlos  (duc  de).  Note  682. 

Sandor  (comtesse).  493. 

San  Fermo  [Colonel  comte).  231. 

San  Fernando  (duc  de).  Note  262. 

San-Marco  , duchesse  de).  Note  110, 
131. 

San  Michèle  in  Bosco.  110. 

Sannazzaro.  808. 

Santiago  (Evéque  de).  Voir  Musquiz. 

San  Vitale  (comte).  520,  559,638,  697, 
756. 

San  Vitale  (comtesse).  Note  521. 

Saône  (La).  204. 

Sapieha  (princesse  Anne).  Voir  Czar- 
TORYSKA  (princesse  Adam). 

Sardaigne  (et  Ministre  de).  Note  12. 
Note  75.  Note  82.  Note  131.  Note 
148,  164.  Note  187.  Note  196.  Note 
Note  197,  203,  338.  Note  412.  Note 
529,  545,  587,  614,  632,  657.  Note 
683,  729.  Note  769,   807,  808. 

Sarlat.  820. 

Sarre  (Département  de  la).  380. 

Sartori.  65. 

Sartorius.  158. 

Saumur  (et  château  de).  Note  652. 

Saurau  (comte  de).  35,  638,  799. 

Savary.  X,  XII. 

Savoie  (Maison  de  —  et  démembrement 
de  la'.  9,  47,  48.  Note  116.  Note  122. 
Note  168,  196,277,237,  288,  338,  413. 

Savone.  92.  Note  122. 

Saxe -Saxons  (et  démembrement  du 
royaume  de).  1,  2,  5,8,  9.  12,  13,  15, 
16,  18-:!1,  23,  25,  27,  35,  37-40,  47, 
49,  50,  67,  71.  Note  75,  79-84,  97. 
Note  102,  106.  Note  107.  Note  116, 
120.  Note  130,  134,  135,  142.  144,146, 
156,  157,  160.  Note  162,  169,  174,175, 
177,  178,  185,  208-213,  218,  219,  226. 
Note  227,  229,  235,  252-256,  263, 
281-283,  296,  297,  300,  301,  311. 
Note  302,  306,  309.  Note  311,  301- 
315,  322,  328,  3*0-333,  335,  336,  340- 
343,  345-347,  350,  353,  354,  357,  359, 
360,  361,  369,  371,  379,  390,  391,393- 
397,  403.  Note  407,  418,421-424,427, 
428,  435,  438,  439,  445,  447,  451,452, 
455,  457,  459,  460,  461,  466,  467,  474, 
477,  478,  485-488,  496,  497,  499,  500, 
502-504,  506-508,  517.  522,  523,  525, 
526,  532,537,  539,  541,  542,  547,548, 
550,  551,  555,  556,  563,  565,  566. 
Note  571. 573, 574,  576,  581,  585, 586, 
592,  594,  596,  598-603,  606,  607,  609, 
612-618,  622,  623,  625-627,  630,  632, 
633,  638-640,  644,  647-650,  653,  655, 
656,  658,  661,  663,  664,  666,  667,  669. 
672,  675,  678,  680,  681,  686,  690,  692, 
695,698,  701-705,  711,  714-716,  719, 
720,  726,  730,  731,  735,  7'<6.  Note 
737,  740-743,  748,  750,751,  753,  754. 
Note  761,  762,  769,  775,  781. 


858 


AUTOUR   DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 


Saxe    (Reine  de).  Voir   Deux  Ponts, 

DUCHESSE  Marie- Amélie. 
Saxe-Cohourg  (et   représentants  de  . 

174,  364-366. 
Saxb-Gobourg  (duc  Auguste  de).  Note 

567. 
Saxe-(^obourg  Saalfei-d  (Krnest,  duc 

de).  133,  253,  396,547.  Note  567,648, 

738,  815. 
Saxe-Cobourg  (Ferdinand, duc  de). 245, 

256,  396,  425,  567. 
Saxe-Coboubg     (Ferdinand,    tzar    de 

Bulgarie).  Note  567. 
Saxe-Cobourg  (Léopold  de).  Note  26, 

137,  245,  256,  384. 
Saxe-Gobourg  (princesse  Victoria  de). 

Note  567. 
Saxe-Gotha     (et   représentants    de). 

174,  396,  551.  Note  592. 
Saxe-Teschen    (Albert,  duc    de).    67. 

Note  112,  316,  618. 
Sa,xe-Weima.r  (duché  de).  158,  359. 
Saxe-Weimar  (duc   Charles-Auguste 

de).    Note   xxii,   5,    39,    40,    80,    81 

Note  95,100,136,  161,  174.  Note  191, 

212,  256,257,  353,  395,  396,  438,  492, 

525,  526,  566,  645. 
Saxe-Weimar  (Charles-Fer d in  and, 

prince    héréditaire    de).    Note    95, 

Note  100. 
Sayn-Wittgenstein  (prince  de).   127, 

137. 
Scaldesola.  808. 
Scaletta    (prince  délia).  Voir  Ruffo 

(Alvaro). 
Scha/fhouse  (et  affaires  de).  637. 
ScHARNHORST.  Notc  93.  Notc  712. 
Scharnweber.  533. 
Schauenbuhg  (baron  de).  663. 
SCHAUMBURG.  802,    805. 
ScHELLiNG  (Frédéric-Guillaume  von), 

414. 
ScHENK  VON  Gastell  (comte).  387,397, 

444. 
Schenhenstrasse  (la).  Note   192,  200. 
Schertel  (M"'  von).  199. 
ScHiLL  (major  .  Note  416. 
Schiller  (von).  790,  791. 
Schilling.  Note  xx. 
Schimmelmann  (comte),  465,  722. 
Schlegel  (Frédéric).  Note  65,127,128, 

130,  176,  501,  524. 
Schlegel  (M"").  Note  65. 
Schlick  (comtesse  Marianne),  vu. 
Schlitz-Goertz  (comte).  674. 
ScHLOissNiG  (baron).  330. 
Schlosshof.  72,  758. 
Schmidt  conseiller  de  police,  Vienne), 

136,  141,'l83,  222  et  passim. 
Schmidt  (Charles), des  Archives  Natio- 
nales. XV. 
Schmidt    (Sénateur  de    Brème).   158, 

637. 
Schmidt  von  Phiseldeck.  158,  306,307. 


ScHMiTZ  (von).  158,  306,307. 
Schneider.  793. 
Schneider    Louise).  304. 
Schceler  (général  von).  170,  173,253- 

255. 
ScHOLTEN  (von).  Notc  99. 
ScHÔNBORN  (comte   Erwin).  430,    497, 

669. 
ScHÔNBORN  (comtesse  Marie).  323, 324, 
ScHÔNBORN    (comtesse    Sophie).   120, 

323,  324,  377-379,  392,  411,  412,  435, 

468,  486,  497,  643. 
Schônborn-Leyen   (comte).  149,    296, 

348,  427,  428,  497,  636. 
Schônborn-Stadion.  149,164,  257,296, 

404,  497. 
Schônbrunn.  Note  233,  252,  256.  Note 

318,  324,334,  369,  420,  498,  505,524. 

Note  530,   611,  638.  Note   677,  708, 

734,  756,  758. 

SCHnNBURG-STEIN-WALDENBURG(Otto- 

Victor,  prince  de).  347,  564. 

ScHONBURG  (comtesse).  387. 

Schoenfeld  (comte  Louis).  75,  140, 
169,  175,  427,  428,  484. 

Sconfeld  (comte,  diplomate  autri- 
chien). 317. 

ScHOsuLAN.  706,  707,  785,  786.  Note 
792,  794-804. 

SCHRBCKEL   (D').    691. 

SCHRÔER.    615. 

SCHUHMACHER   (VOU).  Notc  99. 

ScHULENBURG  (comtc  de)  représentant 
du  roi  de  Saxe.  120,  121,  142,  174, 
175,  252,  256,  316,  327,  393,  426,497, 
593,  596,617,  679,  720. 

ScHULENBURG  (comte  de).  Aide  de 
camp  d£  Sch\varzenberg).317.  Note 
560. 

ScHULENBUBG  (comtc  Rodolphc  de). 
812. 

SCHWARZ.  483. 

Schwarzburg  (Maisons  de).  365,  751. 
ScHWARZBUHG- Rudolstadt      (priucc 

de).  605. 
Schwarze    Adlei    (hôtel,  à   Munich). 

456. 
ScHWARZENBERG  (Maisou  princièrc  de)- 

385. 

ScHWARZENBERG    (piÙllCC     de).    20,    24, 

42,  50.  Note  51,  107,  123,  135,  136, 
167,  168,  171,  174,  183,  205,  206, 
215,  224,  315-317.  Note  322,  343, 
344,  347,  348,  408,  487.  Note  500, 
501,  502,  518,  568,623,  645,654,  661, 
686,   712,  744. 

ScHw^ARZENBERG  (princcssc  Thérèsc 
de).  Note  255. 

Schwarzleitner.  791. 

Schwertgasse,  334. 

SCHWINDT.    790, 
Séchelles  [Lesi.  303. 
Seckal  (von).  752. 
Seckler  (?).  626. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


859 


Sécrétairie  d'Etat.  80". 
Sécularisations  (et  alTaires  des).  Note 

51. 
Sedlnitzky  (comte).  Note  xx. 
Seeland.  50». 
Seipt.  536. 

Seithart  (comtesse).  805. 
Séménoffsky  (régiment). Note  77.  Note 

688. 
Senilin.  800. 
Seinmeviiicf.  viii. 
Sénat.  Note  75.  Note  335. 
Senfft-Pilsach    (comte).    175,     322, 

a23,  444. 
Sens  (et  archevêque  de).  Note  96. 
Sensburg.  429.  700,  776. 
Sept-Iles  (Les).  Voir  Iles  Ioniennes. 
Serbie-Servie-SerbesAli,265,  394,  395. 
Serracapriola  (duc  de).  117,  123,135, 

156,220,  374.  Note  414,  585,  646,744. 
Serracapriola  (duchesse  de).  646. 
Sers  (de).  281. 
Servage  (et  abolition  du).  8. 
Service  secret  (et  dépenses  de).  793- 

804. 
Severoli  (Mgr).  38,  59,  65,  66,  75,  86- 

S8,  100,  101,  108,  128,  130,  168,   176, 

184,  201,202,  221,  230,  246,  251,  256, 

272,  293,  303,  338,  370,  551,568,  595, 

660,  677,  744,  755. 
Si-oRZA  (comte),  xiv. 
SiuER.  10,   11,  59,  74,     137,    139,    141, 

200,  282,  290,   299,  360,  790. 
Sicart  (Joseph  von  Schmidt).  252  et 

passim. 
Sicile  (et  cour  de). —  Siciliens.  21,  30, 

44,  71,  73.  Note  75.  Note  110.  128. 

189,   254,  285.  Note    451,  589.  Note 

620,  625,  652,  666,  677,  820. 
SiCKiNGEN  (comte).  149,  151,  240,  267, 

542,  543. 
SiDNEY   Smith.   334,    348,    373.    Note 

374,  407,   421,  443.   Note    623,    715, 

754,  771. 
Siebeneichen.  283. 
SiERAKOwsKi  (général).  Note  166. 
Silésie.  2.  Note  17   Note  36,  160,  504, 

532,  557,  584.  Note  602,  679. 
Sinclair  (baron).  543. 
Skarbek  (comte).  Note  559,  655,  714, 

715,  748,  749. 
Skavro.nsky  (comte  Martin).  810. 
Skavronsky    (comte    Paul    Martino- 

vitch).  809. 
Smitmer    137. 

SmoZens/£  (et  bataille  de).  Note  103. 
Sociétés  secrètes  prussiennes.  530. 
Soissons  (et   capitulation   de).    Note 

103.  Note  140. 
Soleure  (et  canton, et  sénat  de).  381, 

604,  813. 
Solférino  (bataille  de).  Note  55. 
Solms-Laubach  (comte  VoUmuth-Fré- 

déric-Charles-Louisde).  40,  41,  68, 


69.  Note  75,  94,  HO.  150,  151,  162, 
163.  263.  311,  370,  375,  404,435,497, 
520,  528,  543.  545,  619,  734.  758. 

Solms-Laubach  (Gharles-Frédéric- 
l.ouis-Christian-Ferdinand,  prince 
(?)  héréditaire  de).  700. 

Solms-Wildenfels  (comte  de).  501. 

SoMAGLiA  (délia).  Note  122. 

SONNENBERG.  425. 

SoNTHEi.M  I colonel,  comte  von).   Note 

98.  Note  159,  430,  501. 
Soragna.  820. 
SoREL  (Albert).  Note  134.  Note  735. 

Note  739. 
SORMANI.   732. 
Souabe  (la).  —Souabes.  169,  347,  451, 

507,  508,  681,682. 
SouLT  (maréchal).   663,  684,  740,  741, 

762,   763. 
SouTzo  II (Alexandre).  819. 
SouTzo  111  (Michel  II).  818. 

SOUVAROFF.    813. 

Souverains  alliés,  xiii.  15.  16,  22, 
23,  28,  34,  46.  60,  81,  95,98,  115,  123, 
126,  127,129,  136.  151,163,167,172. 
Note  175,  209.  Note  220,  224,  225, 
228,  243,  269,  270,  271,  288,290,302, 
330.  Note  339,  340,  368,  393,  423,448, 
514,  526,  537,  538.  Note  555,  600, 
613,  623,  627,  661-663,  693,  722,  744, 
747. 

Spaen  de  VoonsTONDEN  (baron  de). 
71,  144,   187,  335.345,  486,  489. 

Spath  (baron).  256. 

Spaur  (comte).  225. 

Spiegel.  732. 

Spiegelgasse  (La).  Note  185. 

Squarzoni  (comte).  449,  450,  634,666, 
707,  744. 

S. -S.  795,  803. 

Stackelberg  (comte).  Note  xxii,  17, 
65,  72,  74.  94,  102.  130,156.198,220, 
230,238,  -.64,  2  70  274.  303,  317,  328, 
333,  348,  352,  369,  371,  382,399,400, 
420,  427,  428,  450,  456,469,  472,  498, 
542,  558.  Note  582,  592,  596,  597, 
600,  604,  614,  629,  632.  633,  646,647, 
659,  671,  693,  703,  734,  744. 

Stackelberg  (comtesse).  296. 

Stadion  (comte  de).  Note  36,  60,  51, 
54,  70,  75,  82,  83,  87,  88.  Note  116, 
206,  222,  257,  261,  296,  310.312,315, 
316,  378,  379,  404,  423,  428,  429,  439, 
444,  458,  459,  469,  487,  497.  Noie 
500,  502,  518,  552,623,638,  654,662, 
757,  774,  777,  787,  788. 

Stadion  (comtesse).  496,  497. 

Stadlau.  Note  705. 

Staegemann  (von).  137,  325,  386,  505, 
507, 545.  592,615,  636,  663,  739,758. 

Staël  (M"'  de).  Note  538.  Note  717, 
741.  Note  781. 

Stahl  (von)  784,  786,  7S8. 

SiAMBAcn  (comte).  784. 


8G0 


AUTOUR    DU    CONGRÈS    DK    VIENNE 


Stampa  (Girolamo,  comte).  137,  759. 
Starhemberg  (prince  Louis  de).  255- 

257,  296,  384,  423,  458,  560,610. 
Starke  (docteur).  Note  615. 
Stassart  (baron  de).  335,  366. 
Statut  Politique  Continental.  755. 
Steghfuss.  283,  369,371. 
Stechling  (Cari).  Note  635. 
Steigentesch  (général  de).  7,  26,  34, 

57,  449,  497. 
Stein  (baron  de).  Note  xxii,  40,  41, 
66,  69,  76,  95,  97,  118,  119,  123,  128, 
131,136,  139,  140,  146,150.157,159, 
160,161,169,  173,175,  176.  Note  188, 
199,  200,  212,  213,  231,  238,239,  245,  ' 
252-255,  260,  263,264,  281,  283,296, 
311,  312,  325,333,  342,  345-348,  352, 
361.369,  370,371,375,  382.  Note  415. 
Note  416,  420,  421,  429,  430,  435, 
459,  478,  479,  494,  503,505,508,  520, 
522,523,  526,  528,  530,  532,535,544, 
545,  554,  555,  558,  568,573,575,582, 
592.  Note  593, 600,  602,  605,611,613, 
614,  623,  629,631,  636,  637,  640,  645, 
646,  655,656,  675.  685,  687,  690,  691, 
699,  705,  709,  710,  717,  721,722,729, 
732,  734,  738,  739,743,751,  769,  775, 
777,778. 
Steinlein  (attaché   à  la  Légation  de 

Prusse.  370. 
Steinlrin  (Président).  370,  371. 
Steinlein  (von),  Secrétaire  dé  Léga- 
tion de  Bavière.  37.  40,  52,  325,  450. 
Stéphanie    (de   Beuuharnais,  grande 
Duchesse  de  Bade).  Note  198,  293. 
Stewart  (lord  Charles).   Note    xxii. 
Note  147,  280.   Note    303,  327,  345, 
346,  371,  376,  434,  435.    Note    443, 
445,  446,  494,  496,497,501,  528,543, 
605,  606,614,619,  631,646,  721,736. 
Stîi.icon.  65. 

Stipsich  (général  baron  von).  86. 
Stockach.  169. 

Stockholm.  Note  1,   8.  Note  20,  193, 
243,    248.  Note  262,   336.  Note  465, 
704. 
Stock  im  Eisen  Piafs.  Note  159,  330. 
Stcckl.   794-798. 

Stolberg-Wernigerode  (comte).  137. 
Stourdza  (A).  818,  819. 
Stourdza  (Grégoire).   819. 
Stra.  IX. 

Strasbourg.  Note  31,  109. 
Strassoldo  (comte  de).  471,728. 
Strat.  592. 
Strauss.  793,  794. 
Streckeisen,  220. 
Struwe.  592. 
Strtienski.  Note  111. 
Stomm.  380. 

Stuttgart.  19.  Note  41,  45,  84.  Note 
103,  199,  217,  238,  239,244,292,  293, 
379,  Note  383,  385,  401,  416,  417, 
489,  490,  494.  Note  561, 571,  582, 588. 


Note  592,  614.  Note  646,  663,  681. 

Styrie  (La).  Note  35.  556,  660. 

Subsides.  228,  719,   740,  775. 

Subsistances  (et  commission  des). 
VIII.  524. 

Succession  ict  droit  de).  341,342,547. 

Suchet  (Maréchal,  duc  d'Albuféra). 
558,  646.  Note  774.    . 

Suède- Suédois.  Note  2.  Note  5.  Note 
8,  12.  Note  24, 26,  34, 38,  57,  58.  Note 
99,  111,  125.  Note  194,  20i,  243,  244, 
337,  338,  356,  358,  359,  374,  421,  499, 
522,  559,  612,  623,  632,  635,  746. 

Suède  (Prince  royal).  Voir  Ber.^a- 
dotte. 

Suède  (Princesse  royale  de,  Eugénie 
Clary).  39. 

Suède  (Reine  de).  38,  583. 

Suède  (roi  de.  Charles  XIU).  17,  38. 
Note  39.  Note  125,  244,249. 

Suisse  (et  commission  des  affaires  de 
la).— Suis.ses.21,48,79,  81.  Note  102, 
116,  162,  169.  Note  175, 195,  225,  226, 
260,  275-277,  335,  342,  344,  361,  370, 
380,  381,  388,  .399,  421,  425,  430,  435, 
436,  458,  459,477,  502,  507,  521,  528, 
565,  568,  594,604,  605,  607,  614,  621, 
635.  641,  646,  649,  651,  653,  657,658, 
675,  676,  679,  702,  719,  736,  740,  747, 
750,  757,  758,  769,  773.  Note  774,  813. 
Sumeraw  (baron),  xx.  Note  xxi.  784, 
786,  787. 

SUMINSKY.    222. 

Siissen  Lœchl  (im).  194. 
Suzanne  (M"»).  478,  554. 
Sydenham.  281 . 
Sz...  (von).  220. 
SzANYAWSKi.  435,  655. 
Szechenyi-Guilford  (comtesse).  318, 

569. 
Szemiakowski.  435. 
gzuYSKi,  559. 


Tabago.  208. 

Tableaux  vivants.  567. 

Taillade  (capitaine).  404,  405. 

Talleyrand  (comte  Auguste  de).  604. 

Talleyrand  (prince  de).  Notexxii,  13. 
84,  85,  87,  88,  94,  96,  114.  Note  116, 
117,  122,  128,130,  133,  135,  136,  142- 
146,  148-151,  162,  164,  170,  177,179, 
182,  184,  189,  190.  201,  202,  208,  212. 
213,  215-219,  221,  222,  226,  234-236. 
238,  240-243,  245-249,  252,  254-256, 
258-260,  262-264,  266,  271,  272,  279, 
281,  283,  284,  289,  292-294,  298,  300. 
304,  305,  312,  318,  319,321,  325-328, 
331,  332,  334,  335,  346-349,  352,361, 
369,  370,  372,373,  376,382,  384,388, 
389,  393,  394.  396.397,  402,  403-407. 
420,  421,  432,  436,  438,  439,  441- 
445.  452,  454,  456-461,  463,   464,  467. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


861 


468,  473.  474,  479.  Note  481,  492, 
502,  503,  511,  514,  525,  528,  535,  536, 
538,548,  550,  552,  555,  558, 563.  Note 
571,  574,577,  578,  582,  586,  587,592. 
Note  597.  Note  599,  600.  Note  604,- 
605,  612,  617,  618,  621,  624,  629,631, 
637.  Note  638,  640.  Note  651-653, 
G55,  657,  658.  Note  663.  Note  664. 
Note  673.  Note  676.  680,  684,  685. 
Note  692.  Note  693.  Note  702.  Note 
709,  713.  Note  717,  720.  721,  730. 
Note  735.  Note  737.  Note  741.  Note 
742,  746-749,  758,  761.  Note  764. 
Note  767,  768,  770-772, 775.  Note  781. 

1  Ai-LEYRAND-PÉHiGORD  (CoiTite  Ed- 
mond de).  Note  628. 

1  AfLEYRAND-PÉRiGORD (Comtesse  Ed- 
mond de).  220,  260,  392,  403,  404, 
441,  44ri,  467,  551,  610. 

1  AORMiNA  (et  duc  de).  Note  451. 

7  aruopo/ (et  cercle  de).  152,153,  155, 
559,  687,  699,  711,  712. 

l'aroutino.  Note  2. 

Iascher  de  la  Pagerie  (comte).  274, 
281,  293,  410,  718. 

1  ASCHER  (comtesse).  149. 

Iauride  (prince  de).  Voir  Potemkine. 

Iausch.   728. 

1  ausserat-Radel.  XV. 

1  chernitcheff  (général).  140,145, 156, 
233,  318,327,  338,  361,  369,  568,  575, 
590,  592,  639. 

le  Deum.  204.  Noie  339. 

l'einfalslrasse.  78. 

Tei.eki  (comtesse).  Note  75,  150. 

1  emesvar.  Note  814. 

Temple  (Le)   230.  Note  373,  430,  434. 

TepUlz-Toeplilz  (et  traité  de).  Note 
49.  Note  M.  Notj  100,  109,  162. 

Terespol.  154. 

Terreur  (La).  Note  211. 

Teschen  (et  congrès  de).  256. 

Tessin  (Le,  et  canton  du).  277,  657, 
717,  750. 

Testi  (Osvaldo).  Note  635. 

Tettenborn  (général  baron).  378,  379, 
457,  458. 

Tel-tonique  (ordre).  80,  135,  136.  Note 
674. 

Thérèse.  718,  726. 

Theresiannm  (Le),  vu,  vm. 

Theresienstadt.  Note  329 

Thessalie.  Note  817. 

Thiele  (Lt-colonel  von).  Note  157. 
Note  494,  561. 

Thielmann  (généralbaron  de).  67,741. 

Thompï^on.  281. 

Thorn.  58,  227,  269,  313,386,  523,  525, 
608,  615,  675,  721. 

Thorruter  (W.).  758. 

Thrace  (La).  Note  710. 

Thugut  (baron).  Note  36.  Note  75,151, 
169,  347,  348,  386,  387,  428,  439,  592, 
751,  772. 


Tiers-Etat  (Le).  173,  213. 

Tilsit  (et  traité  de).  Note  17.  Note  31. 
Note  77.  Note  106.  Note  117.  Note 
133.  Note  195,313.  Note  530,  544,563, 
661.  Note  712. 

TiMIRIASOFF.  431. 

Timon.  634. 

Tocco  (chevalier).  Note  56. 
Toison-i>'Or.  Note  94.  Note  125.  Note 
674. 

Tolentino  (bataille  et  traité  de)  65. 
Note  205. 

Tolna  (Gomitat  de).  817. 

Tolstoï  (comte).  230. 

Tolstoï  (comtesse,  née  Bariatinska). 

Note  64. 
ToMASiCH  (général).  793. 

Torgau.  Note  67,  581,  689. 

Tormassuff.  524. 

ToRRESANi.  Note  792. 

Toscane.  Toscans.  Note  221,284,285, 
406,  546,  562,  572,  607,643,  707,728. 

Toul.  389. 

Toulon.  Note  373. 

Toulouse.  Note  322.  Note  652. 

Tour  et  Taxis  (Maison  princière  de 
la).  384. 

Tour  et  Taxis  (prince  de  la).  Note 
32,  77.  Note  92.  Note  98.  Note  116, 
257,  260,  273,   334. 

Tour  et  Taxis  (princesse  de  la,  Ma- 
rie-Thérèse deMecklemburg).Note 
XXII,  32.  Note  77.  92,  93,  127,  252, 
256,  257.  259,  268,  272,  296,  303. 
Note  397,  544,  775. 

Tour  et  Taxis  (Max,  prince  de  la). 
273. 

Toussaint  (M"'  .610. 

Traiger  (von).  687. 

Traime  (?).  660. 

Traiskirchen.  vm. 

Traite  des  Nègres  (comission  d'aboli- 
tion de  la».  551,  694. 

Traité  de  Commerce.  Note  620,  758. 

Traités.  3,  4.  Note  5,6,30,  31,  41, 117. 
Note  125,  126,  215,  267,  509,  513, 
554,  618,  650,  657,  744,751,  768,  775. 
Note  778. 

rrajispadane  (République).  87. 

Transy/vanie.  Note  125,  379,  512,711. 

Trauttmansdorff (comte).  75,327,551, 
600,  610.  Note  650,   752. 

Trauttmansdorff  (prince  de).  Note 
xxui,  77,  86,93,  114,  119,123,  140. 
289,  495,  569.  Note  582,  662,  729, 
752,  771. 

Trauttmansdorff  (princesse).  156, 
252. 

Trembinsky.  564. 

Trémoille- Tarente  (prince  de  la;. 
131,   137.  Note  233,  281,  304,  334. 

TRÉMOiLLE-TARENTEi^princessc  de  la). 
232,233. 

Treptow.  Note  416. 


862 


AUTOUR   DU   CONGRES    DE   VIENNE 


Trêves.  2,  149. 

Trîsves    (Clément- Wenceslas,    élec- 
teur de).  Note  3"5. 
Tricolore   "drapeau,  cocarde).    Note 

111. 
Triebenfeld  (baron).  501. 
Trieste.  xxi.  Note  322,  537,  538,   646, 

660,  786,  787,  817,  818. 
Trinité  (question  de  la).  336. 
Troppau  (et    Congrès   de).   Note   7. 

Note  40.  Note  125,  298. 
Troubetzkoï    (prince  Wassili).  139. 

Note  140,  560,  812. 
Troubles.    Note   174,    380,    394,   395, 

604,  779. 
Troyes.  Note  107. 
Truchsess-  Waldburg      (comtesse^ . 

614. 
Tschaplitz  (général).  549. 
Tûbingen.  165,  645. 
Tudela  (bataille  de).  Note  683. 
Tugend-Bund(Le).  180,  181,  212,  283, 

314.    Note    347,  414-419,    685,  686, 

690.  Note  712,737. 
Tuileries  (Les,  et  cabinet  des).  375. 
Turin,  xiv.  Note  7.  Note  84.  85.  Note 

106.  Note  116.  Note  128.  Note  132. 

Note  175.  Note   196.  Note  487,  524, 

547,  813. 

TiiRKHEiM  (baron  de).  93,  175.  Note 
262,  294,  307,  359,  383,  438,  527,  540, 
569,  637,  669,  716,   743. 

Turquie.— Turcs.^ote  3,12,  34.  Note 
103,  113,  133.  Note  139,  Note  156, 
203,  242,  265,  298.  Note  329,  333. 
Note  341,  394,  3-5,  401.  Note  407, 

548,  6iE,  619,  713,  723,  806,  818. 
TuYLL  (ou    Thuyll)  (général  baron), 

578,  579. 
Tyrnau    794,  795,  798, 
Tyrol.  48,  68,  84    Note  263,  274,  335, 

337,  676. 
Tyszkiew.cz  (Louis,  comte).  Note  696. 

U 

Udevalla.  58. 

Vdine  let  religieuses  d').  89,  91. 

Ugarte  (comte).  315,  316. 

Uhde  (von).  540 

Uhlans  Archiduc  Charles  (Régiment 

de).  Note  182. 
Uhlans  Merveldt  (régiment  de).  Note 

568. 
Uhlans  Schwarzenberg  (régiment  de). 

Note  124,  215,  568. 
Ukraine.  806. 

Ulm  (et  capitulation  d').  Note  32. 
Ultimatum   670, 

Ungarische  Krone  (Hôtel).  220,  253. 
Union  allemande  et  Unification,  387, 

398,  531. 
Union  des   Princes.   Note   259,   489, 

Note  777. 


Union  (secrète)  polonaise  (L').  608. 

Untzschneider.  378. 

Urbino    176. 

Urœm  (?).  494. 

Usurpateur.  —  Usurpation,  461,  474. 

V 

Vaduz  (et  principauté  de).  676. 

Valachie  (et  hospodar  do),  xxii,  3-5, 
9.  Note  178,  328-331,  333,  355,  359, 
447,  448,  658,  676,  818,  819, 

Valais  (Le).  380,  717, 

Valence  (et  capitulation  de).  Note  712. 

Valencia  d'Alcantara.  Note  78. 

Valenciennes.  280. 

Valestini.  Note  817. 

Vallaise  (comte  de  .  Noté  196,  396. 

Valtier.  813. 

Valteline  (La,  et  députés  de  la).  201, 
275,  277,  676,  678,  706,  719,  740,  750, 
757.  Note  759. 

Var  (Le).  287,  288. 

Varel  Seigneurie  de). Note  259.  Note 
777. 

Varenbïïhler  (général  von).  Note  244. 

Varenne.  Note  717. 

Varnhagen  von  derEnse.  Note  415. 

Varsovie  (et  duché  de).  6,  16.  Note 
19,  20,  28,  43,  44,  56.  Note  74.  Note 
97,  106,  109.  Note  116,142,152,156, 
160,  166,  167,  172.  Note  175,  226, 
227,  230,  231,  240,  269.  Note  282, 
297  331,332,  341,  344,  355,  358,363, 
364,  367,  376,  383,  391,  395,  399,  427, 
431,435,454,  455,  461.  Note  465,  473. 
Note  487,  494,  504,  506,  520,  524,  528, 
544,  547,  562,  568,  574,  581,602,  608, 
631.  639,645,  658,  674,  690,  711,  714, 
715,  720,  723,  748,  749,   778,  806. 

Vatican  (le)  et  Vaticana  (Biblioteca). 
XIV,  568. 

Vaucluse  (département  de).  Note  335. 

Vaud  (canton  de).  Note  102,  380. 

Vay  (général  de).  220. 

Veglia  (Ile).  805. 

Veiss.  Note  282. 

Veith.  719,  746,  775. 

Vélites.  20. 

Venanson  (comte  de).  815.  ^ 

Vendée  (la).  Note  407. 

Venise  (et  patriarcat  de). —  Vénitiens. 
86,  89.  Note  90-92.  112,  149,  206,  232, 
278.  Note  303,  462,  537,  538,  597, 
732,  780,  786,  787. 

Vera  (avocat).  247,  704,  725.    - 

Vera  (M""'),  (La  Cantatrice  Essler). 
247. 

Vernègues  (de).  197,  229,  230,  260,  430, 
434-436,  548,  549,  687,  727,770,  772. 

Vérone  (et  congrès  de),  ix,  xx.Note 
7.  Note  40.  Note  125.  Note  683. 

Versailles  (et  cabinet  de).  288. 

Vertraute  (confidents).  783,  785,  787, 
790,  791,   793,   794. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


863 


Vesoiil.  Noie  652.  Note  676. 
Vétérans  (sociétés  de  Secours  pour 
les).  418. 

V I  (von).  803. 

Vicaires-Vicariat.  112,  176. 
Vice-roi  (voir  Eugène  de  Beauahr- 

NAIS). 

ViCBNTi (Jean).  796. 
Victok-Kmmanuel    I".  89,   147.   Note 

196.   Note   197,  203,  287,  288,    325, 

413.  Note  414,  424,  547,  694,   807. 
Vienne.  Passini  presqu'à  toutes  les 

pages. 
Wille-l'Evêque  (rue  de  la).  Note  810. 
Villermont  (comte  C.  de),  xv.  Note 

433. 
Villes  Libres  (Les).  306,   307.  Note 

479.  Note  523,  551.  Note   565,  675, 

711,  721. 
Vilna  (et  université  de).    Note   206. 

Note  379,  723. 
Vincennes.  387,  553.  Note  652. 
Vincent  (feld-maréchal  lieutenant  ba- 
ron de  .  Note  257,  589,  628,  652. 
ViOMÉNiL  (du  Houx  de).  Note  507. 
VisGONTi  -  MoDRONE     (duc    Gliarlcs) . 

Note  674. 
Vistule  (la).   Note  77,  144,   386,  487, 

510,  525,  547,  563,  581,  608,  615,  711. 
ViTROLLES  (baron  dei.  322. 
Vittoria  (bataille  de).  Note  683. 
Vockelberg,  752. 
VoELKEL.  Note  615. 
VoGEL  (von).   174,   793,   798. 
Volderndorf  (major).  280. 
Volontaires  (et  volontaires  viennois). 

VIII.  Note  76,  562. 
Vorarlberg  (Le).  68. 
Vrints-Berberich  (baron)  32, 116,256, 

420,  520,  538. 

MV 

VV 313,  797. 

Wagram    (et  bataille  de).  Note   32. 

Note  51.  Note  61.  Note  175.  Note 

182,  261,  298. 
Wahrendorff.  670. 
Waldeck  (Caroline-Louise,  princesse 

de).  Note  811. 
Waldmilnchen.  280. 
WALDSTEiNicomtesse,néeRzewuska). 

533,  534,  569. 
Wallis  (comte).  36,  69,  70,  72,  79,83, 

257. 
Wallmoden-Gimborn  (général,  comte 

de).  710,  734,  797. 
Walpole  (lord).  371. 
Wartha    La  .  173,  608,  720. 
Washington  (et  prise  d  ;).  302,  464. 
Washington  (baron).  220,  736. 
Waterloo.  Note  144.  Note  286.  Note 

322.  Note  416. 


Watson  (G.  L.  de  St-M.).    xv. 

Watzuorf  (général  de).  174,  175. 

Weihburg  Gasse.  95. 

VVetniar.'Note  128,  136,  283,  307,  335, 
363,  416,  438,  492,  504. 

Weissenwolf   (général   comtes    533. 

WELDEN(Lt.-co!onel  baron  de). 288, 289. 

Wellesley  (sir  Henry).  Note  767, 
777. 

Wellington    (duc    de).  Note  xxii. 
Note  49,  209,  463.  488,  489.  586,  589, 
683.  Note -717,  724,   725,   737,   767. 

Wellon.   366. 

Welvert.  Note  573. 

Werkstein  (von).  93. 

Werry  (•?).  264. 

Werther  (baron).  589,  590,  629,   682. 

Wesel.  170. 

Weser  (Le).  Note  67. 

Wessenberg-Ampfingen  Jean,  baron). 
Note  38,  42,  51,  70,  334,  350,  389, 
390,  397,  409,  427,  439.  Note  443, 
458,  492.  Note  500.  Note  562,  607, 
623,  635,  646,  661,  695,  710,721,  757, 
774. 

Westphalen  (comte).  115,  157,  158. 

Westphalieiel  royaume  de).  Note  17. 
Note  52.  Note  64.  Note  118,  170. 
Note  302.  Note  415,  530,  531,  538, 
573,  618-649,  659. 

Wetterstedt  (baron  de).  356. 

Wetzlar    Note  149. 

Weyland  (von).    400.  420,  539,  755. 

Whaley  (Richard  Chapel).  816. 

Wiasemsky  (prince).  Note  117. 

WiBOR  (?)  (comte).  641. 

Widmann  (Le  Restaurant  .  197. 
Wieden  (La).  183,  224. 

WlEDENHElM.    616 

WiELAND   (écrivain    allemand).    Note 

720. 
WiELAND  (de,  bourgmestre  de  Bâle). 

195,  260,    327,  747. 
Wieliczka  (et  salines  de).  18,  711. 
Wielmann  (Maison).  93. 
Wien  (Theater  an  der).  75,    78,  494, 

752. 
Wiener  Wald  (et  unter  dem).  vu. 
Wiener  Zeitung.  95.  Note  365,    387, 

695,  706. 
Wiesbaden.  Note  416. 
WiLCZECK  (comte).  752. 
Wildenfels  (fief  de).  501. 
WiLLiÉ   (de).   419,  639,   651,  662,  713, 

755. 
WiLLOT  DE  Grandprez.  Notc  197. 
WiLSON(Sir  Robert).  Note  166. 
Wimpfen    (comtesse,    née    princesse 

d'Anhalt-Bernburg).  297. 
Windmûhle.  195. 
Wintzingerode      (Georges  -  Ernest  - 

Louis,  comte  de).  Note  98. Note  119. 

Note  159,  176,  179.    Note  383,  397, 

398,  401,  420,  427,  430,  492,  528,554. 


864 


AUTOUR   DU   CONGRES    DE    VIENNE 


Note  565,  598,  605,  614,  629,  637,  647, 
657,  667,  729. 

WiNTziNGEHODE(Henri-Ghavles-Louis 
comte  de).  63,  97,  151,  414,  572,  680. 

WiTT  (général  comte  de).  129,  146, 
240,  281,  806. 

Wiltenberg.  497,  581,  667,  689. 

WiTTGENSTEiN  (général  comte)  151, 
435. 

WoDNiANSKY  (fcld-maréclial  lieute- 
nant). 397. 

WoÏDA  ou  WOÏNA  (H.).  631. 

WoLFRAMSDORF  (baron  de).  366. 

Wolkersdorf.  Note  107. 

WoLKONSKA  (princesse  Sophie). 62, 137. 

WoLKONSKY  (Pierre, prince).  76.  Note 
95,  198,  223,  224,  272,  273,  281,  282, 
304,  325,  329,  334,  352,  472,  615,  630, 
643,  646,  690,  713,  751. 

WoLTEBS  (Joséphine).  272,  304,  334, 
352,  366. 

VVoNzowicz  (colonel  comte).  Note  696. 

Worms.  149. 

WoRONZOFF  (comte).  77,  197,  234,  371, 
643. 

WoYNA  (comte  Edouard).  135,  322. 

WoYNA  (comte  Félix).  75,  322.  Note 
582,752. 

VVoYNA  (comte  Maurice).  322. 

Wrbna  (Eugène,  comte).  Note  710. 

Wrbna  (Félix,  comte). 

Wrbna   (Ladislas,  comte).  Note  124. 

Wrbna  (Flore,  comtesse).  662,  730, 
729,  732,   756. 

Wrede  (feld-maréchal  prince  de).  94, 
111,  136,  163,  168.  Note  179,  235, 
251,  259,  260.  Note  264,  268,  271, 
292,  296,  325,328,  359,  362,  369,378, 
382,  385,  395,  409,  410,  420,  422,442, 
450,  468,  469,485,  492,  528,  558,566, 
570,577,  598-600,  617,  623,  629,  633, 
648,  665,669,  686,  701.710,720,  730, 
738,  760.  Note  774. 

Wbede  (Amélie,  princesse  de).  Note 
621. 

WuRMBRAND  (comte).  189,  752. 

WiÏRMSER  (comte  de).   181. 

Wurlemberçf-  Wurtemberffeois .  29, 
50.  Note  63,  107,  119,  150,  164,  165, 
169,  170.  Note  176.  Note  180,  184, 
199,  217,  225,  230,  235.  Note  244, 
258,  263,  292,  298,  306,  307,328  356, 
358,  373,385,  398,  400,  403,  494,  428, 
438,  439,  473.  Note  iiO,  491,  507, 
508,  537,  550,  552,  554.  Note  572, 
600,  612^  613,  619,  621,  633,  646, 
647,  661,  664,  667,668,  672,  693,  778, 
788. 

Wurtemberg    (Charles -Eugène,    duc 

de).  199. 
WuRTEMBERG(Eugène-Frédéric-Henri, 
duc  de).  Note  501,  605. 

Wurtemberg  (Ferdinand,  duc  de) .  605. 

VVurtemberg  (Frédéric  Eugène,  duc 


de,  prince   de  Montbéliard).  Note 

41. 
Wurtemberg  (Louis,  duc  de).  501. 
Wurtemberg  (Adam  prince  de).  Note 

501. 
Wurtenberg  (prince  royal  Guillaume 

de).  Note  xxii,  62,  63,  69,  70,  83,  84, 

119,  320,  137,  359,  160,  179,  199,  200. 

208,  213,  214,  239,  259,267,  268,270, 

271,  292,293,  298,  342,415,467,470, 

471,  576,  600,  632,  661.  677,678,  680, 

687,  698,  699.  Note  715,  773.    Note 

774. 
Wurtemberg  (princesse  Louise  de). 

564. 
Wurtemberg    (Reine  de,   Charlotte- 

Auguste-Mathilde      d'Angleterre). 

216,  491,  494. 

WURZBACH.   VII. 

Wûrzburg  (et  grand-duché  de).  6. 


X.  335,  800. 

X.  X.  795,  796,  803. 


Yeo    (sir   J.-L.     Commodore).   Note 

627. 
York.  281. 
York  et  o'albany  (Irédéric,  duc  d'). 

715. 
York    von    Wartenburg    (général). 

Note  341. 
Ypsilanti  (prince).  Note  195,  329. 
Y.  Y.  796.- 


Za...  795,  796,  801,  804, 

Zahn.  93. 

Xakrzewitzk.1.  501. 

Zalokovsky  ou  Sologowski,  568. 

Zaremba  (de).  687. 

Zastbow  (von).  533. 

Zboïnsky.  222. 

Zebay.  Note  792. 

Zell-sur-la-Moselle,  145. 

Zeppelin  (comte).  572. 

Zerboni  di  Sposetti.  93,137,  156,  157, 

185,  186,  222,  238,239,  313,  325,  506, 

528. 
Zbrledeb.  220,  327,  757. 
Zettleb.  Note  792. 
ZiCHY    (Charles,  comte).   69,    70,  72, 

75,  79,  93.  Note  189,   317,   439,  4?S, 

497,  534,  745,  756. 
ZicHY  (Etienne,   comte).    39,  40,  253, 

348,  481,  503,  754. 
Zichy-Ferraris    (François,    comte). 

96,  668. 


TABLK    ALPHABÉTIQUE  865 

ZicHY  (Julie,  comtesse).  189,  268,  296,  Znaim.  Note  100. 

316,  443,444,  751.  Zobel  (von).  754,  755. 

ZicHY  (Maria    comtesse).  189.  Zubokovvsky  (lieutenant).  Voir  Sogo- 

ZiCHY  (comtesse  Sophie).  206,  264,  318.  lowsry. 

Zichy-Fbrraris  (comtesse  Mélanie).  Zucchi  (général  baron).  679. 

Note  668.  Zurich.    195,    199.    Note    370.     Note 

Ziegenhals.  298.  492,  604,  621. 

ZiELiNSKA  (comtesse).  227,  228.  Zwach.  453. 

ZiELiNSKi  (comte).  131.  Zwieliniew  (général).  355. 
Ziller-Thal  (Le).  672. 


ï.l.  '' 


TABLE    DES    MATIÈRES 


Pages 
Préface ^i* 

Avant- Propos. 

Quelques  mots  sur  l'organisation  et  le  fonctionnement  de  la  police 
secrète  Autrichienne  à  Tépoque  du  Congrès  de  Vienne xvii 

Chapitre  premier 

Les  préliminaires  et  les  ajournements  du  Congrès  (1"  juin-3  novembre 
1814) 1 

Chapitre  II 

L'ouverture  du  Congrès  et  les  questions  de  Saxe  et  de  Pologne  (2  no- 
vembre 1814-3  janvier  1845) 441 

Annexes 

Annexe  I  (à  la  page  xx). 

18  février  ^79,?.  Rapport  du  Comte  Pergen  sur  l'ancienne  police  (di- 
plomatique) secrète  (Analyse) 782 

Annexe  II  (à  la  page  xxi) . 

21  mars  1804.  Rapport  du  Ministre  de  la  police  Sumeraw  sur  l'or- 
ganisation du  service  de  la  police  secrète  (Analyse) 784 

Annexe  III  (aux  pages  xx  et  xxi). 

ê  février  1S06.  Rapport  de  Sumerav/  sur  la  police  secrète  de  Cour. 
(Rapport  basé  surtout  sur  celui  du  21  mars  1804  et  sur  le  fait  que 
Sumeraw  s'est  préalablement  entendu  avec  le  comte  Stadion) 
(Analyse) 787 

Annexe  IV  (à  la  page  xx) . 

27  février  1806.  Décision  impériale  et  réponse  au  rapport  du  2  fé- 
vrier (Analyse) 788 

Annexe  V  (à  la  page  xx). 

5  a,oût  1808.  Hager.  Rapport  à  l'Empereur.  Note  sur  la  réorganisa- 
tion de  la  K.  K.  Polizei  Hofstelle  (Analyse) 789 

Annexe  VI  (à  la  page  xxiv). 

Résumé  el  relevé  des  dépenses  de  la  Polizei  Hofstelle 791 

Annexe  VII  (à  la  page  xxiv) . 

Vienne  18  février  1815.  Hager  à  l'Empereur 792 

Payements  faits  par  la  Polizei  Hofstelle  (année  1814) 793 


808  AUTOUR    DU    CONGRÈS    DE   VIENNE 

Annexe  VllI  (aux  pages  xxii  et  xxiv). 

Etat  des  recettes,  dépenses  et  du  reliquat  de  compte  des  sommes 
affectées  du  1°'  janvier  au  31  décembre  1815  au  service  des  dé- 
penses secrètes  de  police  avec  les  mémoires  n"*  1  à  157  inclus  et 
n"'  1  à  9  inclus 799 

Annexe  IX  (à  la  page  129,  pièce  160). 

Comte  de  Witt 806 

Annexe  X  (à  la  page  131,  pièce  164). 

Alexandre  Rossi,  Ministre  de  Sardaigne  à  Vienne 807 

Annexe  XI  (à  la  page  137,  pièce    73). 

Marquis  Louis  Malaspina 808 

Annexe  XII  (à  la  page  156,  pièce  192). 

La  princesse  Bagration 809 

Annexe  XIII  (à  la  page  156,  pièce  192). 

Duchesse  de  Sagan 811 

Annexe  XIV  (à  la  page  191,  pièce  232). 

Fontbrune 813 

Annexe  XV  (à  la  page  205,  pièce  252). 

Aurore  de  Marassé 814 

Annexe  XVI  (à  la  page  225,  pièce  280). 

Comte  de  Mercy 815 

Annexe  XVII  (à  la  page  263,  pièce  333). 

Comte  de  Fries 816 

Annexe  XVIIl  (à  la  page  312,  pièce  407). 

Comtesse  Clare 816 

Annexe  XIX  (à  la  page  327,  pièce  439). 

Comte  de  Benzel-Sternau 817 

Annexe  XX  (à  la  page  431,  pièce  616). 

Comte  Georges  Mailath 817 

Annexe  XXI  (à  la  page  453,  pièce  650). 

Mavrojeni  (Jean) 817 

Charles  Callimaki  IV 818 

Jean  Karadja  (Caragea)  II 81ii 

Les  Codes  Caragea  (Karadja)  et  Callimaki 819 

Annexe  XXII  (à  la  page  524,  pièce  764). 

Baron  Cornacchia S20 

Annexe  XXIII  ^à  la  page  625,  pièce  942). 

Marquis  de  Saint-Clair 820 

Annexe  XXIV  (à  la  page  640,  pièce  978). 

Comte  de  Raigecourt 821 

Index  alphabîstique 833 

Errata  et  Addenda *'69 


ERRATA  ET  ADDENDA 


Pages  :  2 

—  20 

—  28 

—  30 

—  39 

—  44 

—  45 

—  52 

—  67 

—  75 

—  84, 

—  85 

—  97 

—  102 

—  129 

—  137 

—  140 

—  153 

—  156 

—  156 

—  179 

—  182 

—  183 

—  183 

—  185 

—  191 

—  215 

—  228 

—  233 

—  242 

—  242 

—  261 

—  262 

—  265 

—  284 

—  295 

—  301 

—  302 

—  315 

—  337 

—  319 

—  327 


Note  1,  2*  ligne,  au  lieu  de  :  et,  lire  a. 

Note  1,  1"  ligne,  au  lieu  de  :  Dépêche  inédite,  lire  dépêches  iné- 
dites. 

19"  ligne,  au  lieu  de  :  ajouta,  lire  ajoute. 

6*  ligne,  au  lieu  de  :  n'y,  lire  y. 

Note  1,  3"  ligne,  au  lieu  de  :  Française,  lire  princesse. 

4*  ligne,  au  lieu  de  :  Pozzo  de,  lire  Pozzo  di. 

12'  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  devant  français,  ajouter  en. 

18'  ligne,  au  lieu  de  :  n'empêche,  lire  m'empêche. 

Note  2,  1"  ligne,  au  lieu  de  :  Guillaume  II,  lire  Guillaume  X. 

Note  2,  3»  ligne,  au  lieu.de  :  et,  lire  il. 

5*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  :  donné,  lire  donnée. 

Note  1,  1"  ligne,  au  lieu  de  :  viel,  lire  vieil. 

Note  1,  7*  ligne,  au  lieu  de  :  Hambourg,  lire  Hombourg. 

Note  3,  3'  ligne,  au  lieu  de  :  à,  lire  de. 

Note  2,  dernière  ligne,  au  lieu  de  :  XIV,  lire  X. 

Note  1,  au  lieu  de  :  XV,  lire  XI. 

Note  2,  au  lieu  de  :  Alexis, lire  Aloys-Wenzel  et  ajouter  :  Ministre 
d'Autriche  à  Naples  (1805-1807). 

Titre  courant,  au  lieu  de  Bes,  lire  Les. 

17'  ligne,  après  basée,  supprimer  , 

Note  3,  au  lieu  de  :  X,  lire  :  XII  et  Note  4,  au  lieu  de  XI,  lire  XIII. 

Note  2,  avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  :  e,  lire  et  et  dernière  ligne, 
au  lieu  de  :  feidzeuzmestre  lire  :  feluzeugmestre. 

Note  2,  1"  ligne,  au  lieu  de  Népomucime,  lire  Népomucène. 

17"  ligne,  après  Opposition,  au  lieu  de  :  ;  ,  mettre  :  ,. 

Note  1,  i'  ligne,  au  lieu  de  More,  lire  :  Morel, 

Note  5,  1"  ligne,  au  lieu  de  Spozatti,  lire  :  Sposetti. 

Note  3,  2*  ligne,  au  lieu  de  XIII,  lire  :  XIV. 

20"  ligne,  au  lieu  de  le,  lire  ;  la. 

14'  ligne,  après  les  mots  :  Cour  ei  prononcera,  ajouter  ,. 

Note  2,  6*  ligne,  au  lieu  de  :  assurgissait,  lire  :  asservissait. 

21' ligne,  après  scandaleux, au  lieu  de:  Comment,  mettre:  comme. 

28'  ligne,  au  lieu  de  :  avait,  lire  :  était. 

dernière  ligne,  après  Russie,  mettre  :  ,. 

10'  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  après  :  Keller,  ajouter  :  (2). 

i'  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  avant  honnêtes,  ajouter  :  peu. 

Note  2,  avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  a  moderna,  lire  :  e  moderno. 

10"  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  après  Ancône  supprimer  ,. 

Note  1,  3"  ligne,  au  lieu  de  anp  rince,  lire  au  prince  et  7«  ligne,  au 
lieu  de  Tour  de,  lire  :  Tour  et. 

Note  2,  l'«  ligne,  au  lieu  de  Wesphalie,  lire  :  Wkstphalie. 

Note  1,  2'  ligne,  au  lieu  de  Buon  accompagni,  lire  :  Buoncompagni. 

10°  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  Estuhazy,  lire:  Es- 

TERHAZY. 

Note  2,  dernière  ligne,  au  lieu  de  Marescaldi,  lire  :  Marbscalghi. 
Note  1,  3'  ligne,  au  lieu  de  1837,  lire:  1817. 


870  ERRATA    ET    ADDENDA 

Pages:  340,  1"  ligne,  au  lieu  de  IS04,  lire  :  1814. 

—  358,  17'  ligne,  au  lieu  de  alliés,  lire  :  alliées. 

—  364,  17»  ligne,  au  lieu  de  Luxemhurg,  lire  :  Laxenburg. 

—  364,  20»  ligne,  au  lieu  de  à,  lire  a. 

—  367,  18'  ligne,  au  lieu  du  da,  lire  de. 

—  383,  Le  Goiidakhowsky,  dont  il  est  question  encore  à  la  page  529  est 

bien  probablement  le  même  que  celui  dont  A.  Bonnefons  dit  à  la 
page  230,  de  son  livre  :  Un  allié  de  Napoléon  :  «  Gutakowsky  était 
déjà  en  1807  un  des  deux  délégués  polonais  à  Dresde  ;  l'autre  était 
Potocki.  » 

—  435,  4*  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  avant  Schmidt,  ajouter  :  Con- 

seiller DE  POLICE. 

—  450,  Note  2,  au  lieu  de  Tagebûcker,  lire  :  Tagebïjcher. 

—  459,  10*  ligne,  au  lieu  de  peut,  lire  :  peu. 

—  465,  Note  1,  3'  ligne,  au  lieu  de  législations,  lire  :  Légations. 

—  487,  3°  ligne,  au  lieu  de  Koglowski,  lire  :  Kozlowski. 

—  495,  6"  ligne,  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  par,  lire  :  pas. 

—  503,  13"  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  Mirande,  lire  :  Mi- 

RANDA. 

—  524,  Note,  au. lieu  de  XXI,  lire  :  XXII. 

—  545,  Note,  1"  ligne,  après  d',  mettre  ,. 

—  546,  19*  ligne,  au  lieu  de  équivalant,  lire  équivalent. 

—  546,  dernière  ligne,  au  lieu  de  acquision,  lire  :  acquisition. 

—  592,  Note  1,  3"  ligne,  au  lieu  de  Athènes,  lire  :  Altona. 

—  615,  19°  ligne,  au  lieu  de  steuer  Rath,  lire  :  Steuerrath. 

—  644,  8°  ligne,  au  lieu  de  désiré,  lire:  désirée. 

—  653,  17"  ligne,  au  ligne  de  d',  lire:  V. 

—  660,  5*  ligne,  au  lieu  de  Syrie,  lire  :  Styrie. 

—  674,  Note  3,  1"  ligne,  au  lieu  de  Alexéiwna,  lire  :  Alexéievna. 

—  680,  2'  ligne,  avant  et  après  parait-il,  mettre  :  ,. 

—  682,  Note  1,  2»  ligne^  au  lieu  de  il,  lire  :  y. 

—  683,  16'  ligne,  avant  et  après  dit-on,  mettre  :  ,. 

—  694,  à  la  fin  de  la  dernière  ligne,  ajouter  le  renvoi  (5). 

—  695^  Note  1,  dernière  ligne,  au  lieu  de  Landsdowne,  lire  :  Lansdowne. 

—  703,  10»  ligne,  au  lieu  de  VVIII,  lire:  XVIII. 

—  717,  3'  ligne,  au  lieu  de  22,  lire  :  24. 

—  726,  6'  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  du,  lire  :  au. 

—  734,  7'  ligne,  au  lieu  de   Vallmoden,  lire:  Wallmoden. 

—  747,  Note    3,  ajouter  :  ou    peut-être    encore    Wessenberg,    i/un    de 

membres  de  la  commission  des  affaires  suisses. 

—  750,  17'  ligne,  au  lieu  de  entre,  lire  :  contre. 

—  758,  16'  ligne,  au  lieu  de  suspect,  lire  :  suspects. 

—  766,  17'  ligne,  après  Sostegno,  supprimer  :  (2). 

—  771,  1"  ligne,  au  lieu  de  Giulay,  lire  :  Gyulay. 

—  776,  4'  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  Castlereargh,  lire  : 

Castlerbagh. 

—  777,  7°  ligne,  au  lieu  de  Wellesberg,  lire  :  Wellesley. 

—  785,  Note,  l"  et  2'  ligne,  au  lieu  de  Montât,  lire:  Montet. 

—  787,  1°  ligne  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  à,  lire:  en. 

—  789,  15'  ligne,  au  lieu  de  pourla,  lire:  pour  la. 

—  792,  Note  2,  4'  et  15'  lignes,  au  lieu  de  surs,  lire:  sur. 

—  795,  22"  ligne,  au  lieu  de  Agra,  lire  :  Agram. 

—  814,  avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  avee,  lire  :  avec. 

—  816,  3»  ligna  à  partir  du  bas  de  la  page,  au  lieu  de  Islande,  lire  :  Ir 

LANDE. 


à 


HAYENNB         IMPRIMBRIB      CHARLES      COLIN 


1 


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^*m^  ■   •  I      L.  L/    O    A        ivl   «^ 


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HMod.         Weil,  Maurice  Henri  (éd.) 

W422d  Les  dessous  du  Congrus 

de  Vienne.   Vol.l 


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